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L'acceptation

--La_vieille


Encore devant la porte, jeunesse et décrépitude font face à l'Oeil de la maison. Aux paroles de la mioche, la Vieille se marre, dévoile des chicots pourris et approuve d'une tape sur la petite épaule. Elle a du cran, la gamine, autant dire que ça plait à la Vava. On dirait qu'elle a davantage besoin de cette Larah comme laisser-passer, que cette dernière n'a besoin d'elle. Le corps défraîchit se redresse un peu alors qu'elle toise d'un regard vif mais dégoulinant de jugements, ce Yaha pédant à souhait. Elle l'écoute, faudrait pas se faire éconduire avant d'avoir récupéré une soupe et un bain chaud, mais elle s'agite sous l'envie de lui rabaisser son caquet. C'est qu'il l'ennuie avec ses histoires de tests ! Est-ce qu'elle lui demande si il sait bien ouvrir une porte à lui hein ? Bien sûr que non !

    T'inquiètes mon mignon ! La vieille Vava (t'as mon nom maint'nant) elle va vous mijoter de bon p'tits plats revigorants ! T'verras plus qu'ton sol qui brille tell'ment qu'il s'ra beau !

Ouais, elle embellit un peu le tableau... Bon d'accord beaucoup ! (ne vous énervez pas !) Elle est dérangée mais pas tarée la fripée ! Sauf que l'autre il continue de l'enfoncer, lui causant de son odeur qui-disons le clairement- schlingue le rat puant à des kilomètres à la ronde. Oui ben c'est pas d'sa faute !

    Non non pas l'bain ! J'vais encore plus m'rider...

Car oui, elle savait que sa peau elle se fripait dans l'eau. Elle avait déjà vu le phénomène. Sauf que, la vie d'une gamine était en jeu... ou pas. Mais on la laissera s'inventer n'importe quelle excuse pour sauver ses miches. Elle semble obtempérer d'un hochement de tête, la Vioque. Elle a compris qu'il lui faut d'abord entrer et faire profil bas et peut-être ensuite pourra-t-elle négocier.

L'ancêtre s'avance, traîne ses guibolles et écoute la conversation de la gamine avec leur guide. Et de s'arrêter devant ce qui semble être la salle des bains.
La salle est pas immense, pas petite non plus. Tout le matériel nécessaire à la toilette semble se trouver ici. Tableau cauchemardesque pour la Variole, qui tire la langue et grimace, car ça sent trop bon dans le coin ! Il n'est pas question de se laisser embrouiller par les vapeurs toxiques de l'eau des baquets... En réalité elle n'a pas le choix, mais quitte à devoir faire un truc qu'elle ne veut pas, autant y montrer le moins de motivation possible ! La Vieille éructe :


    POUAH ! Vous n'allez pas m'faire bouillir là d'dans hein ?! Ça va m’abîmer ma peau d'pêche ! La p'tite là elle craint pas, mettez-là et j'vais lui préparer d'la bonne nourriture.

Tentative de négociation, la Vava tente une manœuvre pour échapper à l’ablution, préférant finalement mettre la jeune fille en première ligne. A la guerre comme à la guerre !
Larah_
Si la Vieille ne manquait pas de culot, l'Oeil ne se laissait pas faire non plus en lui demandant si elle ne s'était pas roulée dans la fange. Je réprime un sourire parce que c'est vrai qu'elle sent très mauvais, surtout son haleine. Je plisse le nez quand elle se marre et me donne une tape sur l'épaule. Étrangement, la Vieille ne répond pas à Yaha. Peut-être lui-a-t-il cloué le bec ? Je ne crois pas. Les vieux sont têtus et personne ne les change. Ils font et disent toujours ce qu'ils veulent et personne n'ose vraiment les engueuler, car c'est terrible les vieux quand ils t'envoient sur les roses et qu'ils te font la morale ! J'en ai vu qui évitaient les vieux, car ils n'hésitaient pas à dire ce qu'ils pensaient et quand un marchand se prenait un reproche, il se contentait de rire nerveusement. C'est dire que les anciens se déchaînent contre les jeunes, car ils n'ont plus que ça à faire et qu'ils n'ont plus peur de rien avant que la grande faucheuse ne les emporte !

Yaha nous invite à le suivre. Je suis soulagée, car j'aurais droit à un repas et Vava va nous faire à manger. J'en salive d'avance car je n'aurais plus faim et en plus, ce sera bon. Je pense qu'elle cuisine, parce qu'elle est vieille et vu qu'elle est âgée, ce qu'elle doit faire est sûrement bon, car elle a de l'expérience. Enfin, si elle ne met pas de la crasse dans la soupe. L'Oeil parle du bain. Pour la vieille... Et pour moi. Je grimace un peu, parce qu'avant, on m'obligeait tout le temps à me laver, mais aujourd'hui, la crasse me gratte. Dès que nous pouvons rentrer, je ne me fais pas prier et je regarde autour, intriguée, avant que Yaha me demande d'où je vienne et il désirait que je lui raconte tout en chemin.

Je réfléchis à quoi lui dire avant de répondre :


- Heu...Hm... Je viens de l'orphelinat dans Paris. Ils disaient que j'avais été abandonné comme un sale cabot devant.

Mes épaules se haussent. Je me suis souvent demandée qui étaient mes parents et pourquoi ils m'avaient abandonnés. Ils m'avaient répondus que j'étais peut-être une enfant indésirée, une bâtarde et donc, j'étais un déshonneur. Je n'avais pas tout bien compris sauf qu'ils me regardaient différemment des enfants dont les parents étaient morts. Je le sentais. Des fois, je déteste ceux qui m'ont abandonnés. D'autres fois, j'aurais envie de savoir et qu'ils reviennent sur leurs décisions, mais depuis quelques temps, je m'en fiche, parce que je suis devenue grande. Et si par malheur, je savais qui ils étaient et s'ils étaient riches, je volerai tout ! Comme un héritage avant qu'ils soient morts avec les intérêts !

Je regarde dans le vague en repensant à avant. Je me souviens que, dans ma chambre, j'observais les grilles de l'orphelinat en me disant que la prison et ça, c'était pareil. Sinon pourquoi il y'aurait des grilles ? Pourquoi ils refusaient qu'on sorte alors que dehors, c'était la vraie vie avec des gens qui faisaient ce qu'ils voulaient ? J'étais triste. Ma seule amie avait été adoptée, alors j'étais seule. Elle avait été choisie et moi, non. J'étais en colère, car j'voulais pas qu'on m'adopte, car ces gens-là qui viennent parfois, on ne les connait pas et ils choisissent comme ça ! Je faisais tout pour qu'on ne m'adopte pas. Je me couvrais de boue ou j'faisais en sorte qu'ils ne veuillent plus me parler. Je crois que j'avais un peu peur aussi...

Ma première punition a été de dire : «Qu'est-ce que tu me veux ? Va voir ailleurs si j'y suis. » à quelqu'un qui voulait adopter.

J'essayais de voir dehors et je soupirais. Je ne parlais plus à personne et je me cachais pour ne rien apprendre. J'imaginais comment c'était dehors.


- J'avais pas envie d'y rester, mais j'voulais pas qu'on m'adopte non plus, car ils avaient l'air trop gentil pour que c'soit vrai... Pis ils nous regardaient comme si... comme si... eux, ils avaient de la chance, qu'ils étaient heureux et parfaits et que nous, non... donc ils pouvaient nous donner d'la chance aussi ! Mais que celui qui est pas adopté, il restera comme un malheureux. D'la pitié ! Voilà, c'est comme ça qu'ils nous regardaient.

Je me tais un peu, pour reprendre ma respiration et continuer. Est-ce que j'pouvais tout lui dire ? Que j'étais une voleuse ? Dire pourquoi je m'étais enfuie pour toujours de l'orphelinat et que je me cachais ? Je me mordille les lèvres pour essayer de

- Alors j'me suis enfuie, parce que j’avais pas besoin de l’orphelinat ni des trucmuches. Et dehors, c’était pas pareil ! Alors, j’voulais partir pour toujours mais j’ai pas pu…

Je ne continue pas mon histoire que j’avais vite raconté dans l’espoir qu’il ne se doute rien car si ça se trouve, il n’aime pas les voleurs et va me virer à coup de pied dans le derche, parce que nous arrivons au niveau de la salle de bain et Vava ne semble pas vouloir se laver. Et elle préfère que ce soit moi qui passe la première ou passe, tout court ! Je comptais répondre quelque chose mais je ne dis rien, car c’est elle qui fait les repas et elle peut cuisiner bien comme pisser dans la soupe pour se venger. Donc vaut mieux ne pas se la mettre à dos.

Pas folle, la guêpe !

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Owenra
Un bain. Elle ne rêve que d'un bain depuis qu'elle est sortie de la Guilde. Elle a réussit à retourner au domaine du clan. Les portes d'en bas ont été poussées et refermées. Elle rejoint la salle des ablutions. Là, elle trouve Yaha en compagnie d'une vieille et d'une gamine. Humpf... La Renarde pensait n'avoir à croiser personne avec sa lèvre inférieure blessée, sa pommette bleue et sa mâchoire dans le même état, elle grogne un peu. Mais, visiblement affaiblie, elle passe devant la petite troupe en saluant vaguement d'un mouvement de la tête. Une nuit passée sur un tas de paille, un duel perdu, elle a grand besoin de se décrasser.
Aussi, elle s'approche d'une chaise, pose sa besace sur l'assise. Lentement, elle délace son bustier en prenant garde de ne pas trop solliciter son poignet droit : bandé. L'habit est ôté et posé sur le dossier, suivi de près par la chemise. Elle dévoile ainsi son dos, marqué par une tâche de naissance effrayante et par la marque du clan, fondu dans ses chaires il y a quelques temps, lors d'un rite. La Flamboyante fait grise mine et elle profite d'être buste nu pour regarder son ventre qui comporte un bon bleu aussi, résultat de coups de talon dans le ventre. Elle soupire, le chef des voleurs ne l'aura pas ménagée, ça, c'est sûr. Elle lève une jambe et pose le plat de sa botte sur l'assise de la chaise, la délace patiemment puis l'ôte, procède de la même façon pour la deuxième. Les pouces des deux mains se glissent dans son collant et elle se baisse pour l'enlever progressivement. Elle a bien conscience d'offrir sa nudité à la vue de deux inconnues et du fidèle serviteur de sa sœur, mais peu lui importe. Elle est fatiguée, elle est en colère, et elle est revenue sans ses armes : IL les a gardé l'enfoiré. La Renarde se jure qu'elle les récupérera, d'une manière ou d'une autre !

Pour l'instant, elle se saisit de son pain de savon, s'approche d'un baquet, ensuite, du bord, lève une jambe avec précaution, trempe le bout du gros orteil dans l'eau chaude, puis l'entre doucement dans l'eau jusqu'à toucher le fond,. Elle ajoute le deuxième et se glisse totalement dans l'eau en poussant un soupir d'aise. La tête trouve le bord et s'y appuie. Les deux bras se posent sur chaque tranche du baquet. Enfin, elle se détend dans la chaleur du liquide. Ceci dit, elle n'a pas oublié qu'elle n'est pas seule, aussi ferme-t-elle les yeux et ouvre-t-elle la bouche en s'adressant à l'androgyne :


Qui sont nos invitées ?
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Yaha
Il écouta en silence sans jamais couper la parole, trop pressé de gagner la salle d'eau pour perdre du temps en palabres inutiles. C'est que le fumet qui se dégageait de la vieille était un peu ... fort, et le nez de l'Imbu avait beau être habitué aux relents de la Cour, il n'en restait pas moins tatillon question hygiène au sein de la Maison. Oh, il se doutait éperdument que réussir à noyer la vieille ne serait pas chose aisée, mais il était prêt à tenter le coup. Ainsi donc, les trois oiseaux gagnèrent les baquets et s'y arrêtèrent. Entre la demoiselle qui parlait à demi-mots et la vioque qui en tenait une couche aussi épaisse qu'elle était crasseuse, pour sûr, il allait y passer la journée. Dans un long soupire, l'Oeil écarta quelques mèches de devant ses yeux et passa la main sur son visage. Il était en train de se décomposer de l'intérieur. "Pitié Seigneur. Ce n'était guère le jour." La délivrance ne se fit pas prier et prit la forme d'un renard. En effet, la pièce vit entrer Owenra. Il ne manquait plus qu'elle. Le tableau était entier et parfait, trois générations de femmes dans une même pièce et lui au milieu.

Dame Owenra, c'est un plaisir de vous revoir icylieu. Comme toujours.

Une révérence courtoise fut faite à l'égard de la jeune femme puis enfin il reporta son attention sur la vieillarde qui cherchait encore et toujours à se défiler. Si jusqu'ici l'idée de la noyer était plaisante la venue de Flamboyante changeait grandement la mise.
Il ne pouvait clairement pas imposer ça à cette dernière, aussi devrait-il s'avouer vaincu pur cette fois-ci. Sans rien laisser paraître de son mécontentement il s'adressa à l’ancêtre, évitant par la même occasion de lorgner la Rousse durant son effeuillage.


Grand-mère, je vais vous épargner cela pour ajourd'hui, mais je vous prie de vous charger de la petite durant les ablutions de la Dame ici présente. Veillez à ce qu'elle ne manque de rien.

Le bras se tendit, paume vers le ciel, pour désigner brosses, onguent et savons divers qui ne seraient pas de trop pour retirer la saleté recouvrant Larah.

Demoiselle, je te demande un instant. Tu devrais te baigner le temps que je m'entretiens avec Madame. A ton âge nul homme ne devrait te toiser, aussi je vais me retourner.

Ainsi soit-il. L'Imbu tourna le dos aux deux invitées et s'avança vers le baquet où la soeur de sa Maîtresse se détendait. Elle semblait en avoir bien besoin. Qu'elles étaient ces odieuses marques ?
Fronçant les sourcils il fit claquer ses talons au sol et se figea face à elle, aussi raide qu'une corde à pendu en plein office.


L'enfant semble être une invitée de ma vôtre soeur, quant à la vieillarde je songeais à l'engager pour m'aider. Il me faut m'absenter régulièrement et la demeure ne peut rester sans quelqu'un pour la gérer.

Il s'approcha d'un nouveau pas et se pencha en direction de son interlocutrice, un léger sourire venant égayer son visage.

Puis-je savoir d'où vient Madame pour être ainsi abîmée ?
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--La_vieille


Alors qu'elle piaille son mécontentement la Vava, une rouquine fait son entrée. La vieille la suit du regard, même si elle reste attentive à toute tentative de baignade forcée qu'on pourrait lui faire subir. La dame est mal en point (disons le clairement, elle a vraiment une sale tronche). Même si, l'ancêtre ne doute pas que sous les traces, il y a une certaine beauté, là c'est pas très joli à voir. C'est que des visages ravagés par la folie des hommes, elle en a vu un paquet la fripée. Elle veut questionner l'entrante, elle s'apprête à l'alpaguer quand celle-ci entre dans son bain, mais une remarque de l'Oeil l'arrête dans son élan. Ah ? Pas de bain ? Voilà une bonne nouvelle ! Assez bonne pour lui faire passer sa curiosité, d'autant plus qu'on lui donne une nouvelle tâche : rincer la gamine. Et ça, elle peut vous dire qu'il y a du travail ! Et c'est pas une hypocrite qui vous le dit !
Et comme la Vieille a toujours besoin d'en rajouter, même quand on lui accorde ce qu'elle désire, elle attrape Larah par les épaules d'un bras tremblant et pointe un index noueux sur leur guide qui leur tourne le dos.


    Ouais Sieur du Cielo ! On s'retourne ! Oh et bien l'b'jour ma dame ! Vous avez fière allure !

Affichant un sourire édenté satisfait comme si c'était sa propre idée avant qu'elle ne l'adresse à l'abimée. Qui que soit la Rousse, faudrait pas froisser la mauvaise personne ! Elle finit alors par poser son regard délavé sur la jeune fille pour pousser son analyse jusqu'à ses pieds, avant de grimacer.

    Mouais, j'sais pas si t'as bien fait d'lui dire oui à la mort. La prochain' fois dis "oui" à j'sais pas moi.. la joie, le bonheur.. 'fin un truc qu'a une meilleure odeur quoi !

La vieille pousse un peu loin ? Si peu ! Elle ne se rend certainement pas compte que la puenteur vient plus d'elle que de la demoiselle. Mais faut pas contrarier Mamie. Sa dextre pousse gentiment la gamine vers un baquet, tandis qu'elle lance quelques coups d'oeil vers l'androgyne et la dite Owenra, vérifiant quand même qu'elle ne risque pas de se faire mettre à la porte illico car dans ce cas, elle n'ira pas se mouiller pour l'oisillon !

    Allez mon p'tit rat ! Au bain !
Larah_
Je regarde la rousse qui entre dans la pièce, ne la lâchant pas des yeux. Ce n'est pas tous les jours qu'on voit une rouquine avec du bleu sur le visage ! Ce n'était pas très beau. Je me mords les lèvres pour ne pas lui demander ce qu'il s'est passé, parce que je ne le connais pas et que si elle s'est fait casser la figure, elle risque de me foutre dehors de colère. Elle se déshabille et je détaille ses marques, comme sa tâche de naissance et la marque. C'est quoi cette marque ? C'est qui qui lui a fait ? Elle était d'accord ? Ou, c'est un truc obligé et qu'elle n'était pas d'accord ? Je me pose pleins de questions mais Yaha annonça qu'il épargnerait le bain à la vieille et qu'à la place, c'était moi qui devait me laver. Je tournais la tête vers l'androgyne, surprise. Ça, ce n'est vraiment juste. Pas du tout. Plus injuste, tu meurs ! Et pourquoi la Vieille n'allait pas prendre de bain aujourd'hui ? Je la lorgne un brin jalouse, parce qu'elle a obtenu ce qu'elle voulait. Si ça se trouve, c'est un génie du dérobage du bain et qu'elle a d'autres tours dans sa manche. Je voudrais bien éviter le bain comme elle, pour voir si je suis aussi douée mais pas un mot sort de ma bouche quand Yaha me demande un instant et de prendre le bain. Ose. Mais je n'ose pas. Je murmure un : D'accord... Et c'est tout. Si j'suis pas aussi douée que la vieille, ils vont peut-être me chasser dehors et puis, peut-être que si je prends un bain, les petites bestioles noires ne me piqueront plus ! C'est pire que les poux ! Elles sautent de partout. Elles piquent et ça gratte. En plus, elles vont aussi sur les chiens ! Je suis sûre qu'elles ne servent strictement à rien sauf pour embêter. Ouaip, si l'Autre Là-Haut existe, il les a crée exactement pour embêter tout le monde !

La Vieille m'attrape par les épaules en parlant aux deux autres personnes. La rousse ? Fière allure ? Elle est gaga la vieille ? Je la regarde en plissant les yeux. A moins qu'elle ne veuille lui plaire, comme les autres orphelins qui faisaient tout pour que les surveillants les remarquent et les aiment bien. Quoique la Vieille, elle hésite pas dire les choses à Yaha, donc elle n'est peut-être pas comme eux. Peut-être qu'elle voit mal ! Les vieux, vu qu'ils sont vieux, tout ne va plus chez eux !


- 'lut.

La vieille me dit qu'elle ne sait pas si j'ai bien fait de dire à la mort. Elle dit que je pue et ça me fait maronner car elle pue plus que moi, mais elle, elle échappe au bain. Faudra que je trouve son secret !

- J'y peux rien ! C'est Elle qui rôde le plus souvent par ici...

Quoi ? C'est vrai. Les gens de la Cour des Miracles ne sentent pas le bonheur ni la joie. Ou alors, quand ils rigolent, c'est pas de la joie. Soit, c'est parce qu'ils sont bourrés ou alors, vaut mieux les éviter car ils sont pas bien dans leurs têtes !
Elle me pousse jusqu'au baquet. C'est l'heure du bain. Je me dépêche de me déshabiller en enlevant mes braies et ma chemise avant de me glisser dans l'eau. Ça fait du bien !

Mais il y'a quelque chose qui me tracasse. Je lorgne vers le blond et la rousse, pour m'assurer qu'ils ne nous regardent pas, avant de me redresser pour poser LA question.


- Il voulait dire quoi Yaha par les hommes ne devraient pas m'toiser ?
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Owenra
La remarque de la vieille quant à son allure fait sourire la Renarde. Elle est consciente de ne pas se montrer dans son meilleur jour. N'empêche qu'en écoutant l'ancêtre déblatérer, elle ne peut s'empêcher de croire qu'elle pourra l'apprécier. Y a pas à dire, les vieux, y a que ça de vrai. Ils ont tout vu, tout entendu et c'est pas les derniers pour raconter des bêtises, sûr que même si la date de péremption est allègrement dépassée, la Flamboyante ne peut s'empêcher d'imaginer un vent de fraîcheur émanant de cette petite vieille. Et non, ça n'a rien à voir avec l'odeur pour une fois !
Mais voilà que l’Oeil s'approche d'elle, même les yeux fermés, elle l'imagine déjà froncer les sourcils en voyant son état. La remontée des paupières confirme d'ailleurs son impression, c'est qu'elle commence à le connaître un peu l'Imbu. Elle le regarde en écoutant ses explications et hoche la tête. Ainsi donc, Kel aime toujours autant les enfants... Hum... Pourvu qu'elle ne transforme pas le domaine en garderie-orphelinat. Bon, un peu de sang neuf ne fait jamais de mal remarquez. Si la vieille reste, elle pourra certainement s'avérer utile pour les tâches de quotidien. Quoique, peut-être faudra-t-il l ménager. Hum... De toute façon, si c'est Yaha qui l'engage, ce sera à lui de fixer ses activités.

En parlant de lui, le voilà qui approche encore et se penche vers elle. Si lui sourit à peine, elle l'affiche en coin en entendant la question. L'air de rien, elle commence à s'activer dans son bain, passant le savon sur les bras pour se débarrasser de la crasse et de la sueur de la veille.


Non, tu ne peux pas. Mais ne t'en fais pas, ta Dame s'est bien amusée.

Et c'est le moins qu'on puisse dire, ce petit duel a été bien revigorant. Même si elle se serait bien passé de la nuit en geôle, mais bon ! Au moins, elle sait qu'il lui faut persévérer dans l'entraînement et qu'elle devra prendre sa revanche ! Mais d'abord, le bain. Tout le corps est méticuleusement nettoyé, récuré. Le bandage au poignet est retiré et la blessure analysée, bon, elle boursoufle et une croûte est déjà formée. Bien, ça laissera sûrement une bonne cicatrice, mais au moins, il reste fonctionnel. C'est le principal.
Elle finit par se rincer et reste encore un moment dans le bain, ne souhaitant visiblement pas s'étendre sur la provenance de ses jolies couleurs.

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Owenra
[Quelques années plus tard, après moult péripéties]

    Elle se tient là, au milieu de la salle d'ablutions. Les Laudes sont en cours d'après la chanson des cloches de Notre-Dame qui lui parviennent aux oreilles. Elle s'est enfermée à clé. Elle est debout. Elle fait dos à la porte. Face à un miroir sur pied. Cela fait bien deux heures qu'elle reste plantée là tel un piquet. Elle regarde ce visage qui n'est autre que le sien. Ce visage qui porte les stigmates d'une pathologie qui la ronge. Son teint d'albâtre à cédé la place à celui grisonnant que portent les malades. Ses joues se sont creusées. De visage jadis plein et agréable à regarder, n'en reste que des angles saillants peu avenants.
    Ses cheveux autrefois flamboyants, éclatants de vie font pâle figure à présent. Ils ont perdu leur éclat. Elle en perd parfois. Ils sont devenus fragiles, cassants. Elle porte une main dénudée sur son crâne, entre ses doigts glissent quelques mèches dont elle caresse la longueur. Le regard suit le mouvement de cette main gracile et légère. Elle compte : Un... Deux... Trois... Quatre... Cinq... Six... Six cheveux viennent de se détacher de leur support au simple passage de dextre. Cette dernière est secouée et la Malade suit du regard les fils roux qui tombent avec lenteur sur le sol.
    Les pupilles retournent scruter leurs reflets. Si les yeux ont gardé leur joli couleur, que dire des cernes qui parent les orbites ? Elles sont noirs. Elles sont marquées. Elles témoignent trop du manque de sommeil, des cauchemars, de l'usure et de la dénutrition. Le regard que la Renarde lance à sa réflexion n'a rien de vivant. Il est terne, morne, il n'a plus cette étincelle vivace. Il n'a plus cet air défiant et scrutateur. Il est las et abattu.
    Alors les mains reviennent à la charge, elles s'emparent de cette figure. La Rousse ne se reconnait pas. Ce visage n'est pas le sien, ce n'est pas possible.
    Dextre et senestre glissent et agrippent les vêtements pour les retirer. Mais la Renarde Galeuse les stoppent. Elle prend une inspiration.

    Un...

    Deux...

    Trois...

    Les mains reprennent leur office. Lentement le tissu blanc chatouille l'épiderme en descendant. Les clavicules saillantes apparaissent suivies de près par les côtes qui percent la peau devenue bien fine. La poitrine n'est plus qu'une vague ébauche. Les seins peinent à remplir la paume d'une main. Le ventre est creux. Ne subsiste en relief que la cicatrice qui prive la Renarde de toute nouvelle maternité. L'étoffe caresse le bassin avant de s'écraser au sol en silence.
    Owenra regarde ce corps étranger dans ce miroir. Elle touche les hanches, les cuisses qui n'ont de fermeté que les fémurs protégés par l'épiderme aussi fin qu'un parchemin.
    Adieu fine musculature, bienvenue squelette humanoïde. Elle s'effleure l'intérieur des cuisses du bout des doigts. La sensation des cicatrices qu'elle s'y fait régulièrement la rapproche de la réalité.
    Se réapproprier son corps, voilà une démarche qui ne lui sera pas facile. Elle se touche, elle se palpe, elle tire cette peau lâche. Elle fronce les sourcils en se regardant à nouveau dans le miroir. Elle se murmure :


Qui es-tu ?

    Elle se rapproche du miroir. Ses doigts s'immiscent sur la surface froide de la glace. Elle frôle le reflet de sa joue. Une litanie commence, semblable à une prière.


Tu n'es qu'une ombre. Tu n'es pas moi. Je suis forte. Tu es faible.
Je suis belle. Tu es laide. Tu n'es qu'un cadavre proche de la Mort alors que moi,
je suis pleine de vie. Je vis et je survis. Tu es tout ce que je hais. Tu n'es qu'un spectre.
Va-t'en. Je te hais.


    Et tandis que les mots s'alignent les uns à la suite des autres, la voix se hausse, la colère s'insinue dans le cœur gelé de notre Flamboyante, elle se met bientôt à crier sa rage. Qu'importe qu'on puisse l'entendre, qu'importe qu'elle s'irrite cette gorge source de tout son mal, elle a besoin d'extérioriser sa hargne. D'ailleurs, elle finit par balancer furieusement ses deux poings sur la surface dur du miroir en hurlant :


DISPARAIS !


    Le pauvre reflet se voit ainsi brisé par les deux allonges mais, en guise de vengeance, il blesse la peau de son agresseuse qui s'écroule alors sur le sol. Hagarde, elle se regarde. Ses jambes tremblent. Elles n'ont plus la force de la porter. Ses menottes saignent, esquintées par le tranchant de l'outil d'orgueil cassé.
    Assise nue, sur le sol, les membres tremblants, la Mère se trouve soudainement pitoyable. Ce corps amaigris par les carences alimentaires et la dénutrition n'est pas le sien... Non, ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible qu'une simple douleur à la gorge puisse l'empêcher de subvenir à ses besoins primaires. Et pourtant... Pourtant, cela fait des mois qu'elle ne peut plus boire ou s'alimenter sans douleur. Elle a déjà eu mal au cou quelques fois, l'hiver surtout. Mais tout avait fini par rentrer dans l'ordre ou bout de quelques jours. Mais ce mal-là la ronge. Il la prive de presque tout, même de sa voix, devenue rauque depuis quelques semaines.
    En soupirant, elle attrape sa pipe, toujours prête à l'emploi et se décide y mettre le feu au foyer. Un instant, elle regarde cet outil avec sa petite fumée chanvresque qui s'élève lascivement hors du bois. Le bec est glissé entre les lèvres et elle inspire cette vapeur salvatrice. Presque simultanément, elle se met à tousser. Une toux violente. Une quinte de toux qui lui fait lâcher la pipe et qui la plie en deux. La Miraculée cherche son air entre deux soubresauts. Quand enfin, la chose se calme, une larme s'est pointée au coin de l’œil rusé. Renarde est essoufflée. Elle a mal. Elle crache un glaire sanglant, preuve des tissus internes lésés.
    Elle prend le temps d'inspirer et d'expirer avant de se redresser, misérable.

    Elle jette un coup d'oeil sur la pipe qui a roulé sur le parquet. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Sa gorge se serre, sa poitrine est contenue dans un étau, ses yeux s'embuent et bientôt, des larmes roulent sur les pommettes saillantes. Elles tracent des sillons suintant sur la peau grise. Et les lèvres charnues sont mordues pour ne pas échapper de sanglot. Quitte à être minable, autant l'être jusqu'au bout.
    Dextre agrippe un morceau de miroir tranchant et sans attendre, elle l'abat sur l'un des mollets. Elle geint de douleur mais qu'importe, sillon sanglant se dessine sur la chair.
    Elle insiste. Elle creuse la chair. Elle fait des aller-retour dans cette viande. Elle a mal.
    C'est donc son corps.
    Quand enfin, elle cesse cette mutilation, Fière Renarde n'est plus que l'ombre d'elle-même ainsi dévêtue, à même le sol, abattue, vaincue par la résignation, hébétée dans ses larmes et dans son sang. Elle s'est faite une raison, elle ne guérira pas.

_________________
Finette_


Une soirée d'automne en 1465 ...

Après une montée d'escalier un peu chaotique ... La gamine est conduite jusqu'à la salle d'ablutions et lorsque la porte s'ouvre et que de doux parfums viennent agacer divinement ses petites narines, elle se tourne vers son protecteur. La lumière des candélabres du couloir font que les mèches de sa crinière platine forment comme une auréole. Une image étrange d'un ange aux yeux de la gosse ...
Puis les deux petites émeraudes curieuses commencent à scruter la pièce, le regard est bien vite attiré par une commode où repose une multitude de flacons et de pots de toutes sortes et de toutes les couleurs ... Un véritable camaïeu ... Et c'est lentement, presque cérémonieusement, que la gamine avance pas à pas. La petite bouche fine s'arrondit au fur et à mesure de ses découvertes. Plusieurs bacs trônent dans la pièce. La lumière y est douce et feutrée.
Un véritable cocon ! Bien loin de la pièce lugubre et froide chez son daron, ou même le maigre feu de cheminée peinait à réchauffer l'atmosphère ... Sans parler de l'eau glacée, récupération pluviale légèrement poisseuse ...
Ici c'était le grand luxe !

Les petits doigts se posent là où ils le peuvent, caressent les diverses poteries et verreries odorantes. Elle soulève un couvercle au hasard ...
Et puis cette odeur ... Florale, douce et capiteuse à la fois ... Si caractéristique ... Le petit corps s'arrête. Et Finette inspire à plein poumon cette délicate fragrance. Et sans retenue aucune, une larme vient rouler sur le velours d'une joue... En silence ... Puis un murmure, juste pour elle même ...
Maman ...

Bien que modeste sa mère n'en était pas moins coquette et à chaque printemps elle partait en forêt, glaner de-ci de-là des fleurs de jasmin qu'elle mettait à macérer dans de l'huile. Faute de pouvoir acheter du parfum, elle faisait preuve d'ingéniosité. Et l'esprit s'envole dans un autre temps, celui des souvenirs joyeux ... Des cueillettes dans les bois, des fous rires ... Une lointaine époque où elle était heureuse ... Avant que ...
Yaha
Note pour l'Avenir: Ne plus jamais passer en premier lorsque Modingus se trouve dans les environs.

Après une pérégrination entre les escaliers et l'étage ayant forcé l'Imbu à se rattraper de justesse pour éviter la chute, le trio avait gagné la partie supérieure de la Bâtisse. Dans le couloir du second, les faisceaux de mèches allumées donnaient à l'atmosphère une pesanteur toute particulière, à la manière de celle se dégageant d'un bordel luxueux. Dans son avancée aussi rapide que légère pour rejoindre l'entrée l'Azur n'avait pas omis de s'emparer d'un flambeau. Il lui serait bien utile pour allumer l'âtre de l'étage. Non pas que l'idée des allers-retours l'incommodait, mais tout de même. De sa main libre, il enclencha la cliche, libérant par l'ouverture nouvellement faite un flot de senteurs à faire se damner un Saint. Si la propriété pouvait paraître austère et délabrée depuis l'extérieur, les intérieurs et en particulier cette pièce en disait long sur les richesses accumulées par les propriétaires. Azur était discret; mais la discrétion ne signifiait aucunement être pauvre.


    Damoiselle, après vous ...


Et voyant le regard animal s'abattre sur lui, tel un couperet inévitable, l'Imbu ne put qu'obtempérer en invitant la bête à entrer. Non pas que le fait d'avoir un canidé poilu dans cette salle lui plaisait, mais le pourcentage de chances de l'entendre geindre en cas de refus étant grand, il préféra couper court en donnant directement son aval. Emboîtant le pas à la suite du molosse, l'Oeil délaissa ses hôtes pour s'occuper du foyer de la cheminée. D'abord pour réchauffer l'atmosphère, mais également pour tenir parole quant au fait d'offrir à sa petite invitée un bain chaud et non pas glacé. Ca ferait désordre et il s'en voudrait d'avoir ainsi failli à son engagement. Ce fut un Azur tout accaparé par l'exercice de ses fonctions qui s'affairait, sans plus se préoccuper du reste. Un regard était parfois lancé, comme pour vérifier que les deux nouveaux complices ne lui faisaient pas faux-bond. Tandis qu'il observait les premières vapeurs s'échappant du seau d'eau suspendu au-dessus des flammes, jugea grand temps de relancer la conversation.

    Alors ... Il me semble que vous avez un secret à me confier, jeune fille.
    Que diriez-vous d'un jeu pour faciliter notre échange à venir ?
    Vous me racontez quelque chose, en rapport avec votre frêle personne, et j'en ferai de même; qu'importe le sujet.

    Et dans ma grande bonté, j'accepte de débuter : A quoi puis-je répondre pour satisfaire votre curiosité ?

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Finette_


Trop plein d'émotion ...
Sans s'en rendre compte les larmes se succèdent silencieusement.
La gamine ne prête même plus attention à son protecteur, ni même au molosse gentiment couché non loin de l'âtre. Elle ne remarque même pas que l'atmosphère se réchauffe peu à peu.
A travers le brouillard qui lui empli les yeux, se dessine la silhouette maternelle ... Mais la voix de Yaha la fait fuir. Léger sursaut de la blondinette avant que discrètement une manche ne vienne essuyer l'humidité des émeraudes.

Sonne l'heure des confidences ...
Crampe au ventre malgré ce sentiment de sécurité qui l'enveloppe depuis son arrivée dans la maisonnée.
Après tout c'est elle qui avait proposé de se confier ... Il fallait assumer.

Et puis la proposition du jeu la séduit. Donnant, donnant. En voilà un bon compromis.
Alors les petites mains englobent le pot à l'odeur maternelle et le serre contre la petite poitrine comme un trésor jalousement gardé ...

Le maître de cérémonie, en grand stratège et afin d'acquérir toute la confiance enfantine, propose de livrer en premier un secret au choix de la gosse.
Pot toujours serré contre elle, elle laisse un silence avant de de venir planter ses petites émeraudes dans les azurs de Yaha, tandis qu'une main distraite vient effleurer le crâne du canidé. Une manière de plus de se rassurer ...
Il va de soit que la première chose à laquelle pense Finette, c'est cette étrange pierre bien vite dissimulée quelques minutes auparavant ...


C'est quoi le bijou que tu caches sous ta chemise ?

Mais que serait une fillette normalement constituée si elle ne s'intéressait pas à minima à ce qui brille ? Princesse dans l'âme ... Une généralité surtout à cet âge.

Quand la curiosité est satisfaite, on délaisse l'objet. Sans y revenir.*


Robert Blondin / 7ème de solitude ouest
Yaha
Et lorsque la première question tomba, l'Oeil esquissa un maigre sourire. Il ne se retourna pas, le regard plongé dans les remous naissants sous ses yeux. Il était temps. Temps de commencer les voyages entre le feu et un baquet. Ainsi donc, Azur s'affaira, réfléchissant dans ce même temps à la réponse la plus à même d'être donnée à la jeunesse trop ingénue et innocente pour comprendre. Révéler le sens véritable de l'objet serait inutile, mais il pouvait néanmoins offrir à sa petite hôte quelques informations sans conséquence, sinon celles de lui sauver éventuellement la mise en cas d'une rencontre inattendue sous son autre identité. Et ce fut en transvasant l'eau du seau dans le récipient qui servirait à baigner Iphigénie, qu'il répondit, avec le détachement propre à sa personne, et ce malgré l'intérêt qu'il portait véritablement à l'enfant. Chasser le naturel était impossible, mais il fallait le côtoyer quotidiennement pour savoir que sa désaffection ne signifiait pas grand-chose en vérité.

    Cet objet est dans la famille Azur depuis toujours.
    Je te conseille vivement de ne pas l'oublier, quand bien même tu n'as fait que l'entrapercevoir. Il pourrait t'être, un jour, utile d'en avoir connaissance.
    Ce rubis fut acheté auprès d'un marchand venu d'Asie. En même temps que deux autres pierres. L'une se trouve d'ailleurs en possession de la femme que tu as pu croiser plus tôt; celle à l'oeil vitreux. Le minerai diffère cependant.


Avait-il vraiment répondu à la question ? Aucunement. Cela n'était guère étonnant, mais la réponse pouvait être aussi variable qu'il y avait d'astres dans le ciel nocturne. Quant à l'éventualité de cracher qu'un Prince se devait d'afficher une certaine richesse, ça n'étai pas envisageable. Alors, faisant silence à nouveau, l'Androgyne retourna prendre de l'eau dans l'un des tonneaux se trouvant dans un angle de la pièce. Et une fois le récipient à sa place, dans la cheminée, Yaha se redressa pour venir s'asseoir sur le rebord de la baignoire. Alors enfin, il remarqua l'objet serrait contre le buste de la jeune fille. Il n'aurait su dire de quel flacon il s'agissait, tant il avait abandonné l'idée de tous les connaître depuis belle lurette. L'interrogation qui suivrait était donc toute trouvée :

    Pourquoi serrez-vous ainsi cette fiole, Damoiselle ?

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Finette_


Et alors qu'elle attend réponse Yaha entame une valse entre l'âtre, la baignoire et les tonneaux. Seau à la main, il vaquait à remplir d'eau chaude la baignoire sensée accueillir Finette.
C'était une valse lente que seule la vitesse à laquelle l'eau chauffait, rythmait chaque pas de danse.
La réponse arrive mais laisse la gamine perplexe. Une légère moue dubitative barre ses lèvres. Elle réfléchit un long moment cherchant à comprendre où il voulait en venir ... A part à noyer le poisson.
Mais une question à la fois. La gamine prépare la suivante tandis que son tour vient. La main toujours enfouie dans les poils du canidé, elle baisse les yeux vers le flacon désigné puis les deux billes vertes, encore un peu émues, regardent Yaha assis sur le rebord de la baignoire d'où s'échappe une fine vapeur d'eau. Elle déglutit car sa gorge est sèche et se fait violence pour répondre à son confesseur.


Cette odeur ... Cela me rappelle maman ... Elle sentait toujours comme cela ...

Puis le regard se fait un instant fuyant, refoulant un sanglot. Courageusement elle relève la tête et rajoute.

Je pourrais en prendre un peu ? Je crois que cela s'appelle du jasmin.

La fiole est tendue timidement vers le confesseur. Il serait dommage de casser une si précieuse chose ...

Réponse faite c'est à nouveau son tour de poser une nouvelle question. Et loin d'être bête, la blondinette sachant compter, il n'en faut pas plus pour interroger l'homme aux cheveux d'argent.


Tu as dit qu'il y avait trois pierres ... Tu sais où est la troisième ?
Yaha
Le ballet n'avait plus cesse, que ce soit durant ses propres interrogations, durant les retours de la jeunette, ou quand une nouvelle question tomba. L'Androgyne allait et venait inlassablement, même lorsque la chorégraphie n'avait pas lieu d'être, tant la durée entre deux mouvements était courte. Mais c'était ainsi; Il était ainsi : Maître Illusoir toujours ou presque à se mouvoir. Du moins, l'était-il jusqu'à l'instant où il capta un nouvel état d'âme chez son interlocutrice. Lui qui n'était pas de ceux aptes à réconforter ouvertement se serait presque pris au jeu de la consolation. Malheureusement, en ces lieux, il fallait être fort, qu'importe les aléas de chacun. Aussi, ce fut un Imbu sans réaction qui regarda Iphigénie ravaler un sanglot légitime. Et, plongeant le bout des doigts dans l'eau pour en jauger la température, il offrit pour première réaction un signe de la tête. Signe d'un aval à l'Enfant quant au fait de pouvoir rejoindre le baquet si le coeur lui disait.

    Si la Damoiselle veut bien ôter ses vêtements, l'eau semble suffisamment tempérée pour qu'elle puisse s'y baigner.


Vint enfin une approche; silencieuse et lente. La petite main tendue vers lui fut scrutait tout du long de son avancée. Comme s'il lui fallait peser le Pour et le Contre afin de lui donner la réponse la plus propice en ces circonstances. Comme s'il était question de Vie ou de Mort pour un simple flacon. En tout cas, c'était l'effet offert, sans qu'il soit question de partir si loin dans sa négociation interne. Et quand dextre entoura son égale, ce fut, non pas pour l'alléger de sa maigre découverte, mais pour l'enserrer simplement. Jaugeant la Petite de toute sa hauteur, sans que la moindre vague ne vienne troubler le miroir de son teint, il répondit d'un calme olympien :

    Gardez-le et considèrez cela comme un cadeau de bienvenue au sein de la maison Azur.
    Les enfants nous sont précieux au sein de la Miraculée.
    Vous aurez tout loisir de nous rendre des services quand vous en aurez la force.


Yaha relâcha d'abord sa prise. Il ne s'éloigna pas et resta devant la marmot, un nouveau signe de sympathie venant éclairer son visage jusque là dénué de toute humanité. Et enfin, la main du bras ballant s'autorisa à se déposer sur la tête juvénile. Cela ne dura bien évidemment pas, mais l'effort était là. S'éloignant d'un premier pas en arrière, il s'engagea à répondre à la nouvelle demande plus que fondée aux vues de ce qu'il avait modestement répondu durant le tour précédent.

    Malheureusement, je n'en sais rien. Probablement se trouve-t-elle en possession d'un membre éloigné de la Famiglia Azzurro.
    J'ai bon espoir de la voir un jour reparaître.
    Notre chère Matriarche aimerait récupérer son bien. Quand bien même, elle n'est autre que la responsable de cette perte.


Prenant place auprès du foyer, l'Oeil évalua la situation silencieusement. La question était intéressante, même pour lui, maintenant qu'il y revenait. Mais l'heure n'était pas à ce genre d'interrogatoire personnel.

    Il semblerait que ce soit mon tour.
    Où sont vos parents ? Renarde n'emporte pas les enfants sans raison apparente, contrairement à Vipère.


Tôt ou tard, il faudrait d'ailleurs que le Rey en vienne ce sujet délicat qu'était la Reyne Folle et son affection malsaine pour les enfants. Si Alice avait échappé à un sort tragique en s'attirant les bonnes grâces de sa protectrice, la bataille n'en restait pas moins dangereuse pour les jeunes gens qui franchissaient le seuil de cette bâtisse maudite renfermant entre ses quatre murs un germe de folie pure.
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Finette_


Et tandis que l'atmosphère se réchauffe de plus en plus et que des volutes de vapeurs chaudes englobent les deux protagonistes, l'invitation au bain est lâchée. Il ne faudrait pas perdre le but premier de leur présence dans cette pièce ...

Et alors que la gamine tendait la précieuse fiole, c'est une main rassurante quasi aimante qui vient se refermer un court instant sur la frêle petite pogne. Et une voix suave et rassurante qui annonce l'offrande de bienvenue au sein du cocon protecteur.
Un large sourire éclaire alors le visage enfantin tant cela représente une grande preuve d'amour pour le petit cœur empli de chagrin.
Puis la large main s'éloigne un peu pour finalement mieux revenir caresser les mèches blondes. Instant fugace mais ô combien salvateur.

Les deux petites émeraudes brillent alors de milles feux, effaçant les larmes encore présentent il y a peu ...

Et le dialogue reprend. Le confesseur répond sans détour à la curiosité puérile. Et alors qu'il repart vers l'âtre, s'éloignant ainsi de la petite ingénue, cette dernière pose la fiole non loin de la baignoire et commence à délacer les liens de sa robe élimée. Et puis le tissu glisse lentement, sans un bruit, sur le corps frêle pour finir en corolle autour des jambes maigrelettes de la gosse.

Mais le jeu continu et la question qui lui est destinée tombe comme un couperet. Le corps malingre se raidit. Un début de réponse dans un souffle étranglé ...


Maman est partie au ciel ...

Et puis le corps se met à grelotter de peur, plus que de froid, quand il faut aborder la suite du sujet ... La voix se fissure.

Mon père lui ... Long silence ... C'est lui que je fuyais quand .... Quand ... Owenra m'a trouvée ...

L'aveu est fait et une vague de soulagement monte lentement dans le cœur de Finette. Soulagement de courte de durée car bien vite remplacé par de la colère mêlée à de la honte. Car ce que ne voit pas encore Yaha, ce sont les zébrures qui parsèment la peau tendre et juvénile. Des marques blanches, anciennes, et d'autres encore rouges et violacées ... Chaque coup de ceinture ayant entaillé le fin épiderme.
Les petits poings se serrent et la voix lâche sur un ton beaucoup trop détaché les conséquences de la folie paternelle ...


C'est à cause de ce qu'il m'a fait que je suis partie ... Je ne voulais plus avoir mal ... Je ne voulais pas mourir ... Comme maman ...

Elle reste figée devant la baignoire, les bras serrant son corps meurtri.
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