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[RP] Remuer Ciel & Terre ... les Enfers aussi !

Maryah
Un coffre inaccessible, un trésor enfoui, un puits sans fond, un secret indéchiffrable ... C'est à peu de choses près la définition du cœur d'une Mère. Aussi différente qu'elle puisse paraître, aussi exotique qu'elle est, aussi associable qu'elle devient, la Bridée n'échappe pas à cette tragédie.

Bien sûr, l'Amour vrai et inconditionnel sait se cacher là où on ne l'attend, sait aussi se rendre secret, pudique, invisible. Mais Percy est là, arrimé à son cœur, accroché, ancré, engrammé dans la plus infinitésimale cellule.
D'ailleurs, la sagesse populaire dit bien qu'il n'y a qu'une chose dont on ne se remet pas : la perte d'un enfant. Oui ... oui ... puissant sentiment maternel, qui vous retourne les tripes et l'esprit.

Disparu, envolé avec un type du nom de Hans. Partis de Marseille un à deux mois plus tôt. Niallan n'a même pas prévenu de sa disparition, père de pacotille. Dire qu'elle le lui a confié, mère indigne ! Inconsciente !
Le temps de l'inquiétude a laissé place à celui des regrets et reproches en tout genre. Mais aujourd'hui ... aujourd'hui, c'est un véritable plan d'action qui se dessine, qui se projette.
Elle va passer à l'action, elle n'est pas Elle sans avoir maints et maints contacts dans ce Royaume ! Elle a remué ciel et terre, les pigeons ont volé dans les 4 directions et même bien davantage. Les espions de Paris ont eu la patte graissée, les promesses des services peu communs ont été multipliées auprès des espions de France, et même quelques négociations ont permis de débusquer quelques espions d'Empire, parce qu'il faut le reconnaître, Hans c'est un nom peu commun ... sauf chez les Teutons !

Remballé l'orgueil, jetée la fierté, écartées les rancunes, effacées les trahisons, elle écrit à longueur de temps, multipliant les contacts, les demandes. Un garçon de 8 ans à la peau hâlée et aux yeux bridés ne peut pas disparaître ainsi du jour au lendemain.
Mais le Ciel et la Terre n'ont pas grand chose à répondre, trop peu de matières pour nourrir les peurs d'une mère, déjà prête à changer de vie, à tout recommencer, à tout sacrifier, à tout perdre s'il le faut. D'ailleurs ses coquettes économies commencent à fondre comme neige au soleil, un service ça se paie.

En désespoir de cause, et même si elle s'est jurée de changer de vie, de se fondre dans le moule de la normalité, de se marier, de lui offrir une vie de famille telle qu'il l'a rêvée, pour la dernière fois c'est promis, Maryah renoue avec les Enfers.

Samsa dicte le Cerbère, et Evroult le démon de la Tentation. Bien sûr, dans sa nouvelle vie rangée, elle devra précautionneusement les éviter. Mais pour l'heure, elle a besoin d'un limier, d'un espion en haut, d'un espion en bas.
Percy a parlé d'un Seigneur, d'un Noble, qui pourrait l'adouber Chevalier ... d'un château, c'est certain. De chevaux. Qui mieux qu'un Cerbère pour pister un Noble recrutant des mioches à la peau foncée ? Qui mieux qu'un Catin pour récolter les confidences sur l'oreiller d'une noble doutant des choix d'un mari trop décalé ?

Elle n'a pas de temps à perdre, elle n'a plus le choix.
Elle va devoir compter sur ce tandem de choc pour traverser les Enfers ! On n'a jamais fait plus instructif qu'une plongée en Enfer ...

Inspiration, expiration,
Passer son masque d'insensible, ne pas tenir compte des conséquences.
Faire comme si elle n'était pas Angevine,
Faire comme si elle ne demandait pas à la prime secrétaire royale,
Faire comme si elle n'était pas une femme redevable,
Faire comme si elle n'avait jamais été courtisane,
Faire comme si elle n'éprouvait rien pour celui qu'elle n'aurait jamais.
Faire comme si elle était normale,
Faire comme si elle allait se caser et se ranger,
Parce qu'il n'y avait rien qu'elle ne pouvait refuser à son fils,
Quoiqu'il en dise, quoiqu'il en pense.

Premier courrier :





Cerbère,

Oui c'est au Cerbère que j'écris, au fin limier des bas quartiers, à l'amie des souvenirs d'enfance, à la Miraculée, à l'intelligente de la vie,

Je n'irai pas par 4 chemins. Je ne vais pas m'excuser de revenir vers toi parce que j'ai besoin de toi. Je ne dirai pas que toi comme moi ne risquons rien au cas où nos courriers seraient interceptés. Non, je ne te mentirai pas. Et oui, je sais que je ne devrais pas.

Mon fils a disparu, il y a un mois, du côté de Marseille. Il m'a écrit récemment pour me dire qu'il était avec un homme d'armes du nom de Hans. Il semblerait qu'ils rejoignent un château où l'on forme des hommes à l'art de la guerre et de la chevalerie.

Il semblerait ... parce qu'on peut faire croire tout et n'importe quoi à un enfant aussi naïf que Perceval. Tu l'as déjà vu, tu sais exactement à quoi il ressemble.
J'ai de quoi payer tes services, j'ai besoin de le retrouver. Coûte que coûte. Ton prix ... sera le mien.

Elle avait longuement hésité sur cette phrase ; la Royaliste pourrait négocier des renseignements sur l'Anjou, peut être même lui demander de trahir ceux qui l'avaient gardé en vie jusque là.
La vie était cruelle parfois, mais si c'était à ce prix qu'elle pouvait retrouver sain et sauf son fils, que faire ? Le doute n'était pas à l'ordre du jour, elle aviserait. Une chose après l'autre.
Respirer, se calmer, se raisonner ; reprendre l'écriture de ses courriers.



J'ai besoin de le retrouver et de le garder.
J'ai besoin ... d'un mariage arrangé. Un bon parti, si possible un vieux qui a besoin d'un peu de fraicheur et acceptera mes étrangetés, ou bien ... un homme pas porté sur la chose. Je veux bien sacrifier des tas de choses, pour rendre mon fils heureux, mais je ne serai jamais une esclave sexuelle. Il y a des hommes qui aiment les hommes, non ? Des bourgeois, des petits nobles, qui ont besoin de cacher les apparences ...
Il me semble que tu es bien placée pour me dénicher la perle rare. Les mariages arrangés sont monnaie courante, et je pourrais lui arranger pas mal de choses, à la seule condition qu'il préserve et entretienne une vie de famille.
Il va de soi que je tirerai un trait sur mon passé, sur le côté obscur de mes activités, et que mon affinité pour les poisons se traduira bien davantage en soins médicaux ou recherche en herboristerie.
Si Déos me laisse être mère, j'oublierai qui je suis. J'en fais la promesse, je te la fais aussi.

S'il te plait,
En souvenir de notre enfance,
Aide moi à retrouver mon fils, Perceval Kedzia Nazarov.

Je reste à ta disposition pour plus d'informations, si tu souhaites que nous nous rencontrons, tu n'as qu'à me dire où et quand, je viendrai.


Maryah


Elle avait failli signer de son ancien nom de la Horde Sanguinaire, puis s'était ravisée. Elle avait beau être dans la planque de Liette, prudence était mère de sûreté.

Elle but, encore et encore un peu, et sortit un autre parchemin. Evroult. Son trouble. Vrai qu'on ne tombe pas amoureuse d'un catin. ça ne se fait pas. Et elle n'avait pas les moyens de s'attacher ses services à l'année. Et c'était bien qu'il soit loin. Et c'était bien qu'il ne puisse poser sur elle ses mains ... Et ... Et elle allait devoir lui écrire ...




Evroult,

Puisque vous m'avez dit où vous écrire en tout temps,
Puisque votre dernier courrier est resté sans réponse,
Puisque bien sûr je pense à vous, parfois,
Et parce que j'ai besoin de vous,
J'espère que ce courrier vous arrivera rapidement.

J'ai besoin de vos services. Je paierai bien sûr.
L'affaire qui m'amène est toute personnelle. Il semblerait que l'on ai enlevé mon fils. Un homme d'armes, attaché à un Seigneur. Vous savez qu'il m'est aussi intolérable qu'on me prive de mon fils, et qu'on fasse de lui le serviteur d'un noble. De plus, je ne vous cacherai pas que je redoute ce que des personnes mal intentionnées pourraient lui faire. Vous n'êtes pas sans savoir que je n'ai pas que des amis dans ce Royaume.

J'ai pensé à vous. Parce que vous l'aviez vu, croisé de je ne sais plus quel côté, quand il se rendait à Marseille. Parce que vous côtoyez beaucoup de personnes qu'il a suivi : son père Niallan, sa tatie Jiji, sa presque mère Alaynna, son parrain Diego, et puis quelques Corleone ...
Et puis surtout, ne nous le cachons pas, vous couchez côtoyez des personnes de la haute société, qui devisent de tout et de rien, et pourraient s'étonner de la venue d'un enfant à la peau foncée et aux yeux étirés.
Qui mieux qu'une personne telle que vous pour poser innocemment des questions sur le passage, le recrutement, ou l'endoctrinement d'enfants ?

Peu de gens peuvent comprendre ou deviner mon trouble. Vous m'avez vu enfumée et ivre morte, vous savez mon trouble mieux que personne,
S'il vous plait,
Aidez moi.

Il va de soi que votre prix sera le mien ...

Encore cette phrase qui la prenait à la gorge à chaque fois, et faisait trembler sa main. Evroult était bien capable de l'embobiner dans ses plans foireux et lui demander de redevenir la catin des premiers jours, l'Exotique du Salon Pourpre ...
Mais qu'est-ce que c'était le fait de subir quelques passes, contre le bonheur de retrouver son fils et de le garder en sécurité.
Emmurée. Froide. Distante. Mesurant le bien, conséquence du mal nécessaire. On n'avait rien sans rien, la vie le lui avait suffisamment prouvé !

Elle reprit donc sa fin de lettre.




Si je retrouve mon fils ... je le retrouverai, je vais avoir besoin de me faire une vie rangée. Non Evroult ... non, je ne veux pas vous entendre dire que ce n'est pas une vie pour moi. Je veux une vie de famille pour mon fils, je veux le tenir loin des besoins et près de ses parents. Je vais arrêter mes bêtises. Je vais laisser mon côté sombre derrière moi, pour filer droit devant. Oui je serai droite dans mes poulaines, et ferait honneur à mon futur mari.

Là aussi j'ai besoin de vous. Vous devez, au cours de vos nuits agités, recueillir maintes confidences. Vous devez connaître les noms des messires, seigneurs, comtes, marquis, ducs que sais je ... qui ... qui ... sont impuissants, orientés vers les plaisirs de la chair avec un congénère de même sexe, ou encore peu portés sur la chose ...
Des hommes qui n'ont pas toujours la facilité à trouver épouse, peut être à cause des commérages ; commérages et médisances qu'une femme telle que moi sauraient balayer d'un tour de main de maitre !

Acceptez-vous de m'aider ?


Votre passion



Ravaler les larmes ; lui demander de choisir un prétendant alors que c'est de lui qu'elle rêverait chaque nuit d'abstinence. Prendre une grande inspiration. Boire encore pour mieux avaler.


Et quand ces deux parchemins furent soigneusement roulés et cachetés, quand les flammes de l'Enfer vinrent lui lécher les pieds, alors se rappelèrent à sa mémoire deux espions hors catégories mais d'une efficacité à toute épreuve.
Seulement le prix à payer serait cher, bien plus cher ...
Il en irait même de sa vie ...

Alors, pâle et faible, elle abandonna pour la soirée, l'idée de se fourrer dans quelques galères supplémentaires.
La nuit porte conseil, paraissait-il.
Il ferait jour bien assez tot, et elle saurait alors si elle était définitivement prête à sauter à pieds joints dans un trou qui risquait rapidement de se révéler sans fond ...

Que Déos ait pitié de son âme,
Car ce soir, elle ne croyait plus en rien.

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Bannière réalisée par LJD Pépin_lavergne
Samsa
    "Allez je ne laisserai pas tes bras baissés plus longtemps,
    Allez je ne lâcherai pas je ne lâcherai pas tu m’entends ?
    Ca prendra le temps que ça prendra,
    Et ton combat, tu m’entends, c’est mon combat."
    (Arcadian - Ton combat)


Quelle douceur de vivre sur ses terres de Longny-au-Perche. On pourrait bien dire ce qu'on voudra mais s'il est quelque chose qu'on ne peut pas retirer à Samsa, c'est son mérite et le fait que cette baronnie, elle ne l'a pas volé. Octroyée par feue Sa Majesté Lafa de Bussac en février pour la récompenser d'avoir pris Angers et d'avoir œuvré au Secrétariat Royal, Samsa n'avait pas eu l'occasion de véritablement en profiter depuis, vaquant toujours à de multiples missions et occupations. De retour depuis quelques temps, Cerbère restait désormais en dehors de toutes les guerres internes au Louvre, observant tristement les têtes sauter sans montrer les crocs. Elle ne s'était que trop faite remarquer et on avait payé pour elle, elle en était persuadée même si elle n'était pas la seule raison à tout. Fatiguée, Samsa était dans sa période de ressource, sur ses terres verdoyantes, dans sa forge et auprès de ses filles. Parfois, il fallait juste laisser le temps passer.
Elle appréciait de recevoir du courrier qui était synonyme pour elle de travail, d'amis parfois. Chaque courrier était porteur d'une potentielle nouvelle aventure mais celle-ci, elle aurait bien préféré s'en passer. Non pour elle, mais pour Maryah qui, elle, devait bien plus le vivre comme une épreuve. Depuis l'Anjou, Cerbère veillait sur le fils de son amie, lui donnant même des nouvelles quand, parfois, elle le croisait. Il était cependant presque frustrant de constater que cet enfant avait la manie de disparaître. Et presque vexant de lire les courriers de Maryah.




Maryah,

Tu n'as besoin de t'excuser de rien. Toi et moi valons mieux que les obstacles posés sur notre route.

Tu me connais, je n'ai jamais mis un pied à Marseille -enfin, je crois- mais je sais qui contacter. Je t'aiderai. Et je traquerai ce Hans.

Ne me parle plus jamais d'argent, ni même de services d'ailleurs. J'ai plus d'honneur que ce que ces mots représentent, ils ne valent rien pour moi, tu le sais bien. Je ne fonctionne pas avec ces notions.

Tu m'as écrit que tu avais besoin d'aide, et le Cerbère que je suis ne peut que répondre à ton appel. J'ignore si c'est moi qui te ramènera ton fils mais je te promets que tu le retrouveras.

Quant à cette histoire de mariage arrangé, je te recommande de réfléchir à cela plus tard. C'est, en tout cas, ce que je ferai.

Je te tiens au courant.

Samsa Treiscan,
Dicte Cerbère


Marseille, c'était bien trop loin. Jamais Samsa ne pourrait s'y déplacer, retourner le Sud entier elle-même... Cela serait peut-être même inutile. Le monde est vaste et il serait idiot que le dénommé Hans soit resté dans les environs de son méfait. Mais d'autres l'avaient peut-être vu passer.
Samsa envoya la missive par messager royal, privilège de sa fonction. Elle s'empara ensuite d'autres papiers et rédigea diverses missives qui partirent en direction du Sud. Son sens aigu de la diplomatie lui avait permis de tisser un grand réseau de connaissances et d'amis à travers toute la France, et Cerbère savait parfaitement en user. Il n'y avait, probablement, pas un endroit où elle n'avait pas d’œil ou d'oreille. Ses contacts étaient parfois qualifiables de peu recommandables mais Cerbère savait se taire et lorsqu'elle devait parler, on lui pardonnait bien aisément puisqu'elle servait son camp.

La Prime Secrétaire Royale se changea pour être entièrement vêtue de noir, abandonnant ainsi ses braies blanches et sa chemise grise. Il était temps de faire un tour dans les bas-fonds parisiens. Qui sait si une information ne s'y cachait pas ? Cerbère avait l'habitude de s'infiltrer; dernièrement, c'est l'AAP qui avait été sa cible, avec ce qui serait qualifiable de succès. Paris serait un jeu d'enfant car Samsa avait arpenté ces lieux, avant de se rallier à la Couronne. Si un Hans était connu là-bas, elle le saurait.

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Evroult
    Les plis s’entassaient & se ressemblaient tous. Là, des contrats indécents & des factures obscènes. Ici, des demandes farfelues & des offres impensables. Cachets lisses & craquelés se faisaient les garants des vices de quelques nobles, que la maison se disait capable de garder bien au chaud, dans ce sein lourd & laid qu’était le lupanar. L’activité démarrait à peine, mais déjà le jeune Loup croulait sous les créances. Il ne savait plus bien comment il s’était retrouvé à faire dans la paperasse, mais il devait s’avouer que son employeuse avait finement joué son coup. Catin était devenu intendant de son propre bordel, & s’enlisait dans des magouilles auxquelles il ne comprenait rien.

    La flemme, si caractéristique chez lui, reprenait alors doucement ses droits. Les filles dormaient à poings fermés au creux des alcôves aux tentures légères, & puisque les chambres n’avaient rien d’habitable encore, lui trainait derrière le comptoir, à demi-avachi, accompagné du verre de blanc commencé en début de soirée, & qu’il était encore incapable de vider malgré les jeunes rayons de soleil se frayant un passage jusqu’à sa joue. Lui qui ne tenait pas l’alcool, n’accompagnant que facticement ses clientes lorsqu’il le fallait, ne trouvait plus aucun intérêt à ses verres désormais qu’il restait à surveiller les passes de ses filles plutôt qu’à pratiquer lui-même. S’il n’avait pas encore été dans l’excitation d’une affaire qu’on lui avait confié les yeux fermés, il aurait crié sur tous les toits qu’il se faisait affreusement chier.

    Un doigt mou vint décacheter un vélin riche qui renfermait, sans doute, quelques obscénités d’un nobliot frustré, prêt à verser un lourd tribut pour passer la frustration d’une épouse laide ou frigide (ou les deux à la fois) sur une fille jeune & facile, & Loupiot s’apprêta à s’engager dans la lecture d’un soupir ennuyé. Avant même que les premiers mots ne parviennent à son esprit blasé, des coups à la porte arrière l’arrachèrent à son occupation. Il reposa vélin & verre, se frotta le visage, jeta un coup d’œil aux courbes apaisées qui meublaient les alcôves dans des soupirs empreints d’un sommeil profond, & vint ouvrir à l’impatient garnement qui frappait.

    - Grml… mhm. C’est quoi ?
    - Un truc important m’sieur.
    - Mouais.

    Tout était important. Des rappels d’impayés aux pères cherchant à se débarrasser de la virginité de leurs rejetons, la majorité des plis qu’il recevait était accompagnés de la mention « important ». Le minois, serti de cernes, accueillit la réception d’un sourire pour lui-même, & il referma la porte.
    Qui bloqua.
    Une chausse boueuse & trouée s’était glissée dans l’entrebâillement.
    - Quoi encore ?
    - Dites… Il paraît qu’c’est ultra important. Genre important plus plus !
    - Ouais, mhm. Et donc ?
    - Bah… j’suis v’nu vite… pis… j’ai couru… pis… j’avais d’autres trucs mais… j’suis v’nu ici en preum’s quand même !
    - Et… donc ?
    - Bah j’me disais que… p’t’êt’… comme la dernière fois, savez…

    La dernière fois, il avait laissé les mioches mâter les filles qui se préparaient pour leurs passes, & s’était retrouvé à ouvrir avec une demi-heure de retard, le temps d’arriver à dégager les garçons, bave aux lèvres & braies affolées, qui cherchaient à tripoter tout ce qui bougeait. Loupiot grogna, hésita un instant. Et puis, peu habile avec les interdictions, finit d’ouvrir la porte.
    - T’as dix minutes… & pas un bruit, elles pioncent.
    Le gloussement joyeux du garnement lui assura qu’il devait avoir réalisé sa première bonne action de la journée, ou quelque chose du genre, & vint se rasseoir sur son tabouret, au comptoir, pour lire cette fameuse lettre d’une extrême importance.

    Importance capitale.
    En lettres capitales.
    - Foutredieu.
    L’ennui s’était évaporé.
    La flemme, aussi.

    À mesure de sa lecture, il s’était redressé, éveillé, excité. D’abord, parce que renouer avec son épicée méritait bien qu’il mette de côté l’entassement de missives « importantes » qui l’engluaient dans la gestion du bordel, & il y avait peu de choses plus réjouissantes en cet instant précis. Ensuite, parce qu’il se trouvait flatté d’être mandé pour ses capacités à être catin plutôt qu’à être intendant & qu’il avait sans doute besoin qu’on lui rappelle un peu ce que c’était qu’être l’écrin de tous les vices du monde. Enfin, parce que la perspective d’une Maryah qui lui serait redevable à ce point ne pouvait que l’enchanter. Là, il glissa une gorgée d’Anjou sur sa langue, la claqua, & sans plus attendre, rédigea.

    Citation:
      Ma passion, mon épicée, mon exotique,

    Vous savez déjà bien comme j’apprécie Perceval. Si vous en doutiez, je vous rassure dès lors : vous pouvez compter sur moi.
    Ces derniers mois, ceux où vous gardâtes si sagement silence, me virent gravir des échelons auxquels je n'osais rêver à nos premières rencontres. Je tiens une affaire à Paris, & d’ici, j’aurai tout lieu de voir ce qu’il advient de votre engeance.
    Toutefois, vous m’offrez là des informations bien légères, qui me donneront fort à faire pour agiter les bons fils du premier coup. Je vous aiderai, ma sauvage adorée, & ce non pas parce que vous êtes une cliente à garder, non. Je vous aiderai par amitié.
    Laissez-moi donc quelques jours pour contacter mes coucheries – car il s’agit bien de cela, ne faites pas la prude. Vous serez au courant dès lors que la moindre information parviendra à mes esgourdes creuses.
    C'est une promesse.

    Quant à votre seconde demande, ma foi… elle est savoureuse.
    Et si mon esprit grouille de répliques plus fines les unes que les autres pour vous faire passer le goût d'être trop sage, je suis assez sensé pour retenir mes vannes & attendre d’avoir retrouvé Perceval pour vous secouer.
    En attendant, je vous chercherai également un mari.
    Et parce que je ne peux m'en empêcher, permettez que je vous offre quelques conseils amicaux : laissez donc votre mari subvenir à vos besoins financiers. Et laissez-moi subvenir à vos besoins charnels. Chacun son rôle, mon épicée… si un mariage réussi se résumait à partager sa couche avec une seule personne, le monde ne tournerait plus depuis longtemps.
    Soyez droite dans vos poulaines, & laissez vos mains s’égarer vers mes braies.
    Ainsi, & seulement ainsi, j’accepte de vous aider.

      Baisers où vous savez.

    Evroult.

    - Psst. Viens-là.
    - Mais vous aviez dit que…
    - Ça fait bien plus de dix minutes… important, t’as dit ? fais envoyer ça d'où c'est venu.
    - Mais…
    - Fissa, ou je te ferme définitivement la porte.
    - Oui, m’sieur !


    Il hocha la tête, s’assura d’un regard que le gamin obéissait bien plutôt que de se cacher derrière des tentures, & il s’autorisa un nouveau soupir alors que l’onyx s’attardait sur la pile de parchemins qui n’avait pas bronché. Les plis s’entassaient & se ressemblaient tous.

_________________








Samsa
    "Te guider là,
    Te guider là,
    Prend ma main,
    Surmonte tes peurs."*



Il s'était écoulé du temps, du temps où Samsa, tenant sa promesse, dans son rôle de Cerbère, avait écrit à ses connaissances du Sud à la recherche du jeune Percy. Nul part on ne l'avait vu et Samsa pensait qu'il avait été emmené en Empire, là où elle n'avait ni yeux ni oreilles, là où elle ne pourrait pas secourir Percy. Samsa n'avait pas recontacté Maryah depuis, incapable de lui avouer son échec, de lui avouer que si elle, Cerbère à triple sens, n'avait pas retrouvé trace de Percy, alors qui en serait capable ? Ses voyages ne l'avaient mené nul part et pour se rassurer, Cerbère préférait croire que Maryah avait retrouvé son fils, ainsi le problème ne pesait plus sur sa conscience.
Pourtant, la solution était, elle, sous son nez.
C'est en découvrant qu'elle était tavernière qu'elle avait remarqué, par la même occasion, la présence de Percy. Là, tranquillement assis, le garçon parlait presque chiffon avec Jehan. Inconscient de tout le remue-ménage fait pour le retrouver autant que de l'inquiétude de sa mère, Cerbère avait rapidement eu la confirmation que Maryah ne savait rien de sa présence ici et la Prime Secrétaire Royale avait dû improviser un plan. Aidée d'Eulalie, elle avait pu reprendre Percy dans son giron et pouvait dès à présent lancer la machine. Il ne serait pas dit que Cerbère aurait manqué de loyauté envers qui que ce soit.




Chère Maryah,

Je te prie de pardonner le silence de mes lettres absentes. Comme tu peux t'en douter, j'étais évidemment très occupée, que ce soit par la tâche que tu m'as demandé ou par mes autres fonctions.

Mais, mon amie, une promesse est une promesse et, Cerbère involontaire de ton fils, j'ai fini par le trouver. Il m'a dit qu'il t'écrivait parfois pour te dire qu'il allait bien, et je puis te confirmer cela. J'ai pu, je crois, le retirer de l'emprise de ce Hans -qui a pris soin de lui- dont tu m'avais parlé pour le prendre sous ma responsabilité.

Je ne puis t'en dire plus car la confiance, quelle qu'elle soit, se doit de ne jamais être brisée dans la mesure du possible. J'ai possibilité de ne pas briser celle que ton fils a placé en moi en me racontant ses, disons, aventures depuis qu'il t'a quitté; c'est pourquoi je ne te raconterai rien.

Dis-moi simplement où tu es, et fais-moi confiance pour le reste. Et si tu entretiens correspondance avec ton fils, ne lui mentionne pas cette lettre que je t'ai envoyé.

Amicalement,

Samsa Treiscan
Dicte Cerbère




Le sceau tout neuf est apposé, premier usage qui a tout de symbolique, et c'est par messager royal que le courrier est transporté jusqu'à la mère inquiète. La Baronne range ses parchemins et plumes et se lève afin de se diriger vers ses écuries où le jeune Percy doit sans doute trainer. Ils ont un voyage à préparer, dont la destination ne sera connue qu'à la réponse de Maryah.


* = paroles traduites de Ashes Remain - Lead you there

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Maryah
    L'espoir c'est dangereux. L'espoir peut rendre un homme fou.”
    Frank Darabon - Les Evadés





Comme un goût de poussière dans tout. Et la colère qui nous suis partout. Y a des silences qui disent beaucoup. Plus que tous les mots qu'on avoue. Et toutes ces questions qui ne tiennent pas debout. *
Etait il parti de son plein gré ? L'y avait-on poussé ? L'avait on enlevé ? Le faisait-on chanter ? travailler ? miner ?
Et ces batailles dont on se fout, c'est comme une fatigue un dégout. A quoi ça sert de courir partout ? On garde cette blessure en nous, comme une éclaboussure de boue, qui ne change rien mais qui change tout. *
La Bridée n'avait plus goût à rien depuis un moment, mais elle savait donner le change et faire en sorte que rien ne se voit. A quoi bon aimer des gens qui vous quitteraient tôt ou tard ? A quoi bon faire partie d'un groupe qui ferait comme si rien n'avait changé ? A quoi bon vivre tous les jours, puisqu'il était porté disparu et que le Royaume tout entier semblait s'en foutre comme de sa première dent ?

Elle n'était d'ailleurs pas là quand Percy avait percé sa première dent, pas plus non plus quand il s'était enfui. Elle n'avait pas eu d'indices, quelques lettres qui s'évertuaient à lui faire croire qu'il allait bien.
Evidemment, la vie continuait ... sans lui. Le jour se levait à l'Est et se couchait à l'Ouest. Les villages se succédaient sous ses pas, les courriers revenaient sans résultat. Evidemment chaque jour, elle se levait et faisait ce qu'elle devait faire. Evidemment, elle continuait à rire, à boire, à manger. Mais plus rien n'avait le même goût.
La détresse s'était installée confortablement en elle, lentement mais sûrement. Elle avait quitté Anjou, puis ses habits de femme du peuple, puis ses compagnons de route, ... elle avait un peu quitté la vie, comme la vie l'avait quitté en lui enlevant son enfant. Son fils. Son Trésor.

Elle avait envoyé des centaines de courriers, restés vain jusqu'à ce moment. Elle avait retrouvé le père, et récemment avait failli l'assassiner. Elle était devenue folle, sa peine n'ayant pas de fond, pas de limite. La rage l'avait emporté, elle avait cogné Niallan ; elle aurait voulu le mettre en miettes, mais dans la fuite et l'évitement l'homme était aguerri. Alors elle s'en était pris au mobilier. Et quand celui ci avait volé en mille éclats, elle s'en était pris au mur. Qu'il lui était bon de trouver un responsable, un coupable. C'était la faute de Niallan, l'enfant était sous SA responsabilité quand il avait disparu ... et le blond certainement glissé dans la couche d'une jolie damoiselle. Elle ne voulait plus avoir affaire à lui, elle voulait l'ignorer, le rayer de sa vie, comme si tout ça n'avait jamais existé. Comme si elle n'était jamais tombée enceinte dans un bordel, comme si elle n'était pas une mère ratée, comme si la Vie ne se vengeait pas en l'ayant rendu infertile, comme si elle n'avait pas perdu son fils ...
Elle s'était arrangée pour voir les jumeaux de Diego et faire parler Mano. Une description physique du fameux Hans, voilà tout ce qu'elle avait pu obtenir de l'enfant, qui avait gagné en échange un lance pierre et un petit arc en bois. Ô rage ô désespoir.
Les jours passaient et il lui semblait que les derniers grains d'espérance tombaient en s'amenuisant dans un sablier toujours plus profonds. A l'inverse sa folie cachant une rage & une tristesse trop longtemps contenues, grandissait de jour en jour, sans que rien ni personne n'en soit témoin. Il y a des blessures qui ne saignent qu'à l'intérieur.

C'est comme ça que petit à petit elle en était venue à vouloir se retirer du monde. Entreprendre un voyage sur les traces de Torvar, de Dolgar, de la Franche Comté, là où elle avait appris que son fils était vivant. Là où elle l'avait accueilli les premiers jours. Là où ils avaient appris ensemble à devenir un fils pour sa mère, une mère pour son fils. Cette mélancolie, cette tristesse de mère, elle n'avait pas trouvé les mots pour les exprimer, ni les oreilles pour les écouter. Alors elle s'apprêtait à faire le chemin seule, à remonter l'espace, peut être le temps et à s'enfermer pour ne plus jamais faire l'expérience de ce qui était fade ... sans Lui.

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Mardi 31 octobre 1465


Encore un jour se lève sur le Royaume de France, mais j'ai depuis longtemps perdu mes rêves, je connais trop la danse. J'ai passé la nuit avec un homme qui tente de me faire croire qu'il tient à moi mais reste obsédé par deux autres femmes, pour qui il sacrifierait tout, moi y compris. Encore, encore une soirée où la détresse flambe, encore, elle va bien s'amuser puisqu'ici rien n'a de sens, alors on a dansé, fait semblant d'être heureux ensemble, pour aller gentiment se coucher mais ce matin rien ne va mieux.** Il est parti préparer le mariage de Niallan, celui là même que je m'apprête à saccager fièrement. Puisque notre fils crève peut être sous les ponts, et que ce monde s'en fout, puisqu'on est que des pions contents d'être à genoux, puisque je sais qu'un jour nous gagnerons à devenir fous ... devenir fous, devenir fous...
Rien ne m'empêchera de détruire sa pitoyable vie de Ni-ni. Pas même Diego. D'ailleurs, accessoirement, Diego a du retrouver la roussi-blondasse, cette fille capricieuse qui a les meilleurs amis du monde et passe son temps à me traiter de salope et de putasse, pour m'écraser encore un peu plus et se sentir encore plus chanceuse, plus gâtée par la vie.
Je bois calmement ma tisane, la poudre est prête, le mariage de Niallan sera ... explosif. Et puis c'est pas tout l'monde qui peut fêter le même jour son mariage & son enterrement. Mon cadeau de départ. Peint aux couleurs de l'artifice, des lys bleus et roses et blancs, et lentement, visages tendres sur l'herbe glissent, se sourient en chuchotant, et sans le moindre tourment, je fêterai son enterrement. Cendres folles et s'envolent, sous les yeux pâles et contents ... et que leurs yeux soient grands ouverts, pour fêter son enterrement ... ***
Pour de bon cette fois-ci, il pourra faire son malin devant tous ses amis réunis, et crier sans mentir : " j'suis en feu, j'suis en feu".
Il ne faut pas s'encombrer de détails gênants ...

Le hennissement d'un cheval m'alerte de la venue d'un cavalier. J'abandonne le feu de camp et attrape à la hâte mes couteaux. Vieux réflexes. Il me semble reconnaître l'homme qui descend de son destrier, mais je n'arrive pas à le resituer.





" Maryah, dicte la Bridée, et connue anciennement sous le nom d'Apeau ?
Je serre les dents, les poings. C'est jamais bon signe quand on me connaît sous le nom d'Apeau. J'aboie plus que je ne parle :
- Tu lui veux quoi ?
- Un pli urgent à lui remettre en main propre. Je dois attendre la réponse.
- Donne !


ça ne me dit rien qui vaille. Le clair obscur a peut être des ennuis ? Rose ... non elle ne connaît pas Apeau. Fanchon ? ... non elle ne connaît pas de cavaliers. Une convocation peut être pour le Tribunal ? ...
Bref. Je défais le rouleau à la hate, et parcourt froidement le message avant de tomber sur le cul. Bouche bée. Visage pâle. Mains glacées. Encéphalogramme plat. On me perd ...

"Cerbère involontaire de ton fils, j'ai fini par le trouver", ces mots là vont arrêter de faire battre mon cœur. Plus loin "pris soin de lui" ... encore plus loin "sous ma responsabilité" ... et plus bas "fais moi confiance" ...
Un bip.
Deux bips.
Le cavalier s'agenouille, je le sens serrer mes mains, tapoter mes joues.
Trois bips.
Mon cœur se ranime. Battement de cils.
Ce n'est pas touché coulé, mais trouvé ramené !

J'accuse le coup. Pas un coup de soleil. Un coup d'Espoir, là en plein cœur. Mon fils est en vie, il va bien, il est avec Cerbère.
Pardi, par Déos.
Et là je ris.
Non j'éclate de rire. Longuement, bruyamment, nerveusement, "espérémment".
Je vois bien que le messager me croit folle, je m'en fiche. Je l'attrape par les épaules, je le secoue vivement. Je pleure & je ris, je crie & confie :


- Elle l'a trouvé ... elle l'a trouvé !
Il est EN - VIE !


Je ris sous la pluie, je tourne comme un derviche tourneur, agrandissement du cœur. BIM. D'un seul coup, comme ça !

Je vais le revoir, vous entendez !
Je vais voir MON FILS !
Vous comprenez ?!


Je ris encore, je ris au nez de Dieu, je ris au nez de mère Nature.
Je tombe à genoux, je ne suis plus une paria, je vais être une bonne mère.
Je vais épouser un homme responsable et aisé, je vais offrir un foyer à mon fils, je vais lui montrer tout ce que je l'ai aimé, et tout ce que je peux lui donner. Une fois que je serai "casée", je prendrai des cours à l'Université, j'apprendrai la médecine, je guérirai les pauvres, je sauverai les mourants. Il sera fier de moi.
Et nous vivrons heureux jusqu'à la fin des temps ...


- Ma dame ?... Maryah ? ... Apeau ? .... ho ho ....
- Oui ?
- Si vous voulez le voir, il me faut une réponse ...
- Ah oui !!!


Je me sens légère, surexcitée, ... et superficielle et légère, comme un oiseau des îles. Mon précieux. Mon essentiel. Mon trésor. Mon fils, ma bataille.
Je sautille jusqu'à mon matériel d'écriture, je bouscule la boite qui contenait la poudre, elle est trempée, de toute façon j'ai tout oublié de mes intentions meurtrières. Je suis soulagée, rassurée, heureuse, brillante, étincelante, légère, évanescente !




Cerbère,

Mon cœur se soulève, se serre, revit, reprend vie.
Tu l'as retrouvé ! Tu l'as sauvé ! Tu as dompté mes grains de folie, à présent bien rangés.
Je suis en Bourgogne, mais tu ne peux pas me l'amener icy ; trop de gens se feraient un plaisir de lui faire du mal, je ne veux plus jamais qu'il voit son père.

Tu me promets qu'il va bien? Il a bien ses deux jambes, ses deux bras, ses yeux, ses oreilles ? IL n'est pas malade ? affaibli ? amaigri ?

Je sais pas comment te remercier ... tu auras ce que tu veux de moi. Bon sang ... tu l'as retrouvé. On verra pour les détails.

Où es tu toi ?
Où pourrais je vous retrouver ?

Tu me dis, et j'arrive, je vole, je cours ...
Dis lui toi que je l'aime ...
Dis lui que je ferai tout pour lui.
Je vais devenir une bonne mère, je le promets. Je lui promets.

Je te remercie,
Même si le mot est pauvre et faible,

A très vite,


Maryah


PS : c'est vrai hein ? c'est pas une mauvaise blague ...



Voilà.
J'allais retrouver mon fils.
J'allais changer de vie.
Peut être même changer de nom ou de royaume ...


Textes légèrement modifiés pour coller au contexte :
* Evidemment - France Gall
** Jeunes et cons - Saez
*** Partir avant les miens

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Samsa
    "Dans le vent,
    Jusqu'à l'endroit où on s'allongeait, enfants.
    Des souvenirs d'un endroit dérobé,
    Muré dans le silence,
    Un écho perdu dans l'espace."*



Samsa était attablée à son bureau, une grande carte du Royaume sales de milles annotations écrites, effacées et réécrites depuis des années, pour un nombre de voyages incalculables. Avec un morceau de fusain, la Prime Secrétaire Royale était encore dessus, à définir le trajet qu'elles allaient emprunter. Elles soulevaient quelques parchemins dans sa pile à la recherche des dernières annonces ducales et comtales quand on frappa à la porte.

-Entrez pardi.
-Un message pour vous, Baronne.


La dite Baronne se retourna pour regarder le messager royal et lui adressa un sourire. Ils étaient nombreux à parcourir les routes pour le compte de la reine mais Samsa, en bonne Prime Secrétaire Royale depuis des années maintenant, les connaissait. Non pas forcément par leur prénom ou par leur vie, mais par leur visage au moins. C'était déjà pas mal. Et l'homme devant elle, elle se souvenait à qui elle l'avait envoyé. La Cerbère se leva pour aller elle-même prendre la lettre que tenait le messager en main. Le tracé de ses voyages étaient aussi bien protégés que les lettres royales et nul oeil étranger au sien ou aux membres de confiance de son groupe n'y avait accès.

-Merci pardi. Attendez ici té, j'écris la réponse tout de suite pardi.
DE L'EAU ET DES CAROTTES POUR LE MESSAGER PARDI !


Un des avantages d'être noble, c'était d'avoir des serviteurs. Samsa n'en avait que très peu, mal à l'aise quand elle se sentait trop assistée, mais parfois, c'était bien pratique.
La Baronne retourna s'asseoir et déplia la lettre, un sourire attendri s'étirant sur ses lèvres à sa lecture. Un parchemin fut immédiatement saisi et réponse rédigée :




Chère Maryah,

Pour qui me prends-tu pour te faire blague de si mauvais goût !
Je te promets qu'il va bien et qu'il est entier. Il a le coeur vaillant, le corps fort et l'esprit téméraire. Et un appétit particulier pour les friandises.

Retrouve-moi à la ville où les bourgeois sont déchus, où les animaux ont perdu leur crinière et leur fourrure, et où tout n'est que bois et forêts.
Je te dirai quand nous en approcherons.

Je ne dirai rien à ton fils : tu lui diras tout toi-même.

Amicalement,

Samsa Treiscan
Dicte Cerbère



La lettre est pliée, scellée et tendue au messager qui s'est quelque peu reposé, abreuvé et substanté. Aussitôt, l'homme la prend avec une légère courbette et s'en retourne aussitôt. Samsa retourne près de son bureau et plie la carte jusqu'à la rendre toute petite pour la glisser dans la sacoche à sa ceinture. Ce sont ensuite deux plus grosses, au sol, qui sont saisies et embarquées sur l'épaule, direction l'écurie.

Il est temps de partir.



* = paroles traduites de Dean Lewis - Waves

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Maryah
    Another time, another space ...

    Une menace plane à l intérieur
    Comme un rêve, essayant de se cacher
    Un autre temps, un autre espace,
    Un sentiment vide hante mon cerveau
    Un étrange vide, que je ne peux expliquer
    Un autre temps, un autre espace,
    [...]
    Prends un voyage pour l'éternité
    Ensemble comme une équipe,
    Souviens-toi pour toujours ...



Fâcheuse posture.
Très fâcheuse posture.
Chaque jour les messages espions lui reviennent avec la naissance d'une nouvelle armée, et elle se sent comme un pétale séché acculé dans une main de fer, prête à s'écraser en miettes sous la pression des doigts l'envahissant de toute part. Main appartenant à la Reyne, dont elle avait usurpé l'identité de sa sœur pour s'incruster ... hum ... s'inviter à des joutes. Une angevine réformée seule en pleine Bourgogne, proie facile, c'était du suicide ... mais, elle n'avait pas calculé. Elle n'avait pas protégé ses arrières. Elle n'avait plus la protection du Clair Obscur, elle n'avait plus l'avantage de la force, de l'équipement militaire poussé, des renforts, elle n'avait pas cherché à se faire discrète, et elle s'était insidieusement précipitée dans la gueule du Loup. Pour lui. Pour demander pardon.
Elle avait dit : un jour ! Un seul ! ça c'était prudent, ça c'était bien pensé. Et sotte qu'elle était, elle était restée. Elle se faisait penser à la cigale, dans le conte qu'elle aimait tant raconter à son fils "La Cigale et la Fourmi", pour lui apprendre à toujours réfléchir avant d'agir & de ... surveiller ses arrières. Humpf. Sotte !
Quelle chance maintenant de sortir de ce duché, encerclée qu'elle était ? A cause de ces vilains poireaux ...
Quelle chance maintenant avait elle de revoir son fils en vie ? Retrouver sa mère ... morte, c'était pas le but. Et l'Autre qui d'vait s'offrir un voyage de noces avec sa maitresse ... Ah bravo Maryah ! BRAVO ! Grande guerrière ! magnifique stratégie ... de mort !
...

De rage, elle envoya valser tout ce qui se trouvait sur le bureau, puis se posa sur la table, fermant les yeux, ressentant sa présence, se souvenant des jours derniers qui devaient mettre fin à sa vie d'avant ... C'est à ce moment précis, qu'elle entendit les bottes résonner et s'approcher, puis des coups secs furent frapper à la porte. Elle rouvrit d'un coup les yeux, et s'il était revenu ? ... Elle sauta à bas de la table, lissa ses jupons , ne prit même pas soin de réajuster sa chemise entrouverte, et ouvrit la porte à la volée, prête à l'affronter ... comme ils savaient si bien le faire.
...

Déception. Ce n'était pas lui. C'était le messager de la dernière fois, celui qui lui avait porté cette si grande nouvelle.


Vous n'êtes vraiment pas simple à trouver ...
Elle haussa les épaules comme toute réponse, partagée entre la déception que ce ne soit pas Diego, et la joie de savoir enfin où retrouver son fils. Elle perçut le regard de l'homme qui descendait sur son décolleté, avant de glisser à sa taille et de lancer un drole de regard sur la chambre d'auberge retournée.
Hum ... je comprends mieux pourquoi vous vous cachez ... on dirait que quelqu'un vous a trouvé avant moi et qu'il cherchait quelque chose ; tout va bien pour vous ?
- Tout va bien pour moi, on dirait que j'ai ... survécu. Merci de demander. Entrez donc ... je suppose que je peux vous remettre ma réponse, de suite.

Ce cavalier aurait plu à son fils, l'honneur, le sauveur de la veuve et de l'orphelin. Elle sourit un instant en pensant que Cerbère n'avait pas fait les choses à moitié et lui avait adressé un homme de confiance. Enfin, tant qu'elle veillerait à garder fermé son chemisier, ce qu'elle fit sur le champ, lui tendit une chaise et de quoi boire et manger, afin qu'il puisse partir au plus vite apporter la réponse à Samsa.

Laissant l'homme à son repas, elle s'assit plus loin, découvrant la réponse en souriant. Savoir que son fils se portait comme un charme la réjouit au plus haut point, lui redonna tous les courages qu'elle avait perdu la minute d'avant. Elle sourit au message codé, cela lui rappelait le bon vieux temps, la Horde Sanguinaire, les Mercenaires, la taverne des Joyeux Brigands. Elle se mordit les lèvres remarquant qu'elle avait aimé certains passages de ce passé parfois trop lourd. Elle avait donc son point de chute. Elle se leva à la recherche d'une carte des royaumes, envoyant valser sans douceur les chemises de l'italien, quelques autres objets lui ayant appartenu, les compresses de sang séché aussi, et trouva enfin ce qu'elle cherchait. Elle estima le nombre de jours de voyage pour Cerbère et compta les siens pour rejoindre l'endroit masqué. 7 à 8 jours environ, si tout se passait bien. Elle pourrait écouter son indic et rester encore un peu à Chalon, le temps qu'Ils la sortent de sa fâcheuse posture ...

Alors réponse fut faite, avec une question un peu dérangeante, mais essentielle :




Cerbère,

Ce que tu me dis me rassures tellement. C'est si doux pour moi de savoir qu'il va bien. Et oui je confirme il adore les friandises. Il adore le gateau au miel et aux noix ; je lui en faisais à Sarlat, je lui en ferai encore .... Humpf pardon, pourquoi je te raconte ça !

Message reçu pour la ville. ça me rappelle le bon vieux temps. J'ai toutefois une petite requête à formuler. Je sais que tu ne vas pas aimer ça, mais je n'ai pas grand choix.
Je suis encerclée par les troupes royalistes, et comme tu le sais ... je suis anti-royaliste. Je sais qu'ils ne sont pas là pour moi, mais pour les Poireaux. Pour vous rejoindre, j'ai besoin de passer par les mailles du filet. La Reyne est à Mâcon ... autant dire sur mon chemin.
Tu sais que je ne m'adresse à toi qu'en tant que Cerbère, mais là j'ai besoin d'une information de la prime secrétaire royale. Il me faut savoir si la Reyne m'a porté sur sa liste d'ennemis, en tant que membre du Clair Obscur. J'ai besoin de savoir pour vous rejoindre, sinon tu penses bien que je ne te mettrai pas en fâcheuse posture d'informateur.

J'espère que tu comprendras ma requête,
J'attends ta réponse pour savoir si je peux tenter le passage par Mâcon ... peut être peux tu intervenir en ce sens, sans compromettre ta situation ?

Je te remercie pour tout,
J'arrive, vite,


Apeau


Les vieux réflexes avaient la dent dure. Elle scella le tout et rejoint l'homme qui après avoir bien mangé, sirotait son vin en fouinant du regard dans la chambre d'auberge :

Pourriez-vous lui porter le message rapidement ? C'est assez urgent ... Et veillez bien à ce qu'il ne tombe entre les mains de personne. Vous avez en quelque sorte, sa vie et la mienne, entre vos gants ...
- Je fais toujours de mon mieux, madame. C'est mon métier.
- Oui ... c'est vrai ...


Le messager repartit, s'assurant que tout se passe tel qu'il l'avait dit. Quand il fut introduit auprès de la secrétaire, il demanda à la voir à huis clos. Lui remettant avec déférence la réponse, il se fendit de son commentaire :

Avec tout le respect que je vous dois, je crois que votre "correspondante" a de sérieux ennuis. Puis-je aider ? De quelque sorte que ce soit.
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Samsa
    "Nous avons pris des chemins différents
    Et nous avons parcouru différentes routes.
    [...]
    Nos vies sont différentes,
    Seul le paradis en est conscient."*



La petite troupe avait pris la route et voyageait sereinement. Gadrielle et Samsa formaient une équipe vaillante dont il ne valait mieux pas s'approcher, c'est pourquoi il était sûr que le jeune Percy était en sécurité. Surtout dans les villes grouillant d'amis de la Prime Secrétaire Royale. C'est dans l'une d'elle que le messager vint trouver la Baronne pour remplir son office, alors que celle-ci dessellait Guerroyant pour lui donner repos avant la suite de la route. Parcourant les lignes de ses petits yeux sombres, ceux-ci se relevèrent vers l'homme qui s'inquiétait pour Maryah. S'il y avait bien une chose que Samsa détestait, c'était qu'on commente ses affaires.

-Oui vous pouvez pardi. En n'essayant pas d'interférer dans la situation, la correspondance, ou en commentant quoique ce soit té. En faisant votre travail en somme, pardi. Comme vous le faites là té. Enfin quand vous vous abstenez de tout commentaire té.

Le messager rabroué baissa la tête mais la Cerbère avait les mâchoires puissantes et lâcher une proie n'était pas quelque chose d'aisé. Elle tendit légèrement le cou en haussant les sourcils et l'interpella.

-J'ai pas entendu pardi.
-Oui Dame.
-Bien pardi.


Samsa était une femme agréable, compatissante et protectrice, mais elle savait aussi être ferme; elle savait où était sa place et celle de ses subordonnés. Surtout dans ce genre d'affaires.
Elle lui fit signe de patienter et sortit des sacoche de sa selle de quoi écrire. Ainsi la réponse fut-elle écrite sur la croupe d'un cheval.




Chère Maryah,

Du temps de la guerre en Anjou, je ne t'ai jamais rien demandé. Ni les effectifs, ni les vivres, les renforts, les défenses ou quoique ce soit. Je ne t'ai jamais demandé les stratégies des armées angevines avec pour explication que c'était mon rêve de mettre Angers à genoux, de mettre l'Anjou à genoux, et pourtant tu n'imagines pas depuis combien d'années j'attendais cela, la souffrance que c'était de ne pas achever ce combat, les rêves que j'en faisais. Tu ne m'aurais jamais répondu, parce que l'Anjou c'est -ou du moins, c'était- ta patrie. Tes idéaux. Ta vie. Et tu n'aurais laissé personne la ruiner, surtout pas moi, qu'importe pour quelle raison. Et moi, je ne me serais pas permise de mépriser tout cela en te demandant de le faire.

Alors ne le fais pas pour moi.

La Couronne, c'est ma patrie, mes idéaux, ma vie. C'est avec Elle que je trouve un sens à ma vie, et nul part ailleurs. Qui plus est, tu t'adresses à moi en tant que Prime Secrétaire Royale; le Secrétariat Royal, Maryah, c'est moi qui l'ai forgé. Il n'était rien avant que j'arrive, je l'ai doté d'une morale, MA morale, puis d'une charte, rédigée sur MES valeurs. Et parmi elles, la plus stricte confidentialité. Tu es quelqu'un de confiance; tu ne trahis pas. Et tu sais que je suis aussi quelqu'un de confiance; je ne trahis pas.
N'attends rien de moi pour toute information touchant de près ou de loin à la Couronne, car tu t'adresses à une royaliste. Une royaliste qui ne broncherait pas de se faire jeter en geôles si elle remettait un pied en Anjou, qui ne demandera ni grâce ni pitié parce qu'elle est royaliste ou parce qu'elle a fait son devoir; certainement pas à ses ennemis, déjà, mais encore moins à ses amis. Toi et moi Maryah, nous avons pris des chemins différents, mais nous sommes les mêmes femmes intègres. Nous le savons.

Tu ne te serais jamais abaissée à être mon informateur, la taupe d'Anjou. J'ai vu comme tu as méprisé Aubenard pour ça. Je ne serai pas le tien, je ne serai pas la taupe de la Couronne. Ce serait indigne de moi, mais aussi de toi.

Je suis certaine que tu trouveras la réponse que tu cherches, ou un moyen de ne jamais savoir.

Nous t'attendrons si besoin. Fais attention à toi.

Amicalement,

Samsa Treiscan
Dicte Cerbère




Cerbère soupira en scellant la lettre qu'elle remit au messager. Elle était peut-être dure dans ses mots, mais l'homme l'avait agacé juste avant. Et puis, le fond n'était pas faux : Samsa et Maryah vivaient pour des causes, non pour elles ou des gens, et côté Couronne, Cerbère était celle qui ne flanchait jamais, qui risquait sa vie aux moindres occasions pour la Couronne, qui tâchait de lui faire honneur. Qui plus est quand on la considérait comme Prime Secrétaire Royale, elle devenait plus inflexible encore sur la protection de la reine, de la Couronne, et de toutes informations transitant par son office.
Maryah n'obtiendrait rien d'elle. C'était peut-être mettre sa vie en jeu, mais la Bridée était capable de se débrouiller seule si nécessaire. Elle avait les capacités pour, Samsa avait confiance en elle, en cela et en sa volonté de retrouver son fils.



* = paroles traduites de Kodaline - Brother

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