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[RP] La lettre

Ennia
Elle n'était guère âgée ni guère vêtue la "bastarde", pour être perdue ainsi dans les rues de la Cour des Miracles.

Son grand père et ses oncles lui avaient maintes et maintes fois dit que c'est là qu'elle aurait dû être abandonnée à sa naissance, que c'est là, la place de la mauvaise graine. La mauvaise graine, elle avait fini par le comprendre avec le temps , c'était celle de son géniteur.


Elle était née, il y a une dizaine d'année, dans une petite baronnie sans gloire ni honneur de la belle Aliénor, fille du Maistre des lieux.
L'unique fille du Baron Thibaut dict le Borgne, avait commis la grave et impardonnable erreur de partager au moins une nuit avec "la mauvaise graine". Bien évidemment, ils ne s'étaient pas mariés et bien évidemment la "Graine" avait pris la poudre d'escampette une fois qu'il eut besogné correctement la jeune pucelle. La dite pucelle était alors fiancée avec un baron voisin qui avait accepté Aliénor sans dot . Tout projet de mariage fût alors réduit en cendres lorsque l'on vit le ventre de la fille qui s'arrondissait porteuse d'un fruit qui ne faisait que son bonheur à elle seule. Elle l'avait aimé, elle lui avait offert sa virginité ... il était parti mais c'était libre qu'elle l'aimait. Elle savait qu'une nuit ou deux à ses cotés c'est tout ce qu'il lui offrirait. "Rien de plus". Rien de plus mais il lui avait offert aussi une partie de lui qu'elle garderait à ses côtés et qu'elle pourrait aimer à loisir. Cette partie là lui appartenait et n'appartiendrait qu'à elle seule.

On enferma et cacha aux yeux de tous la jeune débauchée, "la catin" comme on l'appelait dorénavant. C'est seule dans une des chambres de l'antique bâtisse qu'elle donna le jour à une petite fille qu'elle prénomma Lexiane.

Plus la petite grandissait, plus elle ressemblait à la "mauvaise graine" celui qui n'avait pas de nom dans la demeure familiale. Même, elle n'en n'avait pas... Elle c'était la "Bastarde". Elle grandissait entre la chambre maternelle ou somme toute elle passait le plus clair de son temps à apprendre à lire, écrire... Sa mère lui enseigna également l'angloys et le latin. Elle lui enseigna l'art de jouer du luth et du chant
.



Il vous faudra un jour venu que vous vous débrouilliez seule ma fille. Tout cela pourra un jour vous être des plus utiles.


Mais également à éviter les coups qui pleuvaient très rapidement de ses oncles lorsqu'elle se trouvait dans la pièce commune.
La petite ne mangeait guère à sa faim et ne voyait jamais le soleil, cloitrée qu'elle était entre ses murs.


L'hiver où la "bastarde" venait d'avoir ses dix ans , sa mère fut prise d'une fort mauvaise toux. On la laissa crever sans le moindre intérêt des uns ou des autres. Elle fit remettre à la petite juste avant de passer à trépas une missive.



Ma fille, il est temps pour vous de quitter cette maison. Vous remettrez à votre père cette missive, c'est très important pour moi. Votre père s'appelle Niallan. Je ne sais pas vraiment où il réside, mais je pense qu'on doit bien le connaitre à "la Cour des Miracles". Il vous faut le trouver , c'est très important. Vous ne pouvez vivre seule ni ici. Il pourra prendre soin de vous, ou encore trouver où vous placer. Promettez


Le discours maternel était entrecoupé de quintes de toux et de crachats de sang mais la petite avait promis et retenu...
Niallan il s'appelle Niallan... J'ai un père et il s'appelle Niallan.
A quoi ressemble t'il? Qui est t'il? Tenait elle de lui sa blondeur de cheveux et ses yeux verts? Un père elle avait un père un vrai... Un qui viendrait surement les venger elle et sa mère quand il saurait comment on les traitait... Son père devait avoir une grande épée et un beau cheval... Niallan... Niallan ... Mon père



Deux jours plus tard, on la réveilla sans ménagement.

Ta mère a trépassé fillote... Je va t'emmener là ou que ta mère l'a demandé. Prends tes affaires va! faut partir avant que la maisonnée soit d'bout.


A moitié endormie elle suivit la servante qui confia elle , la lettre, quelques provisions et une petite bourse à un jeune gueux boiteux qui avait pour charge de la conduire à la fameuse "Cours des Miracles".

A peine arrivés, il la "perdit " dans une foule chamarrée et haute en couleur. Un monde où se mélangeait des jeunes, des vieux, des riches, des pauvres, des beaux et des laids... Un univers qui effrayait la petiote qui n'était quasi jamais sortie, et qui la fascinait aussi... Au bout de quelques heures à errer elle se demanda où et comment elle allait retrouver ce Niallan. Elle n'avait ni provision, ni le moindre écu, ni même la missive de sa mère... Le gueux avait disparu avec tout ce qu'elle possédait.
Niallan
J’ai connu beaucoup de femmes au cours d’une vie qui est loin d’être achevée, j’en connaîtrai donc d’autres. Certaines que j’aimerai, d’autres que j’oublierai au matin. Plus tard je ferai sans doute partie de ces vieillards qui offrent aux petits jeunes des histoires sur leurs galipettes mais pour l’instant je suis le type qui collectionne lesdites galipettes. Bizarrement, la possibilité d’avoir des bâtards ne m’a jamais vraiment effleuré. Pourquoi ? Tout simplement parce que je suis moi-même un bâtard. Du coup, je pars du principe qu’un bâtard ne peut pas avoir de bâtard, ce serait trop compliqué niveau généalogie. Et moi les trucs compliqués, j’ai tendance à zapper. C’est simple, efficace et foutrement bénéfique pour mon instabilité chronique.

Autre chose à savoir sur moi : je suis accro à l’opium et à toutes ces substances qui te vendent du rêve à condition que t’aies assez de thunes pour te les offrir. Oui mais voilà, je suis toujours fauché. Faut pas chercher, y’a rien qui pourrait faire changer ça. Pourtant, je ne manque pas de volonté : il m’arrive de bosser à la mine ou pour des paysans que je ne connais absolument pas. Je dois avoir les poches trouées ou le don pour me faire arnaquer. Cette faillite constante m’emmène à emprunter toujours plus, semant les crédits aussi facilement que les mauvaises graines.
Aujourd’hui c’est pour un nouvel emprunt que je me pointe chez un fournisseur de la Cour des Miracles. Habillé version type sans histoires qui remboursera bien un jour, j’offre mes plus belles promesses au vendeur et c’est là que se produit un truc très ennuyeux. Pour moi, ça va de soi. Parce qu’en plus d’être toujours à sec, j’attire les emmerdes aussi surement que les femmes.

J’te reconnais toi…
Ah ? Ça m’étonnerait beaucoup, je ne traine jamais par ici.
Si, je te connais. T’es déjà venu m’acheter d’mon pavot…
Hum non, vraiment, je pense que vous faites erreur. Pour tout vous dire, je viens juste de tomber là-dedans, je n’y connais rien.
Niallan ! Tu t’appelles bien Niallan pas vrai ? Tu m’dois déjà cent écus, putain d’enfoiré ! T’sais d’puis combien d’temps j’attends qu’tu ramènes ta jolie p’tite gueule pour que j’te la r’fasse ?!
Je pense vraiment que vous vous trom… Oh putain ! Non mais ça va pas ?

Un peu plus et ma main était épinglée au comptoir par le poignard de ce type. Et voilà, encore une fois je suis dans la merde jusqu’au cou avec pour seule échappatoire la fuite. Alors, prudemment, comme si en face de moi se tenait une bête féroce prête à bondir, je recule. Pas de mouvement brusque, pas de mouvement bru… Courir, vite. Le type est sur mes talons, pas grave. Je cours. Sans regarder en arrière, bousculant autant de gus qui se dressent devant moi. Et l’autre qui beugle mon prénom en agitant son coutelas. Comme si j’allais m’arrêter, teuh !

Niallan ! Enfoiré d’merde ! Niallaaaaaaaan ! Attends que j’te chope mon con !

Bah non, justement, j’attends pas. Pas envie de me faire trouer la peau pour une simple erreur d’étourderie. Alors je cours, toujours plus vite. Toujours plus loin. Une petiote me barre le chemin mais ça ne fait pas ralentir, juste un petit sourire désolé au passage.
Si j’avais pris le temps de m’arrêter, j’aurais reconnu les traits de la jeune Aliénor. Aliénor la belle, Aliénor la vierge. Celle qui m’avait offert son cœur et son corps et pour laquelle je n’étais pas resté. Elle était fiancé, j’étais libre. Je me suis barré et c’est ce que je fais encore aujourd’hui, sans me rendre compte que cette gamine, en plus d’avoir les traits de la fille du Borgne, a les miens.

Bouge de là, petite, c’est dangereux !

Niaaaaaaallaaaaan !

C’est trop tard pour lui, il s’est arrêté de courir, visiblement à deux doigts de l’arrêt cardiaque. Mais moi, je continue à courir, poussé par un instinct de survie extrêmement développé.
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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Ennia
La gamine se tenait là au milieu de la rue les bras ballants, se demandant bien comment elle allait récupérer ses affaires et où elle trouverait son géniteur, ballotée de ci de là par la foule.
Elle était presque transparente tant elle se fondait dans cet environnement. Elle était plutôt grande pour son âge mais elle était d'une maigreur quasi squelettique, se cheveux blonds, bouclés , sales et pas coiffés depuis des semaines lui arrivaient en dessous des fesses , ses yeux verts émeraude semblaient immenses noyés dans un museau crasseux et tuméfié par les coups qu'elle avaient reçus ces derniers temps... Elle portait une vieille chemise de sa mère en guise de robe et se jambes et ses pieds étaient nus. Elle aurait peut être pu être jolie si elle était un peu plus propre, un peu plus grosse, un peu habillée mais là, elle ressemblait à peu près à tout les gamins qui trainaient dans la Cour des Miracles

Soudain une course, des cris, des bousculades...


Un visage d'homme, un regard qui croise le sien rapidement, quelques mots

Bouge de là, petite, c’est dangereux !

Mais surtout un

Niaaaaaaallaaaaan !

L'homme, celui qui court vite c'est Niallan! Il faut courir aussi, il lui faut le rattraper.

La bastarde se met à cavaler derrière l'homme aussi vite que ses jambes toutes maigres le lui permettent.
Depuis qu'il avait un nom, dans ses rêves, elle court dans les bras grands ouverts de ce père qui n'attendait qu'elle, mais pas derrière ce qui semble être un fuyard.


Il la distance, elle ne le rejoindra jamais, vite vite l'appeler le retenir, le faire se retourner... Quoi dire? mais vite vite, il part, il est loin... Elle se met à hurler

PEEEEEEEEEEEEEEERE PEEEEEEEEEEEERE C EST MOI, ARRETEZ VOUS! NIAAAAAAAAAAAAAALLAAAAAAAN
Niallan
[Il court, il court, le raté, le raté fan d’opiacées.
Il court, il court, le raté, le raté qu’a picolé.
Il est passé par ton lit, il repassera la nuit.
Il court, il court le raté, le raté fan d’opiacées.
Il court, il court le raté, le raté qu’a picolé.
Il est passé par ton lit, il repassera la nuit.
Il court, il court le raté, le raté fan d’opiacées.
…et bref, vous avez compris l’idée.]


Oui, donc, notre raté préféré court. Ou du moins il courrait. On va dire qu’un certain cri d’une certaine gamine l’a stoppé net dans sa course. Même qu’il s’est viandé comme le gros boulet qu’il est sur les pavés de la Cour des Miracles. Lentement il se relève et tout aussi lentement, il revient vers la gosse. S’il n’avait écouté que sa raison et son cœur, qui, pour une fois étaient d’accord pour la fuite, il aurait continué à courir. Sauf qu’il a aussi écouté sa curiosité et cette foutue tendance à plonger dans les ennuis et ce, jusqu’au cou. Donc il revient et se plante face à la gamine.

Je peux savoir pourquoi tu m’as appelé « père » ? T’es sûre de toi, là ?
Et aussi : t’es qui, toi ? Ça serait pas plus mal que tu me files ton prénom.

Sous le coup d’une impulsion, il s’agenouille pour se placer à la hauteur de la gamine afin de la détailler. D’essayer de reconnaître un peu de lui chez elle. Ou d’elle, cette femme à qui il a au moins offert une étreinte. C’est d’abord Elle qu’il voit. Aliénor. Vrai que leur histoire n’a pas duré longtemps, vrai qu’il ne s’est jamais manifesté par la suite. Mais la fille du Baron a fait partie de celles qui ont compté. A sa façon. C’était à la fois court et intense. Passionné et destructeur. Elle ne lui avait rien demandé de plus que ce qu’il avait à offrir et lui, il avait pris tout ce qu’elle avait à donner. Il n’a rien et pourtant, il prend tout. Sans l’ombre d’un remord. Parce qu’il est comme ça, Niallan, libre comme l’air, affranchi de toute chaîne.

Comment va-t-elle ? Ta mère.

Regard rivé à celui de la petiote, il se remet en quête de ses propres traits.
Il les trouve. Et avec eux s’amène la peur incommensurable de toutes ces responsabilités qu’il sent venir.
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Ennia
Elle était essoufflée, dans une ultime tentative, elle avait tenté le tout pour le tout. Il était là agenouillé face à elle...

Elle pouvait détailler à loisirs, celui qui était son père... Il ne ressemblait en rien aux hommes avec qui elle avait vécu jusque là. Lui était blond, fin, propre , soigné... Rien a voir avec ces hommes bruns de peau et de poils, crasseux et mal odorants qui lui servaient d'oncles et de grand-père.
Elle était blonde comme lui, tout en ayant les grands yeux verts de sa mère...

Il voulait une preuve de sa paternité? Qu'a cela ne tienne... Elle releva sa manche et lui montra une tache de naissance en forme de croissant de lune brune sur le haut de son bras . Sa mère lui avait toujours dit que dans ses souvenirs, son père en avait une similaire.

Elle reprenait son souffle tout en ne le lâchant pas du regard. Aliénor avait raison, il était beau très beau..
.


On m'appelle Bastarde moi... Mais ma mère m'a dit aussi que je m'appelle Léxiane. Ma mère c'était Aliénor mais elle est "trépassée", c'est comme ça qu'elle a dit Brunildhe la servante. Et puis ma mère elle avait donné une lettre et une bourse pleine d'écus pour mon éducation pour vous, mais c'est Mathurin le boîteux qui les a avec lui et je l'ai perdu, je sais pas où il est... La lettre c'est pour vous dire des choses qu'elle m'a pas dite et aussi pour vous dire que je dois vivre avec vous... Je peux plus vivre chez mes oncles, ils me battent et ils me forcent à...
Mère a dit que je devais partir et vous chercher... Mère dit que j'ai une bonne éducation et que je suis assez jolie pour que vous soyez fier de moi...


Fouillant dans ses guenilles, elle ouvrit sa petite main crasseuse découvrant une bague sertie d'une grosse émeraude

Elle a dit de vous rendre ça aussi... Elle a dit que c'était vous qui la lui aviez donnée. Qu'elle était à votre mère et que les yeux de ma mère vous rappelaient trop la pierre qui est dessus et que c'est pour ça que vous la lui aviez donnée...

Mais il faut m'aider à retrouver Mathurin le boîteux pour la lettre et la bourse...

Dites c'est vrai que vous avez été l'amoureux d'Aliénor la catin, et que vous êtes mon père?
Niallan
Elle relève sa manche pour m’apporter une preuve qui n’est déjà plus nécessaire. Je sais que c’est ma fille tout comme je sais que je m’appelle Niallan et que deux et deux font quatre. Néanmoins, le croissant de lune est caressé du regard avant d’être effleuré du bout des doigts. C’est dingue tout ce qui me tombe dessus en ce moment, c’est dingue de me dire que c’est moi qui ai fait ça. Totalement fou de concevoir que ma vie puisse changer sans que je l’ai désiré. Moi, le bâtard, j’ai fait une bâtarde. C’est peut-être dans l’ordre des choses au final.

Aliénor morte, bizarrement ça ne m’étonne pas. Sinon pourquoi aurait-elle attendu aussi longtemps pour m’envoyer la petite ? Sa mort me fout un coup, je ne pensais plus à elle mais je n’avais rien oublié de nos étreintes et de nos baisers. Elle manquera à ce Royaume : ses yeux verts s’accordaient aux forêts, son sourire rivalisait avec la lumière du soleil, son rire était comme ces chansons qui te rendent heureux sans que tu saches pourquoi. Blasé, je me prépare à m’enfermer dans mon mutisme mais cette minute de silence est rapidement écourtée aux mots de la gamine.

A quoi ?

L’effleurement sur le bras se transforme en poigne. C’est tellement…bizarre. Il y a quelques minutes cette mioche n’était rien pour moi et en cet instant précis, c’est une rage sans nom que je sens monter en moi. L’envie de tout casser, de démolir ceux qui ont osé frapper cette partie de moi. Et d’elle. Les pires scénarios se montent dans ma tête, j’en ai vu des c0nnards. Certains allaient même jusqu’à abuser de leur propre fille et cette seule pensée me fout en vrac. Cette fille c’est MA fille. Sauf que je ne veux pas montrer tout ça alors je desserre mon emprise autour de son bras pour enchaîner d’une voix plus posée.

Ils te forcent à quoi ?

Mais déjà elle poursuit sur sa lancée, me présentant une bague que je ne connais que trop bien. Honnêtement, d’un point de vue purement financier, j’ai bien envie de récupérer cette bague et de la revendre pour me faire un peu de blé et retourner acheter de l’opium. Mais je n’en ai envie sur aucun autre plan et vu que je ne fais que ce dont j’ai envie…

Garde-la. Tu as ses yeux, elle t’ira tout aussi bien.

Je me relève lentement, désignant les ruelles s’étalant devant nous.

Viens, on va retrouver ton boiteux.

Un bref regard à mon « œuvre », un haussement d’épaules et la caboche de se secouer.

Ouais, j’ai été son « amoureux » et ouais encore je suis ton « père ». Mais ta mère n’était en aucun cas une catin, la prochaine que je t’entends dire ça je te plante ici et je m’arrache. Et puis maintenant arrête de causer et suis-moi, j’ai pas envie de passer toute la journée dans ce trou à rat.

Sans lui laisser le temps de répliquer, je me mets en route. Ça risque d’être compliqué d’interroger tous les boiteux d’un endroit aussi empli de miséreux…
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--Mathurin_le_boiteux


Quelle belle journée que celle là Tudiiiiiiieu...

C'était comme ça qu'elle avait commencé pour le Mathurin

Il repensait à tout les évènements de la nuit et de la journée.
Y a une semaine la Brunihlde , celle qu'est servante au vieux château, était venue le trouver

"La Dame de la maison, va crrrrrrrever le Mathurin, elle va me donner une bourse pour la gamine. Elle a demandé qu'on r'trouve el père de la gosse à la Cour des Miracles qu'elle a dit... Vu qu'toi t'es introduit là bas hein le Mathurin? J'va te l'amener quand la mère s'ra plus . Faudra pas t'donner la peine de la bailler la bas, tu la plantes pis vla. C 'qu'une bâtarde, elle manqu'ra à personne, et nous la bourse elle nous f'ra pas de mal hein le Mathurin?"

Quatre jours plus tard, on lui amenait la bâtarde, une bourse et une missive cachetée.
Dans la pénombre il n'avait vu qu'une silhouette de gamine.

C'est donc ça la bastarde dont il faudra se débarrasser... L'est pas épaisse, ca d'vrait le faire!

La gamine parlait parlait parlait

"Tu connais Niallan? Niallan c'est mon père tu sais!! Et ma mère, tu connaissais ma mère hein? Ma mère est trépassée... Et tu sais écrire toi? Et pourquoi tu boîtes? et tu fais attention à la lettre hein..."

Ils en pouvaient plus le Mathurin et ses oreilles! A ce point qu'il avait de la planter de son poignard, là comme ça, au milieu du chemin. Pourquoi attendre hein?
Il se retourna face à elle, tout en saisissant son poignard d'un mouvement souple du poignet. Elle avait le visage d'un ange et en plus elle lui souriait. Elle était vraiment pas vieille pour mourir comme ça... Confiante, la gamine avait glissé sa main dans la sienne

"Merci Mathurin de m'aider à trouver mon père. Je t'aime bien tu sais..."

C'est que c'était pas un assassin le Mathurin et surement un tueur de gosse!

Bah c'est la Cour qui f'ra son oeuvre et l'sale boulot à sa place, elle ira pas loin là dedans va...

Il pesait et soupesait la bourse qui lui avait été remise...
Y en a des écus la d'dans pour sûr!

En fin de matinée ils atteignaient les remparts de Paris, une demi heure plus tard ils arrivaient à Notre Dame...
Il fallait filer maintenant! En un temps record il avait perdu l'innocente dans la foule, tout boiteux qu'il était...

Il avait commencé à se remplir la panse et le gosier... Des jours et des nuits qu'il en rêvait le Mathurin! La première taverne avait fait l'affaire!!! Il s'était tellement aviné le bougre qu'il se laissa entrainer dans une ruelle où il fût correctement et proprement assommé et la bourse passa entre d'autres mains tout autant malhonnêtes...

Il ne revint à lui que fort tard... L'arrière de sa tête lui faisait un mal de chien. Il ne mis pas longtemps avant de réaliser ce qui lui était arrivé... Le poids de la bourse ne pesait plus à sa ceinture. Titubant, il avançait avec une envie de vomir qui lui tenaillait les tripes... Il se mi t dégueuler tout ce qu'il pouvait quand un petite voix familière le fit se retourner.


Mathurin! Mathurin je t'ai retrouvé... regarde j'ai retrouvé Niallan fin mon père aussi!! Il faut lui remettre la Bourse et la lettre, à lui tu peux... Hooo mais ça va pas Mathurin, t'es malade, t'es bléssé?

Relevant la tête ensanglantée, la donne n'était plus la même là... Elle était pas seule la mioche...
Ennia
Il avait touché la tâche sur son bras...
Elle avait eu peur et avait eu un mouvement de recul dans un premier temps, quand un homme la touchait généralement c'était jamais pour rien...

Aliénor l'avait deux ou trois fois sortie de situations des plus scabreuses des griffes de ses oncles ou de bâtards à eux tout aussi crétins... Il n'était pas facile de se déplacer entre ses rustres idiots sans moralité. Mais elle avait appris à se faufiler comme une ombre partout sans bruit... elle avait appris à voler de la nourriture quand la faim lui tenaillait les entrailles en se glissant tel un chien sous la grand table (c'est d'ailleurs pour ça qu'elle avait une grande cicatrice sur le dos de la main jusqu'au poignet. Sa main ayant été repérée, elle n'avait pu éviter le coup de couteau)...
Elle ne connaissait pas d'autre vie que celle là... Avoir peur des hommes ,des servantes, et de leur marmaille (tout ce petit monde se reproduisant...), apprendre à se cacher, les éviter, voler, grimper aux poutres pour espionner et écouter...


Mais lui, comme d'Alienor, elle n'en n'avait pas peur. Lui c'était comme évidence pour elle... Son instinct lui disait qu'elle pouvait se remettre à lui en toute confiance. Pour une fois dans sa vie, elle s'était sentie apaisée.

Elle avait envie d'entortiller ses bras autour de son cou, de s'endormir et de se laisser aller pour une fois contre quelqu'un sans être aux aguets.

Elle sortit de ses rêvasseries alors qu'il lui fit mal en lui serrant le bras... C'était pas sa faute, si elle était comme ça... Elle sentit les larmes monter mais elle se força à ne pas pleurer. Elle était pas un bébé et elle devait jamais pleurer pour pas montrer qu'elle était faible. C'est une des leçons qu'Alienor lui avait apprise : elle l'avait un jour fouettée au sang alors qu'elle pleurait puisqu'elle venait d'être rossée, elle devait avoir trois ou quatre ans ce jour là .


Jamais vous ne devez vous montrer en position de faiblesse en pleurant. Le jour où vous aurez mal vous vous souviendrez de ce jour où vous avez eu encore plus mal! Vous ne ferez jamais ce plaisir à personne de vous présenter en situation de faiblesse et en vous rabaissant face à lui! Il vous faut être forte ma fille... Ce monde ne vous épargnera pas!

Ah bon? il en voulait pas de cette bague? Ben qu'est ce qu'elle en ferait elle? Son doigt était beaucoup trop petit pour la remplir...

Et lui tournant le dos il s'enfonça de nouveau dans la ruelle en l'invitant à l'aider à retrouver le boiteux, après avoir posé encore une fois son regard sur elle...
Que pensait il d'elle à cet instant? Jamais personne ne l'avait encore regardé comme lui. Elle ne savait vraiment quoi penser.



J'ai été son amoureux... Je suis ton père...

Ses mots résonnaient dans son crâne. C'était lui, c'était bien lui et il le lui avait dit!

Ben c'est tout le monde qui l'appelait comme ça Aliénor hein... c'est quoi d'abord une "catin" hein, c'est pas bien d'être une catin?

Elle lui emboita le pas en tachant de se taire alors qu'elle avait envie de lui poser des tas de questions. Fallait vite retrouver Mathurin visiblement...

Elle le suivait comme son ombre hors de question pour elle de le perdre! Elle n'avait qu'une envie de glisser sa main dans la sienne pour ressentir la chaleur et la douceur de sa main comme tout à l'heure quand il avait touché son bras... Elle n'osa pas de peur de le déranger. Elle se sentait sale et vilaine à coté de lui. Ses cheveux étaient emmêlés et tombaient sans cesse dans son visage, lui cachant toute visibilité. La plante de ses pieds nus saignait.
Il avançait vite pourtant et ses petites jambes avaient du mal à suivre d'autant plus qu'elle marchait depuis la nuit.
Au détour d'une ruelle pourtant elle vit le boiteux et se précipita vers lui...
Il avait l'air bien mal en point. Il avait le crâne fendu et vomissait ses tripes au beau milieu de la rue.
Peu importe, elle s'occuperait de Mathurin après. L'important c'est que son père ait enfin la lettre d'Aliénor et de tenir son ultime promesse à sa mère.



Niallan
Eh bien tout le monde avait tort. Etre une catin c’est pas bien. Soit dit en passant, hors de questions que tu en deviennes une. Oh, et, je ne veux plus entendre ce mot sortir de ta bouche.

Je viens tout juste de mentir. Etre une catin, ce n’est ni mal ni bien. C’est un boulot comme un autre. De la même façon, je n’ai jamais craché sur ces femmes qui ouvrent les cuisses en échange d’une poignée d’écus. Sauf que je n’ai aucune envie que ma fille pense ça. Elle doit penser que le sexe, surtout s’il est tarifé, c’est mal. En fait j’aimerai bien qu’elle déteste les hommes et ne voit dans les femmes que des compagnes de jeux. Si elle pouvait rester vierge jusqu’à ma mort, ça m’arrangerait bien…
Coulant un regard discret sur la morveuse qui me colle aux basques, je me prends à sourire. Tenace pour une mioche. Elle ne dit rien, ne proteste pas. Elle est forte, sans doute tient-elle ça de sa mère et, étrangement, ça me rend fier.

Au fait, ici nous sommes à la Cour des Miracles. Tu ne devras jamais te rendre dans cet endroit toute seule. Et tu vois, là-bas…

Une taverne vaguement flippante et à la réputation douteuse est désignée alors que je m’agenouille pour me placer à la hauteur de la gamine.

Cette taverne c’est la Sans Nom. Elle appartient aux Corleone, des brigands terribles et sanguinaires. Mais ça peut être sympa là-bas, un peu dangereux mais sympa. Je t’y emmènerai un jour.

Houla. Reprenons. Je viens de parler au futur, là. Sauf que ma paternité je l’imagine plutôt comme quelque chose d’éphémère, un mauvais moment à passer. Je trouverai bien quelqu’un à qui refourguer la mioche, Miya par exemple. Je connais la Luciole, elle serait ravie de se retrouver sur les routes avec une petiote capable d’apprendre à brigander et à qui elle pourrait apprendre un tas de trucs bien déjantés. Et si Miya refuse, il me restera toujours la possibilité de reprendre contact avec ma famille et de leur laisser Lexi. Oui mais pour le moment elle est avec moi alors autant faire ça bien. La vue de ses petits pieds ensanglantés m’arrache une grimace et, sans vraiment réfléchir, je la soulève par-dessous les aisselles et la hisse dans mes bras.

Ça fait longtemps que tu marches, pas vrai ?

Sans attendre de réponse, je me remets à marcher, m’attirant les regards étonnés de certaines personnes. Quel genre de mec serait assez pourri pour laisser sa fille dans un état comme ça ? Pas lavée, sans chausses pour couvrir ses pieds en plein hiver… Soupirant, je me laisse noyer sous les regards hostiles sans sourciller et c’est mon indifférence qui les pousse enfin à se détourner. Tant mieux, vu le cri que pousse la gosse on doit avoir trouvé le fameux Mathurin. Et dans quel état ! Sourcils froncés, moue réprobatrice aux lèvres je repose la petite au sol et examine le spécimen.
Il n’est ni malade ni blessé, juste complètement bourré. La mioche ne l’a pas perdu de vue, c’est lui qui l’a perdue. Volontairement. Je suis même certain que c’était dans l’unique but de récupérer l’argent au détriment de la vie de MA fille. Il l’aurait laissée crever ce sale petit encuIé… Dents serrées, je me baisse légèrement afin de m’adresser à la mini blonde :

Surtout, n’interviens pas. Laisse-moi régler ça. Et, si possible, ferme les yeux.

Petit sourire confiant pour accompagner la chose et je peux enfin me diriger vers l’autre cuité. Pour ne pas me bardisser les doigts de dégueuli d’ivrogne, je le chope par l’épaule, appuyant dans le creux. Vous savez, l’endroit où ça fait bien mal.

Alors c’est dans la bibine que t’es allé dépenser l’argent d’Aliénor ?

Cette réalité m’énerve encore plus que tout à l’heure et, poussé par l’envie de lui faire regretter son geste, je lui envoie une droite bien sentie. Ouais, c’était peut-être pas la meilleure solution sachant qu’une gosse de dix ans observe sans doute la scène mais ça me démangeait. Ce type est l’exemple même du parfait salaud prêt à tout pour récupérer quelques écus à rapporter à sa grognasse. Même à laisser une gamine dans un endroit aussi sordide que la Cour des Miracles.

Ecoute-moi, enfoiré, tu vas te magner le tromblon à me donner ce qui reste d’écus et à me filer la lettre d’Aliénor.

La main s’agite sous le nez de l’ivrogne, la voix se fait plus sourde, plus menaçante.

Sinon j’achève de défigurer ta sale petite gueule.
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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
--Mathurin_le_boiteux
Un coup de poing rageur l'avait envoyé rouler encore plus bas qu'il n'était

Hoooooo hééééééééé j'lai pas dépensé l'argent on m'la ourdi! La mioche elle sait pas marcher, c'po ma faute, elle s'est comme dirait égarée et d'un coup plus derrière moi qu'elle était...

Mathurin se grattait la tête. Comment il se sortirait de sac à embrouilles?

Les écus là? j'les ai point! pas la peine de cogner ils vont pas me sortir par l'nez!
Pour la lettre c'est aut chose! j'l'ai queques part ouais... Je te le donne et tu me laisses filer. On va faire comme ça!


Il voulait rentrer vivant et c'était mal engagé. Cette lettre c'était son ultime porte de sortie de la cour, il était décidé le blond, et passablement agacé aussi, fallait pas se louper!

De ses doigts crasseux, il sortit la missive qu'il avait conservé entre sa peau et sa chemise.
--La_lettre


Niallan,

Je n'ai plus le temps... On va éviter de se mentir. C'est trop tard pour nous, pour vous et surtout pour moi.
Si vous avez cette missive, c'est que vous avez Lexiane votre fille. Elle l'est bel et bien rassurez vous.N'ayant point eu le plaisir de connaitre un autre homme que vous après votre départ et vous n'êtes pas sans ignorer que je n'en connu pas d'avantage avant vous. Elle est née en Décembre 1451. A vous de faire vos calculs, si la mémoire ou l'envie vous en prenait... Quoiqu'il en soit, vous aurez le plaisir de vous en rendre compte par vous même, elle tient beaucoup de vous.
Je l'élève depuis dix ans, et j'ai tenté de corriger certains traits de son tempérament qui me semblaient quelque peu excessifs et que je ne reconnaissais pas comme étant miens. Si aujourd'hui je vous l'envoie, ce n'est pas pour m'en séparer mais parce que je ne puis plus en prendre soin de là où je suis et qu'il n'est en aucun cas question que je la laisse entre mon père et mes frères, avec qui, elle serait plus en danger qu'avec vous...
Elle n'est plus si jeune mais n'est encore qu'une enfant. Il vous faut veiller sur elle maintenant c'est votre rôle. Je vous demande de ne point la "confier" aux personnes que vous aviez l'habitude de fréquenter. Ce que j'ai fait pour elle en dix ans sans jamais rien vous demander, vous pouvez le faire quelques années. Elle est de votre sang ne l'oubliez jamais.
Je vous fait parvenir une bourse de deux mille écus pour son éducation ou sa dot... A vous d'en juger quand le moment sera venu. En outre, elle sait lire , écrire le françoys, le latin et l'angloys. L'éducation qu'elle a reçu ferait d'elle une parfaite Dame de Compagnie et j'insiste de compagnie et pas d'autres choses, si au pire vous ne saviez que faire d'elle.
Nos chemins ne se croiseront plus donc. J'ai cependant une recommandation à vous faire. Nous sommes toutes la fille d'un père, qui a des rêves pour sa fille.
Sauf qu'un jour lorsqu'elle croise la route d'un homme "qui prend et qui s'en va" et que la fille se retrouve grosse, la vie de ce père, de sa fille et de l'enfant sont finis... L'homme qui court lui continue son chemin sans se retourner. Faites en sorte que notre fille ne croise pas le chemin d'un "homme qui court". Je ne sais que trop ce qui lui en couterait.
Je vous souhaite d'être heureux Niallan. Dites à notre fille que je l'aime et que je suis chaque jour à ses côtés.

Alienor
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