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[RP]Chauffer mon coeur à ton bois.*

Niallan
[Angie.**]

Je ne connais pas d'Angie mais le type qui a écrit cette chanson devait être fou amoureux d'elle et regretter de l'avoir laissée partir. Au fond, lui et moi on se ressemble pas mal si on oublie le fait que je ne sais absolument pas chanter. J'aimais Ali comme un fou et je l'ai laissée partir, j'ai ignoré ses lettres et refusé de la retrouver. Et je regrette. Sauf que moi, jamais je ne pourrai la revoir, jamais je n'aurai d'autre chance de la rendre heureuse.
Il n'y aura pas de mariage et pas d'enfants tout simplement parce qu'elle est morte. Pour tout vous dire, ça fait un bon paquet de temps que je noie mes regrets dans l'alcool mais ils nagent foutrement bien ces cons. Quand je bois beaucoup ils sont un peu d'apnée mais ils finissent toujours pas remonter à la surface. Alors je bois encore plus et je m'effondre tous les soirs dans un bouge minable ou au fond d'une ruelle.
Étrangement ce soir j'ai eu envie d'autre chose. J'ai eu envie d'écrire. A une amie d'enfance, la seule que j'ai. Kachina. La dernière fois que je l'avais vue c'était en janvier pour mon mariage, presque un an si on fait bien le compte. Et pourtant, je savais que je pourrai me confier à elle, qu'à défaut de m'écouter elle me lirait et j'espérais sincèrement qu'elle trouverait les bons mots sinon j'étais bon pour finir la bouteille posée devant moi.

La plume est trempée, j'hésite un court instant, hausse les épaules et débute ma lettre comme je l'entends en faisant fi des habituels "De... A... Fait à ... le ...", elle devait s'en cogner tout autant que moi.

Citation:
A l'amie,

Parce que je crois que c'est de ça que j'ai le plus besoin en ce moment: une amie. J'ai cru que les bouteilles et l'opium me suffiraient mais je me suis planté.
Je te préviens, cette lettre sera tout sauf gaie, je vais te balancer toutes les médiocrités de ma minable petite vie. Je te dirai bien de ne pas lire mais écrire pour rien c'est pas quelque chose que j'affectionne et je te sais de toute façon trop curieuse.

Alors, on s'en était arrêtés où ? Je crois que dans ma dernière lettre j'étais encore un plus ou moins heureux mari et un heureux papa.
J'ai divorcé, ma fille est morte, mon premier fils me croit mort et mon deuxième veut ma mort. Et c'est pas tout. On va reprendre étape par étape.

Mon divorce d'abord. Nos multiples disputes auront eu raison de notre mariage. Pourtant, au début j'aimais bien engueulades parce que l'après était délicieux, fort. Et puis les après ont mis du temps à venir jusqu'au jour où ils se sont arrêtés. Je me suis barré. Il y a peu elle a accouché d'un fils, Drago. Elle va lui apprendre à me haïr et je ne le verrai jamais, je ne le tiendrai jamais dans mes bras. Il appellera un autre que moi "Papa" et c'est cet enfoiré d'autre qui lui apprendra à marcher.

Ma fille ensuite. J'étais pas là quand c'est arrivé. Elle était à Bourg avec sa pseudo mère de ce que j'en savais. Moi j'étais parti à Maçon pour voir mon fils et sa mère, Maryah. On se disait qu'on pouvait y arriver à former cette famille recomposée après tout les gosses s'adoraient et moi j'avais eu des sentiments pour Maryah. Mais j'étais pas amoureux. Un soir j'ai reçu une lettre d'une rousse, Alicina. Une amie. Elle disait avoir été attaquée et se préparer à mourir. Ce soir-là je suis devenu fou, j'ai pris la route sans rien dire à Maryah et je suis allé rejoindre Ali. Des jours durant, je suis resté à son chevet. Elle a guéri. Je suis tombé amoureux d'elle et ça tombe bien parce qu'elle l'était de moi depuis longtemps. Tout allait bien, je pensais pouvoir rejoindre mes gosses. Sauf que Maryah n'a jamais pu me pardonner mon départ et que Lexi... Ils l'ont tué. Je ne sais pas exactement qui ni pourquoi, tout ce que je sais c'est qu'un jour j'ai reçu une lettre me disant que je venais de perdre ma gamine. Chienne de vie. T'imagines même pas à quel point ça m'a fait mal et continue de me faire mal.

Mais j'avais Ali, mon Alicina. Il y avait Vector et Léna avec nous. On était bien, on était heureux. Les deux meilleurs potes fiancés à deux jumelles. J'y croyais cette fois, je voulais lui faire un enfant et lui construire une maison. Ça s'est pas fait.
Maryah l'a enlevée, torturée et elle lui a dit quel genre de connard j'étais. De ceux qui manipulent, de ceux qui trahissent, de ceux qui jamais ne restent. Ali a refusé d'y croire mais je lui ai tout dit. Elle m'a pardonné alors même que moi je ne me pardonnais pas. Je venais de moins en moins souvent la voir, je ne la touchais plus. Elle est partie. Chaque jour elle m'écrivait, chaque jour je l'ignorais en pensant qu'elle finirait par être heureuse sans moi. Et puis un jour c'est sa frangine qui m'a écrit pour m'annoncer sa mort. Je suis allé à l'enterrement. Et j'ai pleuré, mon Dieu ce que j'ai chialé.

Et maintenant j'ai plus rien du tout. Juste des bouteilles et des cuisses à écarter. J'en peux plus, Kach.

Voilà, fin des jérémiades.
Mais parle-moi un peu de toi, de ton fils, s'il te plait...

Je t'embrasse,

Niallan.


*L'amitié - Françoise Hardy
**Rolling stones

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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Kachina
Des jours qui ne ressemblent qu'à l'ombre des nuits
Des silences qui résonnent à l'âme comme un cri
Quand les paupières n'ont même plus la force des orages
Quand porté par les flots je ne vois plus rivage
Des amours qui sont nés aux mauvaises saisons
Quand printemps a tardé à ouvrir ses bourgeons
Des lunes toujours pleines qui ne me sourient plus
Comment jouer aux échecs quand la reine est perdue ...*



Niallan..........Niallan, c'est l'ami. Avec un grand A. C'est le frère qu'elle n'a jamais eu enfant. Un frère, elle en a un. Connu sur le tard, qu'elle aime , et qu'elle voit peu. Mais Niallan, c'est celui qui grimpait plus haut qu'elle sur les arbres pour cueillir les cerises les plus mures. Celui qui chassait , à coups de pierres, le chien galeux qui la menaçait en grognant . Celui qui l'écoutait, affalé dans la paille de la grange, parler de ce père perdu, de cette mère jamais connue. Niallan, c'était tout ce qu'elle n'était pas à l'époque. L'audace et la force, le chevalier qui tuait les dragons quand elle jouait à la princesse, celui à qui elle pouvait sans avoir honte dire : j'ai faim, j'ai froid, j'ai peur. J'ai mal. Il savait toujours quoi faire pour qu'elle aille mieux.

Ce soir quand le pigeon vient cogner à la vitre, et qu'elle lit, elle sait que c'est lui qui a mal. Alors elle se penche sur le vélin, laissant quelques mèches brunes effleurer le bois de la table alors que la plume crisse, guidée par ses doigts.


Citation:
Niallan,

Merci pour la curieuse. Mais t’as raison, je l’ai lue jusqu’au bout cette missive. Même si elle ressemble à un roman . un roman noir. Du genre de ces histoires que tu me racontais les soirs d’hiver pour me faire peur. Tu te souviens ? Mais pitié, Niallan, tu aurais du te souvenir que je n’aime que quand ça finit bien, moi.

Par quoi commencer ?
Tout d’abord, ta fille.
Je suis désolée Niallan. J’ai perdu un fils, moi aussi tu sais ? Il était beau, avec le regard de son père. Je n’ai jamais pleuré devant sa dépouille. Il a simplement disparu. En quelques mois, j’ai perdu le père et le fils. Je sais la perte. Je sais que les mots sont dérisoires. Je sais la déchirure, le vide. Je sais.
J’ai gouté à l’opium, à cette période de ma vie. Un instant éphémére d’oubli, de perte de soi dans les volutes de fumée. Depuis je n’aime plus qu’on me vole mes douleurs. Elles n’appartiennent qu’à moi. Ta fille sera ta plus grande douleur Niallan. C’est ainsi, je ne vais pas te sortir les platitudes d’usage : t’oublieras etc… On n’oublie pas, on fait avec. Tu y arriveras.

Les femmes à présent. Franchement, je m’y perds moi, avec toutes tes greluches. Et ces mioches que tu sèmes de partout. Je ne suis pas comme toi, Niallan. Je ne fonctionne pas comme ça.
Pour moi, il en passe 20, des beaux, des audacieux, des poètes, des arrogants, des connaisseurs. Aucun ne me touche, je reste de marbre. Et puis un jour, il en est un qui me fait dire : Lui. C’est Lui. Je le veux. Et je plonge en amour comme on saute dans une eau tumultueuse. Je ne vois plus que Lui. Et bien sûr tu me connais, j’exige qu’il ne voie plus que moi. Je sais que ça en amuse plus d’un, que c’est passé de mode ça. Qu’ils attendent avec impatience que l’un de nous deux s’égare.Pour pouvoir ricaner et dire : voilà, comme les autres, ils sont comme les autres... Un homme m’a dit un jour qu’une femme fidèle était un sacré défi.
Qu’ils aillent au diable tous. J’aime et c’est tout. Et crois moi, qu’est ce que c’est bon !

Mariah a tort. Je ne crois pas que tu sois de ceux qui trahissent , manipulent et se barrent. Je crois juste que tu ne te sens beau que dans les yeux des femmes. Que tu es faible, que tu aimes ça te sentir désiré, regretté.
T’es qu’un crétin en fait. Je souris.

Je me souviens de nos jeunes années. Tu pouvais pas t’empêcher de tirer la natte des filles, de glisser des hannetons dans leurs cous, de les attirer dans ta toile et de leur faire tes yeux de prince charmant aux feux de la saint Jean. Et c’est à moi qu’elles en voulaient quand tu m’emmenais le soir venu attraper les grenouilles. Et les garçons du village te détestaient. Je n’ose pas imaginer le nombre d’ennemis que tu as du te faire depuis parmi la gente masculine. C’est la faute à ta belle petite gueule d’ange ça. Quoique , doué comme t'es, je suis sure que même défiguré, ou borgne, tu réussirais encore à faire mouiller le banc des auberges avec quelques mots charmeurs, à pas mal de Belles.

Bon, pour les bouteilles, choisis au moins du bon. Pas une vulgaire piquette qui te fera rendre tripes et boyaux quand tu rouleras dans le caniveau comme une loque imbibée à l’haleine puante. C'est comme une femme, un vin. Il faut que ça aie du chien, un goût de velours dans la bouche et que ça t'enflamme à la fois. Mais le vin ne fait qu’endormir le mal. Je t’ai connu plus combatif que ça.

Quand aux cuisses à écarter, qu’est ce que tu veux que je te dise ? Tu vois bien qu’on s’en lasse. Si elles ne sont que cuisses blanches et douces qui s'ouvrent sans que t'aies trop à en faire….Les gestes de l’amour sont toujours pareils. Il faut que le cœur et le corps s’embrasent ensembles pour toucher les étoiles. Sinon , c’est juste quelques mouvements de reins, l’explosion qui soulage et plouf, plus rien.

Je t’ai dit déjà que l’homme qui partage ma vie, était un séducteur ? Il allait même le bougre jusqu’à attribuer des notes à ses conquêtes dans un carnet. T’imagines ? Je l’ai lu en cachette. J’y ai trouvé mon nom figure toi. Et j’ai quand même eu 10 en souplesse, audace, et 9 en créativité . Ouais. Bon j’ai à peine eu la moyenne en caractère, et en expérience. Pfff……Mais tu vois, ça ne le rend que plus beau, que pour moi, il soit devenu sage.

Bref, tu me demandes de te parler de moi. J’ai peur de te décevoir. Je suis sage. Bien trop sage. A en oublier comment on crochète une mairie. J’ai laissé sur le bord du chemin tant d’amis qui pour la plupart n’en n’étaient pas vraiment. M’en manque encore quelques uns. J’essaie de renouer avec ma sœur, j’ai un demi-frère découvert sur le tard qui m’aime, malgré la balafre que je lui ai offert en cadeau lors de notre première rencontre. Je suis de retour dans un village où j’ai vécu tant de choses, que j’ai connu si vivant et si fier et qui dort dans l’ombre des Comminges.
Rien de bien émoustillant tu vois ?
Et pourtant……..mes nuits sont fauves, mes nuits sont feu. Avec un seul, avec le même. Mon homme aux milles visages et je suis reine quand entre mes cuisses et seulement les miennes il vient se perdre. Reine ou catin, gourgandine ou princesse, garce ou biche aux abois suivant ses désirs.

J’ai un fils aussi. Rien à te raconter sur lui. Où plutôt si, mais tu te lasserais de tous ces petits riens qu'apporte dans ta vie un plus petit que toi. J’ai un fils. Et je tuerais quiconque lui ferait du mal. Il est ma chair, mon sang, mon tout petit. Et quand il s’endort contre moi, petit corps chaud et tendre, je sais que l’essentiel est là.

Voilà, n'attends pas de moi des conseils. Vis ce que tu as à vivre. Continue tes conneries, ou attend que l'amour repasse. Mais ne rate pas ton tour. Saute dans le coche quand il passera. En attendant, pleure là cette femme. T'en parles si bien, qu'elle le méritait bien. J'aurais aimé la connaitre.
Imagine, Niallan, qu'on est comme avant, allongés dans l'herbe, à regarder les étoiles , les nuits d'été. Tu me disais qu'il faut rêver plus haut toujours. Que tout était possible à qui le voulait bien.
Où sont partis tes rêves Niallan ? Retrouve les bordel. Tu me fiches la frousse là...

Bon, je vais arrêter là. Si tu ne t'es déjà pas endormi sur mes mots. Au moins j'aurai le mérite un instant d'avoir remplacé l'opium ou le vin.

Tiens bon Niallan. Va pas te laisser crever surtout. J'aime savoir que t'es là quelque part. T'es fait pour les rires, l'amitié et l'amour Niallan. Mais l'Amour, ça se mérite, ça se défend jour après jour, ça n'a rien de facile, ou d'acquis.

Je t'embrasse.

Kachi

PS/ Répond et dis moi que tu vas mieux !


* Saez - Que tout est noir

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(Merci à Jd Axelle pour la bannière)
Niallan
[Tout ce que nous faisons
S'écroule sur le sol bien que nous refusions de l'admettre

Nous ne sommes que de la poussière dans le vent
Ne t'attache pas
Rien n'est éternel exceptés la Terre et le Ciel*]


J'avais cru toucher du doigt la notion d'éternité avec Ali, on s'était promis monts et merveilles plus loin que dans la tombe et finalement maintenant qu'elle y était je n'avais plus que le passé auquel me raccrocher. Le passé et la croupe de la donzelle pas farouche ramassée hier soir en taverne. Plutôt jolie la minette, de belles formes et un minois de séductrice. J'ai aimé cette nuit passée avec elle jusqu'au moment où j'ai décuvé, la première chose que j'ai pensé a été « j'ai merdé, jamais Ali ne me le pardonnera » et puis juste après je me suis souvenu que plus jamais Ali ne pourrait m'engueuler, qu'elle était simplement morte et que je pouvais faire toutes les conneries que je voulais, ça ne la ferait pas revenir. Je verse une ou deux larmes sur cette épaule qui n'est pas la sienne avant de me reprendre et de tâtonner à la recherche d'un fond de bouteille et de ma pipe. Mes recherches, si elles sont fructueuses, ont pour effet de réveiller la jolie blonde.

Qu'est-ce que tu fais... ?

Sa voix ensommeillée m'attendrit légèrement aussi, au lieu de la rabrouer comme prévu au départ, je me contente de lui tendre mon nécessaire à écrire. Elle m'interroge du regard et je me contente de lui sourire, portant enfin une bouteille de vin à mes lèvres, bouteille néanmoins vite remplacée par ma pipe plus chargée d'opium que de tabac. Je me vautre sur le lit, fermant les yeux pour mieux savourer les effets de cette douce drogue.

Qu'est-ce que tu veux que je fasse avec ça ? Niallan ?
Écris... Tu vas écrire ce que je te dis, d'accord ?

J'embrasse sa cuisse nue et lui décoche un sourire enjôleur qu'elle réceptionne avec le rouge au joues. Sa main se rive autour de la plume et elle écoute ma dictée.

Citation:
Kachi,

Je me doute que tu vas râler quand tu te rendras compte -sûrement dès les premières lignes- que cette missive n'a pas été rédigée de ma main. Pour tout te dire, ma dextre est occupée par ma pipe et ma senestre par une bouteille. Du vin. Et du bon ! J'ai suivi tes conseils, je l'ai choisie comme je choisis les femmes, un goût de velours qui t'enflamme pourtant. D'ailleurs figure-toi que celle qui écrit en ce moment-même respecte ces critères. Mais ce n'est pas Alicina, il n'y a aucune femme qui pourra la remplacer, tu sais. Je ne l'ai pas beaucoup décrite dans ma dernière lettre mais j'ai envie de le faire dans celle-ci parce que j'aurais aimé que tu la connaisses et que tu la guides jusqu'à l'autel. Le mariage était censé se faire le treize septembre dans le bocage normand, on aurait dû commencer à préparer les invitations mais...


Mais ?
Raye la dernière phrase.

Citation:
Elle était rousse et pourtant tu sais que j'exècre les porteuses de cette couleur de tifs. Elle avait les yeux d'un bleu magnifique et un sourire … son sourire était magnifique quand elle relevait la tête et me voyait. J'adorais celui qu'elle m'adressait après nos étreintes ou même après nos baisers, je me sentais homme, Kachi. Vraiment, j'étais entier, comblé. Ton homme a-t-il cette impression quand il te tire ce sourire dont lui seul peut être à l'origine ? Est-ce que lui aussi, il suffit que tu effleures sa peau pour le sentir frémir ? Est-ce que ton souffle dans son cou fait battre son cœur tellement fort qu'il pourrait sortir de sa poitrine ? Et ses bras, est-ce que tu ne te sens bien qu'entre eux ? J'aurais tout donné pour elle. Je ne voyais plus qu'elle, tu sais, j'étais même devenu fidèle... Ouais, je m'étais assagi. Comme ton brun. Parce que...


Tu l'aimais vraiment, cette femme.
Je l'aime. On reprend, raye le « parce que ».
Mmmh.

Citation:
Et tu dis qu'il attribuait des notes ? Encore jamais fait personnellement mais c'est une idée assez intéressante pour être mise en pratique. Là où je suis étonné c'est quand tu m'écris que tu atteignais juste la moyenne en caractère. Toi ?! Je veux bien croire que tu ne saches plus crocheter les serrures des mairies mais je te vois mal faire à moitié soumise, toi la Louve. Toi Louve qui veille sur son louveteau... Et si, Kachi, je veux que tu m'en parles, de tous ces petits rien, de ces instants dont on s'émerveille en tant que parents. Dis-moi ce qu'il aime manger, ce qui le fait rire, raconte-moi comment il respire, comment il dort la nuit quand tu le couves de ton regard protecteur. Décris-le moi. Dis-moi à qui il ressemble, quels traits il a pris chez toi et quels traits sont de Boulvay. Marche-t-il ? A-t-il dit son premier mot ? J'ai perdu les dix premières années de la vie de ma fille et je n'ai été là que pour sa dernière année... Un an, Kach, un an même pas, c'est tout ce que j'ai eu. Quelques mois. Il m'a suffi de quelques mois pour faire d'elle le centre de mon monde, ma raison de vivre et de me battre. Et il me faudra toute une vie pour surmonter sa mort, au fond, je crois que je serai toujours en deuil. Tu as raison, elle sera


Je suis désolée...
Elle a sans doute vu mes larmes rouler jusqu'aux draps, d'où cette main qui essuie maladroitement ma joue et ce sourire triste qu'elle m'adresse. Mais je ne réponds rien, je me fiche qu'elle soit désolé. Je reprends plusieurs bouffées avant de poursuivre ma dictée.

Citation:
toujours ma plus grande souffrance. Mais je ne me laisserai pas crever parce que là-bas rien ne m'attend. Je ne fais pas partie de tous ces crétins qui pensent qu'en mourant on retrouvera tous ceux qu'on a aimé. J'y ai cru à leur enterrement, j'ai cru que je pourrai les rejoindre mais c'est des conneries tout ça. Si tu crèves, tu crèves, y'a rien après. Tout s'arrête. Et moi j'ai pas envie que tout s'arrête. Et j'ai pas non plus envie de me raccrocher à la vie en aimant une autre femme. Je veux que ce soit elle, la dernière. Alors...qu'as-tu à me proposer ? Comptes-tu reprendre le crochetage de serrures de mairies un de ces quatre ? Peut-être que … un peu d'action, ça me ferait pas de mal.

Je t'embrasse,

Niallan.

P.S: J'essayerai de faire la prochaine lettre plus gaie mais je ne te promets rien.



*Traduction paroles Kansas -Dust in the wind

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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Kachina
Quand je suis à plat, et que mon âme est lasse,
Quand arrive le trouble, et que mon coeur devient lourd,
Alors, je patiente dans le silence
Jusqu'à ce que tu viennes et t'assoies un moment avec moi
.


Niallan…..C’est celui qui la portait sur ses épaules pour traverser le gué, qui la consolait quand elle était tombée, qu'elle avait les genoux en sang. C’est celui qui venait s'asseoir à côté d'elle, quand le coeur lourd, elle regardait couler la rivière, et que venaient les larmes enfin, en pensant à son père .
Là c’est lui qui est blessé, à terre. Et foutre dieu, elle se sent impuissante. Alors, elle laisse passer les jours, cherchant les mots miracles.

Elle sait qu’il n’y en n’a pas , quand l’Autre n’est plus.
Elle sait ça.

Mais ce soir, le sommeil la fuit. Il y a sur la table devant elle tous ces courriers sombres. Où est le temps de l’insouciance ?
Est-ce que c’est ça vieillir ?
Possible.

En tout les cas, elle prend la plume encore une fois, envoie ses mots à l’ami en détresse.

Soulève moi, porte moi……


Citation:
Niallan,

Je ne veux pas savoir à quoi sont occupées tes mains quand tu réponds à mes missives. Mais franchement , faire écrire des mots qui parlent d’une femme aimée à une que tu viens de culbuter, je trouve ça…………..Niallesque, voilà……..Je trouve ça Niallesque. Y a que toi pour faire des trucs pareils.
Par contre, J’aime à savoir qu’elle était rousse, cette femme que tu aimes encore par delà la mort. Je me souviens d’ une amie rousse. Lhyra. A moitié folle, qui comptait tout et tout le temps et donnait des surnoms à tous ceux qu’elle croisait. Pour elle, j’étais Corbeau, à cause de mes cheveux sombres. Je l’ai perdue. Qu’est ce qu’elle était belle.

J’ai perdu tant d’amis, Niallan.
J’ai pas envie de râler après toi.
D’abord parce que t’es mal, bien trop mal et puis moi, j’ai l’âme bien trop grise ces jours derniers. Pas une missive qui ne me parvienne avec des mots de déséspèrance. A croire que le bonheur n’est plus de mise dans ce royaume.
Et moi, ça me fiche le cafard tout ça.

J’en sais rien tu sais, si Boulvay est comblé quand je lui souris après l’amour où quand il entre dans une taverne où je l’attends. Cet homme là se livre peu. Tout en retenue, comme s’il avait peur d’aimer, d’être aimé.
Je l’aime, je sais qu’il m’aime. Alors je pense que oui.
Oui ça doit lui plaire, j’imagine. Je le devine en quelques gestes, dans sa façon qu'il a de caresser sa barbe parce qu'il sait que ça me rend dingue, ce geste là. Sa manière à lui de dire : j'aime ça, te troubler, t'enflammer. Et sa main sur ma cuisse qui se fait possessive, crois moi, ça aussi, ça en dit long.
Il est devenu fidèle lui aussi, et moi je ne suis forte que , blottie contre sa peau. Et compte pas sur moi pour que je te conte ici les caresses qui l’emportent haut. Sache juste que le plaisir s’invite toujours dans notre couche. Ou ailleurs, d'ailleurs...

Crocheter les serrures, je sais toujours. . Mais c’est juste que j’ai épousé un mercenaire. Quelqu’un qui ne combat que pour de l’argent. Ce qui veut dire des heures à négocier, et puis ensuite des heures à distribuer le butin. Moi, j’ai l’âme brigande, tu vois. L’occasion passe, on la prend. Peu importe ce qu’on y gagne. On sait d’avance qu’on va vibrer, ressentir, vivre des moments forts. On se bat par plaisir et crois moi ça change tout. Parfois, une cause nous pousse vers le danger et ça, c’est foutrement bon. Tu vois, je rate une fête là. Une jolie fête en Béarn. Bon, dans deux jours ou plus, ils seront tous dispersés, amochés, défigurés , toussa. Mais en attendant, ils vivent.

Ma soeur en est Niallan. Elle court au désastre. Je l'ai retrouvée, je vais la perdre.

La note merdique pour mon caractère, c’est pas par manque de caractère, c’est disons qu’il a jugé que j’ai un sale caractère.
Tu dois te souvenir que je t’en faisais baver parfois dans nos jeunes années. Non ? Et là, imagine mon sourire.
Soumise, je ne pense pas l’être, bien que certains aigris ou jaloux aiment à dire que la Louve est devenue une chienne soumise. Ajoute à ça que je mange les mioches et que j’ai un amant dans chaque ville……….Qu’ils crèvent tous ces faiseurs de rumeurs. Je l’aime, j’aime le suivre. Il m’enchaine à lui et alors ? Etre libre c’est choisir soi-même ses chaines. Quand je l’emmène au bout de la nuit, crois moi , je suis encore Louve jusqu’au bout des crocs.

Tu veux que je te parle de mon fils ?
De ses yeux sombres si semblables à ceux de son père ? De ses rires qui amènent les miens, de ses pleurs qui me bouleversent ?Je te dirai juste que moi qui , un jour ai offert mon âme au Sans Nom. Qui n’en n’a pas voulu d’ailleurs, le salaud……
Bref……Moi qui ne crois plus en grand-chose, quand je le regarde endormi, je remercie la Vie de me l’avoir donné. Il a 1 an. 1 an et demi. Et oui, il marche, il braille quand ça ne va pas. Tant mieux, je veux qu’il hurle à la lune, qu’il soit fier et rebelle, pas qu’il bêle au milieu du troupeau plus tard.

J’en reviens à cette femme perdue Niallan. Pleure là, prends le temps, va jusqu’au fond du désespoir, et quand tu seras au fond , donne un coup de pied pour remonter. Faut jamais dire jamais, Niallan. J’ai dit après Joran : il n'y aura plus jamais d'Autre….
Et Boulvay un jour m’a fait à nouveau rire…….
Et……..

Tu t’ennuies ?
Viens te joindre à nous.
Mais tu sais Niallan, le clan pour l’instant n’en n’a plus que le nom. Nous sommes tous dispersé aux 4 vents. Ils ont tous oublié ce que le mot bonheur veut dire. On est devenus tristes et gris tous. Je ne trinque plus à l’Irraison, où bien trop rarement Niallan.
La seule aventure qui se pointe à l’horizon, est d’aller au secours de la fille du Jok, qui s’est mise dans un sale pétrin. Ensuite, nous continuerons la route pour aller au chevet des blessés. Les armées ont fait de nous, leur terrain d’entrainement, on dirait.
Alors si tu veux de la compagnie, viens. Si tu veux des rires, j’ai peur que ce ne soit pas au programme.
Ajoute à ça que nous devons d’abord nous tirer de cette souricière où nous nous sommes enfilés Boulvay et moi……..Et tu vois le tableau.

Ils attendent tous de moi que je les aide. Je suis fatiguée……..
Ils me pensent forte. Je ne suis que moi.
Tu sais toi Niallan……..tu sais qui je suis.

Je t'embrasse . S’il te plait, tiens le coup. Et si tu penses que le chagrin sera moins lourd à nos côtés, viens. Il se trouvera bien une coureuse de remparts qui rejoindra le clan pour t'ouvrir ses cuisses et te faire passer le temps.

Tiens bon. Va pas crever de chagrin, je te l'interdis.

Kachi

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(Merci à Jd Axelle pour la bannière)
Niallan
[Le soleil se couchera pour toi
Et l'ombre du jour
Couvrira le monde de gris*]


Pour moi, le soleil s’était couché en septembre pour ne plus jamais reparaître. Tout était noir, gris dans le meilleur des cas. Je ne faisais plus vraiment la différence entre le matin et le soir, entre les différents alcools et les différentes drogues qui bousillaient toujours un peu plus mon organisme. J’avais sauté un nombre incalculable de donzelles et essuyé un nombre tout aussi aberrant de branlées. Et je ne faisais rien pour reprendre pied. Je ne fais rien. Absolument rien.

Parce que Kachi a tort. Je n’ai pas répondu à sa dernière lettre, pourtant j’ai essayé plusieurs fois mais je n’ai rien pu écrire. Dans le meilleur des cas, il n’y avait sur le vélin qu’une suite de mots vide de sens. Néanmoins, aujourd’hui, je me suis décidé à apporter une réponse à sa lettre.

Citation:
Kachi,

Je crois savoir que tu ne vas pas aimer les raisons qui me poussent à te répondre mais comme je suis toujours aussi téméraire (suicidaire ?) je vais te les donner.

La première : tu as tort.

Il n’y a pas de fond à ma douleur, il n’y a pas un moment où je me dirai que, c’est bon, je ne peux pas tomber plus bas. Il n’y aura pas d’autre femme pas plus qu’il n’y aura une autre possibilité de bonheur. Je ne verrai plus jamais mon fils aîné et ne rencontrerai jamais le plus jeune. Je ne me relèverai pas de tout ça. Je les ai perdues dans un laps de temps trop rapproché. Ma gamine et mon amour. Après la mort de Lexi, grâce à Ali, j’ai cru que j’allais m’en sortir. Pour t’imager un peu la chose j’étais comme un type qui nage vers la surface, qui voit les rayons du soleil éclairer l’eau au-dessus de sa tête avec de plus en plus de force et puis qui, d’un coup, ne voit plus que du noir. Peut-être parce qu’en fait il nageait dans une espèce de cuve qu’on a refermé ou qu’il était déjà mort. Dans tous les cas, il ne remontera pas à la surface. Je ne remonterai pas à la surface.

La deuxième : j’ai rencontré une femme.

Eh non, pas dans ce sens-là. J’ai rencontré une femme qui disait être « La Louve » alors, forcément, j’ai pensé à toi. Pourtant elle ne te ressemble absolument pas. C’est une bourgeoise fadasse et terriblement insipide. Je n’ai même pas eu envie de la baiser, c’est pour dire. J’étais en train de me murger gentiment le groin quand madame la sans gêne s’est assise pile en face de moi pour se servir dans MA bouteille. Alors, ça, déjà, j’ai pas apprécié mais ensuite elle a continué à jouer ce genre de personnage hautain et sauvage. Par politesse, je lui ai demandé son prénom après qu’elle m’ait demandé le sien, elle m’a juste répondu « ça t’regarde pas » avec sa petite voix méchante qui écorche les oreilles. J’ai acquiescé et continué à boire et c’est là qu’elle m’a sorti un truc de ce genre-là « mais certains m’appellent la louve ». Du coup, Jerry. J’ai ri, pardon. Et je lui ai dit que, moi je la connaissais la louve et que ceux qui la qualifiaient ainsi avaient soit une folle envie de lui écarter les cuisses pour débiter des âneries pareilles soit confondaient les louves et les chiennes. Je crois que j’ai dû ajouter une définition des deux animaux, toujours est-il que cette salope m’a frappé avec sa chaise et m’a volé ma bouteille une fois qu’elle m’avait bien assommé.
Tu te rends compte ? J’ai perdu une bonne bouteille et ai gagné de sales bleus pour défendre un simple surnom. Tu m’as trop bien habitué.

La troisième : tu me manques.

Ça fait combien de temps qu’on s’est pas vus ? Qu’on ne s’est pas assis, simplement, autour d’un verre pour parler de nos vies et de toutes ces morts qui la jalonnent ? A quand remonte la dernière fois où je t’ai entendue rire ? La dernière fois où tu m’as copieusement rabroué de vive voix ? Notre amitié, nos moments, me manquent. J’aimerai que tu me parles encore un peu de ton présent. De ce fils que tu chéris plus que ta vie, de ce mari que tu n’aimes pas moins. Et puis de toi, de ces amis meurtris qui t’écrivent et comptent sur toi (pas besoin de me parler de moi, je sais asse bien quelle loque je suis en ce moment), de ce fardeau que t’en as marre de porter.

Et puis…peut-être que j’aimerai que tu me dises où tu es pour que, peut-être, mes jambes n’aillent plus seulement de la taverne à une chambre et qu’elles s’enfilent les lieues jusqu’à bouger dans l’ombre des tiennes.

Je t’embrasse,

Prends soin de toi,

Niallan.

P.S : Tu remarqueras que, cette fois-ci, la lettre est bien de moi. Aucun scribe intermédiaire.

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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Kachina
Si je ne pouvais écrire je serais muette
Condamné à la violence dans la dictature du secret
Submergée par tous ces sentiments sans mots
Je m'effacerais comme une mer sans eau
Ma vie ne serait pas la même
Aussi vrai que j'aurais pu prendre la tienne*

Elle avait vécu de sales moments ces derniers jours. S'était sentie dériver au fil des mots cruels. Quelque chose s'était brisé qu'elle s'efforçait de réparer au fond d'elle. Mais une certaine mélancolie ne la quittait plus. Et ce qui devait être le voyage vers l'espoir n'était plus qu'une suite de villes traversées, la plupart toutes aussi désertes que les autres. Elle luttait pour retrouver l'étincelle qui allumerait sa vie. Se débattait à contre courant parfois.

Et le courrier de Niallan était resté au fond d'une des sacoches de sa selle. Elle le relisait, le soir au coin du feu dans une auberge où ils faisaient halte. Cherchait les mots , ne les trouvait pas.

Mais ce matin là, en traversant la place, lorqu'elle vit un jeune garçon et une fillette courir ensembles à travers les ruelles, joyeux et insouciants, elle ne put s'empêcher de sourire et ses pensées s'envolèrent vers Niallan et ce temps de leur enfance.

Alors, sur le port, regard clair se perdant parfois sur l'horizon et les bâteaux à quai, emmitouflée dans sa cape de lainage chaud, elle rédige sa réponse. Assise sur la grosse pierre à laquelle est amarré leur foncet, elle laisse courir sa plume, fredonnant une mélodie du bout des lèvres :


Entre le marteau et l'enclume
J'ai du aiguiser ma plume
Quand je suis perdue dans la brume
Je fais chanter mon amertume
Alors j'écris, je crie, j'écris*


Citation:
Niallan

T'as peut-être raison. Peut-être qu'on ne guérit jamais de ses blessures. Qu'on fait juste semblant, qu'on se ment, qu'on dit que ça ira. Et parfois ça va, d'autres fois non. J'ai l'âme triste depuis quelques jours, Niallan. T'aimerais pas.
Parfois les mots blessent plus que la plus acérée des lames. Mais tu me connais, je lacherai rien, jamais. La Faucheuse peut aller se rhabiller, elle m'aura pas.

Quand à cette femme, tu sais, elle voulait juste paraitre rebelle, attirer ton attention, connaitre tes pensées secrètes en buvant à ta chope, qui sait ? Je suis sure que tu lui avais tapé dans l'oeil, dès qu'elle t'a aperçu. Elle a voulu jouer les différentes, oublier qu'une femme n'est jamais qu'une femme sous le regard d'un homme. Et puis qu'est ce qu'une louve, en fait ? Sinon, une femelle qui veille sur sa meute, qui suit son mâle et qui nourrit ses petits ? Moi je veux être celle qui hurle à la lune sa douleur et son amour, qui court à perdre haleine, libre et fière dans les taillis et les forêts touffues. Qui sait aussi montrer les crocs, le poil hérissé quand l'ennemi parait. Et qui, au plus noir de la nuit se soumet à son loup.

Tu me manques aussi. La dernière fois, tu portais le masque d'un futur marié. Tu semblais heureux. Je t'ai pensé casé , prisonnier volontaire d'une belle insolente. Mais tu sais qu'attirer les galères en fait, et bien sur ça a foiré.

Viens.
Je suis à Nevers mais nous devrions nous poser en Savoie prochainement. Nevers, c'est pour confier le bâteau à Pimp et Ric. Ensuite nous irons affronter l'hiver en montagne. Si ça ne te fais pas peur, viens. J'aurais aimé que tu sois là, ces jours passés. Tu m'aurais écouté pleurnicher à propos d' une querelle idiote. Et je sais que t'en n'aurais pas ri. Et puis, à vrai dire,je crois que j'ai grand besoin de quelques coups de pieds dans le séant, pour continuer la route.

Ma soeur s'est inquiétée de moi plusieurs fois ces jours derniers. On s'est retrouvées sur le tard, elle et moi. Tu la connais pas, c'est vrai. C'est peut-être aussi bien , avec ta belle gueule d'ange, tu lui aurais surement brisé le coeur déjà. On s'était éloignées quand j'ai quitté les Lycans. Tarbes nous a réunies même si nos routes restent ailleurs.

Je vais pas très bien, Niallan. La vérité est là. L'hiver, le froid et tant d'autres choses. Alors, oui, rapplique. On rira comme avant. Ou bien on noiera nos déceptions dans l'alcool.
Et puis un jour, une blonde, une brune enflammera à nouveau tes sens et ton coeur. La rousse, tu la garderas comme une lumière au fond de toi.

Selle ta monture, et galope. Apporte moi un cadeau pour la Saint Noël, tiens. Comme ces noix que tu glissais dans ma capuche où ces objets que tu sculptais dans le bois pour me les offrir sous le gui.

En attendant, évite les bagarres dans les bouges et garde moi un peu d'opium, je n'en n'ai pas repris depuis l'Anjou. Je t'offrirai des bières. Tu connaitras mon Brun. Avec un peu de chance, vous deviendrez amis.

Rapplique Niallan. Je te promets pas des merveilles, tu seras pas obligé de rester. Mais puisque tu crois plus en rien, que tu fais plus rien de ta vie, qu'est ce que tu risques ? Il se trouvera bien quelques jolies savoyardes à trousser au coin d'une table.

Je t'attends. Je t'embrasse.

Kachi

PS/ ça ne me déplait pas que quelqu'un risque encore des coups pour moi !



*kery james ,zaho ft grand corps malade "j'écris"

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(Merci à Jd Axelle pour la bannière)
Niallan
[Parler franchement,
Nous a tant servi,
Nous voyageons à travers l'Enfer,
Oh, comment nous sommes tombés ! *]


Je n'avais jamais autant tardé pour répondre à l'Amie mais j'avais des circonstances atténuantes. J'avais encore pris une torgnole assez forte pour me retrouver au sol, cette fois-ci j'y étais resté pendant deux mois et je venais à peine de décoller le menton de la terre, le chemin pour me relever serait encore long, tellement que je doute au jour d'aujourd'hui d'y arriver. J'ai ma théorie sur l'existence humaine : dès qu'on est à peu près heureux, on se prend une claque de tristesse, on reste un bon moment à se morfondre et puis, oh, surprise, une lueur d'espoir de retrouver le bonheur ! On la saisit, on reste heureux un peu, juste un peu, hein, surtout ne pas excéder les quelques mois ou années pour les plus chanceux et puis bam ! Une autre claque. Plus forte, plus vicieuse. Et encore et encore jusqu'à ce qu'on devienne trop vieux et trop faible pour se relever. Le secret de la longévité est de ne pas aimer. Comme ça on ne tombe pas et si on ne tombe pas, on a aucun effort à fournir pour se relever.
J'ai décidé que, si jamais j'arrive à me relever, je ne tomberai plus jamais. Et pour me relever, j'avais décidé de compter exclusivement sur Kachi. Parce qu'elle avait toujours été là, que Vector était parti et que j'avais plus ou moins coupé les ponts avec les autres.

Citation:
Kachi,

Voilà plus de deux mois que je te laisse lettre morte, excuse-moi. Oui, je sais qu'il faudrait dire « je te présente mes excuses » pour être poli mais toi et moi avons toujours fait fi de toutes ces conneries.
Rassure-toi, ce n'est pas pour parler politiquement correct que je t'écris, ça ferait bien du papelard inutile ça. Et je ne compte pas finir prévôt.

Je ne te parlerai pas non plus de la mort d'une autre femme. Ou si peu, en guise d'introduction. Parce que si j'en parle trop longtemps je crois bien que je vais en crever, son image étant déjà bien trop présente dans ma tête. T'avais-je déjà parlé d'Aphrodite ? Une blonde, libre et belle à couper le souffle, le genre de femme que tous les hommes veulent et qu'aucun n'a vraiment. Depuis sept ans, nous étions amis et amants. Elle a porté notre enfant pendant un temps et puis elle l'a perdu. Il n'y jamais eu de contraintes entre nous, juste de l'amour, libre. Et de l'amitié, forte. Je pensais que je ne la perdrai jamais. Je me suis encore planté. Elle était enceinte, elle l'a perdu. Sa vie avec. Je l'ai appris début janvier.
Fin de l'introduction.

Tu sais, arrive un moment où tu ne peux simplement plus faire face, ou tu tombes vraiment. Ça faisait trop pour moi, j'ai lâché prise. Pendant deux mois j'ai bu et baisé approximativement tous les jours et quand je dormais c'était d'un sommeil sans rêves. A vrai dire, je faisais toujours en sorte de boire assez pour que les moindres pensées cohérentes que puissent m'envoyer Morphée soient dégommées.
J'ai trouvé autre chose que le cul pour gagner de l'argent d'ailleurs. J'ai testé ça hier soir. J'ai participé à un combat, enfin, combat, c'est vite dit. En fait j'ai été payé pour qu'un bourgeois au faciès de porc me casse la gueule, sûrement pour se venger de tous les petits cons de mon espèce qui sautent sa bourgeoise à sa place. Le marché était plutôt encourageant : pas de blessures qui dureraient trop longtemps, manquerait plus que je perde ma belle gueule. Au cours de cette exécution, je me suis senti bien, j'étais content d'avoir mal. De sentir quelque chose, de savoir d'où ça venait. Parce que je peux t'assurer qu'avoir mal à l'intérieur j'en peux plus. Quand on me cogne, j'oublie le reste. J'ai juste mal et ça me convient, c'est douloureusement bon.

Ces aveux de fou m'emmènent à ma demande ou plutôt à mon affirmation puisque j'ai déjà pris ma décision. Tu ne vas pas très bien, je ne vais plus du tout. Mais j'ai ramassé tes noix, me suis approprié plus d'opium et garde le tout bien précieusement dans ma poche. Il faut que je me relève parce que j'en peux plus du sol, Kach. Alors, je vais bientôt partir pour la Savoie, là où toi et ton brun vivez, là où tu pourras me parler de cette engueulade pour que je te botte le train. J'attends juste le retour d'une ritale à laquelle je dois rendre ses lèvres. Elle aurait pu me séduire mais j'ai décidé de rester sur ma décision : plus d'autre femme. Qu'elle soit brune, blonde, rousse. Ou, par malheur, chauve. Une fois que je me serai relevé, je ne laisserai plus à personne la possibilité de me faire tomber. Et j'espère très naïvement que toi, ma Kach, tu n'iras pas bouffer les pissenlits par la racine avant moi parce que je n'aurais pas la force d'affronter un monde sans toi.

Je veux que tu m'apprennes à me battre, je veux que tu le fasses sans retenir tes coups. Je veux sentir la douleur et l'adrénaline dans tout mon corps. Je veux me battre, non pas pour un quelconque guignol avec des envies d'expansion de territoire mais pour moi. Pour survivre et ressentir à nouveau. Tu m'aideras, hein ? Dis-moi que tu vas m'aider.
Aide-moi à me relever. *

Je t'embrasse,

Niallan.



*Traduction paroles Moby - Lift me up

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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Kachina
Tu le sais bien on est vivant,
Tant qu'on est inconscient
A bout de souffle
Et le dernier des jugements,
Il peut venir nous on l'attend
A bout de souffle


Les lames s’entrechoquent dans un bruit de ferrailles et c’est une Louve en sueur qui esquive maladroitement, réflexes en berne et forces diminuées. C’est qu’elle a pris des coups la Brune ces derniers temps. Bleus à l’âme et au corps qui l’ont laissée sonnée, amoindrie, mais qu’elle combat avec toute la hargne qu’il lui reste . Il est bien plus facile de s’abandonner à la rage qui l’habite que d’ouvrir la porte en grand au chagrin qui l’envahirait toute entière. Elle a pris l’habitude de s’entrainer chaque matin dans ce vieil entrepôt sur les quais. Malmenant ses muscles déjà meurtris, en réclamant encore jusqu’à en perdre le souffle et enfin d’un signe, signifier à Pochtron qu’elle en a assez.
    - Demain, même heure Pochtron ! On recommence !

Elle laisse son vieil ami, se réfugie dans une auberge, cherche un endroit calme un peu à l’écart de l’agitation habituelle. Son bras arrête la serveuse chargée d’un lourd plateau rempli de chopes mousseuses et ambrées. Quelques pièces tirées de l’escarcelle et la bière réveille ses papilles et vient couler au fond de sa gorge. Plume est prise, alors que ses pensées s’évadent vers Niallan.

Niallan…
Niallan a toujours été comme ça, d’aussi loin qu’elle se souvienne, disparaissant, réapparaissant dans sa vie . Elle a appris à faire avec. L'amitié est ainsi qu'elle se moque du temps et de bien autres choses. Mais c' est un peu comme s'il semble deviner quand elle a besoin d'une épaule. Comme au temps de l'enfance, quand il soufflait sur ce genou qu'elle avait écorché, ou lui expliquait que la robe qu'elle venait d'accrocher et effilocher était de toute façon désuète et passée de mode.

Le temps a passé depuis les derniers courriers échangés. Décembre a été pourri, janvier magique et février vient d'inscrire le mot FIN. Les mèches sombres effleurent le bois, alors qu’indifférente à tout ce qui l’entoure, elle noircit le vélin de la pointe de sa plume taillée en biseau.Et la Louve rejoint l'Ami.

Citation:
Niallan,

Tes introductions sont morbides. Faudra revoir ta copie. Tes femmes tombent comme des mouches. T’es vraiment pas un bon coup, tu sais ça ? Fais moi plaisir, choisis ta prochaine conquête riche à crever et retires toi avant de conclure, histoire de ne pas me parler encore d’un éventuel mioche.

J’te titille Niallan, mais à vrai dire j'ai pas envie d'entendre ta douleur parce que je sais pas comment je vais.
Toute cabossée déjà, ça c'est sur. Figures toi que je me suis battue en lice avec une pucelle furieuse et je suis salement amochée.
Mais le pire est pas là, Niallan.
Je l’ai quitté, j’ai quitté mon Brun. J'ai quitté l'homme que j'aimais. Que j'aime encore.
J’en pouvais plus de cette ambiance merdique.
"Dis pas ça, ça plait pas à celle là. Du coup, elle est plus ton amie pour la vie. "
"Bois pas avec celle-là sinon, t’es qu’une bougresse traitresse au clan. "
"Kachina mêle toi de ce qui te regarde, c’est moi et moi seul qui gère. Retourne à ton chaudron. "
Tu vois le genre ?
Je me perdais jour après jour, Niallan. Ecrasée sous de trop lourdes chaines.

Bordel, j ’essaie tu sais. J'essaie de guérir . De l’imaginer, constipé, assis sur le siège des toilettes. Jeni disait que ça tuait tout de suite le mythe et que ça aidait. Bah nan, même pas. Si je fais ça, je le vois s’essuyer avec la missive d’un crétin audacieux qui voulait me titiller de sa plume. Qu'est ce qu'il était beau, tu sais ? Pas le crétin, hein....

Je sais pas comme je vais Niallan.
Dévastée, libèrée.
Vide et pourtant encore pleine de lui.
Entourée mais si seule au plus noir de la nuit dans une couche glacée sans ses mains sur ma peau.
Je crois que j'ai simplement mal Niallan. Mal à en mordre le drap la nuit pour ne pas que l'enfant entende mes sanglots. Et répète à personne que la Louve pleure, je serais obligée de te tuer.

Je pouvais plus Niallan.
Il n’était plus que chef de clan. Plus aucun de ses mots, de ses regards ne glissaient amoureux sur moi. Meuble parmi les meubles, dinde parmi les cruches. J'ai jamais su mendier l'amour, Niallan.

Je crois que décembre avait déjà sonné le glas, je ne voulais pas le voir.
Et puis la lettre d’une femme aigrie a enfoncé le clou en février, quand j’ai pensé d’un coup : Mais bordel , qu’est ce que je fous encore ici, moi ?
Et puis les mots de trop. La coupe pleine qui déborde, et voilà. La voix en moi qui grogne : ça suffit cette fois !

Rapplique Niallan.
Promis je mangerai tes noix, même si elles doivent être bien sèches et surement véreuses depuis le temps. Je m'en fous.
Je te filerai des coups de pied au séant pour que tu te redresses. Que tu redeviennes beau à faire frissonner les greluches au moindre sourire, au moindre regard. Juste pour entendre à nouveau ton rire.
On se battra si tu veux, je ne retiendrai pas mes coups, je te ferai mal , je cognerai si fort que tu te sentiras encore vivant. Jusqu'à ce que t' aies encore envie de rendre les coups. Enfin pas trop, déconne pas, je suis fragile ces derniers temps. Je te comprends, tu sais ? Se faire mal pour avoir moins mal au fond de soi.

Je vais t’aider.
Et tu me le rendras.
Parce que je lutte contre la vague moi aussi. Et crois moi, je bois de sacrés tasses, foutre Dieu !

Mais plus jamais Niallan, tu ne me parleras d’amour. L’amour rend faible, c’est juste une illusion qui nous fait croire que l’autre nous ressent et sera là toujours pour nous soutenir.
Au réveil, et morbleu Niallan, ça fait un mal de chien quand tu ouvres les yeux, au réveil tu n’es jamais que la Cendrillon de l’histoire. La marraine a foutu le camp avec un marin d’eau douce et il n’y a jamais de pantoufle de vair ou de carrosse à l’arrivée. Les hommes n’aiment jamais qu’eux-mêmes. Ils utilisent les femmes .

Dis moi que tu me colleras une baffe quand je me montrerai aussi amère. T’es le seul que je ne tuerai pas pour ça. Dis moi tout ce que tu veux. Refais le monde, invente de nouveaux chemins. Mais soulève moi. Soyons ces deux naufragés qui se soutiennent et font face ensembles.

Dis moi que ça ira.
Mais ne me dis plus rien sur l’amour.

T'es mal en point. Viens Niallan, ça m’occupera de te recoller. Dépêche toi seulement, je ne crois pas avoir le courage de m’éterniser longtemps à Belley.

Je t’embrasse

Kachi

PS/ T'inquiètes pas pour le reste. Le poison dans ma bague restera où il est. J’aime trop cracher à la gueule de la Faucheuse. Et puis, on ne meurt pas d’amour Niallan, on meurt de ne plus aimer.

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(Merci à Jd Axelle pour la bannière)
Niallan
[Musique !]

Je suis très frais. Enfin, uniquement si par frais on entend propre parce que pour le plaisir des taverniers, la bibine est toujours ma plus grande alliée. J'avais décidé de me laver et de me raser parce que les geôliers de Pau m'avaient pris pour un manant et, même si cette insulte m'en avait touché une sans faire bouger l'autre, passer la nuit en zonz ne m'avait pas fait rêver. De plus, je tiens à préciser que mon aller simple en prison était tout à fait mesquin. En effet, j'étais venu taper la discute aux geôliers uniquement dans le but de faire libérer la ritale Alaynna mais ces cons ne m'avaient même pas laissé en placer une avant de me jeter au trou.

Ma nuit en prison m'avait permis de revoir la brune (ce que j'aurais préféré éviter mais ça, on en reparlera plus tard) et d'écrire à une autre brune, connue de plus longue date. J'avais galéré pour obtenir de quoi écrire mais les quelques pièces encore présentes dans mes poches avaient suffi. Alors j'avais écrit. Au milieu des rats et autres immondices, juste en face de la cellule contenant la Valassi.
Et aujourd'hui que j'étais tout beau tout propre et tout aviné, j'allais l'envoyer. En priant tous les dieux en lesquels je ne crois pas pour que Kachi ne soit pas morte pendant mon absence.


Citation:
Eh Kachi !

Tu te souviens encore de moi ? Ce grand con égoïste de Niallan ?
T'avais besoin de moi, j'avais besoin de toi. Et je nous ai laissés tomber. Parce qu'il y avait un peu trop de gens qui me demandaient des trucs. Des trucs qui m'agaçaient (non, toi, tu m'as pas agacé, t'étais juste un choix de plus à faire). J'ai complètement perdu la tête. Du jour au lendemain, j'ai dit merde au monde, merde aux gens, merde à tout. Je me suis terré dans un bouge pas très classe avec des pouffiasses à portée de main et j'ai fait les trois choses que je sais le mieux faire. Tu les connais, je le sais. On va faire un jeu. Tu vas fermer les yeux à partir de la fin de cette phrase et tu vas citer ces trois choses dans ta tête, tu les rouvriras quand ce sera fait.
Bien, j'espère pour toi que tu as joué le jeu. Les réponses étaient : fumer, boire et baiser. Même si, et ça je sais que ça te décevra, je bois beaucoup plus mal qu'avant. En effet, je te parlais de bon vin mais là je suis repassé aux pires piquettes. Figure-toi que quand j'étais complètement saoul, ma défunte Ali revenait d'entre les morts.

Ma Kachi, si je te disais que j'ai couché avec une morte, me traiterais-tu de nécrophile ? Me renierais-tu ? Dans le doute, je ne vais pas te le dire. Mais tu le sais.
Dans le genre étrange, j'ai aussi fait un truc assez osé il n'y pas si longtemps. J'ai bousillé un mariage. Je les vois d'ici tes yeux qui se soulèvent de l'air de dire « mais qu'est-ce qu'il a encore branlé celui-là ? ». Épargne-toi cette peine, je m'en veux déjà bien assez comme ça. Non pas parce que briser un couple c'est mal, ça, ça je m'en tape le coquillard (pour rester poli), d'ailleurs je suis plutôt fier de moi puisque le futur marié que j'ai rendu cornu était un abruti de Corleone. Ce qui me pose problème c'est qu'ensuite j'ai eu la mariée sur les bras. Ça aurait pu être franchement bien tu me diras, un nouvel amour et tout roule ! Mais non. Parce que c'est ce moment-là qu'a choisi mon Ali pour revenir me faire un coucou.
Du coup, j'avais le choix. Poursuivre le voyage avec Alaynna jusqu'à toi ou me barrer en solo avec ma morte n'apparaissant que quand j'étais totalement ivre. Ah oui parce que si la présence d'Ali ne gênait pas Alay (ne viens pas me dire que leurs prénoms se ressemblent, c'est complètement FAUX), l'inverse était très FAUX. Ali m'avait dit que si jamais je m'attachais à Alay, elle disparaîtrait pour de bon. C'est sur ce choix cornélien que je me suis éclipsé. Sans rien dire à personne, en laissant lettre morte. Me pardonneras-tu ? J'espère, en tous cas.

Sinon, là, je suis en prison. Je suis retourné à Pau pour essayer de libérer Alaynna mais on m'a pris pour un manant, va savoir pourquoi. Je serai libéré demain mais en attendant sache que je me les gèle et que j'en ai plein le cul. Alors j'espère que tu ne chipoteras pas sur la propreté du vélin !
Après mon séjour en prison, je compte bien venir enfin te rejoindre. Une fois que j'aurais libéré la ritale, je cours, je vole (si j'ai appris comment faire d'ici-là) jusqu'à toi. Où que tu sois. Je n'ai plus les noix, désolé, je viens de les bouffer. Mais t'as raison, leur goût n'était plus fameux. En revanche, j'ai toujours l'opium et je vais me débrouiller pour te ramener autre chose, quelque chose que j'ai goûté il y a peu. Tu vas adorer, je crois.

En attendant que j'arrive, j'aimerai que tu me parles de toi.
Tu sais, il y a une époque où j'aurais plus ou moins tout fait pour que tu sois mienne. Si j'étais encore le même, je pense que je me serais réjoui de ta rupture en me disant que, peut-être, une fois la souffrance passée, tu tomberais à nouveau amoureuse. De moi. Aujourd'hui, tout ce que j'ai lu et relu me fait mal. J'ai mal pour toi, Kachi. Parce que vous vous aimiez, que vous étiez beaux (t'es toujours belle, hein), forts (idem) et qu'ensemble, vous faisiez front contre tout et tout le monde. Lui a changé, pour faire front seul. Il a oublié que tu étais La Louve et que toi aussi tu pouvais montrer les crocs. C'est triste, c'est dommage, c'est moche. Mais peut-être qu'un jour il se rendra compte de son erreur et qu'il reviendra, à toi de voir si tu l'accepteras ou pas. En attendant, je suis prêt à mettre ma verge à couper (et toi-même tu sais à quel point j'y tiens) qu'un homme est dans le cas dans lequel j'étais il y a dix ans. Un homme qui t'attend, qui t'espère et qui se dit qu'aujourd'hui ce n'est peut-être plus en vain. Tu verras, tu sauras.
Et en attendant que cet homme-là arrive, occupe-toi bien de ton petit homme. Ne fais pas l'erreur que j'ai fait, ne le délaisse pas, ne le laisse jamais en arrière.

Je t'aime et t'embrasse,
Niallan.

Ps : J'ai hâte qu'on se casse mutuellement la tronche !

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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Kachina
"J’aimerais tellement pouvoir vous dire
Que rien ne va jamais finir
Que l’horloge peut se retenir
J’aimerais tellement pouvoir écrire
Que rien n’arrêtera les rires
Notre vie est une source qui ne saurait se tarir
Mais rien ne sert de mentir
J’aimerais au moins vous prévenir
Que c’est en les vivant qu’on construit les souvenirs
Qu’à trop vouloir courir
C’est nos vies que l’on finit par fuir"



Le mistral est de la partie en ce 26 du mois de mai à Marseille. Il fait claquer les draps qui sèchent sur un fil, et même les vagues se croient obligées de suivre sa partition.
La mer est agitée, si belle. Dangereuse et sauvage.
Les bateaux se balancent au rythme du ressac.
Et la Louve a abandonné l'idée de discipliner sa crinière sombre, indifférente aux mèches brunes qui viennent battre ses joues.
Assise sur un des rochers qui délimite le port, elle contemple le paysage, regard vert plongé dans l'immensité bleue.
Qui de la mer ou du ciel a l'avantage ? Personne ne sait. Ces deux-là s'unissent à l'infini...

Dans les mains de la Brune, une missive.
Lue et relue alors qu'une petite voix en elle répétait : il est vivant.


- Dis-moi ma Belle, ça ne te tente pas quelques rascasses ou de belles dorades fraiches ?

La vieille Albine vient exhiber sous le nez de Kachi son panier aux odeurs marines. Le poisson fraichement pêché agonise dans la nasse, avec des soubresauts désespérés. D'un signe de tête, elle décline. C'est dans la garrigue, à l'ombre d'un olivier qu'elle ira à l'heure du déjeuner se régaler de cette terrine de poulet qu'elle a cuisiné la veille. Quelques tranches de pain au cérame et la présence de l'enfant qui s'émerveillera de chaque insecte découvert feront de tout ça un festin.

Mais pour l'instant, elle veut simplement répondre à Niallan. Qu'il ne reste pas sur l'image de cette greluche grise et triste qu'elle lui avait donné dans sa dernière missive.
Le parchemin est posé à même la pierre, alors qu'elle tourne le dos au vent, que celui-ci ne vienne pas jouer avec la missive et l'emporter inachevée au loin. Et la plume crisse, forme les mots....


Citation:
Salut à toi oh grand, égoïste et parfois con Niallan, ami comblé d'une Louve ensoleillée....

Tu disparais pendant des jours et à la lecture de cette missive qui me dit que tu es toujours en vie, j'ai le choix entre :
T''imaginer, couvert de vermine et puant, croupissant dans un cul de basse fosse
Ou en train de t'échiner à prendre ton pied avec un cadavre.

Je vais changer de meilleur ami Niallan. Je te jure. C'est plus possible.
J'en veux un rasé de près, parfumé à la violette, engoncé dans une redingote de velours sombre, la démarche un peu coincée de ceux qui paradent dans leur bulle.

Je ris........Je m'en fous.......
Tant que tu es vivant.

J'ai même fermé les yeux mais j'avais pas la réponse exacte en entier. J'avais "baiser"..........Dis-moi pourquoi je l'ai mis en premier celui-là, parce que ça parait si évident.
Quand j'ai parlé de toi à Néo, ça donnait à peu près ça
- Tu sais j'ai un ami au loin. J'ai plus de nouvelles.
- Ah ! L'est comment ?
- Hum...C'est un foutu queutard, mais je l'aime.

Baiser...Boire et faire des conneries. Quoiqu'en y réfléchissant bien, fumer en est surement une.
Tout ça pour te dire que l'opium n'est plus un besoin premier pour moi. Je m'enivre de bien d'autres choses.

Je vis en Provence. Je me perds dans tout ce bleu, ces rires, ces orgies de cervoises, ces parties de dés aux paris insensés. Et mes nuits ne sont qu’incendie dans les bras du Diable.

Ne parlons plus de Belley. J’ai divorcé, la page est tournée. Et c’est bien.

L’enfant va bien. Je passe du temps avec lui. Je le protège. Il est beau. Insolent et rieur comme on l'est à son âge. Je l’aime. A l’infini. Il le sait, je lui dis.

Tu aimerais ceux qui vivent ici avec moi à présent.

Il y a un homme Niallan. J'ai envie de t'en parler. Il ne m’a fait aucune promesse. Ne me demande rien. Juste de ne pas tomber amoureuse de lui. Je lui ai tellement raconté comme je pouvais être conne parfois quand je l’étais. Je lui ai fichu la frousse je crois. Alors j’aime le détester.

Il n’exige rien de moi, mais il est différent. Il peint, il croque comme il dit.
Et le soir, il dessine un K sur mon épaule. Pour que je ne sois plus que moi. Kachina.
Tu comprends Niallan, il voit Kachi.
Ils veulent tous la Louve. Comme un défi, un trophée. J’ai jamais trop compris pourquoi, mais c’est comme ça. Mais combien voient Kachi ?

Lui la voit, même s’il aime que parfois la Louve sorte les griffes au plus noir de la nuit. Lui, me met à nue comme personne.
Et je ne te parle pas de nos nuits, ni de ce lit à baldaquin qu’il a fait installer depuis que j’ai déliré là-dessus sous l’emprise du datura. Il a dépensé une fortune en carquois parce que j'avais promis un repas avec une dinde aux marrons au vainqueur du tournoi d'archerie. Et je le plume aux dés, je lui gagne toutes ses frusques. Aucune dispute, pourquoi faire, alors que nos échanges ressemblent souvent à un duel.

J’aime !
Il donne tant….Je prends. Je prends tout ce qu’il y a à prendre, même si parfois c’est un sacré emmerdeur. Il ressemble à ces aigles qui nous émerveillent à voler si haut dans le ciel et qu'on ne peut mettre en cage.

On joue….. A se détester, à se désirer, à s’embraser le cœur et la peau. Pour un jour, dix jours. Nul besoin de ces grands mots, ces" toujours", ces "à jamais", qu'on galvaude, et qu'on renie un jour de rupture. Et j’aime ça. Même si je crois qu'il joue mieux que moi. C’est à la fois terrifiant et foutrement jouissif. Je sais que tu comprends.

Alors, ton opium me paraitra fade à côté de ça. Et je sais pas si j’ai encore envie de te cogner dessus. Ta faute, t’as trop tardé.

Je n’ai plus de colère en moi. Mais ma peau a un goût de sel et le sable s’invite dans mes cheveux. Je savoure ces parfums de garrigue et de vent du large.
Apaisée, heureuse. Je suis sage. Certains diraient désespérément sage.
Et là, j’imagine ton sourire. Sage ne fait pas partie du vocabulaire de la Louve.
Je sais. Je sais. Et tu sais.
Sage à ne plus rêver de pillages ou de rapines au bord des fossés. Tu comprends ? Je vis.

Je ne te demande pas de rappliquer. A coup sur tu te perdras encore sous les jupons d’une Belle de passage. Au mieux je pousserai un jour la porte d'une taverne pour t'y trouver , affalé à une table , déjà éméché. La surprise sera belle.

Quand à celle qui te manque tant Niallan, j’ai pas de verge à mettre à couper, mais je sais qu’il en viendra un jour une pour te faire oublier tout ça.
Je sais,c'est con. Un lieu commun, mais j’ai rien trouvé de mieux. Désolée.
Dis rien. Souris Niallan, souris. Souris puisque c'est grave comme dirait le poète...

Je t’embrasse Niallan. Écris-moi avant la saint Jean cette fois.

Kachi

PS / Ils peuvent nous mettre au cachot. On n’enchaine pas l’homme libre. Laissons leurs peurs les empêcher de vivre. Qu’ils crèvent dans leurs certitudes. On est vivants Niallan. Vivants.

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(Merci à Jd Axelle pour la bannière)
Niallan
« Si tu cherches un peu de gaieté 
Viens donc faire un tour à Lambé 
Si aux exams tu t'es planté 
Viens donc faire un tour à Lambé 
Si t'as quelque chose à  fêter 
Viens donc faire un tour à Lambé 
Y a du chouchen à  volonté 
Viens donc faire un tour à Lambé »


J'ai pas trouvé de ville portant ce nom-là mais il suffit de remplacer les paroles par Narbonne. Ouais, Narbonne. Même si j'ai pas encore rencontré là-bas une femme vachement bonne mangeant une calzone que j'aurais pu prendre nue dans la simca 1000. Mais je crois que je délire, là.
Bref, Narbonne. Ça a l'air pas mal Narbonne.
C'est dans le sud, ma région de prédilection, au bord de l'eau pour ne rien enlever au tableau. C'est animé, apparemment les gens sont pas tous à ranger dans la section « gros cons de bouseux » alors ça me va. Et puis il y a Kachi.

Je cherche un peu de gaieté et même si je n'ai pas foiré mes exams et qu'il n'y a peut-être pas de chouchen, c'est là-bas que je vais aller fêter ma nouvelle résolution. Être heureux, comme quoi, j'ai tout compris à la vie. Et ça, je vais le fêter avec mon amie d'enfance.
Assis sur l'une des rares chaises qui n'est pas pleine de poussière, dans une taverne nulle à caguer d'Aurillac, je sors mon nécessaire à écrire et entame une nouvelle lettre pour l'Amie.


Citation:
Kachi,

Mon premier ressemble au cri que poussent certaines pouffiasses quand elles voient une souris, mon second est borné et bouffe de l'herbe. Mon tout est un connard de queutard de blond. Et j'espère pour toi que tu n'as qu'un seul type comme ça dans tes amis, sinon je te plains. Sincèrement.
Bref, au cas où c'est moi, Niallan. Et non, je suis pas mort, pas encore. Je vais vivre vieux. Tu vas voir, j'attends qu'ils aient découvert une nouvelle terre de l'autre côté de l'Océan Atlantique, ensuite j'y vais et je deviens le roi du monde. Après, peut-être que je mourrai mais t'en fais pas, on a le temps. Je pressens que la découverte de cette nouvelle terre ne se fera pas avant une trentaine d'années, j'aurai le temps de devenir gaga d'ici là. Et surtout j'aurai le temps de te rejoindre.

Oh je sais ce que tu vas dire ! Ce sont encore des paroles en l'air dont j'oublierai quelques parties une fois que j'aurai dessoûlé. Mais laisse-moi te dire, chère amie, que c'est tout sauf des conneries cette fois. Mon petit doigt -ou je sais plus quel guignol- m'a dit que la Louve était à Narbonne ou du moins dans les environs. Devine où je suis moi ? Aurillac. Ouais, te fous pas de moi, c'est encore pire que ce que tu crois.
Mais j'arrive. Dans une semaine je serai là. Entre-temps, je fais un petit arrêt à Millau histoire de récupérer l'argent de mon champ. Et cet argent, crois-moi, ma belle, on aura vite fait de le claquer dans une taverne pour fêter nos retrouvailles.

Si tu savais le nombre de choses qui me sont encore tombées sur le coin du museau, tu n'en croirais pas tes oreilles. Alors j'espère que tu en croiras tes yeux quand je vais coucher ces fameuses choses sur ce vélin.
Premièrement, Ali n'était pas morte. Tout un bordel cette histoire. Bref, on s'est retrouvés et quand j'ai fini par accepter de croire que c'était pas son fantôme, on a été heureux. Je suis allé lui chercher un dragon, on s'est fiancés. C'était la belle vie.
Et puis j'ai réalisé que ça, tout ça, c'était pas ma vie. En même pas trois ans, j'ai été mari, ex-mari, ennemi, fiancé, amant, amoureux, veuf, père, quasi-mort, suicidaire et j'en passe. Tu peux me dire où il est passé le vrai Niallan ? Y'a que dans les termes « amant » et « ennemi » que je le retrouve à peu près. Et j'en ai marre.

Je veux redevenir le gamin qui réussissait à aller attraper des grenouilles avec la plus jolie du village. Je veux redevenir le Niallan rieur et insouciant que tu as connu. Je veux recommencer à rire sans culpabiliser parce que je devrai pleurer, je veux recommencer à sourire sans que tous mes sourires paraissent forcés. Je veux recommencer à coller des gnons parce que je suis trop bourré ou parce qu'un pecnot m'a cassé les roubignoles, pas pour avoir le plaisir de m'en prendre une. Je veux soulever des dizaines de jupons sans que ce soit pour oublier une femme aimée, juste parce que la nana en face de moi me plaît.
Merde, je veux vivre ! Parce que t'as raison, on est vivants.
Peut-être que tu me diras que je vais le regretter, qu'un jour l'amour me manquera, que ce soit celui d'une femme ou de mes gosses. Et tu auras sûrement raison. Mais je suis persuadé de pouvoir vivre avec, ou sans, justement !

Je serai à tes côtés d'ici une semaine. Et crois-moi, rien de ce que tu pourras dire ne pourra me faire changer d'avis ! J'arrive. Mais, en attendant, raconte-moi tout. Parle-moi de ta vie d'aujourd'hui, de ton fils et de cet amant qui te voit vraiment. Parle-moi de toi surtout, de ce que tu ressens, de ce que tu vis. Je lirai avec avidité tes missives au coin du feu avant de repartir pour une journée de marche.

Tu vas voir, on sera bien.

Je t'embrasse,

Niallan.

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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Kachina
Je t'écris De la main gauche
Celle qui n'a jamais parlé
Elle hésite, elle est si gauche
Que je l'ai toujours cachée
Je la mettais dans ma poche
Et là elle broyait du noir.
Elle jouait avec les croches
Et s'inventait des histoires.


C'est dans une auberge de Narbonne qu'on lui porte le message. Auberge pleine...La ville vit.
Ensoleillée par la troupe de gitans de Sandino qui égaient la ville de leurs chants...et la cour d'un Roy des gueux que la Brune et ses amis ont, un soir, couronné d'une guirlande de ce foutu sapin qui a décidé de fêter Pâques. Et puis ceux qui cheminent avec elle, solitaires ou marchant à deux. Ames perdues, ou pétillantes et folles.

Elle s’isole un temps à une table, proche de l’âtre pour lire à la lueur d’une chandelle, les mots amis.

Qu’est-ce que c’est bon, de savoir ce bougre là en vie.
Et même si elle a cessé de croire qu’il la rejoindra un jour, les mots qu’elle parcourt amènent un sourire sur son visage fatigué. Elle mange bien trop peu, dort encore moins, s’épuisant à ranimer en elle la flamme et quelques regards amis ont déjà lu ces cernes sous ses yeux.
Il suffirait de peu. Bordel que le printemps arrive.
Et que s’éloigne ces ombres, que se rallume son ciel. Enfin…

Les yeux verts se lèvent sur la serveuse qui vient de poser devant elle une chope mousseuse et fraiche.Autour d'elle fusent les rires et le bruit des dés qui roulent sur le bois des tables, les jurons des soudards un peu éméchés. Et le grincement de la porte sur ses gonds à chaque fois qu'un entre ou sort, amenant avec lui une bouffée d'air marin et froid.

- Le blond là-bas…Il vous offre une bière, demande s’il peut vous rejoindre à la table
- Dites-lui merci pour la bière. Dites-lui aussi d’aller se faire voir ! J'ai besoin d'être un peu seule !

Elle est comme ça ces derniers temps, à ronchonner d’un rien, griffes et crocs sortis à la moindre occasion, comme ce soir où elle a d’un coup de lame arraché à Anzi une de ces précieuses tresses à sa barbe.
Elle secoue ceux qui tenteraient de s’enfoncer dans des déprimes morbides, sans leur accorder aucune concession.
Etrange paradoxe, alors qu' elle se laisse elle-même couler avec une tendre indulgence, marmonnant qu’elle a bien le droit à ses jours de gris, elle aussi.

Quelques gorgées plus tard et la plume finement taillée en biseau vient griffer un parchemin neuf. Et elle s’évade vers celui qui lui faisait la courte échelle pour aller dans la grange voir la nouvelle portée de chatons. Celui qui n’était jamais avare de bêtises mais qui aurait volé dans les plumes de qui lui aurait cherché des noises. Le chevalier de son enfance. C’est tellement bon, d’écrire à nouveau son nom….Niallan….


Citation:
Niallan,

Je suis de ces poufiasses qui hurlent quand elles voient une souris, t’as oublié ? Depuis une certaine nuit de planque avec mon père, quand les soldats nous cherchaient et que seule dans le noir, j’écoutais les rats couiner non loin de mes pieds.
L’âne borné qui bouffe de l’herbe, j’avais de suite compris qui c’était. Pas besoin d’une charade à rallonges.
J’te croyais mort Niallan…mort et enterré…Bref, j’crois que je me suis habituée à ce que tu disparaisses et réapparaisses de temps en temps.

Par quoi commencer ?
Ton petit doigt déjà….Il vaut rien, coupe le, va. Quand tu arriveras j’aurai quitté Narbonne pour aller déménager un ami ….devine où ? En Auvergne….Et là je crois déjà t’entendre rigoler doucement comme le jour où j’avais chassé à coups de gourdin cette râclure de Gédéon parce qu’il martyrisait un chaton.
Alors un conseil, si tu souhaites me revoir, bouge pas trop tes fesses. Et tant pis si les auberges du coin ressemblent à des cimetières. T'auras qu'à bourrer ta pipe un peu plus, et te perdre dans tes volutes bleues.

Mais c’est bon de savoir que tu respires encore quelque part dans ces fichus royaumes.
Niallan....Qu'est ce que c'est bon !

Niallan, il me faudrait trois parchemins pour tout te raconter de ce qui m’est arrivé depuis nos derniers échanges.
Je crois que j’étais si bien à l’époque.
Et puis cet amant qui me rendait heureuse, il a disparu, me laissant un K en trésor à mon cou.
Pour que j’oublie jamais d’être moi, Kachi… avant d’être je ne sais quoi, tu comprends ? Oui, toi, tu comprends.
Sauf qu’en échange il a dû emporter un peu de moi.
Un autre me réchauffe, passionné et beau… qui s’éloigne déjà.

J’suis pas douée pour le bonheur Niallan.Aussi ratée que toi en fait.
T’en as marre ? Bah, j’crois que je vaux pas mieux. Fatiguée…
Je peine à remonter à la surface cette fois ci Niallan. On a trop vécu tu crois ? Tellement brulé qu’on n’y arrive plus ? J’ai parfois l’impression d’avoir vécu cent vies.

Pourtant, ils m’entourent tous ceux qui m’accompagnent.
Si pour une fois tu tiens parole et que tu pousses un jour la porte d’un bouge pour me payer enfin cette cervoise due depuis 1000 ans….Tu les aimerais pour la plupart…Ils sont tous un peu cabossés par la vie et je m’épuise à leur faire redresser la tête et le buste.
Tu les aimerais je crois….Ou pas….on verra bien…T’es capable de tourner bride dès la première blondine aux jambes et à la taille fine et ne jamais me trouver. Ou de provoquer une bagarre le premier soir de nos retrouvailles, juste pour montrer que t’as pas perdu la main.
Ils me câlinent, me bousculent un peu, s’inquiètent, me disent : "Hey Kachi on est là !"
J’suis juste fatiguée, vide à ne plus savoir ce dont j’ai envie. J’avance au gré de leurs envies, de leurs besoins. Et parfois je me souviens du plaisir que j’ai eu quand j’ai pris Fougères avec ma sœur.

Et là, tu dois penser, foutre dieu, elle est foutue…Va pas déjà allumer un cierge, hein...

J’en sais rien Niallan….Je me laisse glisser doucement, coquille vide ballotée au gré des courants. Je crois qu’il suffirait d’un rien. Un coup de pied aux fesses, une escapade dans une église pour y voler des cierges….ou je ne sais quoi…
J’ai peut-être trop reçu. Qui sait ?
Réponds-moi que j’ai le droit de refuser de payer le prix. Engueule moi et rappelle-moi depuis quand la Louve suit les règles et les lois. Secoue-moi bordel. Dis-moi que tout est possible. Que j’ai juste un coup de mou, que le printemps revient. Raconte-moi des conneries Niallan, de celles qui font du bien. Rends-moi l’envie. Et puis rappliques.

Que je m’agace de tes manières de charmeur, que je soupire à chaque fois qu’une mignonne se pâmera devant ta gueule d’ange déchu. Que j'aie envie de te voir reprendre la route dès le premier soir quand je te verrai faire du charme à la première mignonne venue.
Et puis aussi ...que je puisse tremper ta chemise de larmes, comme le ferait une pucelle fragile qui rêve de ne plus l’être. Et pour que tu me le donnes ce coup de pied aux fesses, que tu me rallumes, que tu me réveilles.

Imagine, comme quand on était petits que je suis la princesse prête à se faire cramer par le dragon. Et toi, bah, tu tires sans broncher ton Exalibur du rocher et pourfends ce monstre pour moi.
Tu peux faire ça, dis ? En vrai, cette fois ? Dis-moi que oui Niallan.
Dis-moi qu’on va se refaire le monde.
Dis le moi, bordel….Me laisse pas devenir fade et tristoune. Grise et molle…..
C’est moche. Je refuse…

Et sinon....Tue-moi !
Rapplique s’il te plait.

J’t’aime. Je t’embrasse.

Kachi


T’inquiète Lazare
On va se refaire le monde
Avec nos mâchoires d’affamés
D’affamés de vie
Sans remparts et sans papiers
Comme un chemin que rien n’arrête

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(Merci à Jd Axelle pour la bannière)
Niallan
[Il parait qu'autour de nous c'est gris 
Que tout était mieux avant 
Que le monde est petit
Qu'il est loin le temps où l'on rêvait
Avec des idées pareilles 
Moi je crois qu'on devrait

Rester debout encore un peu et demain 
Debout comme rêve de vivre
Sans l'ennui et sans le chagrin
Rester debout comme on se sent bien
Debout comme on se sent libre
Debout on se retrouve enfin *]


Cette lettre ne me convenait pas, non, vraiment pas. C'était pas ma Kachi qui avait écrit ça, impossible. Kachi se relevait toujours, ma Kachi à moi ne doutait jamais de la vie, elle l'aimait trop la vie. Bien sûr, la vie avait été chienne avec elle mais elle ne lui en avait jamais tenu rigueur au point d'envisager l'abandonner.
Et pourtant c'était bien Kachi qui avait écrit ça, l'histoire ne trompait pas, pas plus que la façon d'écrire.
Alors j'avais fait mes bagages et j'étais parti dare-dare direction Aurillac.

Et là, dans une taverne -est-il nécessaire de préciser qu'elle est toujours aussi vide?-, je marmonne et peste contre ce temps qui s'allonge. Si seulement je pouvais être à ses côtés maintenant, pouvoir lui foutre un bon coup de pied au derjo tout de suite. Mais je peux pas. Alors j'écris.


Citation:
Kachi,

On va commencer par reposer les bases.

Primo, tu n'as pas trop vécu. Loin de là. On ne vit jamais trop. T'as encore tellement d'amour à donner et à recevoir, de batailles à mener et à gagner, de règles à ne pas respecter, de soirées trop alcoolisées à abuser, de rires à faire entendre et de sourire à donner. Tu peux pas, ne serait-ce qu'envisager d'arrêter tout ça maintenant, ce serait trop con. Et t'es pas conne. De plus, je trouve que pour une donzelle censée avoir vécu cent vies, t'es quand même vachement bien conservée alors ce serait une insulte à la beauté que de crever maintenant.

Deuxio, je n'allumerai jamais de cierge pour toi. Déjà parce que les églises ça me file des frissons et ça fouette la biquette mais en plus je compte bien passer l'arme à gauche avant toi. A ce sujet, je compte sur toi pour m'organiser des funérailles dignes de ce nom. Je veux une danse olé-olé sur ma tombe et de l'alcool à foison.

Troisio, qu'est-ce que c'est que cette histoire de coquille vide ? Et c'est quoi cette histoire de fade, tristoune, grise et molle ? Finalement j'aurais dû les conserver les noix pour te montrer ce qu'est une coquille vide. Les autres mots, je veux même pas en entendre parler. Toi t'es Kachi, va pas nous faire d'oxymore. Dire la molle Kachi, c'est comme dire le silence bruyant. Dire la fade Kachi (bordel, là t'es vraiment allée loin dans la connerie) c'est comme dire le sage Niallan. Tu vois, ça va pas. Ça donne peut-être un genre dans les bouquins mais sinon c'est de la merde. Et pour les autres mots, je te laisse me faire tes oxymores dans ta prochaine lettre, ça t'occupera un peu.

Tu vas y avoir droit au coup de pied au cul, je te le dis ! Tu pourras chialer tout ce que tu veux mais ensuite compte sur moi pour te secouer les plumes.
Je peux pas te dire que le printemps revient, il va revenir mais, malgré ma toute puissance reconnue, je n'ai pas encore le pouvoir d'influer sur les saisons. En revanche, je vais être ton printemps. Moi je reviens. Mon petit doigt est peut-être bon à couper mais mes jambes fonctionnement parfaitement. Aussi, je suis retourné à Aurillac et je t'y attends de pied ferme. Et dès qu'on se retrouve, je te lâche plus. Attends, je suis prêt à poireauter dans la ville des pecnots invisibles alors tu penses bien qu'aider ton ami à déménager ne risque pas de me déranger.

Alors je te garantis pas de tuer un dragon -mon truc c'est plus de les ramener- mais je vais pas te laisser tomber. Je te le promets, Kachi.
Je vais t'aider, bientôt je serai là et je remettrai sur pieds.
T'imagines, j'avais même oublié l'histoire des souris ! Il faut qu'on se retrouve, on a pas le choix, il faut qu'on se crée de nouveaux souvenirs. Et puis, foutredieu, j'en ai marre d'écrire, j'ai envie de te causer moi ! J'ai envie de t'entendre rire et rabrouer un gus trop entreprenant, j'ai envie qu'on trinque à la nôtre. J'ai envie d'être avec toi, Kachi, alors magne toi les arpions.

Je t'aime,
Magne toi.

Niallan.

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