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[RP] Sur les chemins de feu

Nikkita
Le vent est froid, glacial, claquant le bas de sa houppelande contre ses mollets, claquant les vagues qui s'échouent en hautes gerbes sur le rivage. Le vent est froid mais la brune vagabonde ne sent rien, brûlure intérieure, intense, qui s'échappe par bouffées rageuses, amusées, exaspérées, tourmentées ? Elle ne saurait dire, les envole dans les bourrasques.

Bon sang, Black...

Il lui a coupé l'herbe sous les pieds la veille au soir. Tous ses beaux contres dont elle comptait jouer. "C'est hors de question, Nikki". Cinq petits mots qu'elle s'est plu à défier jusqu'à ce qu'il la mette de facto hors jeu. Quelle est cette partie qui se joue ? Quand a-t-elle commencé ?
Et pourquoi lui interdit-il d'user de ses cartes... Celles qu'il connaît à tout le moins. Celles dont elle a pu s'amuser comme d'une idée farfelue. Celles, les plus faciles à exposer, car ne l'exposant que peu.


Bordel, Black !

Le juron part, mâchoires serrées, et se mêle à un rire, malgré elle échappé. Le vent emporte le tout sans distinction, et le noie avec indifférence dans le fracas de l'écume éclaboussant le rivage. Un têtu et une obstinée. Ils ne sont pas sortis de l'auberge. De l'auberge, du bordel, du Roncier ? Rendez-vous a été pris à ce dernier, à 14 heures. A la mutine proposition d'une réunion de travail, elle a opposé celle d'un entretien devenu de plus en plus nécessaire. De l'oeil, elle surveille le lointain cadran solaire qui joue à cache-cache entre les toits refermés autour de lui. Bientôt l'ombre atteindra l'heure fatidique. Elle accélère le pas. S'il était hors de pensée d'arriver en avance, il est hors de question d'arriver en retard. 14 heures ce sera, ni plus ni moins. Ses arguments sont prêts. Tous...
Elle aussi... Entièrement.

Et malgré les remous qui l'agitent et auprès desquels la mer n'est qu'un pâle reflet, c'est le pas et les yeux calmes que la menue silhouette déterminée remonte l'allée menant à la bâtisse, caresse en passant le vieux pin maritime d'un geste mille fois fait... Et évite de caresser les orties et les ronces qui foisonnantes, bordent l'entrée des lieux.
Quatorze heures sonnent au clocher.
Elle prend place dans le coin sous la fenêtre, se love sur le vieux fauteuil. Les yeux clairs, emplis de ces calmes infinis qui précèdent ou suivent les tempêtes, ne vacillent pas en se posant sur la porte...
Black07
Le Wurmstein en fin de matinée avait été rejoindre Victoire et Nikkita. Discussion revenant sous l'ouverture ou non de son commerce. Une Victoire dépitée, contrite, même pas en colère mais désolée de voir une telle détermination de Son Pommier.
Une Trois Pommes qui ronchonnait à qui mieux mieux depuis que Black lui avait donné une fin de non recevoir, ne voulant l'amener dans cette histoire bien trop sordide pour elle.
Bâtir ? Reconstruire ? Trouver un nom ? Et là Nikki qui revient à la charge plus têtue qu'un troupeau de mules entier.

Black faut qu'on en discute tranquillement vous et moi de tout ça...


Le clocher sonnait les douze coups, l'heure de rassasier les estomacs. L'acier croisa les prunelles de la brunette.

Soit rendez vous à 14 h au roncier si vous pouvez vous rendre disponible.

La réponse fut affirmative et ponctuée qu'il devrait savoir qu'une vagabonde était toujours libre.
Pendant ce temps de restauration le cerveau du brun tourna à vive allure. Comment lui faire entendre raison comment la détourner de cette folie que lui même n'avait qu'en ébauche, provocant plus Victoire pour l'heure qu'une détermination à proprement parlée.
La meilleure façon était l'attaque pensait il encore en s'y rendant à l'heure donnée.

Nikkita !

Son nom entier fut lâché de sa voix grave à peine la porte franchie. Bras croisés la fixant avec force.

Dites moi que c'est une plaisanterie tout ça ? Une provocation ? Que vous ne pensez pas un seul instant travailler avec moi ?

Et là d'un ton calme et d'un discours imparable, la brunette démonta une à une les raisons qui nichaient dans l'esprit du grand brun. Elle avait raison sur tout ou sur la globalité de tout ça. Imaginer que Vadia puisse avoir son empreinte sur lui, alors qu'il n'en était vraiment rien aujourd'hui fit rire Black. Le seul point d'union entre la blonde et lui n'existait plus, l'enfant qu'elle portait était mort. Tout était parfaitement en ordre de ce côté là.

Vous êtes vraiment bien meilleur avocat que Victoire sur le coup là !
Vous marquez un point.


C'est en sortant sa flasque de prune que tout avait ensuite basculé....
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Nikkita
Le point est accordé sans barguigner ni besoin d'y revenir, le grand brun est beau joueur... Et la menue brune, infiniment soulagée. Tant qu'elle en oublie que c'est à elle qu'il reviendrait d'offrir à boire en ces lieux.

Vous pourriez au moins sortir les godets !

Le grognement Wurmsteinien la rappelle au présent et c'est la tête curieusement flottante, qu'elle se lève pour répondre à l'injonction, ne pouvant qu'en reconnaître la justesse. Elle est à mi-chemin lorsqu'il rajoute d'un ton qu'elle ne peut, en cet instant de présence commune et d'absence à elle-même, clairement définir :

A moins que vous ne préfériez que nous ne buvions à même la flasque ?


Le mouvement se suspend...
Elle se retourne.
Oubliés verres, chopes, godets...
Cette question. Bien sûr qu'elle le préfère.
Sûrement qu'il le sait...
Raillerie, invitation, provocation ? Les yeux d'acier accueillent sans ciller le regard clair qui s'y ancre et n'en dévie pas. Peut-être un peu de tout cela. A elle d'en démêler les fils... Il a déjà la flasque à ses lèvres, tranquille comme Baptiste, en prend une longue gorgée. Le vieux fauteuil accueille à nouveau la menue vagabonde qui pour ne pas perdre pied, tente de reprendre la main d'un marmonnement :


'Pourriez au moins n'pas boire seul !

La flasque glisse jusqu'à elle.

Vous allez connaître mes pensées...

La menotte se referme, les fragrances de prune viennent chatouiller son odorat, avant que de glisser entre ses lèvres et envahir sa bouche de leur âpre brûlure...
Sans doute, oui... Elle y compte bien...
Black07
L'échange se fait, il note son trouble, les aciers luisants de malice devant son côté bravache, divine tentatrice en couveuse qui lève le voile avec la même lenteur que lui.
Le jeu de dupe est entamé aucun des deux ne semblent vouloir l'arrêter.

La flasque lui est rendue, doigts qui se frôlent, regard qui se perd encore dans l'autre plus longuement.

Vous jouez avec le feu Nikki...vous en êtes consciente ?
Vous me donnez la fièvre......
Il est dangereux de tenir de tels propos sans sombrer dans le danger.
Depuis quand pensez vous que je recherche la sécurité ?

Ô délicieuse effrontée face à un homme voué et roué aux plaisirs des sens, doublement décuplés face à un esprit fin.
Oh oui qu'elle en est parfaitement consciente, son regard mutin et sa réponse fait jaillir une main ferme qui s'appose et s'accroche à la nuque féminine, la bouche s'ouvrant avec délice à la langue impétueuse, baiser qui deviennent baisers et brasier.

Souffles courts imprégnés d'alcool, le Wurmstein la cueille dans ses bras et lui ordonne d'ouvrir la porte, ne souhaitant nullement que le Roncier soit témoin de ce qui allait suivre....
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Nikkita
Porte ouverte sur la tempête... Les tempêtes.
Celle qui fracasse les vagues sur la grève... Celles qui font rugir le sang dans les veines.
Le vent est glacial... Le brasier, volcans. Eruptions de leurs lèvres avides, de leurs bouches gourmandes autant que voraces, mots envolés, fragments de phrases éparpillés ou capturés à leur source, alors qu'il l'emporte à travers les venelles, étroitement lovée contre son torse, vers les ailleurs encore inconnus...

L'on ne garde pas impunément le corps du Wurmstein... Elle ne confie pas le sien à n'importe quels bras.

Cartes abattues, c'est une autre partie qui commence...
Le seuil est franchi... La porte refermée d'un coup de talon.
Tempête à l'extérieur, l'incendie gronde en ces murs.
Et ce sont là bien d'autres voiles qui se lèvent...
Black07
Il était hors de question pour le grand brun que quiconque puisse interrompre l'incendie qui les embrase, c'est donc dans son appartement que ses pas les menèrent.

crois-tu que l'incendie puisse s'éteindre si facilement..
Justement non, juste éviter qu'un seau d'eau maladroit nous tombe dessus là bas.

L'urgence est ancrée, les bouches se taisent pour mieux s'offrir et se donner l'une à l'autre, le volcan gronde, la table est réquisitionnée impatiemment, pourtant aucune hâte quand les voiles se lèvent et délivre fragrances suaves et iodées. Aucune hâte non.

La soif est étanchée à la source généreuse digne d'un grand sommelier face à un grand cru. La dernière goutte est bue et savourée pleinement.

L'ivresse se propage dans le partage, l'envie se fait impérieuse et le corps à corps contre le mur signe une reddition de courte durée des deux amants.

La faim les tenaille et la chevauchée fantastique qui s'ensuit dans l'alcôve chaleureuse du Wurmstein apporte la cerise sur le gateau.

Trois Pommes tombée sur un Pommier. Une chance qu'ils savourent sans finir en compote.
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Nikkita
Ils distillent et ils brûlent, se brûlent, s'attisent, insatiablement.

J'viens d'Normandie...

Et ils rient.

En plus !

En plus, oui... Iris d'eau claire et gris de l'acier se fondent, complices.

Au maître sommelier si savamment révélé, elle a fini par confier les clés de sa cave. De cette journée-là, le grand brun arbore encore la fine cicatrice au front. Si Victoire a d'indéniables talents de couturière, le Wurmstein a tout aussi indiscutablement la tête dure. Très dure. Le compliment est sincère dans la bouche de la menue brune qui lui abandonne volontiers sa main pendant les travaux de rafistolage. La grande paume qui l'enveloppe ne frémit pas. Oui, elle peut lui confier les clés...
Sauf que...


Et où sont-elles, mmh ?



Un mois ou presque, que Black l'a récupérée aussi vivante que morte à Ventadour, esprit proche de la brisure, corps encore en souffrance. Un mois ou presque, qu'il a dressé entre elle et l'insoutenable le rempart de cette intangible solidarité qui les lie, de Genève à Ventadour, de Ventadour à Montpellier, indifférente au temps qui s'écoule, au delà des lieux, par-delà les lieues. Un mois ou presque, qu'il l'a invitée à partager sa monture, la sachant bien trop fière vagabonde pour accepter de se faire charger dans une charrette.
Un mois ou presque, qu'au Roncier, la porte des escaliers donnant sur l'appartement est restée hermétiquement close. Que les douleurs restent donc enfermées à l'étage. Cette porte condamnée, la vie revient doucement dans la tanière où elle a déposé ses quelques affaires à la cave.

Clés égarées et esprits farceurs dans la salle, il lui aura fallu user de la complicité d'une autre prisonnière et de ruse pour en sortir. Le sourire se fait malicieux :


J'essayais une tenue... Orientale...

Le grognement étranglé se suffit à lui-même... Le regard échangé entre les deux amants, plus encore.
Le lendemain, une serrure neuve préserve cet accès...
Eux seuls en possèdent la clé...
Black07
Les belles journées automnales se succèdent en Languedoc, les nuits aussi.
C'est en présence de Victoire que le pigeon en provenance du Limousin frappe à la vitre des 1001 chopines. Étonnement du grand brun en en prenant connaissance.

Trois Pommes, ton époux est vivant et semble en bonne forme. Une amie à moi lui à parler en taverne hier soir. Il paraît que c'est la marche qu'il le mène sur Ventadour.

Il n'en fallu pas plus pour qu'un départ soit envisagé. Victoire ne cachait pas son inquiétude de les savoir sur les routes vu les informations qu'elle avait de brigands sur leur trajet.

Mais ni la brune vagabonde, ni l'ex mercenaire n'en avait cure. Habitués l'un et l'autre à vivre dangereusement. Les adieux furent fait avec son double féminin pour le Wurmstein de passage avant son périple espagnol en capitale languedocienne. Promesse fut faite de se donner des nouvelles.

Avant le départ une lourde négociation fut entreprise également auprès de Victoire pour récupérer un nécessaire de couture. En effet les deux bruns aux sourires complices avaient dégoté plusieurs peaux de chèvre angora, des grandes,évitant la commune peau d'ours. Pas moyen du fait de sa demande sans y mettre les formes d'obtenir de Sa Comtesse ce bien précieux. Que cela ne tienne l'idée fusa de la bouche de l'un et de l'autre de faire demande au tisserand en limousin. Les peaux seraient du voyage et Nikki et Black sauraient s'en accommoder en l'état ne manquant ni l'un ni l'autre d'imagination.

La quasi majorité des villes traversées, exsangues d'âmes en taverne, leurs en donnèrent loisirs, tout comme Tulle avant dernière étape de l'arrivée. C'est dans une alcôve de leur cru, leurs deux corps imbriqués l'un à l'autre, tout en savourant à la même bouteille un bon vin qu'ils se rendirent compte que ce voyage aller arrivait déjà à son terme.
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Nikkita
Plus vraiment épouse, pas vraiment veuve...
Portant deux alliances à la même main...
Si Nikkita blêmit à l'annonce, ce ne sera que de courte durée. Du raz-de-marée émotionnel qui la submerge un instant, avec en point d'orgue la rage et la tristesse en pensant à cet enfant dont il lui a fallu avorter, à celui aussi à qui son père a tourné le dos dans ces bois... C'est le soulagement, l'apaisement même, qu'apporte le reflux. Nulle ombre, nul regret ne viennent plus troubler la pureté des yeux d'eau claire, alors que coule de source la réponse.
Et la Belle Ober se propose à garder Aimé pour le temps de leur voyage, lui offrant avec son fils et Chien le plus proche de la sécurité d'un foyer. Ils peuvent partir, redéfinissant de façon toute personnelle leurs fonctions réciproques de garde du corps...

Au rythme du superbe Peste, des crus enivrants, des nuits effrontées, des peaux malmenées, Ventadour est déjà là...
L'helvète par contre, n'y est plus.
Elle ni Lui ne s'en étonne plus...

Pourtant chasseurs tous deux, aujourd'hui, ce n'est pas une chasse qui les amène. Moins encore une chasse aux fantômes. Et un sourire vaguement désabusé effleure les lèvres de la brune à la pensée qu'entre inconstance et inconsistance, il n'y a qu'un “Si”...
Et par-dessus le bourdonnement lancinant de la voix de l'homme qu'ils sont venus voir, c'est une autre voix, celle grave et belle du grand brun solidement à ses côtés, qui résonne dans la tête de celle qui fut épouse :


Tu sais quoi ?
Dis-moi...
Ce qui est le plus merveilleux dans tout ça au final ....? C'est de t'entendre rire Nikki.......je ne t'ai jamais vu rire ainsi à Genève.


Vous pouvez signer.


Une dernière fois, elle s'incline devant ce mariage, devant cette Nikk qui fut, qui crut, entière et sincère, naïve, peut-être, sans doute ? Jusqu'à sa destruction. Le trait d'encre est net. Sa main ne tremble pas. Et son regard est exempt d'ombre alors qu'il cherche son jumeau d'acier, que lentement elle retire le large anneau baguant son pouce... Puis plus difficilement, cette alliance d'ébène et d'argent, reflet d'un lac sous la nuit noire qui a englouti les engagements.
La menotte nue disparaît dans la large paume.


Partons d'ici...

Dehors le soleil les attend, à son zénith. Une belle journée qui fait fleurir un sourire malicieux :


Dis, Black... D'fil en aiguille... On n'a toujours ni l'un ni l'aut' !
Black07
Le grand brun ne peut que laisser éclater son rire. Il est vrai qu'il était prévu de demander à l'orfèvre en tissu, l'ex époux donc, une demande particulière. Mais le brun mystérieux se trouvait en capitale Limousine, regain de santé fulgurant. A croire que Vadia et lui étaient étrangement, dopés à la même essence. L'un et l'autre vivant en reclus le temps de panser leurs plaies avant de revenir la mine et la posture conquérante, oubliant ou occultant les faits les ayant menés là. L'art de rebondir ! L'apanage des plus grands acteurs, du moins quand le masque ne tombe pas !

Nous sommes sans doute beaucoup moins doués que Musaraigne pour tisser une toile, mais le plus important c'est que nous savons démêler et couper avec brio tous les fils jusqu'au dernier.

C'est en toute quiétude ensuite que le court séjour sur Ventadour fut savouré. Le lac et la maison du Wurmstein un coin de paradis ressourçant pour les deux bruns, le plaisir de retrouver les deux frangines, Laeti et Thally en taverne. Et d'être invités au futur mariage de la plus vieille des deux.
Les courriers arrivaient aussi d'Espagne, d'Arles. de Montpellier, Eléo toujours en quête de poils ibériques et le Chaton qui prenait la route de Arles pour Montpellier. Des retrouvailles au demeurant à venir.
Chemin de retour ponctué de peu de rencontres mais de belles parfois comme Diane une blonde pétillante, amie de Domdom et médecin sur Marseille. C'est elle qui donna au brun de bonnes nouvelles sur la santé d'une autre blonde.
A croire que la brune vagabonde était douée pour dénicher chaque lieu insolite de chaque bourgade traversée, et ce n'est pas l'Alcove de Maloue, sur Millau qui pourra ce matin démentir ce fait.

Tu sais qu'il ne nous reste au final que deux jours avant de retrouver Montpellier ?
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Nikkita
Ils y ont perdu le compte.
La faute à Rodez, peut-être... Depuis, ils jouent à saute-villes, comme pour inconsciemment prolonger encore, encore un peu, ce voyage pleinement savouré... Millau, Lodève... Un tour à l'un, un tour à l'autre. Oui, alors que la route libre se dévide sous les fiers sabots de Peste, alors qu'ils font leurs les moindres cours d'eau, un à un les fils sont bien coupés, jusqu'aux derniers... Du mariage de raison proposé par l'helvète comme un pari sur la vie, ne reste au final que son propre échec à le tenir, l'affligeante banalité d'une épouse et d'un fils abandonnés, le terrible et sordide acte contre une vie semée.
La faute à Rodez peut-être... Cette ville si calme où la folie gronde. Puis cette rencontre au soir, les nouvelles données. Etrange voyage où le point final d'un mariage qui n'en était plus un, voit aussi se résoudre les dernières inconnues du Wurmstein. Sa blonde ex-fiancée semble en bonne forme. Le ténébreux ex-époux de Nikkita semble avoir retrouvé un certain goût de vivre. Si les deux amants possèdent un pouvoir potentiellement létal, il ne semble du moins, et par bonheur, pas de mise entre eux...
La faute, peut-être aussi, à cette alchimie qui ne se dément pas, entre l'ancien mercenaire tout en puissance et la vagabonde toute d'agileté...


Deux jours...

Le plissement de nez ne dure pas. L'envie est là, chevillée, de se délecter, pleinement, de ces jours restants comme de ceux passés. Le lac n'est qu'à deux pas. Au sortir de l'Alcôve, quelques Millavois matinaux auraient pu voir passer deux flèches brunes lancées dans une course folle s'achevant en paillettes d'eau décochées dans l'air translucide. Mais heureusement, le court trajet était exempt de Millavois matinaux...

Le compte des jours se perd. Pourtant, Montpellier approche, des retrouvailles aussi, et une cave à sauver d'une Ober et d'un Sub manigançant pour forcer la serrure tout juste posée :


Ah non ! Ca, hors de question !


Mais la forêt lodévoise est belle, et il reste encore la journée pour en profiter. Au soir, collets prêts à être relevés, la chasseuse du jour griffonne rapidement un vélin, cachée dans la pénombre des grands arbres, toute malice revenue dans ses yeux clairs pétillants.
Si le Wurmstein aime écouter son rire... Elle, ne se lasse pas des grognements du fauve...
Black07
[15 jours à peine plus tard, on prend les mêmes et on y retourne]

Lodève. Non pas sans mal au demeurant pour y arriver à l'aube du 14. Sachant qu'ils auraient du y être déjà la veille.
Pas faute de l'avoir dit pour le brun. Et x fois ce lundi. Trop ? Faut croire que non.
Départ mardi soir.
Et d'une Ober dépitée de répondre. Tu radotes Black. Et d'une Nikki taquine d'aimer de le voir radoter.
Donc tout le monde savait que le départ était prévu au mardi soir. Sauf que la catastrophe arrive au matin. Un Wurmstein épuisé par une nuit sans sommeil ou presque, qui une fois à l'extérieur, ventre plein d'un copieux déjeuner au lit ne trouve pas mieux que de prendre rendez vous avec plusieurs négociants en fruits.
Trop tard pour faire machine en arrière !
C'est donc un brun qui cogite rapidement et décide avec sa mauvaise foi toute masculine de mettre ça sur le dos de Trois Pommes.
On ne peut se fier aux femmes. Tu charges la charrette à l'aube et elle s'engage à garder Gaby la fille de Siri. Voila l'excuse toute prête et inventée de toutes pièces qu'il bassina à qui veut l'entendre sur le fait de leur présence ce mercredi matin.
Et d'une Nikki de tenter d'argumenter en se redressant de toute la hauteur de ses trois pommes en vain. Acceptant en riant au final le loupé du brun.
Plonger dans le baquet, user des peaux de chèvres ponctua au final cette belle journée supplémentaire à Montpellier.
Ce fut donc ce jeudi que Lodève vit Peste franchir les portes de la ville de Lodève avec les deux bruns cavaliers sur son dos.
Et c'est d'un commun accord que la première chose qu'ils décidèrent de faire avant toute chose, c'est se rendre à l'eglise.
Les rendez vous pour l'un et l'autre furent pris.
C'est donc une taverne qui fut les frais des deux pécheurs. L'absolution attendrait encore quelque heures.
Ou pas.....
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Nikkita
Ils débordaient...
Pas seulement les draps quand les nuits noires se font blanches et que leurs corps électrisés envoient de toutes les couleurs...
Ils débordaient...
Pas seulement le baquet dans les ébullitions de leurs ablutions...
Non... Ils débordaient de péchés dont il fallait se laver. Ils s'y employaient au mieux. Une vraie crise de foi avant Noël.
Nulle absolution possible à leurs débordements, l'unique confesseur de la capitale languedocienne étant lui-même débordé. Tous deux habitués aux routes, les deux amants n'eurent aucune peine à admettre qu'il leur fallait des transports pour tenter de résoudre ce vicieux cercle vertueux. A Lodève, donc...
S'il y avait eu place pour un huitième péché, la menue vagabonde y aurait bien rajoûté celui de la mauvaise foi. L'oeil en jauge, le nez plissé d'amusement, incrédule mais non moins admirative, elle avait évalué le Wurmstein lancé dans son escalade avec une maestria consommée.


Hum... Garder Gaby, oui...


Elle la retiendrait, celle-là.

Après une halte nécessaire en chemin, sur l'invitation d'une vieille grange à l'abandon transformée en nid provisoire, étroitement entrelacés sur la grande peau, murmures chauds et alanguis de la nuit à l'heure après l'amour, c'est un petit matin frais et sec qui les cueille sur Lodève. Un de ces petits matins qui claquent et qui réveillent, y compris les bonnes résolutions. Ils n'en manquent pas. En débordent, même. Eglise prise d'assaut, c'est la conscience à demi tranquillisée qu'ils peuvent se poser dans une taverne promettant...
Repas de gourmet...
Qu'importe, ils sont là pour se laver l'âme avec une grande conscience...
Et ce n'est pas l'envie qui en fait défaut...
Le séjour promet d'être long...
Ou pas ?
Black07
[Du Languedoc en Helvétie]

Le voyage repoussé à la nouvelle année du fait de l'engagement du Wurmstein aux cotés de sa suzeraine sur une liste comtale, est lancé.
4 jours qu'ils ont pris la route.
Qui ?
Nikki, lui, Sub, Noellie, et Ali.
Nimes fut leur première étape et la ville au demeurant fort accueillante. Si Uzès et Montélimar ne furent guère des plus vivantes, Nikki et Le Pommier purent en jouir pleinement. Montélimar fut la ville des sucreries, du miel à foison. Dégusté et savouré de mille façons, plus divines les unes que les autres.
Fait important à souligner et pas des moindres, un Maquereau qui ne s'oublie pas en route et qui semble plus serein et moins éparpillé que sur Montpellier. 1466 serait il l'année des bonnes résolutions pour lui ? Il semble avoir pu faire la paix avec Lucie qu'il a pu revoir avant son départ pour le limousin confiant à Sub que Musaraigne là bas avait voulu la foutre dans sa couche. Encore là de quoi provoquer l'envie de vomir de Nikki. Musaraigne, le mourant qui tournoyait tel un chacal sur des femmes qu'il vomissait hier encore. Sans doute pensait il Lucie idiote à lui céder oubliant là, la désinvolture et le peu de considération qu'il lui portait naguère. Lucie, Lucie et Black et cette volonté de ne pas céder pour l'un et l'autre. Il était pourtant prêt à subir les foudres d'un Sub encore remonté envers l'ex épouse quelques temps plus tôt le sachant entretenir correspondance avec elle. Mais Black n'en avait cure, Lucie serait toujours en lui. Ils avaient traversés trop de bonheurs et de douleurs pour pouvoir tout effacer même si là ils s'enferraient dans une indifférence, l'un et l'autre, l'un pour l'autre.
Et la veille sur Montélimar également une blonde qui quitte le convoi pour faire demi tour à la recherche d'un tisserand à ses trousses.
Les retrouvailles se feront pour ces deux là sur Genève. Aucun besoin de s'attarder sur la route, même si à l'arrivée tous les bras seront utiles.
Plus de deux mille livres d'herbes y est d'après Trois Pommes en attente.
Pas à dire la vagabonde dans l'âme a su mettre à profit son temps libre en Helvétie.
Le petit Aimé, lui semble être voué pour les grands voyages, il babille et semble s'émerveiller pour tout.
Victoire en bonne maman a même pensé à offrir à Nikki une grosse boite de réglisse, afin que le petit homme puisse se faire les dents. Et d'un Black gourmand de l'aider à vider la boîte.
L'arrivé à l'aube sur Dié se fit dans une ambiance des plus détendues là encore. La ville est calme, l'hiver semble installé partout. Ils vont manquer Eléo de peu, cette dernière n'a pas trouvé mieux que de leur annoncer reprendre la mairie au prochain mandat et non la prendre, elle vieillit la belle rousse. Elle doit là être sur la route de retour.

Demain est un autre jour. Celui là il le savoure encore.
_________________
Nikkita
La forêt s'étend depuis deux jours autour des voyageurs, momentanément réduits à quatre. Au matin, tout le monde est encore là... Au complet, malgré les écarts de chemin aussi délectables que fantasques, d'une vagabonde haute comme trois pommes et d'un ancien mercenaire Seigneur des Pommes.

Je veux juste que tu saches que je serai là ....... lui a-t-il confié, quelques jours plus tôt, alors que poitrines s'assagissant lentement l'une contre l'autre d'une folle chamade, recouvraient à peine leur souffle.

Ô combien elle le sait...
Ô combien elle aime néanmoins l'entendre, de cette belle voix grave...

Encore et toujours, la tête vagabonde, rompue à l'exercice, se refuse à projeter l'arrivée à Genève. Pas simple ? Douloureuse ? Peut-être. Elle verra bien, quand il sera temps. Pour l'heure, il n'est pas jusqu'aux rarissimes et lointains échos qui ne viennent, première instinctive répugnance passée, tisser sur ce pan de vie la toile peu perméable du détachement. Autant d'épreuves, pour en arriver à cela ?

Mais cela, c'est aussi ce petit brun au regard clair qui partage à son insu ses bâtons de réglisse avec
Bak, et s'endort le soir sous les étoiles, jalousement veillé par le Chat'Ouille, lui aussi embarqué dans le voyage...
Cela, c'est aussi Sub, et cette profonde tendresse qui les lie, Sub qu'elle peut défendre jusqu'à l'indéfendable sous l'oeil sceptique de Noellie et les grognements incrédules du Wurmstein, Sub qui lui aussi est là et ne se perd pas, et s'y retrouve peut-être... Sub, que les amants complices ne se privent pas de chahuter, s'inventant médecins avant l'heure et diffusant à titre prophylactique toute mesure à prendre – et surtout celles à ne pas prendre – pour sa prétendue maladie.
Cela, c'est aussi cette jeune blonde atterrie en plein Roncier, et qui envisageait de sortir cravache pour les rejoindre au plus tôt afin de ne pas prolonger inutilement l'épreuve à venir...
Cela, aussi...
C'est ce grand brun qui il y a un an tout juste, pointait sa barbe à Genève, sous un feu nourri de piques échangées dans une immédiate connivence.

Comment pourrait-elle ignorer...


Tu es là, aujourd'hui... Et c'est c'que j'vois... lui avait-t-elle soufflé, alors que réflexion similaire se déposait d'un murmure chaud au creux de son oreille, lui arrachant un délicieux frisson.

Osmose...
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