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[RP] Confutatis maledictis ...

Gabriel.louis
... flammis acribus addictis, voca me cu.m benedictis.

                        Confutatis - W. A. Mozart


« Lorsque le ciel se teintera des dernières lueurs du jour, prends la sortie nord de la ville, et poursuis droit devant toi sans t’arrêter, tu finiras par me trouver. »*

La citée rempart Sarladaise était bordée de champs, de divers vergers, ainsi que de zones boisées peu, voire pas exploitées avant les abords de Périgueux, et aussi denses que les bâtiments cernant ses ruelles étroites. En sa sortie Nord, la route principale marquait sa déviation vers l’ouest par la présence d’un sentier, comme creusé au cœur d’une voûte forestière. S’y conjuguaient entre autres châtaigniers, frênes, ormes, d’épais buissons étouffant leurs racines au fil des âges. M’extrayant enfin à ceux-là, des vignobles au terme de leur inflorescence s’étiraient de part et d’autre, se préparant à leur floraison nouvelle.

Poursuivant toujours sans dévier de ma direction, je finis par découvrir, sur ma gauche, l’endroit que quelques gamins interrogés ce matin-là, comme notre groupe était en quête de Fanny, m’avaient décrit en portant dans le regard toute la terreur enfantine que leurs parents leur avaient inculquée. La « Colline du Sans-Nom » fut contée par l’un comme ayant été en proie aux flammes d’un dragon, quand l’autre rétorquait que la vieille tour avait été détruite par les hommes pour y avoir hébergé des sorcières. Le troisième, lui, était convaincu qu’un ancien Roy maudit avait péri par la main de Dieu lui-même, que son corps n’aurait jamais été retrouvé parmi les décombres, et qu’il hanterait toujours les lieux.

J’observai ses flancs broussailleux clairsemés d’arbustes et les ronces encombrant les restes de ce qui semblait être un chemin menant à son sommet. Bien mal avisé qui aurait tenté de s’y engager sans être au moins muni d’un bâton pour s’y offrir une voie praticable. Assurément, personne n’était venu ici depuis longtemps, nous y serions tranquilles. Et en un seul coup d’œil sur les hauteurs, je fus soulagé en trouvant confirmation que l’endroit était propice à l’ouvrage qui m’attendait.

Après avoir attaché ma monture au pied d’un chêne, je déliai les sacoches en cuir de la selle pour me les passer à l’épaule avant d’entamer mon ascension, m’aidant de mon épée pour me frayer un chemin. La colline était surplombée par les ruines circulaires de la tour dont il ne restait qu’une base inégale, haute de deux à trois rangées de pierres, tout au plus, ainsi que quelques pavés épars de ce qui devait auparavant recouvrir le sol.

La nature avait partiellement reconquis ses droits sur le fruit de l’homme. Ainsi, hormis quelques buissons, s’y était implanté un trio de bouleaux qui se dressaient avec insolence tels trois doigts inquisiteurs pointant le ciel. J’étais fasciné comme je leur attribuais l’effronterie de s’être érigés là pour accuser l’homme de s’être inventé un Tout-Puissant Créateur pour se dédouaner de leurs actes, donner un sens à leurs maux, et se rêver des paradis après trépas. Cela justifiait de la même façon que l’Homme leur ait détourné les yeux et leur ait octroyé l’image d’un lieu maudit, laissant ce cadre se perdre pour lui préférer les réconfortants volets derrière lesquels il s’endormait après la prière, avec la pieuse sensation d’être honnête.

J’entaillais rageusement deux des troncs, délimitant les phalanges de bois entre lesquelles viendraient bientôt se nouer les cordes détrempées qui avaient perdu une partie de leur eau au fond de leur contenant, pour mieux la laisser s’échouer, plus tôt, en de longues stries imbibant le dos de ma chemise. Il n’existait de fait pas plus de Dieu que de Diable ; ni Anges, ni Démons ; rien que des hommes à la nature viciée et perfide qui manipulaient, détruisaient, souillaient, torturaient et tuaient leurs congénères. Certains luttaient contre ce qu’ils étaient, d’autres préféraient se voiler la face, et les derniers s’adonnaient sans vergogne à l’ignominie de leurs passions. Je n’étais pas plus exempt qu’un autre, et j’en avais conscience, mais je me refusais autant que possible de m’y abandonner. Mais les notions de bien et de mal étaient bien trop vagues, trop divergentes d’un regard à l’autre. Alors je conduisais chacun de mes actes de sorte à ce qu’ils me paraissent juste.

Les quatre cordes ayant trouvé leur place, je m’évertuai à déloger les buissons de leur lien terrestre et les scindai pour les mélanger à quelques morceaux d’étoffe déchirée afin d’en border le pourtour intérieur des pierres. Les cieux m’étaient cléments, il ne pleuvait pas ce jour-là, et le seul liquide qui les aspergea fut l’alcool déversé par ma main.

Niallan. Après avoir planté une torche au flanc de la colline afin qu’elle lui soit visible de loin lorsque, bientôt, le jour toucherait à son terme, je battais de nouveau le briquet au silex pour allumer la seconde torche que je conservai en main. Enfin, le regard perdu sur l’immensité de la nature jonchant l’horizon, et disparaissant lentement, happée par les ténèbres nocturnes, je me concentrai sur la tâche à venir.

Lorsqu’il arriva enfin, j’étais accroupi, dos à lui, jouant distraitement à tracer des formes quelconques au sol, du bout d’une brindille. Je poursuivais de la sorte tout en m’adressant à lui d’une voix relativement basse afin de le pousser à s’avancer un peu plus jusqu’à ce que je sois certain qu’il se trouve bien avec moi au cœur des ruines.


Je connais bien les us de l’hygiène convenable. Lorsque j’appartenais aux nobles, c’est moi qui leur portais leur bassin d’eau pour la toilette. Le soir, ce sont les pieds avant d’entrer dans le lit, et le matin, les mains. Pourtant, il est bien connu que l’eau est impure. Elle a besoin du feu pour la bouillir et ainsi la défaire de son poison. Alors, évidemment …

J’approchai la torche pour enflammer le cercle qui s’embrasa dans un souffle pour nous faire prisonniers, puis me redressai lentement afin de lui faire face, les aciers froids en quête de la couleur de son âme au miroir de ses prunelles.

… je lui ai toujours préféré le feu.


*Extrait de la lettre de Gabriel à Niallan

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En cours de reconstruction.
Niallan
[Repenti 
J'ai trahi 

J'aurais bien pu casser des pierres 
Au pénitencier du Texas*]


Mais le Texas ça existe pas encore et on emploie uniquement le terme prison. Sans oublier que mon cher ami Gaby a décidé que casser des pierres, c'était trop simple.

Quand j'ai reçu sa missive, j'ai d'abord pensé à l'envoyer paître. Le « Je ne te laisserai pas les approcher tant que tu ne seras pas lavé de tes souillures. » suivi immédiatement du « Je ne te laisserai pas les salir après que tu te sois adonné à tes plaisirs crasses. » m'ont fait sérieusement tiquer. Comprenez bien que si je regrette d'avoir trompé ma ritale, toute la notion de souillure qui va avec me passe au-dessus. Ouais, c'est moche, ouais j'ai merdé. Mais c'est comme ça. A chaque fois que je fais une connerie, y'a deux solutions : le pardon ou l'abandon. Alaynna a choisi le pardon et moi, con de blond, j'attends qu'elle ait digéré, à peu près oublié. Ça aurait dû s'arrêter là, j'aurais dû dire à mon poto de se mêler de ses affaires.

Sauf que j'ai vu ce que ma trahison a fait. J'ai vu les blessures sur son visage, j'ai vu la douleur dans ses yeux. J'ai compris que même si elle me pardonnait, jamais elle n'oublierait. J'ai compris que je ne la perdrais pas mais que je la détruirais. Alors j'ai accepté de me purifier, même si je ne sais absolument pas comment le brun va procéder. Pour la première fois, j'ai eu envie de changer. Pour Elle, pour Eux. Parce que tout ce que je veux, c'est les rendre heureux autant qu'ils me rendent heureux. Je veux nous offrir cette vie exempte de souffrances, quitte à faire une escapade sur la colline du Sans-Nom. Par contre, il faut avouer que cette fameuse colline, j'y grimpe pas de gaieté de cœur. A l'écoute des différentes versions du passé de la colline, j'ai ri jaune. Et quand je suis arrivé devant l'enchevêtrement de broussailles, j'ai poussé un long soupir. Parce qu'évidemment, j'ai oublié de prendre mon super bâton de la mort qui tue et suis arrivé littéralement les mains dans les poches.

T'as une drôle de façon de m'aimer, toi, j'espère que tu le sais.

Que je marmonne en me prenant une énième branche dans la tronche. J'ai bien vu la torche, tout comme j'ai repéré le passage que mon purificateur s'est créé. Mais, même s'il y a un semblant de passage et d'indication, le chemin pour le rejoindre n'en est pas moins ardu. Alors je peste, maudissant les divers obstacles feuillus qui se dressent sur mon passage. Et plus je grimpe, plus je flippe. Parce que je me souviens d'avoir vu mon pote jouer avec les flammes et moi, le feu, j'aime pas ça. Pas du tout même. Du coup, quand j'arrive, je suis rassuré par l'absence de gigantesque bûcher, tant est si bien que je prépare une vanne sur le fantôme du roi. Vanne que je remballe direct quand le brun se met à causer. Sans me regarder, d'une voix basse, comme si la situation était pas assez flippante comme ça.

Après une déglutition difficile, je poursuis ma marche jusqu'à lui, analysant son petit monologue sur son passé. Ôtant une brindille de mes tifs, j'allais lui répondre que l'eau n'est pas nécessairement impure, y'a qu'à voir toutes les simagrées autour de l'eau bénite. Mais il a dit un truc qui m'a coupé direct. Encore plus radicalement que pour ma vanne sur le roi. Il a commencé à parler de feu. Je me suis raidi, calculant la distance qui me séparait de la forêt. Au évidemment, je tournais les talons.

Oh putain ! Merde, tu fous quoi là ?

Sauvant in extremis mes pieds d'une carbonisation en bonne et due forme, je me tourne vers Gabriel, le cœur battant. Dents serrées, je le regarde un bon moment. Il y a quelques chose dans ses yeux qui me hérisse les poils. Reculant d'un pas, je secoue la tête. Non, décidément, j'aime pas ça. Le feu m'a toujours fait flipper. J'aime jouer avec le feu seulement au sens figuré, la pyromanie et ses déclinaisons me bottera jamais. Je me souviens de ces tarés qui voulaient brûler Fleur, ma propre femme. Je me souviens de l'Anjou et du débarquement de l'Inquisition. Je me souviens de Catherine. Alors je recule encore un peu, le regard fou.

Dis, donc, t'es joueur. Tu te souviens que j'ai failli vous tuer, Kachi et toi quand j'ai cru que vous veniez pour me brûler ?

J'esquisse un sourire forcé, cette tirade-là j'ai eu du mal à la sortir. Je suis pas serein et ça se voit. Pourtant, je reste. Foutue curiosité, foutue culpabilité.

Alors, ça consiste en quoi ? On saute par-dessus les flammes comme les amoureux de la Saint-Jean ?


*Renan Luce - Repenti

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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Gabriel.louis

Il avait reculé, tel un animal acculé par un rideau de feu. La peur, la lire dans son regard, dans ses gestes. J’aurais presque pu en sentir l’odeur, me délecter de sa saveur. Elle le rendait resplendissant, et le voile de flammes devant lequel il se tenait ne faisait que le sublimer. Il était venu, emmenant avec lui l’heure de sa repentance. J’étais grisé, peut-être déjà trop, et j’en avais conscience. Voilà pourquoi je remontai lentement mes manches, l’une après l’autre, lui restant attentif.

Les amoureux de quoi ? Surtout pas ! N’essaie pas de sauter par-dessus ces flammes là ou de les traverser. Tu te brûlerais et je ne pourrais rien pour t’en défaire.

Etait-ce l’inconscience qui l’avait mené jusqu’ici ? J’inclinai la tête en le scrutant toujours plus en profondeur. Non, ces mots qu'il m'avait écrit, sa réponse était celle du réel désir de repentir, et il ne fallait pas que la peur prenne le dessus sur la volonté qui avait guidé ses pas. Peut-être que me dégrisant et me nettoyant, il recouvrerait un peu d’assurance, réaliserait que le feu n’est pas l’ennemi. La torche pivota dans un geste coutumier pour couler depuis mon coude jusqu’au poignet, puis main et doigts y dansèrent à leur tour. Je secouai le bras avant d’entamer mon second passage qui me fit, cette fois, serrer les mâchoires et froncer les sourcils.
Si la première fois ne faisait qu’échauffer les chairs, la seconde relevait de la torture. Le derme rougissait, et il fallait suffisamment de maîtrise pour savoir déceler le moment exact où le derme ne serait que rougi sans pour autant que ne se fondent des marques indélébiles ou ne se forment des cloques. Finalement, je redressai la paume en agitant les rampes face à lui. Mon corps sec trahissait la crispation de mes muscles et la façon dont mes veines ressortaient sous la douleur encore présente, mais mon expression, elle, était redevenue impassible, sereine.


Tu vois ? Je sais parfaitement ce que je fais. Et puis…

La torche changea de main comme je passais à l’autre bras.

…tu devais bien te douter en venant ici que ça ne serait pas une partie de plaisir et que je n’allais pas t’attendre avec un baquet et de l’eau tiède pour te frotter le dos.

J’allais ajouter que s’il avait douté de moi, il aurait tout aussi bien pu se prémunir en ramenant un chandelier spécial anti-inquisition. Mais le fin sourire amusé qui s’était dessiné au bord de mes lèvres s’effaça rapidement pour laisser place à des spasmes tandis que j’approchais bientôt du terme de la peine que je m’infligeais.
Pour son malheur, malgré tous mes efforts afin d'y parvenir pour lui, je n’étais pas habitué à rassurer ceux que je voulais purifier. J’étais plutôt du genre, pendant l’exercice de mon art, à m’abandonner à la folie et à pousser la terreur jusqu’à son summum pour m’en repaître. Hormis lorsque j’œuvrais sur mon propre corps, il était d’ailleurs le premier à qui j’allais offrir une purification de bienveillance. Mais il n’était pas de ceux qui abusent de leurs congénères ou font souffrir des enfants. Le seul vice dont il était coupable était l’adultère, et puis, c’était mon Poto. Je n’allais tout de même pas l’écorcher vif, l’émasculer, puis l’incinérer, lui. Il aurait vraiment fallu que je sois un monstre pour lui faire ça. Non, cette fois, il n’était pas question que je me laisse aller à exulter en le torturant. D’ailleurs, je le lui fis savoir.


Tu sais, je ne vais pas prendre plaisir à la tâche.

J’aurais peut-être eu mieux fait au moment de prononcer ces mots, de détourner le regard pour éviter qu’il puisse y entrevoir leur parfait contraire. Pourtant, j’avais la réelle volonté de me convaincre que je n’allais absolument pas aimer ça. Mais le crépitement des flammes, leur somptueux ballet, leur parfum, j'étais enivré, le cœur battant et l'esprit aussi enjoué que celui d'un enfant pressé d'obtenir un présent longuement attendu. Mon arme enflammée pointa les arbres auxquels pendaient les cordages préalablement installés, avant que je ne m’avance vers eux.

Si tu le souhaites, je peux t’attacher pour ne pas risquer de te brûler si jamais tu viens à avoir un mauvais mouvement sous la douleur… Parce que je ne te cache pas que ça risque de te faire un peu mal.

L’épaule appuyée à l’un des troncs, je me grattai la joue, visiblement perplexe.

Je doute que tu sois en mesure de contrôler à ce point tes réflexes, surtout que tu n’as pas l’habitude. Vraiment, ça m’embêterait de te marquer la peau par inadvertance. Je préfère de loin faire un travail propre.

Si je lui avais laissé le choix, il fallait qu’il comprenne quelle était en réalité la meilleure option, la seule à pouvoir lui épargner de lourdes déconvenues. Aussi, je tendis une main franche dans sa direction, le regard empli de gravité, car lorsque la sienne viendrait s’y glisser, son sort serait définitivement scellé.

Déshabille-toi, et décide-toi vite.
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En cours de reconstruction.
Niallan
[Peut-être que je devrais crier à l'aide*]

C'est ce que ferait toute personne normalement constituée. Alors il faut croire que je suis bizarre. Rouquie des plaines glacées dit que c'est bien d'être bizarre. Tout ce que je sais c'est que si ça conduit à la crémation prématurée, c'est pas bien. Et pourtant, autant je réagis normalement en étant passablement rassuré quand il m'apprend que je vais pas jouer à saute-flammes, autant on pourrait m'envoyer à l'asile au regard de mes réactions suivantes. Ça commençait normalement. Quand il s'est lancé dans une démo, j'ai écarquillé les yeux, j'ai eu des frissons partout et ma gorge s'est nouée. C'est après que ça a dérapé. Alors que j'aurais dû brailler comme un taré en priant pour que la colline du Sans-Nom regorge d'aventuriers intrépides, je suis resté muet. Et j'ai pas bougé. J'ai pas tendu le bras pour l'empêcher de se faire du mal, j'ai pas essayé de me carapater. J'ai serré les dents et j'ai regardé.

Ensuite, je l'ai laissé causer. Au « je sais parfaitement ce que je fais », je lève l'index parce que j'ai une réflexion vachement pertinente à lui transmettre. Tu sais pas ce que tu fais, t'es taré. Une réflexion en rimes, en plus. Et pourtant ce chef-d’œuvre de bon sens restera dans ma caboche parce que mon instinct de survie me pousse à éviter de titiller le psychopathe qui sommeille en mon poto. Par contre celle que j'arrive pas à retenir après un rire jaune c'est celle-ci :

Oh tu sais, le baquet d'eau tiède, j'aurais pas dit non. Je t'aurais même laissé me frotter le dos avec un gant tout rêche et...

Oui, bon, tais-toi. Écoute le monsieur. Pour une fois, j'ai du mal à faire le fanfaron jusqu'au bout, la moindre parcelle de mon être me beugle qu'il faut que je la boucle. C'est pas le moment de jouer au con, c'est celui de bien écouter et de faire ce qu'on me demande. Sans oublier de faire comme si j'avais pas capté que malgré ses dires il va prendre plaisir à la tâche. Il faudrait que je choisisse un tout petit mieux mes potos, moi. Parce que normalement, quand un ami dit à l'autre qu'il va lui cramer la couenne -d'ailleurs ça, ça n'arrive pas normalement- il n'y a pas de lueur atrocement flippante dans ses yeux. Je hausse les épaules et là encore, je ne réponds rien.

Quand il se met à parler de m'attacher, je déglutis difficilement. Attaché pour des parties de jambes en l'air, je dis pas non. Attaché pour me faire dorer le lard, je dis que ça me rappelle les tortures de Catherine. Et je dis non. Sauf que ce non, je le dis encore dans ma tête. Alors que dans le même temps mes yeux se lèvent sur les cordages et mes jambes s'avancent vers le purificateur. J'essaye de me convaincre que je fais tout ça pour changer et seulement pour ça. Et c'est presque totalement vrai. Y'a juste un autre petit truc que je m'avouerai jamais : je suis curieux. Trop. Je veux voir ce que ça fait, je veux comprendre ce qui pousse Gaby à continuer. Ce qui a poussé Alaynna à le faire. Alors j'acquiesce et tente un sourire qui se transforme en rictus.

D'accord, on va faire ça à ta manière. Par contre, ne sois pas blessé par les insultes que je risque de te balancer. Surtout que j'ai pas l'habitude de douiller sans gueuler. Vraiment, ça m'embêterait qu'on prenne l'habitude de se lancer d'autres noms d'oiseau que chouette. Je préfère de loin une bonne partie de flammes contre insultes.

Là, j'arrive à sourire sans que ça se transforme en grimace et je fixe la main tendue. J'arque un sourcil mais me prépare à y glisser ma main. Et c'est là qu'il dit un truc vachement chiant. Voyez, c'est le genre d'ordre qu'on sait jamais vraiment comment suivre. Déshabille-toi. No problemo. Mais jusqu'où ? Je tombe juste ma chemise ou je me mets à poil ? C'est comme quand on va chez le médecin, ça. Les rares fois où j'ai dû y aller, j'ai jamais su comment interpréter l'ordre. Alors je demandais. Là, quand même, faut avouer que ça gâcherait un peu la scène. Ça casserait le truc. Je me sentirais con en y repensant. J'enlève mes braies, gardant mon caleçon. Je fais tomber ma chemise, dévoilant mes diverses marques plus ou moins voulues. Et, enfin, je glisse ma main dans la sienne, dents serrées.

Allons donc imiter l'Inquisition -dans une moindre mesure-, je suis prêt.

Ou du moins autant qu'on peut l'être dans cette situation.


*Traduction paroles Awolnation - Sail

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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Gabriel.louis

Mes doigts se refermèrent doucement sur la main masculine. Loin de connaître la pitié, je n’en éprouvais pas moins une forme de compassion pour autant. Tout du moins, je comprenais la difficulté de sa démarche, et la force -ou la folie- qu’il lui fallait pour ne pas fuir et choisir d’affronter son destin et sa rédemption. Le premier lien cerna son poignet et je nouai avec précaution la corde humide avant de serrer un peu plus brutalement pour être certain de sa bonne tenue. Alors que mes rampes coulaient d’un bras à l’autre pour attacher la sénestre, je ne pus m’empêcher de m’émouvoir à sa vue. Il revêtait l’aspect des esclaves sur les marchés, torse nu, ne portant plus rien d’autre que le minimum servant à protéger sa pudeur, et les cicatrices que mes aciers soulignaient. Portant en son regard les mêmes expressions, à l’instar de celui qui part à l’abattage, il arborait désormais la posture de Christos, prêt à souffrir sa passion.

Accroupi, je procédai de même pour chaque cheville, les entravant méthodiquement l’une après l’autre. Alors que tout était immobile et silencieux, un vent venu de la mer se mit a souffler, rasant le sol et remontant la colline, faisant s’agiter les flammes qui la cernaient, les étirant vers le haut, et les attisant subitement. Pourtant, le Marin épargnait le sommet, préférant s’élever en volute et secouer les arbres qui le coiffaient. Soudain, au milieu du bruissement familier des feuilles, s’éleva une plainte aiguë, un gémissement à glacer les os, tantôt longue et soupirante, tantôt brève et vrillante, qui se répercutait dans les environs et se répétait à distance. Pourtant, au sol, rien ne bougeait, si ce n’était les flammes qui semblaient de plus en plus grandes et proches. Seule une chaleur accrue et une humidité poisseuse trahissait ce vent sournois qui s’amplifiait puis retombait pour mieux repartir.

Je me redressai finalement au coeur de cette danse lascive et me détendis la nuque avant de m’éloigner silencieusement de quelques pas pour sortir mon nécessaire de barbier et en extraire ma lame. M’en revenant vers Niallan, mon regard restait captivé par les reflets enflammés sur le métal qui semblait alors recouvert d’or liquide.

Peut-être que si je ne m’étais pas laissé distraire par cette image, j’aurais songé à lui expliquer ce que je m’apprêtais à faire et pourquoi. Mais j’étais déjà bien trop concentré sur ma tâche. Je n’entendais plus rien et mon esprit était entièrement accaparé par la mission que je m’étais donnée.


Evite de trop t’agiter.

Ce furent là les seuls mots que je prononçai avant de me murer dans un profond silence et de laisser courir la lame à la peau de son torse. Ici, il ne s’agissait pas de tailler une simple barbe, mais de faire épouser le rasoir à l’intégralité d’un corps pour le défaire de sa pilosité. Mes gestes alternaient entre métal et linge sec. Ce fut d’abord le buste, jusqu’au pli de l’aine, puis les bras, les aisselles, et finalement les jambes. Je restais parfaitement calme, m’exécutant avec délicatesse et prévenance, éloignant le métal à chaque mouvement, qu’il fut tremblement, crispation ou soubresaut. Si je faisais fi du bien-être de son esprit, je portais une infinie attention à celui de ses chairs avec toute la profondeur du respect que je lui vouais. Tous les sons autour de moi, quels qu’ils furent, fusionnaient pour ne plus former qu’une symphonie qui résonnait dans ma tête, me grisait, et l’organe de vie en battait la mesure.

Une fois fait, je me redressai pour lui faire face. Le regard plongé au sien, je glissai paternellement une main à sa joue en lui offrant un sourire miséricordieux.


D’avance, je t’absous de toute injure que tu prononceras et n’en retiendrai aucune, je t’en fais le serment. Mais toi aussi, il va te falloir me pardonner ça.

Subitement, mes doigts quittèrent son visage pour étirer son dessous que je tranchai sans égard afin de l’en défaire, bien que chacun de mes assauts fut suffisamment précis pour ne pas le blesser. Désormais plus impassible à tout que jamais, j’affichai une légère moue, comme pour me montrer contrit de devoir raser également les pourtours de sa virilité. Un jour, peut-être, comprendrait-il que là aussi, j’agissais pour son bien.

Il avait peut-être hurlé ou tenté de se débattre, je n’en saurais jamais rien. Cela faisait bien trop longtemps que j’étais profondément enfoui dans un état second et que tout n’était plus que musique.

Au terme de mon ouvrage, j’avais épargné sa barbe qui avait été humidifiée, à l’instar de sa chevelure que j’avais lié pour plus de prudence. Puis je me saisis de la torche précédemment plantée dans le sol et la ravivai. Dénué de toute expression, hormis mon regard qui commençait à s’embuer, je m’approchai à nouveau.


Nous y sommes. Courage.
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En cours de reconstruction.
Niallan
Allumer le feu. Non, je déconne.
On est plus sur quelque chose comme
ça.

Je crois que je pourrai pas mettre de mots sur ce que je vis maintenant, même si je le voulais. J'ai des frissons, je tremble. Et pourtant, j'arrive pas à dire si je flippe ou si je me sens bien. Je loupe rien des gestes du poto et le laisse attacher mes mains, mes jambes et même mes cheveux sans sourciller. J'ai confiance. Certes, le vent a pas choisi son jour pour nous jouer les Hauts de Hurlevent et les flammes pourraient sagement rester à leur place mais j'ai confiance. Il m'aime comme je l'aime. Comme un ami, comme un frère parfois. J'esquisse un sourire en le voyant s'éloigner de quelques pas, peut-être qu'il est parti chercher un truc pour que je sente un peu moins la douleur. Un petit truc à fumer, pour que je comprenne vraiment son trip.

Alors autant vous dire que quand il se ramène avec sa lame, je déchante. Vous aviez bien vu la même chose que moi, non ? On se crame les bras à la torche et on en parle plus. Il aurait peut-être pu me parler des objets tranchants AVANT de me demander si je voulais être attaché. Ma réponse aurait pu être carrément différente parce que, d'un coup, j'ai une baisse de confiance. En lui. Et une hausse de confiance en ma capacité à me foutre dans la merde. Je cherche son regard sans le trouver, captivé qu'il est par son idée de me planter. Au « évite de trop t'agiter », j'ai le réflexe idiot de tirer sur les liens. Sauf qu'il connaît son boulot, le pépère et que j'ai beau tirer dans tous les sens, je suis toujours autant attaché. La lame approchant, je laisse échapper un gémissement.

Putain, tu fous quoi mon pote ?!

Mais le pote, il répond pas. Et la lame s'approche de plus en plus. Je ferme les yeux, n'ayant pas la franche envie de le voir me transformer en passoire. C'est en sentant le métal se poser sur ma peau dans une douceur que je n'aurais pas imaginé que je rouvre un œil. Il est en train de me raser le con ? Sourcils froncés, je m'apprête à lui demander pourquoi quand la réponse m'apparaît comme une évidence. C'est pour pas me griller les poils. Je suis trop intelligent comme gars, que je me dis. Et puis ensuite, je réfléchis à nouveau et me traite de profond demeuré. Parce que, moi, quand je l'ai vu se cramer seulement les bras, je me suis dit que ça irait. Sûr que ça va pas être une partie de plaisir et que je vais morfler. Mais le torse, les jambes ? Je serre les dents. J'aurais dû demander plus de précisions et là encore, AVANT qu'il ne m'attache. Maintenant c'est trop tard. Alors je déglutis et attends patiemment qu'il ait fini de m'enlever tous mes poils. Et quand il a fini, je le laisse docilement poser sa main sur ma joue. Je décoche même un demi-sourire, le seul que je peux me permettre en ces circonstances. On se pardonne tous les deux, c'est chouette.
Tous les deux ?

Ça ?

J'aurais sûrement préféré le clown psychopathe du futur, j'aurais pu gérer. Mais alors l'arrachage de calcif, je me mets à beugler. Non mais il fout quoi là ? Je tire sur les liens sans que ça perturbe monsieur. De toute façon, au bout de quelques secondes, je calcule que c'est peut-être pas prudent pour ma virilité. Alors je l'observe. Et je le vois faire la grimace. Si j'avais été moins préoccupé par le fait qu'il passe bientôt une flamme sur mes attributs, j'aurais pu être vexé. Mais là, c'est juste le cadet de mes soucis. Je me mords la lèvre pour ne pas l'insulter. Pas tout de suite. Ce serait comme les mômes qui gueulent avant même que t'aies pu mettre le désinfectant, anachroniquement parlant. Et je suis plus mature que ça. Je suis un bonhomme moi. J'en suis même tellement un que, lorsqu'il se rapproche avec sa trombine de robot -toujours anachroniquement parlant- et se met à me parler, j'ai le cœur qu'a des ratés. Et la voix qui déraille quand je lui réponds.

Tu peux y aller.

Et c'est reparti pour la tremblote. Sauf que maintenant, je suis sûr de deux émotions. La première : une intense et dévorante peur. La deuxième : une fierté que je peine à expliquer. Peut-être que c'est le fait d'essayer de changer et de m'y tenir. Ou alors c'est peut-être mon cabochon qui est foutu.
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Gabriel.louis


Pitoyable frère ! Que d'atroces veillées je lui dus ! […] Il me supposait un guignon et une innocence très bizarres, et il ajoutait des raisons inquiétantes.
Je répondais en ricanant à ce satanique docteur […]
le pauvre frère se levait, la bouche pourrie, les yeux arrachés, — tel qu'il se rêvait ! — et me tirait dans la salle en hurlant son songe de chagrin idiot.
J'avais en effet, en toute sincérité d'esprit, pris l'engagement de le rendre à son état primitif de fils du soleil…
                                              Les illuminations – Rimbaud


Le présent n’avait rien d’un doux rêve. J’aspirais l’homme dans une cauchemardesque réalité salvatrice. En leurs crépitements graves, les flammes de la torche scandaient le requiem des péchés impurs de mon amicale victime alors que débutait le ballet. Le feu purificateur coula une première fois depuis le poignet jusqu’à l’aisselle pour échauffer le derme. Son second passage, plus lent, instilla ses premières douleurs au réceptacle de ma folie.

L’odeur de l’enveloppe rougissante triompha de ma volonté de rester impassible, et, passant à l’autre bras, je me laissais aller à fredonner dans une langue inconnue qui, pourtant, me semblait familière. Le masque de l’Ange aux traits poupons chut pour laisser place au Moi profond, à ce dément que j’étais en réalité.

Bientôt, le regard embué jusqu’à m’en scinder la joue, je transpirais mon plaisir sous les embruns de flammes jaillissant depuis son torse vers ma gorge. Gémissements, crépitements, vent, tout se confondait pour renforcer la symphonie. J’étais artiste en pleine composition, et pour tenir Dieux, Saints et Démons en haleine, je pris plus de temps qu’il ne m’en eut fallu pour contourner mon œuvre, et me placer dans son dos qui serait ma prochaine étape.

Entre deux doigts, je saisis délicatement une mèche qui s’était échappée de son attache pour retomber à sa nuque, et la remis en place dans un murmure presque charnel.


Ne lutte plus, laisse la douleur te transpercer. Abandonne-toi à elle.

Le flot doré glissa en caresse des reins aux épaules avant de revenir accomplir son office, plus agressif.

HURLE ! Maudis-moi !

Bassin, jambes, entre-jambes, retour au torse, au dos.

Pleure, rage, crie, implore sans crainte !! Maudis-moi !

Je tournoyais autour du corps ami, harassant ses chairs sous la torture, assaillant son esprit sans plus lui laisser aucun répit.

Maudis-moi pour ce que tu veux, mais maudis-moi ! Parce que je suis l’incarnation de ton tourment ! Parce que je suis ton libérateur ! Parce que tu souffres et que tu aimes ça ! Maudis-moi pour ce que tu veux, mais maudis-moi !

Le visage baignant de larmes, j’avais le regard fou, muscles et mâchoires crispées jusqu’à la difformité. J’étais possédé, prisonnier de liens bien plus puissants que les cordages qui maintenaient le supplicié, étreignant mon âme à sa cause. Tel un fil ténu mais puissant, notre amitié barrait le passage à ma déraison. M’y accrochant de toutes mes forces pour ne pas le blesser ou faire de sa purification son jugement dernier, je plantai les aciers froids à son regard en grinçant :

Niallan ! Qui maudis-tu et pour quoi ? DIS LE MOI !
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En cours de reconstruction.
Niallan
Au cours des minutes -que je qualifierai d'éternité- qui vont suivre, je vais gémir, hurler, pleurer, supplier mais avant de dire des trucs qui pourraient bousiller mon ego, rappelez-vous que je ne suis qu'un être humain. Je suis pas comme ces types capables de rester impassibles quand ils se font fouetter en place publique, comme ces gaillards capables d'ôter une flèche de leur corps sans brailler pour aller fracasser l'ennemi ensuite. J'ai pas le mental pour retenir mes cris de douleur et certainement pas assez de fierté pour accepter la souffrance sans chercher à négocier.

Le premier passage de flamme, je gère. Je me dis que je pourrai tenir en grognant par intermittences pour ajouter du charme animalier à cette forêt. C'est au deuxième passage, quand il commence à me cramer pour de bon que toute ma détermination s'en va, loin, plus vite que le vent qui n'en finit pas de nous hurler dans les oreilles. Est-ce que j'ai vraiment mérité ça ? Est-ce qu'au moins, ça va marcher ? Si je suis encore persuadé de pouvoir répondre positivement à la première question, la seconde me laisse perplexe. Ma perplexité atteint d'ailleurs son apogée quand il se met à jouer les exorcistes.

Quoi ?
J'ai pas immédiatement fait le rapprochement avec un professionnel de la chasse aux démons. C'était plus quelque chose comme « vous pouvez répéter la question ? ». J'ai cru qu'il me demandait l'autorisation de faire un truc, je me suis dit que c'était important, j'ai insisté.
Eh mec, je comprends rien, articule.
Il a pas répété la question, il a pas articulé. Et là, j'ai fait le rapprochement. J'ai à nouveau tiré sur les liens, retenant pour le moment plus ou moins les diverses insultes et manifestation de souffrance que je crevais pourtant d'envie d'exprimer. Optimiste de nature, j'ai encore tenté de percer le secret de la langue inconnue :
Explique-moi, avec tes m...

J'allais dire mots. Mais j'ai perdu les miens quand il s'est glissé aussi lentement que sournoisement dans mon dos. J'ai flippé, eu des sueurs froides. Aux deux questions précédentes, j'ai répondu non. J'ai merdé, je sais, c'est pas la première fois, ça aussi je le sais. Mais je suis qu'un être humain. Y'a des gens qui sont mauvais, vraiment mauvais, qui mériteraient de se faire cramer la couenne. Le grand-père de Lexi, cette pourriture qui les battait elle et sa mère, qui les affamait, qui me l'a enlevée, il était mauvais, il a mérité que je le tue. Cette raclure qui a pris son innocence à ma merveilleuse petite fille, il était mauvais, il aurait mérité d'être cramé sur fond de dialecte de l'au-delà. Et pire encore.Mais moi ?
Eh les gars, regardez-moi. Ouais, je fais un peu trop de conneries, d'excès, oui je mens et arnaque de trop. Je suis incapable d'être stable, il est improbable que je sois raisonnable et probable que je sois minable. N'est-ce pas préférable ? C'est pas épouvantable. J'aime juste un peu trop les femmes, toutes les femmes. Il faut écouter le poète qui a toujours raison, la femme est l'avenir de l'homme. Je regrette ce que j'ai fait mais je mérite pas ça et ça marchera pas.

J'ai changé d'avis, détache-moi, je veux plus faire ça.
Comme je vois que ça marche pas, j'en viens rapidement au marchandage en riant nerveusement :
Écoute, je suis un peu fauché pour le moment, mais... En fait, ma daronne, elle avait des thunes. Un paquet de blé. Tout aussi heureusement qu'elle est morte, son domaine est encore debout. On gère la fortune Ozéra, enfin, techniquement, ma frangine la gère mais c'est parce que j'ai la flemme. Je pourrais te filer...

Mais il écoute rien. C'est lui le possédé, c'est lui qu'on doit exorciser. S'il en est revenu au bon vieux françoys, c'est pas pour accepter mon marché. Il m'avait prévenu que je pourrais pas revenir en arrière, bordel, pourquoi faut-il que j'aime ce genre de mystère, pourquoi faut-il que je joue avec le feu jusqu'à...Mon dos, c'est par là qu'il a commencé. C'est là que j'ai commencé à crier. Pas en continu, parfois avec retenue. Je le maudissais pas encore et j'essayais toujours.

Détache-moi ! Détache-moi je te dis ! Bordel, arrête ça !

Il m'a pas détaché, il a pas arrêté. J'ai hurlé. La plupart d'entre-nous se sont déjà brûlé, ça fait mal, ça surprend. On fait un bond sur le côté et on a le réflexe idiot de secouer sa main, parfois on cherche à vaincre le chaud par le froid. Je peux rien faire de tout ça. J'ai beau tirer comme un âne qui verrait la carotte la plus appétissante de sa vie, y'a rien à faire. Quand je comprends que c'est foutu pour moi, des larmes de rage viennent embuer ma vision. Ce qui explique peut-être ce qui va suivre, en partie.
Qui je maudis ? On pourrait croire que c'est évident, hein ? Lui, pour être un adepte du barbecue cannibale. Mais c'est pas ça que je dis. C'est pas ses yeux à lui que je vois quand il les plante dans les miens.

Va te faire foutre ! Si tu m'avais pas abandonné, je serai peut-être pas aussi foireux. Dis-moi ce qu'elle avait de mieux que nous !

Il a peut-être pas tort le Freud, tout est toujours lié à la mère. Mais Gaby est plus que ma mère.

J'avais rien demandé, je voulais rien mais toi, t'as fait crever sa mère et puis tu me l'as mise dans les pattes. T'as attendu que je sois morgan d'elle et tu l'as laissée crever. Je te maudis de me l'avoir prise, si tu savais comme je te maudis ! Cinq pauvres lignes, espèce de raclure, j'ai eu droit qu'à ça.

A ce stade-là, on sait plus trop qui est Gaby. Peut-être même que c'est moi.

A cause de toi, je vais les perdre comme à chaque fois ! Je te maudis pour tes conneries, je te maudis pour tout ce que tu m'as pris ! Je te maudis de foirer, tout, à chaque fois !

J'ai répondu au « pour quoi ? » en éludant le « qui ? ». Mais nous sommes sur la colline du Sans-Nom, ayez un peu de compassion.
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Gabriel.louis

Dans les caveaux d'insondable tristesse ; où le Destin m'a déjà relégué ;
où jamais n'entre un rayon rose et gai ; où, seul avec la Nuit, maussade hôtesse,
je suis comme un peintre qu'un Dieu moqueur, condamne à peindre, hélas ! sur les ténèbres ;
où, cuisinier aux appétits funèbres, je fais bouillir et je mange mon cœur...
                                              Les ténèbres – Baudelaire


Finalement, il déversait sa colère, sa révolte, en explosion de rage mêlée de haine. C’était un flot de désespoir qu’il me crachait à la face, et sans le savoir, il en inondait mon âme, l’incendiait, la ravageait. Je ne comprenais pas ce qu’il disait, et je n’en avais pas besoin. Je le sentais, je le ressentais plus que jamais, sans savoir y poser des mots ni en avoir besoin. J’étais jugement, j’étais bourreau, j’étais les chutes dont jamais on ne se relève, j’étais ses pires erreurs, ses remords et ses regrets les plus inavouables.

Laisse-moi juste un instant…

La torche se déroba d’entre mes doigts fébriles et je m’empoignais les cheveux à deux mains en reculant d’un pas, tandis que mon Père ressurgissait du passé, le corps penché en avant sur ma mère, les bras tendus, les mains pressant l’oreiller sur son visage tandis qu’elle épuisait ses dernières forces à se débattre pour sa survie.

Je t’en supplie… C’est trop…

Tandis que l’on m’emmenait, je hurlais, je l’appelais, il m’avait abandonné, il les avait laissés me prendre. Si j’étais resté dans ma chambre, je ne l’aurais pas vu faire. Si je l’avais laissé vivre son deuil, si je ne m’étais pas mêlé, rien ne serait arrivé.

Arrête… Je… Pitié...

Ses plus profonds tourments le transfiguraient autant qu’ils me détruisaient, secouant mon corps de tremblements et de spasmes. J'en mourais. Oui, j’étais coupable, c’était moi qui avais mis le feu à la chambre parentale, j’étais la cause de l’incendie de notre maison. C’est pour ça qu’ils sont venus, c’est pour ça qu’ils m’ont pris, c’est moi qui aies ruiné ma vie, qui me suis offert en esclavage. J’étais responsable de tout, par sa faute à lui, cet être abject qui m’avait fait à son image.

LA FERME !!!

Je ployais sous le poids de sa douleur, trop profonde, trop puissante, et m’effondrais à genoux, le corps arraché de spasmes et de sanglots. J’avais envie de crever, mais j’étais bien trop lâche pour ça. Il fallait que je souffre, tout le temps, que je me fasse souffrir, que je détruise tout ce qu’il y avait de bon autour de moi, parce que je ne méritais pas. Le bonheur m’était interdit.

Ce n’était pas mon martyr qui m’écrasait, mais bel et bien le sien qui avait revêtu la forme d’évènements de mon propre passé, et avait des conséquences auxquelles je ne m’étais attendu. Supplicié déchiré par sa fureur et ses maux, les rampes peinèrent à trouver prise à son corps pour m’y redresser et me relever, lentement, vide de force, vide de désir, au fond du gouffre. J’avais forcé la serrure de la boite de Pandore, elle m’avait sauté au visage, il fallait désormais qu’il exulte sa hargne, et il fallait que cela me détruise pour qu’enfin tout s’arrête. Anéanti que j’étais, moi, l'intouchable, j'étais prêt à lui ouvrir mes bras pour accueillir et subir la violence de son courroux sans me défendre.

Mes mains s’activèrent à le détacher, et je commençai par un poignet…

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En cours de reconstruction.
Niallan

Je vous assure que cette fois on est sur la bonne ambiance musicale. Je sais qu'entre les brûlures, les hurlements et les pleurs, vous vous attendiez à autre chose. Laissez-moi donc procéder à quelques éclaircissements.

Je lui ai tout donné, tout dit. Je l'ai maudit et lui ai expliqué.
Ma famine, ma faim
Mon eau de vie
Ma prison
Mon errance
Ma vie
Ma médiocrité, mon côté mauvais*

Tout ça, tout ce qui me fait, j'ai tout balancé. Je sais même pas s'il m'a écouté ni même entendu. De mon côté, j'ai absolument rien capté à ses murmures et son ordre m'a poussé à crier encore plus fort.

J'avais plus conscience de grand chose, délirant totalement sous la douleur produite par les flammes léchant mon corps. Je savais pas où j'étais, ce que je faisais et encore moins avec qui. Malgré la lumière du brasier, je ne distinguais pas son visage à travers mes larmes et même si j'en avais été capable, je n'aurais pas assimilé le détenteur de torche à l'ami. Il était tout et rien à la fois. Mon bourreau et mon sauveur.
Mon public, mes supporters
Ma chérie
(c'est qu'il a des cheveux longs le con!)
Ma troupe d'amis*
Je voyais en lui tous les voleurs de bonheur. Tous ceux qui, chacun leur tour, m'avaient privé de ma félicité.
Ma petite fille
Ma chérie
Ma Alaynna*

Je le haïssais et, par ce biais, me détestais. J'étais peut-être pas responsable pour la mort de Lexi mais j'étais l'unique fautif des blessures infligées à mon union avec l'italienne. Quand je pensais à elle, c'était moi que j'insultais à travers lui. Comment ça c'est tordu ? Vous vous êtes déjà fait cramer, attaché à un bûcher, pour pouvoir critiquer ?! Non. Bon. C'était à mon visage de grand blond con que je hurlais de ne plus jamais lui faire de mal tandis que lui se laissait happer par les fantômes du passé.

Très sincèrement, je sais pas combien de temps on est restés comme ça, faisant mériter à la colline son appellation. Je l'ai pas senti défaire les liens et j'ai à peine eu conscience de m'effondrer sur l'herbe. La vérité c'est que j'étais bien, flottant on ne sait où, libéré de tout. Aussi étrange que ça puisse paraître, j'étais dans le même état qu'après un bon massage, du genre sur un petit nuage. Je flottais, allongé dans l'herbe sans penser à rien. Ou plutôt si. J'ai brièvement pensé au sens de la vie et j'ai conclu qu'elle suivait un fleuve ni long ni tranquille. Un laps de temps non défini après, j'ai eu envie de pisser. Instant philosophie fini, oui oui. Je me suis redressé tant bien que mal, grimaçant en sentant les brûlures. J'ai baillé et me suis levé, avançant à pas lents jusqu'à l'arbre le plus proche qui a servi de réceptacle à la surcharge de ma vessie.

Sur le retour, j'ai récupéré mes frusques et les ai rapidement enfilées. Je me suis avancé vers le poto, lui ai tendu la main et avec un sourire sincère, j'ai dit :
Merci.

Mes yeux disaient plus, plus fort.
Mais il sait, pas vrai ? C'est pour ça qu'il fait ça souvent. C'est pour ça que la ritale le fera aussi. Loin d'y penser pour le moment, j'ai qu'une envie : boire une pinte (ou deux, ou trois, ou...bref, vous avez compris). En voie de rédemption mais pas trop quand même.

Je t'offre à boire ? Non parce qu'on se les pèle ici...
Et puis autant te dire que ta colline, elle fout quand même bien les jetons de nuit. Surtout avec les bruits d'animaux qu'on entend pas loin et ces fourrés là-bas qui s'agitent.


*Traduction paroles Manu Chao – Minha Galera (légère modif pour le prénom)

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