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[RP] Les poux reviennent toujours...

Grayne
La ville est un énorme être vivant. Chaque quartier y a son rôle, véritable pièce de ce gros organisme pulsant au rythme de la vie de ses habitants. Chaque quartier est un organe de ce corps géant dont les cellules humaines s'activent et font leur part... production, politique, marchés, chaque morceau fait sa part dans la mécanique complexe de cette machine presque organique. Mais parfois, au lieu d'être un des organes nécessaires voire vitaux pour le fonctionnement sain et efficace se ce corps, certains quartiers auront plutôt le rôle d'une tumeur, se greffant au coeur mème de la subtile machinerie.

Ces tumeurs là, malignes distillent leurs humeurs purulentes dans les rouages bien huiliés de la normalité. Leurs relents fétides gâtent et fletrissent ce qu'ils touchent et les choses saines restent marqués par la crasseuse traînée de son contact.

Si Paris avait une tumeur, on l'appellerait Brissel.

À la lueur de l'aube, le quartier ferait presque bonne figure. Les soudards étant encore endormis, le peu de gens debout en cette heure matinale donneraient presque l'air, en étant pas trop attentifs, de tout venant respectables. Le grand balais de la préparation de la nouvelle journée prend forme dans la rue de la Mortellerie. Les putains ferment leurs volets, ayant chassé les derniers clients pendant que les ivrognes cuvent en ronflant bruyamment dans les ruelles huileuses.

L'air humide de rosée est baigné de l'odeur des pots de chambre que l'on vide machinalement à la fin de la nuit dans de sonores éclaboussures. Les aubergistes, si l'on peut nommer ainsi les patrons de rades miteux et autres tripots où l'on pari ses derniers écus, raclent les restes gras et figés des ragoûts improbables servit la veille. Et battant les pavés humides et sales, une silhouette s'avance, d'un pas légèrement boiteux, un bâton de marche rogné à la main.

On serait bien mal aisé de distinguer, dans la leur pâle lueur du matin si le visiteur de la Mortellerie est un homme ou une femme. La silhouette est enmitouflée dans de nombreuses couches de tissus élimés qui donnent l'air d'avoir eu un jour des couleurs avant de gagner une teinte terne et unie par la poussière des chemins. Même sa tête est emballée dans un capuchon informe et taché. Une grande sacoche de tissus grossier bringuebale au rythme de ses pas dans un bruit mat d'étain cabossé. De nombreuses pochettes, baluchon crasseux et outres fatiguées viennent compléter l'ensemble, donnant au visiteur l'allure d'un marchant ambulant n'ayant pas renouvelé son stock depuis des lustres.

Si une grande partie des pochtrons et coupeurs de jarrets du coin étaient encore couchés en cette heure matinale, ce n'est pas pour autant qu'un voyageur égaré ou une tête nouvelle passerait inaperçue dans les méandres crasseux de Brissel. Il ne fallut que quelques minutes pour que les chuchots progressent et remontent les ruelles sombres et une de plus à peine pour que les pas de petits rats cupides et curieux résonnent au fond des rues...

l'inconnu n'était qu'à quelques pas de la cour quand une petite main poisseuse vint tirer un pan de la cape rapiécée qui l'enveloppait.


- M'sieur, une tite pièce ou un bout d'pain
...

Couina une petite voix dans son dos. Un sourire incomplet se dessina sur son visage sale tandis que la silhouette se tournait lentement pour regarder le gamin en haillons dans les yeux.

- Ce s'ra M'dame p'tit con.

Le bâton faucha le gamin derrière les genoux, le faisant tomber sur le cul dans une flaque croupie avec un hoquet de surprise.

- Pour ta gouverne gamin, c'est dans le fondement qu'tu t'prendras c'bâton si tu t'avise encore un coup d'essayer d'me piquer ma bourse en m'faisant la manche
.

Elle ôtta sa capuche, dévoilant au grand jour une tigrasse de cheveux sales et un visage marqué par le temps et les coups. Elle toisa du regard le gamin, toujours sur le cul, un peu surprit.

- J'ai entrainé des ratesdans ton genre bien avant qu'ta putain de mère ne crève de la vérole. Retiens bien gamin... S'pas aux vieux canards qu'on apprends à barboter...

Elle se fendit d'un nouveau sourire où deux dents manquent à l'appel, et fit demi tour en direction de la cour. Son pas inégal raisonnait autant que sa besace pleine quand elle arriva face aux bâtisses branlante de la cours Brissel. Elle prit une grande bouffée d'air vicié semblant s'en délecter comme on hume du pain frais. Elle murmura alors de sa voix éraillée ..



- P'tain d'chiure... C'est bon d'rentrer à la maison !

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Judicael.
La vision anatomique des quartiers de Paris par Cael s'étendaient différemment. Si chaque quartier pouvait s'apparenter à un organe jouant un rôle dans l'équilibre fragile de la ville, Brissel n'en était pas la tumeur. Ni l'estomac. Mais bien le colon. Le gros colon. Une foutue évacuation où se retrouvaient toute la lie de l'humanité, lorsque le reste des organes ne voulaient plus d'elle.

Exit les déchets. Entassez-vous pour fermenter, à l'air libre et pluvieux de la capitale. Vous fertiliserez bien assez tôt la terre...

Assis sur une roue de charrette posée en vrac contre un mur, Cael travaille son équilibre. Voilà presque une demi heure qu'il plante à attendre son tour devant le barbier de Brissel. Comme si tous les pequenots du coins s'étaient passé le mot pour se faire tailler la barbe ou les cheveux le même jour avant d'aller gagner leur pain. Les verts scrutant le passage de la rue encombrée, il ne moufte pas. La patience est une vertu que parfois, l'on a pas le choix de démontrer.

Les yeux vagabondent. Brissel a vêtu son habit de jour. Une sorte de coté pile, où la lueur de l'aube redonne des couleurs rassurantes bien que mornes aux ruelles données en pâture aux loups, la nuit. Les cheveux roux, épais, remontés sur sa tête lui donnent un air de jeune illuminé. Sa posture mutique, prostrée, laisserait-elle penser qu'il médite? Possible. C'est ainsi, passant au crible la venelle en bon guetteur qu'il s'attarda sur la silhouette claudicante d'une apparition... Pour le moins inattendue. Elle a d'ailleurs le mérite de le faire se mouvoir, minet sortant de sa léthargie sur le haut de son muret.

Si ce n'est pas l'édentée, il y cède sa seconde oreille. Il l'avait vue dessinée sur les murs de Brissel, et quand on dit l'édentée, ça fait sourire et frémir à la fois. Et pas d'un sourire édenté à la Ansoald-a-gagné-son-chicot-pour-un-écu, non. Un de ceux une-dent-oui-une-dent-non, pas assez esthétique pour sourire ni assez confortable pour suç... Pensée sortie tout droit des expériences sexuelles tordues de Samael qu'il chasse en se redressant un peu.


- Par les couilles de Jupiter...


Cette femme là - si tant est qu'on y trouve vraiment une once de féminité sous sa crasse et ses nippes - était une sorte de légende de Brissel. Une antiquité. Un fantôme revenu visiter les vivants? Un peu comme la sainte Vierge. On finissait toujours par en parler lorsqu'on se rinçait le gosier entre canards mais parmi les jeunes , personne ne l'avait jamais vue. Pressé de se raser de frais, il n'eut pas l'intention de poser pied à terre et de perdre sa place. Mais happé par ce passage erratique aux tintements de vaisselle, Cael lança de son perchoir:

- On vient en pèlerinage?

Grayne l'édentée semblait de retour à la Cour Brissel. Il aiguisa un sourire à la face de cette palmipède sans âge, et le perdit aussitôt, lorsqu'il se rendit compte que le peintre du dimanche, qui avait gribouillé ses visages sur les murs de briques et de torchis était soit extrêmement mauvais, soit acheté. Elle était encore plus vilaine que sa légende.

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Viens jouer...
Grayne
On aurait tendance à penser que patience et sagesse viennent avec l'âge, l'impatience et les tempéraments vifs battant le sang des jeunes dans leurs vertes années. Mais qu'il serait présomptueux de faire d'aussi grossières généralités ! Ce serait comme affirmer qu'un alcool se bonifie forcément en vieillissant.

Pour ce qui est de l'édentée, ni la patience ni la sagesse n'auront prit racine dans sa caboche têtue et au contraire, son tempérament brusque et irréfléchi ne se sera pas atténué avec l'âge. A la manière d'une gnôle infâme qu'on aura fait macéré avec des ajouts hazardeux et louches, on pourrait même dire qu'elle à gagné avec l'âge une amertume douteuse qui laisserait un goût râpeux et inquiétant sur la langue.


Grayne se retourna et levant la tête vers l'inconnu, plissa un instant les yeux en une drôle de grimace.

-Gné ?

Quand l'édentée avait prit la décision de revenir traîner ses guêtres sales et usées dans les rues de Brissel, elle n'avait pas réfléchit une seconde aux implications. Cela faisait des années qu'elle était partie, et l'envie lui était venu comme une envie de pisser après des heures à siffler de la bière tiède. Se réveillant une fois de plus à l'arrière d'une carriole chargée, de harengs saurs cette fois, sans savoir du tout ce qu'elle foutait là mais avec une gueule de bois à effrayer un charpentier, elle s'était redressée avec l'intime conviction qu'elle devait aller faire un tour à Brissel voir si le merdier et la bimbeloterie qu'elle avait fourré entre les clayonnages des murs, à travers les plaques de torchis humide et défraîchis était encore là.

Avait elle pensé qu fait qu'après tout ce temps, elle ne retrouverais peut être aucune tête connue entre les murs de la gentilhommière ? Non, pas une seconde. Avait elle pensé au fait que les choses avaient surement changé depuis ? Non, jamais. Avait elle envisagé même que la cours Brissel elle même pourrait bien ne plus être là ? Pas même une seule fois. L'idée qu'elle ne serait peut être plus considérée comme "habitant ici" lui avait elle effleuré l'esprit ? Et puis quoi encore !

Grayne était partie, son barda sur le dos, sautant de la carriole en attrapant au passage quelques harengs pour la route, sans se poser de question, comme elle l'a fait toute sa vie. Sans réfléchir, comme si le monde entier de toute façon allait agir comme il se doit, car les choses sont comme cela. Elles vont, passent, et Grayne avance, en hochant l'épaule et buvant une gorgée de gnôle.

La différence, peut être, sont ces années en plus, qui ôtent l'envie ou la nécessité aux gens mûrs d'être patient avec les autres. D'un seul coup, elle en avait marre qu'on l'arrête alors qu'elle avançait bon train et était presque arrivée. Non, vraiment, elle n'avait pas de temps à perdre à corriger des gamins qui ne savent plus à qui ils peuvent faire les poches et de faire la conversation aux éphèbes lascifs.


- Si j'pèlerine vers quelqu'chose, c'est vers un endroit ou poser mon cul et une bouteille de bonne gnôle pour rincer mon gosier. Barre toi d'mon ch'min l'rouquin.


Pour faire bonne mesure et ponctuer sa phrase, l'édentée lui balance une timbale d'étain troué qui traînait à portée de sa main, dans une grande poche de son manteau de voyage. Elle crache alors au sol et fait quelques pas boiteux.


- Nan mais s'pas vrai quoi...

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Judicael.
Réceptionnant de peu la timbale au coin de la gueule, il arqua des sourcils rieurs.

- Ouhhhh....

Il secoua la main comme s'il venait de se pincer. Pour sûr, on avait bâtit des mythes pour moins que ça. Acerbe, la vieille peau avait le verbe gratiné. Une comparse digne de la réputation de la Cour Brissel. Il détailla sa mine râpée et ses frusques sans âge et la suivit du regard en murmurant:


- J'pensais pas qu'à ton grand age en avait encore ses saignements.


Et puis théoriquement il n'était pas sur son chemin, perché sur sa roue de charrette. Et il ne le regrettait pas franchement. Car l'édentée contre toute attente savait montrer les dents. Tout homme qu'il était, il n'avait pas franchement envie de se retrouver face à elle. La légende racontait pas son humeur de latrines, mais ça ne lui donnait que plus de caractère. La fine fleur apportée à son tas de fumier.

Tenace, il l'apostropha encore. Testant ses limites. Un vieux type en profita pour prendre la place du roux, après tout personne n'avait toute la matinée.


- Hé! Pose pas ton cul sur ma place près de ton portrait ! Faudrait pas qu'on commence sur de mauvaises bases!

Un sourire de petit con rendit à Judicael sa trogne renarde. Loin d'être éphèbe, plus encore d'être lascif, il se frotta l'oreille manquante comme un chien galeux. Grayne comprendrait peut-être qu'elle devrait bon gré mal gré côtoyer la jeune génération des Piques...

Ha... Pour sûr. Il l'aimerait bien celle-là.

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Viens jouer...
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