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[RP] Chouchou et Loulou au trou.

Niallan
[Musique !]

Ici personne ne me propose d’émission mais c’est tout autant délicat. Ouais, c’est délicat pour moi de parler de moi. Peut-être pas comme tout le monde, j’en connais, du style des mecs hyper imbus d’eux-mêmes ou des gonzesses qui idolâtrent profondément leur vie qui adorent parler d’eux. J’aime pas décevoir, je suis d’accord avec ce gus, le principe de l’autre personnage, du dédouanement, de l’irresponsabilité ça me parle. Ça me parle même très bien. C’est peut-être pour ça que je suis courtisan plutôt qu’amant, petit-ami (pour prendre de l’avance sur mon temps) plutôt que mari, compère plutôt que père. Quand je suis moi je déçois. Inévitablement. Alors j’évite de l’être. Au fil des années je dois reconnaître que j’ai appris à plutôt bien gérer le rôle du parfait connard égoïste, vrai que je merdais de temps en temps en me laissant aller à aimer et par conséquent à laisser le vrai Niallan s’affirmer avec l’élue. Vrai que je merdais aussi en étant moi avec quelques proches comme la Louve et cet enfoiré de Vec. Mais dans le fond, reconnaissez que je suis assez doué pour ça.

Et je pense moi aussi que j’ai jamais trouvé d’autres qualités à ce que je savais faire qu’acteur. Dessinateur j’ai pas essayé. Sauf si repeindre un mur avec mon vomi un soir de beuverie est considéré comme une preuve de savoir bien dessiner. J’ai essayé de rejoindre la célèbre clique des pilleurs Corleone mais c’était laborieux. Pour être sincère, ça m’a vite gonflé. Me terrer comme un rat en allant en taverne qu’à certaines heures pour, au final, beugler comme un dingue après minuit en tapant sur des gardes et des paysans dans le but de gagner quelques sacs de farine et des écus très vite reperdus dans le procès qui suit trois jours après, c’est pas pour moi. J’ai bien essayé d’être un gentil petit paysan mais ça aussi, c’était laborieux. J’ai jamais compris l’histoire de la tonte des moutons et quand est-ce qu’il fallait les crever. Au final, j’ai brûlé mon champ. Et les moutons avec, comme ça, pas de prise de chou.

Côté regrets, par contre, je m’éloigne de ce bon vieux Poelvoorde. Je passe mon temps à regretter ce que je fais. Ma conscience et moi, ça fait déjà un bon bout de temps qu’on est en froid. Y’a peut-être un lien avec le fait que j’étais à l’autre bout du royaume à batifoler quand ma gamine a été tuée lors d’une révolte. Ou alors avec le fait que la femme avec qui je batifolais est morte parce qu’elle ne pouvait pas supporter toutes mes absences, mes mensonges et, pire, mes silences. Ou alors, c’est peut-être en lien avec le fait que mon double au féminin est mort en couches alors que j’avais promis d’être là et que j’étais, en réalité, à des lieues de ma promesse, littéralement, dans les bras de je ne sais quelle donzelle levée pour la soirée.
Est-ce que je suis un séducteur ? Oui. Je peux pas m’en empêcher, ça fait partie de mes talents d’acteur. Ça m’aide à me sentir bien, à oublier. Ne rêvez pas trop, le sourire d’une femme parmi d’autres ne fait oublier que l’espace d’une seconde que vous ne verrez plus celui de celle que vous aimiez. Ou de celles.


C’est maintenant qu’on laisse de côté les dires d’un homme qui ne vivra que plus de cinq-cents ans après moi. On va parler femmes. Elles m’ont fait disjoncter. Je suis parti en vrille, je ne me souviens plus de la date exacte, je sais juste que c’était après avoir encore trop bu.
Je venais de piquer Alaynna Valassi à Roman Corleone. J’avais fait fort, ce jour-là, puisque c’était aussi le jour de leur mariage. On aurait pu s’attendre à un conte finissant par « et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » mais ce serait oublier que je me complais dans mon rôle de connard égoïste. Quoique, là, c’était pas tout à fait ma faute.

Figurez-vous que la femme évoquée plus haut, non pas mon double mais celle que j’ai tué avec mes absences, est revenue d’entre les morts pour me hanter. Je la voyais quand je buvais jusqu’à ne plus savoir où j’étais et c’était presque comme avant. Sauf qu’il y avait Alaynna alors Ali ne disait plus tout à fait les mêmes choses. La mort l’avait changée. Je savais qu’elle me manipulait quand elle me disait « si tu te lies avec cette... Alaynna, je ne pourrai plus venir te voir, mon tendre amour. Ce sera comme si tu me chassais pour toujours loin de toi. » mais je ne disais rien, pas plus que je ne répondais autrement qu’en secouant farouchement la tête quand elle posait ce genre de questions : « Tu veux me perdre encore une fois ? ». Moi, je fermais ma gueule et je profitais de son fantôme. Parce que je l’aimais, au-delà de la mort.
Le problème c’est qu’il a fallu que je fasse un choix. Et l’autre problème c’est que c’était tout sauf un choix simple du genre : pain rassis ou poisson savamment grillé ? Non, là c’était plutôt : mer ou montagne ? Soleil ou étoiles ? Pour aller au-delà des métaphores, j’avais ma défunte rousse qui me disait « Moi, je veux rester avec toi, mon amour. Mais je ne pourrai pas si tu restes ici, auprès d'elle. Je voudrais qu'on voyage tous les deux, en tête à tête. Comme avant. Tu te souviens ? » et ma vivante brune qui me faisait rêver avec ses « J'ai réalisé que le seul homme auprès duquel j'aurai pu être heureuse, c'est Toi Niallan. Tout aussi courtisan et salaud que tu sois. ». Je devais choisir et c’est typiquement le genre de truc que je sais pas faire. Qui est laborieux.

Alors j’ai pas choisi. Je me suis barré. Comme ça, du jour au lendemain. Sans rien dire à Alaynna et en évitant tout ce qui pourrait ramener Alicina de l’au-delà. Oh, je n’avais pas fait beaucoup d’efforts : concernant la distance avec la ritale il m’avait suffi de trouver un bouge extrêmement miteux dans les environs et un tenancier discret et pour la paradisiaque (c’est comme ça qu’on dit quand on habite au paradis ?) il m’avait suffi de trouver un tord-boyaux qui portait assez bien son nom pour m’envoyer dormir sans avoir assez bu pour ouvrir la brèche entre les vivants et les morts.
Deux mois que je m’accommodais de cette vie. Je ne donnais de signe de vie à personne. Je ne répondais plus à Kachina que je devais rejoindre, n’écrivais plus à mon fils malgré ma promesse et ignorais délibérément les courriers d’Alay. Jusqu’au jour où…

Mon gars si t’avais vu c’te donzelle à Pau ! Une beauté italienne, ‘fin beauté, beauté macabre ! Ouais, j’te jure, je l’aurais crue morte si elle avait pas manqué d’m’arracher la main quand j’ai essayé d’la toucher à travers les barreaux. Et c’pas tout, paraît qu’son frère c’est un grand marchand, moi j’comprends pas trop pourquoi qu’il laisse sa frangine pourrir là-d’dans, mais s’tu veux mon avis c’est parce…
Savez-vous comment elle s’appelle ?

Eh merde. J’avais ouvert ma gueule. Là, voilà, c’était trop tard. J’aurais pu continuer à siphonner ma bouteille en faisant comme si je n’avais pas compris de quelle italienne il parlait. J’aurais dû, même.

Alors là mon grand un peu que j’le sais ! J’ai entendu les geôliers en parler ‘vant qu’ils me relâchent. VA-LA-SSI. Eh, Manfred, tu pourras dire à ta Valérie : Val, assis !

J’étais parti avant que les rires gras ne s’éteignent. Direction Pau. Je ne comptais pas la revoir, juste la sortir de taule. Parce que ça me plaisait pas trop qu’elle soit là-dedans, mon ex-femme m’avait bien expliqué à quel point les geôliers peuvent se montrer tactiles. Disons que c’était ma façon à moi de me faire pardonner pour les larmes et les faux espoirs. Avec un peu de chance, si elle venait à me croiser, elle ne me reconnaîtrait pas. Ça devait faire bonne semaine que je n’étais pas passé par la case nettoyage et bien deux mois que ma barbe poussait. Sans oublier les loques qui me servaient de vêtements et les diverses blessures, souvenirs de bastons de taverne, qui courraient sur mon corps.

Bonjour. Je me présente, Niallan Ozéra. Frère de la non moins Ozéra Marion qui est aussi De Trévière. Je viens demander la libération d’Alaynna Valassi, son emprisonnement étant une grossière erreur de votre part. Mais je suis bon prince, je vous pardonne.
Oh, Monsieur Ozéra, j’ai tellement entendu parler de vous ! Ma femme m’a dit que vous étiez un partenaire extraordinaire et elle a recommandé vos services à ses amies. Veuillez pardonner notre erreur, la dame sera libérée dans la journée ! Et histoire de vous prouver notre bonne foi, que diriez-vous de quelques bonnes bouteilles ?

Ça, c’était le déroulement idéal de ma venue.
En réalité, j’ai à peine eu le temps de dire « bonjour » qu’ils m’attrapaient sous les bras pour me jeter au trou en agrémentant leurs prouesses d’un « manant ! » bien appuyé. J’aurais JAMAIS dû l’ouvrir.

Fait chier.

Putain de toi…
_________________

Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Alaynna
[et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants!]


Cela, c'est sans doute ce qui, dans une vie bénie, aurait du se passer. Dans mon malheur, j'ai quand même évité le pire. C'est que je n'ai connu qu'un seul homme et à l'heure actuelle c'est toujours le cas. C'est le Corleone que j'avais épousé qui a fait de moi une femme. Au moins sur ce plan là, je fus gâtée, parce qu'il a fait ça dans les formes Roman. C'est sans doute la seule chose qu'il a su faire dans les formes parce que pour le reste, il a lamentablement merdouillé. Comme quoi au final cela m'a montré à quel point je pouvais être importante pour lui. Quand on aime vraiment quelqu'un on se bat pour le garder. Enfin ça c'est ma propre vision de la chose.
Fallait donc croire que moi, je préfère les salauds aux menteurs. Vous me direz l'un n'est pas si différent de l'autre. Ce qui en un sens, n'est pas faux.

Evidemment, mon frère a jubilé lorsque Roman s'est fait la malle. Moi, j'ai balancé les deux alliances dans le Gave de Pau. Et puis j'ai fait bien d'autres choses depuis mais je ne me souviens pas de tout.

Et je me suis retrouvée derrière des barreaux sans trop savoir pourquoi et surtout sans avoir le moindre souvenir de ce que j'avais bien pu faire pour me retrouver là. Des jours et des jours que j'y étais. Des semaines même.

Je scrutai la pénombre autour de moi. Pour une fois j'avais l'esprit lucide. Non parce que depuis que Roman a fichu le camp et que Niallan est reparti trouver sa morte, ils sont rares les jours où je garde ma lucidité. Uniquement les jours de charge diplomatique. Mais le reste du temps, je ne suis plus moi-même.

Mes sensations m'étaient revenus brusquement. J'avais mal à la mâchoire parce que l'un des trouffions de service s'était défoulé dessus. Je crois que c'est ma faute. Il a essayé de me toucher et je lui ai balancé un coup de genou bien placé qui l'a fait hurler mais en retour je me suis pris un gnon qui m'a envoyé dans les vapeurs ambiantes durant quelques heures.
On m'avait jeté sur une paillasse moisie mais heureusement, ils ne m'avaient pas attachés les mains. Ni les pieds.
La puanteur émanant de la paillasse m'indiquait qu'elle était sans doute plus humide et ancienne que je ne l'aurai cru.
Avec un frisson, je me mettais péniblement debout et je me massais la joue. Encore heureux, aucunes de mes dents n'avaient été cassées, mais la douleur ne s'apaisait pas et j'avais toujours l'esprit embrumé.

Ma cellule était à peine plus large qu'un cercueil. Si si ! Je vous assure que c'est vrai ! Les murs luisaient d'humidité et l'air était saturé d'une odeur âcre de moisissure et de peur. Des poignées de paille grise jonchaient le sol. Et sous mes yeux, l'un des petits tas remua. Quelque chose de sombre, un rat sans doute, en sortit pour aller se cacher derrière un pot.
Un banc était installé le long d'un mur. Mais des planches de l'assise manquaient. Autant dire que je restais assise le séant bien planté dans le sol. A l'une des extrêmités, se trouvaient des chiffons qui longtemps auparavant, avaient du être des couvertures. Là encore, je ne touchais même pas à cette chose, je préférais avoir froid, et de loin.
Sous le plafond, une étroite fenêtre à moitié bouchée par de la mousse laissait passer un mince filet de lumière.

Je me tournai vers la porte. Un lourd panneau de chêne bardé de fer, sans doute verrouillé. Une petite ouverture comportant une grille y était aménagée et je m'en approchai pour jeter un coup d'oeil à travers.

De l'autre côté d'un étroit couloir j'entendais des bruits de voix. Et étrangement, j'ai eu la sensation d'en reconnaitre une. Encore mon esprit qui me jouait des tours assurément. Le blondinet était avec sa morte. Je vis la porte de la cellule d'en face, fermée par de gros verrous de fer s'ouvrir et la silhouette qui me paraissait assez familière fut projetée sans ménagement à l'intérieur.
Le couloir était sombre et les murs aussi humides que ceux qui m'entouraient. Sans doute y avait il une rivière à proximité. Ou alors c'était le Gave. Je n'avais pas perdu totalement mon esprit de déduction. Peut-être que je me trouvais dans une cellule hors des remparts. Je ne me rappellais pas avoir vu des bâtiments près du Gave et pourtant ma mémoire était excellente.
Ouai. Enfin jusqu'à la perte de l'italien qui avait été mon époux et du courtisan qui avait fui auprès de sa morte. Tout ce que je me souvenais vaguement avoir aperçu lorsque j'étais allé balancer les alliances dans le Gave, c'était un moulin de bois près du pont, un lavoir et un alignement de petites maisonnées de paysans. Mais certainement rien qui ressemblait à une prison.

Où donc me trouvais-je ? Un peu plus loin, je notais une troisième porte par l'ouverture de laquelle passait une faible lumière. Une volée de marches y menait. A mi-chemin entre ces marches et ma cellule, un lourd anneau de métal était scellé dans le sol.

Intéressant...

L'occupant de la cellule d'en face avait disparu dans la pénombre mais j'avais pu apercevoir sa blondeur. J'avais ouvert la bouche de surprise, puis secoué la tête et décidé de ne plus prêter attention à cet homme. Mon esprit complètement à l'Ouest me jouais des tours. A tel point que ces trois derniers mois, je ne m'étais pas rendu compte que je n'avais pas saigné une seule fois. Il faut dire que je me gavais tellement d'alcool et de substances qui me défonçaient plus qu'elles ne me faisait du bien que j'avais du provoquer dans mon corps certainement quelque chose comme une sorte de dérèglement hormonal.
Cela ne pouvait pas être autre chose, je n'avais pas grossi, je maigrissais à vue d'oeil. Et rien ne m'avait alerté sur ce qui aurait pu être et dont j'étais certaine que ce n'était pas.
Sauf qu'aujourd'hui, quand je me relevais, une grosse flaque de sang s'était écoulé. Je n'avais pourtant mal nulle part. Hormis ma mâchoire.
Pas la peine de paniquer, sans doute qu'il s'agissait simplement d'une réaction naturelle à mon sevrage depuis les semaines que j'étais enfermé. Mon esprit libéré laissait sans doute mon corps faire son oeuvre naturelle.
C'est tout du moins ainsi que j'interprétais les choses.

Un profond silence régnait et pendant un moment, j'eus l'impression d'entendre le clapotis de la rivière au loin. Le froid me saisissait peu à peu. L'odeur nauséabonde qui flottait dans l'air m'écoeurait et l'humidité rendait mes vêtements poisseux.

Soudain j'entendis un nouveau bruit. Comme si l'on fermait une porte, et je m'écartai de la grille. Je me massais nerveusement la mâchoire, la douleur était toujours là. Les gardes venaient sans doute m'apporter de quoi manger. Adossé au mur , je ferme les yeux et je soupire. Dire qu'il y a quelques mois encore, je pensais que si l'on désirait quelque chose de suffisamment fort, on finissait par l'obtenir. Quelle idiote j'avais été !

Un nouveau son résonna dans le couloir, suivi par des bruits de pas. Quelqu'un approchait. J'attendais nerveuse. Et peu après le verrou fut tiré. La battant s'ouvrit en grinçant et un garde apparut, portant une cruche et un morceau de pain.


- Voici ta ration. On m'a chargé de te dire que tu seras libérée demain. Et comme il parait que c'est par erreur qu'on t' a emprisonnée, tu vas même avoir droit, veinarde, à un dédommagement ! L'est y pas belle la vie ! Tu vas ressortir du trou plus riche que tu n'y es rentré !

Je me lève pour prendre la cruche.

" - J'ai hâte de voir ça."

Et je réprime un haut le coeur quand une odeur âcre de bière éventée me monte au nez.

- T'plains pas, on t'a emmené d'la compagnie en face !

Le regard insolent du garde se posait sur moi, accompagné d'un sourire satisfait. La porte grinça en se refermant. Je me fichais pas mal d'avoir un voisin de cellule à cet instant précis.
Et c'est qu'une fois le silence revenu que j'ai cru halluciner en reconnaissant une voix bien connue.

Putain de toi…

Oh Bordello, mancava più di lui.


Bordel. Ne manquait plus que lui.
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Alaynna
[Le temps passe et s'écoule.]


Une année est passée quasiment jour pour jour et c'est une période que je ne peux pas oublier. Puisque l'année dernière à la même époque je me suis retrouvée enfermée dans une cellule. Que j'ai cru halluciner lorsque j'ai reconnu SA voix, parce que oui je reste persuadée qu'il s'agissait bien de lui, ce Salaud qui avait préféré vivre avec sa Morte, qu'avec moi. Et puis il y a un an que dans cette cellule, j'étais devenue meurtrière enfanticide de l'enfant du Corleone, que j'avais perdu dans des tourments de sang. J'avais fini par le lui avouer, dans un courrier que je lui avais adressé sans même savoir s'il le recevrait ou bien si je recevrais réponse. Et la réponse m'était parvenue. Surprenante, parce que je ne m'y attendais pas.

Un autre blond, Danois celui-là, était venu me livrer le chiot que j'avais commandé à sa mère mais là encore, dans mes purs moments de solitude, c'est une autre tête blonde qui se faisait jour en mon esprit. Des yeux et un sourire railleur. Et cette empreinte toujours vivace de ce tout premier baiser octroyé et échangé. On oublie jamais son premier baiser. Et j'en fais l'expérience tous les jours depuis qu'il m'a abandonné pour sa Morte.
Je me souvenais de l'une de mes dernières lettres à Niallan - auxquelles il ne répondait pas d'ailleurs autrement que par un silence étourdissant -, dans laquelle je lui écrivais ne pas avoir la force de me battre contre une Morte. Il m'avait brisé le coeur en mille éclats. Je me souvenais encore des moindres mots de cette lettre qui m'avait transpercé de sa lame.

Les jours, les semaines et les mois qui avaient suivis avaient été éprouvants. J'étais tombée dans une déchéance dont je ne m'étais sortie que lorsqu'il était déjà trop tard. Le mal était fait, j'avais tué l'enfant, le Corleone que je portais, à coups de substances nauséabondes, de drogues et d'alcool. D'abord dévastée, je repris tout doucement le dessus et Apollo, mon magnifique Danois qui était devenu robuste et j'étais bien gardé avec lui. Il ne laissait personne s'approcher de trop près de moi. Mais je continuais de me sentir inerte et vide à l'intérieur. A tel point que j'aurai presque pu imaginer complètement notre rencontre.

Et en ce petit matin, je ne me souvenais pas avoir pris une quelconque décision et pourtant j'avais rassemblé toutes mes affaires et Apollo semblait avoir compris que nous partions pour une randonnée.
Mais cette fois, j'avais méthodiquement bouclé mes sacs et jetant un regard par la fenêtre, je vis que la journée promettait d'être belle. Le ciel était clair et dégagé, un bon présage peut-être. Apollo me regardait, déjà sur le qui vive, prêt à bondir dès que j'aurai ouvert la porte.

Cette fois, si les aléas du destin voulaient que l'on se croise de nouveau, je peux t'assurer Niallan, que ta Morte ne fera pas le poids face à celle que je suis devenue. Puis je frappais fermement des mains, annonçant le départ à Apollo qui se mit à bondir vers la porte.
En une année, le chiot était devenu un magnifique Danois et de par sa robustesse et sa taille, il était capable, au moindre ordre de ma part, de bondir et renverser les inopportuns.

Il était temps de prendre la route. D'instinct, je prenais la direction du Sud, c'était la destination la plus évidente pour l'Italienne que je suis.

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Alaynna
[Je me balade]


Depuis que j'avais fui la demeure paternelle honnie, il y a maintenant plusieurs années de ça pour me lancer à la recherche de mon frère, j'avais pris l'habitude d'errer un peu partout. Ainsi donc, j'avançais tranquillement sur les chemins en direction du Sud. Enfin pas tout à fait, à cause d'Apollo, j'avais décrit comme une boucle pour remonter un peu plus haut, mais je me fiais à l'instinct de mon Danois. Y'a pas à dire, il a du flair. Par contre, le stratagème que j'avais mis en place en désespoir de cause, pour mener à bien l'abrutie d'idée qui m'avait traversé l'esprit, je ne suis pas du tout certaine qu'il soit efficace.
Faut-il être idiote, complètement timbrée ou avoir un satané Salaud de blond dans la couenne pour aller faire renifler à Apollo les vélins que j'avais encore de Lui. Parce que oui je les ai tous gardé. Un espoir insensé mais surtout complètement fou et irraisonné comme quoi Apollo retrouverait la trace de Niallan. Et arrivé à Foix, alors que j'allais continuer tout droit, mon colosse de chien s'était lui résolument dirigé en direction du Centre, et non du Sud.
Et persuadée que mon Danois est le meilleur pisteur qui soit, je n'avais pas hésité à bifurquer pour prendre le chemin dans lequel il s'était engagé.

Le ciel était parsemé de nuages clairs troués d’espaces bleutés, une belle journée en soi. Et en fin de journée, je mettais les pieds, sous bonne garde, dans une auberge enfumée, joliment et fort à propos nommée ~~ La licorne fumante ~~. L'enseigne représentait une licorne rouge avec une pipe et des yeux psychédéliques. Tout pour me plaire, parce que je savais déjà que dans cet endroit je trouverai très certainement quelques babioles à emporter avec moi.

Je sais. J'avais promis de ne plus jamais y toucher. Je n'oublie pas que j'ai tué le mini-Corleone avec ces saloperies mais c'est plus fort que moi, il y a une tête blonde et des yeux d'un bleu inoubliable qui font la nique dans mon esprit et je ne les laisserai pas s'y immiscer davantage encore. Puis c'est juste pour quelques jours, je suis certaine que ça me passera vite.

Je me frayais un chemin dans une espèce de caveau étroit et enfumé, à travers la foule de clients, Apollo sur mes talons. Et croyez-moi, les regards vitreux et vicieux qui se posaient sur moi avaient vite fait de s'en détourner quand ils me voyaient en si bonne compagnie canine. Sans compter que mon regard lançait des éclairs non avenants et que le message exprimé n'était pas que subliminal. J'avais l'impression d'être un navire naviguant un jour de brouillard à couper au couteau.

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(1) le Rat.>>

Je l'appellais ainsi parce que ce petit bout de bonhomme d'une cinquantaine d'années, un peu dégarni, avec un air débonnaire et des poches sous ses yeux délavés ne m'inspirait rien d'autre que la face d'un rat.

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Autrement dit , bastardo (2), tu bouges, tu fais un geste malencontreux à mon égard et il te saute à la gorge jusqu'à en faire de la charpie. Mais le seul geste qu'il fit, fut de m'offrir une bière. Je la regardais, comme Apollo aurait fixé un hérisson. C'était joli toutes ces petites bulles. La dernière fois que j'en avais ingurgité, ou un breuvage s'y rapprochant, j'avais dansé la carmagnole debout sur une table. Quand j'attendais encore Niallan.

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Je vis quelques petits sachets, accompagnés de deux bouteilles, se glisser sur la table en direction de mes paumes de mains. Je m'empressais de payer l'homme et de rejoindre une autre auberge bien plus fréquentable dans laquelle j'étais descendue pour la nuit. Mon chien se glissa près de moi pendant que je bourrais ma pipe et descendait quelques godets. Un bail que je n'avais plus touché à ça, aussi le lendemain matin j'entrouvris un oeil hagard. Je ne savais plus où j'étais, ni l'heure ni quel jour nous étions. Du moins durant les quelques laps de temps qu'il me fallut pour réaliser ce qu'il en était en posant mon regard au dehors, sur l'emplacement du soleil. Je descendis du lit en titubant, surtout vaseuse et mal réveillée. Je n'avais plus l'habitude d'ingurgiter ces saloperies mais en ce moment, l'esprit du blond était de trop dans ma caboche et je me devais de remédier à ça. Et je ne connaissais qu'une seule méthode efficace pour l'avoir éprouvée l'année dernière.

Je m'aspergeais la tête d'eau froide et manquait de mourir étouffée à cause de la quinte de toux qui suivit. J'avais oublié les lendemains qui m'attendaient quand j'ingurgitais cette saleté. J'avais mal dormi cette nuit là et ce matin j'avais un mal de crâne fou mais j'étais fin prête à me remettre en route. Par contre maintenant, j'avais rarement été aussi excitée à l'idée que Apollo tenait peut-être la bonne piste.

Je n'avais pas grand chose à faire d'autre que d'avancer avec Apollo et à la tombée de la nuit, je traversais encore un village mais sans nous y arrêter et c'est finalement auprès d'un bon feu en pleine nature que je passais la nuit suivante. Mais cette fois je n'eus pas besoin d'employer des méthodes radicales pour trouver l'oubli. J'étais si fatiguée que je m'endormais comme une masse, faisant confiance à Apollo pour monter la garde.


1- Bonjour
2 - bâtard

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Alaynna
Et la ballade s'en continuait, je faisais confiance à mon danois qui semblait savoir exactement où il se dirigeait. Heureusement que j'étais la seule à savoir que j'étais en train de vadrouiller selon le bon vouloir et surtout le flair de mon adorable molosse. Apollo est impressionnant à le voir, c'est comme tous les chiens de sa race un bel et fougueux animal, qui en impose. Mais encore faut-il savoir que tant que l'on ne s'en prend pas à sa maîtresse, Apollo est en fait doux comme un agneau, et j'ai pu remarquer une chose, c'est qu'il adore s'amuser avec les enfants et se fait très protecteur envers eux. Un voile sombre passe sur mes yeux en y songeant, cela me rappelle inévitablement ce que j'ai perdu l'année dernière. Et Apollo est à ce jour ce que j'ai de plus cher. Hormis le souvenir d'un blond bien évidemment. C'est qu'il continue à me trotter dans le ciboulot et je me suis plusieurs fois éveillée en pleine nuit ces derniers jours, parce qu'il m'était apparu dans mes songes.
Je secouais la tête, impuissante en me disant que je devais vraiment être siphonnée pour encore penser à un homme qui m'avait menti, par la faute de qui j'avais tué mon mariage avec le Corleone, et il m'avait abandonné pour faire sa vie avec une morte. Rien que ça ! J'aurai du le haïr pour tout ce que j'ai enduré par sa faute. Je me suis même fâchée avec l'une de mes soeurs que je ne portais pas dans mon coeur de toute façon puisqu'elle est une tueuse de mère, en prenant la défense de Niallan. Par sa faute, j'ai sombré un temps dans l'alcool et les substances hallucinogènes pour l'oublier. Et j'avais encore besoin de ça quand le souvenir de Lui devenait bien trop vivace dans mon esprit. Oui mais voilà, c'est l'homme auprès duquel j'ai connu mes premiers baisers et émois amoureux. J'ai cru par la suite, alors que j'avais passé des mois à l'attendre et qu'il semblait avoir disparu, trouver une certaine forme d'amour auprès de Roman Corleone. Deux hommes totalement différents mais si similaires par quelques côtés. Mais il avait suffit d'une seule lettre de Niallan pour foutre mon mariage en l'air et pour que je me sente revivre comme jamais. Le Corleone a fait de moi une femme, mais je crois que Niallan lui, sans le savoir, a fait de moi bien plus que cela. La preuve en est que je suis assez folle pour laisser un chien tenter de le pister et de retrouver sa trace.

Je n'ai pas encore réfléchi à ce que je pourrais bien faire si par le plus merveilleux des hasards, Apollo me menait réellement à lui. Mes sentiments sont mitigés entre de la haine et ce sentiment étrange que je peux avoir dès que je suis en sa présence. Comme si la gravité nous attirait l'un à l'autre, comme si nos esprits ne faisaient plus qu'un, comme si nous avions besoin l'un de l'autre pour survivre, pour respirer. J'ai bien été forcé d'enfin accepter de reconnaitre qu'il me manque. Terriblement. Cette douleur dans ma poitrine, dans tout mon être, me le rappelle chaque jour, même si mon esprit tente lui de l'occulter de toutes ses forces. Mais sous l'effet des drogues et de l'alcool et encore c'est loin d'être le remède miracle. Peut-être n'y en a t'il pas après tout. Peut-être suis je condamnée à vivre ainsi, à ne plus jamais le revoir et à en souffrir jusqu'à la fin de mes jours et au-delà très certainement.

Un petit vent frais souleva une mèche et fit voleter les cheveux cuivrés qui s'échappaient de ma tresse. Au loin, devant moi, j'entendais sourdement les cloches d'une abbaye ou d'une église qui se mettaient à sonner tierce. Signe qu'après plusieurs jours passés en pleine campagne, j'approchais d'une zone civilisée. Ce qui n'était pas pour rassurer la sauvageonne que je suis devenu ces derniers mois. Les premières abeilles printanières bourdonnaient autour de quelques buissons et voletaient de fleur en fleur, ivre de nectar. Et moi je marchais d'un pas lent entre les arbres, m'arrêtant un instant pour cueillir une pomme, et je reprenais mon chemin.
Le fruit était mûr, à point, rouge et lisse, chaud des premiers rayons printaniers. J'en croquais deux bouchées juteuses, avant de lancer le plus gros morceau à mon danois qui n'attendait que ça, friand qu'il est de ce fruit. De nouveau, le son des cloches attira mon attention et je dépliais un vélin, porteur de carte, agenouillée au sol, je tentais de nous situer. Etant partie de Pau en direction du Sud et ayant finalement bifurqué pour remonter vers le centre, j'étais donc en train de traverser l'Auvergne et je grimaçais légèrement, parce que c'est vers la mer que je voulais aller et non me perdre dans les terres et les montagnes.


"- Apollo. Je suis curieuse de savoir jusqu'où tu comptes nous mener ainsi."

Je ne pouvais m'empêcher de me bercer d'illusions en espérant que mon molosse retrouve une trace pourtant quasi impossible à remonter. Hormis le fait de me dire qu'il devait être avec sa morte, je ne pouvais m'empêcher de garder un minimum d'espoir. Comme si quelque chose de profond en moi, savait que quelque chose avait toujours sonné faux dans sa dernière missive qui remontait à plus d'une année maintenant.

Pointant un bout d'index au travers de ma carte, je regarde mon molosse qui me lance de grands signes de tête comme pour me dire qu'il faut continuer notre route.

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Alaynna
[
Don't you miss yourself
I know you used to change
It always ends
And you keep on running backwards
Keep on chasing your own deamons so don't waste another hour
At the end
Disarm yourself
Release that fear
Disarm yourself
And hold me near
]


Rodez.

Apollo et moi étions arrivés au petit matin. Je ne savais pas vraiment ce que je faisais là, puisque Apollo était le meneur de notre expédition. Oui je me laissais guider par mon danois dans l'espoir de retrouver la trace du Salaud qui hantait mes jours et mes nuits.

Je suis folle. Réellement, la folie a du finir par me tomber dessus.

Je passais ma journée à visiter les lieux qui ne me semblaient pas très animés et je finis par entrer dans une taverne déserte. Je m'étais assoupie sous la bonne garde d'Apollo lorsque mon sommeil fut brutalement interrompu par un homme qui parlait une langue que je connaissais bien. Ces consonnances chaudes et rauques de mon Italie maternelle ne pouvaient échapper à mes esgourdes. Je me trouvais face à un italien. Je n'ai pas vraiment prêté attention lorsqu'il m'a dit que mes azurées étaient froides mais belles. Pas beaucoup plus non plus lorsqu'apprenant que j'avais été mariée fugacement à un Corleone, il poussait des hauts cris, m'assurant que cette famille n'était qu'une famille d'hypocrites, m'assurant qu'ils étaient barons en Italie et brigands en France. Et quand machinalement je demandais à cet homme s'il les connaissait il me répondit que non il ne les avait jamais rencontré.
Certes, Roman et moi avions connus une idylle qui s'était terminée en queue de poisson, essentiellement par le retour subit de Niallan dans ma vie d'alors. Mais cela ne méritait pas pour autant qu'un inconnu crache sur une famille que je ne connaissais pas véritablement autrement que par ce que Roman m'en avait dit. Et mon sang n'avait fait qu'un tour. Après tout ils étaient italiens eux aussi tout comme moi. Et mammà me disait toujours qu'il ne faut pas juger sans savoir. Jamais.
Je décidais donc que cet homme ne me plaisait absolument pas. Aussi lorsqu'il me propose de partir avec lui, je sens mes mâchoires se contracter et la colère prendre le dessus. Il faut avouer que je suis particulièrement irritable avec les inconnus depuis quelques temps. Et à la vue de mon air revêche, il ajoute en riant qu'il ne me demande pas de l'épouser, mais qu'il veut m'emmener chez lui en Italie.

Alors là, toute Madone que je sois, je lui ai carrément demandé s'il avait vu la Vierge, parce qu'il était hors de question que je suive un inconnu. Italien de surcroît. Et de rajouter à son oreille, et là je crois qu'il m'a vraiment prise pour une folle, que je ne suivais que les Salauds. Sur ces entrefaites, il est parti manger.

Et je comptais bien reprendre mon somme, lorsque la porte s'est de nouveau ouverte. Pensant qu'il s'agissait encore de l'italien, je n'ai pas ouvert un oeil ni bougé d'un iota mais quand j'ai entendu une voix inoubliable me demander ce que je foutais là, j'ai cru que la terre s'arrêtait subitement de tourner et que j'allais exploser en mille éclats.
Je regardais, me croyant en train de rêver, Apollo s'approcher de Niallan, en jappant l'air de me dire, tu vois je l'ai retrouvé. Et moi pauvre idiote, tout ce que je trouvais à faire, c'était de détailler le blond qui se trouvait dans la même pièce que moi, le souffle court, la bouche incapable d'émettre le moindre son, à tel point qu'il a fini par me demander si quelqu'un d'autre s'était emparé de ma langue qu'il m'avait rendu à Pau. Ouai, il faisait sans aucun doute allusion à la petite discussion intime que nous avions eu sur Pau, l'année passée.

Je crois que je n'ai rien vu de la soirée passer. Tout ce que je voyais c'était Lui. Et je ne cessais de me demander si tout cela n'était pas le fait de mon imagination. De fil en aiguille, nous avons fini par nous raconter ou plutôt, survoler ce que nous avions fait de nos vies durant cette année passée loin l'un de l'autre. Et Niallan avait fini par se rapprocher de moi, je pouvais sentir son odeur et sa chaleur, imprégner tout mon être. C'est ainsi que j'appris que sa Morte n'était pas morte, mais qu'ils étaient séparés. Mais que néanmoins il avait deux petites filles avec elle et qu'il partait les chercher.

De nouveau, je crus que la terre s'effondrait tout autour de moi parce qu'une horrible pensée me vînt alors à l'esprit. Et s'il m'avait menti en me disant qu'elle était morte alors qu'il savait qu'il n'en était rien ? Mais au fur et à mesure de mes questionnements, c'était comme s'il lisait en moi, parce qu'il m'apportait les réponses sans que je n'ai rien à demander.
Je ne me sentais pas plus rassurée pour autant. Et puis, il a voulu savoir si j'avais revu le Corleone. Je commençais par lui demander ce que ça pouvait bien lui faire que je l'ai revu ou pas puis je lui ai raconté que non, je n'avais pas revu Roman depuis qu'il m'avait balancé son alliance sur la table de la taverne à Pau. Mais je lui ai aussi avoué que j'avais perdu l'enfant que je portais lors de mon séjour en prison, et que j'avais jugé plus correct d'en informer Roman par une missive. Et je lui avouais aussi avoir écrit, sur les conseils de Roman, à son propre père, Amalio Corleone. C'est ainsi que j'appris que son père avait tout d'abord eu le projet de me tuer mais je suppose qu'il avait du changer d'avis puisque je n'avais plus de nouvelles ni de l'un, ni de l'autre.

Et nous avons continués de nous épancher l'un et l'autre sur nos vies respectives. Je lui parlais de la promesse que j'avais faite à ma mère, celle de faire ma vie avec un Salaud. Et là il m'a demandé si je savais réellement ce qu'était un salaud, parce que lui en était un. Je lui ai donc expliqué ce que mammà m 'avait dit à leur sujet et il a fini par me dire que ma mère n'avait pas vraiment tort. Ce qui m'a tranquillisé.
Nallian m'a expliqué pourquoi cela ne pouvait plus marcher avec sa Morte. Oh bien sûr, il a connu le bonheur avec elle et je m'en réjouissais pour lui. C'est vrai que de sa Morte, il m'en avait déjà beaucoup parlé. Et moi ça ne me dérangeait pas, puisqu'elle était morte. Mais là, c'est bien d'une vivante dont il me parlait et qui plus est lui avait donné récemment deux petites filles. Il m'a dit qu'elles étaient magnifiques et minuscules. Et là encore j'étais heureuse pour lui. Et quand je lui ai demandé s'il comptait retourner vivre avec , alors là il m'a objecté un non catégorique. Et quand il m'a dit qu'il voulait simplement redevenir lui-même, sans qu'on lui demande de changer, et qu'il a ajouté qu'il n'était pas mauvais et que je le savais, mon sang n'a fait qu'un tour. C'était comme si cet homme se mettait à nu devant moi. J'étais encore sur la défensive, mais je lui expliquais qu'on ne change pas un salaud, on apprend simplement à vivre avec. Je lui ai simplement dit que je voulais que l'on s'apprenne lui et moi. Je m'en fous des promesses. Je ne lui demande rien. Je ne veux pas de déclaration. Je veux juste ne plus être séparée de lui. Et lorsque j'ai enfin accepté de le suivre, j'ai cru percevoir comme du soulagement dans son regard. Comme s'il avait vraiment eu peur que je ne change d'avis.
Pour toi Niallan, j'irai au bout du monde. Bien sûr que ça je me suis bien gardé de lui en faire part. Où ça m'a échappé. Je ne sais plus trop. Cette soirée m'a perturbé bien plus que je ne veux l'admettre.

Et ce non, est venu débloquer en moi une porte qui était close depuis une année et dont j'avais perdu la clef. Nous avons aussi parlé de son amie d'enfance Kachina et quand il m'a demandé s'il m'en avait parlé j'ai opiné du chef tout en lui expliquant que j'avais connu brièvement une Kachina à Pau, et je lui parlais de l'invitation reçue dans cette auberge pour la rédaction d'un article pour un journal. Et là il me dit qu'il n'y avait qu'une seule Kachina et que ça devait être forcément elle.

Je crois que j'aurai pu l'écouter parler durant des heures. Même si mes sentiments ne sont qu'un imbroglio de haine et d'émotions que je n'arrive pas à définir. Et puis. J'ai encore cru que la terre s'arrêtait de tourner, lorsqu'il m'a demandé si je voulais bien le suivre.
Et c'est à ce moment là que j'ai vécu ce que je pensais ne plus jamais vivre. Et bordel. Qu'est ce que c'était bon. Ce baiser affamé et passionné échangé. Qui promettait certainement mille et une autres merveilles. Il m'avait bien fait comprendre que j'avais des leçons à rattrapper. Et encore une fois la terre qui s'arrête de tourner.

Et moi qui voulait aller m'installer dans le Sud, j'ai cru de nouveau que je rêvais lorsqu'il m'a dit que c'était dans le Sud que nous allions aller. Je lui ai parlé de la mer que j'adore plus que de raison, de ce mas que je veux m'acheter au milieu d'une plantation d'oliviers et des chevaux sauvages. La plantation lui plaisait bien, la mer j'ai bien compris qu'il partage cette même passion avec moi, quand aux chevaux, c'est pas son truc. Mais je m'en moque. Il m'a ensuite dit qu'il en avait emprunté pour le voyage mais que la prochaine fois je pourrai les choisir.

Quand je suis sortie de la taverne avec Apollo, je ne cessais de me pincer pour être certaine que je n'avais pas halluciné, et que je venais bien de retrouver celui qui était autant ma déraison que ma raison de vivre.
La terre peut bien s'arrêter de tourner désormais. Nous nous sommes retrouvés. Peu m'importe les promesses, peu m'importe les conneries, peu m'importe qu'il soit le pire Salaud de la terre, parce que je sais qu'il est le Salaud de ma vie. Auprès de lui je me sentais renaître. Redevenir Moi tout comme il souhaitait redevenir Lui.

Alors j'ai décidé de prendre ce qu'il a à m'offrir. Sans rien exiger ou demander en retour.


*Ne me manque pas, je sais que tu as l'habitude de changer, c'est toujours ainsi.Continue à poursuivre tes propres démons, ne gaspillepas une heure de plus, sors de cette crainte et reste près de moi.*
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