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[RP] Viens que je t'apprenne les hommes.

Niallan
[Elle dit, hey bébé, marche un peu sur la mauvaise pente *]

Une pute. C'est ce que je suis devenu. Tout jeune c'est moi qui y allais. J'avais rencontré Maryah à la Rose Pourpre, elle m'avait appris comment procurer du plaisir à une femme, comment séduire, comment manipuler. Elle avait fait de moi un Champion, son Champion. J'étais devenu un homme, un vrai connard qui savait utiliser la chair pour arriver à ses fins mais ce n'était mon taff en aucune façon, je me contentais de prendre mon pied. C'est quand Maryah m'a annoncé au mois de février qu'on avait un gosse depuis cinq ans que j'ai commencé à perdre pied. A l'époque j'étais encore marié alors je me contentais de « dérapages », elle comme moi savions que ce n'était pas le début d'une histoire. Et puis j'ai divorcé et je l'ai rejoint pour la soutenir dans une histoire de trahison contre l'empire. Ça a mis du temps à se faire mais ça s'est fait, je lui avais promis une famille et d'être toujours là pour elle. Je n'ai pas tenu ma promesse, il avait suffi d'une lettre d'Ali pour que je rapplique à son chevet. Oui elle était mourante et oui encore j'avais continué d'écrire à Maryah mais cette dernière ne me l'avait jamais véritablement pardonné. Elle souffrait de mes trahisons et de mes abandons, du mal que j'avais fait à Percy en partant. Alors un beau jour elle avait décidé de me le faire payer, je me souvenais de ses mots exacts « Tu vas payer ton égoïsme et ta liberté. Tu t'rappelles ? "Leçon 10 : la liberté a toujours un prix ; la réalisation de ses désirs aussi ...". J'te démets d'tes fonctions d'père et j'trouverai un truc crédible et charmant pour Percy, mais va falloir payer ... encore et encore ... mon champion ...
Si j'dois jouer la nounou de service,
Si j'dois veiller sur notre petit,
Si j'dois oublier ma vie de débauche,
Si j'dois oublier l'espionne et la guerrière que j'étais ...
Moui, va falloir que tu paies, encore et encore ...

Après tout, ce n'est que le pâle reflet de nous,
Toi tu t'amuses et tu paies,
Moi je guide et je compte les sous. »

Et depuis cette lettre je payais, encore et encore. J'aurais pu faire comme tout le monde et trimer comme un dingue à la mine, m'user le dos pour finir par crever à quarante balais en crachant du sang sur un vieux matelas pourri. Mais c'était trop fatiguant pour moi. J'aurais pu tomber dans les magouilles, piller des mairies et arnaquer de gentils villageois. Mais ça impliquait trop de risques et trop de de discrétion. Alors j'ai fait ce pour quoi j'étais le plus doué. J'ai fait l'amour à des centaines de femmes dont je me foutais éperdument, que je ne désirais même pas. Je les rencontrais dans des dîners chiants au possible, je les séduisais et ça finissait par une étreinte dans le lit conjugal. Toujours chez elles, jamais chez moi. C'était mécanique, absolument pas jouissif pour moi. Pour moi, elles étaient toutes pareilles, fades et insipides. Elles étaient mon gagne-pain, j'étais celui qui les faisais vibrer avant que l'époux ne revienne. Elles payaient bien mais ça ne suffisait pas, aussi il n'était pas rare que je me serve dans leur collection de bijoux constituée par leur mari désormais cocu. Aujourd'hui, c'était une grosse bourgeoise trop fardée qui n'avait pas été ramonée depuis quelques temps et qui avait semble-t-il apprécié ma prestation. Appuyée sur un coude, elle me souriait et moi je me forçais à sourire tendrement à cette pouffiasse dont la façon de parler m'horripilait.

Mon mignon... Ah, si tu savais, tu pourrais donner des cours à mon vieux Jean, il est gentil mais il se fait vieux et plus très inventif. Et d'ailleurs, chou...tu ne crois pas qu'on pourrait profiter d'un moment en dehors de tes heures de travail pour une petite escapade romantique ? Mon mari a une maison de campagne à …

Je m'étais levé et avais commencé à remettre ma chemise sans lui laisser le temps de finir. J'avais horreur de ces nanas qui se croyaient plus intéressantes que les autres. Je les sautais pour envoyer des thunes à Maryah, pas pour leur faire des mioches et les épouser. Il n'y avait qu'une seule femme qui comptait, même six pieds sous terre. Mon agacement devait être assez perceptible puisque la bourgeoise avait elle aussi commencé à remettre ses frusques.

Tu reviendras vendredi ? Mon mari ne sera pas là...
Faut voir.
Oh...je vois. Tiens.

Une fois ma bourse alourdie d'une récompense à ma prestation, je me me suis dirigé vers la porte sans un regard pour celle à l'intérieur de qui j'étais il y a de ça moins de dix minutes. Je crois qu'elle m'a parlé mais je l'ai tout bonnement ignoré, dévalant l'escalier à grand renfort de bruit. Journée finie.

Mon chou !

Mais j'avais déjà claqué la porte, dommaaaage. A l'extérieur de la bâtisse parisienne, j'avais sorti ma pipe bourrée d'un mélange d'opium et de tabac et l'avait allumée avant de la porter à mes lèvres. C'était ça qui m'aidait à tenir, ça et l'alcool. Je n'avais pas réussi à me relever de la mort d'Ali et je n'y parviendrai sans doute jamais car plus le temps passait et plus je sombrais. Elle me manquait, chaque jour qui passait voyait le début de vingt-quatre nouvelles heures sans elle.

Raphaël...

Je ne l'avais même pas entendue arriver, perdu dans mes pensées que j'étais. Ah et, au cas où vous vous poseriez la question, je n'ai pas décidé d'adopter un nouveau prénom mais j'ai trouvé que celui-ci sonnait bien comme nom de scène.
Je me suis donc retourné et ai avisé d'un œil mauvais cette femme à moitié débraillée qui me regardait le rouge aux joues dans l'attente. Dans l'attente de quoi d'ailleurs ?

Qu'est-ce que vous me voulez ?
J'ai...tiens, cinquante écus. Mais viens vendredi, promets-le moi.

J'ai soupiré, pris trois grosses bouffées et ai acquiescé.

D'accord, je viendrai.
Merci mon chou !

J'ai eu du mal à me contenir mais j'ai finalement réussi à sourire et à prendre les écus. Il y a juste une petite chose qui m'a fait froncer les sourcils: la trogne de la bourgeoise. Alors je me suis retourné et, là, sous la pluie battante, j'ai vu une jeune femme qui nous observait.

Je ne pensais pas que les habitants se levaient si tôt...

La friquée avait peur d'être découverte et moi je souriais.


*Traduction paroles Lou Reed - Walk on the wild side

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Alaynna
[Ecoute ma voix, écoute ma prière]

La Nova.

Elle était là pour elle. Cette compagnie marchande. Leur projet. Leur bébé. Elle avait fini par réussir à convaincre son Autre de la laisser monter sur Paris afin de rencontrer quelques commerçants et négocier avec eux. Elle n'avait pas son pareil la Ritale pour les négociations. Elle est jeune mais elle a ça dans la peau. Gyllaume la rejoindrait rapidement, sous quelques jours.

Tout comme elle a son jumeau dans la couenne et vice-versa. Ils avaient été séparés l'année de leur dix ans. Lorsque leur mère, italienne, venait de décéder. Leur père, le tyran comme l'appellait Alaynna, les avait séparés sans état d'âme, jugeant que la fratrie jumellaire était trop proche. Et son frère avait été envoyé au loin d'elle chez des cousines. Elle était restée avec leur père. Et les années passant, elle le haïssait davantage encore pour ce qu'il avait fait.

Les jumeaux s'étaient revus quelques années auparavant mais ils s'étaient fait une promesse : celle de faire leur vie chacun de leurs côtés. Julian, qui se faisait aujourd'hui appeller Gyllaume avait réussi une partie du pari. Puisqu'il s'était marié et avait eu des enfants. Certes aujourd'hui, il était divorcé et ne voyait plus sa progéniture mais lui au moins avait essayé. Parce que elle. C'était une autre histoire. La Madone et son frère entretenaient une relation tellement fusionnelle que nombreux étaient ceux qui les prenait pour un couple. C'était peu dire. Et ils s'en amusaient. Car bien sûr, s'ils étaient très proches, s'ils passaient même leurs nuits lovés l'un contre l'autre, il n'y avait pas d'inceste qualifié entre eux. Ils flirtaient avec certes. Mais la brune n'en avait nullement conscience.
La seule chose qu'elle savait c'est qu'elle n'avait pas tenu sa part de marché. La promesse faite était partie aux oubliettes. Elle ne se laissait approcher par aucun homme et si par malheur il y en avait un qui osait transgresser sa règle, il se prenait soit une torgnolle dans la face, soit il recevait une fin de non recevoir sans équivoque.

Et quand la Madone avait une idée en tête elle ne l'avait pas ailleurs. Vierge. Jusqu'au mariage elle resterait. Et ça. C'était une condition non négociable. Leur père qui était germanique lui avait seriné les oreilles les rares fois où il lui parlait de leur mère, comme quoi il avait été le premier et dernier homme de sa vie. Forcément, elle était morte ! Le pire, c'est que cette décision elle l'avait prise par pur esprit de contradiction envers son père. Lui voulait qu'elle sorte, qu'elle voit du monde. Parce qu'il n'avait qu'une hantise : que les jumeaux se retrouvent. Et il voulait qu'elle efface tous les souvenirs qu'elle pouvait avoir de son Sien. Peine perdue. Mais c'est ainsi que l'idée s'était forgée dans son esprit : Non seulement elle ne copulerait pas avant le mariage mais elle s'était rajouté une nouvelle condition : elle épouserait un italien ! Quelqu'un qui porterait un peu les mêmes gènes qu'elle. Un rital sinon rien !

Et puis elle avait retrouvé son corps perdu dans le Béarn. Et un soir ils avaient eu une discussion. Sérieuse. Il cherchait à comprendre pourquoi elle ne voulait pas d'un homme dans sa vie. Et Gyl avait finalement déduit que pas un seul homme ne pouvait arriver à sa cheville et que c'est donc la raison pour laquelle sa jumelle restait solitaire. Bien sûr, elle n'avait rien dit. Mais elle se voyait mal avouer à son Autre qu'elle ne connaissait strictement rien aux hommes, alors que tous les matins elle se réveillait à ses côtés, que depuis l'enfance, leur corps avait changé et qu'envers lui, elle n'éprouvait absolument aucune gène. Dormir dans les bras de son frère toutes les nuits, se réveiller auprès de lui au petit matin, sentir la main fraternelle qui se perdait dans ses cheveux ou dans sa nuque quand elle même venait trouver le réconfort d'un torse puissant. Non. Elle n'y voyait aucun mal. Cela lui était aussi vital que le fait de respirer. Elle avait été tellement sevrée de lui enfant, qu'aujourd'hui, l'un et l'autre se rattrappaient. Il n'empêche que la situation semblait convenir à Gyl. Le fait que sa soeur ne cherche pas un homme pour partager sa vie au final, ça leur convenait à l'un et à l'autre.

Et pourtant. Depuis quelques temps, elle avait pris la décision d'essayer. Tout du moins, essayer d'apprendre tout ce qu'elle pouvait ignorer en matière d'homme. C'était encore un peu confus dans sa caboche, ne sachant pas comment elle allait bien pouvoir faire pour en découvrir le plus possible sans avoir à se dévoiler elle. Parce que son italien de mari elle l'aurait un jour et il serait beau et fidèle et torride. Et en cadeau de mariage elle lui offrirait sa virginité. Le scénario était prêt. Ne restait plus qu'à passer par la case d'apprentissage. Et un de ces jours, le fameux rital se pointerait devant elle. Comme ça !! Le destin frapperait. Et dans l'idéal ce serait un marin. Bah tant qu'à faire...

Elle rêvasse la Madone tout en se rendant à son rendez-vous. Quoiqu'elle s'est levée aux aurores, il flotte tant et plus alors que le jour se lève à peine et elle est plutôt en avance. Bigrement même.
Mais un bruit la tire soudainement de ses réflexions. Une porte qui claque derrière une haute silhouette aux traits réguliers.
Rien de bien significatif si ce n'est qu'une grosse bonne femme à moitié dessapée fait alors son apparition, et lui remet quelques monnaies sonnantes et trébuchantes. Ah si ! Elle n'a rien perdu du spectacle. Qui semble offert à tous qui plus est. Alors autant en profiter d'autant plus qu'une idée folle et saugrenue vient de lui traverser l'esprit.

Elle n'est pas née de la dernière pluie et vient de comprendre à quel genre de spectacle elle a affaire. Ou du moins, elle saisit que l'homme ne doit être autre qu'un gigolo, un courtisan. Et que la femme lui paye ses services.

Malgré la grossièreté de la chose, la Madone s'est immobilisée et ne perd rien de la scène. Ni des yeux de merlans frit que cette...chose..pose sur le libertin.

A cet instant, il se retourne sans crier gare et la surprend en train de les observer. Non seulement elle dévorait des yeux avec curiosité une scène qui ne la regardait pas mais elle trouvait cela amusant.

Cet homme n'était pas un simple démon. C'était Lucifer en personne avec ses cheveux dorés, son nez bien droit et ce sourire enjôleur quoiqu'un brin forcé qu'elle avait cru déceler lorsqu'il s'adressait à sa..cliente. Ses yeux devaient être bleus quoique c'était un peu difficile à affirmer à cette distance. Il fallait des yeux bleus pour aller avec ce visage là. La coupe très ajustée de sa jaquette et ses culottes moulait ses larges épaules et sa taille fine. Dans cette embrasure de porte, l'inconnu ressemblait à un dieu grec.

Ignorant la bourgeoise qui s'était mise à la dévisager, Alaynna venait de trouver le moyen de mettre son plan à exécution. Un plan très audacieux, le plus scandaleux qu'elle puisse imaginer.

Quoi de mieux qu'un libertin comme professeur. Cette pensée l'amusa et elle sourit de plus belle. D'autant plus que la cliente elle ne riait pas et que l'homme semblait hilare.

Puis l'argent n'était pas un problème, elle avait de quoi payer. C'était plutôt de le convaincre qui risquait d'être plus délicat. Car elle avait des conditions. Et elles n'étaient pas négociables.

Elle est trempée avec cette pluie, mais ce n'est pas grave, au point où elle en est, elle ira jusqu'au bout de la mission qu'elle s'est fixé.

La Valassi enfonce son tricorne sur la caboche d'un geste qui se veut déterminé, avant de faire les quelques pas qui la séparait de lui.


Vanessa Paradis - reprise de Serge Gainsbourg : l'eau à la bouche.
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Niallan
[On a des trous dans nos cœurs, des vides dans nos vies
On a des trous, on a des vides, mais la vie continue *]


Si la vie continuait tant bien que mal pour moi, j'ai eu l'impression qu'elle allait s'arrêter pour la bourgeoise. A deux doigts de faire un infarctus la vieille. Moi, je continuais à sourire, étudiant méticuleusement la donzelle s'avançant vers nous. Pour avoir été marié à une italienne, je pouvais affirmer qu'elle faisait partie des beautés d'Italie. Une longue chevelure brune, de magnifiques yeux bleus et un corps façonné par les meilleurs sculpteurs. Objectivement, elle était à tomber. Mais elle n'était pas Ali, aussi, la seule chose sur laquelle je me suis réellement attardé a été son tricorne. Une pirate, à Paris ? Pourquoi pas. Il y a aussi un autre petit détail sur lequel je me suis attardé: son manque d'assurance. Pas flagrant, je le reconnais mais j'avais toujours eu l’œil pour ce genre de chose, Maryah m'avait appris à reconnaître les femmes de celles qui ne l'étaient pas encore tout à fait. Ce n'était que des petits détails insignifiants et pas forcément fiables comme une démarche, une façon de regarder les autres qui faisaient la différence. Et elle, elle était...

Peste. Sale petite peste...
Mmh ?
Comment ose-t-elle venir chez moi, venir ainsi vers nous ?
Nous ne sommes pas chez vous mais dans le jardin de votre mari. Et je crois qu'elle vient vers moi.Et puis plus fort en changeant d'interlocutrice. Bonjour !

La fardée faisait une drôle de tronche à côté de moi, l'italienne était, elle, encore plus belle de près. Et si j'avais pu deviner à l'avance ce qui va suivre, j'aurais sûrement expliqué ceci par cela (suivez l'argumentation un peu). Ma cliente a fait une petite moue méprisante, de celles que je ne supporte pas et a planté ses foutus ongles dans mon bras.

Raphaël, mon chou, tu la connais ?

Là, je n'ai pas eu beaucoup de temps pour réfléchir et j'ai donc agi totalement impulsivement, ce qui revient presque à dire stupidement dans le cas présent. J'ai ôté un à un les ongles de la bourgeoise de mon bras et lui ai adressé mon plus beau sourire qui lui a tiré un soupir niais. Ensuite, j'ai tourné légèrement la tête vers l'inconnue et lui ai décoché un sourire complice accompagné d'un clin d’œil. Retour à la bourgeoise. J'ai poussé la mesquinerie jusqu'au bout en effleurant tendrement sa joue et en me penchant à son oreille, la mordillant avant de lâcher d'une voix suave :

C'est ma compagne.
Comment ? Ta...ta... Mais, et moi ?
Chhhhut.

Je venais de repousser son front afin de m'éloigner d'elle et de me rapprocher de la brune. J'avais maintenant tout intérêt à rendre mon mensonge un tant soit peu crédible et si cette dernière ne m'aidait pas j'allais avoir l'air bien con. Et pourtant, j'étais confiant. Ne jamais montrer ses doutes, c'est ce que m'avait dit Maryah. J'ai posé ma main droite au creux de ses hanches, rivé l'autre derrière sa nuque et je l'ai embrassée. Comme j'aurais embrassé Ali avant nos étreintes. Comme un perdu. Et perdu, je l'étais si elle ne jouait pas mon jeu.


*Traduction paroles The passengers - Holes

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Alaynna
[On va s'embrasser et nos lèvres vont se purifier...]
- Indochine - Le baiser.



Si elle avait pu prévoir ce qui allait lui tomber sur la couenne ce matin-là, sans doute se serait-elle levé un peu plus tard, et leurs chemins ne se seraient jamais croisés. Mais le destin met beaucoup de hasard dans son jeu.(1) Et aujourd'hui, il semblerait qu'il ait décidé de jouer.

Inconsciente et téméraire, elle avait traversé la rue pavée et se trouvait maintenant à leur hauteur. Et elle pouvait ainsi maintenant voir que l'inconnu avait bel et bien des yeux bleus. Elle penche un brin la tête, quelque peu mal à l'aise sous le regard scrutateur et saisit quelques bribes de la conversation.



Raphaël, mon chou, tu la connais ?

Elle ne peut s'empêcher de laisser son regard se poser sur la rangée de brassicacées qui poussaient, dans ce qui ressemblait à un potager. Se demandant comment on pouvait en arriver à comparer un homme avec ce légume.

Aussi continue t'elle d'ignorer passablement ce qui doit être une cliente pour répondre à la politesse de son vis-à-vis. Laissant flotter dans les airs l'écho d'une voix naturellement rauque et basse, teintée de ces caractéristiques effluves du Sud. Si ce n'est ce léger accent, son français est impeccable.


"- Bonjour."

Elle n'a rien entendu du reste de leur conversation, occupée à démêler dans son esprit, comment elle va bien pouvoir parler de son sujet. Plus particulièrement l'amener sur le tapis.
Et surtout, elle cherche vaguement à comprendre comment il peut faire pour s'amuser à mordiller le lobe de cette femme. Beurk ! C'est dégueulasse un truc pareil !
Le sourire et le clin d'oeil qu'il lui adresse aurait très certainement du faire tilter une quelconque alarme chez une femme avertie. Alaynna elle, ne se formalise pas vraiment de la chose, prenant cela pour une simple galéjade.

Sauf que. Elle ne l'a pas vu venir celle-là. Ou celui-là.

Les lèvres de l'inconnu fondirent sur les siennes sans même qu'elle ait pu devancer l'attaque, sa langue forçant le passage jusque la sienne, venant s'y emmêler. Il lui maintenait la nuque, une main posée sur sa hanche de sorte qu'elle ne pouvait s'échapper..si elle n'était pas resté tétanisée sur place. Surprise par ce qu'il venait de lui tomber dessus.
La première idée qui lui vînt à l'esprit fut de lui envoyer une torgnolle de sa composition, mais étrangement de drôles d'idées firent irruption chez la cabocharde italienne. Du genre qu'il devait être agréable d'apprendre les courbes de ce corps et de ce visage, d'éprouver la texture de la peau et de s'imprégner de son odeur. Tout comme elle le faisait avec son frère. Mais bizarrement, il y avait quelque chose de différent, mais elle était incapable de mettre le doigt dessus.

C'est son tricorne qui la ramène alors à la raison, lorsqu'il glisse au sol, dévoilant sa longue chevelure. La vision de l'homme en train de dévorer l'oreille de la vieille lui revient alors comme un éclair et ses dents s'appliquent soudainement à mordre un morceau de langue masculine, inquisiteur. Et alors qu'elle s'apprête à asséner à l'intrus sa recette maison, quelque chose dans son regard arrête sa main. Comme une légère supplique. La fine main cesse sa course sur le revers de la jaquette de l'inconnu. Alors que son autre poing se serrait de rage.

Elle venait de recevoir son tout premier baiser par un inconnu. L'espace d'une seconde, elle leva son visage vers lui. Ses yeux bleus étaient agrandis par la peur et la stupéfaction de ce qui venait de se produire. Mais ce qui était le plus troublant, c'est que ce baiser avait été d'une sincérité des plus stupéfiantes. On aurait cru qu'il cherchait à s'y perdre, ou à fuir quelque chose.

La Madone avait comme le sentiment qu'elle venait de lui sauver la mise, d'une situation à laquelle elle ne comprenait pas grand-chose. Mais dans sa confusion, elle venait de comprendre qu'elle ne pouvait trouver meilleur professeur que lui.

Mais elle ignorait qu'un baiser puisse être aussi troublant et agréable. Son tout premier. Parce que non Julian ne l'a jamais embrassée ainsi et ne le fera jamais. L'idée ne leur viendrait même pas à l'esprit, aussi fusionnel soit-il envers sa jumelle, qui le lui rendait bien.

"- chi diavolo siete dunque ?"(2)

Les azuréens avaient viré au bleu marine annonciateurs d'un raz-de-marée à l'italienne. Et elle se foutait éperdument que la vieille chouette et cet inconnu ne comprennent rien à la langue qu'elle venait d'employer. Contrariez la Madone et c'est un chapelet dans sa langue natale qu'elle est capable de vous conter.

Aujourd'hui elle est raisonnable, car il s'agit tout de même d'un jour spécial.



(1)Jacques Folch-Ribas
(2)Qui diable êtes-vous donc ?
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Niallan
[J'aime le feu, tu me plais.*]

A vrai dire, vu ce que je viens de faire, approximativement l’univers entier pourrait se douter que j’aime le feu. Les brûlures, j’ai l’habitude, si bien que je n’utilise plus de baume. Par contre, le fait qu’elle me plaise et que j’aime l’embrasser ça m’a carrément étonné et si vous avez suivi mes récentes aventures, ça devrait vous étonner aussi. Parce que, ouais, j’ai couché avec de nombreuses femmes depuis Ali mais je n’en désirais aucune. L’acte était purement mécanique et toujours j’imaginais que la culbutée était la rousse (vous n’imaginez pas combien de fois j’ai été déçu en rouvrant les yeux). Alors là…est-ce que c’est le fait qu’elle soit vierge qui m’émoustille ? Le fait qu’elle soit italienne ?

J’en sais foutre rien. Mais je peux vous assurer que lorsqu’elle me mord la langue, j’ai une furieuse envie de la clouer au mur avec mon bassin pour réprimander cet acte vicieusement délicieux. Et énervant. Je rouvre les yeux afin de pouvoir la regarder quand je lui ferai part de mes projets concernant sa punition future mais le regard qu’elle me lance m’arrête. Loin de m’effrayer sa fureur m’attire, me faisant me sentir à l’étroit dans mes braies quand elle lève la main, pour, dans une première idée, l’abattre sur ma joue.

Vas-y, frappe-moi.

Je lui adresse un sourire bien provocant à la Niallan et, si mon regard était angoissé un peu plus tôt à l’idée que ma cliente comprenne la supercherie, il n’est plus que désir dorénavant. Pas que j’ai des tendances masochistes, non, j’ai juste envie de voir jusqu’où elle peut aller cette beauté à l’accent du sud. Finalement ce n’est pas sa main qui s’abat, encore moins son poing, mais un chapelet de ce que je pense être des jurons. J’ai beau avoir été marié à une italienne, je n’en ai pas pour autant appris le dialecte, elle avait essayé de me former mais je préférais employer ma langue à d’autres fins lors de nos leçons. Aujourd’hui, je me retrouve donc comme un con à devoir faire avec ce que j’ai, ce qui m’emmène à lâcher une partie des rares mots que je connaisse.

Ti amo, mio amore.**

Cette connerie énoncée de façon éhontée, je me saisis de son poing fermé pour l’ouvrir et déposer un baiser au creux de sa paume. Petit clin d’œil et retour à la bourgeoise qui est devenue aussi pâle que ses exploits au pieu.

Tu…tu as dit que tu l’aimais…mais et moi, et nous, chou ?
Il n’y a pas de nous. Il y a juste moi. Toi, aussi. Mais certainement pas cette saleté de conjonction de coordination, j’ai nommé « et » pour lier les deux.
Mais, mais…
Celle-là non plus, elle n’y est pas. Maintenant si je peux te donner un conseil c’est d’aller rejoindre ton mari parce que chevaucher de plus belles montures qu’un vieil âne rabougri ne te rendra pas ta jeunesse.
Oh… Raphael !

Crier mon prénom quand je tourne les talons pour me retenir ? Mauvaise idée, surtout après que j’ai choppé la main de l’italienne dans la mienne pour l’entrainer à ma suite. C’est d’ailleurs sans un regard en arrière que j’emmène cette dernière loin de la bourgeoise et de sa stupidité. Une fois toute menace écartée, je lâche sa main pour fourrer les miennes dans mes poches et c’est à nouveau renfrogné que je me lance le défi de faire la conversation.

Alors, qu’est-ce qui vous emmène ici ? Vous comptez monter une confrérie de piraterie en plein Paris ?

Et en rimes, s’il vous plait.


*Traduction paroles Manu Chao -Me gustas tu
**Je t'aime, mon amour.

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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Alaynna
[Embrasse moi]
Louis Ville



Ti amo, mio amore.

" - Tu es un salaud ! "

Bien sûr, elle ignore totalement comment sera perçue son exclamation, et à vrai dire, elle s'en cogne quelque peu. Surtout que dans la bouche de l'Innocente Madone, ça tirerait plus sur le compliment que sur l'insulte. Encore faudrait-il savoir que lorsqu'elle était enfant, sa mère lui avait seriné avant de mourir, que plus grande, elle devrait faire sa vie avec un salaud. Entendez par là, un Italien, dans toute sa splendeur.
Et cet homme vient de lui adresser une phrase en italien.
N'importe quelle gourgandine se serait pâmée pour qu'un macho transalpin lui susurre de tels mots.

Elle. Non. Au contraire, ça a le don de mettre la Madone dans un état avancé de rage froide. Qu'elle arrive à contenir, on ne sait par quel miracle.

Oui. Elle est dans une colère indescriptible. Et pas à cause de cet homme non. Enfin si. Mais pas que lui. A cause d'elle aussi. Parce que ce baiser - et pas n'importe lequel, c'est une première ! - elle ne s'y attendait pas. Et les surprises elle n'aime pas, sauf lorsque c'est son frère qui lui en fait. Là, elle a même tendance à en redemander.

Or. Cette surprise là, a de quoi la surprendre. Et grandement lorsqu'elle prend conscience qu'elle a aimé être embrassée ainsi. Et étrangement, elle a pris un malin plaisir à le mordre. Cela avait un goût d'inconnu pour elle, un goût exquis.

Et puis maintenant il est là, en train de la regarder de ses yeux bleus qui reflètent une lueur particulière. Un regard brûlant, qui lui hérisse l'échine d'une manière totalement inhabituelle et inattendue. Et ce sourire qu'il a eu. Provocateur à souhait. Il ne perd rien pour attendre.

Dans l'immédiat, elle prend sur elle, et garde le silence. L'intérieur de sa pommette est mordillée quelque peu sauvagement, alors qu'il vient déposer une brûlure incandescente dans le creux de sa paume, la forçant à délier ses doigts et ouvrir ainsi le poing qu'elle maltraite depuis tout à l'heure.

Elle capte, toujours muette mais non moins prête à exploser, son clin d'oeil, avant qu'il ne se dirige de nouveau vers sa cliente. Qui pousse alors un cri déchirant.

Oh… Raphael !

Pu-ta-na.

Salaud il est à n'en pas douter. Jusqu'au prénom.

Comprenez bien par là que la brune s'imagine que l'inconnu est Italien. C'est un peu étrange vu sa blondeur et ses céruléens mais après tout, rien n'est impossible.

Une main vient s'emparer de la sienne et elle se trouve propulsée à sa suite. Le tout dans une démarche sûre et assurément rapide.

Mais il ne tarde pas à stopper leur progression avant de libérer sa main, et enfoncer les siennes dans ses poches.

Le sourire de l'inconnu a disparu.

Alors, qu’est-ce qui vous emmène ici ? Vous comptez monter une confrérie de piraterie en plein Paris ?

" - Non. Je suis venu négocier pour la compagnie que nous possédons avec mon frère".

Et maintenant qu'ils sont seuls, elle va lui faire ravaler le murmure qu'il a eu tout à l'heure, lorsqu'il lui a demandé de le frapper. Ainsi que ce baiser volé qui a eu le malheur de l'ébranler.

Sans transition aucune, le poing de la Madone vient s'abattre sur l'un des biceps de l'inconnu.

Mais bien qu'elle fasse en ce moment un régime strict de viande Béarnaise - tout ce qui ne porte pas le label du Béarn est refilé en douce à Micholino, le chat adoré de son frère que pour sa part elle déteste - , la crevette qu'elle est ne fait pas le poids face à la musculature du blond.

Et c'est en se tenant le poignet et le secouant dans tous les sens pour atténuer la douleur qu'elle laisse enfin éclater sa colère.

" - Et ça, c'est pour m'avoir usurpé mon tout premier baiser. Et violé ma bouche. Tout aussi Salaud que vous soyez !"

Et elle ne fait pas dans la poésie, elle tremble de fureur.

Parce que. Qu'est-ce que c'était bon.

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Niallan
Ça va secouer.
Mais allons-y crescendo.

Une compagnie... Ma fille voulait en rejoindre une elle aussi.
Ah, intéressant. Comment s'appelle votre frangin ?


La première phrase c'est celle que j'ai dit tout bas, dans un murmure qu'elle n'a aucune chance d'avoir entendu et encore heureux. Quand je trime, quand je me présente comme Raphael, je ne parle jamais de mes gosses, officiellement Raphael n'a ni enfant ni famille et n'est jamais tombé amoureux. La deuxième phrase, en revanche, elle a pu très distinctement l'entendre et si elle ne possède pas de traducteur à l'intérieur de sa caboche, ma façon de parler et mon profond soupir blasé ont pu lui faire comprendre deux choses. La première : j'en ai rien à secouer de ce que tu me dis. La deuxième : mais j'ai envie qu'on continuer à parler parce que, quand même, tu m'intrigues. Pour ne pas dire que tu m'attires.
Revenons-en à cette histoire de traducteur. Je réalise que, tout compte fait, il est largement possible qu'elle en ait un d'intégré parce qu'un soupir tout aussi profond qu'il soit, ne suffit pas à justifier le genre de coup que je viens de recevoir.

Bordel mais ça va pas ?!

Mon sang s'est échauffé en moins de temps qu'il n'en faut pour dire « chameau d'Alaska » et c'est un regard brûlant de haine que j'ai posé sur l'italienne. Ouais, vous allez dire que la haine c'est un peu fort pour un coup de poing de crustacé mais la conjoncture actuelle fait que je ne peux plus blairer le genre féminin et que le moindre faux pas d'une de leur représentante me hérisse le poil d'une bien dangereuse façon. Je regardais donc l'inconnue d'une manière qui laissait entendre que j'allais non seulement la torturer mais aussi la brûler afin de sniffer ses cendres en dansant la macarena moyenâgeuse et c'est là qu'elle m'a fait halluciner avec sa tirade. J'ai posé les yeux sur la main endolorie qu'elle était en train de secouer, j'ai esquissé un sourire, ai chopé cette fameuse main et y ai appliqué une vicieuse pression pour attirer son corps contre le mien.
Son poignet fermement maintenu dans ma main droite, ma gauche au creux de ses reins, je lui ai souri. Un sourire colgate, aussi psychopathe qu'éclatant.

Il va falloir que vous revoyez vos définitions, ma chère. Je n'ai pas violé votre bouche puisqu'elle s'est offerte à la mienne avec une passion qui m'a, je dois l'avouer, fait frissonner. Une bien jolie maîtrise pour un premier baiser...

Là, c'était la partie diplomate. Je l'ai instruite, complimentée et ai laissé entendre que ce baiser avait eu de l'effet sur moi. Mais tout ça aurait été franchement trop niais si ça n'avait pas été accompagné par la deuxième partie, la Niallesque. Mon bassin a fait pression sur le sien, ma main droite a libéré son poignet pour empoigner sa nuque et mes lèvres se sont aventurées le long de son cou, remontant jusqu'à son oreille.

Si j'avais voulu vous violer je ne me serais pas attaqué à votre bouche et je m'y serais pris avec ça -pression du bassin accentuée- quoique ma langue aurait elle aussi pu faire son œuvre entre vos cuisses, tout Salaud que je sois.

La phase Niallesque se conclut sur une un lobe d'oreille mordu et un murmure au creux de cette dernière.

Moi aussi, je sais me servir de mes dents.
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Alaynna
[Putain de toi]


Un murmure indistinct.

Saviez-vous combien c'est chiant d'entendre quelqu'un marmonner sans pouvoir être capable de déceler ce qu'il dit ? Alaynna a toujours pensé qu'un murmure, et bien c'est hyper important parfois. Cela peut cacher ou révéler bien des choses. Et ça peut devenir agaçant lorsque votre ouïe n'est pas capable d'entendre ce qui se dit, mais que vous êtes certaine qu'il y a bien eu quelques paroles de prononcées.

Et puis ce soupir totalement blasé qu'il pousse. Non mais si je t'emmerdes, vas y blondinet, dis le carrément. Après tout, ce n'est pas comme si elle avait que ça à faire de sa journée. Elle a un rendez-vous méga super relou à se farcir auprès d'un vieux client que Gyllaume a piqué à leur père. Mais ça le paternel il l'ignore. Heureusement.


Ah, intéressant. Comment s'appelle votre frangin ?

Gyllaume Valassi..Je suis Alaynna. Mais vous pouvez m'appeler Alay.

Bravo Alaynna. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, tu viens de lâcher quelques infos et non des moindres à un inconnu. Et pire que tout, tu viens de lui balancer que tu es la reyne des truffes sur un sujet tel que les relations hommes-femmes.
Tiens d'ailleurs comment se fait-il que cette dernière info ne le fasse pas fuir mais lui arrache un tel sourire ? Elle a comme la sensation qui lui traverse l'esprit qu'il pourrait ne faire d'elle qu'une bouchée. Ouai. Comme le grand méchant loup quoi. Sauf qu'il n'a pas de grandes oreilles, ni de grande queue. Ni même des crocs acérés.

M.ierda. Raphael, mais à quoi joues-tu là ?

Non content de se saisir de la menotte secouée, il fait en sorte, par elle ne sait quel miracle de saboter la gravité au sol de l'Italienne qui se retrouve dans le genre de position qu'elle n'accorde jamais à un autre que son jumeau.

Etrangement. Cela la perturbe intérieurement de tout à coup sentir ce corps masculin contre le sien. En fait. Non. C'est encore plus étrange que cela. Sensation où se mélangent à la fois un certain bien-être, de la peur, de la panique, et la certitude d'être, au moment présent, au seul endroit où elle se devait d'être. Il n'y a pas de répulsion, juste la connerie de se dire qu'il fait vachement bon contre cet inconnu qui n'en est plus tout à fait un.
Et voilà qu'il a un geste tout à fait incroyable qui lui fait perdre le souffle. Alors qu'il est carrément en train de lui expliquer qu'elle n'est apparemment pas si cruche qu'elle le pense, dans l'art du premier baiser. Elle se rend compte que lui, est doué dans le mouvement de l'emprise de nuque ! Et que ça par contre, ça lui fait un drôle d'effet. Pas comme le "ça " dont il parle qui, bien qu'elle s'en cherche à s'en défendre, la surprend quelque peu quand même.
Pourtant, c'est le même genre de pression qu'elle a déjà senti dans le creux de son dos, chez son frère, à certains réveils matinaux, quand les deux moitiés de corps perdus partagent leur sommeil.
Quoique là, c'est quand même particulièrement évident, que l'effet ressenti n'est pas le même.


" Votre..langue ?"

C'est un fou. Qu'est-ce qu'il vient lui raconter une histoire de langue et de cuisses !

La plainte rauque qui s'échappe alors des lippées n'a rien de folle elle, quand elle sent sa bouche courir dans son cou et une morsure sur le lobe de son oreille.
Putain de Lui !
Et elle tente de maîtriser le frisson qu'il vient de provoquer, dans un geste stupide : celui de venir glisser son front contre l'épaule qu'elle a tout à l'heure vainement tenté de maltraiter.


Moi aussi, je sais me servir de mes dents.

C'est doux. C'est chaud. Et ça a un goût de divine ivresse, jamais éprouvé encore.

Madone, serais-tu en train de te faire succubéenne sous le charme manifeste de cet archange qui semble faire preuve de manières diaboliques qui te sont totalement inconnues ?

Les marines, refusant résolument d'afficher leur trouble de se sentir à leur place, tout contre ce corps étranger, se plantent dans les céruléens, affichant alors une sincère curiosité.


" - Signore. Vous n'avez pas répondu à ma question tout à l'heure. Qui êtes-vous ?"

Instinct de survie dans une caboche aux abois.

Parole, parole, parole....Elle sait aussi se servir de sa langue, à toute fin utile.


Monsieur.
Olivia Ruiz/Noir Desir
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Niallan
« J'la prendrai à point... »*

A point, la beauté italienne ne l'est pas encore. Il manque une dernière accélération de son palpitant pour qu'elle le soit. Je suis plutôt doué dans cette branche de la cardiologie, je le sais. Et je compte bien en profiter. Alors qu'elle se laisse aller dans mes bras, j'ignore momentanément sa question pour venir embrasser le creux de son cou tout en accentuant la pression de ma main gauche. Le seul problème c'est qu'en renforçant notre proximité, il n'y a pas que son rythme cardiaque qui risque de frôler l'arythmie. Figurez-vous que le mien aussi. J'ai envie d'elle comme j'avais envie d'Ali. J'ai la dalle, comme dirait l'autre. Et c'est d'elle que j'ai faim. En guise d’en-cas, je mordille le cou que j'embrassais un peu plus tôt, le souffle court. C'est en réalité dans un murmure et en usant de toute la concentration qu'il me reste que je parviens à formuler une phrase dans la langue de mon ex-femme.

Mi chiamo Raphaël. Ed io sono*...là je bloque...courtisan.

Haletant, je la relâche brièvement seulement pour mieux encadrer son visage de mes mains. A la vérité, je suis incapable de comprendre ce qu'il m'arrive. Mais là, tout de suite, j'ai tout sauf envie de cogiter là-dessus. Je plante mes yeux dans les siens. Délicieusement belle, vous dis-je. Et je l'embrasse, à pleine bouche. Tandis que nos langues s’emmêlent encore, j'agrippe ses cheveux comme pour retenir la seule femme capable de me donner l'impression d'être vivant depuis la mort d'Ali. Cette nana-là, j'ai l'impression que c'est ma bouée de sauvetage. Par ailleurs, j'ai aussi l'impression qu'elle est à point et que...

Arrêtez-les, ces misérables m'ont attaquée ! Lui, il a essayé de me violer et elle, c'est une pirate !

...je n'aurai pas l'occasion d'en profiter. L'autre morue mal dégrossie et visiblement vexée nous a envoyé la garde. Grognant et pestant, j'attrape la main d'Alaynna et la serre dans la mienne. Je lui jette un regard sombre et désigne d'un mouvement du menton les ruelles qui nous font face.

Ecoutez-moi bien, princesse Valassi, vous allez me suivre sans lâcher ma main et si vous me ralentissez, je laisse ces chiens vous malmener jusqu'à ce que vous puissiez prendre contact avec votre frère. Vu ?

Bien évidemment, même si elle traîne la patte, je ne la laisserai pas aux mains de ces abrutis mais il fallait lui donner envie de courir. Et vite. Sa main serrée dans la mienne, j'entame ma course. Je sais exactement où je vais, je connais assez bien Paris -merci Fleur- et ses cachettes.
Sprintant comme si j'avais le kraken aux trousses, je manque plusieurs fois de nous faire nous vautrer mais l'italienne a un bon rythme et visiblement un bon équilibre, si bien que je lui décoche un clin d’œil quand nous évitons tous deux un tonneau mal attaché.

Pour finir, notre course nous conduit jusqu'à un coin que j'affectionne. Une taverne. Glauque au possible. Les quelques clients présents relèvent la tête uniquement pour examiner Alaynna, une lueur lubrique dans le regard. Grommelant quelques « va t'occuper de ta grognasse, vieux débris » et « tu la touches, je t'enfonce la tronche dans ta chope », je presse plus fort la main de la ritale et l'entraîne vers une table à l'écart sur laquelle il y a des chopes vides et des assiettes contenant des restes pas très frais.
Dans un bruit ressemblant à peu près à ça, j'envoie la vaisselle à terre et me vautre sur l'une des chaises, invitant l'italienne à faire de même. Le tavernier a vite fait d'arriver pour me houspiller mais il a à peine le temps de l'ouvrir que je lui ai déjà glissé une dizaine d'écus dans la main.

Pour la casse. Et je veux deux chopes pleines. Et...coup d'oeil à l'italienne...la même chose que d'habitude.

Le type tourne les talons en maugréant et moi je décoche un sourire narquois à celle qui partage ma table.

J'espère que vous ne regrettez pas les gardes...



*L.E.J - La dalle
**Je m'appelle Raphaël. Et je suis...

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Alaynna
[La gourmandise est un vilain défaut...ou pas !]


Et il me retourne l'estomac, d'une délicieuse façon qui m'était encore totalement inconnue. Et que je découvrais sous ses lèvres et ces dents qui s'attaquaient à mon cou de manière si charnelle, de cette langue qui venait partager avec la mienne des jeux qui me faisaient trembler, et de ces azurés différents des miens dans lesquels je me plonge avec délectation.
Il m'entraine dans un tourbillon complètement insensé dans lequel je ne me reconnais pas moi-même. Une ivresse de laquelle je ne voudrais jamais sortir.
Sentir ce corps dur se fondre contre le mien, et la caresse de ses mains encadrant mon visage, m'arracherait presque une plainte sauvage que je retiens à grand peine de ma gorge, ou peut-être s'est elle faite entendre, je ne jurerai de rien.

Je tressaille, et j'ai le souffle aussi court que le sien lorsqu'il me murmure à l'esgourde dans ma langue natale. Pour sûr, c'est un Rital, un Salaud d'Italien. Le Salaud de ma vie mais ça, je n'en avais pas encore forcément conscience. Cet homme là était insupportablement séduisant et j'étais en train d'offrir ce que jamais encore je n'avais laissé prendre ou même approcher à un homme qui m'était encore totalement inconnu quelques heures plus tôt.
Je ne me reconnais pas, ou peut-être est-il en train de faire se révéler cette nature féminine que j'ignore encore de moi. Mais à l'instant présent, il est en train de se passer quelque chose de puissant. Je ne peux y résister et encore moins tenter de comprendre ce qui vient de me tomber dessus.
Je sais seulement que je n'ai aucune envie qu'il ne s'arrête. Et lorsqu'il m'agrippe mes cheveux, je suis certaine que cette fois une plainte est bel et bien sorti de ma gorge...pour se transformer subitement en une bordée de jurons bien sentis quand j'entends l'autre espèce de vieille morue se mettre à gueuler et que je réalise que c'est toute une garde qui nous est envoyé.


Specie di pazza male baciata non ti ha violato l'hai pagato per averlo nel tuo letto! Anche un pute vale cento volte più meglio che tu


Et j'aurai très certainement renchéri sur ma tirade s'il ne m'avait pas regardé d'un regard sombre et enjointe à me mettre à courir. Bon j'avais vaguement noté qu'il m'avait appellé princesse et ça ne m'avait pas plu, parce que celle qui se prend pour une princesse dans la famille, c'est ma soeur Niassi et pour peu, j'aurai pris ça pour une insulte si la situation n'était pas aussi envenimée.

J'ai pour le coup repris tous mes esprits et ma main bien imbriquée dans la sienne, me voilà à détaler à sa suite et je n'ai aucun mal à soutenir son rythme. Enfant je courrais déjà partout, même dans les endroits les plus dangereux au grand damn de mon frère que je rendais parfois fou de par ma témérité.
Je cours. Je ne sais pas où il m'emmène, mais j'y vais de bon coeur. Tel le chamois sauvageon que je suis je bondis de côté afin d'éviter un tonneau et je manque plusieurs fois perdre mon équilibre légendaire et me ramasser au sol mais mon meneur, même s'il semble courir comme s'il avait le feu aux fesses, sait manifestement où diriger nos pas.
Notre folle cavalcade se termine au sein d'une taverne dans laquelle je me fais reluquer à peine entrée mais la main qui serre plus fort la mienne, et la silhouette masculine que j'entends grommeler je ne sais trop quoi m'entraine en direction d'une table à l'écart.

A peine le temps de voir combien il a le coup de main pour débarrasser tout ce qui encombre une table et me voila le fessier posé sur une chaise, encore toute haletante de notre marathon. Mais la garde n'est déjà plus qu'un lointain souvenir lorsqu'il m'adresse un sourire narquois alors qu'il vient de passer commande de ce à quoi il semble être habitué.


J'espère que vous ne regrettez pas les gardes...

Les gardes non. Leur arrivée, si.

Trop tard pour réparer la connerie qui vient de me sortir spontanément de la bouche, et il aura très certainement compris que c'est ce que nous avions interrompus que je regrette forcément.

Un frisson me parcourt l'échine alors que je reprends doucement mon souffle.


Espèce de folle mal baisée il ne t'a pas violé tu l'as payé pour l'avoir dans ton lit ! Même une pute vaut cent fois mieux que toi
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Niallan
« Un jour j'irai à New-York avec toi * »

Si on oublie le côté achronique, on est tout à fait dans l'idée qui traverse ma caboche pendant que j'attends sa réponse. Cette nana-là me plaît, c'est indéniable. J'en viens carrément à penser que si je pouvais l'embarquer sur les chemins avec moi, ce serait agréable. Et puis elle répond. Qu'on soit bien d'accord : sa voix est tout ce qu'il y a de plus sexy mais ce qu'elle rétorque me hérisse les poils. Regretter leur arrivée. Oui, d'accord. En clair, elle aurait voulu qu'on poursuive. Et dans cette rue, j'aurais pas dit non. En vérité, j'aurais rien dit du tout, je me serais contenté de lui enlever ses frusques au plus vite pour assouvir nos désirs mutuels. Mais là, on est plus dans la rue, j'ai repris mes esprits. J'ai eu le temps de repenser à Ali. A sa mort. Et au mal que ça m'a fait. J'ai plus envie de revivre ça, plus jamais. Alors cette ritale, tout aussi attirante qu'elle soit, je ne la veux pas dans mes pattes.
A ce jour, je n'ai évidemment pas conscience que non content de briser son mariage, je l’entraînerai avec moi sur les routes et en ferai ma compagne. Non, là, je suis plutôt à la recherche d'une solution pour calmer mon palpitant et me débarrasser d'elle.

Hum...

Faut que je trouve un truc à dire. Et vite. Avant qu'elle se rende compte qu'elle m'a perturbé au plus haut point. Étant très doué pour certains calculs, j'estime avec une quasi-certitude le temps qu'il me reste à sept secondes (en prenant en compte les variables virginité, intelligence, bruit du bouge et adrénaline apportée par la course). Mais comme je suis très doué pour mener les gens en bateau, c'est en deux secondes et demi que je trouve une parade. Me raclant la gorge, je hausse un sourcil et mets en place la stratégie du mec qui comprend rien.

Ouais, je vois. Je me disais bien que vous aviez des trucs à faire pour votre compagnie, navré que les gardes vous ait entraînée loin de vos préoccupations. De plus, j'imagine qu'ici c'est pas le genre d'endroit où vous avez l'habitude de traîner vos miches.

Ma parade aurait pu marcher sur une greluche moyenne douée d'une intelligence moyenne avec une expérience sexuelle dans la moyenne. Mais celle-là, si elle a bien l'air d'avoir une expérience sexuelle clairement en dessous de la moyenne, son cabochon a l'air de tourner à plein régime. Alors il me faut autre chose. Je hausse une épaule et remercie le tavernier d'un sourire lorsqu'il me porte ce que je lui ai demandé. C'est simple, je vais me transformer en spider-connard, la ballade sur les murs en moins. Pour ce faire, je commence par bourrer ma pipe d'opium apporté par le gus et la porte à mes lèvres dans un rictus pas franchement avenant. Ensuite, j'enchaîne avec une question déplacée bien empreinte de goujaterie.

Alors...Alaynna c'est ça ? Il est évident que je me souviens de son prénom mais, stratégie oblige, je dois passer pour un blaireau. A part gérer une compagnie et enrouler votre langue autour de celles d'inconnus, vous faites quoi dans la vie ?

Et puis, parce que sinon il manquerait encore un peu de muflerie, j'interpelle un type bourré au pif :

Eh, Marcel, tu diras à ta sœur que je passerai plus tard que prévu ce soir.

Le Marcel me rétorque dans un français vaguement compréhensible qu'il n'a pas de sœur mais je balaie le problème d'un revers de main en lorgnant la ritale.

Il sait plus ce qu'il dit, ce con. C'est un vieil ami, j'ai beaucoup d'amis ici.
Je désigne un mec en train de dégobiller sur un autre. Celui qui vomis, c'est Henri. Et celui qui reçoit, c'est François.
Ensuite, j'en désigne un en train de dévorer le contenu de ses narines tandis que son voisin de table se gratte allègrement l'entrejambe. Eux, ce sont presque mes frangins, Pierre et Antoine.

Pour finir, je tire sur ma pipe en me calant un peu mieux dans ma chaise.
J'ai plutôt bien géré. En moins de cinq minutes, j'ai réussi à me faire passer pour un gros con doublé d'un goujat et j'ai même réussi à m'inventer des amis tout ce qu'il y a de plus pourri.



*New York avec toi - Téléphone

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Alaynna
[Tu me fais de l'effet, ça commence là, ça passe par là, ça continue et ça s'en va....ça revient et ça remet ça...]



J'étais bien loin de m'imaginer que je pouvais lui plaire, et encore moins de penser que je puisse l'avoir fortement perturbé.
Mais lui. Il est clair qu'il m'avait fortement ébranlée. Parce qu'en temps normal, je ne me serais jamais laissé embrasser. En général, il me suffisait de regarder l'impudent de mes azurs qui se faisaient alors glacier pour que ça batte en retraite. Et pour ceux qui ne comprenaient pas bien le message, c'était selon mon humeur du jour. Soit le contenu de ma chope y passait et le gars avait plus qu'à aller se rhabiller, soit je jouais de ma main et la torgnole s'en claquait. Assez pour que le malotru rebrousse chemin, pensant avoir affaire à une demeurée.
Sauf que là. Rien de tel ne s'est passé.

Je n'avais aucune notion de ce que pouvait être l'amour, la passion, ou même le désir. Je partageais pourtant mes nuits avec mon frère, à dormir entre ses bras, mais pour moi c'était tout ce qu'il y a de plus naturel. Surtout entre jumeaux.
Et je devais bien m'avouer que jamais encore, je n'avais ressenti une émotion aussi forte et perturbante que celle que venait de me procurer l'homme qui était assis présentement en face de moi.
Je n'arrivais pourtant pas à mettre un seul qualificatif sur cet étrange noeud qui me vrillait l'estomac, sur mon palpitant qui s'emballait sans vouloir se calmer. Ni même sur mes joues qui me paraissaient brûlantes de fièvre.

C'était un peu le même genre d'excitation qui me parcourrait les veines que la fois où, alors âgée d'à peine onze ans, je m'étais rebellée face à mon père. Je savais que ses marins et ses hommes me suivraient et me ramèneraient à la maison de force, où je serais punie. Mais je l'avais quand même fait. Malgré cela j'avais demandé à l'un des palefreniers de me préparer un petit attelage. Et avant même qu'il eût passé le harnais aux chevaux, mon père et ses hommes m'avaient retrouvée. Mon père leur avait demandé de me fouetter, fort, de manière que je me souvienne qu'il m'était interdit de désobéir à ses ordres. Il voulait que les ecchymoses qui s'en suivraient m'aident à me souvenir que je devais rester à ma place en toute circonstance. Une tâche dont ces brutes s'étaient acquittées avec un zèle tout particulier. Et je m'étais défendue, en m'emparant du couteau de l'un des hommes à qui j'avais entaillé la main. Malgré cela j'avais été neutralisée sans grande difficulté, et punie de plus belle.

Cet homme là m'avait littéralement envoûtée, mais ça, je l'ignorais encore.

Et aujourd'hui je ressentais ce même genre d'excitation que lorsque j'avais voulu fuguer la toute première fois. La présence de Raphaël, là, assis en face, semblait se refermer autour de moi, et de façon inexplicable, me serrer à la gorge, comme s'il me privait d'air et de lumière. Je n'étais pas du tout dans mon élément en compagnie des hommes - hormis mon frère - et c'était bien pour cela que je m'étais donné pour but de me trouver un professeur afin d'en apprendre plus sur le sexe masculin. Mais j'avais mes conditions.
La boisson qu'on m'avait servie ne faisait rien pour m'apaiser, bien au contraire. Et l'odeur de cet inconnu qui n'en était plus tout à fait un ne cessait de me perturber. Une odeur masculine qui évoquait le bois, le cuir et la fumée. Et ses baisers avaient éveillés en moi de drôles de sensations brutes et sauvages, qui m'étaient complètement inconnues avant lui. J'étais comme sous l'effet d'une drogue. Et mes regrets ne concernaient pas ce que j'avais fait avec cet inconnu, mais bien plutôt, ce que je n'avais pas fait. J'avais l'impression que ce baiser me hanterai à jamais et que rien ne pourrait l'égaler, à moins de revivre, avec lui, ce moment d'intimité volé.
Si c'était à cela que ressemblait la rebellion, alors, j'allais sans nul doute persister dans cette voie.
Je ne savais pas encore combien j'avais alors raison, mais la vie se chargerait de me l'apprendre par la suite.

Sa question et sa réflexion me firent l'effet d'une gifle qui me percutait de plein fouet.

Ouais, je vois. Je me disais bien que vous aviez des trucs à faire pour votre compagnie, navré que les gardes vous ait entraînée loin de vos préoccupations. De plus, j'imagine qu'ici c'est pas le genre d'endroit où vous avez l'habitude de traîner vos miches. Alors...Alaynna c'est ça ? A part gérer une compagnie et enrouler votre langue autour de celles d'inconnus, vous faites quoi dans la vie ?

J'en étais encore à me demander si je le reverrai un jour. Si je serai de nouveau, caressée, serrée dans ses bras, embrassée par lui. Si je sentirai encore tout contre moi les battements de son coeur et sa chaleur enivrante. Car en le regardant, j'étais au moins certaine d'une chose, c'est que son palpitant battait en ce moment, au même rythme que le mien.

L'atmosphère s'était chargée d'un coup. Comme si je devais y voir un signe, ou un avertissement quelque peu voilé. Cependant, lorsque je l'observais par la suite, il me parut assez clair, qu'il essayait de me déstabiliser. Et il était tout près d'y arriver. Mais j'avais déjà suffisamment de tracas en ce moment, que je décidais de ne pas lui donner satisfaction. J'ignorais la première partie de sa question pour répondre du tac au tac à la seconde.


" - Si vous me jugez insolente, alors peut-être devriez-vous aller enrouler votre langue autour de celle de quelqu'un d'autre ! D'autant plus que vous êtes le seul avec qui cela se soit produit".

Il y avait en lui un étrange mélange de provocation, d'audace et d'impulsivité, qui causait chez moi un frisson d'angoisse duquel je n'étais pas coutumière. Sans que je ne puisse me l'expliquer, sa présence pleine d'assurance m'emplissait tout à la fois de regrets et de souhaits dont je ne saisissais pas bien l'objet. C'était un peu comme s'il possédait la clef qui donnait accès à des recoins de mon âme que même moi, je n'avais jamais exploré.
Je finis par tourner mon regard vers les gus qu'ils me désignait. Je n'étais pas dupe, mais je fis comme si.


" - Ils sont on ne peut plus charmants vos amis. Et sinon dans la vie je suis depuis peu ambassadrice et je cherche un professeur pour me donner quelques cours particuliers."

Je me souvenais de cette idée qui m'avait traversé l'esprit quand je l'avais vu surgir dans la ruelle. Et même si j'avais auparavant repéré une lanterne rouge, quelques quartiers plus loin et noté l'adresse afin d'éventuellement acquérir un professeur dans ce lieu-ci, je ne manquais pas d'en revenir à mon but initial.
Je l'observais se caler dans sa chaise et s'enfumer, alors que pour ma part, je m'enfilais quasiment d'un trait le contenu de ma chope.

Je venais de découvrir que j'avais affaire à un Salaud. Ceux dont mammà m'avait parlé et qu'elle m'avait fait promettre d'épouser un jour.
J'ignorais seulement encore à ce jour, que s'il en était vraiment un, le terme avait lui, une connotation tout à fait différente de ce que moi je m'imaginais.

J'étais très loin de penser que plus tard, j'allais m'apercevoir que ce blond là, était le Salaud de ma vie.

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Niallan
[Le monde était en flammes
Personne d'autre que toi ne pouvait me sauver
C'est étrange ce que le désir
Arrivera à faire faire aux insensés
Je n'avais jamais rêvé que je rencontrerais quelqu'un comme toi
Je n'avais jamais rêvé que je connaîtrais quelqu'un comme toi*]


Mon stratagème de spider-connard n'a absolument pas marché. Déglutissant difficilement, j'essaye de trouver autre chose qu'elle à fixer. Mais c'est quelque peu compliqué parce qu'à part des ivrognes que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam et un tavernier loin d'être clean, il n'y a personne. Et baisser le regard, ce serait avouer qu'elle me met mal à l'aise. Alors je me force à sourire en la regardant, le genre de sourire qu'on attribue au mec confiant et sûr de lui. Sauf que présentement, je suis loin d'être ce type-là. Je la désire, je la désire vraiment. Pas comme toutes ces femmes que je me tape par substitution, pour oublier Ali. Non, c'est elle et seulement elle que je veux. Ma vie est bousillée de partout et j'aimerai que ce soit elle qui remette quelques morceaux en place, ne serait-ce que le temps d'une soirée.

Le seul, le seul...c'est ce que vous dites ! Moi, j'ai remarqué que vous ne vous étiez pas beaucoup débattue, la gifle mise à part.

J'ai envie d'elle et pourtant j'essaye encore de la blesser, histoire qu'elle déguerpisse et que je puisse l'oublier comme j'ai oublié toutes les autres. Alors je continue à me comporter comme un goujat, sauf que c'est de moins en moins crédible. J'ai plus le sourire du petit con insolent, je ne cherche plus à me trouver des amis imaginaires aptes à la dégoûter. Main crispée autour de mon verre, je le siffle d'un trait, ignorant le brouhaha qui se lève à l'entrée de la taverne. Et puis, une nouvelle fois, j'ancre mes azurs aux siens. J'allais lui demander quels cours elle voulait, me proposer en professeur selon sa réponse. J'allais le faire, en me foutant éperdument des répercussions sur mon palpitant mais j'ai entendu mon prénom. Le vrai. J'ai entendu des voix graves et autoritaires interroger François et Henri pour savoir s'ils m'avaient vu. J'ai senti la sueur perler à mon front, sachant pertinemment que si ces hommes me mettaient la main dessus, j'étais cuit.
Je me suis mis à paniquer. J'avais pas prévu de me casser maintenant, j'aurais voulu lui dire adieu comme je lui avais dit bonjour. Passionnément, plusieurs fois. Mais j'ai pas le temps. Alors je me lève, tournant le dos à mes créanciers et je me glisse à son oreille.

Faut que je m'arrache, genre maintenant tout de suite. Ne cherchez pas à me revoir, je vous décevrai et vous me haïrez. Prenez soin de vous, de votre compagnie et de toutes les choses qui peuvent vous tenir à cœur parce qu'un jour vous perdrez tout et vous regretterez de ne pas en avoir assez profité. Mais en attendant, vous allez encore devoir me servir d'alibi.

Les gus se rapprochent, gueulent un peu plus fort. Je déglutis, va vraiment falloir que je la joue serrée ce coup-ci. Lorsqu'un main s'abat sur mon épaule, je décoche un clin d’œil à la ritale et prends une voix plus grave que la mienne pour leur répondre sans pour autant me retourner :

Eh, minute, vous voyez pas que je suis en train de compter fleurette ?
Tournez-vous, j'veux juste vérifier quelque chose.

Je grimace, c'est raté. Je devrai partir immédiatement pour mettre toutes les chances de mon côté mais, malheureusement pour moi, face à cette ritale-là, mon instinct de survie ne se fait plus beaucoup entendre. C'est pourquoi, ignorant les cris et ordres qui commencent à fuser, je me penche pour l'embrasser. Un baiser léger, rien qu'un tout petit baiser que je pense être le dernier. Tout en l'embrassant, je balance ma jambe en arrière, direction celle du type qui veut que je me retourne. Ça gueule, ça se bouscule et moi, je me mets à courir, slalomant comme je peux entre les différents gus qui veulent ma mort et ordonnent aux autres de me choper.
Parce que ma vie c'est ça. Je passe mon temps à merder puis à fuir. Même si l'histoire dira plus tard qu'avec cette italienne-là, je merderai mais ne fuirai pas.
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