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[rp] Puisque la nature nous a donné l'un à l'autre

Samael.
C'est un peu une déclaration
Même si je sais que tu n'es pas
Le remède ni la solution
Tu n'es qu'une attelle à mon bras
Ce petit rien qui nous lie
Aux autres quand ça ne va pas
Un ultime langage de survie
Qui remet le monde à l'endroit
Le reste on en reparlera



Imprévisible
Instable et fou.
Voilà ce qui se miasmait dans mon dos.
Pauvres et stupides êtres pathétiques, s’ils pensaient que je ne les entendais pas, que je ne lisais pas sur leur visage bovin toute la misère de leur pauvre vie étriquée et fade qui a force de rentrer dans le moule, ressemblaient de plus en plus à une tarte.

Imaginez la forme de la boite crânienne, son épaisseur, sa dureté. Comparez le plan mental a une scene de théâtre sur laquelle évolue des personnages, ce sont les images, les pensées. Ordonnez a ses acteurs de se retirer, et conservez une seule image. Installez vous dans cette pensée et a ce moment vous cessez de faire, et commencez a être.
Là était toute la différence entre le commun de mortels et moi. Je ne faisais pas, j’étais. Pas de demi-mesure, je ne savais pas tenir un rôle agissant en même temps que mon cerveau tournait, sans contrôle et sans retenue.
Je n’aimais que lui. D’un amour inconditionnel et sans appel et certes à son opposé, je n’étais pas prêt à m’engager dans une relation de couple autre que lui, la dernière demoiselle en date ayant connu un sort funèbre, j’avais préféré lui hoter la vie plutôt que de prendre le risque de la perdre.
Seul Judicael comprenait ma façon de penser et d’interragir et remettait les rouages dans le bon sens. Il était mon garde-fou, ma moitié, mon tout qui m’assurait une stabilité sécurisante.
Rebel et anarchique, il suffisait un signe, un regard de sa part pour que tout rentre dans l’ordre. Je trouvais la paix dans ses yeux océans, dans son odeur, dans sa voix et la chaleur de ses gestes.
Le moindre petit grain de sable pouvait me perturber et quand son attention se porta sur une Immaculée de façon régulière, je faillis en crever.
Certes, la demoiselle tombait comme un miracle, un remède aux maux de Cael qui depuis quelques temps s’enfonçait dans des abysses artificiels dont je n’arrivais pas à le relever. Inconsciemment, la belle remettait de l’ordre dans nos rôles inversés qui bousillaient notre quotidien
Mais. Il y a toujours un mais.
La jalousie me rongeait, me bouffait et m’affolait à chaque fois ou mon jumeau me délaissait pour se perdre dans son univers à elle.
Pour la seconde fois, j’étais exclu d’une partie de lui et j’en crevais me sentant trahi jusqu’au trou du fion.
Pour la seconde fois, j’agissais de façon hypocrite et non pas spontanée. Seul, je ruminais, je ressassais les pires injures et les pires sévices à lui faire subir à son retour et une fois face à face, comme un flan, toutes les mauvaises pensées s’envolaient et je m’effondrais contre lui pour retrouver ma bulle…notre bulle.
Ma came à moi, c’était mon jumeau.



Pour vivre avec toi
Tu es mon chez moi
Mon premier et mon second choix
Mon rêve d'absolu qui ne tarit pas



Le soir, il la raccompagnait et je devais prendre les devants et l’attendre sagement dans notre piaule. Il n’aimait pas se coucher dans un lit froid et comptait sur ma chaleur pour y remédier.
Mais cette fois-là, l’imprévu mit sur mon chemin, une petite blonde à croquer qui lorsque je lui demandais si elle voulait baiser, répondit par l’affirmatif et m’embarqua chez elle.
Culpabilisais-je ?
Non.
Enfin si un peu, mais à chaque coup de reins, je savourais ma vengeance de savoir mon double esseulé dans une chambre miteuse à m’attendre et à se faire du mauvais sang.Plus je me promettais de rentrer au bout de deux jours, plus le manque se fit ressentir.



Malgré tous mes démons
Les menottes que j'ai aux bras
Si je te quitte pour de bon
Le lendemain je cours vers toi
Le reste on en reparlera


Bien que la besogne fut baclée sur la fin, l’aube pointait quand je regagnais le bercail, silencieusement, malgré le plancher grinçant sous mes pieds nus.
Il s’était endormi, ses cheveux roux étalés sur l’édredon, bien au milieu de la couche, les bras en croix, il prenait toute la place.
Mais qu’il est beau ! L’avais-je dis tout haut ou seulement pensé ?
Me déshabillant, je l’observais dans la demi pénombre. A l’exterieur, les rues reprenaient lentement vie, chacun allant vaquer à ses occupations, mais quand on est un oiseau de nuit, c’est l’heure à laquelle, j’avais rendez-vous avec morphée.
Nu comme un ver (un splendide ver bien monté), je m’allongeais contre ce jumeau, sur le côté vu la place qu’il prenait, collant mon dos à son flan, sa chaleur coupant le frisson qui me secouait.



Pour vivre avec toi
Tu es mon chez moi
Mon premier et mon second choix
Mon rêve d'absolu qui ne tarit pas
Judicael.
- j'espère qu'elle était bonne...

Lâcha-t-il à demi ensommeillé.

Car jumeau esseulé n'embrassait jamais vraiment sommeil. Samael, dès lors qu'il désertait la couche fraternelle, devenait un soucis. Une bulle de problème.

Il pouvait tuer le premier passant qui l'aurait contrarié d'un regard. Pouvait violer la première fille qui l'aurait frôlé de trop près. Pouvait faire de tout l'insensé, le geste fou, le crime. Chien instable lâché aux rues.

Revenant ainsi au giron de son frère, le fol revenait à la raison. Une raison qui ne tournait pas comme les autres, certes, mais une raison qui ne tuait personne.

Judicael était le seul être sur cette foutue terre à avoir de l'emprise sur Samael. Le seul, l'unique, et personne d'autre que lui ne savait apaiser les crises fraternelles. Les violentes, les inattendues, les mornes, les tristes, les brutales, les anarchistes.

Les corps mâles se juxtaposèrent, retrouvant la chaleur mutuelle. Il faisait froid à Brissel, cet hiver là. Il faisait faim aussi, souvent. Et les torses qui se heurtaient grondaient souvent du mal des chiens errants. Les mains qui se liaient tremblaient souvent des substituts à la disette. Ceux que Cael consommait allègrement.

Les jumeaux étaient secs, physiquement nerveux. Une viande dans laquelle on redouterai de mordre, sans tomber sur l'os licencieux, le nerf cartilagineux. Malgré le besoin de symétrie de Samael, le plus obsédé par l'ordre des deux, Judicael souffrait d'un physique plus abîmé. L'estafilade de la cuisse, témoignait de sa propension à sortir le fol des pires situations. Les multiples césures, piquetant la peau dure, attestaient d'une vie de misère. De violence et de galères.

Les roux n'avaient pas le physique d’Apollons valeureux.

Retournant au sommeil, Cael ne manda pas d'explications. Renards étaient libres, en toute saisons, mais liés par les chaines de leur naissance commune. Il était revenu, ses mains n'étaient pas tâchées de sang. Il ne souffrait que du sommeil venant. Voilà tout ce qui importait. Il avait bien cette odeur sur lui... Une odeur étrangère. Une fille , une passagère... Mais il était revenu. Baste, n'en parlons plus.

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