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Où Gabrien découvre la chambre qui l'abritera le temps du séjour à Champignolles

Fifty shades of red

Lingelei
Gabrien
"Coquelicot". On imaginait qu'une chambre portant ce nom était spacieuse, haute de plafond et parée de fenêtre qui permettaient aux bas rayons d'hiver de venir éclairer des draps, des murs ou des rideaux d'un rouge évoquant cette fleur si délicate.

Et bien Gabrien ne fut pas déçu ! Après avoir remercié Tibère de les avoir guidés, Nicol et lui, par les couloirs jusqu'à destination, il actionna la poignée de la porte qui s'ouvrit sur une chambrée dans laquelle il se sentit immédiatement bien. Il ne put retenir son envie de partager son enthousiasme avec son commis qui se déchargeait avec un soulagement visible de ses paquets.


Regarde moi ça comme c'est mignon ! Très belle de couleur de murs, quoiqu'elle ne soit pas "coquelicot", je dirais qu'elle évoque plutôt le ton des murs antiques... oui, c'est cela, il s'agit du rouge pompéien. Inspirant n'est-ce pas ? Puis ces petits carreaux de céramique rouge sur le sol comme autant de boutons de fleur : un champ de coquelicots à demeure ! Lin fut bien inspirée pour le nom. On reconnaît la femme de goût.

Il s'approcha ensuite de la fenêtre et la litanie recommença. Voulez-vous vanter les qualités d'un bicoque perdue dans les bois ou d'un immense manoir au milieu d'un vaste domaine ? Appelez Gabrien ! Il aura le don de trouver des qualités à quatre planches assemblées par l'adjoint d'un apprenti-charpentier ou de s'extasier sur la beauté d'un terrain où seuls les cailloux peuvent pousser, alors, Champignolles, pensez donc !

Regarde Nicol comme la vue qui nous est offerte est charmante ! C'est fou de constater à quel point un sobre éclairage d'hiver donne du relief et de la magnificence à un lac si calme. Mon Dieu quelle splendeur... Qu'en penses-tu Nicol ? Nicol ?

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Nicol
Nicol était soulagé d'être enfin arrivé. Le voyage lui avait semblé long et, quoiqu'en dise Gabrien, il avait bien remarqué, lui, qu'il leur était arrivé de passer deux ou trois fois aux mêmes endroits. Il s'était bien gardé de faire la moindre suggestion à son père adoptif sur la route à prendre, ne voulant pas heurter sa fierté. Il s'était donc contenté de patienter, bien enroulé dans sa couverture, aux côtés de Clémence et Agnès, coincé entre un jambon et une caisse de calva.

Une fois arrivé, il avait dételé et bouchonné Normand avec l'aide de Tibère puis suivi celui-ci jusqu'à la chambre qu'il n'était pas fâché d'enfin découvrir ! A peine le pas de porte franchi, il laissa choir malles et paquets qu'ils agença ensuite comme il put au pied du lit.


Gabrien a écrit:

Regarde moi ça comme c'est mignon ! Très belle de couleur de murs, quoiqu'elle ne soit pas "coquelicot", je dirais qu'elle évoque plutôt le ton des murs antiques... oui, c'est cela, il s'agit du rouge pompéien. Inspirant n'est-ce pas ? Puis ces petits carreaux de céramique rouge sur le sol comme autant de boutons de fleur : un champ de coquelicots à demeure ! Lin fut bien inspirée pour le nom. On reconnaît la femme de goût.


Le regard de Nicol, lui, s'était automatiquement posé sur le lit dont il avait cherché à estimer la largeur bien plus qu'en admirer les couleurs. Confort et pragmatisme avant tout ! Quant aux nuances de rouge, il n'en connaissais pas cinquante, deux lui suffisaient : le rouge clair et le rouge foncé. Cependant, un peu pour essayer d'apprendre, beaucoup pour faire plaisir à Gab, il hocha la tête d'un air convaincu.

Gabrien a écrit:
Regarde Nicol comme la vue qui nous est offerte est charmante ! C'est fou de constater à quel point un sobre éclairage d'hiver donne du relief et de la magnificence à un lac si calme. Mon Dieu quelle splendeur... Qu'en penses-tu Nicol ? Nicol ?


Non, Nicol n s'était pas encore précipité pour admirer la vue. A cet instant, il était occupé à éprouver la souplesse du matelas après s'être assuré que la provision de bûches était suffisante pour la durée du séjour. La cheminée était propre et il avait noté la présence d'un broc pour leur toilette matinale. Voilà le genre de détails qui le préoccupaient, lui. Il fallait bien que quelqu'un s'en préoccupe d'ailleurs : ce n'est pas avec des vers et des rêves que l'on s'assurait le confort de la vie quotidienne.
Néanmoins, il délaissa son inspection minutieuse pour s'approcher à son tour de la fenêtre. C'est vrai que ce lac était une splendeur...


Vous avez raison Maître Goupil, ce lac est merveilleux. Il me fait penser à chez nous. Il est gelé par endroit, pensez-vous que nous pourrions y faire des glissades ?


Son regard resta accroché encore un moment aux reflets mordorés de l'eau à demi-gelée et au givre qui faisait scintiller l'écorce des arbres comme des diamants, puis, toujours très pragmatique, il demanda :

Ne devrions-nous pas descendre saluer le reste des invités et proposer notre aide aux maîtres de maison et voir si dames Clémence et Agnès n'ont besoin de rien ?

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