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[RP] Je vous emmerde bien familialement.

Niallan
[Quelques mois plus tôt…]

[Viens comme tu es*]

~Dans moins de cinq-cents ans il y aura une guerre dite mondiale. Cette guerre fera des millions de morts, laissera bon nombre de familles endeuillées et détruira des villes entières. A cause d’un excité à moustache franchement tenace, des débarquements remuants auront lieu. Le genre de débarquement qui coûte des thunes et des vies. Des soldats, des avions, des bateaux, des bombardements…un joyeux bordel. Oui mais voilà, niveau débarquement le blond ici présent s’impose. Plus de dégâts qu’une bombe, plus de fracas que deux armées qui se font la bise.~

Ça pue le vieux ici !

Et c’est vrai. Je suis dans une sal0perie de manoir. Mais niveau déco, on peut dire que je suis servi. Que de marbre, que de beaux tableaux accrochés aux murs, que de jolis vases sur de belles commodes. Tellement de choses à saccager. Je souris, chope un vase qui m’a l’air très cher et l’envoie s’écraser contre le mur qui me fait face. Ça, c’est pour ma garce de mère qui m’a abandonné à tout juste cinq ans. Deux pas de plus et deux nouveaux machins en cristal en moins, j’élargis mon sourire. Ça, c’est pour les années de galère durant lesquelles j’avais jamais de quoi manger à ma faim. J’hausse un sourcil. Jolie cette armoire. J’ouvre les portes, la contourne et la fait lourdement tomber au sol. Ça c’est pour ce père qui ne s’est jamais manifesté.
Pipe au bec, je procède à un rapide état des lieux. J’ai pas encore abimé les tableaux, tiens. Et si je laissais ma marque, hum ? Je sors ma pipe de ma bouche et dans un grand mouvement du bras, j’envoie du tabac encore fumant s’écraser contre l’un d’eux représentant une jeune femme blonde aux yeux verts. Beaucoup de tabac, le tableau commence à sentir vaguement le brûlé mais moi j’affiche un sourire sardonique. Ça, c’est pour cette sœur qui vit ici, celle qui a eu la préférence. J’ouvre plusieurs commodes, furette à l’intérieur d’étagères poussiéreuses pour finalement dénicher une bouteille de whisky. Ça, c’est pour moi. Sans prendre la peine d’enlever mes bottes crottées je me vautre dans l’espèce de divan avec ma précieuse bouteille en main et la lève à hauteur d’yeux avant de lancer à la cantonade :

A ta santé, maman ! Et à vous, mes moitiés de frères et sœurs, bâtards parmi les bâtards. Et puis à toi papa, crevard de queutard !

La descente commence, je prends lampée sur lampée en prenant bien garde à essuyer un maximum de boue sur les tissus précieux. C’est dingue quand même. Je pensais avoir réussi à oublier, être parvenu à rayer de ma mémoire tout ce qui se rapportait au passé. J’avais réinventé une définition de la famille : mon meilleur pote, les donzelles, les drogues et l’alcool. Mes excès, fidèles démons qui ne m’abandonneront jamais, eux.
Sauf qu’il se trouve qu’un jour j’ai eu besoin d’argent. Oui, j’avoue que je suis toujours fauché mais là c’était assez risqué, du genre « tu paies pas, je coupe ce qu’il y a dans tes braies ». Ah. Et le guet qui ne voulait pas me laisser repartir de la ville… J’ai donc envisagé de travailler pour une fois. Pas à la mine, c’est sale. Chez un villageois. Sauf que, manque de bol, quand je me suis pointé à la mairie il n’y avait plus d’offres d’emploi. Alors j’ai décidé de vendre deux trois babioles qui me restaient au fond d’un sac usé par le temps. Et dans ces babioles, il y avait une espèce de broche que je trouvais parfaitement moche mais qui, j’en étais sûr, pourrait me rapporter gros. Et je ne me suis pas planté. Un type s’est pointé à mon micro-stand sur le marché et a proposé de m’en offrir un bon prix. J’ai dit oui, lui ai tendu le truc et attendu que tombent les écus.
Mais « on » a eu un problème.

Reprenez vot’ bo’del, j’en veux pas d’c’te merde.
Euh... Quoi ?
C’t’une broche d’la famille Ozéra, tous des dépravés ! On raconte qu’la mère elle abandonnait s’gosses. Gardez ça, c’te famille est maudite.
Ozéra, vous êtes sûr ?
Absolument, on parlait souvent d’la Pénélope dans l’temps !
Intéressant…

C’est grâce/à cause de cette discussion que je me retrouve planté ici à picoler un bon alcool en torchant mes pieds avec une classe divine. L’histoire ne dit pas comment a réagi celui qui en avait après mes parties quand il s’est aperçu que j’avais filé en douce, non, l’histoire dit juste que j’ai fait des recherches pour finalement trouver ce fameux manoir.
Mais que vois-je ? Un lustre. Monumental. Et qu’est-ce que je pourrai faire avec un lustre monumental ? Allez, cherchez un peu, c’est facile. Des chaises sont empilées juste au-dessous du lustre (certaines que je suis allé chercher dans d’autres pièces) et déjà se dessine une sorte d’escalier. Escalier que je monte jusqu’à pouvoir empoigner le lustre. Le petit cri de tarzan pour la forme et me voilà lancé. Je peux vous assurer que je m’agite et me dandine à une fréquence très saccadée pour que le fameux lustre finisse par s’écraser au sol.

Dans ta gueuuuuuule !

Ah oui parce qu’en plus je suis bourré. Complètement défoncé. Sur ma trogne s’imprime un sourire hilare ainsi que des éclats de verre alors que je furette à la recherche d’une autre bouteille. Vive la famille, vive le whisky !


*Traduction Nirvana - Come as you are

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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Marion_t.ozera
L’héritière se prélassait dans son fauteuil, dévorant comme à sa nouvelle habitude un autre des pavés laissés par sa mère. L’histoire de sa vie depuis quelle fut répudiée par sa famille, condensée dans ses journaux intimes, toute une bibliothèque. Chaque jour de sa vie ou presque était retracé, la blonde avait toujours eu quelque chose à faire, une histoire à raconter, cette chose qui faisait que chaque jour était éprouvant. Et elle avait su retransmettre l’excentricité de son quotidien sur papier. A chaque page sa fille vivait une nouvelle journée dans la peau la mère, elle apprenait à comprendre cet esprit tordu qu’était celui Ozéra. Avec une mère pareille elle n’aurait pût échapper à coutume. Le plus perturbant était que toutes personne, chaque homme ayant croisé son chemin, partagé sa vie était mentionné. De façon habille, de manière à ce quelle ne sache pas deviner de qui il s’agissait. Toutefois, les enfants étaient bien nommées. La blonde qui avait toujours cru être l’ainée avait d’ailleurs appris que ce n’était point le cas, elle qui avait toujours pensé que c’était la raison pour laquelle Pénélope l’avait choisis au lieu d’une autre. Aller savoir, l’esprit Ozéra resterait un mystère finalement. Pourquoi sa mère avait-elle décidée de tous les abandonner de toute façon, elle leur avait donné à tous un objet arborant leur nom, comme un jeu de piste. Réaliser que cet objet d’enfance vous vient de votre mère, puis cherchez là … Un jeu, une expérience, voila ce qu’ils étaient tous. Comme jouer à la loterie du village, on choisissait de jouer, puis lorsque l’on jouait, soit on gagnait, soit on avait au moins participé. A la différence que tous jouaient depuis leur naissance. Certains se baladaient même sans doute avec leur pendentif sans même avoir l’idée de l’ouvrir ou de le retourner. Tous participait mais peu ne retrouverait la trace. Leur vie était le jeu de piste laissé par la matriarche, tandis que pour elle, le jeu était de s’être comporté en mère.

Tandis quelle tergiversait dans ses idées de la conception selon sa mère, la blonde fut interrompu par l’arrivée brusque de la gouvernante. Le regard fou, piétinant, la tête regardant en arrière comme poursuivit. La seule fois ou l’Ozéra avait vu sa gouvernante dans cet état était lors d’une attaque portée contre le fort, vêtue uniquement d’une robe de chambre, armée d’une arbalète prête à défendre la demeure et sa maitresse au péril de sa vie. La maitresse des lieux n’eu même pas le temps de poser la légitime question du que se passe-t-il ici, que sans plus de manière la domestique l’arracha à son fauteuil l’attirant avec elle jusqu’au mur, quelle ouvrit pour entrer dans le couloir des domestique. Là était la magie du domaine. Mais l’heure devait être réellement grave pour que Dorota ne la fasse entrer dans les veines du manoir, là ou nul ne voyait ceux qui s’activaient à maintenir les choses en état. Des escaliers furent montés et le passage réduit mais elles continuaient toujours jusqu’à déboucher dans la verrière, au sommet du lustre, lieu dans lequel il était relevé pour en allumer les bougies, offrant ainsi une vue imprenable sur le hall.


- Un inconnu madame, il est fou, il ne fallait pas qu’il nous vois !

En effet d’aussi loin le voyait-elle, le visage n’était pas familier, la chevelure blonde mais cela ne voulait rien dire. Plissant les yeux, la blonde remarqua le meuble cassé et quelques objets partageant le même état. Un tableau se consumant lentement sur lui-même, tandis que l’étranger fouille chaque tiroir de chaque meuble jusqu’à dénicher une bouteille qu’il boit vautré sur un divan. Mais c’est que même d’ici elle pouvait voir les tâches qu’il laissait. Serrant les mains sur la balustrade jusqu’à sans faire blanchir les jointures, la blonde regardait en silence ce salop souiller son chez elle.

- Pourquoi ne pas l’avoir fait arrêter ?

La question une fois encore semblait légitime. Depuis quand laissait-on entrer la racaille, et depuis quand s’aventurait-elle aussi loin dans la forêt. Peu importe, les gardes étaient capable de s’en occuper, après tout, n’était ce tout simplement pas le fondement même de leur travail. C’était certainement la personne la plus folle de cette demeure, bien avant l’illustre inconnu aux pulsions destructrices, pourquoi fallait-il que ce soit elle qui ai l’esprit le plus rationnelle. Seulement la réponse de la domestique vint, dans un murmure, à peine un souffle, qu’un simple battement de cœur aurait aisément put couvrir, plongeant la jeune femme dans la glace.

- C’est un Ozéra madame.

La douche était froide, très froide. Pourtant elle aurait dû le savoir, bien évidement. Tant étant par la promesse faite à sa mère d’accueillir tous les enfants Ozéra qui le demanderait, que par l’histoire de chacun quelle lisait au fil des journaux intimes de la matriarche. Malgré tout, elle ne s’était jamais préparée à ce jour. Enfin si, elle s’était imaginé une superbe réception, de splendides blondes aux yeux pétillants et aux toilettes superbes, dansant avec de magnifiques jeunes hommes, blond avec de magnifiques émeraudes. Tous arborant pendentif, boucles d’oreilles, tiare, broche, épée, dague, fourreau portant leur nom de famille. Et dans cette orgie de couleur, au cœur de la fête, tous annonçaient être des Ozéra, leurs voix étaient belles, s’accordant à leur visage, leurs langage était soutenu et distingué de même manière que leurs vêtements. Puis elle, reine parmi les reines, blonde parmi les blonde, aurait été surprise, puis souriante et compatissante, ils auraient ensuite dansé toute la nuit, se seraient amusés, puis chacun aurait dormi dans la chambre qui leur revenait de droit. La famille se serait retrouvée. Tout aurait été parfait. Soudain elle revint à elle, s’extirpant de ses chimères, elle l’avait quitté du regard, trop longtemps visiblement. Il allait et venait avec des chaises. Que faisait-il encore.

- Oh non le salop ! Le connard … L’encu …

Le dernier mot de sa phrase fut emporté, par le grincement sordide des chaines qui ploient, plient, et craquent, suivis par leurs infâmes claquement dans et contre les poulies qui permettaient au lustre de se lever et de s’abaisser, pour finir avec le bruit monstrueux que produit ce dernier au contact avec le sol, et le tintement des cristaux qui se répandaient sur le sol dans un inquiétant tremblement.
La blonde qui instinctivement s’était reculée et baissée se redressa. Se penchant pour constater la désolation. Elle s’en voulu d’avoir réaménagé les souterrains, d’avoir condamné et rempli à nouveau la pièce qui se tenait en dessous. Car justement si le lustre tombait il aurait été suffisamment lourd pour creuser le marbre et effondrer le sol. Oh comme elle aurait aimé que la démence emporte le frère. Que l’on retrouve son cadavre piégé entre la pierre et le lustre, la douleur le défigurant.


- Dorota, nous fermerons les portes, apporte ensuite deux seau d’eau et une brioche.

Sans attendre la question qui se lisait dans les yeux de la gouvernante, elle partie, comme elle était venu, baignant dans le flop humain des domestiques que l’inquiétude et la curiosité avaient rameuté, bousculant férocement ceux qui n’avait pas la délicieuse idée de lui laisser libre passage. Elle seulement dans la salle de bal quelle traversa pour fermer les portes, pile au moment ou Dorota faisait de même avec le salon, dans son course elle remonta, par les veines de sa demeure et condamna les ailes est et ouest. Le domaine était conçu pour résister en cas d’attaque, et il fallait au moins deux ou trois gaillards fortement armée et costaux pour forcer ces portes.
Alors elle descendit, le visage de marbre, marchant avec dégoût entre les morceaux de cristaux, de bois et de métal qui jonchaient le sol tandis que cet immonde personnage qui était son demi-frère fouillait déjà les autres meubles.


- Est-ce que le demeuré que vous êtes a pensé une seule seconde à voler et vendre ses objets au lieu de les détruire ?
Ou alors peut être que la pauvreté est une chose surfaite, et que vous roulez suffisamment sur l’or pour que tout ceci ne soit qu’un petit dommage ?


Arrivé à sa hauteur l’Ozéra, belle et froide le regarda de la tête aux pieds, le dégoût se lisant sur le visage. Il était défoncé cela se voyait à ses yeux, et les effets de l’alcool se faisait déjà sentir, d’une certaine manière ce serait parfait. Satisfaite en un sens elle le toisa à nouveau.

- Alors vous estimez avoir droit à ceci ? Vous pensez qu’une seule de ses choses vous appartient ? Que vous pouvez tout simplement vous permettre d’entrer ici ? Vous pensez êtres un Ozéra ? Songez même que toutes les misères qu’est votre vie justifient vos actes ?
Oh que non. Vous n’avez pas eu de mère. Elle ne vous à pas élever. Vous ne savez rien ! Vous ne pensez pas !!


A présent elle hurlait, elle bouillonnait de rage, paradoxe flagrant. Elle réduit le peu de distance entre eux, et l’embrassa, un petit instant qui fut sans doute plus écœurant pour elle que pour lui. Avant de soudain relever son genou avec véhémence dans ses parties. Un coup sec et direct qui le plia en deux.

- C’est ainsi que mère m’appris l’amour, dégoûtant et douloureux.

Elle continua sur sa lancé déversant sa haine, lui assénant un coup de pieds dans le ventre. Suffisamment fort pour qu’il se roule à terre et que le souffle ne lui échappe.

- C’est ainsi que mère m’appris la vie, quand tu essaye de te relever elle te remet à terre.

La domestique apparu avec l’eau et la brioche, le premier seau étant pour le portrait en feu, elle prit le second, le posant au sol prêt du blond. Alors elle le prit par les cheveux et dirigea son visage droit dans l’eau, le maintenant quelques secondes, avant de le ressortir pour recommencer à quelques reprises. Agissant vite pour ne pas lui laisser le temps de réagir, l’association de l’alcool et de drogue ralentissant son temps de réaction.

- C’est ainsi que mère m’appris à nager, si tu ne te noie pas, c’est que tu nage.

La bourgeoise sortie ensuite la dague quelle portait toujours sur elle, et donna un coup rapide sur le bras. Son apprentissage avait porté ses fruits, elle était une experte dans le maniement distingué de ces armes. La lame caressa suffisamment sa peau pour faire affluer le sang à la surface dans une rougeur qui retranscrivait la marque, sans pour autant le faire couler.

- C’est ainsi que mère m’apprit l’escrime, avec de vraies lames et de vraies blessure car si l’on t’attaque ce ne sera pas avec une épée en bois.

La dague, juste le temps de le laisser se remettre de la noyade que déjà elle l’escaladait brioche en main arrachant de gros morceaux telle une folle quelle venait frotter contre sa bouche jusqu’à les enfoncer dans sa gorge toujours plus nombreux.

- C'est ainsi quelle m'apprit à manger en société. Mangez, même si vous n’avez plus faim, il ne faut pas contrarier nos hôtes, il faut faire bonne impression, ne pas manger te ferais passer pour une fille difficile et intraitable.

Dans un dernier excès de rage, elle le tira par le col de sa chemise, ses mains, ses pieds ses genoux suivant comme ils le pouvaient ce corps quelle trainait sur le marbre glissant. Elle bougeait vite, elle ne voulait pas lui laisser le temps de se reprendre, et sans lui laisser le temps d’un geste pour la désarçonner, elle le secouait brutalement pour lui faire perdre le semblant d’équilibre qu’il avait. Le tout pour le conduire jusqu’aux portes du manoir, les ouvrant pour le lancer avec autant de puissance que lui permettait son corps de femme, dans les escaliers.

- Et ceci fut l’ultime apprentissage. Le respect. Tant que tu vis sous mon toit, tu vis selon mes règles. Si tu ne veux pas t’y plier, vis dehors.

- Sans cesse toute ma vie. Ma prison dorée ne valait pas mieux que votre misère. Ne doutez jamais du contraire, ni de la folie de cette femme.


Là-dessus elle se tint droite, lissant les quelques plis de sa robe, offrant un paysage paradoxal entre le hall ravagé et sa personne toujours droite, la robe lisse et sa coiffure maintenu. Ce lustre lui coûterait une véritable fortune. Sans compter le mobilier qu’il faudrait changer. Elle était chez elle, et jusqu’à preuve du contraire, ils n’étaient pas encore chez eux. Et un peu de discipline s’imposait.
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Niallan
La vache elle est barjo !

Enfin, la furie blonde qui débarque n’est pas une vache parce que les vaches ne parlent pas et ne martyrisent pas de pauvres innocents. Ah si, si, vraiment, c’est du martyr là. Non contente d’avoir voulu me castrer (après m’avoir embrassé), elle a essayé de me noyer, de me scarifier et de m’étouffer. Sans oublier le lancer dans l’escalier. Le pire c’est que cette blondasse a justifié ses actes d’une barbarie innommable par des « apprentissages ». Primo, j’ai jamais demandé à ce qu’on m’apprenne à manger une brioche en société ni aucun des trucs chelous qu’elle a voulu m’enseigner. Deuxio, c’est pas comme ça qu’on mange une brioche. Tertio, j’étais de toute façon bien trop bourré pour comprendre quoi que ce soit. Mais bon, histoire de bien poser les choses on va reprendre point par point.

Le discours d’abord. Un joli monologue sur la pauvreté et … le reste j’ai pas compris. Je sais juste que ça parlait de penser et de mer. Elle pense aller à la mer ? En me remémorant certaines odeurs plutôt nauséabondes en bord de mer, j’ai eu envie de vomir. Et j’ai vomi. Je sais pas exactement où, peut-être un peu sur elle, surement beaucoup sur moi. Toujours est-il que j’avais toujours pas prononcé un mot quand elle en est venue à la deuxième phase…
Baiser et tentative de castration. Encore aujourd’hui, je serai incapable de vous dire quelle chose a été la plus douloureuse parce qu’il y a douleur morale et douleur physique. Vous vous imaginez, vous, recevoir un bisou tout doux de votre détestable frangine ? C’est dégueulasse, c’est immonde. J’ai même pas eu le temps de la repousser et de lui dire que je tapais pas dans l’inceste que déjà elle cognait. En plein service trois pièces. Bien évidemment, j’ai braillé comme un porc qu’on égorge avant de me faire envoyer au sol pour recevoir un autre coup.

Salo…

Vous devinez la suite, n’est-ce pas ? J’avais toujours les mains plaquées sur mon entrejambe quand j’ai commencé cette doucereuse insulte. Sauf qu’on a eu un problème. Enfin, j’ai eu un problème mais il parait que quand on raconte, par politesse on dit « on » (schizophrénie quand tu nous tiens). Et ce problème c’est un seau d’eau. Trop bien rempli, trop approché de ma trombine par la tarée. Non content de ne pas avoir eu le temps de finir mon insulte, j’ai été presque noyé. Vous savez quel effet ça fait de boire de l’eau de façon forcée et pas forcément par les bons orifices juste après vous êtes pris une cuite ?
Oui ? Il faut soit que vous changiez d’amis, soit que vous évitiez d’avoir autant d’ennemis.
Non ? N’essayez pas.

N’essayez pas non plus de vous faire la même blessure que blondie vient de me faire : ça ne sert à rien et ça fait mal surtout que la trempette forcée a accéléré le processus de décuvage alors je ressens beaucoup mieux la douleur. Mais on peut quand même reconnaître une … qualité à Marion, enfin, un semblant de qualité. Elle est très débrouillarde. En effet, après m’avoir noyé avec un seau, elle m’étouffe avec une brioche. Inutile de vous dire que je ne peux toujours pas finir mon insulte et qu’en plus je manque de dégobiller à nouveau avant qu’elle ne me jette comme le dernier des ratés jusqu’en bas des escaliers.
Et ça fait mal. Non, pas de vivre sans toi, arrête un peu. Ça fait mal de se ramasser sur les pavés froids mais ça fait aussi bien mal d’entendre autant de conneries en un laps de temps si court. Attends, elle est quand même pas en train de me dire que j’ai eu de la chance de vivre comme un moins que rien pendant toute mon enfance, que j’ai eu de la chance d’être abandonné à cinq ans par une pétasse nymphomane ?!

Espèce de conne…

Ça, c’est ce que j’ai sifflé entre mes dents. Ensuite, je me suis relevé (péniblement mais j’ai tout de même réussi), je me suis accroché maladroitement au mur et j’ai commencé à remonter les escaliers. Lentement, avec un air de tueur en série. Et je suis arrivé, pile en face d’elle.

Espèce de grosse conne.

Plus fort cette fois, avec un adjectif en plus.

Tu vois, cette embrassade tout à l’heure… Ne t’en plains pas. Toi, même si tu prenais des coups après, t’en as eu. Moi, jamais. Je ne sais même pas ce que ça peut faire d’être embrassé par sa mère alors faut pas s’étonner si je sais pas faire avec ma môme ! Je sais pas ce que c’est d’être parent. Si j’avais eu une mère, aussi garce soit-elle j’aurais pu faire quelque chose ! Au pire, je me serais juré de ne jamais refaire les mêmes erreurs qu’elle !
Mais noooon, moi j’ai été le pauvre mioche abandonné à cinq ans qui a dû se démerder tout seul. Moi ce n’est pas pour m’apprendre à me relever tout seul qu’on me foutait à terre, c’était juste « pour rire » ou pour me piquer ma bouffe quand j’en avais. Et tu vois, ça :

J’attrape le seau d’eau et lui balance en pleine tronche sous le coup de la colère.

Ce putain d’apprentissage… Tu sais comment j’ai appris à nager, moi ?! TOUT SEUL ! J’ai toujours été seul, bordel ! Tu veux savoir combien de fois j’ai failli mourir noyé avant de réussir à nager, hein ?! Même en hiver je m’entrainais pour arriver à faire comme tous ces gosses, ceux qui avaient des parents pour leur apprendre…
Et puis ça… !

Là, c’est la lame qu’elle a utilisé sur mon bras que je lui arrache des mains pour la jeter au loin dans la pièce.

J’ai jamais eu assez de thunes pour ne serait-ce qu’espérer en avoir une alors m’en servir, tu penses ! Je me suis toujours servi uniquement de mes poings alors je te laisse imaginer combien de branlées je me suis pris. Pour rien, à cause d’ivrognes trop bourrés pour différencier un gamin de celui qui les a cocufiés ou je ne sais quel autre con adepte du collage de gnons !
J’ai morflé pendant que toi tu faisais mumuse avec les lames de maman alors viens pas pleurer sur ton sort, pas devant moi.
Et puis ça…

Je me baisse attrape quelques miettes de brioches au sol et les fourre dans ma bouche, prenant bien le temps de les mastiquer avant de les avaler.

Me regarde pas comme ça. Je sais bien que tu trouves ça dégueulasse parce que ça a trainé au sol, blablabla… T’imagines même pas le nombre de trucs moisis que j’ai pu manger pour survivre. Toi t’en avais ta claque d’être invitée à des diners mondains plein de bonne bouffe et au même moment, moi, je faisais les poubelles parce que je crevais la dalle.

Je lui jette un regard méprisant et me dirige vers le placard dans lequel trônent encore quelques bouteilles. J’en chope une, la débouche, en boit cinq grosses gorgées et me décide à revenir vers elle.

Qu’est-ce que ça peut te foutre que je siphonne toutes tes bouteilles et casse tout ton mobilier ? Folle ou pas, elle était foutrement riche notre daronne.
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Marion_t.ozera
    Une douche froide ça rafraîchis les idées


Mais qu’est ce qu’on entendait par douche froide. Voila la véritable question. Il ne s’agissait pas en son cas seulement du seau d’eau qui par revers de la médaille, lui revenait en pleine face. Non, la première était simplement le fait qu’il se relève avec toujours cette note de dédains et d’acharnement. N’importe quel être sensé aurait prit la fuite, aurait comprit qu’elle ne voulait pas de lui et que sa folie était destructrice. Sauf quelqu’un dont la folie est égal. Un véritable Ozéra en somme. Et ceci était déjà une douche froide pour la blonde. Elle avait un frère, et c’était ça… La seconde, et bien il s’agit, si on suit bien l’ordre tout du moins, bien de ce seau d’eau qu’il a prit plaisir à vider sur elle, la laissant stoïque et dégoulinante dans ce qui était un chaotique mélange de meuble et de cristaux brisés de miettes et d’eau. Et enfin la troisième et dernière, était toutes les gifles mentales qu’il lui mettait. Lui faisant réaliser quelle était une nombriliste hors paire.

Finalement, elle réalisa qu’il ne lui était pas non plus possible de soutenir cette conversation sans une goute d’alcool, et vient alors enserrer la nuque de son frère d’une main, geste suffisamment fort et surprenant, et son frère toujours suffisamment imbibé pour qu’il fléchisse sur ses genoux, lui permettant ainsi de lui prendre la bouteille. Car sur tout ce quelle pouvait lui reprocher, le fait d’avoir cassé son lustre, ou le simple fait d’exister se battant la première place, elle pouvait au moins le féliciter d’avoir d’excellent gout en matière d’alcool. Elle prit donc une longue gorgée, quelle prit le temps de savourer, laissant le temps au liquide de bruler sa gorge pour, après un temps d’attente, reprendre une longue gorgée vivifiante. Rejetant ses émeraudes sur le déchet innommable quelle devrait pourtant appeler frère.


- Pensez-vous qu’il est préférable de se faire blesser par ses ennemies ou par ses proches ?

En cette simple question, elle exprima le tourbillon de pensées qui prenaient d’assaut son esprit. Différentes émotions, contradictoires qui la déchiraient inlassablement, cherchant toujours à la faire céder. Cela l’épuisait, cela la faisait souffrir, tout était mental et pourtant rien ne pouvait annuler le phénomène, et il était lancé. Elle souffrait, elle fatiguait, si bien quelle prit appuie sur son frère à genoux, sa main pressant avec force et énergie l’épaule masculine ses ongles pénétrant peut être la peau malgré le tissus de la chemise. Elle ne savait pas, elle ne savait plus, elle était perdu.

- J’admets que j’ai grandis dans une richesse confortable et plus qu’enviable, mais il s’agissait de la sienne et non de la mienne. Vous parlez d’une vie misérable ou chaque jour est un véritable hasard, une maltraitance de plus, ou vous devez toujours guetter. La mienne était de ce type mais dans le luxe. Oui c’est un miracle que j’ai survécu… Quand chaque jour qui passe vous devez rester sur vos gardes, car la personne sur qui vous pouvez compter normalement peut vous attaquer par surprise armée d’une dague cherchant véritablement à vous tuer, attendant que vous défendiez votre vie…

Oui c’était ça, si lui était un déchet de la rue, sans le moindre repère familiale, la dur loi de la jungle brisant son esprit d’enfant pour le remodeler vers la survie, vers cette folie qui semblait le caractériser, il en était de même pour elle, sa mère avait brisé son âme d’enfant, d’une manière impensable, la faisant sombrer dans ce même genre de folie, au fond ils étaient tout deux atrophiés de famille. Pourtant, alors qu’avoir une autre personne sur qui pleurer leur abominables enfance, ils se battaient, car leur folie ne leur permettait pas d’aimer, pas normalement, elle était vicieuse elle était perfide et surtout, elle était là pour toujours.

- Vous pouvez haïr une mère qui vous a laissé à votre sort, vous condamnant à la vie misérable que vous avez eu. Mais tandis que vous, vous souffriez de tous les maux de la pauvreté, brulant de cette haine envers elle. J’étais tiraillé dans mes idées. Certes j’ai eu des caresses maternelles. Mais mère était folle… Comme toute enfant je me raccrochais aux bons souvenirs, aux moments agréables, aux cadeaux quelle avait pu me faire, aux marques de tendresses quelle m’avait adressé. Mais voyez-vous, la réalité est que si j’avais le malheur de ne dormir sur mes deux oreilles, je pouvais me réveiller car elle essayait de m’étouffer avec un coussin, que si je ne faisais pas attention dans les escaliers elle pouvait surgir de nulle part pour m’y pousser. Et que si je n’obéissais pas, quelqu’un serait toujours là pour lui rapporter, et elle finirait toujours par m’entailler la plante des pieds pour que chaque pas à venir se fasse dans la douleur de mes pêchés.

La douleur qui battait ses tempes, et la tension de ses muscles se dissipaient, son esprit prenait un parti, et il n’allait pas en faveur des bons souvenirs, il n’était pas pour les cadeaux magnifiques, les attentions affectueuses. Non elles étaient que trop rare, mais si elle tentait toujours à se raccrocher à cela pour se dire qu’au final elle avait été l’enfant aimée, d’une mère aimante. Seulement ce n’était pas le cas, elle n’était qu’une expérience parmi tant d’autre. Celle qui lui permit d’expérimenter la maternité dont elle était capable. Voila pourquoi son esprit choisissait à présent la douleur, l’humiliation, l’abandon d’une mère. Car sa mère dans sa folie avait réduit son esprit l’avait malmené, le conduisant dans ses plus profonds retranchement. Et c’était celle-ci la pire des douches… Celle de réaliser qu’au fond, cet être répugnant issu de la rue. Méritait sans doute autant quelle sa part de l’héritage. Car au final même s’il avait eu la bénédiction de ne pas grandir avec sa mère. Il avait fini aussi bousillé quelle. Ils n’étaient à deux qu’un tas de pièces abimées qui n’allaient pas ensemble mais qui pourtant allaient devoir essayer de se coller pour faire une famille dite acceptable.

- Mère était sans doute aussi riche que folle. Tellement que lorsqu’elle cru tout perdre, elle m’envoya dans un bordel jouer du clavecin pour me faire une propre bourse… Les pervers, les débauchés, ceux qui viennent vous caresser tandis que vous devez rester stoïque alors que leur langue parcours votre nuque… Rien n’est allé au-delà, et c’est une chance. Mais il s’agissait de la parfaite rupture pour en finir avec moi…

L’héritière lâcha son frère et désigna l’ensemble de la pièce de ses bras, englobant par là aussi bien cet immense hall chaotique, que le manoir, ainsi que toutes les propriétés, et toute la richesse Ozéra. Un jour elle avait failli la perdre, finir pauvre à devoir travailler. Elle s’en était sortie, avait trouvé que quoi se refaire une santé et de quoi ne pas affaiblir la fortune établie. Vendre quelques propriétés inutiles. Mais le calcul avait été fait sans compter les autres Ozéra, juste une pension annuelle versée pour une sœur en institut. Elle qui devait avoir la belle vie, confortable et loin de la folie blonde.

- Cette fortune n’est pas garantie, mère était riche, mais ces projets étaient couteux, elle payait de sa personne. Les portraits, les gravures qui se faisaient d’elle, les sculptures et autre œuvre d’art quelle affichait dans ses soirées pour faire connaitre un artiste, pour tout cela elle était payé. Ces pensions versés par les nobles pour des enfants quelle avait parfois abandonnés. Nous n’avons plus ce genre de revenues. Alors oui, vous pouvez continuer de casser, de tout saccager et de me laisser payer encore et toujours. Jusqu’au jour ou finalement je n’aurais plus rien. Ou alors… Vous pouvez enfin chercher à vous élever de cette misère. Dormir dans un lit outrageusement grand ! Offrir à votre fille une chambre aussi large que la maison d’un paysan, ou tout simplement bénéficier d’une pension mensuel qui devrait couvrir vos frais.

Elle fit une pause, le laissant méditer à son désir, la faire sombrer elle dans une pauvreté de son type, ou s’élever lui à un confort de rêve. Il parlait d’offrir à un enfant une éducation différente de celle que l’on avait soit même reçu sous prétexte quelle n’était que peu convenable. Maintenant elle allait savoir s’il préférait pour sa fille une vie confortable, ou continuer dans cette même misère sans nom jusqu’au jour ou un maraud finirait par lui retirer sa chienne de vie.

- A vous de décider si vous préférez vivre confortablement, ou que votre vie se finisse là ou elle a commencé… Dans un vulgaire fossé.

Elle le toisait très sérieusement de ses émeraudes, le considérant pour la première fois depuis leur rencontre comme un individu, et plus comme un chien galeux. Lui rendant ensuite la bouteille, après en avoir repris une gorgée. Car s'il lui en avait fallut quelques gorgées pour dire tout cela, et le considérer comme elle le faisait, il lui en faudrait plus à lui pour tout comprendre, et répondre.
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Niallan
[Ode à ma famille*]

Parce qu’après avoir plus ou moins traité ma sœur de vache en chanson et l’avoir insultée en gueulant, il fallait bien que je tente quelque chose de plus doux. Donc une ode. Quand t’as une vie de famille merdique (ou pas de vie de famille du tout), t’es bien emmerdé pour trouver quelque chose de gentil à dire. De gentil ET sincère, pardon. Pour tout vous dire, au départ, je n’avais absolument pas prévu de cogiter pour trouver ça, j’avais prévu de continuer à insulter cette blondasse nombriliste sadomasochiste en lui balançant à la tronche tout ce que moi j’avais dû subir. Je voulais qu’elle comprenne que pendant qu’elle se la coulait douce, moi je crevais de faim. Je voulais qu’elle admette que ma vie avait été bien plus dure que la sienne, je voulais qu’elle s’excuse à la place de cette mère qui n’était plus là pour le faire. Je voulais qu’elle pleure, qu’elle regrette. Qu’elle ait mal. Et puis…
Elle a posé une question qui m’a laissé perplexe. Je n’avais jamais été blessé par d’autres proches que ma mère. Jamais un ami ne m’avait trahi, jamais une femme ne m’avait blessé (bon, ok, y’a eu Kachi mais c’est parce que ça a été mon premier râteau…et dernier). Quand j’étais avec ceux que j’aime, autrement dit Vector et ma gamine, je n’avais jamais eu peur qu’ils me butent dans mon sommeil. A la différence de Marion.

Une maltraitance dans le luxe est toujours préférable à une maltraitance dans la misère, viens pas chouiner, ça marche pas avec moi. Au moins t’as jamais cru que t’allais mourir de faim ou de maladie. Et puis n’exagère rien. Défendre ta vie tous les jours…ben voyons, ne va pas me faire croire que t’avais réellement peur qu’elle te bute. T’es juste une foutue pleurnicheuse. A la place de notre vieille je t’aurais vraiment tuée, tu sais, y’a toujours des chiots plus faibles dans la portée.

J’y étais allé un peu fort, c’est vrai. Mais j’avais toujours en travers du gosier ses différentes manières de m’accueillir. Et puis je ne comprenais décidément pas. Pourquoi elle ? Pourquoi pas l’un de nous ? Est-ce qu’elle avait aimé le père de Marion plus que les autres ? Est-ce que c’était son meilleur amant ? Est-ce qu’elle s’était sentie mère avec Marion ? J’étais tellement jaloux d’elle, de tout ce qu’elle avait eu et de tout ce qu’elle avait encore. Et pourtant, quand elle est tombée à genoux devant moi et que ses ongles se sont plantés dans mon épaule j’ai eu comme une boule au ventre. Je crois que j’ai eu de la peine pour elle, l’espace d’un instant j’ai eu l’envie saugrenue de la serrer dans mes bras. J’ai eu envie de lui dire que je lui pardonnais et que j’étais désolée pour elle. L’idée parfaitement stupide de lui dire que j’allais la protéger m’a même traversé l’esprit, c’est dire. On va mettre ça sur le compte des liens fraternels, vu ? Pendant ce court instant j’ai vu en cette blondasse superficielle la frangine que j’aurais dû chercher à protéger des vices maternels, que j’aurais éloignée des mauvais gars et que j’aurais fait rire en toutes circonstances.

Je…

Mais cet instant n’a pas duré longtemps. J’ai chassé de ma tête toute pensée légèrement (ou totalement) tendre quand elle s’est mise à parler pognon. J’étais là pour ça, pas pour faire ami-ami avec cette sœur que je ne connaissais pas. Et puis d’abord ce n’était pas tout à fait ma sœur. On avait la même mère, ça s’arrêtait là. J’avais besoin de fric, oui. Ne serait-ce que pour offrir à ma gosse la vie qu’elle méritait, la vie que ni Marion n’avions eu. Elle aurait l’amour dont nous avions tous deux manqué et elle aurait tous ces cadeaux que je n’avais pas eus. Mais j’avais mes conditions.
J’ai attendu qu’elle me rende la bouteille et c’est seulement après avoir pris plusieurs grosses gorgées et m’être relevé que j’ai pris la parole.

Je n’ai pas envie de crever, encore moins dans un fossé. La pisse des clébards et autres sur mon cadavre, ça m’attire pas. Alors ne t’inquiètes pas, je ne toucherai plus à tes chères petites affaires. Plus de saccages, plus de foutoir sans nom. Mais je ne veux pas non plus d’un lit outrageusement grand, je veux…

Là, il fallait que je me concentre parce que je n’aurais plus jamais la possibilité de revenir sur les clauses de l’arrangement que nous allions passer. Il fallait que j’ignore cette bouffée…d’amour…que j’avais cru ressentir et que je pense à ma fille. A son avenir et au mien. A mes vieux jours, à après ma mort.

Je veux cinq cent écus par mois. Pas un de plus, pas un de moins. Pas d’avance, pas de retard. Je viendrai les chercher ici tous les premiers du mois.

Cinq cent écus… Pour moi qui n’avais jamais un sou en poche, c’était énorme. Mais pour elle, elle qui avait une baraque qui faisait tirer la langue des plus riches bourgeois, ce devait être une peccadille. Avec cet argent, je commencerai à rembourser mes dettes, j’achèterai une maison et ma fille pourra y vivre. Je pourrai payer quelqu’un pour la protéger quand je partirai en voyage, je pourrai lui faire des cadeaux, on pourra manger de la viande, elle pourra avoir un précepteur à elle. Je souris. Oui, cinq cent écus c’est bien. Mais je n’en ai pas fini avec mes clauses.

Par contre, entendons-nous bien : je ne veux avoir aucun lien avec qui que ce soit de cette foutue famille. Ne cherche jamais à m’écrire, ne me rends jamais visite. Ne parle pas de moi. Pour moi tu n’existeras et pour toi je n’existerai pas non plus. Je ne te verrai que lorsque je viendrai chercher mon argent et là encore tu ne m’adresseras pas la parole. Tu ne m’offriras pas à boire, tu ne me raconteras pas tes malheurs, tu ne me salueras même pas. Et ce qui vaut pour moi vaut pour ma gamine. Je t’interdis de l’approcher ou de chercher à la rencontrer. Pour elle, il ne reste que moi de cette famille, tous sont morts. Et si tu t’avises de braver cette interdiction je reviendrai et ferai flamber ta si jolie maison avec toi dedans, compris ?

Elle est loin la bouffée d’amour et de tendresse fraternelle, n’est-ce pas ?

Une dernière chose. Si jamais je crève avant que ma fille ne soit en âge de se débrouiller toute seule, je veux que tu t’assures –toujours sans qu’elle apprenne ton existence- que quelqu’un de bien s’occupe d’elle, qu’elle n’est pas seule. Et c’est à elle que tu verseras les cinq cent écus.

Je m’enfile trois gorgées avant de lui tendre la bouteille.

Marché conclu ?


*Traduction du titre The cranberries - Ode to my family

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