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Info:
A la "Dent de Goupil", la vie s'écoule avec ses petites péripéties mais sans drames. Gabrien a par contre un peu de mal à entretenir tout ça, n'ayant pas l'âme d'une fée du logis. Mais peut-être en est-ce une qui vient de franchir son huis.

[RP]Chez Gabrien / la dent de Goupil / la baraque à barbaque

Gabrien
L'ouverture de deux topics serait trop encombrante, prière juste de spécifier au début du post si vous entrez dans l'échoppe de Gabrien appelée "La baraque à Barbaque" qui occupe une pièce de sa maison à laquelle vous pouvez aussi frapper et à l'arrière de laquelle se trouvent ses champs où si vous pénétrez à l'intérieur de la ""Dent de Goupil", son auberge sise de l'autre côté de la place du marché.
Afin de ne pas laisser trop d'histoire inachevée, il est judicieux de se mettre d'accord sur une trame au préalable, pas d'obligation cependant, tout le monde est bienvenu.


Citation:
Si vous longez la place d'Honfleur, vous trouverez une auberge baptisée
🦊𝔏𝔞 𝔇𝔢𝔫𝔱 𝔡𝔢 𝔊𝔬𝔲𝔭𝔦𝔩🦊.
Cette auberge, ouverte en juillet 1465 ne diffère pas vraiment des autres auberges : façade large en pierre, elle fait face au marché. Une ruelle la sépare de la taverne municipale.

A l'intérieur, rien non plus d'exceptionnel : un comptoir qui supporte Kyu, renard empaillé rapporté d'Angleterre par Batermy, une cheminée, un mobilier simple, un escalier menant aux quatre chambres du premier étage louées très souvent pour un prix modique, voire gratuitement. Dans la pièce arrière, dérobée à l'oeil du visiteur, un joyeux désordre règne.

De l'autre côté de la place, "🍖𝔏𝔞 𝔟𝔞𝔯𝔞𝔮𝔲𝔢 𝔞̀ 𝔟𝔞𝔯𝔟𝔞𝔮𝔲𝔢🍗" constitue la première pièce de la demeure de Gabrien où vous le trouverez quand il n'est pas à l'auberge. Son commis Nicol, devenu son fils adoptif, y apprend le métier de boucher : c'est lui que vous trouverez le plus souvent en train de ficeler des rôtis, barder des gigots ou débiter des côtelettes.

Où que vous alliez : bienvenue !





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Gabrien
Ce matin-là, Gabrien avait failli trébucher en sortant du lit sur certains de ses livres qui jonchaient le parquet, avait mis un temps fou à retrouver sa deuxième chausse qui se dissimulait, traîtresse, derrière le banc-coffre et avait perdu de précieuses minutes à déblayer un coin de table pour pouvoir y prendre sa tisane.
Il arriva à la "Dent" un peu grognon quand, dans l'arrière-cuisine, il constata que la vaisselle de la veille n'avait pas été faite et qu'il lui fallait donc commencer sa journée par les corvées ménagères.

Un peu plus tard, il sera encore temps...

Il revint dans la salle et, alors que machinalement, sa main caressa Kyu, son renard empaillé, son doigt rencontra un petit monticule de poussières. Il soupira une nouvelle fois. De ronchonne, son humeur devint amère. Ce n'était pas sérieux tout ça... Son premier réflexe fut de héler son commis, Nicol mais il se retint. Ce n'était pas la solution. Il se servit un petit coup de calva, la gnôle avait la vertu de rendre les idées plus claires, c'était bien connu.


Alors, voyons les choses avec un oeil optimiste : cette taverne est agréable, nonobstant quelques petites toiles d'araignées qui lui donnent un certain cachet. J'ai bien assez de vaisselle pour servir le client dans des bonnes conditions même si elle n'est pas immaculée, elle reste présentable...

Il sourit, reprit une gorgée et laissa à nouveau son regard vagabonder. Il s'accrocha cette fois à une cruche rendue lépreuse par des petites étoiles de gras.

Voyons maintenant la réalité en face : encore quelques semaines à ce rythme et on ne différenciera plus cette taverne ou ma maison de l'enclos à cochons ou son propriétaire d'un verrat !

Cette dernière pensée le déstabilisa un peu. Il poursuivit sa réflexion en pétrissant une boulette de pain qui, nota-t-il au passage, ne devait pas se trouver là. Même s'il avait longtemps renâclé, le moment était venu à présent de ne plus se conduire comme une bourrique béarnaise et de prendre les choses en mains. Après un petit tour dans la salle arrière, il revint avec un parchemin qu'il entailla et qu'il cloua à la porte d'entrée.

Pam,pam, pam... le marteau finissant son ouvrage, voici ce qu'il révéla :



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Agnes.prunier
[Promenade non loin de l'hostellerie 🦊𝔏𝔞 𝔇𝔢𝔫𝔱 𝔡𝔢 𝔊𝔬𝔲𝔭𝔦𝔩🦊 ]


Elle voulait voir Bayeux, elle avait vu Bayeux.
Mais ses pas escorteurs l'avaient ramenée à Honfleur.
C'est joli aussi Honfleur, avec son port empli de navires aux coques colorées et ses hautes maisons étroites bordant les quais.

L'accueil chaleureux reçu l'avait persuadée de rester quelques temps, mais un soucis la tenaillait depuis quelques temps.
Les sous.
Sans sous on ne peut vivre correctement, or sa logeuse lui prenait bien la moitié de son traitement journalier et elle devait payer son écot pour les trois repas quotidiens.
Sans compter le mou acheté pour ce chat des rues qui se collait à ses souliers depuis quelques jours et la savonnette à la rose dont elle ne pouvait se passer.
Seul luxe d'ailleurs qu'elle s'accordait.

Ses pas la menèrent sur la grand'place où l'envie de rejoindre l'auberge de messire Gabrien la prit pour siroter une timbale d'infusion, son autre petit luxe...

Son nez tomba nez à nez avec une affiche. Ses pupilles suivirent son nez...


- Tâches ménagères... logis et couvert, en plus de la gratitude...

Han ! Mais cet emploi était tout fait pour elle !

Elle poussa le battant et entra, le coeur battant...


[🦊𝔏𝔞 𝔇𝔢𝔫𝔱 𝔡𝔢 𝔊𝔬𝔲𝔭𝔦𝔩🦊 ]


- Messire Gabrien ?

Refermant le battant, elle laissa ses yeux s'habituer à la pénombre.
Oui parce qu'au dehors, ce n'était que soleil !
Puis elle regarda le... et bien le foutoir.
Foutoir qui la faisait toujours sourire, car elle se doutait bien que l'aimable homme était si occupé avec ses ouailles qu'il ne devait guère pourvoir à ses devoirs domestiques.


- Messire Gabrien ? Houhou... C'est Agnès. Agnès Prunier, comme l'arbre.

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Gabrien
Il aurait voulu que, sitôt l'affiche placardée, sa bonne-dame (ainsi sa mère nommait-elle les fées quand il était petit), apparût une éponge à la main et que, d'un large mouvement circulaire, elle eût tout rendu étincelant. Malheureusement, nous étions à Honfleur en 1466 et pas "un jour, dans royaume fort lointain" où les elfes disputaient aux lutins la joies de dispenser aux hommes leurs bienfaits ! Alors, à contrecœur, après avoir constaté que seul le vide l'entourait, il était rentré et s'était résolu à faire la vaisselle. Frotter les gamelles était pour lui du temps perdu, aussi avait-il tenté de le rentabiliser en se répétant ses leçons de théologie. Malheureusement, cela avait eut pour effet de le distraire au point d'oublier des taches qu'il lavait avec grande concentration quand il les remarquait, entraînant par là-même la perte du fil de son raisonnement théologique. Bref, il mettait deux fois plus de temps pour ne rien faire de bien ! Il entamait sa deuxième dizaine de soupirs de la journée quand...

Citation:
- Messire Gabrien ? Houhou... C'est Agnès. Agnès Prunier, comme l'arbre.


Tout heureux de trouver à si bon compte un prétexte pour interrompre ses tortures ménagères, il lâcha aussitôt la coupe qu'il lavait l'instant d'avant et s'essuya les mains sur une touaille qui se trouvait miraculeusement à sa place.

Voilà, voilà, j'arrive.

Il se souvenait très bien d'Agnès, notamment parce que la jeune fille se promenait souvent en halle où elle mettait beaucoup de coeur à participer aux animations... un bon point pour elle. Sans doute devait-elle venir se restaurer et la première pensée de Gabrien fut "Pourvu qu'elle ne souhaite qu'une miche de pain et pas de la viande ou du poisson : il me faudrait mettre la main sur de la vaisselle propre !"
Il ne savait pas grand chose d'elle au fond, si ce n'est qu'elle savait écrire, et plutôt pas mal. Il avait eu en effet la joie de découvrir qu'elle avait mis son petit grain de sel à la "Cabane aux quatrains"... un autre bon point. Elle ne devait pas avoir atteint la vingtaine, ou alors, à peine. Se pouvait-il qu'elle vînt pour répondre à l'annonce ? A cette idée, son pas se fit plus décidé et il afficha son plus grand sourire pour l'accueillir.


Mademoiselle Prunier ! Quel plaisir, quelle joie ! Que puis-je pour votre service mon enfant ? Je peux vous offrir la tisane ou le calva ? J'ai bien vu que vous aviez l'air de l'apprécier la dernière fois. Mais je vous en prie, asseyez-vous donc.

Discrètement, la touaille toujours à la main, il chassa quelques mies de pain qui traînaient sur la table qu'il longeait, comme si ce geste ridicule suffisait à gommer toute la poussière de la taverne et à rendre impeccable la salle dans son ensemble !

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Agnes.prunier
Gabrien promenait vaguement un torchon le long de la table et Agnès remarqua des miettes tomber sur les dalles de pierre.

- Bonjour messire Gabrien ! Non mais oui mais rien du tout ! Je ne viens pas pour ça... en fait, c'est votre annonce que vous avez placardée sur la porte...


Du doigt, elle pointa le battant...

- Vous cherchez une gouvernante qui s'occuperait de tout tout tout dans votre auberge ? Je suis votre femme ! Votre homme ! Les deux ! Rit-elle en emberlificotant ses mots.

- Puis en fait, une infusion ne serait pas de refus... Parlez-moi de ce poste je vous prie... et je vous dirai ensuite s'il me convient et vous donnerai plus de détails sur mes compétences. A vous de me dire si à mon tour je vous conviendrai.

Pour parler sérieusement travail, elle prit un siège et fit un clin d'oeil au renard empaillé. Elle espérait que cet animal avait eu une belle vie avant de finir ainsi.

- Allez-vous bien au fait ? lui demanda t-elle en souriant...

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Gabrien
Suivant son regard qui était tombé sur sa touaille, il la cacha précipitamment derrière son dos dans un mouvement trop rapide que pour sembler naturel. Il élargit encore son sourire quand il l'entendit dire :

Citation:
- Bonjour messire Gabrien ! Non mais oui mais rien du tout ! Je ne viens pas pour ça... en fait, c'est votre annonce que vous avez placardée sur la porte...


Le sourit s'élargit si fort que l'on aurait sans doute pu apercevoir ses molaires avec un peu de bonne volonté ! Ses yeux aussi devaient sans doute se mettre à sourire, les prunelles s'agrandirent. Agnès n'était plus Agnès mais sa Bonne-Dame ! Un ange !
Il se reprit, fallait pas exagérer quand même, il ne s'agissait somme toute que d'un peu de ménage, mais lorsque l'on connaissait l'amour que le Goupil lui portait ! Alors, il tâcha de prendre une attitude décontractée et posa un silence pour la laisser continuer.


Citation:
- Vous cherchez une gouvernante qui s'occuperait de tout tout tout dans votre auberge ? Je suis votre femme ! Votre homme ! Les deux ! Rit-elle en emberlificotant ses mots.

- Puis en fait, une infusion ne serait pas de refus... Parlez-moi de ce poste je vous prie... et je vous dirai ensuite s'il me convient et vous donnerai plus de détails sur mes compétences. A vous de me dire si à mon tour je vous conviendrai.


Oui alors en effet, il s'agirait de... mais laissez-moi d'abord vous servir...

Il prit la direction du comptoir mais à peine avait-il fait un pas qu'il tourna à nouveau les talons. Il convenait d'abord de la faire asseoir, c'était plus délicat. Puis non, la tisane d'abord. Nouveau demi-tour et la tête qui tourne un peu...

*Mon pauvre Gabouille ! Dire que tu es plus détendu que ça quand tu es face à mère Eloin qui t'interroge sur la pérennité de l'âme ! Lache ce torchon, t'es ridicule !*

Gab s'appliqua afin de concocter une tisane qu'il souhaitait être la meilleure du monde : la bonne tenue de sa maison en dépendait après tout ! Il offrait de temps à autre un sourire à Agnès afin qu'elle ne s'impatientât pas tandis qu'il posait sa plus belle tasse sur un petit plateau. La reyne n'eut pas été mieux servie !

*Ah oui ! ne pas oublier le miel !*

Il prit le pot de miel et s'aperçut qu'il avait oublié de le refermer, il ôta donc discrètement la mouche qui avait cru bon de venir s'y noyer (le Très-Haut punit le péché de gourmandise même chez les mouches !), agença harmonieusement le plateau qu'il porta tout fier à sa visiteuse.


Citation:
- Allez-vous bien au fait ?


Oh parfaitement, le merci. Et vous même ? J'espère que votre séjour se passe au mieux...

Il prit place sur la chaise face à elle et exposa :

Alors voilà, il s'agirait d'entretenir cette taverne et ma maison. Essentiellement du nettoyage donc. Si parfois vous pouviez repriser mes bas, j'ai souvent tendance à les trouer je ne sais comment !

Tiens ! Le teint de Gab rosit !

Vous logeriez dans une des quatre chambres de l'étage. Je vous conseille la première : elle est pile au-dessus de la cheminée que vous voyez là et la fenêtre donne sur l'arrière : le côté le plus calme. Vous aurez droit de vous restaurer ici trois fois par jour : pain et soupe avec, de plus, le droit de vous servir à la boucherie. La cuisine n'est pas à votre charge, je me débrouille pas mal. Nicol aussi d'ailleurs. Nicol à qui vous pourrez demander un coup de main, il est volontaire et travailleur et d'humeur toujours égale, je pense que vous vous entendrez bien tous les deux. Je vous rassure, vous n'aurez pas non plus à gérer les clients : je m'en charge en l'absence de Clémence mais si cela vous amuse de jouer à la tavernière...

Comme il voulait à tout prix s'assurer les services d'Agnès, il ajouta :

Bien sûr, repos hebdomadaire le dimanche !

Et encore :

Euh... et à la Sainte-Agnès ?

Il essayait de lire les pensées d'Agnès dans ses yeux mais était un peu trop troublé que pour y lire quoi que ce soit. Ses doigts n'avaient cessé de se croiser et décroiser durant toute sa tirade...





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Agnes.prunier
Messire Gabien semblait s'empêtrer dans ses préparatifs, ce qui fit rire Agnès tout gentiment.

A sa première question, elle lui répondit sincèrement tout en écarquillant les yeux sur le plateau si bellement préparé.


- Ho oui oui je me porte très bien aussi, merci beaucoup. Et merci pour la tisane, c'est vraiment gentil à vous... Alors, je vous écoute...

Tout en se servant du bâtonnet de bois pour prendre du miel, elle se concentra sur ses éclaircissements.

Après avoir touillé la tisane, elle la but à petites gorgées prudentes, hocha la tête par intermittences en lui souriant et observa aussi la salle, du sol au plafond...

La salle n'était point très grande, il faudra penser à astiquer la rambarde des escaliers... dépoussiérer le renard... répandre de la paille fraîche sur le sol régulièrement...

Une fois que le curé eut terminé ses explications, Agnès reposa la tasse sur la table en riant et...


- Oui, à la Sainte Agnès !

Puis énumérant à l'aide de ses doigts les jours de congé qu'elle aimerait bien...

- Ainsi qu'à Noël, le premier jour de l'an nouveau et des congés de quelques jours de temps en temps. Rarement rassurez-vous. Et je souhaite travailler pour vous tous les matins et en toute fin de journée pour ranger et nettoyer la salle pour le lendemain, mais il me faut les après-midi pour exercer un petit travail afin de gagner quelques écus. Est-ce envisageable pour vous messire Gabrien ?

Elle reposa sa main sur la table...

- Quant au travail à effectuer, toutes ces tâches entrent dans mes cordes. Je sais aussi repriser, alors promis, je n'agrandirai pas un peu plus les trous de vos bas...

Sourire malicieux... Puis d'autres questions fusèrent...

- Quel âge a votre fils Nicol au fait ? Et la bestiole sur le comptoir, a t-elle un petit nom ? Dernière question... en riant... Puis-je apporter un chat ci-lieu ? Il me suit partout et porte le nom doux de... ne riez point ! de Titus.

La mine réjouit, en attente de ses réponses, elle scruta cet homme qui enfin lui offrait un avenir et surtout la sécurité... et termina l'infusion qui avait déjà un petit peu refroidi.

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Gabrien
Agnès a écrit:
- Ainsi qu'à Noël, le premier jour de l'an nouveau et des congés de quelques jours de temps en temps. Rarement rassurez-vous. Et je souhaite travailler pour vous tous les matins et en toute fin de journée pour ranger et nettoyer la salle pour le lendemain, mais il me faut les après-midi pour exercer un petit travail afin de gagner quelques écus. Est-ce envisageable pour vous messire Gabrien ?


Impossible de dénombrer les hochements de tête qui avaient ponctué chaque début, milieu et fin de phrases ! Gabrien était prêt à bien des concessions pour voir s'éloigner la perspective des nettoyages quotidiens. Il se sentait littéralement persécuté par la serpillière qui refusait de faire son oeuvre quand elle était manipulée par ses soins. A l'inverse, il devinait en Agnès une dompteuse d'éponges, une vraie dresseuse de balais qui saurait se faire obéir et respecter des taches qui apparaissaient là où on ne les attendait pas.


Et bien tout ça me parait plus que raisonnable. Il va de soi que vous chômerez également lors de quelques autres fêtes sacrées afin de pouvoir vous rendre à la messe.

Il avala à son tour une gorgée de la tisane dont il s'était versé une rasade dans "son" godet (celui-là même qu'il n'était pas nécessaire de laver après chaque usage !) Une pensée en profita pour lui traverser l'esprit :


Quel genre de travail pensez-vous exécuter l'après-midi ? Pas que je sois curieux mais je ne saurais vous imaginer vous faire gruger par quelque employeur peu scrupuleux qui exploite les jeunes filles dans votre genre deux sous de l'heure pour des besognes qui rebuteraient même les souillons.

Suspicieux, il jeta un coup d'oeil à gauche puis à droite comme le tire-laine qui s'apprête à chiper une pomme sur l'étal du marchand. Quelle révélation s'apprêtait-il à faire avec cet air mystérieux ? Il plaça la main contre son visage, dérobant le mouvement de ses lèvres au regard de l'éventuel mais absent espion qui aurait risqué un oeil inquisiteur à l'intérieur de la pièce et dénonça sur un air de conspirateur :

Ne vous laissez pas berner par les promesses du mercier. Il est de notoriété publique qu'il remplace les plus petites pièces de votre salaire par les boutons qu'il ne peut vendre. Puis... il vous engage pour "donner un coup de balai dans ses dépendances" et vous vous retrouvez en moins de temps qu'il ne faut pour le dire en train d'enlever le fumier son étable ! Voilà ce qu'il appelle "ses dépendances" !


Il se redressa en hochant la tête, plus lentement cette fois, afin de donner de la crédibilité à ses révélations.


Agnès a écrit:
- Quant au travail à effectuer, toutes ces tâches entrent dans mes cordes. Je sais aussi repriser, alors promis, je n'agrandirai pas un peu plus les trous de vos bas...

- Quel âge a votre fils Nicol au fait ? Et la bestiole sur le comptoir, a t-elle un petit nom ? Dernière question... en riant... Puis-je apporter un chat ci-lieu ? Il me suit partout et porte le nom doux de... ne riez point ! de Titus.


Bénie soit cette femme aux doigts de fée ! pensa-t-il avant de rire en entendant la fin de phrase et de répondre :


Nicol a treize ans, il en aura quatorze le 21 de ce mois. Figurez-vous que c'est également le jour de la sainte-Agnès ! Il n'y a pas de hasard n'est-ce pas ?

Je pense que je pourrais vous faire profiter de mes talents de cuisinier ce jour-là en y mettant deux fois plus d'ardeur que d'habitude. D'autant que je vais vous faire une confidence : c'est le premier anniversaire que nous fêterons ensemble.


Il laissa ses yeux se perdre dans le vague. Il revoyait sa rencontre avec Nicol qui lui paraissait remonter à tant de temps déjà. Fixant toujours un point invisible loin derrière Agnès, le plat de la main caressant lentement la surface de la table, il se mit à raconter leur rencontre comme s'il en était cette fois le spectateur décrivant une scène projetée sous ses yeux. Le ton était presque neutre, pourtant, c'était la nostalgie qui le submergeait quand il relata :


C'était en juillet. Je l'ai rencontré à Dieppe alors que j'arrivais de Champagne. Je me promenais dans la ville, quand j'ai senti tout-à-coup que l'on essayait de me dérober ma bourse. En me retournant, j'ai vu pour la première fois ce grand échalas, sale et maigre. Tout en lui faisant la morale comme le père supérieur du monastère, je ne pouvais m'empêcher d'être intrigué par son regard. Il y avait dans ses prunelles une lueur particulière, presque captivante. Une lumière qui disait "Parle donc, je la connais ta sérénade. Tu crois que je vole pour faire enfler le trésor que je cache sous mon oreiller espèce de panouille ? Tu crois que tu me l'apprends que ce n'est pas bien de voler et que grâce à ton discours salvateur je vais arrêter et me laisser crever de faim ? Enfin, tant que toi tu crois qu'un sermon vaut du pain pour se remplir la panse et que tu me lâches la grappe sans appeler les gens d'arme... "

Bref, je me suis senti bête, je l'ai invité à partager des oeufs au lard en taverne. Là, il s'est détendu, m'a d'abord raconté sa vie puis s'est mis à parler de tout, de rien avec beaucoup de vivacité d'esprit. J'ai pensé "Mais quel gâchis !" Son père ne lui parlait que par l'entremise d'une ceinture en cuir ou de bouteilles vides, le forçant à commettre divers larcins pour payer son alcool qu'il n'avait jamais fini de payer car il ne finissait jamais de le cuver. Alors, j'ai décidé d'aller le trouver, sans trop savoir ce que j'allais faire. J'avais un peu la trouille. Peur qui s'est vite muée en dégoût quand j'ai rencontré cet indigne géniteur qui m'a proposé de vendre... oui, oui...de vendre Nicol. Je lui ai jeté tout l'argent que j'avais au milieu de la pièce et, le ventre noué, j'ai entraîné celui qui était devenu mon commis par ce geste dehors.
En octobre, la semaine où je devais épouser Babette, j'ai décidé de l'adopter. Je me disais que me doter d'un fils et d'une épouse la même semaine porterait mon bonheur à son paroxysme.


Le rideau devait être tombé sur la scène car Gabrien revint ici et maintenant. Il adressa un large sourire à Agnès et souleva le chat qui se frottait contre ses jambes.

Ainsi donc tu t'appelles Titus ? Tu dois être un redoutable pêcheur gracieux félidé !

Il le posa sur ses genoux, se mit à le caresser et reprit à l'attention d'Agnès sur un ton badin :

J'adore les animaux. Titus est bienvenu, je ne doute pas qu'il copinera rapidement avec les autres chats que je n'ai point nommés encore mais qui savent qu'ils trouveront toujours ici bon accueil et gamelle pleine et qui hantent souvent la cour ou l'étable. Par contre, il faudra qu'il apprenne à respecter mon lanier, Mademoiselle. Je l'ai recueillie alors qu'elle n'était encore que fauconneau et je l'ai dressée avec l'aide du fauconnier royal. Oui madame ! Je possède un rapace plus noble que je ne le serai jamais qui se montre très doué dans la chasse aux lièvres. Le reste de ma volière : Phoenix, mon pigeon obèse pour les lettres de proximité et Himèle, ma mouette porteuse de messages longs-courriers. Sinon, vous connaissez déjà Normand, mon mulet, qui partage temporairement sa mangeoire avec Alphabète: l'âne de mon ami Sinbad parti guerroyer en Méditerranée, et avec Doucette, la vache que j'ai achetée pour me fournir en lait frais chaque jour afin de satisfaire les envies gourmandes de ma petite Adénor dont vous ferez bientôt la connaissance... Et sur le comptoir, c'est Kyu ! Nom japonais signifiant "renard" pour un goupil qui devait de son vivant glapir en anglois !

Il gratouillait la nuque du chat, se mit à agacer un peu ses moustaches pour jouer avec lui, il en oubliait presque la raison de cette conversation. Puis, un éclair de lucidité lui frappant l'esprit,il reprit son sérieux :

Ah oui, alors, nous disions donc... marché conclu ?

Il sourit à celle qui deviendrait officiellement sa gouvernante sitôt qu'elle frapperait la main qu'il lui tendait.

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Agnes.prunier
Gabrien hochait la tête et buvait toutes ses paroles. Il semblait tellement heureux qu'Agnès ne pût qu'en avoir chaud au coeur. Enfin un employeur qui ne l'exploitera pas !

A son tour, petit hochement de tête au sujet des fêtes sacrées chômées... Puis elle l'écouta lui faire des confidences en catimini... du coup, elle aussi zieuta en tout sens, s'attendant à une révélation absolument incroyable, à un secret sur l'oeuf de milan ou mille ans comme disent certains, celui nécessaire à la quête...

Un grand sourire illumina son visage alors que l'inquiétude disparaissait rapidement...


- Ha... ? D'accord... pas chez le mercier donc... c'est dommage car justement... étant brodeuse, je me disais que ce serait parfait d'avoir un emploi chez lui afin de bénéficier de quelques ristournes sur les écheveaux, draps de lin, aiguilles... Mais autant ne pas me retrouver à astiquer les dépendances ! Merci messire Gabrien de m'en avertir.

Un rayon de soleil traversait la salle par le fenestron pour atterrir sur l'un des écus suspendus au mur au dessus du comptoir... Un signe du Très Haut sûrement !

- Adonc... quel genre d'emploi pourrais-je bien trouver... je pense continuer mes broderies d'écussons et de blasons. Voilà... Les revenus sont ma foi bien corrects et le travail est reposant. termina t-elle sur un sourire...

Yeux écarquillés, elle apprit l'âge prochain de Nicol, bouche bée... que le monde est petit décidément... puis... ...

- J'ai hâte de le rencontrer...

Par la suite, elle remarqua le vague à l'âme de Gabrien... Des souvenirs devaient sûrement refaire surface dans son esprit, et il se livra enfin à quelques autres confidences.
Agnès l'écouta donc, sans l'interrompre et hochait du menton à certains moments.


Quelles terribles épreuves avait subi ce jeune enfant... le coeur serré, elle se promit d'être à son tour consciencieuse au bien-être de Nicol.
Et donc Gabrien lui parlait de nouveau de Babette, sa promise disparue il n'y a pas si longtemps que cela... Quelle tragédie là encore... Elle ne put que répondre...


- Vous êtes un homme bon messire Gabrien. Bon, et généreux.

Titus profita de cet instant là pour montrer la pointe de ses moustaches.

Et s'en suivit toute une nomination d'animaux ! Agnès, effarée à vrai dire, tentait de retenir tous les noms et espèces que protégeait Gabrien...

Pouce en l'air... Des chats,
Index... un faucon,
Le majeur... un pigeon, Phoenix.
L'annulaire levé... Himèle une mouette.
Le quinquin... un mulet Normand.
On passe à l'autre main...
Re pouce... Alphabète, l'âne d'un ami. Sinbad ? Un marin...
Re index... Doucette, une vache.
Re majeur... Adénor... de quel genre d'animal est-ce... qui aimerait le lait... Une hérissonne ? Une chienne ? Ho ho... le mystère restait entier.
Re quinquin... Et le renard empaillé aux yeux de verre, Kyu, ou Mon Chou.
Pas de poisson dans un bocal ?


- Et maintenant, Titus ! Je lui apprendrai les bonnes manières, n'ayez crainte messire Gabrien. Il ne causera nul trouble. Et j'ai grande hâte aussi de faire la connaissance de tous ces compagnons. J'ai un destrier aussi. Il se nomme Plumeau mais restera dans le petit champ attenant à ma cabane. Sauf s'il a envie de faire ami-ami avec Normand, nous verrons.

Machinalement, elle touillait la cuillère en bois dans le vide de sa tasse... Et heu... alors qu'il tendait sa main, elle eut un éclair de génie.

Elle cracha dans sa main, la tendit et serra fort la main de Gabrien. Si elle avait frappé sur sa paume, ils auraient été éclaboussés...


- Marché conclu messire Gabrien ! Je suis votre gouvernante ! Termine t-elle en riant, radieuse !

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Agnes.prunier
Voilà, tout avait été dit, et il avait fallu commencer à s'installer...

En fait, étant donné que son sac de voyage en tapisserie ne contenait guère de vêtures, elle ne mit que quelques instants pour les suspendre à la barre du rideau de sa nouvelle chambre à l'étage. Et pour ce faire, elle était allée dans l'appentis pour récupérer un morceau de fil de métal qu'elle tortillonna pour lui donner la forme de ses épaules.

Vint ensuite la découverte des lieux.

Un haut lit à baldaquin aux drapés mauve, si large qu'il pouvait accueillir bien quatre personnes.
Une table de nuit d'un côté, un pot de chambre en faïence blanche de l'autre.
En face, une console pour la toilette où trônait une vasque et un broc, et pour protéger les petits pieds, une carpette dans un ton de vieux rose.
Et sur le mur opposé à la fenêtre, une malle pour ranger des vêtements.
La fenêtre aux carreaux en losange donnait sur une arrière cour où trottinaient deux trois poulettes et un peu plus loin, un potager pouvait s'apercevoir.

Elle fit une farandole à travers toute la pièce en riant et chantant, manqua de se manger l'un des piliers du lit et se laissa tomber sur celui-ci, les bras en croix, joyeuse !

Enfin, elle se releva et fila en cuisine pour faire chauffer de l'eau pour sa toilette du soir.
Une fois celle-ci effectuée, elle prit son petit écritoire de voyage, s'installa jambe croisées sur le lit et plume en l'air devant son carnet, réfléchit...





Emploi semainier

Lundi dès l'aurore
:
Nettoyer l'âtre et jeter les cendres dans le compost.
Laver les tables (même dessous)
Balayer soigneusement la grande salle, des escaliers, le perron, la cuisine et le cellier.
Remettre de la paille propre au sol.
Nettoyer les chambres et faire les lits après le départ des voyageurs. Ne pas oublier les pots de chambre.
Lundi soir :
Balayer la salle rapidement.
Vaisselle (à laver, essuyer, ranger)
Toilette
Dodo

Mardi dès l'aurore :
Astiquer et cirer la rambarde d'escalier jusqu'aux chambres.
Balayer le couloir de l'étage.
Nettoyer les chambres et faire les lits après le départ des voyageurs. Ne pas oublier les pots de chambre.
Cirer les parquets.
Jeter les ordures dans le compost de l'arrière cour pour le potager.
Laver les tables.
Mardi soir :
Balayer la salle rapidement.
Vaisselle (à laver, essuyer, ranger)
Toilette
Dodo

Mercredi dès l'aurore :
Lessive pour messire Gabrien
Repriser et rapiécer ses vêtements
Laver les tables.
Nettoyer les chambres et faire les lits après le départ des voyageurs. Ne pas oublier les pots de chambre.
Mercredi soir :
Balayer la salle rapidement.
Vaisselle (à laver, essuyer, ranger)
Toilette
Dodo

Jeudi dès l'aurore :
Laver les carreaux.
Laver tabourets et bancs.
Nettoyer les foyers et jeter les cendres dans le compost.
Nettoyer les chambres et faire les lits après le départ des voyageurs. Ne pas oublier les pots de chambre.
Jeudi soir :
Balayer la salle rapidement.
Vaisselle (à laver, essuyer, ranger)
Toilette
Dodo

Vendredi dès l'aurore :
Ménage chez messire Gabrien (balaye, cirage du sol, poussière sur les meubles, carreaux)
Retirer les toiles d'araignée dans l'auberge et le logis.
Nettoyer les chambres et faire les lits après le départ des voyageurs. Ne pas oublier les pots de chambre.
Vendredi soir :
Balayer la salle rapidement.
Vaisselle (à laver, essuyer, ranger)
Toilette
Dodo

Samedi dès l'aurore :
Suivant les besoins (rangement, pliage du linge sec, poser un baiser sur le front de Mon Chou, etc... )
Nettoyer les chambres et faire les lits après le départ des voyageurs. Ne pas oublier les pots de chambre.
Samedi soir :
Balayer la salle rapidement.
Vaisselle (à laver, essuyer, ranger)
Toilette
Dodo

Dimanche :
Ménage dans ma chambre,
Lessive de mon linge.
Messe.
Promenade.
Visites aux indigents pour leur apporter pommes, lard, pain, herbes médicinales.
Toilette
Dodo

Tous les après-midi :
Petit repos
Broderies à dessiner, broder et vendre
Aller chez le mercier pour les fournitures




Se relisant, tout en mâchouillant la plume, elle se dit qu'elle rajouterait les tâches qui se présenteraient au fur et à mesure des jours à venir.
Satisfaite, elle s'endormit après un repas frugal fait de gruau d'avoine au miel et au lait, assorti de quartiers de pommes...

Le lendemain matin, au cri du coq du voisin - celui-là terminera peut-être sa semaine dans la marmite s'il chantait toujours aussi fort ! - elle descendit dans l'auberge mais trouva les lieux déserts.
Surprenant...
Mais elle découvrit un petit mot à son intention sur le comptoir...






De Gabrien de la tour de l'Aigle
Le 16 Janvier

Chère Agnès, le bonjour vous va.

Je vous envoie ce petit mot pour calmer vos éventuelles inquiétudes. J'ai en effet dû partir sans vous avoir prévenue. Je suis actuellement à Lisieux dont je repars demain pour Argentan où je resterai une journée avant d'en revenir.

Voyez le bon côté des choses : c'est autant de vaisselle de moins à votre charge ! Je pense que nous n'aurons qu'une clientèle d'habitués pendant mon absence qui savent très bien se servir seuls et sont assez honnêtes pour payer leur dû même en l'absence du maître des lieux. Pas de besogne supplémentaire de ce côté là non plus.

Je vous ai laissé une clef de la taverne (qui ouvre aussi la porte arrière de la maison) dans mon jardin. Vous verrez, il y a au pied de la statue au bord de l'étang une pierre déscellée sous laquelle je la cache. Si vous ne la trouvez pas, demandez à n'importe qui de vous aider : la moitié du village est au courant de ma cachette !

J'en profite également pour vous demander si je peux vous rapporter un quelconque bien de mon voyage. Avez-vous besoin de quelque chose ? Un coupon de tissu pour vous faire une robe ? Un ruban pour vos cheveux ? La passementerie est réputée à Argentan. Je serais vraiment heureux de vous rendre service.Si vous me répondez "rien", je vous préviens : je vous raménerai quand même quelque chose mais.... choisi par mes soins, vous prenez donc un risque !

Contactez-moi au moindre souci, mais je ne doute pas que vous vous débrouillerez très bien.

A bientôt,
Gabrien Baudry


Han ! Vite vite, elle remonta dans sa chambre, saisit l'écritoire et...




À Gabrien
Le 16 Janvier 1466



Cher Messire Gabrien,

Lorsque je ne vous ai pas vu ouvrir votre hostellerie ce matin, en effet, je me suis inquiétée... Et c'est en entrant dans la salle a manger que j'ai trouvé votre lettre sur le comptoir. Alors point de soucis ! Je vous ai lu et vous ai bien comprise.

Dites, entre vous et moi... pourquoi fermez-vous à clef si la moitié du village connait votre cachette... C'est parce qu'il y a à craindre de l'autre moitié du village ?

Quant à un quelconque bien que vous pourriez me ramener... Alors, pour commencer... une table, sans fioritures, puis un banc, ainsi qu'un lectrin, pour ma petite chaumière...

Hiiiii je vous taquine ! Non, sincèrement, un petit "rien" me suffirait amplement, mais puisque vous insistez avec tant de gentillesse... j'ose vous demander... un peigne en os ? Le mien manque de dents - c'est un très vieil objet - et m'arrache plus la tignasse qu'il ne coiffe. Impossible d'en trouver à Honfleur. Le reste ne serait que coquetterie et je préfère rapiécer mes vielles vêtures plutôt que d'en faire des chiffonnettes. Pour l'instant, un seul mot d'ordre : é-co-no-mie !

De mon côté, pour vous remercier, je préparerai votre plat préféré. Alors, pourriez-vous me dire ce qui vous ferait envie ?

Et j'en viens au plus important, car en honnête gouvernante curieuse, je me pose une question : pour quelle raison vos pas vous mènent-ils à Argentan et Lisieux ? Du commerce peut-être ?

Votre logis et votre hostellerie sont entre de bonnes mains en attendant votre retour. Titus fait ami-ami avec Mon Chou, même s'ils se regardent encore un peu avec des yeux en chien de faïence. Quoi que là, ce serait plutôt de verre.

Bonne route à vous messire Gabrien, que le Très Haut éclaire votre chemin et vous garde le sourire.
A tout bientôt,
Agnès
Post Scriptum : c'est vraiment aimable et respectueux de votre part de m'avoir laissé cette missive...



Sourire aux lèvres, elle fila au bureau des mails puis s'en revint pour ses premiers travaux...


_________________
Agnes.prunier
A force d'astiquer et cirer tous les meubles en bois de la grande salle à manger, on pouvait se mirer sur les tables, les bancs et les tabourets ainsi que dans les carreaux des fenestrons tout beaux tout propres !

Entre deux corvées, Agnès trouva le temps de lire une missive arrivée par coursier le matin même...
Assise au bord de son lit, elle souriait...





De Gabrien de la tour de l'Aigle
Le 16 Janvier 1466

Très chère Agnès,

Je vous promets de vous ramener un joli petit peigne si tant est que je ne le confonde pas avec une fourchette à salade. Pour plus de sûreté, je demanderai peut-être de l'aide à Azzia.

Votre réflexion au sujet de la clef n'est pas dénuée de bon sens. J'ai déjà essayé de la cacher ailleurs mais j'oublie systématiquement où, je la remets alors toujours à la même place. Je ne serais d'ailleurs pas autrement surpris de voir un jour un arbre à clef pousser dans la cour : quelques clefs doivent encore s'y promener.

Je pars souvent à Lisieux pour y visiter mon filleul Flamand auquel je suis très attaché et je vais chercher à Argentan des ouvrages introuvables dans notre bibliothèque. Normalement, cela devrait être mon dernier voyage dans ce but, excepté un tout dernier en Alençon. Pas de commerce donc. Et heureusement ! Jedois être le seul commerçant qui réussit à s'appauvrir à chaque transaction : je parviens avec du bagout à vendre n'importe quoi mais je déteste faire payer les gens.

Que tout se passe aumieux. A très bientôt,

Gabrien Baudry


Ha quel homme bon...
A Honfleur, elle connaissait peu de monde encore.
Bien qu'elle ait remarqué deux ou trois dames qui pourraient devenir des amies.
Mais chacune devait être occupée, aussi bien avec leur famille que leurs tâches et ne sortaient guère.
Alors, avoir eu la chance de non seulement trouver un travail stable mais encore d'être tombée sur un honnête employeur au coeur généreux et à la parole aimable, faisait tout son bonheur.
Elle n'en aurait jamais demandé autant...

C'est avec plaisir qu'elle prit la plume et de son encre violette se hâta de rédiger quelques lignes...




À Gabrien
Le 16 Janvier 1466

Cher messire Gabrien,

Il vaut mieux alors que vous demandiez en effet à Azzia ! Fourchette à salade ou peigne à crinière de cheval m'irait bien aussi remarquez... C'est mon destrier Plumeau qui serait ravi. Comme un ravi du village. Toutes les dents dehors.

Un arbre à clefs... J'ai croisé un jour un arbre à lucioles. Mais il ne fallait sortir que de nuit pour admirer ses mille lumières et l'on ne voyait plus que ses feuilles en journée. Qui sait, un arbre à clefs ne pourrait peut-être qu'être observé au crépuscule, ou à l'aube... aux heures où le soleil disparait derrière l'horizon ou apparait...

Alençon, et ses belles dentelles... Vous me faites rêver...

Le bonjour à votre filleul, même si je n'ai pas l'heur de le connaître encore. Et une bise à Azzia que j'ai trouvée très douce.

Merci pour vos explications. Bonnes recherches alors. Et puis si vous n'avez point l'âme commerçante, ne vous en veuillez surtout pas. Ce sont presque tous des voleurs... mais chut...

Je vous tiendrai au courant si quoi que ce soit de fâcheux arrivait. On ne sait jamais, Mon Chou pourrait s'échapper, comme ça, subitement...

Bonne route à vous et Azzia !
Agnès




Vite vite, un saut au bureau des mails...

Vite vite, de retour à l'auberge, elle termina son travail de la journée avant de remonter dans sa chambre pour sa toilette et se mettre au lit en lisant un recueil de poèmes.
La chandelle crépitait dans le silence du soir car elle arrivait en fin de course.

Demain, il sera temps de prendre un peu d'avance sur son emploi du temps et de s'occuper des petits trous dans les bas du Père Gabrien.
Et de renouveler sa chandelle !

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Gabrien


Quelques jours plus tard...



Les yeux bien en face des trous quoique pas encore entièrement ouverts, Gabrien entra à la "Dent" d'un pas qui semblait hésiter entre somnambulisme et mise au travail peu enthousiaste. La tisane du matin allait certainement l'aider à passer le cap douloureux du réveil total, mais encore fallait-il remettre la main sur le pot à herbes séchées, la petite marmité et les bols. Il ne retrouvait quasiment plus rien depuis qu'il était revenu de son escapade alençonnaise, tous ses repères avaient été bouleversés.
Habituellement, le pot à herbe se trouvait juste derrière un empilement de parchemins que Gabrien devait classer depuis son installation (qui remontait à à peine six mois), mais celui-ci avait disparu. Où étaient les toiles d'araignées ? Les moutons qui couraient sous son lit ? Et les mouches autour du pot de miel ? Et les couches de poussières qui protégeaient délicatement chaque table ? Certainement au même endroit que les trous de ses bas... L'univers avait dû connaître pareil sort lors du déluge infligé par le Tout-Puissant, Gabrien en était sûr !

Après quelques investigations dans la cuisine, il retrouva le matériel nécessaire à la confection de son petit déjeuner.

Ranger les ustensiles de cuisine dans la cuisine ? Pas si bête...

Attablé devant son petit-déjeuner, maître Goupil touillait sans grande conviction sa mixture miellée, la joue sur le poing. Les pensées qui traversaient son esprit étaient de nature très hétéroclite, aussi tentait-il de les ranger en parlant tout haut...


Faudrait que je songe à écrire à Flamand au sujet de Frang'... à puis tiens, faudrait que je pense à trouver des vêtements convenables pour présenter Flam à mère Eloin... Ah mais oui ! Je n'ai plus QUE des vêtements convenables, Agnès ayant tout recousu, lavé, repassé : une perle cette Agnès... penser à la remercier en conséquence... Tiens, d'ailleurs, le paquet a disparu, j'espère que le peigne lui aura plu... faut aussi que je pense à l'entretenir de mes projets, ça pourrait l'intéresser...

Il se redressa un peu et mordit avidement dans sa tranche de pain.


Grmpf... si elle pouvait apparaître, là, maintenant, ça m'arrangerait...


Et, comme lorsqu'il était gamin, Gabrien s'amusa à agiter les doigts de sa main libre en direction de la porte à la façon un peu mystérieuse d'une sorcière envoûtant un quidam. Enfançon, il était persuadé qu'il pouvait ainsi attirer quiconque par le pouvoir de sa simple volonté. Sa gouvernante n'allait pas tarder à apparaître !

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