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[RP] Le Roncier

Nikkita
[Novembre 1464]

La pancarte à l'entrée de la cour, hâtivement posée un jour d'enthousiasme, s'est décrochée. Perdue dans les folles herbes, ses planches déglinguées, l'inscription gravée à la pointe du poignard s'est faite à demi ronger par la mousse du temps.
Le Dolicrâne.
Seuls ceux qui savent, pourraient encore lire l'inscription.
D'un mouvement malaisé, Nikkita se penche et ramasse le morceau de bois à terre. Son regard en se redressant, accroche le roncier qui lui, prospère gaiement à la gauche de la porte. Un carré échevelé d'orties lui donne la réplique, de l'autre côté.

Un sourire, nostalgique, mais espiègle aussi, vient fleurir sur les lèvres de la vagabonde, en même temps que l'étrange sensation de retrouver de vieux amis. Sa main en passant, caresse d'un geste familier le tronc du vénérable pin maritime qui écrase de sa stature la modeste bâtisse.
La porte est vite franchie.
La poussière l'accueille.
Elle cueille, un balai.
Fenêtres grandes ouvertes, le tourbillon s'enfuit, et avec lui l'austère abandon. Le soleil entre à flots dans la tanière, l'air vif vient se cogner aux murs.
Elle ne nie, ne renie rien.
Dans ces lignes familières où la poussière virevolte encore, elle peut, enfin, poser besace et charges, et se laisser aller, quelques instants au moins, au simple bien-être de retrouver ce curieux refuge dont les piquants sont les gardiens.
Nikkita
Les nouvelles sont tombées.
A leur douleur s'est rajoutée celle d'une pudeur laminée, éreintée.

Retrouvant ses traces inscrites au détour des ruelles, dans le creux sableux des rochers, dans la terre meuble bordant le lac, la vagabonde épuise ses journées ici, là, ailleurs, avant de retourner comme un animal au terrier, lécher et panser les blessures.
Quelques grains de repos au coin chaud de la cheminée, avant qu'à nouveau, elle s'active, d'un oubli volontaire dans ces gestes qu'elle retrouve, avec un naturel dont elle s'étonne parfois. Se faisant aussi cueillir par surprise, lorsque l'un d'eux se suspend, arrêté court...
Vidé de son sens.
D'un réflexe établi, la menue silhouette carre ses épaules... Et reprend, d'autres gestes, de ceux qui réinventent le connu, attentive à ne pas se laisser surprendre encore.

L'automne est là, bien installé.
Les journées deviennent courtes, et les nuits longues.
Lucifaire
Quand les retrouvailles s'en mêlent....

Je reviens sur les lieux du crime, DES crimes, là où un bon nombre de "joyeux" bordels en tout genre avaient vu le jour durant des jours, des nuits, des mois, des années, des hurlements de maux, de piquantes discordes semées par d'authentiques désaccords mélant l'amour, l'amitié, la haine, une fusion d'émotions à jamais gravées.

Une retrouvaille à l'épicurien avec une ronde vagabonde...Minipouce était de retour,la joie nous inonde. Son invitation personnelle, VIP "au Roncier". Je découvre alors une nouvelle taverne, symbolique pour moi. Le changement, j'aimais l'idée de faire peau neuve pour mieux appréhender le présent, le futur ,laisser le passé filer loin derrière. Le Dolicrâne étant enfoui à jamais.... Pour seul compagnon un célèbre cahier.

Nikkita attendait la vie et moi j'attendais toujours en vie dans mon enfer. En ces lieux, nous nous resituons de manière différente, les choses avaient changé. Le sujet crucial et inévitable avait été posé sur la table, déballé... puis fermé.

A ceux qui me manquent tant, dont l'absence me pèse chaque jour qui passe....on se retrouvera... mais pas encore. Il est temps de me relever, Lucifaire n'est pas encore à terre.

Les rôles s'inversent, me voilà vagabonde... La roue tourne et me retourne, la vie est un lot de surprises, j'attends qu'elle s'arrête, peut être ai je déjà tiré le bon numéro, suffit juste d'ouvrir les yeux....
_________________
Nikkita
L'ombre portée du grand pin se balance nonchalamment devant la fenêtre, au gré d'un vent assagi par un froid crépuscule. Seule la lueur fugace et rougeoyante de l'âtre éclaire la grande salle, laissant deviner dans son recoin le plus obscur la petite silhouette chaudement lovée sur la banquette, et se confondant presque avec les coussins.

Pensive, dans le silence à peine troublé par les craquements du bois qui se consume, jetant au hasard des vives flammèches un éclairage dansant.

Etrange et belle histoire que celle de la blonde de feu et la brune aquatique, que tout aurait du séparer et qui pourtant, à l'envers l'une de l'autre, entrecroisent inexorablement leurs empreintes les plus viscérales, d'un port à un ponton, en passant par un navire...
Etranges et belles retrouvailles, entre chaleur et eau, sans pour autant jamais partir en fumée...

De la vie à l'enfer, de l'enfer à la vie, d'autres mots seraient lâchés, d'autres maux, retenus.

Le retour de la brune épousée sur les traces anciennes, sur un livre aux chapitres névralgiques, ne doit rien au hasard.
Mais les hasards de la route s'en mêlent, emmêlent plus encore un écheveau qu'elle était venue démêler.
La vagabonde en sourirait presque, si le coeur y était.

Avec un soupir, Nikkita s'étire et passe une main apaisante sur son flanc. La nuit est tombée, calme et silencieuse. Se laissant bercer par les flammes, elle baisse le rideau de ses paupières sur l'eau troublée de son regard.
Nikkita
C'est encore vers le feu qu'elle se tourne, se retourne, se détourne de la porte et de tout ce qui peut franchir le seuil, cris, bruits, simples pas, moindres chuchotements. Chaleur d'une bulle où elle s'évade, solitaire et sauvage, se laisse fondre, crame son regard, engourdit son oreille aux crachotements secs, répétitifs.
D'une journée commencée regard posé sur l'eau grise de la mer, celle froide de la pluie.

Eau et feu, entre les deux, elle se tient, vide.
Pourtant, la vie l'emplit.
Elle s'accorde une pause, un souffle, une respiration, un oubli.
Un instant de néant pour s'engloutir, loin de l'entrechoquement des émotions contraires, un instant désincarné, ni aujourd'hui, ni demain. La nuit est à son fragile équilibre, noire de son impondérable substance, claire d'une lune au ventre fièrement arrondi.


Maintenant.

Cet instant toujours renouvelé, dépassé sitôt que prononcé, et qui pourtant, maintient l'infini balancement du mouvement vital. La bûche s'effondre, les flammes s'élèvent, une vague brûlante vient couvrir le visage de la brune immobile, un reflet brasillant allumer son regard.


Maintenant...

Les heures coulent, goutte à goutte.
Nikkita
Le passé se fait silence, emportant dans ses sables des pans de vie, bribes dérisoires qui n'ont de valeur que pour les seuls collecteurs. Mer et sable dansent une valse hésitante, se couvrant et recouvrant l'un l'autre, forces d'usure l'une contre l'autre dressées.

La pèlerine est accrochée, sur la pointe des pieds, au dos de la porte. Les épaules menues de la vagabonde haute comme trois pommes se redressent d'un geste instinctif, alors que le chant du ressac s'éternise dans un va-et-vient infini, lent battement traversant tout son corps, rythmant ses pulsations sanguines.
Elle est calme.
De tous ces calmes accumulés, tirés d'un rivage à un autre.

Le foyer s'est éteint durant cette absence qui n'aura été que brève. Elle s'ébroue, ressort d'un pas encore vif chercher sous l'auvent, à l'arrière de la bâtisse, quelques-unes de ces bûches qui isolent la façade nord, celle où s'affrontent dans une collision foutraque, mistral et tramontane. Un sourire léger se dessine sur ses lèvres alors qu'elle s'applique à ne les ramener qu'une à une, pour les empiler près de la cheminée.

Des gestes nouveaux, des protections inédites, des demains mystérieux, tout cela peine encore à s'inscrire dans l'immédiateté des réflexes et conceptions vagabonds.
Mais sur ce fil tendu d'une rive à l'autre de la vie, c'est bien elle qui a fait le choix de marcher, silhouette légère, obstinée, rattrapant un équilibre sans cesse bousculé au balancier hasardeux de son instinct.

Quelques instants plus tard, les flammes embrasent les brindilles, embrassent les écorces, lèchent les bûches. Une douce chaleur se répand jusque dans ses veines, alors qu'elle s'étire, pupilles étrécies de plaisir, d'un long étirement de chat au coin du feu.
Lucifaire
Le temps défile, comme ces aiguilles "tic tac... tic tac" qui parcourent le tour du cadran, jolie trotteuse trotte trotte... moi je ne cours plus, je suis figée dans ce temps présent.

Le roncier reste mon refuge, là où je puise de l'énergie suffisante pour animer mon corps, tel un pantin, je m'articule face à des gens que je ne connais pas la plupart du temps, je m'égosille de bonne humeur face à ma fidèle vagabonde... ronde. Faire rire.... faire sourire... faire couiner ... j'ai toujours l'art et la manière, cela fait parti de moi, de celle que je suis ....

Jusqu'à ce jour, où un homme moustachu m'appelle dépression! OoOh!!!! ET LE MADAME?????? C'est en option???????

C'est là que RIEN NE VA PLUS! Aurai-je perdu de mon éclat blondissime?? Une remarque non négligeable.. que je prends en compte et que je compte bien défaire du dos de Lucifaire.

Nikkita repart pour Genève, et moi ...pas de départ. Je resterai là à tailler le roncier qui orne l'entrée, Dépression je vais vous en foutre moi! C'est que cisailles en main je ne sais de quoi je suis capable!


_________________
Nikkita
A la petite table installée sous la fenêtre, une mèche barrant sa joue, elle rédige. Les mots se posent sur le vélin, lourds, incomplets. Elle ne peut, pourtant, faire plus, ou mieux.




Lucie,

Tu es partie bien vite ce matin, et les mots n'ont pas su franchir mes lèvres. Pas assez rapidement, pas ceux que tu attendais peut-être.
Tu as ouvert l'Anguille, je l'ai vue, j'y suis passée. Un autre geste vers la vie, d'autres rires qui résonneront, et la joie, j'espère. J'en suis heureuse pour toi, ma belle et forte amie.
J'aurais du partir il y a quelques jours. Mon corps est toujours là. Moi, je suis déjà partie.
Dans mon monde de silence, peuplé de ceux que j'aime.
Je ne peux pas plus aujourd'hui...
Toi et moi connaissons la route. Elle n'est pas finie.

Je te serre contre moi, par la pensée.
Nikkita



Alors qu'elle relève la tête, roulant soigneusement le vélin entre ses mains, son oeil accroche un éclat inhabituel. Guirlandes et pommes de pin gaiement colorées habillent le sapin.
C'est bientôt Noël, oui.
Le solstice d'hiver poursuit sa marche inflexible.
Nikkita
[Un an plus tard...]

Nuit sans repos, dans un nid de sable...
Si le maigre refuge est parfaitement adapté pour une vagabonde... Il l'est bien moins pour l'enfant lové au chaud contre le ventre maternel. Et une fois encore, une fois de plus, une fois de trop ? Elle touche à pleines mains, se cogne le front, prend en plein coeur, la discordance entre les deux états.

Oh, bon sang...
Un maigre sourire effleure ses lèvres alors que l'orage fait rage dans les iris d'eau claire.
Oh, bordel !
La plage est déserte. Les gestes, connus... Les étoffes coulent de la mère, sur l'enfant endormi. Elle se coule, aussi fluide que l'eau, dans la mer encore endormie.

Plus tard, dans une taverne anonyme, tête rafraîchie par le bain matinal, lovée devant la flambée...
Les jeux de feu dessinent ce Roncier...
Tanière violée.
Une flamme s'échappe, plus haute que les autres, nimbant un instant d'un reflet sauvage la menue silhouette qui se tend imperceptiblement, comme répondant à un appel secret...
Fort bien. Que la flamme soit...
Black07
RENAISSANCE

Le feu fut immense, la bâtisse s'embrasa rapidement, les flammes léchèrent le bois et emportèrent le toit en chaume du roncier. Soin avait été pris malgré tout de sauver l'inviolable, le vin entreposé dans la réserve, ainsi que les plants de ronces et d'orties.
Le Wurmstein et Nikkita ne laissèrent à personne le soin de reconstruire, allant négocier les meilleurs matériaux, le plus beau chaume, les poutres et les pierres pour la grande cheminée du rez de chaussée. Rebâtir un Roncier à l'image de Trois Pommes et Lui. A l'étage deux chambres, l'une pour Aimé et l'autre pour Eux leur offrant vues sur la mer. Rien n'avait été laissé au hasard. Rien.
Quelques amis filèrent la main pour façonner les murs en torchis, et Ober replanta ses orties, quelques pieds de ronces furent ajoutés par la brunette également aux anciennes. Une belle réussite.
Ils furent stoppés là par un voyage à faire en Limousin. Aimé quand à lui fut confié aux bons soins d'Ober.



RETOUR GAGNANT DU LIMOUSIN !
Et non MISTRAL GAGNANT !***
Au petit matin, Peste et ses cavaliers déchirent les voiles maritimes, parfums iodés retrouvés alors que le superbe destrier étouffe le claquement de ses sabots dans le sable du rivage. De retour, les traits quelque peu tirés par une nuit sans sommeil, mais les yeux brillants... Ils sont de retour à Montpellier.
Orties et ronces, dans leur piquant face à face, semblent avoir prospéré en leur absence. Quelques cendres de l'ancienne bâtisse, déposées à leur pied, disparaissent déjà sous leur fouillis. Etrange, à la fois coutumier et étrange, de voir cette façade de torchis, envahie, déjà, par le foisonnement familier...
Les tonneaux vides vite remplacés par l'infatigable sommelier, le feu rallumé dans l'âtre, et très vite ce sont les chaleureuses retrouvailles avec Ober, les nouvelles d'Aimé, une visite à Victoire... La matinée file à toute vitesse, le temps s'écoule, s'enfuit, mais peu importe, l'après-midi amène d'autres retrouvailles, celles d'une Eudoxie ravie de revoir le Wurmstein, le temps s'écoule, mots et vin coulent.
Et bien sûr, le Tournoi entre dans la danse, Ober annonce la couleur, ce sera Orange pour cette année...
Orange ?
Après une courte tentative de dérive vers des nuances jaunes, le grand brun affiche une mine ravie.
La menue brune aurait du se méfier.Mais non, elle vante les mérites des pompons... Orange... Avec bien plus d'amitié que de conviction. Après tout, cela aurait pu être un rouge... Mode. A la mode d'Ober, s'entend.
Et les peaux viennent sur le tapis. Ces quatre grandes peaux de chèvre angora qui attendent toujours leur assemblage. Et Nikkita manque définitivement de s'étrangler en entendant Black entrer en négociation serrée avec Ober. Oui. La dernière idée germée dans la tête dure du Wurmstein ?
Simplement qu'Ober se charge de leur assemblage...
En laine... Orange.


A peine la salle se vide-t-elle, que le le grand brun regarde taquin la petite brunette.
Peut être est il temps de parler chiffons et décoration non ? Qu'en penses tu ? Sinon nous n'y arriverons jamais.

Une chose est sûre, ils ne manquent d'idées ni l'un ni l'autre. Elles foisonnent, plus denses encore que les buissons ornant la façade, mais non moins piquantes, rebondissent entre les deux complices, trouvent écho et agrément immédiat... Ou presque.
Un paravent !
La menue brune a bien quelques idées de défilé...
Des miroirs ! Plein de miroirs ! Au plafond aussi.
Le grand brun aime visiblement l'idée d'examiner sous toutes les coutures les défilés à venir...
Et des torches !
Elle ne peut que saluer son souci du détail, et croit bon de rajoûter :
Et des bougies !
Grimace immédiate. Non, pas de bougies... Le débat sera court, les arguments, acceptés et validés dans la foulée. Une étude soigneuse permettra de savamment disposer les torches et jouer de leurs reflets... Et bien sûr, comme une évidence, ce grand tapis aux longs poils de chèvre angora, doux terrain pour d'autres jeux à venir, dans les lueurs dansantes de la cheminée.

La nuit porte peut-être conseil... Ce qui est certain en revanche, c'est qu'elle apporte avec elle d'autres idées. Une chambre, pour Eux... Aucun détail ne doit être omis.
Après une rapide visite matinale à Victoire, ils sont de retour au Roncier pour une discussion Sérieuse sur les aménagements à venir. Sérieuse, oui. S'ils arrivent à se concentrer.


Viens isolons nous chez Nous.

Sans lui laisser loisir de répondre, Black la soulève avec aisance. Les escaliers jusqu'à l'étage sont grimpés rapidement, la porte ouverte et refermée dans l'instant. Corps féminin qu'il laisse glisser à terre, sourire amusé aux lippes en voyant le lit à baldaquin qu'il a fait livrer au matin même de son appartement à leur chambre, trôner dans la pièce .
Ses aciers se posent ensuite sur Nikki qui regarde tout autour, les yeux brillants tentant lui semble-t-il de se concentrer.


Alors Trois Pommes......que suggères-tu ?
C'pas évident de s'concentrer avec... Tu m'aides pas là !

Elle regarde le lit, les yeux rieurs, puis Black, qui malgré sa réponse est tout aussi amusé et doit se retenir en la voyant se mordre la lèvre pour rassembler ses idées qui semblent éparpillées, très éparpillées.


Il faut penser à tout ! Et pas à ça là. Non pas à ça.
Alors j'ai eu plein d'aut'idées !
Nikki........ça va être très compliqué là si … Autres que les miroirs au plafond ? Les torches aux murs, le paravent, le grand baquet, nos peaux de chèvres cousues par Ober devant la cheminée ?
Oui ! tout ça et l'lit à baldaquin... et puis hum... m'disais qu'un fauteuil à bascule... c'serait très... très...

L'imagination débordante du brun fait le reste en lui répondant aussitôt.

Vendu. Je dois récupérer le lit d'Aimé chez Fernand, je vais lui passer commande du fauteuil à bascule dans la foulée.
Dis... t'crois qu'il pourrait faire aussi un grand... un graaaaand ! baquet en bois ? en bois bien poncé, j'aime pas les échardes...
Non, mais le grand baquet je l'ai déjà mis en commande avant notre départ. L'eau pour nos jeux d'O ne peut souffrir d'aucune attente.

Trois Pommes de lever ses yeux clairs et rieurs vers ses aciers, complice.

Et point d'échardes de prévues, un ponçage méticuleux j'ai demandé. Très méticuleux. Préserver notre fougue d'une épilation de bois obligatoire !
C't'important d'être méticuleux...

L'un et l'autre tente de résister à l'appel de leurs corps un peu trop proche pour la bonne suite de leur concentration, en vain.

Nikki ? Maintenant que nous sommes à priori d'accord sur tout ou presque tout concernant notre chambre.. ce vil tentateur ...
....lit.
Juste une chose avant.... Des voilages aux fenêtres... Z'aurons sûrement envie d'admirer la vue... Des voilages... solides...

Embrasement et combustion immédiate après un accord hâtif du grand brun.

Vendu et encore vendu.
Montre moi c'lit... Explique moi tout... En détails...

L'heure n'est plus aux palabres...

Rp dans son intégralité narration et dial écrit à 4 mains et deux bouches bleu Nikki/noir Black ^^ Je remercie la jd Nikki pour les fous rires offerts à cet exercice. Notamment le *** dont la non sobriété de mon Black à l'inverse de Nikki m'a poussé à l'ajouter seul, la pauvre elle n'en peut plus !! bises pour me faire pardonner

_________________
Nikkita
La vie s'est accélérée... Soudainement, imprévisiblement... Délicieusement accélérée. Toutes considérations météorologiques balayées, l'approche de l'hiver ne met en rien un frein aux envies et désirs qui fleurissent et éclosent comme un printemps aussi dingue qu'irrésistible.

Dans ses bras Aimé se frotte les yeux et se tortille de sommeil. Nikkita déballe tendrement l'enfant de son cocon de lainages après la promenade matinale. Lui aussi semble profiter de cet élan de vie. Le bambin trop calme et silencieux devient un petit bonhomme à la poigne vigoureuse. Elle détache un à un les doigts joyeusement accrochés à ses mèches avant de le coucher.
Son nouveau territoire a pris forme. Dans l'angle de la pièce, la cheminée diffuse une douce chaleur. Au sol s'étalent comme des flaques quelques peaux de mouton mérinos, douces, épaisses et chaudes. Depuis qu'il maîtrise le déplacement à quatre pattes, le petit brun hirsute aux yeux clairs ne se lasse pas d'explorer toutes les possibilités offertes par cet environnement. Toutes. Il a fallu barrer l'accès à la cheminée. De gros galets colorés, récupérés sur le rivage, parsèment ça et là la pièce. Un futur mélomane, peut-être. Il semble prendre plaisir à tirer des sons de leur entrechoquement. Dans un recoin une malle un peu trop grande abrite ses quelques affaires. Nikkita n'a pu tout emporter au départ de Genève... Seulement l'essentiel.
Près du lit, Zaune, le cheval de bois taillé à la main, veille sur l'enfant...

D'un geste très doux, elle pose ses lèvres sur le petit front, effleure la joue aussi soyeuse et lisse qu'un pétale à peine éclos, tire sur lui la douillette couverture bleue offerte par Phonya. Déjà les paupières tombent sur l'azur clair de ses yeux, alors qu'elle referme les volets et tire les lourds rideaux, isolant la pièce du vent froid qui balaie la mer. Ne subsiste plus que la dansante lueur émanant de la cheminée pour éclairer ce hâvre... Elle tire la porte derrière elle en sortant.

De la grande salle montent les appétissants parfums mêlés d'un copieux déjeûner, réveillant la sienne, de faim...
Et des envies, des envies à foison, de mordre tout à la fois dans les tartines et dans la vie... Dans sa houppelande rouge, buste pris et finesse de sa taille soulignée par le bustier noir, elle tourbillonne jusqu'aux escaliers comme une flamme.
Elle a envie de danser...
Comme une flamme...
Au brasier d'une autre flamme pourpre...
Ernestine
Deux, trois fois qu'elle dirige ses pas vers la Tanière ? Elle ne saurait le dire, et de toute façon, vu l'état de sa mémoire, elle est bien en peine de préciser ce genre de choses en général. Toujours est-il qu'elle n'hésite pas sur le chemin, malgré les quelques remarques et maladresses d'ores et déjà commises.

Le lac est loin derrière elle, elle a fini par comprendre qu'il ne s'agissait pas de la mer lorsqu'elle avait fini par longer les quais lors d'une de ses nombreuses errances dans la ville. Arrivée au bord de la Méditerranée, c'est bouche bée qu'elle avait admiré le paysage de cette étendue mouvante, à peine ridée par un vent pourtant si violent, et venant se briser en vagues d'une hauteur proprement hallucinante sur la jetée de Montpellier.

Alors c'était sur ça qu'il naviguait, ce bateau qu'elle n'en finissait pas d'attendre ? Sur cet élément qui lui semblait si profond, imprévisible et infini ? Mais comment allait-il arriver à bon port ? Comment un batiment de la taille de celui qu'on lui avait décrit parvenait-il à rester à flot ?

Parfois, rarement, mais parfois quand même, l'insouciance et la nonchalance dont elle se pare sans avoir à les feindre une seconde, se fendillaient et l'angoisse piquait son petit coeur de jouvencelle quand elle se laissait aller à penser que le raffiot dont elle attendait l'arrivée avec tant d'ardeur puisse se fracasser sur une de ces vagues, ou s'accrocher sur l'un des rochers qu'elle voyait poindre ça et là à la surface...

Secouant la tête, elle se rend compte qu'elle a déjà commencé à piétiner les orties, ce qui veut dire que les ronces ne sont pas loin, et la porte entre les deux. Rapidement, elle remonte sa robe aux genoux. Elle ne se fera pas avoir deux fois par les épines qu'elle a mis des plombes à retirer la première fois. A sa décharge, il faisait nuit.


Oui, enfin bon, il fait nuit tout le temps en ce moment aussi...

Se lance-t-elle à elle-même, parlant seule, comme souvent les gens qui manquent de compagnie. Un coup d'oeil par la fenêtre, une habitude qu'elle a prise en arrivant ici, lassée de déranger des couples en pleine action.

Ernestine pousse la porte, pas trop pour éviter le courant d'air, juste assez pour entrer discrètement et se caler dans un coin, près de la cheminée, où elle peut enfin laisser ses épaules reprendre leur place, crispées qu'elles étaient par le froid qui règne dans ce pays du Sud.


Pire qu'au Puy... Comme une ritournelle. Toujours d'accord pour Lodève ?

Des semaines, ou des mois, qu'elle arpente les chemins seule. L'idée de partager la route pour une fois lui plait bien, faut l'avouer. D'autant que la compagnie, pour soudée et fermée qu'elle puisse paraitre, lui a surtout semblé plutot agréable, et c'est pas tous les jours dans ce royaume qu'on croise des gens avec lesquels on a envie de converser plus d'une heure ou deux.
Nikkita
Ils ne se sont pas préoccupés de débarrasser...
Sur la petite table ronde s'attardent encore la savoureuse miche de pain aux olives, quelques fines lamelles de fromage, la bouteille de Mercurey encore à demi-pleine, la dernière grappe de ce raisin tardif, mordoré, croquant, juteux à souhait. Corps assouvis, du moins pour l'instant, blottis sur la grande peau dans leurs chaleurs entrelacées, îlot de quiétude qu'aucun bruit provenant de la grande salle ne trouble encore.
Le soir tombe, de plus en plus rapidement. Le solstice d'hiver est bientôt là...
La gracile nuque féminine roule paresseusement au creux de la puissante épaule masculine quand Nikkita détache son regard de leurs reflets inversés au plafond, pour poser ses yeux clairs sur le Wurmstein qui l'enveloppe de ses bras. Un solstice ne fait pas l'autre...

Elle ne s'en délecte peut-être, que plus amplement encore, du présent.


T'sais qu'il n'nous reste bientôt plus d'Mercurey ?

Au diable le Mercurey.

Une seconde plus tard elle se retrouvait à plat ventre sur la grande peau, les cuisses puissantes de Black lui emprisonnant les hanches et rendant tout mouvement impossible.


Que fais tu ?
Souffla t elle
Rien de ce qui ne pourra nous plaire encore, sans besoin de vin pour l'heure.

La large main masculine se glissa sous son ventre, l'invitant à se redresser délivrant des mots brûlants à l'oreille, son haleine tiède contre son cou, son désir niché à son charnu, tout concordant à lui faire perdre la tête, laissant ses doigts se perdre dans le sien.

La tempête fit rage à nouveau dans la chambrée menant encore les deux amants à la reddition totale.
Quand les spasmes qui les secouèrent décrurent, Black lui marmonna quelques paroles incompréhensibles à l'oreille et se laissa tomber sur elle, cœur battant erratiquement dans sa poitrine.

Pour éviter de l'écraser il roula sur le côté l'emportant à nouveau dans ses bras, l'enlaçant et reprenant souffle.
Rien n'aurait pu le faire bouger, savourant pleinement l'instant.

D'une voix mutine il lâcha :


Par contre il nous reste encore du raisin.


RP intégralement écrit à 4 mains et 2 bouches, le code couleur est gardé pour les dialogues, bleu pour Nikki, noir pour Black... Parce que le noir lui va si bien...
Merci encore au jd ^^
Nikkita
[Mars 1466 au Roncier]

Le mois des fous, assurément, au nom donné par un dieu guerrier. La pluie ruisselle sur les carreaux embués, martèle une mer d'étain liquide qui fait le gros dos, crache et rugit comme un chat furieux. Brave mais trempé, exténué, le petit pigeon de Nikkita est revenu à tire d'ailes de Fribourg, emportant avec lui, au chaud de ses plumes, la dernière lettre de cette correspondance renouée quelques jours plus tôt.

Le 06 Mars 1466



Quelques plumes dans le vent
Très cher Sub

Un petit mot ou une longue lettre, je ne sais encore en commençant à noircir ce vélin... Voilà plusieurs jours que l'envie me gratouille, me chatouille de t'écrire. Aussi, pour ne pas rester dans cet inconfort, je laisse la plume gratter, et tente de laisser les mots couler...
Nous voilà de retour à Montpellier... Je pense à vous tous, sur Genève. Ironie du destin, crois-tu ?
Et je voudrais laisser couler les mots, eux qui venaient si facilement.
T'écrire comme on se réfugie dans des bras de l'ami ou du compagnon, pour un instant de tendresse partagée. T'écrire juste parce que c'est toi, qui un jour d'une gueulante à Nîmes, m'a rendue humaine et permis d'aimer...
T'écrire pour tous ces mots abusés qui m'ont depuis fait perdre les miens.
T'écrire pour retrouver ce chemin, peut-être.
Le comble, venant d'une vagabonde à un égaré...!

Embrasse bien Ober, et Noellie pour moi. Cette lettre sans trop de sens pour dire que je pense à vous là haut.
Tendrement,

Nikki




Chère vagabonde aux poulaines devenues presque sédentaires,

Heureux de te lire. Mon plaisir est toujours aussi grand en retrouvant ta plume. Tu fais bien de l'aérer de temps en temps et je suis ravi que ce soit pour moi.
Le goût des choses va et vient, à nos âges nous le savons maintenant. A toi de le retrouver, je t'en sais capable, si celui t'écrire te manque comme je le ressens dans tes quelques mots.
Je serais ton compagnon épistolaire si tu le souhaite, ma plume ne demandant qu'à rennaître également.
Le tournoi approche, les gens et l'effervescance affluent. De belles rencontres, d'autres moins délectables mais de la vie, quel bonheur! Vos deux carcassent nous manquent, enfin à moi. Je ne sais trop ce que peut ressentir Noellie en ce moment. On se croise et se balance toutes sortes de saletés à la tête pour l'instant.
Ma soeur a un amoureux, ça lui va bien au teint. Elle croule sous les commande de Pouffle. Elle va m'en faire qui vont sous l'eau, équipées de tuba, pour me permettre de ne pas couler. Allez savoir pourquoi!? Enfin si, j'en ai une petite idée, mais ne t'en dis pas plus. Tu connais l'oiseau voyageur que je suis.
Donne moi de tes nouvelles,

Le plus tendrement du monde,

Sub




A vol de plume
Très cher Sub
Egaré, boulanger, ami et tellement plus

Tout d'abord ce plaisir, à te lire à nouveau... Ta réponse si rapide, tes mots qui savent me trouver... Je te laisse imaginer ma mine en recevant ta lettre.
Compagnons épistolaires, pour faire renaître les plumes... La tienne, la mienne.
Pour un oiseau voyageur, c'est au moins aussi utile qu'un tuba, non ?
J'imagine Ober rayonnante... Elle l'était aussi au dernier Tournoi, et cela lui va bien au teint. J'aimerais être avec vous, là. Je repense à cette ambiance, à cette effervescence, et cela me fait sourire. Enfin, tu le découvres toi aussi !
Comme une andouille, je ne serai pas là pour le voir. Mea culpa. J'espère quand même que la séance d'entraînement portera ses fruits, et qu'avec Noellie vous trouverez un terrain plus... confortable.

Je ne savais pas, ce matin en t'écrivant...
Mais tu es là...
Et des mots, il me faut encore en trouver pour te dire, à toi, à toi seul peut-être de ma bouche ou de ma plume, que Black a préféré mettre un terme à notre histoire, son négoce le prenant trop.
Tu me demandais des nouvelles... J'aurais préféré t'en donner d'autres.
Sub, ta tendresse me fait du bien. J'espère que tu ne m'en voudras pas si j'en reprends une bouchée.
Tout aussi tendrement

Nikki




Nikki,

J'imagine ton désarrois. Pour autant, et vu qu'il ne sert à rien de s'appitoyer sur son sort, je te propose de prendre Aimé quelques affaires, et de venir nous rejoindre sur Genève. Le temps que tu arrives, le tournoi sera peut etre fini mais tu y verras tout un tas de personnes qui tiennent à toi. Poum me parlait encore de toi ce matin. Elle compte venir te voir sur Montpellier une fois le tournoi fini, en passant par Marseille. La route que nous devrions également prendre avec Noellie, pour suivre tout un groupe d'amis forts sympatiques.
Je ne te promets pas de te faire passer tout le chagrin qui doit pour l'heure te submerger, mais juste un peu pain et de chaleur.
Aujourd'hui, on n'a plus le droit ni d'avoir mal, ni d'être en pleurs!
J'attends tes poulaines, réveille les donc!

Ton ami, confident and co,

Sub



Le 07 Mars 1466



A vol de plume
Sub,

J'ai laissé passer la nuit... Elle porte paraît-il conseil.
En une chose au moins je ne me trompe pas : c'est de ne pas croire aux adages. Si j'attendais des conseils de la nuit, c'est une maladie qui est venue me choper au saut du lit.
Décidée ce matin à venir vous rejoindre au galop, voilà que je suis clouée au lit et incapable de manger. Le comble de la vagabonde médecin ! Je verrai dans la journée si mon état s'améliore assez pour prendre la route avec Aimé.
Sais-tu que si j'arrive à vous rejoindre, il fêtera son premier anniversaire dans cette Helvétie où il est né ?
Oui j'ai du chagrin, tu peux l'imaginer. Sans doute mieux que tout autre... Que dire ? Mais si tu as quatre bouts de bois quand dans ma vie il fait froid...
J'essaierai de venir me chauffer un peu à cette chaleur.

Dis-moi, tu es vraiment devenu un oiseau voyageur ? Helvétie Marseille... Mazette.

Ton amie vagabonde perdue d'avoir été éperdue.

Nikki


Le 17 Mars 1466


En-cas et vol-au-vent
Mon cher Sub...

Mon... Vois-tu, ta vagabonde aux poulaines récalcitrantes ose ce possessif. Mon, parce qu'aujourd'hui, aujourd'hui surtout, tu es présent dans mon coeur.
Le Tournoi va commencer, il a déjà commencé, tu découvres Morat, sa folie, ses feux de camp, l'attente fiévreuse de cette première nuit... Les plans fous, absurdes, impossibles, qui font briller les yeux et retentir les mots, les bravades affichées et ce frisson d'impatience, d'attente, de crainte, qui te jettera ce soir dans cette fabuleuse mêlée. Demain peut-être, tu te réveilleras avec des ecchymoses ou bien un butin saugrenu entre les mains...
Ou une proie que tu n'as eu coeur d'achever, si ce n'est par ton ramage d'oiseau voyageur...

Je sais combien Montpellier peut être lointain, en cet instant, presque immatériel... Combien le monde s'estompe pour n'éclairer plus que les mines des Tournoyeurs, et celle de Morat.
Aussi ces quelques mots se veulent-ils ne peser plus que le poids d'une plume sur l'once d'un vélin vagabond, sans attente de retour. Quelques mots de tendresse et de joie pour toi, aussi faciles à digérer qu'une compote de pommes, à savourer sur place ou garder pour plus tard... D'une vagabonde immobile à un sédentaire voyageur.
Paradoxes...?
Je t'embrasse tendrement, mon Ami, complice and Co. Mes clins d'oeil et mes sourires pour tes nuits remuantes à venir.
Etreint bien fort pour moi Noe et Ober, et aussi cette folle de Poum. Je sais que tu auras plaisir à le faire...
Quant aux autres...
Marave !

Nikki




Ma très chère Nikki,

L'excitation pour moi n'est pas dans les peaux qui craquent, ni dans les os qui se rompent. A vrai dire je ne sais même pas pourquoi je suis ici. Moi dans un tournoi...
Tu penses bien que mon seul intérêt est soit de me vautrer contre de charmantes adversaires, soit de me faire soigner par de charmantes infirmières. Et vu le nombre de personnes présentes, il y a de quoi faire.

Pour l'heure j'aime à découvrir ma nièce que j'adore. Poum est une femme exceptionnelle, que je te ramène à la fin du tournoi, elle n'a que ton nom en bouche, tant elle se languit de te voir. D'autres personnes aussi, des marseillais avec qui il fait bon passer de belles soirées animées. Tu les adorerais.

Aussi et si toutefois ton état te le permet, tu pourrais nous rejoindre sur Marseille. Je vais y organiser le jeu de l'Assassin en halle histoire de soulager la charmante marseillaise qui l'organise en temps normal. L'occasion peut être de vous changer les idées à toi et à Aimé et surtout de remettre en marche tes poulaines de vagabonde!

Ce soir, on part sur le noeud et demain, on se marave. Si tu n'a pas de nouvelles de moi après demain, c'est que je giserais sous un chêne, la main sur le coeur. Si le destin s'acharne, pas de peine à avoir, je serais allé rejoindre mon fils et vous pourrez faiter ça en buvant de bonnes choppes pour moi.

Prends bien soin de toi, de tes poulaines, d'Aimé! Et réfléchis bien pour venir nous voir sur Marseille. Dans tous les cas, je te ramènerais Poum et son Jules un petit Hyan fort sympatique.

Je t'embrasse le plus tendrement du monde en espérant que tu arrives quand même à te changer les idées.


Ton chasseur prêt à en découdre par la non violence,

Sub


Le Tournoi va commencer. Sans elle, qui l'an dernier s'était promis de ne pas rater le suivant. Foin des promesses, soumises à la versatilité humaine. La vagabonde intransigeante à tenir les rarissimes faites à autrui, n'a même pas tenu la sienne propre, envers elle-même... Les promesses ne seraient-elles que gageures tentant de figer l'avenir dans une fausse certitude ?
Mais Eux y sont, eux, qui lui sont chers, et sa pensée glisse avec eux pour entrer dans la fantasmagorique danse, petite silhouette échappée qui viendra se mêler à l'ondoyante farandole des flammes egrenées de feu de camp en feu de camp, dans la nuit burlesque de Morat.

De l'Helvétie à Montpellier, de Montpellier à l'Helvétie, de l'Helvétie à Montpellier encore... Les pleins et déliés des missives tracent de leurs graciles et élégantes cursives les plénitudes et liens déliés ou renoués de ces trois dernières années.
Et voilà que par une entorse cartographique et dans la pudeur de leurs mots, Sub l'invite à nouveau à se joindre aux réjouissances phocéennes...
Sait-il, sent-il combien l'atavisme de la sauvageonne la pousse à se terrer lorsqu'elle ne peut mêler un rire spontané à la balade des gens heureux ?
Le petit pigeon s'est endormi sur le manteau de la cheminée. Une rude journée pour le messager ailé qui a bien mérité quelques heures de repos au chaud... Surveillé d'un oeil indéchiffrable par le chat 'Ouille qui tel un pacha, trône altièrement au coin de l'âtre, au risque de faire roussir sa robe immaculée.

Quant à Aimé...
Nikkita
[19 mars 1466]

Nourri, reposé, l'oeil vif et les plumes ébouriffées, le petit pigeon repart, lesté, vers les neiges helvétiques.



Parfum de sud et nuits helvétiques
Très cher chasseur égaré dans les folies de Murten,

Le pigeon vole, et quelques-unes de mes pensées avec...
En plongeant tes mains dans ses plumes, sans doute as-tu trouvé ce minuscule flacon que j'envoie vers toi. Il s'agit d'un baume dont j'avais élaboré la recette il y a quelques temps déjà. J'y ai rajoûté quelques gouttes de lavande distillée, pour camoufler un peu l'odeur de camphre qui pourrait faire fuir d'éventuelles infirmières dévouées.
En ce jour, je te souhaite donc de doux massages...
Bien plutôt que des chopes levées pour un éventuel voyage vers ton fils...
Et puis des chopes, je te demande un peu ! Comme si tu n'avais pas une amie vagabonde prête à cavaler jusqu'en Bourgogne pour y soustraire, ici un opulent Aloxe-Corton, là un étourdissant Chassagne-Montrachet, ailleurs un voluptueux Chambertin dont je te sais friand... Ou tout autre grand cru dont tu pourrais me faire part, non d'une dernière, mais d'une première volonté, quitte à m'octroyer le plaisir d'aller dévaliser pour toi les mythiques caves des petits par la taille, grands par le nom, domaines de Romanée-Conti.

Je réfléchirai à ta proposition. D'un premier mouvement, tu t'en doutes peut-être, la sauvage que je suis, si elle aurait un réel plaisir à retrouver Poum, et Hyan aussi que je connais...


La plume se suspend un instant alors que les images voyagent dans le regard lointain, traversant les murs du Roncier pour errer d'un ancien Dolicrâne à un Ponton genevois, du Ponton à la Bretagne, de la Bretagne à Genève, Genève, Genève encore... Les mèches brunes volent doucement alors que Nikkita secoue la tête, phalanges resserrées sur cette plume qui crisse légèrement en se reposant, avant de reprendre un cours plus fluide.



Bref, la sauvage que je suis n'a pour l'heure je t'avoue, aucune envie d'aller se faire assassiner à Marseille, fût-ce en joyeuse et charmante compagnie.
La vagabonde quant à elle, a les poulaines qui démangent... Démangeaisons que je calme chaque soir en élaborant diverses concoctions avec ces plantes que nous avons ramenées lors de ce dernier déménagement.
... Prenant à la poulaine de la lettre, tes recommandations de prendre soin d'Aimé et mes trois petites pommes.
C'est son anniversaire demain, sais-tu ?

Je t'embrasse de toute ma tendresse, mon Ami si cher
Nikki


Quant à Aimé...
Un an demain.
Parfois, la menue brune maudirait cette mémoire infernale dont elle est dotée... Les longs cils descendent en rideau sur les iris d'eau claire, images fragmentées, heurtées, douce-amères, qui se bousculent sous leur voile.
Pourquoi, Noellie, pourquoi alors que nous arrivions sur Genève, avoir déposé en moi ces rimes que je ne puis oublier ?

Wer reitet so spät durch Nacht und Wind? *
L'étranger au seuil du Ponton, maigre, hâve, sauvage, alors que son corps déformé se pliait dans les premières douleurs de l'enfantement...
Cet homme farouche qui l'avait accompagnée, veillée toute la nuit et jusqu'au lendemain...
Es ist der Vater mit seinem Kind **
Qu'avait reconnu l'amnésique, alors qu'il recueillait cette première vie entre ses mains ?
Er hat den Knaben wohl in dem Arm ***
Leurs mains s'étaient étreintes, par-delà les barrières de l'oubli.
Er fasst ihn sicher, er hält ihn warm ****

Aimé... Un an demain, oui...


*Qui chevauche si tard à travers la nuit et le vent ?
**C'est le père avec son enfant
***Il tient le petit garçon dans ses bras
****Il le serre bien, il lui tient chaud
Le Roi des Aulnes, Goethe
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