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[RP] On pourrait faire l'amour...

Niallan
...mais l'amour c'est fait de quoi ?*

~Eté 1451, bled paumé au sud du Royaume de France.
Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont amoureux. Ah non, attendez, le blond me fait les gros yeux et affirme qu’il ne tombera plus jamais amoureux, pas après s’être pris un râteau par la Louve. C’est cela, oui. Comme si c’était lui qui allait décider. Il n’est pas au bout de ses peines, moi je vous le dis ! Il tombera amoureux, même qu’il se mariera avec une femme qui finira par le rendre dingue. Han ! Vous avez vu ? Il vient de me faire un geste obscène. Il veut la jouer comme ça ? Très bien. En plus de ça il sera père à vingt-trois ans d’une gamine de dix ans qu’il aimera à en crever. Mais puisque les bébés ne naissent ni des choux ni des roses, il va falloir qu’il s’y mette un jour…~


Hé ! Gyps, t’as vu ça ?!

L’adolescent que je suis fixe avec émerveillement le cracheur de feu qui fait une démonstration de ses talents sur la place publique. Sauf que là, j’ai l’air con. Je redeviens le gamin qui faisait des ricochets, des grimaces et des acrobaties, le même gamin qui s’est fait jeter. Moi je veux être un homme. Un dur, un combattant, un tombeur… Un homme qui fait se pâmer toutes les donzelles sur son chemin et ce n’est certainement pas en m’émerveillant de tout comme le dernier des crétins que je vais y parvenir. Me rengorgeant, j’adopte finalement une moue blasée avant de sortir un lapidaire :

Mouais, enfin c’est juste un type qui se prend pour un dragon, ça se saurait si ça existait pfff.

Et pourtant, j’aimerai tellement que ça existe moi, les dragons. D’ailleurs, parfois je me prête à croire qu’il y en a encore quelques-uns qui ne demandent qu’à se réveiller mais ça, je le garde pour moi. Ouais, ça colle pas à l’image que je me fais d’un homme. Un homme ne rêve pas de contes pour gosses, un homme croit uniquement en lui (et en Dieu normalement mais va pas falloir trop m’en demander). Retenant un soupir d’exaspération contre cette stupide théorie selon laquelle les contes ne sont que des histoires ridiculement fausses, je me tourne vers mon amie. Ah Gypsi…je me doute bien qu’elle finira par partir mais aujourd’hui elle est là alors j’en profite, je ne suis plus seul. Je lui décoche un sourire et c’est bras-dessus bras-dessous qu’on se trimballe dans les ruelles de cette ville dont j’ignore le nom.

On va par là ?

Sans attendre sa réponse, je l’entraine dans une ruelle plus sombre que les autres. Et ce que je vois me fait froncer les sourcils dans une moue expectative. Des femmes très maquillées (même qu’on dirait que certaines se sont pris des gnons !) et très peu habillées sont appuyées contre les murs de la ruelle. Je les regarde longtemps, si bien que l’une d’elles me fait signe de venir. Bouche qui s’ouvre en « O » tandis que je m’avance vers elle, toujours bien accroché à mon amie. La main droite de la femme se pose sur ma joue et elle me sourit, laissant voir un trou dans sa dentition. Beurk.

Alors mon mignon, tu cherches quoi au juste ?
Euh…
Ne sois pas timide, on peut aussi s’occuper de ton amie…

Sa bouche s’approche de mon oreille, je déglutis.

Tu verras, nous savons faire des choses que tu n’imagines même pas…

Sa main délaisse ma joue pour « s’égarer » sur mon torse. Et moi ben moi je bondis en arrière. Ah non mais là ça va pas être possible, j’ai jamais embrassé une fille alors faire radada…Non, pas possible ! J’aurais l’air ridicule et puis cette femme elle n’est pas très jolie, même carrément moche. A nouveau j’entraine Gypsi avec moi, quittant cette ruelle et ce qu’elle voulait m’offrir. Je pince les lèvres et me tourne vers elle. Elle est plutôt jolie Gypsi, peut-être qu’on pourrait… Le rouge aux joues, je peine à la regarder dans les yeux.

Alors, on fait quoi maintenant ?


*Emmanuel Moire - Ne s'aimer que la nuit

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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Gypsi
Joindre l'utile à l'agréable. Ou presque.

~Ete 1451, quelque part dans le grand Sud ~
*Mon premier c'est une femme*

Gypsi a bientôt 16 ans. Voilà maintenant 6 ans qu'elle a fugué de chez ses riches parents. Voilà maintenant 6 ans qu'elle vit avec les Casas, travaillant pour leur père, comme tous ses enfants. 6 ans de coups, de solitude malgré l'amitié de Waryn et de la petite dernière. 6 ans de regret et d'amertume. 6 ans de débrouille... Sans parvenir à égaler les talents de danse, ou de diseuse de bonne aventure, ni même de musicienne que ces frères et soeurs de galère, Gypsi en était réduite à de maigres recettes qui lui valaient régulièrement quelques coups. Elle s'était alors initiée d'elle-même au vol. Si les débuts lui parurent aisés, ils la mirent trop vite en confiance ce qui manqua de lui faire perdre une main, si la course poursuite avec la milice avait finalement mal tournée. C'était dans ce contexte d'agitation qu'elle avait croisé pour la première fois le jeune Niallan. Le timide Niallan. Rencontre qui avait suivi sa décision de fuguer à nouveau. Rencontre qui avait suivi de peu sa discussion avec une catin qui lui avait expliqué qu'elle pourrait aisément le devenir, qu'elle gagnerait bien mieux qu'en volant ou dansant mais que pour cela il fallait qu'elle perde sa virginité rapidement et acquiert un peu d'expérience.

C'est ainsi que sa résolution avait été prise. Elle travaillerait quelque temps là-dedans. Juste le temps d'acquérir assez d'argent pour partir, loin, longtemps, et trouver un autre emploi. Ô les douces utopies et les doux rêves de jeunesse... Pourtant, la volonté de la pseudo bohémienne ne fléchissait pas. Niallan était un jeune garçon gentil, timide, un peu naïf aussi. Rêveur et tendre. Le genre de jeune garçon qui veut devenir un homme, qui veut grandir trop vite. Et Gypsi était encore dénuée de recul pour lui dire de prendre le temps pour cela. Elle, elle avait déjà trop vécu du haut de ses 15 ans et des poussières. D'une vie et des choix qu'elle regretterait plus tard, pour la plupart. Pourtant à cette époque, c'est une Gypsi taquine, voir un peu moqueuse parfois - mais en toute gentillesse - qui fait face au jeune blond.

*Mon deuxième c'est un homme*

C'est une Gypsi qui savoure les derniers instants de simplicité et de liberté qu'elle pense avoir avant longtemps qui marche à ses côtés. Bien sûr qu'elle voit. Mais son esprit à déjà trop vu d'horreur pour s'émerveiller encore devant un spectacle si simplet. Ce qu'elle voit plutôt c'est les changements de perception forcés de Niallan, ce qui lui procure un sourire. Elle n'a besoin de rien dire. Il se reprend de lui-même. Premier pas pour lui. Et Gypsi est partagé entre attachement et manipulation. Si elle reste tant avec lui c'est parce qu'elle a besoin de lui. Pourtant, à force de le cotoyer, elle finit par l'apprécier. Un mince sourire répond à celui de l'émerveillé, tandis qu'elle se laisse entraîner dans les ruelles. Elle s'amuse de le voir prendre des initiatives. Elle le laisse faire, quasiment muette ce jour-là, sans que cela semble le déranger pour autant. Il a l'air simplement heureux, et Gypsi l'envierait presque pour ça. Sauf quand sa candeur les mène vers la catastrophe !

A son arrêt subite, sa bouche en "o" devant les catins, elle fronce légèrement les sourcils. Elle l'observe du coin de l'oeil, sans comprendre réellement quand il se remet en marche. Enfin son regard se pose sur celle qui ne sera jamais sa collègue quand ils arrivent près d'elle et instinctivement elle recule d'un pas, tentant de faire s'éloigner Niallan également. Elle ne va quand même pas lui piquer son p'tit blond ?! Hors de questions ! Et pour qui elle se prend en plus celle-là ? Laisse-moi en dehors de tes cochonneries saleté !


Fout-lui la paix, Chiabrena !

C'est ce moment là que choisit Niallan pour prendre ses jambes à son cou et s'enfuir loin de cette ruelle de luxure, suivi bien sûr de la brune qui voltige de légèreté et d'amusement devant les réactions de son jeune compagnon. ça, pour la surprendre, il la surprend. En continuant d'avancer, le voilà qui se tourne vers elle, pour lui poser LA question du jour. L'un comme l'autre déteste s'ennuyer. Pourtant sans répondre, la brune rétorque par une autre question :

T'en n'avais jamais vu avant ? Des catins ?

Continuant d'avancer, elle lui offre le temps nécessaire à sa réponse, avant de lui proposer une idée pour s'occuper l'un comme l'autre, et continuer à mieux se connaître.

J'te propose qu'on s'trouve un p'tit coin tranquille pour s'asseoir, et on fait un jeu : chacun notre tour on se pose une question, et l'autre est obligé de répondre. S'il ne veut pas ou si on s'aperçoit qu'il ment, il a un gage. ça t'dit ?

Voudra, voudra pas... Gypsi a des tas de questions à poser au jeune garçon...
Mon premier c'est désir (ou nécessité ?), mon deuxième du plaisir (z'êtes sûr ?!) mon troisième c'est souffrir (et zut, j'avais oublié ce menu détail !), et mon tout fait des souvenirs ! (pour sûr !).

Laurent Voulzy, Désir Désir ! et ouais
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Niallan
J’attendais un sourire. J’attendais une proposition de jeu, peut-être bien un « chat-perché » ou un « cache-cache » ou alors des devinettes, j’aime bien les devinettes. J’attendais une réponse. Certainement pas une question. Et pourtant… Bouche ouverte façon carpe et bras ballants, je fixe mon amie comme si elle venait de me poser la question la plus absurde qui soit. Je m’apprête à lui répondre que non, je n’en ai jamais vu et que de toute façon elles sont moches sauf que je repense au but que je me suis fixé. Celui d’être un homme. Vous en connaissez beaucoup, vous, des hommes qui ne sont jamais passés dans un bordel ? Qui n’ont jamais vu de femmes ? Pour moi un homme, un vrai, c’est un type qui a connu un paquet de femmes, qui en a laissé une dans chaque port. Le pucelage c’est carrément à l’opposé de ça. Alors je mens, profitant du fait qu’on continue à marcher pour ne pas la regarder dans les yeux.

Bah si ! J’en ai vu plein ! Mais celle-là elle était pas belle, c’est pour ça.

Menton relevé bien haut avec l’air du petit coq, je m’autorise un autre mensonge pour appuyer le précédent.

Je me souviens d’une… C’était une vraie beauté, elle avait la peau dorée et les yeux verts. Verts émeraude. Des cheveux noirs… Elle dansait, tu sais. C’était une princesse, j’en suis sûr. Une princesse étrangère. Ma princesse.

Cette histoire n’est pas la mienne, cette histoire c’est à un vieillard que je la dois. Il fixait l’océan d’un air absent quand il me l’avait racontée et aujourd’hui je me l’approprie pour être un homme. Et je continue à marcher jusqu’à ce que la brune ne propose enfin un jeu. Je stoppe net pour la regarder et lui donner ma réponse. Enthousiaste et enjouée la réponse.

Bonne idée ! *

Oui, bonne idée, c’est ce que je me suis dit et que j’ai dit avant de tilter qu’à la question précédente j’avais menti. N’ayant pas franchement envie d’avoir un gage, je lorgne mes chausses avec l’air penaud de celui qui a cassé un vase extrêmement cher qui était aussi le préféré de sa mère avant de me décider à rectifier le tir. Je marmonne, grommelle, bougonne et… Non, je ne reprends pas encore la parole, d’abord je soupire. Bruyamment. C’est maintenant que je cause.

En fait… Tu sais, j’avais jamais vu de catins avant. C’est pas moi qui l’ai rencontrée la princesse. Mais le jeu il avait pas encore commencé alors j’ai pas de gage, hein ?

Je relève les yeux, improvise un air de chien battu et désigne un ponton solitaire que tout le monde semble délaisser. Sans rouvrir ma bouche qui débite assez de conneries pour qu’une torgnole me soit attribuée, j’entraine Gypsi vers le fameux ponton, tout au bout, là où l’eau est plus profonde. Je balance mes chausses derrière moi, remonte mes braies et fourre mes pieds dans la mer. Je souris, à elle, à cette fille que je ne connais finalement que peu. Ouais mais attends, c’est à moi de la poser la question ! Je plisse les yeux, fais mine de cogiter alors que ma question est prête depuis que j’ai avoué avoir menti… Je lâche des « hummm » et des « euuuuh » et soudain je mime un éclair de génie. L’inspiration divine !

Je sais ! T’en as déjà vu, toi, des hommes ?

Ouais mais là je me rends compte que ma question est stupide. Elle en a forcément déjà vu, la moitié du Royaume est faite d’hommes. Faut que je précise le terme « vu »…Ahem. Je rougis façon tomate trop mure et détourne le regard. Je dis quoi ? Coucher ? Faire crac-crac ? Faire radada ? J’ai même entendu « sauter » et « s’envoyer en l’air » (d’ailleurs il faudra qu’on m’explique comment on fait pour aller en l’air).

Euuuuh…t’as déjà fait l’amour ? Enfin crac-crac. Tu sais quand on va en l’air.

Plus ça va, plus je rougis mais au moins je crois que le sens de ma question était très clair.


*Jean Jacques Goldman

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