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[RP] Et si tous les chemins mènent à ta roux-te?

Gysele
Il avait oublié quelque chose. Quelque chose de précieux. Quelque chose d'indispensable à son bien être. Et toi, brave fille, tu l'avais ramassé, tu l'avais serré comme un trésor, hésitant à le garder pour toi. Il faut dire que c'est délicieux, la sensation que ça procure. Quand tu fumes du chanvre, tes pensées négatives quittent ta caboche pour laisser place au vide, au rien. Ça te fait un bien fou. Et quand tu en abuses et que tu le mélanges à l'alcool, alors, tu es sûre de perdre la tête. Que c'est bon de la perdre, les soucis éloignés, les émotions engourdies et ce calme qui efface toutes pollutions agglutinées à ta mémoire, ce ralenti qui te laisse profiter de nouveaux horizons et de nouveaux points de vue. Oui, tu ne parviendras jamais à t'en passer et tu as mis quelques minutes, devant l'entrée de ce bordel, à te décider à le rendre à son propriétaire bien plus dans le besoin que toi.
Longue crinière rousse est amoché. Il s'est pris quelques bons pains par le barbu dans le lupanar, bien qu'il en ait rendu quelques uns. Tu as tout suivi de cette démonstration de force avec beaucoup de méfiance et, si tu n'as pas interpellé le roux à sa sortie, c'est que tu craignais de récolter une autre démonstration de mauvaise humeur et qu'il te fasse vraiment mal cette fois. Il t'a déjà à moitié étranglé et de manière générale, t'as déjà pris assez dans la tronche ces derniers mois.

Alors, quand le lendemain tu t'es décidée à faire ta bonne action, tu as choisi de faire appel à un messager. Mais...comme tu es d'humeur taquine et qu'après tout, cet homme a fait foirer ton rendez-vous, tu décides de ne pas lui faciliter la tâche en envoyant un coursier un peu particulier. Car Gustave est manchot. Le genre à ne plus avoir que des moignons qui pendent à ses coudes. Ce dernier n'avait pas pu s'empêcher de t'offrir un sourire gras, quand tu lui avais fourré le paquet de chanvre dans les braies en lui précisant qu'il devrait laisser la destinataire se charger de le lui retirer. Pour le convaincre, tu lui avais assuré que cette dernière était charmante, avec de longs cheveux roux, un caractère -semblait-il- de feu et une poigne d'enfer. Tu avais juste oublié de préciser que c'était aussi le genre mâle, cogneur et visiblement pas celui qu'il fallait toucher par mégarde. T'amusant déjà de la situation, tu lui avais également glissé une corde autour du cou, à laquelle tu avais accroché un vélin roulé où le concerné lirait :


Citation:
A toi, chevalier de bordels,

Tu ne seras pas passé inaperçu. Sais-tu que l'on préfère les lupanars pour y fêter l'amour davantage que la guerre ? Ces endroits sont réservés à des batailles bien plus stimulantes que quelques coups grossièrement portés et sans aucun style. Il faudra que quelqu'un t'apprenne...

Enfin, je m'égare, car ce n'est hélas pas le sujet de mon courrier. Celui-ci t'est envoyé parce que je souhaitais te rendre ton bien. Je crois qu'il te manque déjà et que tu en as grand besoin pour apaiser tes maux. Donc, si tu souhaites retrouver ton chanvre, il suffira de le demander à ton messager. Je crois qu'il avait hâte de te rencontrer.

Que le destin te donne le plaisir d'y goûter à nouveau,

Ta bienfaitrice,

-G-

Le bagarreur étant client régulier du bordel, tu n'avais eu aucun mal à découvrir où il logeait et tu avais attendu le retour du messager avec une pointe d'impatience. Son récit vaudrait certainement le coup d'être entendu et un bon verre de cognac devrait suffire à remettre le gus d'aplomb après sa déception.
_________________
Judicael.
-Quoi? Qu'est-ce tu m'veux? Quoi un message... Mhh?

Et de rire un peu. A cette dernière phrase, le zig s'était tassé. Comme si le ton accompagnait généralement une baigne. Dejà, il avait perdu quelques kilos en traversant le territoire Piques pour arriver jusqu'à lui. Visiblement, il avait rencontré quelques protagonistes. Il n'avait plus de chemise et des traces de lattes sur le ventre. Peut être Samael. Ou la lépreuse. Elle n'avait pas tous les morceaux mais savait se servir des restes. Les moignons lui arrachent un rictus. Qui pouvait bien lui envoyer un messager à moitié fini? Le pauvre type affichait une trogne défaite. Peut-être ne s'attendait-il pas à Cael. Une grande rousse peu amène, dans son genre.


- Un... Un paquet pour vous...

Et le brigand, incrédule, roula des yeux féroces sur le corps gringalet du type.


-T'fous d'ma gueule?

S'il avait un paquet... C'était celui que renfermait ses braies. Et ça, ça ne le faisait pas du tout rire. Car si Mael avait ses petits travers, lui, ne bouffait pas de ce pain là.


- C'est Gysèle qui m'envoie! Elle.. Elle a insisté pour le mettre là!


Le roux amorça un léger recul, décontenancé. Il ne plaisantait pas. Il y avait vraiment un truc là, dans ses braies. Et cette Gysèle, il ne la connaissait ni de Déos ni de Christos. Un instant, il regarda autour de lui.

"Allez les gars, très drôle. C'est bon, sortez de là..." aurait-il pu dire. Les canards quand ils se faisaient chier à patienter des rassemblements avaient un humour décapant. Pourtant il resta obstinément fixé sur les braies du pauvre gars qui commençait sérieusement à flageoler sur ses jambes. Peut à cause de la main nerveuse de Judicael qui avait glissé sur sa lame bâtarde, machinalement. Agacé et en vérité, curieux tout de même, il ordonna d'un ton qui ne laissait à son vis à vis d'autre choix que de s'éxécuter :


- Sors ton paquet.


Un rire narquois s'éleva non loin. Pour sûr, y en avait un qui devait bien rigoler, planqué par là bas.

- J'veux dire. Montre le message.


Et de lui arracher ledit message. Les doigts arachnéens déplient le tout, les yeux déchiffrent le message. Cael savait lire de façon très approximative. Mais l'essentiel y est. Et il remet dans son esprit les pièces qui composent le tableau de la veille. Le bordel. La rixe. Une des catins lui aurait pris quelque chose... Il dévisage le jeune homme qui sans demander son reste sort de ses braies le petit paquet de chanvre.

Il est des moments comme ça... Ou l'on ne saurait dire si l'on est heureux ou pas de retrouver ce qui nous appartient. Car ce chanvre, il en aurait bien eu besoin à son retour du lupanar apres avoir rendu coup pour coup à Benjen... D'ailleurs, ses muscles lui réclamaient impérieusement les fées vertes. Encore. Et les réclameraient encore quelques jours. Le temps que les contusions s'estompent. D'une main lasse, il fit signe au messager de déguerpir.

Ha ça non. Il ne toucherait certainement pas un truc sorti des burnes d'un inconnu.

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Viens jouer...
Gysele
    - Alors ? Raconte Gustave ! Comment il l'a pris ?
    - Pas bien Mam'zelle Gysèle, vraiment pas bien. S'vous plait, m'refaites plus retourner là bas ! J'vais pas y survivre ! Puis z'ont tous envie d'me couper des choses.
    - C'est donc un mauvais garçon... j'aurais dû m'en douter à sa capacité à créer des emmerdes.
    - Oh oui.. mauvais...mauvais, j'cru qu'il allait m'arracher les... Ah z'avez pas envie d'me montrer vos jolies miches pour m'remonter l'moral ?
    - T'as pas les moyens Gustave. Tiens, bois un coup et calme toi.

Tu restes songeuse en observant le messager qui se laisse tomber sur une chaise comme si il ne pouvait plus tenir debout. Tu t'attendais à quoi ? Un retour ? Un message de remerciements ? Peut-être. Mais Gustave vient de lever le voile sur la nature du rouquin et ça te conforte dans ton idée : tu as bien fait de ne pas t'y rendre toi. Alors, après avoir calmé le pauvre manchot de plus d'un verre - la bouteille de cognac offerte par Guise ayant réduit de moitié- tu pousses ta curiosité plus loin.

    - Comment était-il ?
    - Comme z'avez dit Mam'zelle Gysèle, mais en homme et en moins joli qu'ce que j'imaginais... c'tait pas gentil d'me faire croire que...
    - Oh ça va, je te taquinais un peu. Etait-il très blessé ?
    - L'avait l'air d'avoir pris quelques baignes, c'pour ça qu'il était agressif p'tet' ?
    - Va savoir !
    - Mais pourquoi vous v'lez savoir tout ça ?
    - Je t'en pose moi des questions ?
    - Ben just'ment ou...
    - Tais-toi Gustave. Tiens, bois un coup et calme-toi.

Oui, pourquoi veux-tu savoir tout ça ? Ça devient de la curiosité mal placée, un petit quelque chose de voyeur. Savoir ce qu'il se passe dans la vie d'un individu qui a croisé ta route et qui a déversé une quantité impressionnante de violence. Rentrer dans son quotidien comme une petite souris et récupérer des bribes de vie par l'intermédiaire d'un messager, d'un prétexte. Ta curiosité est sans limite visiblement. Assise en face du coursier, tu le regardes avec un mélange de pitié et de compassion. T'es pas fière de l'avoir envoyé dans un tel guêpier et tu te demandes un court instant si tu aurais été peinée d'apprendre sa disparition dans ce nid à brigands. Et plus que ses moignons répugnants qui tentent une nouvelle approche sur ta cuisse, plus que l'haleine alcoolisée du gus qui s'approche bien trop près, c'est ta réponse à la question qui te dégoûte le plus. Car tu découvres que non, tu n'aurais pas été plus chagrinée que ça de l'envoyer à sa perte et ça Gygy, c'est signe que tu n'es pas quelqu'un d'aussi bien que tu t'évertues à le croire. Tu repousses l'aventureux d'un coup dans le torse et lui retires son verre que tu vides d'une traite. Et quand enfin il quittera l'auberge où tu loges, tu partiras à sa suite à la chasse au client afin d'oublier dans les bras d'un inconnu beau ou laid, bon ou pas, sincère ou menteur, que tu n'es qu'une petite fouine qui veut tout savoir sans jamais se regarder en face.
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Judicael.
Les jours avaient passé sans que Cael ne s'encombre d'une réponse. Sauvage, il n'était pas des ses habitudes d'échanger du courrier, d'autant qu'il ne savait pas vraiment lire, ni écrire. N'ayant reçu aucune éducation sinon celle des poings. Le petit épisode du messager manchot l'avait d'abord fait tiquer. Puis, finalement intrigué. Il profita d'une halte pour saisir au collet la seule personne qui savait manier la plume à dix lieues à la ronde. Un jeune moine, qui venait tous les matins traire les vaches. Il lui colla un vélin et de l'encre dans les pattes, et l'incita d'un geste pressé.

- Ecris.
Citation:

    Chère bienfaitrice. J'ai bien réceptionné le paquet. Je te remercie de tant de bonté... Moi qui pourtant t'ai bousculée?


Peut-être aime-t-elle ça?

Citation:

    Car j'imagine que c'était toi. Parfois l'humeur n'est ni à l'amour ni à la fête. Et puis tu comprendras cependant que je n'ai pas pu me résoudre à récupérer quelque chose de coincé entre les couilles de ton messager.


Le petit moine tiqua, s'empourprant, mais ne lâcha pas la plume, intimidé par la détermination du roux .
Citation:


    Je préfère la douceur d'une femme. A choisir. Je t'envoie donc un messager plus engageant. Je lui ai murmuré combien j'ai apprécié ton geste, et comment je te remercierai lorsque nous nous recroiserons. Je te laisse le plaisir d'en discuter avec lui.

    Judicael.


Il observa ledit messager, qui attendait son du. Fila une piécette au jeune moine, et ajouta:


- Ecris lui qu'il doit apporter cela à Gysèle, du bordel de la Mole fesse.

Le pauvre enfant cramoisi commençait à avoir quelques sueurs. Cael mit cela sur le compte de l'abstinence. A cet âge là, le sacrilège n'en était que plus entier. Il ne s'imagina pas le nombre de flagellations que le moinillon s'infligerait pour laver ses pensées du souvenir et des images de ce message...

Le brigand glissa le message dans la pogne du gus, avec une autre piécette. Il lui tapota l'épaule, d'un air entendu et le laissa s'en aller, un drole de sourire vissé au bec. Inutile d'en dire d'avantage. Le pauvre hère était sourd

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Viens jouer...
Gysele
Quel étrange phénomène que celui de la vie qui s'installe quelque part. Il est surprenant de voir comme elle vient déranger un organisme déjà bien réglé, le troublant par un excès de vitalité, un débordement de créativité et l'installation d'un petit cœur minuscule qui pourtant fait déjà bien des ravages. Spectatrice de ces phénomènes, tu soulèves la chevelure de ton amie qui vide son estomac dans une bassine. La brune est épuisée et tu as payé cette passe avec elle pour lui permettre un peu de repos et la laisser lâcher prise. Tu la jalouses secrètement, car elle veut assumer ce que toi tu as détruit à deux reprises déjà, mais tu déposes à son omoplate un baiser réconfortant, car après tout, vous êtes faites du même bois. De celui qui se régénère et qui repart, de celui qui ne s'effrite pas sous la flamme, mais plutôt l'aspire et la consume de l'intérieur. Vous, les coureuses, vous êtes de celles qui vendez vos corps contre un peu d'amour, contre un bout de vous, de tendresse, de folie ou de compagnie. L'on vous paye pour que vous deveniez le fantasme tant recherché, cette femme parfaite au visage si multiple. C'est à en perdre la raison, à en perdre son identité. Qui es-tu Gysèle Ponthieu ? Quels sont tes désirs ? Tes envies ? Tes goûts ? Qu'aurais-tu pensé de cet homme là, si il n'avait pas sorti une bourse épaisse ? T'aurait-il intéressé pour une toute autre raison ? L'aurais-tu intéressée, toi ? Pauvre fille.

Il est impensable de haïr ta comparse et même si la solution ne vient pas tout de suite, tu l'aides comme tu peux, selon tes propres moyens. Tu observes la belle endormie qui a su trouver le repos après quelques nausées malvenues, tes doigts continuent de caresser ses cheveux, la réconfortant tout en laissant tes propres angoisses filer dans ce geste enfantin. Puis, ta paume vient effleurer le ventre encore plat, qui pourtant couve une vie bien vibrante sous le derme. Là dessous se cache ta faiblesse. Cette innocence que tu as perdu bien trop vite dans une ruelle parisienne. Cette candeur qui imprègne le visage d'un bambin et qui ne vient habiller le tien que lorsque tu en sors le masque à des fins bien plus lubriques. C'est comme une obsession, tu les as toutes anéanties, ces choses qui venaient se nicher en ton giron en espérant en faire un cocon maternel et pourtant tu aurais voulu une autre issue.

Dans ton désir de liberté, il n'y a pas de place pour un prolongement de toi. Rousse, tu finiras seule et les vers seront les seuls à honorer ta mémoire, jusqu'à ce que tu disparaisses, poussière parmi tant d'autres. T'es tourmentée Gysèle. T'es toujours à battre deux temps deux mesures, incapable de nuancer, tu aimes les extrêmes. Folle, sûrement. La caboche est trop névrosée, butée par quelques idéaux faussés. L'heure est aux pensées troubles et tu te fais gardienne du sommeil de Myria, jusqu'à ce qu'un coup à la porte te sorte de ces bourdonnements bruyants qui emplissent ton crâne.

D'un geste souple, tu te lèves et t'extirpes de la chambre pour que personne ne voit l'état de celle qui est censée travailler. Tu observes l'homme qui te fait face et récupères le pli qu'il te transmet. Tu es tellement dans ta bulle, les pensées encore ancrées à tes pupilles que tu ne prononces pas un mot et ne sembles pas réaliser ce que tu lis. Tu t'y reprends à deux fois pour te rendre compte de qui est l'auteur du message, relevant un minois amusé vers ton interlocuteur. Versatile, tu changes déjà d'humeur et les noires idées s'estompent pour se laisser remplacer par de l'intérêt et de la curiosité en plus de l'amusement qui t'arrache un léger rire.

Judicaël. Judicaël. Qui es-tu ? Ainsi il aime jouer, l'homme t'a laissé mariner un peu, toi qui t'étais rendue à l'évidence : il n'avait pas aimé ton message. Visiblement ce n'était pas tout à fait le cas, quoique la localisation du chanvre n'avait apparemment pas fait mouche. Tu détailles le messager, parce qu'il semble posséder toutes les informations nécessaires pour assouvir ta curiosité grandissante.

    - Racontez-moi ! Qu'a-t-il dit ?

L'homme secoue la tête et tu fronces les sourcils. Comment ça ? Pourquoi ne veut-il rien dire ?

    - Ah si j'insiste... vous avez un message pour moi.

Et le gus de te montrer d'une main à l'oreille et d'une grimace, qu'il ne comprend pas ce que tu lui dis. Ton nez se retrousse légèrement quand tu comprends que la balle t'est renvoyée. Mauvaise perdante, tu tournes le pli dans tous les sens des fois qu'il y ait un message caché. Rien. Bien entendu. Et si ta première envie est d'envoyer balader ton vis-à-vis avec mauvaise humeur, tu changes une nouvelle fois d'impulsion et éclate de rire si fort qu'une courtisane et son client sursautent en sortant d'une chambre. L'homme qui se tient devant toi lâche un rire à son tour, parce que tu es communicative, même si il n'entend pas. Tu le renvoies finalement et déjà tes pensées sont à ta revanche quand tu reviens dans la chambre.

[Quelques jours plus tard]

Tu as laissé le temps au rouquin de patienter, à son tour. Tu ne sais pas qui il est, donc tu ignores si ça va le laisser indifférent ou si ça va titiller ses méninges. Tu testes et tu verras. Ton plan prend forme et le nouveau messager qui patiente dans ta chambre semble concentré sur quelque chose que lui seul peut ressentir. La cécité est un drôle de handicap. Les gens qui en sont atteints paraissent toujours vivre dans un monde parallèle au nôtre. A croire qu'ils voient d'une autre manière. Tu termines ton vélin et le glisses dans la poche du bonhomme à qui tu as déjà au préalablement confié une autre mission. Judicaël, Judicaël... défie-moi encore.


Citation:
Cher Judicaël,

Ne me remercie pas pour ma bonté, elle n'est en rien une qualité.
Dommage...ce chanvre, moi, je l'aurais fumé. Entre les couilles d'un hommes ou les cuisses d'une femme, qu'importe, moi, je l'aurais fumé.

Je te remercie pour ce messager, j'aurais aimé qu'il pusse me restituer correctement tes propos, mais visiblement il n'a pas le sens qu'il faut pour ce genre de mission.
Peut-être le prochain le pourra-t-il mieux ?

Tu parlais de douceur d'une femme, le mien a vu tout ce qui peut la caractériser.
Je lui laisse le soin de te raconter... Je t'avoue l'avoir laissé un peu effleurer, parce que comme tu l'as dit : je suis pleine de bonté.

"Lorsque nous nous recroiserons" sonne comme une certitude.
Peut-être que la prochaine fois sera moins douloureuse.

Gysèle.

_________________
Judicael.
Dans la rue bruyante en pleine journée, non loin de la place du marché, une rangée d'infirme contre le muret. Les laissés pour compte, les abandonnés. Les pas gâtés en tout genre, qu'on nourrissait de pitié. La pitié ça ne remplit pas. Cael l'avait compris depuis longtemps. Et comme il était valide et de bonne constitution, il avait choisi de ne jamais s'asseoir à leur place. Au pied du mur. Il passa presque sans les regarder. Jusqu'à ce que...


- Hé le roux. Un pli pour vous.

Judicael marque un arrêt. Là, drapé dans sa pauvreté... Un jeune garçon, et un aveugle. Pardi. Gysèle est de retour. Il le sent. ça sent la Gysèle à plein nez. Il redoute quand même le message, dans une excitation mêlée de curiosité. Et s'approche nonchalamment du garçon, posé là avec son chapeau retourné et sa main tendue.


Il hausse l'épaule.


- De la part de...
- Laisse-moi deviner. De Gysèle du Bordel.
- En effet.
- J'peux savoir ..
- Oui?
- J'peux savoir comment elle était vêtue, lorsqu'elle t'a remis le pli?
- Oui.
- Vrai? Et même savoir si elle s'est penchée un peu vers toi en te remettant le pli, pour que tu me racontes ce que tu y as vu?

- Oui. Vous pouvez savoir. Mais pas par moi, par lui.

Et de désigner l'aveugle, aux yeux bandés dans un éclat de rire. C'était lui, le messager. C'était lui, qui avait tout vu, et si peu à la fois... Dans la main qui quémande les piécettes, un pli. Un autre. Tiens. Elle aurait réussi à le piquer d'un aiguillon auquel il était habituellement peu sensible? Décontenancé, le rouquin tombe la face. Et ça fait bien marrer le petit gars. Tricheur prend quand même pitié. Comme quoi, elle a du bon parfois. Elle nourrit, un peu. Au moment où il prend connaissance du pli, le jeune garçon se lève et vient le tirer par l'épaule. Il glisse à son oreille quelque chose, audible d'eux deux. Le secret doit valoir son pesant de noix, puisqu'il tire au roux un faible sourire, retenu, sans doute. Est-ce la description de la nudité de la catin, lorsqu'elle sort de sa couche ou du velours exagéré de sa bouche? Le jeu commençait à apprivoiser le brigand. Finalement... La rousse poussait l'intérêt à son paroxysme. Après des jours d'échanges et des cynismes, il ne lui était pas insensé de la revoir. Et de la connaître. Elle lui devait un paquet de chanvre après tout...

- Hé bien mon brave. Dis lui que si elle tend une perche à un manchot, il y a peu de chance qu'il la saisisse... Mais que si elle tend à me provoquer, il se peut qu'elle finisse par me trouver.


Il fila quand même l'écu à l'infirme et s'éloigna d'un pas paisible. Il fallait trouver une réponse digne de la puterelle. Et il ne tarda pas à la trouver...


[Le lendemain ]


- T'es sur Germain, t'as retenu ta leçon?
- Ouuu...ouuais.
- 'Tention, tu sais sur quels mots tu dois te retenir hein?
- Ou.. Ou... Ouais j'ai retenu. J'inspire, je respire. Et je m'en tiens au.. au.. Message.
- Dis voir, avant de partir.

Le bègue souffle, las de répéter son texte pour la vingtième fois.




    "J'connais le tout Paris
    et puis le reste aussi
    mes connaissances uniques
    et leurs femmes que je… que je... que je .. fréquente, évidemment.

    Mais toi ... Mais toi... Mais toi j'tai jamais vue
    dis où te cachais tu?
    Non toi .. Non toi... Non toi... j't'ai jamais vue,
    Pourtant tu sens le.. Tu sens le... malentendu !

    Si j'avance, toi tu recules, comment veux-tu
    que je t'en.. que je t'en... que je t'en..... traines!

    J'te dirais bien où j'habite
    j'pourrais t'montrer ma... ma... ma... boîteuh!
    Mais je sens que tu t'en fiche
    Toi t'en veux plein les...les... les... mains.

    Et ce qui est quasi sûr
    j'serais p'têtre un peu déçu
    Le jour où pour une fibule
    Tu voudras que je t'en...t'en... t'en... tendeuh!

    Faut pas qu'tu sois hémophileuh
    Si tu désires que je t'en...gageuh!
    On m'a parlé de toi, tes talents de malheur
    "Gys' elle touche vachement quand il s'agit de tulipes
    Et puis c'est sur elle taille super bien les…les…........................fleurs !"


- Tu tiens le bon bout Germain.
- C'est parce que vous m'payez bien.
- N'oublies pas de me rapporter une goutte de son parfum. Sa jarretière. N'importe quoi.

_________________

Viens jouer...
Gysele
C'est une belle journée. Une journée où tu n'as pas envie de rester enfermée. Tu as laissé de côté le bordel et ton amie pour te vider la tête sur le bord d'une rivière. Ah, la rivière, un endroit où tu aimes traîner avec ton frère pour y faire tout ce que vous n'avez pas le droit de faire. Et parce que tu aimes les interdits, Gysèle, tu trouves toujours beaucoup d'excitation à le retrouver. Il y a quelque chose de noir chez toi, quelque chose qui couve sous le feu que tu dégages, un semblant de folie qui par moment resurgit et t'incite à flirter avec le danger.
C'est une belle journée. Une journée où tu veux juste penser à cet homme que tu as rencontré. Tu as laissé Louis-Marie dans un coin de ta tête, tu as refermé ton cœur sur cette idylle secrète et tu as ouvert tout ton corps à un désir naissant. Tu ne connais pourtant pas Judicaël et tu pourrais presque encore sentir la marque de ses doigts contre ton cou. Il était à ça, de te tuer et dans ce laps de temps en suspension entre vie et trépas, tu te souviens avoir ressenti une poussée d'adrénaline qui t'a laissée en manque depuis. C'est peut-être ça que tu cherches. C'est peut-être pour ça que tu joues. Cet inconnu t'a fait te sentir vivante.

Là, dans l'herbe grasse d'un rivage bordelais, ta crinière rousse a épousé le vert pendant que tu t'offrais à tes doigts, te libérant des toutes les tensions accumulées. Là, avec l'onde comme seul témoin, tu as permis à ton corps de se délivrer d'une délicieuse extase. Si le feu naissait à tes iris, c'est parce qu'elles n'étaient imprégnées que de roux. Et dans le lit de cette rivière, on aura entendu s'étioler tes soupirs, à peine couverts par les ruissellements de l'eau.

Quand enfin tu es rentrée le soir au bordel où travaille Myria, un nouveau messager semblait patienter. Tu le fis entrer dans la chambre réservée pour toi et ton amie et pendant que vous vous installiez, tu as regardé attentivement le gus. Celui-ci semblait normal et quand tu lui as tendu la main pour recevoir ton message avec un brin d'impatience, celui-ci t'a surprise car il s'est mis à réciter.


    - [...] et leurs femmes que je… que je... que je ..
    - Qu'il ?
    - fréquente, évidemment.
    - Oh...

    -[...] Pourtant tu sens le.. Tu sens le...
    - Le quoi ?
    - malentendu !
    - Ah

    -[...] que je t'en.. que je t'en... que je t'en.....
    - Qu'il m'en.. ?
    - traînes !
    - Seulement.

    - J'te dirais bien où j'habite
    - j'pourrais t'montrer ma... ma... ma...

    - Sa ?
    -boîteuh!
    - Rien à faire de sa boîte !

    - Mais je sens que tu t'en fiche
    - Toi t'en veux plein les...les... les...

    - Plein les...?
    - mains.
    - Pas que.

    - [...] Tu voudras que je t'en...t'en... t'en...
    - Qu'il m'en...?
    - tendeuh !
    -M'enfin ça n'a pas de sens !

    - Faut pas qu'tu sois hémophileuh
    Si tu désires que je t'en...

    - Qu'il m'en...chaîne ? m'entraîne, m'entende, m'enlève ?
    -gageuh!
    - Ah... m'engage. Nouveau ça !

    -[...] Et puis c'est sur elle taille super bien les…les…
    - Je taille bien les ?
    - ........................fleurs !
    - N'importe quoi ! Tu dis n'importe quoi. Vraiment !


Tu éclates de rire, parce qu'à chaque fin de phrase tu avais d'autres mots qui te venaient et qui bien sûr ne sortaient pas du tout de la même manière dans la bouche du bègue. Ton correspondant a le sens de l'humour et visiblement il s'amuse beaucoup à te provoquer. Qu'à cela ne tienne, tu n'es pas en reste d'insolence. Tu te relèves donc et t'approches du messager pour déposer un baiser fugace à ses lèvres.

    - Je te remercie de m'avoir confié ce message. Dis-lui que ma réponse viendra plus tard, quand je me serai remise de ce baiser échangé.

Et si l'homme a l'air heureux, ça n'est rien à côté de cette lueur qui illumine ton regard sombre. Tu as une idée et celle-ci va nécessiter l'aide d'un ami. Pour une fois, le mutisme de Pierre devrait t'être utile...si celui-ci veut bien jouer le jeu.
_________________
Judicael.
- Quoi? Tu l'as...
- Non, elle, elle elle m'a.
- Non, tu l'as. Les puutes n'embrassent pas.

Et si les putains embrassaient? L'aurait-elle vraiment fait? Ce bougre, ce bègue, ce baiser qu'elle ne lui aurait pas réservé? Le bègue se tait. Il ne voudrait pas contrarier le coupe-gorge qui n'a pas sa trogne des bons jours. Qu'attend-t-il de la vie, le roux au regard si sévère? Qu'attend-t-il des femmes sinon de les posséder sans jamais les vouloir? On le dit incapable d'aimer. On le dit acharné. Rancunier. Affligeant carnassier. Est-ce vraiment si drôle, si lui chat ne peut plus de la souris se jouer?

Il lui colle une claque, encore gentille d'une patte envieuse.


- Allez tire-toi.
- Mais Cael... Ma p. p.. paie..
- T'as été de trop payé. Tu m'as pris mon dû. Ferait mieux d'filer...

Le bègue s'en va sans demander son reste. Il a compris qu'il valait mieux ne pas s'attarder sous un nuage qui gronde. Judicael c'est Cain et Abel. C'est le diable qui s'emporte et balance sa déception d'un geste de la main.

Fera bien jour demain.

_________________

Viens jouer...
Pierre...
Non.
Pas envie de me mêler de tes conneries.
Ça pue la merde à plein nez, ton truc.
Et puis d'abord, c'est qui ce type ?
T'as besoin de tout ce bordel pour aller te faire foutre ?
Tu peux pas te contenter de te faire sauter vite fait dans une alcôve, comme tout le monde ?
Démerde-toi avec tes plans pourris.
Même pas la peine d'insister avec ton regard de crapaud borgne qui s'est foutu une mouche dans l’œil.
Non, c'est non.


Ça, c'est ce que le muet aurait aimé entendre franchir de ses lèvres quand Gygy lui avait présenté sa requête. D'ailleurs, il l'avait pensé si fort qu'il avait presque espéré qu'elle l'entende. Au lieu de ça, il s'était renfrogné et avait accepté. Comme d'habitude. Ne serait-ce que pour surveiller ses arrières, au cas où.
Inutile d'essayer de la faire renoncer à ses lubies. La rousse était comme une bestiole attirée par la flamme d'une bougie. On pouvait bien la retenir, elle filerait se cramer les ailes dès qu'elle en aurait l'occasion. Tout ce qu'il y avait à faire, c'était attendre que ça lui passe et asséner un «
j'te l'avais bien dit », avant de recoller les morceaux. Ou pas.

Pierre n'eut aucun mal à trouver l'antre de l'homme, aiguillé par les indications de Gysèle. Il frappa un coup à l'huis, un seul, jaugeant longuement celui qui apparut quand enfin la porte s'ouvrit. Un sourcil noir se plissa, en une désapprobation muette, fugace. Ce sentiment désagréable, quand on sait qu'on a raison et que ça ne nous plaît pas.
Puis, d'un geste sec, comme on plante une lame entre les côtes d'un homme, le muet tendit un pli. Légèrement froissé, comme si le messager l'avait ouvert et lu sans se soucier qu'on le sache.
Sa mission effectuée, le taiseux tourna les talons. Il n'allait pas tenir la chandelle, non plus.

Sur le papier, quelques vers couchés :


Citation:
Ce message sera à cueillir,
A la bouche du messager.
Pas celui qui me sert sans faillir,
Mais à celle qui te veut comme dîner.

Trouve la réponse,
Et il te conduira,
Échoue trois fois,
Nous ne nous reverrons pas.

Mon premier est une barrière végétale,
Mon second mon verso en grossier,
Mon troisième un éclat joyeux.
Mon tout est l'endroit où tu me trouves.


Et, en bas, d'une autre main :

Citation:
Elle a des morpions. Plein.


On s'amuse comme on peut.
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Judicael.
- Des morp...

Le temps de se retourner, le messager n'est plus là. Encore un cru de sa collection de tordus bossus pas couillus, celui-là. Le rouquin déchiffre longuement le mot. Très longuement. Il est seul. Personne ne peut l'aider. Et le zig est parti sans une once de coopération. Cael ne sait pas vraiment lire. Pas mieux écrire. Ses missives, il se les fait rédiger contre un peu de monnaie. Aussi, il ne répond que s'il estime que le message en valait la peine. Piqué de curiosité depuis ses échanges avec la catin, il ne peut se résoudre à en rester là. Le faciès concentré décode avec lenteur le contenu, marmonnant.


Haie...

dos...

rire.


Il claque de la langue.


- Tss... Bien un truc de femme ça....


Pour autant, pas découragé, il persiste.


- Haie. Dos.


Les sourcils se froncent plus encore.

- Hédo? Non, ça ne veut rien dire. En grossier... Mhhh. En vulgaire. Dos en vulgaire.

Et d'une désarmante facilité, soudain:


- Cul.


Un sourire se dessine sur sa trogne. Quoi de nouveau chez une catin, me direz-vous.


- Haie. Cul. Rire. RIE. ECURIE.

Voilà plusieurs jours que leur échange avait commencé. Mot après mot, lettre après lettre, Gysèle avait capté toute l'attention de Cael. Resserrant sa patte sur l'écrit, il éructe:


- Ohhh toi...


Il s'élance, comme un enfant trop pressé de gagner une course contre le vent. Bouscule des paysannes, fait voler quelques poules et déboule en trombe dans les écuries où il s'arrête soudain. Net.

    Elle est là.

D'un coup, Il est moins pressé. Il amorce d'ailleurs quelques pas nonchalants vers elle, comme s'il ne venait pas de courir. Non. Non non. Il ne dit rien. Il l'observe. Lorsqu'ils se sont croisés au bordel, il ne l'a pas regardée. Il l'a poussée comme un vulgaire sac de grain. Comme un obstacle. Les obstacles, Cael a la manie de foncer dedans. Comme tout ce qu'il venait de croiser entre l'endroit où il avait déchiffré la charade et ici. Là. Dans cette écurie. Les paysannes dehors ramassaient linge, les poules reformaient leurs rangs... Et la vie reprenait son cours. Mais Gysèle, elle, est là.

Bien droite, là devant lui. Il hausse l'épaule, déposant le pli sur une botte de paille, comme s'il n'avait pas tant d'importance. Comme si la seule chose qui comptait, c'est qu'il soit parvenu là. Une légère moue emportée par la gravité arque ses lèvres. Le Brigand prend le temps de la détailler. Ce petit air effronté ... Est-ce naturel? Est-ce qu'elle était si petite, si frêle comparée à lui la dernière fois? Et puis rousse, l'était-elle aussi? Il la découvre sous un jour nouveau. Le tout premier. Et s'il n'avait pas l'oeil si perçant, pour sûr qu'il l'aurait appréciée en braille...

Il ne fend rien de son masque d'impassibilité. Approcher l'inconnu, ce n'est jamais qu'une histoire sérieuse. On ne sait jamais derrière une rose, sur quelle épine l'on peut tomber.

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Viens jouer...
Gysele
Il est là.

Et le monde cesse de tourner. Juste une seconde, juste l'instant où la silhouette vient dessiner une forme sombre dans l'encadrement baigné de lumière. Si il te trouve petite, tu l'estimes géant. Était-ce une si bonne idée de lui donner rendez-vous dans cet espace cloîtré ? Tu ne t'attardes plus sur la question, hypnotisée par la présence du roux qui ne dit rien. Ton visage affiche cette moue insolente dont tu te pares en guise de défense pour mieux observer ton vis-à-vis. Il avance, ta raison te dit de reculer mais tu te forces à ne pas bouger, là, adossée à un box, une paille de foin roulée entre tes doigts pour te donner meilleure contenance.

C'est ton premier rancard, Gysèle. Tu n'as connu que des clients ou ton frère, ce n'est pas une référence en matière de séduction. Alors, ton cœur bat à tout rompre, tes mains se font moites et ton ventre se noue. C'est désagréable comme sensation, tu te demandes alors si tout ça en vaut le coup. Ne valait-il pas mieux lui proposer une passe et assouvir ton désir sans te mettre dans cet état ? Tu observes la démarche lente, l'analyse semble se faire des deux côtés et si ça carbure dans ton cerveau, tu ne laisses voir aux yeux de Judicaël, qu'un minois détaché, peut-être un peu amusé. Bon sang qu'il est beau. Ton cœur a un raté. Que dire, quoi faire, tu es figée !

D'une impulsion de ton dos contre une latte de bois, tu t'avances vers lui sans trop savoir pourquoi.


    - Te voilà.

Ta voix, déjà rauque habituellement, semble pourtant légèrement étouffée, comme si tu manquais d'air. Ta curiosité a atteint les sommets et à force de jouer tu découvres ton gain. Joli lot. Dangereux aussi. L'homme est plus apaisé que la fois dernière, il te regarde pourtant avec méfiance et tu veux briser ce silence en lançant une plaisanterie :

    - Tu as été long à trouver. Un ennui de messager ?
    - Hum. Quelques contretemps inattendus.

Echec. Il n'y met pas du sien. En même temps, l'homme semble plus porté sur la démonstration de ses mains, que sur sa conversation, ça te va tout autant. T'es dans une drôle de situation, Gysèle, car pour la première fois de ta vie, tu éprouves... qu'est-ce que c'est que cette émotion ? De la timidité ? Peut-être un peu. Tu te renfrognes de l'intérieur. Bon sang qu'il arrête de te regarder comme si tu lui avais tendu un traquenard, des deux, c'est plutôt toi qui devrais être méfiante !

Bien. Que ferais-tu si ce n'était qu'un client ? Tu serais déjà en train de le toucher... alors qu'attends-tu ? Tu te secoues un peu et ta main se tend pour se glisser à son avant-bras. Là, le contact semble faire l'effet d'une décharge électrique. Judicaël, s'anime, tu lui insuffles une nouvelle énergie et bien vite il t'agrippe et bien vite il t'embrasse. Tu n'as pas le temps de réaliser, tu es déjà toute concentrée à ce baiser, te moulant déjà contre lui, t'abandonnant à ses lèvres qui ont hanté tes derniers fantasmes. L'instant te dévore, tu t'embrases et lorsque le baiser se rompt, les pensées sont longues, le souffle, lui, est court.

Mais le voilà déjà qu'il repart. T'abandonnant à tes écuries comme si rien ne venait de se passer. Aurais-tu rêvé ? Tu clignes des yeux hébétée et seule la brûlure à tes lèvres et la chaleur à ton corps te confirment que tu n'as rien fantasmé et qu'il vient bien de te planter. Il passe la porte, tu n'as rien dit. Fière, tu n'as rien fait. Il disparaît et tu fronces le nez. Ce maudit roux vient de t'offrir un nouveau jeu et tu sens qu'il va falloir plus que quelques messagers pour en récupérer l'avantage. Tes doigts effleurent tes lèvres et un fin sourire se dessine. Il était bon, ce bougre. Il le sera encore.

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Judicael.
La contact est toujours déclencheur. Dans le cas de Judicael, aussi. Le contact amenait toujours deux choix. Dichotomique Judicael... Frapper, ou posséder.

Le premier contact qu'il avait eu avec la rousse avait été épidermique. Cette fois-ci, il saluait quelque chose d'inédit. Cette fille ne le connaissait pas, il l'avait traitée comme on réserve le sort d'un insecte sur la sensibilité de la peau. Et pourtant elle était là. Visiblement là. Comme un papillon face à une lanterne...

Etait-elle folle?

Avait-il envie de la frapper? De la repousser encore?

Il était venu. Signe que déjà, quelque chose l'avait piqué. Poussé à sortir et à saisir la perche tendue. Cette fille était tout sauf désagréable. Et son brin de folie, absolument pressenti par le roux, ne la rendait que plus attrayante. Le contact fatalement, en amena un autre. Un moins hésitant. Plus naturel. Moins réfléchi.

A quoi tu as gout, Gysèle du Bordel de la Molle fesse?

A la folie, précisément. Il l'embrassa fermement, comme on dit " je veux" et que l'on prend. Ses mains agrippèrent le col de roussette, ses lèvres pincèrent leurs voisines. Un baiser avec du mordant. Rien de moins. Un baiser qui se laisse le temps... Et qui prend. Sans trop donner.

D'ailleurs Cael n'a pas besoin de s'attarder. Il voulait voir. Il avait vu. Senti, vaincu. Dans une dernière pression des mains qui se délite sur le tissus froissé, il la libère de son joug. Remet une mèche rousse derrière son oreille. Détaille les tâches de rousseurs, la couleur rendue vermeille de ses lèvres éprouvées. L'humidité qu'elles suintent, comme un appel à ne pas les laisser. Le jeu était amusant. Il l'avait au moins occupé quelques temps.

Brigand emporte avec lui cet instant, si court. On ne reste jamais bien longtemps en tête à tête avec une putain. Un dernier regard, avant de s'évanouir dans le tumulte de l'extérieur. Quittant le cocon, sa tiédeur. Ils se recroiseront bien, un jour.

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Viens jouer...
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