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[RP] Alors tu pars ?

Niallan
Elle a dit devoir partir, j’ai demandé un dernier rendez-vous. Ça ne me ressemble pas, j’aurais dû hausser les épaules et finir la soirée dans les bras d’une autre femme. Et j’ai demandé un rendez-vous. C’est hyper stressant comme truc ! Franchement, je respecte les types qui passent par des dizaines de rencards avant de pouvoir se glisser dans le pieu de la donzelle désirée. Moi d’habitude c’est plus simple : on picole, on s’embrasse et ça se finit dans une chambre d’auberge ou contre un mur, je suis pas regardant. Pas avec Léan. Je dois me taper cette putain de préparation ! En plus, ce n’est même pas mon type de femme. J’aime les formes, elle est maigre. J’aime le teint hâlé, elle est pâle. Et puis il y a un truc vachement bizarre chez elle. Elle ne ressent pas la douleur. Je l’ai remarqué très vite mais ça ne m’a pas fait flipper plus que ça. J’ai trouvé ça marrant. Ça m’a plu, elle me plait.

Allez, c’est « bientôt ». Mode « mec qui prend soin de lui » enclenché.
Je me lave, une fois. Et puis une deuxième parce qu’on sait jamais où ils sont allés puiser leur eau. Je m’occupe de ma barbe parce que ressembler à un type qui collectionne les bestioles dans ses poils, ça me botte moyen. Je teste une tenue 1, une tenue 2, une tenue 3, une tenue 4. Je reviens à la tenue 1, autrement dit une chemise blanche, des braies noires et des bottes noires. Je répète mes phrases d’accroche dans l’espoir qu’elles suffisent à la faire rester. Je bosse mon regard, pour paraître triste mais pas trop. Blessé, peut-être prêt à tout pour elle. Tout est dans le regard, moi je vous le dis ! Je range la chambre louée au cas où les adieux se poursuivent de façon plus charnelle. Je regarde si je suis musclé, j’angoisse. Je fais des pompes. J’ai transpiré alors je me lave à nouveau. Je me sens prêt sauf que c’est pas l’heure, même pas du tout. J’attends. Je m’endors. Je me réveille en retard, je cours, je transpire, je ne me relave pas. Bref, je me suis préparé pour un rendez-vous.

Putain de bordel de merde !

Ah oui parce qu’en plus j’ai eu la merveilleuse idée de me planter de taverne. J’ai bien cru apercevoir une brune dans le fond de la taverne, je me suis approché, j’ai posé ma main sur son épaule et je lui ai souri avant me rendre compte de mon erreur. Fatale error, médor qui se ramène. Son mec pèse au moins deux fois mon poids et a la trogne des excités de service. Fantastique. Sourire poli, je cherche à m’éclipser discretos mais l’autre décide de me barrer le passage.

Eh toi, p’quoi qu’tu causais dans ma donzelle ?
Je voulais juste savoir où était la taverne du port, pas de crainte à avoir.
Naaaan, c’pas vrai. Il a essayé de me tripoter.

Han la garce ! Yeux écarquillés je fais non de la tête mais l’autre a démarré au quart de tour et déjà son poing se lève. Ce n’est vraiment mais alors vraiment pas mon jour. Si je n’étais pas aussi en retard et un poil plus suicidaire, je resterai pour me battre. Au lieu de ça, j’esquive et je cours jusqu’à la sortie. C’est lâche, tant pis. Et puis, parce que je suis quand même un bel enfoiré je ne peux pas m’empêcher de lancer : « Au fait, on dit « à », pas « dans ». Moi je veux bien causer dans ta poulette mais pas sûr que ça te plaise ». Et hop, petit sprint style sprinteur jamaïquain de la Renaissance jusqu’à la bonne taverne.

Dans ma course folle, je transpire. Un peu. Les cheveux que j’avais essayé de coiffer s’ébouriffent et mon souffle, lui, se fait court. C’est donc dans un état plus franchement présentable que je pousse la porte de la taverne. Près d’une heure de retard, bravo à moi. Penaud, je m’élance vers elle afin d’essayer de rattraper le coup.

Pardon, je suis vraiment désolé. J’étais pas comme ça à la base, promis ! J’étais bien coiffé…j’ai pris trois douches ! Le problème c’est que je me suis endormi et après un type a cru que je voulais me faire sa femme ce qui n’était ABSOLUMENT pas vrai donc ça m’a retardé. Merde, désolé. Tu…tu veux boire quelque chose ?

Je me sens con, je me sens nul. Et elle, elle est là, devant moi. Belle à détourner un cureton, désirable à en faire pâlir d’envie toutes les femmes que j’ai pu croiser. Je toussote, passe ma main dans mes cheveux et tâche de paraître désinvolte.

Alors, tu pars ce soir ?
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Lean
Il y a une fêlure dans les sourires de Léan. Ses sourires cachent une part de malheur, une part de mystère. On a tous déjà vu ces sourires qui nous disent qu'on ne connaît pas les gens et que ça ne sera jamais le cas. Ils font mal ces sourires-là. Jusqu'à lui, elle n'avait jamais sourit autrement, Léan.

Etre transfigurée par un type, ce n'est pas son genre pourtant. Les hommes n'ont jamais été plus que des pantins entre ses mains et elle se joue d'eux. Ils pensent la dominer, la posséder mais c'est elle qui les utilise. Elle les prend puis les jette. Elle les consomme, au même titre que les bouteilles d'eau-de-vie. Elle ne s'attache pas. Elle n'accepte pas de dernier rendez-vous. Mais elle l'a fait.

Pire, elle a voulu être belle pour lui. Elle a brossé ses cheveux pour qu'il veuille y passer les doigts. Elle a teinté ses lèvres de rouge pour qu'il ai envie de l'embrasser. Elle a mit une robe de taffetas pourpre qui révèle un peu de sa poitrine à la pâleur lunaire pour qu'il désir la déshabiller. Elle a désiré qu'il la déshabille. Et au milieu de toute cette frivolité, elle a oublié de se torturer à grand coup de questions sans réponses. Elle a oublié sa maladie. Peut-être parce qu'il semble ne pas s'en soucier, lui. Parce qu'elle ne l'impressionne pas. Parce qu'il la voit elle, au lieu de se focaliser sur ses étranges symptômes.

Elle c'est rendu sur le lieu du rendez-vous, sans rien voir de son chemin. Elle a volé au dessus du monde, prisonnière heureuse d'un océan de pensées bleus comme les yeux de Niallan. Les architectures audacieuses et les précieuses ridicules. Les vendeurs à la sauvette et les esclaves maures à la peau ambrée. Les tire-bourses avinés et les trottoirs boueux. Tout ceci lui est passé au dessus de la tête. Elle n'a que lui en tête.

Et maintenant elle attend. Ça lui va bien l'attente. Il y a dans ses yeux une flamme étrange et vacillante qui semble sur le point de s'éteindre à chaque fois qu'un inconnu passe la porte et ce regard qu'elle a donne sans doute aux hommes de l'assistance l'envie d'être celui pour qui elle se fait patiente. Les minutes passent lentement. Si elle pouvait avoir mal, elle aurait certainement l'impression qu'un étau enserre sa poitrine et lui coupe le souffle. Mais elle ne peut pas, alors elle se contente de penser qu'il l'a oublié. Ça ne l'a surprend pas tellement : si elle a bien comprit quelque chose durant cette semaine, c'est qu'ils sont semblables. Le sexe opposé n'est intéressant que parce qu'il est le sexe opposé, justement et ceux qui croient en la monogamie ne sont que de doux rêveurs. Et elle, elle ne l'est pas. La tristesse de son existence a brisé toute velléité d’espérer chez elle.

Avalant une gorgée de vin, l'ange lève les yeux vers le nouvel arrivant et le découvre. Elle devrait être en colère contre lui. En fait, elle devrait ne même plus être là. Mais elle l'est et elle le regarde. Il est décoiffé et semble essoufflé. Il a sur le visage un air désolé et elle, elle a juste envie envie de le serrer dans ses bras.


C'est plutôt à moi de t'offrir à boire, j'ai l'impression, répond-elle d'une voix qui se teinte d'un accent doucement moqueur, avant de remplir un verre propre du vin qu'elle a commandé un peu plus tôt et de le pousser vers lui, juste avant qu'il ne lance un « Alors, tu pars ce soir ? » visiblement indifférent.

Elle voudrait ne pas se sentir vexée par cela. Elle voudrait surtout répondre non. Lui dire qu'elle ne part plus et qu'ils pourraient peut-être aller se promener ensemble le lendemain. Lui parler de cet endroit où on écoute la meilleure musique et où on consomme le meilleur opium. Lui proposer d'y aller ensemble et de danser jusqu'à ce que le jour se lève. Mais elle a fait une promesse. Une nouvelle vie les attend à Pornic, son cousin et elle, et même si elle n'est plus sûre de désirer cette existence de calme et de travail, rythmée par le roulis des vagues, elle ne peut pas reculer. Pas plus qu'elle ne peut abandonner son aîné.

Oui. Mais ce soir est dans une éternité, dit-elle avant de se vider son verre et de se lever dans un seul mouvement. D'ailleurs, j'ai encore envie de me promener. Tu me suis ? Ajoute-t-elle en lui tendant la main.

Et alors qu'elle attend qu'il se décide à la suivre, elle lui sourit, offrant au blond un aperçu étonnant de la lumière qu'elle pourrait dégager si elle n'avait pas à supporter le poids que sa malédiction fait peser sur ses épaules.
Niallan
Ce qui est bizarre c’est qu’elle ne donne pas l’impression de m’en vouloir, même pas d’être agacée. Est-ce qu’elle est si indifférente que ça ? Est-ce qu’elle a accepté ce dernier rendez-vous par pure politesse ? Et cette robe qui me donne des envies très peu aristotéliciennes, l’a-t-elle mise pour moi ? Ou pour l’autre, celui qu’elle rejoint ? Celui pour qui elle me plante comme un con alors que pour une fois j’ai envie de rester… Secouant la tête, je m’empare du verre pour le descendre d’une traite. Ouais, j’aurais dû prendre le temps de savourer, de faire comme si je m’y connaissais avec des « très bon, un peu fruité, blablabla ». Mais non. J’ai besoin de ça pour me la jouer détaché, pour rester moi-même. Niallan l’inconstant, l’enfoiré, celui sur lequel on ne peut pas compter, celui qui se tire à la moindre embrouille. Me montrer indifférent, voilà ce que je dois faire.

Sauf que c’est carrément mission impossible. Rien que sa main tendue manque de justesse de me provoquer un arrêt cardiaque. Et son sourire, non de… Pour le coup, le palpitant s’affole version « danger, impact imminent ». La prudence ? Connais pas. La main tendue est attrapée, mes doigts s’entrelaçant aux siens. Je me la jouerai détaché une prochaine fois, avec une autre femme. Une qui ne compte pas.

Un peu que je te suis !

Je ne risque pas d’ajouter que la suivrai partout, ça ferait trop dragueur à deux écus ou, pire, clébard soumis sans aucune volonté. La porte de la taverne est passée, la rue rejointe. C’est dingue, ces pensées àlakon qui n’arrêtent pas de se bousculer dans ma caboche de blondinet pourtant inconstant. Celles qui disent des trucs comme: "et si je venais avec elle ? », « et si je l’attendais ? », « et si tout ça pouvait durer toujours ? ». Ouais, ça fait peur. Surtout à moi. Mais tout de même pas autant que la vision de mon nouvel ami à deux pas de nous et visiblement pas calmé. Bien entouré le gars.
Fait chier.

C’lui !
C’est malpoli de montrer du doigt, on te l’a jamais dit ?
Crève.
Le plus tard possible.
Chopez-moi c’fils d’pute.

Et un rugissement bestial, un. J’aurais pu lui répondre que ma mère n’était pas une putain, qu’elle était juste complètement barge. Sauf que je tiens à la vie et à celle de Léan. En parlant de Léan, niveau rendez-vous raté on fait pas mieux. Une heure de retard, de magnifiques promesses de mort… Je serre sa main avec plus de force et désigne du menton des ruelles entrelacées qui, à défaut de promettre la solitude, offrent une échappatoire à un tabassage dans les règles de l’art bourrin.

On fonce.

Retour du sprinteur Jamaïquain. Attirer les embrouilles ? Acquis. Les fuir ? En cours d’acquisition. Paris et ses badauds, Paris et sa foule. Je bouscule, je me faufile, et tout ça sans jamais lâcher la main de la brune. Les jurons de nos poursuivants se font de moins en moins audibles, on prend de la distance. Tant mieux parce que mes poumons menacent de se mettre en grève. Croisement de ruelles, l’une est préférée aux deux autres, instinct de survie qui se manifeste. Dernière accélération avant que je ne freine des quatre fers devant une bâtisse aussi délabrée que sombre. Et encore un mauvais point pour ce rendez-vous. Banco.

Je suis dé…so…lé.

Et complètement essoufflé, aussi. Le pire c’est que je n’arrive même pas à la regarder en face pour voir la déception dans son regard, ça me blesserait et j’aime pas souffrir. Je fouille dans mes poches plus ou moins discrètement. Rien qui puisse me soulager. Alors, lentement, je relève la tête vers elle, prêt à me faire jeter pour la énième fois.
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Lean
[Now and then it seems that life is just too much
But you've got the love I need to see me through
]



Le tête à tête tourne à la course poursuite. Pour le romantisme on repassera, et pourtant leurs mains demeurent étroitement liées et ceci plus que la peur fait frissonner Léan. Mais ne parlons pas d'amour maintenant : c'est déplacé quand il y a des têtes de nœuds à vos trousses et ce encore plus lorsqu'ils semblent décidés à massacrer le type qui vous fait chavirer. Suivant Niallan avec une confiance aveugle, la brune court encore et encore, inconsciente de la surchauffe qui la menace jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent devant une bicoque qui semble sur le point de s'effondrer.

Encore une fois, le blond s'excuse. Ça doit être la journée, mais chanceux dans sa malchance, il a face à lui une jeune femme qui non seulement est bien trop sous son emprise pour lui en vouloir, mais qui en plus n'entend même pas ce qu'il raconte. Regardant droit devant elle sans pour autant y voir clair, Léan sent ses jambes se dérober sous son poids et pour ne pas tomber elle se raccroche faiblement à la chemise de Niallan. Comme toujours, elle semble aussi fraîche qu'une rose : elle n'a pas versé la moindre goutte de sueur, son teint d’albâtre n'a pas bougé d'un pouce et pourtant, alors qu'elle se laisse faiblement aller contre le torse de l'homme, elle constate malgré elle qu'il semble de glace comparé à la torche humaine en laquelle elle c'est transformée.

Elle se maudit pour ça. Évidement, il avait déjà remarqué son étrangeté et elle lui a expliqué, sans entrer dans les détails, à quel point elle est foutue, mais il n'avait certainement pas prit la mesure de la chose. Elle n'a pas mal. Chouette alors ! Enfin, c'est ce qu'on pourrait penser sauf que son propre corps ne peut pas se protéger. Elle est incapable de se défendre et ce peu importe avec qu'elle ardeur elle le désir. Elle ne s'en hait que plus.

Mais à présent il voit et elle, elle ne se voile pas la face. Il est beau et désinvolte. Drôle et indépendant. Le plus séduisant d'entre tous. Et elle, qu'est-ce-qu'elle est ? Une petite chose faible et incapable de se débrouiller seule. Il n'a pas de temps à perdre à s'occuper de quelqu'un comme elle. En fait, le simple fait qu'il se soit intéressé à elle comme à une femme et pas comme à une bête de foire après qu'elle lui ait dit à propos de sa maladie tient du miracle et ça ne pouvait pas durer pour toujours. De toute manière rien entre eux ne peut durer pour toujours. Elle part et elle doit se le mettre en tête. D'ailleurs, elle devrait peut-être partir avant qu'il ne la rejette. Elle n'est pas sûre d'être capable de supporter son dégoût. Celui des autres, d'accord, mais pas le sien.

Essayant de se détacher de lui, Léan ne parvient qu'à s'affaler un peu plus contre son torse, sa propre poitrine se soulevant de manière anarchique alors que ses poumons se crispent en quête d'air. Honteuse, la Gracieuse qui ne l'est pas tant lève les yeux vers le visage de Niallan, s'efforçant de ne pas se laisser aller aux larmes : elle se trouve assez pitoyable sans en rajouter.


Je... J'ai... Je... bégaye-t-elle.

Incapable de soutenir le regard du blond, Léan baisse la tête et s'applique à respirer régulièrement, avant de faire une nouvelle tentative avec plus de succès cette fois : s’écartant de lui, elle se laisse aller contre le mur de bois vermoulu qui se trouve dans son dos, épuisée par se simple mouvement, vide de toute énergie.


Tu... Tu peux partir si tu veux. Ne t'inquiète pas pour moi, lui dit-elle d'une voix faible, le reste de sa pensée restant bloquée dans sa gorge.

Tu peux partir parce que je suis une erreur et que tu n'as pas besoin de prendre soin de moi. Tu mérites mieux que ça. Et surtout, surtout, je ne veux pas que tu ais pitié de moi alors je t'en supplie, pars si ton regard sur moi a changé, parce que je ne suis pas sûre que je le surmonterai.



Florence + The Machine - You've got the love
De temps en temps, il semble que la vie, c'est "trop"
Mais tu possèdes l'amour dans lequel j'ai besoin de me voir
Niallan
C’est bizarre parce qu’à chaque fois que je m’attends à une réaction de sa part, c’est tout l’inverse qui se produit. Je m’attendais à ce qu’elle me passe un savon pour mon retard, elle m’a offert une promenade. Et là, je pensais qu’elle allait me jeter et finalement c’est dans mes bras qu’elle s’est jetée. Mais pas de la façon dont je rêvais encore ce matin. Son regard qui reste bien ancré sur on ne sait quoi alors qu’à contrario ses jambes se dérobent. Et hop, gamelle, directement dans mes bras. C’est quoi ce délire ?
Sa poitrine savamment mise en valeur qui se soulève par à-coups contre mon torse aurait dû conduire à une levée de drapeau immédiate mais au lieu de ça je stresse à mort. Lorsqu’elle relève les yeux sur moi, je me sens carrément impuissant. Impuissant, voilà, c’est le mot. Je ne peux strictement rien faire, je n’y connais rien. Aussi, quand elle se met à bégayer je fais ce que j’aurais aimé qu’on fasse pour moi en présence des sueurs froides et des angoisses liées au manque de mes addictives substances : je la serre un plus fort contre moi. Juste pour lui montrer que je suis là et que, quoi qu’il arrive, je ne la lâcherai pas. Et puis, instinctivement, je m’empare de l’une de ses mèches brunes pour la ramener avec les autres. Doucement, avec une tendresse dont je ne me serai jamais cru capable.

Ça va aller, respire. Je suis là.

C’est débile comme phrase et pourtant, c’est de ça que j’aurais eu besoin toutes ces fois où je me suis senti minable et désespérément seul. Une simple présence. Mais cette phrase n’en reste pas moins débile et c’est peut-être pour ça qu’elle s’écarte. Ou alors parce que ne l’a pas entendue, ailleurs qu’elle était.
Je la regarde se laisser tomber au sol, blessé par le désespoir que je sens émaner de tout son être. Cependant, c’est avec ses mots qu’elle m’achève. Partir ? Ne pas m’inquiéter ? Elle se fout de qui là ? De moi vraisemblablement. Et elle me prend pour qui ? Pour Niallan, l’instable, celui sur lequel on ne peut pas compter. Sauf que j’ai pas envie d’être ce type-là avec elle. Pas plus que je n’ai envie de partir ou de ne pas m’inquiéter.

Fallait y penser avant d’entrer dans ma vie. T’es arrivée avec tes tendances autodestructrices, et t’as donné des grands coups dans ce qu’était ma vie, pour l'adapter à ta présence. Et maintenant que t’as tout dégommé pour y faire ta place, tu voudrais me laisser tout seul dans cette espèce de foutoir sans nom … ?
C’est pas réglo tout ça. Même pas du tout.

Je soupire, c’est pas mon genre de faire dans les phrases sincères. Je préfère celles pour déconner, celles qui pèsent que dalle. Sauf que c’est Léan. Nouveau soupir tandis que mon derrière se pose à côté du sien. Mon bras s’allonge, s’enroule autour de ses épaules.

Tu sais, je m’en fous pas mal de cette maladie. Je m’en tape même complètement. Et puis c’est peut-être pas plus mal parce que je sais pas danser alors si je t’écrase le pied personne ne t’entendra dire « aïe ».

Allez un peu d’humour caustique pour essayer de lui arracher au moins un sourire.
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Lean
[Non, pas sur les lèvres,
Même si j'en rêve,
Même si je tremble.
]



Selon bien des gens, il n'y a rien de pire que la souffrance. Selon Léan, ils se trompent tous : c'est l'espoir le pire des maux. L'espoir pousse à toutes les folies. L'espoir est une drogue qui fait planer haut, très haut et qui,lorsqu'il quitte votre organisme, vous laisse avec une sensation de manque totalement incontrôlable. Or, Niallan est l'espoir et à chaque mot, à chaque geste, l'addiction de l'Insensible grandit. Encore une fois, elle songe qu'elle devrait fuir. Vite, très vite. Sauf qu'elle n'en a pas envie et lorsqu'il passe un bras autour de ses épaules, au lieu de le rejeter, elle se blottit contre lui, son front brûlant appuyé contre l'épaule solide du blond. Et elle se sent bien comme ça. Stupidement bien.

Elle ne sait pas comment faire face à cette situation. Elle n'est pas le genre de femme à qui on s'attache, normalement. Trop froide, trop distante, trop triste... Et d'ailleurs, elle ne laisse pas les gens rentrer dans sa vie non plus. Le « nous » n'a pas d'avenir, contrairement au « je » et fidèle à ce précepte, elle ne c'est jamais souciée de ce que les autres peuvent ressentir. Sauf que là, c'est Lui et que pour la première fois, elle s'inquiète. Elle n'aurait pas du connaître ce sentiment et lui, il n'aurait pas du ressentir la même chose qu'elle. Ça n'était pas prévu. Mais c'est arrivé et maintenant, elle espère tout en sachant que cela ne peut mener nul part.

Les mots du blond en tête et un drôle de goût sur les lèvres, la brune reste immobile et silencieuse. Elle devrait dire quelque chose pour le rassurer ; lui répondre qu'elle ne veut pas le laisser seul, jamais ; lui déclarer ses sentiments tout simplement. Mais elle ne peut pas. Elle ne sait pas manier les mots et elle gâcherait tout en tentant de s'exprimer de cette manière. Alors, reine des glaces couverte de poussière, elle se redresse et d'une main incertaine, elle vient caresser le front du blond, ses doigts glissant le long de sa joue avant de se poser sur ses lèvres. Elle pourrait exploser tant elle a à exprimer, alors pour pas tout gâcher par des mots mal employés, elle se penche vers lui et l'embrasse juste à la commissure des lèvres. Ça n'est pas là un baiser brûlant de passion et de désir. Ça n'est pas non plus une promesse d'avenir et d'éternité et c'est encore moins un baiser d'adieu. C'est sa réponse. C'est une affirmation. C'est un remerciement, aussi.

Je suis assez bonne danseuse pour deux, répond-elle dans un sourire qui bien que mince est sincère.

Baissant les yeux, l'Insensible observe le torse de l'Accroc et le parcours du bout des doigts, se surprenant encore de la façon dont son corps fonctionne. Sa fièvre est montée à tel point qu'elle a faillit s'évanouir : elle ne l'a pas sentit. Elle ne fait qu'effleurer la chemise du blond et son torse à travers elle et elle a l'impression va s'enflammer tant elle le désir. Coupant court à ce contact qui a le don de la troubler, Léan lève les yeux vers Niallan. L'argenté rencontre le céruléen. Ça tombe bien, les deux couleurs vont bien ensemble.


Dis, je sais que j'ai pas le droit de te demander quoique ce soit, mais tu m'oublieras pas, hein ? Je veux dire... C'est de moi que tu te souviendras et pas de ma malédiction, d'accord ? Demande-t-elle, d'un ton qui se veut neutre, alors qu'elle demande ce qu'elle n'a jamais attendu d'aucun des hommes qui ont pu partager ses nuits.



La ceinture - Elodie Frégé
Niallan
Ça ne devrait pas se passer comme ça. Ce n’est pas pour moi tout ça, elle n’est pas pour moi. Y’a qu’à voir le rythme que prennent les battements de mon cœur au contact de ses doigts sur mes lèvres. C’est dangereux, tout ce qui ne me correspond pas est dangereux. Et pourtant, je reste là, à la fixer. A attendre un je ne sais quoi qui achèverait de me rendre dingue de cette nana. Quelle ironie, non, tu ne crois pas ? Le je ne sais quoi tant attendu se traduit sous la forme d’un baiser. Pour être honnête, j’ai embrassé des tas de femmes. Sauvagement, sensuellement, langoureusement, passionnément. Jamais tendrement. Parce que tendresses rime avec promesses. Et les promesses entraînent une stabilité que je ne suis pas prêt à offrir. Sauf à Léan. Ravalant difficilement ma salive, je reste là à la regarder, comme un con. Je ne sais pas quoi ajouter, je ne sais même pas quoi lui répondre quand elle en revient à la danse.

Ça me paraît tellement futile d’un coup. On ne dansera plus jamais ensemble, je ne pourrai plus lui parler. Ni l’embrasser, ni l’étreindre. Elle finira par rencontrer un type qui l’épousera et lui fera des tas d’enfants tous plus mignons les uns que les autres. Et moi je serai toujours le même salaud qui se glisse dans des couches pour en ressortir le lendemain sans avoir l’impression que quoi que ce soit ait changé. A nouveau, je tapote mes poches dans l’espoir d’y trouver un quelconque réconfort avant de me souvenir que je n’ai plus rien. Et quand elle partira j’aurai vraiment tout perdu.

Arrête s’il te plaît.

Pour la première fois, je stoppe des mains féminines dans l’exploration de mon torse. Bien sûr que j’ai envie d’elle, bien sûr que j’ai envie de la faire mienne. Mais ce contact, comme son baiser sont…tristes. Ouais, voilà, c’est le mot. Ils ont le goût d’adieux qui ne devraient pas se faire. Le parfum d’une nostalgie qui me serre la gorge et ôte toute ébauche de sourire qui pourrait se dessiner sur mes lèvres. Je détourne le regard pour ne plus voir ses yeux argentés que j’aimerai voir chaque matin. Oui, j’aimerai que la première chose que je vois chaque jour soit ses yeux. Et, juste après, son sourire. Mais ça ne se fera jamais.

Comment veux-tu que je t’oublie ?

Question purement rhétorique prononcée entre mes dents serrées. Pour éviter de croiser son regard, je fixe un point au-delà de son épaule avec ma trogne des mauvais jours. En taverne, elle m’a dit que ce soir est dans une éternité. Sauf que ce n’est pas cette éternité-là que je veux. Les heures passeront et elle partira. Même si c’est égoïste, même si c’est narcissique :

Je ne veux pas que tu partes. Mais tu vas partir alors à toi de me promettre une chose.

Je ferme les yeux. Est-ce que c’est vraiment ce que je veux ? Est-ce que c’est vraiment « ça » que je m’apprête à lui demander ? C’est ridiculement utopique et malgré tout j’y crois, juste assez pour la regarder à nouveau.

Promets-moi qu’on se retrouvera. Peu importe le temps que ça prendre, peu importe l’endroit et la manière… Je continuerai à voyager et toi tu iras régler tes affaires. Mais je ne m’éloignerai pas trop, je t’attendrai.

« Je t’attendrai »…ça signifie quoi exactement ? Il y aura d’autres femmes, d’autres rencontres, je merderai surement plus d’une fois. Mais je penserai toujours à elle, ça signifie ça pour moi attendre. La considérer toujours au-dessus de toutes les autres, murmurer son nom quand l’absence se fait trop douloureuse. Je ne lui donnerai pas cette définition, pas maintenant. Cette fois-ci c’est moi qui l’embrasse, sans marquer aucune hésitation. Sur les lèvres, avec douceur. C’est peut-être triste mais c’est aussi incroyablement délicieux.
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[Dans son regard,
On peut apercevoir,
Qu'elle se prépare au long voyage.
]



Il l'embrasse et le duel commence. D'un côté, le cœur et le corps. De l'autre l'esprit.

Durant la première manche, l'équipe des sentiments et des sensations domine. Le cœur bat si fort qu'il pourrait faire exploser la cage thoracique. Il envoie à travers tout le corps un sang qui n'est plus rouge mais bleu comme les yeux de Niallan et à chaque pulsation la promesse de l'homme retentit en l'Insensible tel un hymne national triomphant. Dans le même temps, le corps se met en marche. La bouche goûte à celle de l'homme, ne l'abandonnant que le temps d'expirer un air rendu brûlant par le désir, tandis que les mains apprennent les formes d'un corps qui semble connu tant il a été rêvé, avant que les doigts ne se nouent à ceux du blond.

Deuxième partie du duel, l'esprit essaye de se défendre et alors que la victoire du cœur semble évidente, il se fait mordant. Parce que tu crois quoi Léan ? C'est quoi cette mascarade ? Tu te laisses aller, douce idiote que tu es, mais tu pars, ne l'oublie pas. Cet instant n'est déjà plus qu'un souvenir et les promesses ne sont pas faites pour être tenues. Les affaires que tu as à régler, comme il le dit si bien, c'est une vie auprès de ton cousin. Et puis, tu veux que je te dise : tu n'es pas assez forte pour aimer. Si tu l'étais, tu n'aurais pas d'états d'âme.* Et tu en as ; tes cicatrices aux poignets et tes grands yeux gris le crient.

Esprit : un. Cœur et corps : un. La balle est au milieu.

Il mérite mieux que ça. Il mérite l'amour, la joie, la vie. Il mérite tout ce que tu ne pourras jamais offrir à personne. Il mérite le bonheur et si tu restes, il finira aussi malheureux que toi, Léan.

La partie est terminée. L'esprit a gagné.

Se détachant du blond, l'Insensible passe une dernière fois la main dans ses cheveux et elle se relève, mettant de l'ordre dans les plis de sa robe au passage. Elle reprend son souffle et met de la distance entre eux. Physiquement et mentalement. Au dessus de leurs têtes, le ciel se teinte déjà de rose. L'éternité prendra bientôt fin et tout ce qu'il restera pour elle sera le néant. Autant s'y préparer. Le sable a fini de couler. Le bonheur est passé.


Tu n'as pas à m'attendre.

La voix est tremblante tandis que cette affirmation passe les lèvres gonflées de baiser de la brune. Sûrement parce que ce n'est pas ce qu'elle veut.

Et je voudrais te promettre qu'on se retrouvera, mais ce serait te mentir. Quelles sont nos chances pour que cela arrive ? Je n'ai pas de petites affaires à régler : j'ai une nouvelle vie à commencer, et tu n'y as pas de place. Pas plus que je n'ai de place dans ta vie, annonce-t-elle d'une voix blanche, prenant conscience que c'est la vérité lorsqu'elle se l'entend dire. Il n'y a pas de « nous » possible. Pas pour toi et moi.

Une dernière fois elle plante son regard dans le sien. Elle en est persuadé, se sont là des adieux, même si elle ne parvient pas à dire le mot, et son esprit se déchire à cette idée, laissant son cœur sombrer à pic dans un univers de noirceur. A l'inverse, son corps lui tient le choc, restant de marbre. Corps – Coeur – Esprit. Impossible pour elle d'avoir, ne serait-ce qu'un jours, les trois en parfait accord. Elle ne pourra jamais s'envoler, pas plus qu'elle ne pourra sombrer tout entière. Elle sera toujours en suspend au bord du vide sans pouvoir y tomber. Ce serait un soulagement pourtant. Surtout maintenant alors qu'elle abandonne l'élu.

Elle tend une main vers lui, comme pour le toucher une dernière fois, avant de laisser tomber son bras contre son corps déjà mort. Elle ouvre la bouche comme pour parler. Elle voudrait lui dire qu'elle l'aime. Qu'il l'entende au moins une fois avant qu'ils ne se quittent. Elle n'ajoute rien et lui tourne le dos avant de s'éloigner sous le regard moqueur du soleil déclinant.

Elle n'a pas mal.
Elle est juste brisée.



Chanson : Dernière danse de Kyo
*citation adaptée du film Une autre vie.
Niallan
[Whatever your name is, whatever you do
Peu importe ton nom, peu importe ce que tu fais
There's nothing between us I'm willing to loose
Il n'y a rien entre nous que je suis prêt à perdre *]



C’est un non.

Elle n’a même pas eu besoin de finir sa première phrase pour que je le comprenne. Si je n’ai pas à l’attendre c’est parce qu’elle ne reviendra pas. Elle s’écarte, serait-ce déjà la fin de cette éternité qu’elle m’a fait miroiter ? Trop courte, trop frustrante. On ne peut pas se quitter comme ça, pas alors que je viens de faire la promesse la plus engagée de toute ma vie, pas alors que je l’aime. Les « on ne peut pas être ensemble » sont réservés aux nobles qui doivent préserver leur nom et tout le tintouin. Et quand bien même elle aurait été la fille de je ne sais quels nobles influents, je lui aurais demandé la même chose.
Mais après tout, je suis surement égoïste. Je n’ai pas de famille, pas d’attaches. Personne ne m’attend pour commencer une nouvelle vie. Je suis là où j’ai envie d’être et avec qui j’ai envie d’être. La liberté pour seule prison, en somme. Fermant les yeux pour ne pas voir ces lèvres que j’ai embrassées et ces yeux dans lesquels les miens se sont perdus, j’attends la fin de la sentence. Autant vous dire que ça secoue, le « tu n’y as pas de place » me fait bien plus mal que n’importe quelle insulte qu’elle aurait pu me balancer. Mais l’apothéose c’est le « pas pour toi et moi ». Ça veut dire quoi ça ?! Qu’un autre homme l’attend quelque part ? Qu’un autre que moi va lui offrir l’avenir qu’elle m’arrache ? Rouvrant les yeux d’un coup, je lui lance un regard mauvais.

C’est ça ouais, va le retrouver.

Jaloux ? A mort. Elle m’échappe et je ne peux pas la retenir. Ma jalousie n’est même pas légitime, pire en lui promettant de l’attendre j’étais déjà persuadé qu’il y aurait d’autres femmes qu’elle. Je n’étais juste pas prêt à entendre que ce que je perdais, un autre l’aurait. Que cette femme, cette femme que j’aurais voulue mienne, serait celle d’un autre. Le sang d’un autre que moi coulera dans les veines de l’enfant qu’elle finira par porter, ses sourires seront pour un autre. Il ne me restera que des souvenirs et de douloureux regrets.
C’est dur à encaisser, tellement bien que je me mets à trembler. Elle tend une main, se ravise et s’éloigne. Moi c’est toujours le bordel dans ma tête. D’un côté j’ai envie de lui courir après et de la supplier de rester, de l’autre je rêve de me mettre à courir en sens inverse, plaçant le plus de distance entre elle et moi. Je la regarde partir et, quand elle est assez loin pour ne pas assister à ce qui va suivre, j’envoie mes poings dans la bâtisse qui avait supporté mon dos. Une fois, deux fois, dix fois. J’arrête de compter, je cogne et puis c’est tout. La douleur irradiant les jointures de mes doigts n’est rien comparée à celle qui pulse dans mon être tout entier. Elle est partie.

Elle est partie.

Dans un mois je la retrouverai.
Dans un mois j’en épouserai une autre sous ses yeux.
Dans un mois je me retrouverai père d’une gamine de dix ans et de deux autres enfants à naître.
Dans un mois je la laisserai à mon tour pour partir sur les routes avec ma femme.
Dans un mois, je souhaiterai ne jamais l’avoir rencontrée.
Parce que je la ferai souffrir, je nous ferai souffrir.

Elle a raison, il n’y a pas de « nous » possible pour elle et moi. Mais ça je ne le sais pas encore alors je continue de cogner, les yeux inexplicablement plein de larmes.


*Peter Bradley Adams - Between us

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