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Sauvetage d'une future galante de l'Aphrodite "par hasard" Protagonistes Lucas Dentraigues Elle

[RP]Coïncidence ou connivence ?

.elle

    La fin d'après-midi touchait à sa fin et sous peu les libidineux, curieux, vicieux et autres prétentieux viendraient grossir la clientèle de l'endroit après leur journée de labeur.
    Mais ce soir "Elle" ne jouirait pas du bordel local dans lequel elle avait eu la sottise de venir se fourvoyer, Paris lui avait été vendu comme luxueux, pleine d'opportunités, elle avait donc délaissé clientèle aisée de son comté pour s'y aventurer, et viser plus haut.
    "Elle" n'était pas de ces gourgandines qu'on troussait à la sauvette contre un mur au détour d'une ruelle... Ou si tel était le désir du client celui-ci se monnayait chèrement, "Elle" aimait le confort d'une alcôve, d'un boudoir ou de tout endroit ayant un tant soi peu de subtilité et de classe.
    Comme l'eut dit un poète quelques siècles plus tard, "Là tout n'est qu'ordre et beauté... Luxe, calme et volupté". (C.Baudelaire)
    "Elle" était ainsi.

    Le crépuscule tombait lentement sur la capitale, et la gérante du lupanar, vint quérir la jeune femme au regard émeraude pour qu'elle descende voir Julot pendant qu'elle rassemblait avec brusquerie ses effets.
    "Elle" n'était là que depuis peu, mais c'était le même cirque dans tous les bordels, et la façon de faire de Théodora annonçait clairement la suite des évènements.
      Très bien...


    Réajustée, escalier fut descendu et la brune aux reflets de feu n'eut guère le temps de dire un mot qu'elle se faisait empoigner le bras avec virulence et diriger vers la sortie manu militari, grimaçant à l'étreinte qui n'avait rien de douce sur sa chair.
      Julot...
      La ferme !!!


    Ton était donné et Théodora qui posait les affaires au seuil de l'entrée, en surveillant la scène, confirmait son éviction de l'endroit, le tenancier la bousculant au dehors avant de l'attraper à la gorge et de la plaquer contre un mur.
      Tu me dois un paquet de fric, alors quand "madame" acceptera le pécore dans sa couche au lieu d'avoir des goûts de luxe tu pourras revenir.


    Enorme paluche commençant à trousser jupons en augmentant la pression sur le cou gracile d'"Elle", Julot se pencha à son oreille pour siffler entre ses dents, alors qu'il argumentait ses propos de caresses soutenues.
      En attendant t'as une semaine pour me rembourser sinon je m'occupe de ton cas et je te dénonce à la maréchaussée pour vol.


    "Elle" commençait à manquer d'air, sans compter la nausée que le taulier lui inspirait, quand il relâcha la prise sur sa gorge.
    La courtisane à la rose inspira longuement pour remplir ses poumons en portant regard sur son tortionnaire se contentant d'un hochement de tête, sans trop savoir comment elle pourrait bien parvenir à tel miracle en si peu de temps.
    Cet endroit n'était pas pour elle, "Elle" l'avait compris trop tard et se trouvait piégée avec une dette auprès de ce rustre et sans toit pour cette nuit en prime.
    Mais cette façon de vivre avait ses hauts et ses bas, ses dédales de complexité que d'aucun ne comprenait pas, et là l'impasse se profilait au bout du chemin pour "Elle".

    Bienvenue à Paris...


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Lucas.

Flavien lui avait donné l’adresse ainsi qu’une bourse rondelette, gonflée d’écus. Lucas y avait ajouté un homme de main, un de ceux qu’il employait parfois lorsqu’il était avocat pour s’assurer que les déclarations des témoins seraient remplies comme elles se devaient de l’être. Le Maître était une homme raffiné et la violence n’était pas sa tasse de thé. Pourquoi se salir les mains quand d’autres le faisaient volontiers pour vous en échange d’une somme tout à fait raisonnable? En cette fin d’été, les rues de Paris regagnaient peu à peu de la vitalité qu’ils avaient perdu lors de la belle saison. Les grosses chaleurs étaient passées, la ville redevenait plus respirable pour les nez sensibles de la noblesse de France et rester loin de la cour n’était tout simplement pas envisageable. Quand au petit monde, il suivait et s’adaptait aux mouvements migratoires des Grands. A quoi bon offrir des services, des prouits là où il n’y a pas de quoi les payer n’est-il pas?

Sampiero, l’homme de main, avait d’indéniables qualités : outre sa stature et sa force herculéenne, il était sourd, muet et à peine plus intelligent qu’un poulpe. De un, il ne risquait pas de dévoiler certains détails que d’autres n’avaient pas besoin de connaître. De deux, il ne pouvait farcir les esgourdes de Lucas d’un bla bla aussi incessant qu’inutile. Le Maître avait appris à communiquer avec lui par signes et si son vocabulaire n’en comptait pas plus de dix, cela s’était toujours avéré suffisant, largement suffisant même, le non-verbal de l’italien étant assez éloquent.

C’était la première fois que Lucas rendait visite à Théodora et quelque chose dans son esprit lui disait que ce n’était sans doute pas la dernière. Lucas avait dénoté une certaine affection dans le ton de voix de Flavien lorsque celui-ci lui parlait de la maquerelle. Cela n’était qu’impression certes mais l’ex-avocat avait la prétention de croire qu’il se trompait rarement sur une personne. Sur place, le spectacle auquel il assista lui confirma que le salaire de Sampiero était une assurance dont il avait bien fait de ne pas se passer. Si l’homme qui se frottait ainsi avec si peu d’élégance contre cette fille était le maître de maison, les bonnes manières de Lucas seraient sans doute moins bien comprises que celles du colosse italien. Le parisien s’arrêta un instant pour contempler la scène qui s’offrait à lui. La femme sur le palier de la porte devait être celle qu’il venait visiter mais avant, il lui fallait réajuster la présente situation. Lucas avait une faiblesse : le corps féminin. Lorsque que celui-ci était avenant, il se devait d’être traité avec plus de circonspection et d’attention.

Le Maitre fit signe à son garde du corps de patienter (C’était l’un des deux gestes essentiels de sa collection de dix) alors qu’il vint s’appuyer à son tour sur le mur crasseux de l’établissement, se postant entre le rustre et sa victime d’une part, et celle qu’il prenait pour Theodora d’autre part. Son prunelles délavées balayèrent la jambe de « Elle » découverte par les manières fort peu courtoises de Julot. Le blond aux cheveux noués par un ruban noir hocha imperceptiblement la tête en guise de satisfaction. Quel gâchis qu’une gambette aussi douce au regard s’égare dans un lieu aussi peu raffiné!


- Un tel bijou ne se traite pas ainsi l’ami. Il a besoin d’un écrin plus élégant pour mettre sa beauté en valeur.

Lorsqu’il atteignit enfin la taille de la demoiselle, là où les paluches de l’impétrant s’étaient posées, son regard remonta lentement vers celui de Julot d’un air entendu. Si l’homme prenait cela comme une leçon qu’il venait de recevoir, il aurait eu raison.

- Je pourrais te montrer si tu le souhaites mais malheureusement mon ami derrière toi est un peu pressé et je n’aime pas le faire attendre.

Le regard du parisien transporta celui du souteneur jusqu’à ceux de Sampiero qui, les bras croisés sur le torse, émis un large sourire eni dévoilant ses chicots oscillant entre la couleur brune et le noir le plus total.

- Il s’appelle Sampiero. Inutile de lui parler, Il est muet. Et il n’aime pas qu’on salisse les jambes des belles jeunes filles avec des mains qui sentent le lisier de porc.

Le message étant passé, le Maître se retourna de l’autre côté et fit face à Theodora. La fermeté que reflétait son visage quelques instants auparavant s’effaça et se montrant affable, il ajouta.

- Il est toujours comme ça? Ou c’est à cause du cycle lunaire? Je me nomme Lucas. Lucas Dentraigues. Une connaissance commune, un dénommé Flav, m’a demandé de passer vous voir et vous offrir en son nom…

Le galant de l’Aphrodite leva sa dextre de façon à ce qu’elle soit bien visible de Sampiero et fit claquer ses doigts. Ce dernier s’approcha et tendit une rose rouge à Theodora.

- …cette Rose. Est-elle à votre gout? Puis-je entrer? Il me ferait plaisir de discuter en votre compagnie.

S’étant assuré que le rustre ne ferait pas de mal à celle qui disposait d’une telle paire de jambes, le Maître pointa du doigt le pas de la porte. Le colosse vint barrer la passage de son imposante stature et toisa Julot d’un aire satisfait. Puis il disparut dans la bâtisse en compagnie de Theodora. Il avait volontairement occulté Julot de toute discussion. Lucas Dentraigues ne négociait jamais avec des porcs.


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.elle


    "Elle" était dans une posture qu'on ne pouvait qualifier d'enviable, même pour une courtisane, paluches se frayant chemin avec dureté sur sa peau fine, provoquant son dégoût à bien des titres, lui rappelant aussi sa précarité au vu de la situation.
    Un homme bien de sa mise vint se porter à leur hauteur et argumenter que Julot était un rustre sans manière et dénué d'intérêt, le regard émeraude se portant sur lui avec étonnement et un intérêt certain.
      Un bijou...


    Les propos du blond au catogan aurait tiré un sourire à la jeune femme si elle n'avait senti la tension de Julot se manifester dans la pression qu'il mettait sur ses chairs.
      Mais de quoi je me mêles toi...


    La réaction du proprio du lupanar ne se fit pas attendre et au même titre que lui, "Elle" suivit le regard du barbu blond dans la direction du colosse qui se tenait derrière l'infecte personnage qui la fouillait, les mains baladeuses se décollant de sa peau en faisant choir jupon dès l'instant où ses yeux se posèrent sur la montagne musculeuse au sourire "d'enfer".
    Tout juste un grognement du Julot qui la relâchait, les mains d'Elle venant lisser le jupon en suivant de son regard de chat les déplacements du sire qui se détournait pour se présenter à la gérante, son attention fortement éveillé par la rose offerte avant qu'elle n'accède à la requête du dénommé Lucas Dentraignes.

    Colosse en sécurité, le bourru restait tout de même non loin de la brune aux reflets flamboyants, mais à cet instant il était surtout intrigué par ce qui se passait à l'intérieur et avait posé son "royal" fessier sur une pierre attendant la sortie des "négociants".
    Profitant de l'indifférence momentanée, "Elle" avait pris le temps de ramasser ses effets et serait partie sans retour si son désir de remercier le chevelu n'avait été plus fort, et elle tenait à dire au revoir à Théodora qui avait été bonne pour elle.
      T'attends quoi ? Le prince charmant ? Oublie pas ta dette en tout cas, moi j'oublierais pas et j'ai des yeux partout pour te trouver.


    Signe de tête léger pour valider le non oubli, et le tas de muscles se dégageait de la porte pour laisser sortir Théodora suivit de Lucas, la maquerelle se dirigeant vers son patron pour lui chuchoter à l'oreille en lui calant une bourse pleine dans la main.
    Le sourire qu'afficha le bonhomme à ce moment en regardant vers "Elle" n'avait rien de plaisant, du tout... et un frisson lui parcouru l'échine comme une araignée grimpant sur sa peau avant de la mordre à la nuque.
      J'en ai fini avec toi duchesse, c'est à lui que tu dois de l'argent maintenant.


    Le regard bienveillant de la maquerelle sur "Elle" lui fit froncer les sourcils alors qu'elle s'approchait vers la courtisane pour venir lui dire au revoir se penchant en murmurant dans un baiser.
      Tu as eu de la chance, profites-en, tout ira bien maintenant.


    L'incompréhension devait pouvoir se lire sur le visage d'"Elle" alors que gérant et proprio du lupanar s'en retournait à l'intérieur, la laissant en devanture avec le chevelu et son colosse.
    Une pointe d'appréhension au creux du ventre, "Elle" s'avança vers l'homme à la prestance certaine et inclina la tête pour le saluer comme il se devait, autrement que jupon relevé.
      Merci pour votre intervention...
      Pouvez-vous... m'expliquer ?
      Il semble que ce soit à vous que je sois redevable désormais.


    L'homme était somme toute vraisemblance loin d'être pécore, tant par ses manières que son aspect, mais Elle était bien placée pour savoir que l'habit ne fait pas toujours le moine, le hasard aurait-il voulu que la providence le place là au moment opportun.
    Tant de questions, si peu de réponses...


    Julot et Théodora personnages fictifs utilisés pour les besoins du rp


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Lucas.
       
      «  Flashback. Quelques instants auparavant »

Assis autour d’une vieille table branlante, dans une cuisine qui empestait le graillon, Theodora prenait des nouvelles de Flav. Lucas n’avait jamais su exactement quelle relation unissait la maquerelle au le directeur de l’Aphrodite mais chose certaine, il y a avait de la connivence entre ces deux-là, peut-être même de l’affection, voir de l’admiration. Theodora lui avait servi un alcool de prune qu’elle gardait pour les bonnes occasions et manifestement la somme dont Lucas était porteur au nom de Flav en était une. C’était…un paquet de fric.

Le galant de l’Aphrodite s’était montré peu loquace préférant laisser parler son interlocutrice et en apprendre un peu plus sur elle, sur Flav, sur la façon dont ils s’étaient rencontrés, sur cette fille dont il venait prendre livraison au nom de son patron. « Elle » n’avait pas de nom. « Elle » se faisait appeler ainsi et cachait farouchement son passé. La maquerelle s’était montrée bien plus conciliante que son mari avec « Elle » et pourtant même elle n’avait pu en tirer grand chose. La vieille lui expliqua les raisons pour laquelle Julot ne rechignerait pas à s’en débarrasser : être sélective sur la clientèle n’était pas une qualité très recherchée pour une catin. Le Maître finit son godet de prune et attendit que la maquerelle eut terminé de s’assurer que la somme demandée y était, que pas un sou ne manquait. Il ne cilla même pas lorsqu’il la vit substituer un petit tiers de la somme, la mettre dans une bourse à part et cacher celle-ci derrière un tas de tabliers et de linge domestique. La vieille souriait d’un air satisfait.


- Il ne vient jamais ici. Il dit que les hommes n’ont pas à se mettre les mains dans le linge de maison…surtout quand il n’est point porté!

Le fait que Theodora cachait une partie de ses économies à Julot tira un léger sourire au parisien. S’il se comportait avec Theodora comme il s’était comporté avec son ex-employée, Lucas comprenait parfaitement que la maquerelle désirait assurer ses arrières avec un petit coussin pécuniaire.

A chaque fois qu’il avait essayé d’aiguiller la conversation sur Flav, Theodora s’était refermée. Quand il revint à la charge au sujet de « Elle », elle prétendit une nouvelle fois ne pas trop avoir d’informations sur son passé et Lucas la crut. Elle lui dit que c’était une fille intelligente, docile mais pouvant être obstinée, qu’elle avait du talent pour la profession mais que ses gouts de luxe et d’opulence avait fini par irriter Julot.


       
      «  Dans les rues de Paris, en direction de la cour de la Jussienne »

Lucas marchait d’un pas allègre dans les rues de Paris, devant « Elle ».Sampiero fermait la marche. Avant de quitter Theodora et Julot, « Elle » lui avait posé une question. Il n’ y avait pas répondu, se contentant de poser son regard sur ses cheveux, son visage, sa poitrine, ses jambes. Flav avait raison, elle avait de quoi faire une bonne galante à l’Aphrodite. Enfin, au moins d’un point de vue physique. Certes, la poitrine était un peu trop menue à son gout mais il savait que certains hommes appréciaient ce genre de buste. Le visage était avenant. Avec un peu de fard et de rouge pour rehausser la pulpe de ses lèvres, elle serait parfaite. La chevelure aussi nécessitait un peu plus d’amour, quelques atours peut-être. Des bijoux, de belles chaussures, une toilette qui attirent le regard.

L’Aphrodite se dressait non loin d’eux. Sampiero s’esquiva sans attendre son reste, sans même un acquiescement de la part de Lucas. L’ex-avocat le payait toujours d’avance et l’homme de main connaissait son rôle par coeur. En réalité, Le Maitre n’avait même jamais besoin de lui donner la moindre consigne. Sampiero savait également quand Lucas n’avait plus besoin de lui. C’était ce genre de petits détails qui avaient forgé l’amitié entre ces deux-là.


- Julot n’avait pas besoin de connaitre mes réponses à tes interrogations.

Après avoir gardé le silence pendant la première partir du trajet, Lucas avait finalement décidé de donner à « Elle » les explications qu’elle attendait. Le ton de la voix n’était pas hautain, ni amical. Il exprimait une relation professionnelle.

- Désormais, tu travailles pour l’Aphrodite. Flavien, le directeur voudra sans doute te voir avant l’ouverture de l’établissement. Il te fera signer ton contrat, tes devoirs, tes engagements.

Les mots étaient lancés. Les renseignements affluaient. Si l’intérieur était aussi bien fait que l’extérieur alors d’autres questions fuseraient. Lucas s’y attendait. Le Maître ne dérogeait pas à ses habitudes mais il savait qu’il devait se montrer compréhensif avec elle. « Elle » venait de vivre une situation guère confortable et Lucas ne voulait pas qu’il en soit de même à l’Aphrodite…même si se refuser à un client pouvait être aussi gênant ici que là-bas. Oui. « Pouvait ». C’était le mot.

- Ce n’est pas à moi que tu es redevable mais à Flavien. L’argent qui a payé ta dette sort de ses coffres pas des miens.

La curiosité de l’ex-avocat le poussait à en savoir plus sur celle qu’il ramenait à l’Aphrodite. Pourtant il s’en abstint. D’ici l’ouverture il aurait le temps de faire plus ample connaissance mais pour l’instant, il voulait lui laisser le temps de passer à autre chose, de s’acclimater à sa nouvelle vie. Qu’elle le veuille ou non, elle devait maintenant honorer sa dette.

- L’Aphrodite n’est pas un bordel comme celui que tu viens de quitter.. C’est un cercle privé. On y entre par invitation, par référence. Sa clientèle se compose de personnes huppées, aisées ayant bon gout et aimant le luxe. Nous te fournirons une nouvelle toilette et de quoi mettre en valeur ta beauté naturelle. Tu auras un toit, de quoi de sustenter. En contrepartie, tu travailleras. Et tu ne seras pas un catin. Ce mot n’a pas cours ici. Tu seras une galante.

Au fur et à mesure que les phrases s’enchainaient, le ton se faisait plus courtois, plus amical. A la porte de l’établissement, le parisien, se tourna, se courba et d’un geste de la main l’invita à entrer.

- Bienvenue chez toi!

Lui avait-il parlé de la chambre qui serait sienne? Du bain qu’elle devait prendre pour se débarrasser des effluves indésirables du bordel de Julot? Lui avait-il dit qu’elle devait se trouver une robe à son gout? Des atours qui rehaussent sa beauté? Perruques et fard à joues ou à lèvres? Lui avait-elle mentionné que Flav voudrait peut-être faire une inspection de son investissement? Et peut-être même la faire voir par un médecin?
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.elle


    Silence, la détaillant de pied en cape comme du bétail, et départ du lieu sordide furent la réponse de Lucas en retour à sa question, "Elle" n'aimant guère cette façon de "juger", jauger, en gros estimer la marchandise comme on l'aurait fait à une foire aux bestiaux ou sur un marché aux esclaves.
    Et pourtant, marche fut suivit en arrière du chevelu blond, à quelques pas, le colosse dans son dos n'incitant nullement à dévier le trajet ouvert par son "sauveur".
    Le regard félin profitait de ce que la marche lui offrait vision sur les atours du Dentraignes pour en constater la facture, pour sure l'homme n'était pas à regarder à la dépense pour s'habiller, le brocard de sa redingote était... luxueux, tout ce qu'elle aimait.
    Etait-ce pour ça qu'elle le suivait finalement ? Cette fragrance de luxe qui émanait de lui...

    Certains pourraient la penser vénale pour cela, peut-être aurait-il raison, à moins que la brune incandescente ne soit qu'une adepte du bon goût et des belles choses, une possibilité aussi.
    La discrétion restait cependant un de ses atouts majeurs, on ne lui prêtait pas plus d'attention que nécessaire, et ça lui convenait bien ainsi.
    Amandes verdoyantes se posèrent sur la montagne de muscles qui disparaissait de son sillage, la voix de Lucas s'élevant soudainement dans les rues de Paris la faisant sursauter de surprise en brisant le silence.

    Le pas plus rapide, "Elle" avait réduit la distance qui la séparait du blond raffiné, se décalant légèrement sur son coté sans se mettre à sa hauteur, juste ce qu'il faut en retrait pour relever ses émeraudes sur le visage de celui qui s'adressait à elle.
    L'Aphrodite, le nom ne lui était pas inconnu, mais l'établissement était fermé à ce qu'elle pensait, il semblait que non à priori, ou plutôt qu'il allait ouvrir de nouveau, et elle se voyait maintenant employée là-bas sans avoir rien demandé, dans quoi allait-elle donc tomber.
    Flavien, contrat, devoirs, engagements, l'association de tous ses termes à un prénom alors qu'elle n'en connaissait pas le propriétaire lui plantait lentement des épines dans la nuque, comme entrave à des mouvements futurs.
    Débitrice auprès d'un inconnu... L'idée ne l'enchantait vraiment pas, mais vu sa situation avait-elle vraiment le choix, pour l'instant l'heure était à la collecte aux informations, et Lucas semblait relativement disposé à lui en fournir sans qu'elle n'en demande.
      Je passerais donc de courtisane à galante, je n'ai personnellement jamais été catin.


    Ce terme, qui pourtant restait dans la pratique la même chose, lui était insupportable, peut-être une des rares choses qui la faisait réagir d'instinct et sans réflexion poussée, pourquoi ? Un mystère de plus l'entourant.
      Sire Dentraignes, si j'entends donc ce que vous dites, je suis redevable financièrement à ce sire Flavien que vous avez évoqué.
      Je n'en reste pas moins redevable auprès de vous de l'assistance que vous m'avez porté face à Julot, vous auriez pu passer votre chemin sans vous en soucier, même en visite à Théodora.
      Est-ce elle qui vous a expliqué ma situation pour que vous décidiez d'user des fonds de votre...


    De son quoi ? Discrétion restait le maître mot, la phrase ne serait donc pas achevée, libre à lui de la compléter ou non.
      Je vous remercie en tout cas d'avoir pensé que je pouvais convenir à votre établissement et à l'esprit qui s'en dégage Sire Lucas.


    Replaçant une mèche de feu échappée d'un chignon sommaire du bout des doigts, la verdoyance de son regard se releva sur l'architecture de la bâtisse que l'homme lui présentait dans un "bienvenue chez toi", restant un instant coïte avant de revenir à son guide vers ce lieu.
    Dextre replaçant égarée capillaire vint alors se poser sur sa gorge, sentant son pouls battre à tout rompre comment était-il possible de passer d'un bouge sordide à une maison de cette prestance en si peu de temps.
    Où était le piège ?


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Lucas.

 « Elle » redevable au Maître? Sans doute n’avait-elle pas pris toute la mesure de l’engagement qu’elle venait de prendre. Lucas, pour sa part, ne l’oublierait jamais et saurait en user au moment propice. S’il était loyal envers ceux qu’il considérait comme ses amis, l’ex-avocat n’avait pas l’habitude de refuser les plateaux d’argent qu’on lui offrait, consciemment ou pas. Laissant passer la jeune femme, il la suivit à l’intérieur. Mission accomplie. L’oiseau avait été amené au nid comme demandé par Flavien.


- On dirait que la curiosité fait partie de votre personnalité…N’est-ce pas?

Devait-il lui répondre? Flav avait été formel : Ni Julot, ni la damoiselle ne devait connaître l’accord passé avec Théodora. Ni Julot. Ni « elle »…

- Julot n’est qu’un porc qui ne sait pas comment se comporter avec les dames. Flav m’avait donné cette somme pour recruter une nouvelle galante digne de l’Aphrodite. Je vous ai vu, j’ai pensé que vous pourriez faire l’affaire. Vous en faut-il plus?

Ce qui en soit était tout à fait vrai. Le mensonge par omission était-il lui aussi passible de l’enfer lunaire?

- Ne me décevez pas et vous y gagneriez ma loyauté. Dans le cas contraire…je ferais tout pour vous renvoyer là où je vous ai trouvé. Cela aussi c’est une certitude.

Le ton était assuré, le visage ne laissait aucun doute sur le sérieux des paroles prononcées par l’ex-avocat. Une fois le message passé, un sourire amical illumina son visage. C’était ça Lucas Dentraigues. Cette scène à elle-seule résumait parfaitement la personnalité du parisien.

- Prête à visiter votre chez-vous?


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