Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] *Crois-tu qu'on oublie autant qu'on le souhaite ?

Maryah


Dans les champs, au beau milieu de nulle part, avant d'arriver sur Paris ...


Du haut de ses cinq printemps, Perceval joue dans la terre. Il a soulevé des montagnes, creusé des rivières, planté des herbes, et il continue à malaxer, triturer, cette terre du bout des doigts. Maryah, toujours à proximité, s'est hissée sur la charrette, les jambes balançant dans le vide. Elle regarde Son fils, jouer, comme un enfant de son âge, innocent et passionné. Mais aujourd'hui, elle le regarde différemment. Évidemment Perceval lui ressemble ... il a ses yeux, il a ses cheveux, .... Et même son cœur, ... et son fichu caractère. Ah moins que ce soit le caractère du père. Oui mais lequel ... Il n'est ni blond, ni borgne. Elle avait fui le borgne, et le blond, elle aurait aimé l'oublier pour toujours.

Les souvenirs de la précédente rencontre avec les Spiritu Sanguis lui trottent encore en tête. L'homme au cœur du sujet des donzelles de la clique, Niallan.
L'homme qui brise des cœurs, Niallan.
L'homme qui aime une femme et en épouse une autre, Niallan.
Pas faute d'avoir tendu la perche à la jeune pourtant, Maryah lui a bien demandé : "mais c'est sérieux entre vous ou ... il se paie ta trogne ?".
Et la réponse de la mignonne l'avait laissé presque fière de son "élève" :
" - Bah ... s'il se paie ma trogne, il le fait avec un talent fou. "

Niallan. Son champion, sa créature. Le client qu'elle ne devait plus voir, du jour où le Duc avait réclamé l'exclusivité. Celui-qu'elle faisait quand même venir en douce, pendant les absences d'Enguerrand. Elle s'était prise d'affection pour ce jeune qui ne connaissait pas grand chose de la gente féminine, mais qui avait des ambitions démesurées. Étrangement, elle avait eu envie de lui donner tout ce dont elle avait manqué, pour un bon départ dans la vie. La connaissance, la séduction, la manipulation … pour le plus grands des plaisirs. Ce qu'elle découvrait, ce qu'elle apprenait, elle le lui apprenait tantôt avec fougue, tantôt avec douceur. Et ma foi, il aurait été ingrat de dire qu'il n'était pas à la hauteur. Il apprenait vite et bien, sans notion de bien ou de mal. Aucun à priori, aucun interdit. Seule l'efficacité comptait.

Et puis elle avait disparu. Ses p'tits cours particuliers avec Niallan lui avait manqué. Et le temps était passé, balyant son appétit pour Enguerrand, sa soif pour Niallan.
Seulement avoir entendu parler de lui, lui avait remué les entrailles ... Elle devait s'assurer d'une ou deux petites choses ...




Mon Champion,

T'rappelles tu seulement Celle qui osait t'appeler comme ça ? C'est moi, l'Epicée, l'Exotique ... Maryah. Ta travailleuse en relations humaines, ta préceptrice en séduction et positions, ton enseignante en détournement d'intérêts et de fortune !
Tu me remets ? 'fin façon de parler hein ... Les salons privés de la Rose Pourpre ?

J'ai rencontré une certaine Léan en taverne. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? C'est vrai qu't'as des sentiments pour elle ? J'crois pas t'avoir appris ça ... Règle numéro : Jamais de sentiment ! Règle numéro 2 : Jamais d'exception ! Tu te souviens ?
Pis c'est quoi cette histoire de Mariage ? Mais qu'est c'qui t'es arrivé mon pauv' gars ! T'as conscience que tu t'es marié avec la plus grande Empoisonneuse de Paris ? et donc du Royaume de France et ses labyrinthes mal famés ? C'pas ça que j't'ai appris ... Tu vrilles mon grand !

Bon, j'te sauve la peau du cul encore une fois en t'pointant c'qui va pas dans ta pratique, mais c'est toujours donnant donnant.
Tu m'dois donc un service et ça tombe bien j'ai un truc à te demander.
Il semblerait qu'ton monde et l'mien sembl' se rapprocher, se côtoie, se touche du doigt et pas aussi sensuellement qu'on pouvait l'faire toi et moi.
J'ai rencontré un gars bien (un peu nerveux, mais comm'il me faut), Dolgar, on est en train d'monter une affaire ensembl' et j'voudrais pas tout perdre. Or, il a un cousin qui s'appelle Vector ... un d'tes potes si j'ai bien écouté les Spiritu. Dis-moi qu'tu lui as jamais parlé d'moi ? Promets-moi qu'si nos routes se croisent, tu f'ras comme si on s'connaissait pas ... tu t'rappelles ? Règle 12 : tu ne connais jamais aucun client. Promets-moi qu'tu n'ébruiteras jamais tout ça ... Rappelle toi l'nombre de leçons qu't'as pas payé ... de façon très aristotélicienne.
Enfin ... pour conclure, car comme tu l'sais faut toujours conclure, vite et bien, ça s'rait bien qu'on s'parle à l'occasion. Un p'tit doute sur un truc ...

Consciencieusement,

L'Exotique


PS : dis-moi comment tu vas ... si tu t'en sors ...



* Citation de A. de Musset
_________________

Bannière réalisée par LJD Pépin_lavergne
Niallan
[Putain. C’est comme ça qu’on nomme les femmes qui font payer les hommes*]

Maryah était effectivement nommée ainsi mais jamais je n’avais employé ce terme-là pour la désigner et jamais je ne le ferai. Elle est l’Epicée, moins qu’une amante, plus qu’une amie. En fait, je ne pourrai jamais trouver les mots qu’il faut avec elle, elle est unique. C’est elle qui m’a tout appris, elle m’a appris à manipuler, tromper, tricher, m’affirmer. Mais elle m’a aussi appris le corps d’une femme, le plaisir. Dès le début du vélin, j’avais compris qui m’avait écrit. Et, à la lecture des mots suivants, j’avais opéré un retour brutal dans le passé.
La Rose Pourpre, six ou sept ans plus tôt. J’étais seul, je n’étais rien. Juste un type comme un autre qui se rend au bordel pour s’oublier le temps d’une étreinte dans les bras d’une catin. Elle m’avait tapé dans l’œil immédiatement. Elle était étrangère, j’étais un inconnu. Elle avait une couleur de peau étrange, j’étais un bâtard. C’est avec elle que j’ai passé cette nuit-là. Et toutes les autres…

Eh oh, messire, qu’est-ce que je vous sers ?
Hein ? Ah, oui, pardon. Une bière.
Marie, tu lui prépares sa bière s’il te plait ?

Le prénom de la tavernière me renvoie directement à l’Exotique. Bah oui, Marie/Maryah, voyez c’est assez proche. Alors je me souviens. Les yeux fermés je revoie mes mains glisser sur son corps alors que mon regard restait ancré au sien, guettant son approbation. Je ferme les yeux plus fort pour m’ôter de la tête son corps qui se déhanche, ses jupons qui se lèvent. Et c’est là que je me mets à penser au reste. Au fait qu’on devait se cacher à cause d’un nobliau possessif. Je n’ai cherché à avoir son nom, ça ne m’aurait servi à rien. Mais peut-être qu’aujourd’hui, aujourd’hui que j’ai un nom, une famille des amis…Aujourd’hui je pourrai lui casser la gueule pour me venger de ce qu’il imposait à Maryah. Sauf que ça enfreindrait les règles qu’elle a édicté. Chacun se demmerde, personne ne se connaît.

Votre bière.
Merci.

Quelques écus sont déposés sur la table avant que je ne baisse pour attraper de quoi écrire. J’ai envie de la revoir, que ce soit pour lui parler ou pour l’étreindre. Mais avant, il faut bien que je lui réponde.

Citation:
Ma belle Maryah,

Eh oui, tu as utilisé le possessif alors je n’allais pas m’en priver. Je suis heureux de te savoir en vie et flatté de recevoir des enseignements à distance. Mais, dis-moi, que dire d’un professeur qui n’applique pas ses propres leçons ? J’ai oublié d’être stupide, tu dois t’être sacrément amouraché de ton Dolgar pour que tu t’inquiètes de ce qu’il puisse penser de toi et que tu aies assez confiance pour t’associer avec lui.

Je suis tombé amoureux et j’ai comme l’impression que tu en as fait de même. Ne t’en fais pas, les règles sont faites pour être enfreintes, c’est ce que j’ai appris au sein de la Spiritu Sanguis. Je te vois déjà t’agacer à la lecture de cette missive mais, promis, je n’enfreindrai pas la règle numéro 12. Vector ne saura rien et, crois-moi, c’est très difficile pour moi de cacher ça à mon meilleur pote ! Sauf que c’est toi alors je peux bien faire un effort.

Pour ce qui est de ma femme, ouais, je vrille complètement. Je merde et après faut que je me demmerde pour m’en sortir. J’y arrive. Un peu. Parfois.

Et tu sais, je n’ai pas commis que ces infractions-là. J’ai une gamine, elle a dix ans. Tu me connais, tu sais à quel point j’avais en horreur l’idée d’avoir un chiard et pourtant, si on m’enlève ma fille, j’en crèverai. Aimer un enfant est pire que d’aimer une femme car, quoique tu fasses, tu ne cesseras jamais de l’aimer.

J’ai envie de te revoir, que ce soit pour lever ce doute dont tu parles ou simplement pour voir comment tu es maintenant. Si toi aussi tu t’en sors.

Je t’embrasse,

Niallan.

P.S : Un jour il faudra que tu me dises pourquoi tu es partie.

_________________

Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Maryah



Elle ronchonnait encore contre le courrier reçu une semaine plus tôt. Devait elle vraiment prendre le risque ? De le revoir ? De le rencontrer ? De le faire chanter ? De se rappeler tout ça tout ça ... Ne lui en avait t-elle pas fait assez baver en projetant sur lui sa haine des Hommes ? en lui laissant croire qu'il était l'exception, le meilleur, le Champion ? Pourquoi avait-elle fait de lui un joueur, un manipulateur, un séducteur voleur qui blesserait d'autres femmes, encore et toujours ? Pourquoi lui racontait-elle tant de choses, alors qu'elle était censée être folle amoureuse du Duc ? Pourquoi s'amusait-elle à le rendre jaloux ? ... Pourquoi n'avait elle jamais cherché à le revoir ? ...

Et puis Perceval entra dans son champ de vision, il était mignon le petit avec ses yeux bridés et ses cheveux soyeux ... un mini elle, étranger à son royaume de Majapahit ... Désormais, ils étaient deux étrangers. Et alors, elle n'eut plus aucun doute, aucun regret, rien . C'était bien, c'était ce qu'il fallait faire. Elle allait légèrement abuser de Niallan, comme elle l'avait toujours fait ... à sa façon. On ne change pas une habitude qui gagne. Et il parlait bien d'une enfant ... et ils avaient passé des nuits entières à faire l'amour ... euh à baiser, à niquer ... 'fin tout ces mots qui n'devaient jamais parlé d'amour justement. Des nuits entières à voler au dessus des autres, à rêver, refaire le monde, refaire leur vie. Crever de passions et d'ambitions dévorantes. De bas instincts, comme on disait dans les bas quartiers. Ah son Champion, c'était quéqu'chose ... Son Sacrifice ? Non, elle était son sacrifice à lui. Celle pour qui il mettait tous ces écus de côté, certainement volés, pour apprendre nuit après nuit ; celle pour qui il acceptait toutes les missions, toutes les dépravations. Mais, faisaient-ils tout ça par pure ambition tous les deux ? ou avaient-ils fini par se prendre au jeu et se brûler un peu ... beaucoup ... à la folie ???

Si timoré, si empaffé devenu si brûlant, si conquérant !

Une lutte intérieure gronde, ange contre démon :
Tu joues avec le Feu Maryah !
Mieux vaut lui ... en plus ça se tient ...
C'est dégueulasse tu peux pas lui faire ça !
J'peux tout c'que j'veux, c'est mon fils, ma bataille ; j'reculerai devant rien.
T'as Dolgar ça t'suffit pas ?
Dolgar sait qu'il n'est pas l'père et Perceval aussi. Y lui faut un père ... et un père qui cherchera pas à m'le prendre ... et qui soit démerde ... et qui n'a pas cent bâtards de par le Royaume !
T'es une manipulatrice ! menteuse ! et têtue !
J'm'en tape ... c'est bien l'dernier d'mes soucis d'être une gentille fille au cas où t'aurais pas r'marquer !
Tu vas te planter ... Niallan c'est plus un mignonnet ...
Je vais TE planter ! Et je vais me débrouiller pour qu'il vienne et qu'il y croit ; après j'écrirai à Enguerrand, et Perceval sera à l'abri pour toujours !




Mon Champion ...

Ouais ça m'est difficile de dire autrement.
Ton courrier me fait grand effet. J'crois que j'ai jamais réussi à t'oublier. J'crois qu'y avait un peu plus qu'un simple enseignement entre nous. Et ça a laissé des traces.

Donc oui j'veux te revoir. Laisse moi te dire que je serai jamais amoureuse, et j'ai réfléchi à c'que t'as dit. J'l'ai dit à Dolgar pour la Rose Pourpre. Par contre, j'ai pas trop envie d'lui parler d'toi dans l'immédiat. P't'êt' qu'un jour, au hasard d'une rencontre, on se croisera nous, Dolgar et Vector. ça s'rait sympa, mais dis pas qu't'étais un client. Un ami d'enfance, ça passera mieux. Et c'est pas si faux ... A la Rose, j'avais que toi pour parler de mes tracas, de mes soucis, de mes craintes, et de cet amour qui me dévorait ...

J'suis ravie d'apprendre que t'as une gamine, j'ai un fils de 5 ans et j'fais les mêmes découvertes que toi. On peut pas n'pas les aimer, on n'peut pas les abandonner dans un coin ... pourtant, toi comme moi, on n'était pas des grands sentimentaux. P't'être que ces p'tites choses nous rendent meilleures. ça pourrait être sympa qu'un jour ils se rencontrent, j'ai comme dans l'idée qu'ils s'entendront bien, comme s'ils étaient déjà liés.

J'vais agir, follement comme on f'sait avant ... J't'attendrais dans 2 jours, dans la petite auberge où on se retrouvait les samedis soirs, quand le Duc était dans ses banquets. Vient seul, j'en ferai autant. Y a des gens qui me tiennent à coeur dans les Spiritu Sanguis, j'préférerai qu'ils ne sachent pas. J'ai pas franch'ment envie d'ébruiter c'que j'faisais avant.

L'Exotique



Et fait est dit. Ne se souciant pas s'il pourrait venir, IL viendrait, Maryah se rendit discrètement dans les rues de Paris, glissant dans la nuit noire comme au bon vieux temps, rasant les murs, évitant les coins sombres.
Elle allait enfin le revoir. Elle allait encore lui mentir. Et ça continue encore et encore.
Non, elle a changé des trucs. Pas de robe ce soir, pas de poudre satinée, pas de parfums ... l'Exotique n'a plus les mêmes moyens pour la mise en beauté. Ni les mêmes missions. Ni les mêmes envies.
Elle a tout de l'aventurière, avec ses braies de cuir rouge, sa chemise de la même couleur, ses bottes et sa cape noires, et quelques dagues dissimulées. Bah quoi ? Niallan, c'est pas un enfant de choeur hein ! Et il connait les trucs pour piéger et manipuler, elle n'est à l'abri de rien. Elle vient bien elle, lui jouer un tour. Il pourrait le faire aussi.

En arrivant devant la petite auberge discrète, elle regarde autour d'elle, et vérifie qu'elle n'a pas été suivie. Personne. Elle entre, glisse quelques mots à l'aubergiste et une petite bourse. Il l'emmène à une table, à l'opposé de l'entrée et près d'une fenêtre comme elle a demandé. Elle commande de quoi boire et vérifie que celle-ci s'ouvre. Elle se recoiffe du bout des doigts, ouvre légèrement le lacet de sa chemise, vérifie la vue et s'en satisfait.
Faut-il qu'elle prenne un air triste ? désolé ? tendre ? bouleversé ? Rhaaaa merde ... Elle se laisse choir dans l'fond de son siège et se masse les tempes, après tout elle verra bien ! Niallan est un ami, un complice, un ...

Moment de doute. Qu'est-ce qu'elle fiche là ? Dans quelques instants il sera là. Ses mains se font moites, son corps se raidit au passage de quelques souvenirs brûlants, elle décroise les jambes, les recroise, en fait autant avec ses bras. Et s'il ne venait pas ? Et s'il venait ...

_________________

Bannière réalisée par LJD Pépin_lavergne
Niallan
[J'ai accepté par erreur ton invitation*]

Je suis venu. J’avais le choix pourtant : je pouvais ignorer cette lettre et commencer à faire une croix sur mon passé ou foncer droit vers lui. Je suis un fonceur, j’aime pas faire des croix. Encore moins sur des personnes qui ont autant compté pour moi que l’Exotique. Alors je suis là, devant cette sal0perie d’auberge à me demander si ce n’est pas une erreur. Parce qu’elle n’a pas été qu’une simple enseignante, je crois que je l’ai aimée. Pas un amour fou ou prêt à tous les sacrifices, non, un amour passionné qui n’était dit que par nos corps brûlants s’entrelaçant. Et puis dans sa lettre elle m’a appelé « Mon Champion », elle m’a dit qu’elle n’avait jamais réussi à m’oublier. Mais moi j’appartiens à une autre. Et cette autre porte mon enfant, notre enfant. Elle est ma femme et je lui ai juré de renoncer à toutes les autres pour elle.

Alors qu’est-ce que je fous ici ?! Hein ? Pourquoi est-ce que je suis allé trainer mes guêtres dans ce bouge ? C’est n’importe quoi. Je vais faire une connerie et je ne vais pas arrêter de le regretter. Lèvres pincées, je rajuste ma chemise blanche et jette un œil à mes braies et bottes noires. Ces mêmes bottes que je ramène en sens inverse. Faut que je m’arrache d’ici, que je retrouve ma femme. Oui, voilà, MA femme. Celle que j’aime et que je ne cesserai jamais d’aimer. Plus de Léan, plus d’Aphrodite, plus d’Erilys, plus de Maryah… J’ai promis. Sauf que…Tu sais j'suis pas un mec sympa et j'merde tout ça tout ça tu sais j'ai pas confiance j'ai pas confiance en moi tu sais j'ai pas d'espérance et je merde tout ça tout ça. * Sûr de faire une connerie, je pousse la porte de la petite auberge. Et c’est là que je la vois.
Seule, elle l’a toujours été. En revanche elle est devenue une toute autre personne. Mélange de noirceur et de sang. Pour se protéger ? Pour qu’on ne la regarde plus comme une catin ? Pour impressionner ? Pourtant elle n’est pas si impressionnante, elle semble douter, hésiter. Comme moi. Sauf que je n’hésite plus lorsque j’avance vers elle avec la démarche assurée qu’elle m’a fait répéter des centaines de fois.

Salut.

Oui, on fait mieux comme entrée en matière, je vous l’accorde. Mais vous vouliez que je dise quoi ? Qu’elle m’a manqué ? Elle doit bien le savoir. Que je suis venu ? Elle l’a remarqué. Sourire aux lèvres, je prends le temps de la regarder. De la regarder vraiment, sans m’embarrasser d’une gêne quelconque qui m’aurait fait baisser les yeux ou détourner la tête. Je la regarde comme je la regardais avant, les doutes de l’élève en moins. Et puis les images du passé reviennent. Cette bouche que j’embrassais, ces yeux dans lesquels je me noyais. Son corps nu qui s’écrase contre le mien avec une marque au fer rouge au-dessus de sa poitrine. C’est pour ça les fringues rouges ? Pour dire qu’elle aussi maintenant elle est capable d’apporter le rouge du sang ? Elle a déjà tué et elle tuera sans doute encore pour protéger le gamin qu’elle évoquait dans ses lettres. Tout comme moi je tuerai pour protéger ma môme.
Je secoue la tête. Retour au présent avant qu’elle s’imagine que j’ai perdu ma langue dans quelques orifices, ahum.

Si tu veux on parle de toi. Si tu veux on parle de moi. *

Ouais, parlons de ta future vengeance que t'auras toi sur moi. * De cette vengeance dont je ne me doute pas. Parce que moi, je continue à te sourire et je me risque même à avancer ma main vers la tienne avant de me raviser. Allez, parle-moi, tu sais j'ai pas toute ma raison.*


*Louise Attaque - Ton invitation

_________________

Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Maryah



Et il est là ... La démarche assurée, le regard déterminé, le corps tendu ... la main offerte et retirée.
* Respire Maryah ... respire ... *
Pas possibl' ! Il est encore plus beau, plus viril, plus attirant. Le coeur de l'Etrangère s'emballe, le regard du Champion sur ce qu'elle est devenue la fait rougir, pire qu'une débutante. Là ma grande ... t'as un souci. Un os. Une galère. Dans laquelle tu t'es foutue toute seule, chapeau bas ... Y en a qui sont les proies de prédateurs, qui se font avoir, tromper, non ... toi c'est mieux, tu te tends des pièges à toi toute seule. Genre la vie c'est chiant, alors j'pimente !

Les yeux de Maryah caresse le corps tant connu, mais qui six ans plus tôt n'était pas à l'apogée de sa maturité, de son charisme, de sa virilité ... comme aujourd'hui. Elle lorgne la chemise blanche, qui, elle en est certaine, se déchirerait dans un bruit si excitant ... Mouarf ! C'est lui qu'elle aurait du aller voir quand elle rejetait son corps, victime de tous les abus. Son savoir-faire, sa passion et cette fichue attirance qui, preuve en était, n'avait pas encore disparu.
Il la détaille, comme avant, rallumant d'un regard la flamme des souvenirs. Maryah se mord la lèvre, piétine sur place, replace une mèche de cheveux derrière son oreille, comme si ses lèvres charnues et charnelles s'aventuraient encore et toujours sur sa peau.
Wow wow wow du calme !!!

Ben ma grande, reprends ton souffle ... c'est qu'un homme !
Ou alors tu le renverses sur la table et t'abuses de lui ; il est venu hein ? A ses risques et périls !
Mais ça va pas la tête !
Bah quoi ? La meilleure façon de résister à la tentation, c'est d'y céder ; d'façon, avec lui une fois de plus ou une fois de moins ...
T'es bête ou quoi ? J'suis venue sauver mon fils d'un potentiel enlèvement ou anoblissement pourri !
ça ... j'avais bien deviné qu't'étais pas v'nue sauver ton coeur ... ni ton c** ...
ça suffit !!!

Elle aussi secoue la tête de droite à gauche. C'est chiant d'pas réussir à être en accord avec soi. En même temps quand on va sortir un gros mensonge comme elle va le faire, profitant d'un grand coeur, pour sauver le sien ... Faut p't'être pas vouloir se regarder en face. J'dis ça, j'dis rien ...


Si tu veux on parle de toi. Si tu veux on parle de moi.
- Oh oui ! Dis-moi !*

Se rendant compte de l'intonation et du volume tout à fait inappropriés, elle tousse et s'installe à la tablée. Elle aurait pas du choisir un coin discret, au contraire, elle aurait du demander en plein milieu de la foule. Merde ! Elle a un rôle à t'nir là ! Elle se force à se concentrer sur Perceval ... son fils ... sa bataille. Elle reprend plus calmement, en le laissant s'installer en face d'elle :

Dis-moi oui ... Ce que tu deviens, ce que tu fais, ce que tu vises ...
Mais dans sa tête, les mots se pressent, s'accélèrent en musique, tout comme ses battements de coeur qui font se soulever un peu trop vite sa poitrine.
Dis-moi oui ... Mais non, ne dis plus jamais non ! L'amour, le loup, est risque. Dis-moi oui ... mais non, ne dis plus jamais non. Et plus ... mon coeur sous X ... dis-moi oui, mais non, ne dis plus jamais non. L'amour "mon champion" se risque. Dis-moi oui, mais non ... Dieu, mon dieu que c'est long sans toi, mon corps sous X ... Allongée sur le dos, l'amour rend tout plus beau ... Oh-oh-oh-oh . Dis-moi oui. Mais non ! Ne dis plus jamais non !*

Combat intérieur, alors qu'elle s'empresse de remplir les deux godets que le tavernier vient enfin d'apporter ! Pas trop tôt hein. Et tout en l'écoutant, dans sa tête, elle s'entraine : "tu sais la marque ... pareil ... c'est toi ... il est de toi. Non ... c'est ton fils ... Non ... c'est la preuve de toi et moi, le résultat ... le ... ha merde ! Faut qu'elle y arrive.


* Oui mais ... non, Mylène Farmer

_________________

Bannière réalisée par LJD Pépin_lavergne
Niallan
[Tu me plais*]

Putain, c’est dingue comme le passé peut s’accrocher parfois. Si on m’avait dit quelques mois plus tôt que mon cœur battrait aussi vite en la revoyant, je me serais contenté de rire. Genre, moi, troublé ? Nan, pas possible. Et pourtant je ne vois pas comment expliquer autrement les tremblements qui agitent mes mains, la tension qui mène mon corps vers le sien, mes lèvres vers les siennes. Grincement de dents. Y’a des sentiers à ne pas fouler. Je me concentre pour récupérer un air parfaitement neutre avec juste le petit sourire en coin de circonstance et puis elle me demande de parler de moi. Merde, ça m’arrange pas ça, j’aurais préféré qu’elle choisisse la première solution. Qu’est-ce que je pourrai lui dire ? J'aime voyager, tu me plais. J'aime le matin, tu me plais. J'aime le vent, tu me plais. J'aime rêver, tu me plais. J'aime la mer, tu me plais.* Ouais, non, vous avez raison ça va pas du tout.
Que vais-je faire? Je ne sais pas. Que vais-je faire? Je ne sais plus. Que vais-je faire? Je suis perdu.* Putain, Maryah, tu crains ! Pourquoi tu m’as pas balancé ton truc par lettre ? Remarque, je suis pas mieux, je suis venu. Abruti que je suis ! Allez, nouvel essai : J'aime courir, tu me plais. J'aime la pluie, tu me plais. J'aime revenir, tu me plais...J'aime la nuit, tu me plais.* Rhaaa mais merde, c’est encore plus craignos ! Faut que j’arrête de la regarder, de penser à tout ce que je pourrai lui faire à l’étage. Faut que je vire de ma tête tous les souvenirs de nos étreintes. Et que je parle de moi. Je vais zapper l’épisode dans lequel je tombe fou amoureux de ma femme et où je lui promets fidélité, ce serait un prétexte pour que l’Exotique reprenne nos leçons. Ouais, non, c’est pas la vraie raison parce qu’il y a des leçons que j’aurais aimé reprendre. Alors c’est quoi la vraie raison ? … Putain, elle embrouille toutes mes idées avec plus de talent que les opiacés !

Ce que je deviens…

Oh, c’est bieeeen ! J’ai répété exactement la première partie de sa question, quelle belle avancée.

Je t’ai dit que je m’étais retrouvé papa. Lexiane, dix ans, une petite blonde aux yeux verts. Magnifique, intelligente, drôle. C’est mon chef-d’œuvre même si je n’arrête pas de lui dire qu’il manque encore des coups de pinceau. Pour la garder auprès de moi plus longtemps, surement.

Je souris, ravi de l’entrainer sur un terrain que je n’estime pas glissant. Ahlala, mon pauvre ! Si tu savais, tu fermerais ta gueule. Mais tu sais pas alors tu continues à t’épancher sur ta fierté d’être papa et cette famille que tu t’es constitué.

Tu m’as connu bâtard et paumé. J’ai retrouvé ma frangine et mon frangin mais je peux difficilement me les voir alors j’ai ma propre famille. Ma môme, la mère qu’elle s’est trouvé, mon enfoiré de meilleur pote…tu sais, Vector, celui qui ne doit pas savoir pour nous…, la presque-femme de celui-ci. Y’a Aphrodite aussi. Oh, et, j’allais oublier ! Ma femme.

Oublier, mais bien sûr ! J’y pense à chaque instant, chaque seconde. Mais j’ai bien compris que Maryah ne pouvait pas la voir (un truc qu’elle partage avec mes autres amies femmes) et puis ce serait reconnaître que je me suis une nouvelle fois brûlé les ailes. Je m’attaque au godet rempli par l’Epicée avant de passer à la dernière partie de ma question, celle qui me pose le plus de problèmes… Ce que je vise ? Comment te dire que je n’en ai aucune foutue idée ? Enfin si, j’en ai une mais ça s’approche beaucoup trop du pauvre mec coincé dans une vie bien chiante alors je préfère la mettre de côté pour mes vieux jours. Godet vidé, sourire amusé aux lèvres, je me décide à répondre (en évitant de trop la reluquer pour ne pas perdre mes moyens).

Tu sais comment je suis, je me contente du présent. J’aime pas prévoir, planifier et tous ces trucs bien chiants. Mais j’ai quelques idées. Protéger les miens et puis…allez, je te le confie ! Cocufier le roi en personne. Les rois ne tiennent même pas un an alors je me taperai deux reines par an ! Avec tout ce que tu m’as appris, elles devraient même en redemander. Qu’est-ce que t’en penses ?

Wowwww, terrain glissant, on met les freins !

A toi maintenant. Pourquoi t’es partie ? Pourquoi t’es revenue ? Et puis où sont passées les robes et tout le reste ?

J'aime baratiner, tu me plais.*


*Traduction Manu Chao - Me Gustas Tú

_________________

Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Maryah


Il est là, elle le regarde, il la détaille, elle l'écoute, il lui dit tous ces mots, elle l'aspire, il l'inspire. Elle le jauge aussi. Dans quelques instants, elle va lui annoncer qu'il est le père de son enfant, leur ... enfant. Bon choix ? Un choix de champion ça peut jamais êt'mauvais. Faut qu'elle retrouve la confiance qu'elle avait pour lui, quand elle lui racontait ses sentiments pour le Duc, et la prison et les galères. Quand elle lui confiait ses rêves, ses ambitions, ses croyances hérétiques. Quand elle le laissait la serrer fort, jusqu'à étouffer de lui ... encore et encore, pour réalimenter le goût de la vie.
Son regard se perd dans le sien alors qu'il parle de cette famille qu'elle n'aura jamais, de cette fille pour qui il semble prêt à tout sacrifier, pas de doute, c'est lui, le Bon Choix. Le Beau Chou. Elle sourit doucement, alors que son regard noir s'embrase et que ses pensées s'animent : "Embrasse moi dessus bord, viens mon ange, retracer le ciel ; j'irai crucifier ton corps, pourrais-je depunaiser tes ailes ? Embrasser, te mordre en même temps ! Enfoncer mes ongles dans ton dos brûlant, te supplier de me revenir et tout faire oh tout pour te voir partir et viens ! Emmene moi là bas, donne moi la main que je ne la prenne pas, écorche mes ailes, envole moi, et laisse toi tranquille à la fois. Mille fois entrelaçons nous, et lassons nous même en dessous. Serre moi encore serre moi ... Jusqu'à étouffer de toi !"

Lui et Elle.
Lui, le salaud qui pille le coeur des femmes,
Elle, la femme qui n'sait plus trop d'où l'amour tire son charme !
Papillons de fleurs en fleurs
D'amour en amour de coeur
Ceux qui n'ont qu'une étoile
Ou ceux qui brûlent leur voiles.

Elle se rappelle tout ce passé, elle se rapproche de lui, le lien se tisse à nouveau. Elle se convainct qu'il peut être le père parfait, la passion les consumerait, leur chemin se séparera bien vite. Il le faut. Mais Perceval connaitra son père, et cessera ses questions incessantes, embarrassantes, et ... il faut le dire, cruelles.
Elle est heureuse, elle a trouvé, elle sait. Elle aimerait lui dire "à force de se tordre, on en finirait par se mordre. A quoi bon se reconstruire, quand on est adepte du pire ?" Car oui, adeptes du pire, ils l'ont été, ils le sont et le seront toujours. Malgré nous, Malgré nous, à quoi bon se sentir plus grand que nos deux grains de folie dans le vent ? Ils n'ont que ça, ils ne sont que ça : deux âmes brûlantes et ...


Deux enfants !

Merde ... euh flûte ... tarabistouille ... hum ... putentraille ... Elle a parlé à haute voix non ? Ah bah ça c'est l'principe de la cocotte, ça gonfle, ça gonfle, pis d'un coup ça se met à siffler à vous percer les tympans, et après ça crache, ça brûle ... moui z'avez raison, évitons les détails.

Elle est là sur son tabouret, penchée dessus bord, et un peu mal à l'aise, n'ayant pas écouter ses derniers mots, ne sachant pas s'il avait fini ou pas, s'il l'interrogeait ou pas, elle lui tapote la main.


T'as créé Deux chefs d'oeuvres, deux enfants ... la tienne, le mien ... 'fin le notre. J'suis partie parc'que j'étais enceinte. C'tait horrible, j'savais pas de toi ou d'Enguerrand ... J'ai changé d'vie, j'ai changé d'garde robe, j'ai changé d'activité. On a été séparé longtemps avec ... ton Fiston. Et enfin, on est rassemblé. Et l'soir où j't'ai écrit, j'lui avais donné son premier bain. Et là ... le choc ...
C'est qu'elle le joue bien, c'est qu'elle le rêve ... même qu'elle finit par douter, et si ...
Je lui frottais les bras, quand j'ai reconnu ta tâche de naissance ; la même que t'as en haut du bras, un parfait croissant de lune brune. Le p'tit veut connaitre son père, et moi j'veux pas te cacher ça.

Nos deux grains de folie réunis en un joli p'tit bonhomme aux yeux bridés et aux cheveux soyeux ; il s'appelle Perceval, il a 5 printemps. Un p'tit bout de Toi et Moi ... Il a besoin de son papa, je crois ...


Et de serrer la main dans la sienne, avec toute l'émotion du moment. Profiter de celui-ci, serre moi encore, serre moi encore ...



* Tryo, Serre moi ...

_________________

Bannière réalisée par LJD Pépin_lavergne
Niallan
[Jeune et con*]

Elle m’attire, je sais qu’elle va sortir un truc qui va me secouer ou carrément m’achever mais pour le moment j’en ai rien à carrer. Elle hésite, tergiverse mais moi, je ne la lâche pas des yeux. J’ai envie d’elle, peut-être même plus que quand elle portait ses robes affriolantes et ses parfums à faire tourner la tête. Il y a ces fringues rouges et noires, celles qui disent « je ne suis plus faible, je suis forte » (et peut-être prête à t’éviscérer mais ça, tu le sais pas). Mais surtout il y a son regard, sombre, carrément tentateur. Est-ce qu’elle aussi, elle a envie de moi ? J’ai du mal à me la jouer assuré et nonchalant, là. Une douce chaleur se fait sentir un peu trop bas, eh merde. Mon cœur s’accélère. Allez, pense à autre chose ! Une vieille femme moche, ridée et édentée ? Non, pas suffisant pour que disparaissent de ma tête mes pensées tout ce qu’il y a de plus charnelles. C’est finalement elle qui se charge de tout faire redescendre avec un cri franchement intriguant.

Quoi ?

Encore un jour se lève sur la planète France. Et je sors doucement de mes rêves je rentre dans la danse. Comme toujours il est huit heures du soir j'ai dormi tout le jour. Je me suis encore couché trop tard je me suis rendu sourd encore.* Ça c’est ce qui se serait passé dans un jour normal, sans Maryah, juste après une soirée de beuverie. Mais c’est pas comme ça que ça se passe. J’aurais préféré être sourd, croyez-moi. Manque de chance, je le suis pas. Tout se bouscule dans ma tête et ce, à une vitesse fulgurante. Deux gosses ?! Mais de quoi elle cause, là ? Comment elle sait pour Aphrodite ? Et puis le gosse n’est pas encore né (ce serait déjà un putain de miracle s’il naissait) alors comment… Si ça se trouve elle me fait suivre, si ça se trouve elle va me faire du chantage ou me buter, là, dans cette taverne. Ou alors m’annoncer qu’elle était enceinte à l’époque où elle est partie.
La dextre se serre autour du godet. C’est quoi ces conneries ?

Tu te fous de moi, là ?! Ouais, tu te fous de moi, forcément.

Puisqu'on est jeune et con. Puisqu'ils sont vieux et fous. Puisque des hommes crèvent sous les ponts. Mais ce monde s'en fout. Puisqu'on n'est que des pions. Contents d'être à genoux. Puisque je sais qu'un jour nous gagnerons à devenir fous.* Fou, je suis clairement en train de le devenir, surtout quand elle balance le nom d’Enguerrand. Attendez, ce sale c0n pédant et pourri jusqu’à la moelle pourrait être le père de MON gosse ?! Non, ça va pas le faire. Bondissant sur mes pieds, j’appuie le plat de mes mains sur la table et pose sur l’Epicée des prunelles d’un azur assombri par la rage. Tout à ma colère, je ne me rends même pas compte que dans ma caboche les idées de « fiston », « fils » et « enfant » ne s’accordent déjà plus qu’avec « mon ». Je suis en train de perdre pied parce que ce qui m’emmerde le plus, ce n’est pas d’être père de cet enfant, c’est de l’être PEUT-ÊTRE.

Mais qu’il crève ! J’emmerde cet enfoiré de borgne. Qu’il aille se faire démêler les poils du derrière par ses abrutis de serviteurs et qu’il pourrisse dans un de ses châteaux !

D’accord, je suis pas en train de perdre pied mais de devenir complètement barge. A cause de lui, Maryah et moi devions nous cacher. Il a toujours voulu l’exclusivité, se proclamant seigneur et maitre. Tu vas voir qui va te saigner, seigneur de mes deux ! J’étais jaloux de lui, jaloux de ce pouvoir dont il se servait continuellement, de cette attraction qu’il exerçait sur l’Exotique. Et aujourd’hui il voudrait me piquer mon enfant, mon fils ?! Crève, crève, crève ! S’il a une femme ou même une fille plus adolescente que gamine, je jure que je finirai par me la taper. J’espère qu’il est marié, oh oui ! J’engrosserai sa bonne femme et elle accouchera d’un parfait petit blond qui contrastera divinement bien avec le brun raté qu’il est.
C’est à ce stade-là de mes réflexions que la voix de Maryah retentit à nouveau à mes oreilles. Tâche de naissance ? Croissant de lune brune ? Comme moi, comme Lexi. Ma marque de fabrique. Mes lèvres s’étirent immédiatement en un sourire victorieux. Je t’ai niquéééé sale borgne ! Je souris un peu plus quand elle se met à le décrire et je souris toujours quand elle s’empare de ma main, quand elle dit que Perceval, mon fils, a besoin de moi. Quand je contourne la table pour m’approcher d’elle, je souris encore et quand j’encadre son visage de mes mains, mon sourire ne s’efface que parce que mes lèvres viennent s’écraser contre les siennes. Avec brutalité, passion et tous les autres synonymes que vous pourrez trouver. Je l’embrasse sans me soucier du fait qu’elle soit la nana du cousin de mon meilleur pote ou que j’ai juré fidélité à ma femme.

Merde, ma femme… Pestant contre les chaines invisibles qui me retiennent de continuer à l’embrasser, je m’écarte à contrecœur et la regarde. Mélange de désir et de peur. D’appréhension et de tendresse.

Alors, il est où notre chef-d’œuvre ?

*Paroles Saez - Jeune et con

_________________

Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Maryah
[Tu me fais tourner la tête … ]


Tu te fous de moi, là ?! Ouais, tu te fous de moi, forcément.

Bah non … Enfin oui … Enfin non ! Après tous les tests de paternité n'existent pas, et qui peut dire de Niallan ou de Flex celui qui l'a aimé le plus fort au point de laisser sa trace en elle … Petite trace chevelue de 5 ans. D'ailleurs ça vient d'où les bébés ? De l'amour, de la passion, de la violence de l'acte, de sa tendresse, de ses débordements, de ses dérives ou au contraire, droit au but ? Qui sait ? Qui pourrait dire ? Pas elle. Et finalement, tant pis s'il doit s'énerver, elle préfère sa réaction à l'indifférence du Duc aux mille bâtards. C'est plutôt rigolo l'ancien p'tit client, maladroit avec les filles devenues champion Bourreau des cœurs et bourrage des … hum pardon … enfin, Niallan qui va lui dire que c'est pas pro ou quoi encore ?!
Du coup, ça s'fait pas, mais un p'tit sourire en coin apparaît sur le visage de l'Exotique. Il est mignon quand même …



Mais qu’il crève ! J’emmerde cet enfoiré de borgne. Qu’il aille se faire démêler les poils du derrière par ses abrutis de serviteurs et qu’il pourrisse dans un de ses châteaux !

Maryah écarquille les yeux. Quoi ? Qu'est c'qu'il se passe dans sa jolie tête de blond, et la voilà qui instinctivement se recule. Le champion est-il devenu violent ? Va t-il la gifler ? La cogner ? La clouer contre le mur ? Elle a bien fait de choisir cette taverne, l'aubergiste interviendra c'est certain. Et puis, s'il est en colère d'être père, il ne va tout de même pas faire de Perceval un orphelin en l'assassinant, elle ? Non …
Quoique … à bien y réfléchir, cette grossesse dont elle ne parle jamais ou qu'à demi-mots, n'a été qu'une horrible malédiction. Devoir s'enfuir à plusieurs mois de grossesses, chevaucher des jours et des jours sur la monture de Peyrac, s'arrêter souvent pour vomir boyaux et tripes, ne pas comprendre ce qui lui arrivait ni ce qui l'attendait, croire en mourir, être charcuté comme une vache à l'étable, traitement qui avait du la rendre stérile, mourir de honte, mourir de douleur, mourir d'infection, mourir de chagrin en laissant le petit au curé de Troyes … Et finalement vivre.

Elle lit cette étrange lueur dans le regard de Niallan, qu'elle ne lui connaît pas. Mais il sourit … Son visage se métamorphose, et l’Étrangère reprend confiance. Et le temps se suspend, l'émotion déborde. C'est un moment surréaliste que vit Maryah. Elle découvre la joie que toute femme doit éprouver en annonçant à son mari qu'elle attend un enfant de lui, qu'elle porte son héritier, qu'elle va faire de lui un père. Pas une once de reproche ou d'humiliation, comme elle l'avait craint l'instant d'avant. Il est heureux de la nouvelle, elle est heureuse de l'annonce. Son cœur s'emballe, sa tête lui tourne. L'homme fier se lève et l'embrasse, juste comme elle aimait, avec juste ce qu'il faut de passion, de folie et de virilité. Les réflexes ont la vie dure : elle passe ses bras autour de son cou, sa langue se fraie un passage entre ses lèvres fermes, son corps se colle au sien, attiré comme un aimant contre son ancien amant. Et pourtant ce baiser diffère des précédents, celui-ci a un petit « plus », un ingrédient supplémentaire. Il porte en lui les graines de l'acceptation, rare chez une Maryah qui a l'habitude d'être rejetée ; mais aussi une graine d'esprit familial, et cela l'emporte littéralement. Elle s'abandonne, se livre à son baiser, promenant ses mains tremblantes sur son corps viril qu'elle redécouvre. Niallan dans le rôle du père, Maryah dans le rôle de la mère, et Perceval dans le rôle de l'enfant. Déos que le moment est bon … Le décor s'efface, la pièce tourne sous ses pieds … c'est si bon …


Tu me fais tourner la tête,
Mon manèg' à moi c'est toi
Je suis toujours à la fête
Quand tu me prends dans tes bras
Je ferais le tour du monde,
Ca ne tourn'rait pas plus qu'ça
La terr' n'est pas assez ronde
Pour m'étourdir autant qu'toi
Et la terr' n'y est pour rien
Ah ! oui parlons-en d'la terre
Pour qui ell' se prend la terre
Ma parol' y a qu'ell' sur terre
Y a qu'ell' pour fair' tant d'mystère


Que n'aurait-elle donné pour vivre ce moment ? Jusqu'à sa vie, en fait. Ses mains remontent de ses fesses à son dos, et viennent s'accrocher à sa tignasse. Elle aime sa puissance, son côté sauvage, celui qui lui fait perdre la tête. Ce baiser fougueux, osé, tout en force qui ressemble à sa vie, cette passion que lui instille chaque nuit … Dolgar …
Pas le temps de réagir, elle en est encore à mordiller ses lèvres et à grogner doucement, qu'il s'arrache à leur étreinte, rompant le charme qu'il a installé d'un contact. Le regard noir de la bridée s'accroche encore au sien. Lentement, elle reprend pied et sa respiration. Boom she boom … il lui fait perdre la raison. Brûlante, frémissante même. Rythme d'enfer du sang dans ses vaisseaux. Touché coulé !

Elle a failli dire les mots de trop. Ceux que leur relation commercialisée, ou commère-ciel-isé ne tolérait pas. Elle est gênée. Elle rougit, comme si les mots sautillaient de regard à regard. Comme si tout ce qu'elle s'était interdit de ressentir à son égard venait d'exploser, icy et maintenant. C'est un terrain inconnu pour les deux. S'appuyant au mur, pour ne pas vaciller, elle reprend en se râclant la gorge, tentant de faire fi de ce qu'il venait de se passer :


Percy est à Saint Claude, sous bonne protection.
Oui merci Dolgar et ses ombres … Joli de lui laisser le gamin et d'en embrasser un autre … vilaine fille !
Je voudrais éviter qu'il connaisse la cour des miracles. Je veux qu'il réussisse sa vie, lui …
Amer souvenir de tout ce qu'elle a raté, de tout ce qu'elle est. Enfin, côté fouteur de merde, le père s'impose là aussi. Y a pas à rougir ! Et les peurs de la mère ressurgissent :

J'veux pas qu'il vole, j'veux pas qu'il se batte, et j'veux pas qu'il fume …

… « comme toi », aurait-elle pu rajouter. Quoi ? Faut bien qu'elle trouve des trucs pour le tenir éloigné de son petit cœur, dont les tissus déchirés semblent mystérieusement se réparer. P'tain … une famille quoi ! Et un petit sourire se dessine sur les lèvres :

Tu pourras le voir quand tu veux. On peut venir te rejoindre dans une ville qui t'ira bien aussi, mais pas icy … Pas la Cour. Il a besoin de savoir d'où il vient, et j'ai pas toutes les réponses. 'fin un papa identifié, ça s'rait bien ... même juste une fois ... qu'il sache, qu'il te voit.

Elle se mord la lèvre. Wouah ! Percy a un père, un vrai, qui s'fout pas de lui. Et cet homme ne la laisse pas indifférente …
_________________

Bannière réalisée par LJD Pépin_lavergne
Niallan
Roxanne.*

Cinq cent ans plus tard il y aura une chanson dans laquelle un homme demandera à une prostituée portant ce prénom de ne plus allumer la lumière rouge, de ne plus se vendre. Il lui dira que ce temps-là est révolu. Je n’ai jamais rien demandé de tel à Maryah, je n’en avais ni l’envie ni le droit. Aujourd’hui c’est autre chose que je veux qu’elle arrête de faire. Je ne veux plus qu’elle s’éloigne de moi, qu’elle s’écarte. En fait, j’ai envie qu’elle revienne tout contre moi, l’embrasser jusqu’à étouffer. Il y a surement des chambres à l’étage, elle pourrait être tout contre moi. Et pourtant elle s’écarte. L’époque où elle se vendait est révolue mais je refuse que celle où nous nous aimions soit elle aussi révolue. Merde, j’ai dit aimer ? Toutes mes excuses. On ne doit pas parler d’amour, c’est l’une des principales règles. Oui mais ne pas tomber enceinte faisait aussi partie des règles, peut-être pas formulé comme ça mais c’est tout comme. Cette règle-là on l’a transgressée. Alors pourquoi pas les autres… ?
Lentement je me rapproche d’elle, avançant ma main droite jusqu’à sa joue pour la caresser avec douceur tandis que ma main gauche s’égare sur sa hanche. Derrière elle le mur, derrière moi le monde et pourtant j’ai l’impression qu’il n’y a que nous. Nous deux et Perceval, mon fils, notre fils. Si je me retiens de l’embrasser c’est uniquement parce qu’elle parle et que ce qu’elle dit est important. Et peut-être aussi parce que j’ai juré fidélité à la femme aimée. La pique muette m’arrache un doux sourire.

Et si on l’empêchait de boire aussi ? De l’alcool j’entends.

Je me souviens de la colère qui s’était emparée de moi quand un abruti fini avait fait picoler ma fille. Oui, c’était « juste trois verres » y n’empêche que c’était trois verres de trop. J’avais piqué ma crise, balancé des insultes et des chopes et nous nous étions barrés de la ville. Alors si mon fils de cinq ans se mettait à fumer et à boire… Quant à se battre, mouarf, hors de questions que mon gosse ressemble à tous les crétins prétendument invincibles. L’Epicée reprend la parole et c’est le sourire aux lèvres que je l’écoute, la main gauche se déplace de la hanche à son ventre.

C’est de là qu’il vient. C’est tout ce qu’il a besoin de savoir pour l’instant. Il a grandi dans ton ventre. Et si tu pouvais lui glisser quelques mots sur qui celui qui l’y a mis… Sans dire comment, hein ! C’est pas encore de son âge !

C’est là que je m’esclaffe. J’imagine la brune faire part à Perceval d’un tas de détails charnels devant sa tête ébahie. Et puis je repense à ces derniers mots et j’arrête de rire pour lui offrir un sourire. Je ne te parlerai pas avec condescendance. Je dois seulement t'avouer mes sentiments.* Non, pas ceux-là. Ceux-là je les tairai sans doute jusqu’à ma mort. Ceux qui concernent l’enfant.

J’ai envie de le voir maintenant. Est-ce que…est-ce qu’on peut tu crois ? Ou tu crois peut-être que c’est trop tôt ? Et tu lui as parlé de moi ?

Mon palpitant s’affole à cette pensée. Qu’est-ce qu’elle lui aura dit ? Que son père n’est qu’un sale drogué alcoolique pas foutu de rester en place, profiteur et manipulateur ? Encore un enfant qui aura grandi sans moi, encore un que je ne verrai pas faire ses premiers pas. Je sais que c’est stupide. Et niais. Mais quand j’ai vu ces pères s’émerveiller devant leur progéniture tout juste sortie du four (ouais, bon, ça va !), je me suis senti bien con, moi et mes engueulades quotidiennes avec ma gamine. Je fais alors quelque chose qui est tout sauf raisonnable. Je m’écarte légèrement de Maryah, dépose un baiser sur son front et me tourne vers la petite assemblée.

C’est ma tournée ! J’ai un fils !

Quelques félicitations fusent, le tavernier commence à servir les chopes et moi je me retourne vers l’Exotique avec un petit sourire bien particulier. Vous savez, ce sourire qu’ont les enfants quand ils ne savent pas s’ils ont fait une connerie ou quelque chose de bien. Je suis un grand gamin, que voulez-vous.


*Traduction paroles The Police - Roxanne

_________________

Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Maryah
Ils s'aiment …

Sait-il comme il attise son désir à caresser sa peau, à la regarder de la sorte, à lui sourire ? L'élève a dépassé le Maître, Maryah déglutit difficilement, lisant dans son regard, de vieilles scènes, sans dessus dessous, se remémorant d'anciennes étreintes sans queue ni tête … Et ces soirées où il devait recommencer une vingtaine de fois la même caresse, le même frôlement, pour le maîtriser. Par Déos, le don était la seconde peau du Champion, et Maryah avait bien du mal à se concentrer sur le sujet actuel.

L'empêcher de boire ? Compliquée pour Maryah qui avait une relation très étroite avec l'alcool. Le verre qui l'aidait à oublier, celui qui l'aidait à se calmer, ou l'autre encore qui l'aidait à rester « normale », fréquentable, et celui de plus qui la rendait douce, ou l'ultime qui la faisait dormir. Mais, si leur fils n'avait rien à oublier, cacher, peut être n'en aurait il jamais besoin … M'enfin, un p'tit gars qui boit pas … ça l'fait pas trop. Elle profite de la diversion pour ne pas répondre.
Car elle la sent, cette main qui glisse sur son ventre alors qu'il lui fait les yeux doux. Cette main forte et protectrice … Percy a un père. Voilà qui arrache un sourire de plus à l'Exotique. L'orphelin, le bâtard n'est plus au programme. Elle rit avec lui, une raison de plus à la nécessité d'un père. Quand Percy aura grandi, qu'il approchera les douze treize ans, et qu'il faudra l'emmener au bordel, elle ne pourra pas. Son Père le fera. Et il y a fort à parier que Niallan ne rechignera pas à la tâche. Le geste est rassurant, sensuel et l'épicée efface les douleurs qui s'y étaient incrustées. Niallan … ce fils du Vent qui souffle sur ses nuages noirs. Celui qui a semé cette graine de vie. Elle pose instinctivement sa main sur la sienne, et tourne sa main paternelle sur son ventre désespérément plat depuis l'Unique, avant de s'approcher et murmurer à son oreille :


Je lui dirai qu'il est né d'un Champion …

- J’ai envie de le voir maintenant. Est-ce que…est-ce qu’on peut tu crois ? Ou tu crois peut-être que c’est trop tôt ? Et tu lui as parlé de moi ?

- J'ai été plutôt évasive. Je ne voulais pas qu'il se sente rejeter si tu refusais de le voir. Je le ferai. Mais nous remontons depuis peu de Lyon, laisse-le prendre ses repères à Saint Claude, et vient lui présenter son père. Laisse-moi quelque jour d'avance … et puis je suppose que tu dois prévenir ta femme …


Oui. Bien sûr c'est oui. Ces deux-là doivent se rencontrer. Perceval doit avoir un père. Il n'est pas l'enfant du Saint Esprit. Et Maryah n'est pas l'Immaculée. Le baiser que Niallan dépose sur le front de Maryah finit de la convaincre. L'annonce la fait sourire. Pire. En une phrase, il vient de la rendre fière de la mère qu'elle est, et des choix qu'elle a fait. Une intense chaleur envahit sa poitrine, et quand il lui adresse un petit regard gêné tout droit sorti de leur passé, elle craque littéralement. Adossée au mur, elle se donne une petite impulsion et s'approche doucement de lui. Elle se saisit de ses mains et les pose sur ses hanches, avant de se serrer contre lui, de l'enlacer tendrement et de lui murmurer à l'oreille :

Oui … tu es papa d'un joli petit garçon qui n'attend plus que toi …

Elle sourit à l'assemblée, dans laquelle se répand une forte odeur de bière. Et alors que la mousse coule à flot, elle s'empare une nouvelle fois des lèvres de Niallan. La salle applaudit. Ils vivent avec 5 ans de retard, le miracle d'être parents. Eux qui, s'il y avait eu un quelconque choix de Déos ou permis d'enfanter, ne l'auraient jamais obtenu ! C'était comme ça que tout aurait du se passer, et ils ne se privent pas de le vivre.

Ils s´aiment comme avant
Avant les menaces et les grands tourments
Ils s´aiment tout hésitants
Découvrant l´amour et découvrant le temps
Y a quelqu´un qui se moque
J´entend quelqu´un qui se moque
Se moque de moi, se moque de qui?

Ils s´aiment comme des enfants
Amour plein d´espoir impatient
Et malgré les regards
Remplis de d'espoir
Malgré les alcooliques,*
Ils s´aiment comme des enfants
!


Le baiser est intense et se répète, au milieu des applaudissements, des félicitations, sans compter les quelques éméchés qui viennent toucher le ventre de Maryah, et font la remarque à Niallan qu'il va falloir la remplumer, qu'elle va manger pour deux. C'est un flot de conseils, tous aussi inutiles les uns que les autres, qui s'abattent sur Niallan.
Les deux parents se retrouvent à aller de table en table, félicités par les uns et les autres, récupérant des p'tites tapes d'encouragement, de ci de là, récoltant des phrases toutes faites comme : « à Père performant, enfant battant », « à Mère allaitant, enfant résistant » … et j'en passe.

Maryah et Niallan se laissent porter par l'ambiance de l'annonce et du lieu, des tournées offertes et de tout un tas de petites attentions. Le cadeau de la Vie semble rendre les gens généreux. Le tavernier vient même leur affirmer que « moi, je savais bien qu'vous finiriez ensemble ». C'est de justesse qu'ils évitent le « mariés et eurent beaucoup d'enfants », bien que quelques courageux ou fous, c'est selon, demande à quand le prochain.

Et le temps passe, la soirée s'écoule. En une nuit, au milieu des pochtrons, ils ont été intronisés parents officiels du petit Perceval. Vient le temps de se séparer. Maryah passe son mantel et sort, pendant que les derniers encouragements reviennent au père. Elle a beaucoup bu, et le vent sur son visage, dans ses cheveux, lui redonne un petit coup de fouet. Enfin, son Champion la rejoint. Elle rit à la soirée irréaliste qu'ils viennent de vivre, car les clients ne se doutent pas que l'enfant concerné a déjà 5 ans et qu'il est sorti des entrailles de Maryah depuis un moment. Oui, elle rit de la blague, elle rit de l’ambiguïté, elle rit d'avoir trop bu aussi. Elle rit encore parce que le moment est gênant, dérangeant, … il va encore falloir se quitter. Lui rentrera prévenir sa femme qu'il a un rejeton de 5 ans, elle prévenir Perceval qu'il a un père blond comme les blés. Faudra qu'elle trouve quelque chose aussi pour la prétendue marque de naissance, que Percy n'a jamais eue.


Je vais rentrer voir notre petit Trésor. Tu m'écriras quand tu seras prêt à venir. Niallan ? Merci. J'ai adoré cette soirée …


Ils s'aiment, Daniel Lavoie, paroles légèrement revisitées pour l'occasion.

_________________

Bannière réalisée par LJD Pépin_lavergne
Niallan
Je ne savais pas comment réagirait la brune, au mieux je pensais qu’elle sourirait mais sa réaction a dépassé toutes mes espérances. Non seulement elle se serre contre moi mais en plus elle confirme mes dires ! Alors ça fait cet effet-là d’être parents ? Cette fierté, cette impression que rien ni personne ne peut nous atteindre. C’est grisant, délicieusement bon. Et c’est euphorique que je lui rends son baiser, le cœur battant à tout rompre. Les applaudissements fusent, les chopes s’entrechoquent et bien sûr je participe à cette beuverie. Un bras autour de la taille de l’Epicée j’attrape une chope et la lève bien haut.

A mon fils et à cette femme merveilleuse qui l’a porté ! A Maryah !

L’ensemble des personnes présentes reprend le dernier cri alors que les premiers godets sont vidés d’un trait. Clang fait la chope vide que je repose sur la table alors que je me tourne vers elle, devenant hilare lorsque je remarque la mousse qu’elle a au coin des lèvres. Sourire aux lèvres, j’essuie la fameuse mousse à l’aide de mes pouces et puis, parce qu’on sait jamais, il pourrait en rester, je l’embrasse à pleine bouche. Nouvel éclat de rire alors que je me saisis d’une nouvelle chope afin de lui réserver le même sort qu’à la précédente. Ce soir je bois. Oui mais pas pour oublier, pour fêter ma paternité.
C’est au cours de la descente du troisième godet qu’un hurluberlu fait son apparition. Sourcils froncés, je le regarde tripoter le ventre de l’Exotique, hésitant entre lui écraser ma chope sur la trogne ou l’envoyer faire la bise au sol. Non mais c’est vrai quoi, c’est qui ce type ? Et de quel droit il tripote MA brune, hein ?! Alors que je viens tout juste de me décider pour le sol, le gus clarifie certaines choses, à commencer par pourquoi il la touche. La remplumer…il a vraiment cru qu’elle était enceinte, là, maintenant ? Oui, il l’a cru, la preuve, il enchaîne avec le « manger pour deux » terriblement commun. Je roule des yeux et, écartant légèrement Maryah des paluches inquisitrices :

Non mais en fait…

J’allais rectifier le tir, je vous le jure. J’allais leur expliquer à tous qu’on fêtait la venue au monde de notre enfant cinq ans après, qu’on était pas vraiment ensemble et peut-être même que je leur aurais dit que j’étais marié à une autre. Sauf que j’ai vu son sourire, j’ai entendu son rire, j’ai découvert sa fierté et perçu sa joie. Et vous voulez que je sois honnête ? Jamais elle ne m’a parue aussi heureuse, aussi belle. Aussi femme. Alors tant pis ! Pour la vérité, on repassera.

…elle a toujours été très fine ! Mais ne vous inquiétez pas, je veille sur elle et surveille son alimentation.

D’autres conseillers se ramènent et j’ai du mal à ne pas me moquer de leurs mises en garde comme celle consistant à ne pas voyager ou celle qui implique un repos complet jusqu’à la naissance. Une femme assez … étrange nous certifie même qu’il faut à tout prix éviter les maïs pour que notre enfant n’ait jamais d’épis. Oui, j’y pensais justement. Tout le monde y va de son petit conseil et de ses félicitations et moi…moi je n’en finis plus de rire. Ce n’est pas un rire moqueur, c’est un rire heureux. Je bois tous les verres qui me sont offerts et puis, surtout, je n’arrête pas d’embrasser Maryah. Parfois avec tendresse, d’autres fois avec passion. Après la treizième chope, j’en viens à me demander ce qu’il se serait passé si elle m’avait annoncé sa grossesse cinq ans plus tôt. Est-ce que j’aurais assumé ? Est-ce que je me serais barré ? Est-ce que Flexounet l’attardé m’aurait buté ? Et aujourd’hui, on serait quoi ? Mari et femme ? Bah ! J’enchaîne avec la quatorzième pour arrêter de cogiter et une fois celle-ci aussi vide que les autres, je tends mon bras à l’Exotique.

Allez viens, on va danser ! Montrons-leur ce que peut donner l’association d’une Exotique et d’un Champion.

Je ris encore et l’entraine au centre de la taverne. Là, je la fais tournoyer, la plaquant de temps en temps contre moi pour l’embrasser. Les gens tapent du pied et des mains, certains vont jusqu’à pousser la chansonnette et d’autres nous rejoignent. C’est la première fois depuis un bon paquet de temps que j’ai l’impression de redevenir un grand gamin insouciant, le blond sans attaches qui a tout appris dans une chambre de la Rose Pourpre. On danse, encore et encore, presque jusqu’au petit matin. Vient alors le temps de partir, pour la première fois de la soirée je lâche la taille de la brune, la laissant remettre son mantel. Quelques pochtrons viennent me féliciter pour la énième fois, je leur tapote sur l’épaule, les remercie et sors à la suite de l’Epicée.
J’ai trop bu, trop dansé, trop tardé mais je m’en moque. Complètement. Ce soir j’ai su ce que c’était que de devenir officiellement Papa, de vivre ça avec la mère. J’enlace tendrement cette dernière, dépose un énième baiser sur ses lèvres et me laisse aller à un brin de confidence…

Je t’écrirai, oui. Merci à toi. Moi aussi, j’ai adoré… Et, Maryah… Je crois que je ressens quelque chose, là.

Je me saisis de sa main et la pose à l’endroit où s’agite mon palpitant.

Quelles étaient les chances que deux anciens amants se retrouvent après cinq ans et découvrent que leurs sentiments n’ont pas changé ? Elles étaient incroyablement minces. Et pourtant, le blond embrasse encore la brune et lorsque celle-ci prend le chemin du retour, il ne la lâche pas des yeux jusqu’à ce que la nuit la happe entièrement.
_________________

Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)