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[RP] Au Mas Provençal.

Alaynna
Il aurait tout aussi bien pu s'appeller le Mas de la Madone, je me serai rendu mon propre hommage mais ce n'est pas vraiment dans mes façons de faire. De toute manière, en ce moment, j'ai complètement perdu mes repères et j'ai chamboulé mes habitudes. Le seul repère que j'ai gardé, c'est le Salaud de ma vie, le père de notre progéniture à venir. Tout le reste a été chambardé. Jusqu'à vivre à l'heure Marseillaise, et c'est peu dire !
Moi qui suis d'habitude d'un entrain sans bornes, depuis que je vis sous des latitudes bien ensoleillées, j'ai pris l'habitude, de faire de longues siestes plus ou moins crapuleuses, en compagnie de Niallan. Et je profite de la vie au jour le jour, surtout que je suis toujours plus ou moins paniquée quand je compte les semaines qui me restent avant la venue au monde de notre progéniture. Et plus je compte, et plus je sens ma panique prendre le dessus ! Pourtant je n'en montre rien, tout comme je ne me plains pas de la fatigue accumulée ces derniers jours et je regarde avec béatitude mon ventre prendre une ampleur telle qu'il n'avait encore jamais connu. Si certaines parties de mon corps me laissent dubitatives et me font intèrieurement poser un bon nombre de questions, mes jambes elles, étrangement, ne souffrent pas de la chaleur et restent joliment galbées sans me faire souffrir. No. En fait, mon point de souffrance se situe bien plus haut que cela et depuis quelques jours déjà, je suis à la recherche de l'Ecossaise. D'une, parce que ma mère m'a quitté bien trop tôt avant d'être en mesure de m'expliquer tout ce qui concerne l'allaitement d'un nourrisson et que donc, puisqu'Ayla a décidé de rester et de veiller sur ma grossesse, elle devrait forcément pouvoir m'en parler. Tout comme je souhaiterai également prendre sur moi et faire la connaissance de cette gamine de bientôt cinq ans qui doit assister sa mère lors de mon accouchement. Pas que j'ai très envie de papoter mais il est hors de question que je laisse une inconnue quelle qu'elle soit darder son regard sur moi pendant que je serai en plein travail. Donc, il est nécessaire que la petite et moi fassions un minimum connaissance. Ainsi qu'avec Ayla.
Si ce n'est cette occupation de chercher Ayla, j'ai aussi reçu une lettre d'Elvire qui m'a trouvé des Camarguais et j'ai donc du me rendre dans l'Ecurie qu'elle m'a indiqué pour aller les chercher. Je n'y suis pas allé seule, Niallan a tenu à m'accompagner, arguant l'implacable raisonnement que s'il n'aimait pas les chevaux, il m'aimait moi et que c'était donc une raison suffisante. Il n'empêche que je le soupçonnais surtout de m'avoir accompagné parce qu'il voulait s'assurer que je ne me risquerai pas une nouvelle fois à monter en selle.
Nous sommes revenus il y a quelques heures avec un couple de Camarguais magnifiques. Elvire, assurément, a su me les choisir, et je ne regrette pas de lui avoir confié cette mission. Il va falloir que dans les jours prochains, je la remercie en bonne et dû forme pour tous ces efforts qu'elle a fournis et sa promesse qu'elle a tenu.

Mais là, dans l'immédiat, je profite de la fraîcheur de la grand-salle du mas, devant l'une des grandes fenêtres qui donne vue, au loin, sur la mer et sur toute l'étendue des terres et des marais.
J'ai mis du temps, j'ai bataillé ferme, j'ai négocié comme jamais, mais j'ai eu gain de cause et j'ai fini par obtenir mon acte de vente, alors que durant des heures, chacune des closes a été passé au peigne fin entre le notaire et moi-même. Mon beau blond m'avait fait part de certaines choses, que j'ai respectées, mais il n'empêche que s'il devait m'arriver quoi que ce soit lors de l'accouchement, j'avais désormais l'esprit tranquille. Car non seulement le notaire s'était occupé de mon acte de vente mais avait également répondu à une autre requête de ma part, et ce vélin là, il le gardait précieusement en son cabinet.

J'étais à la fois heureuse et j'avais un sentiment étrange de me retrouver propriétaire d'un bien qui reviendrait plus tard à nos enfants, et nos petits-enfants. Je crois bien que je venais de prendre conscience que la famille allait s'agrandir et perdurer.
Il restait encore quelques mois avant la naissance et Niallan m'ayant dit qu'il savait travailler le bois, je lui avais demandé s'il pouvait faire un berceau en bois flotté pour Lui, ou Elle, ou Eux. Nous n'en savions toujours rien et je n'avais absolument aucun point de comparaison ni de repères pour pouvoir estimer la chose.
Je n'avais toujours pas de nouvelles de mon frère qui se trouvait encore très certainement en pleine mer, et j'avais tendance ces derniers jours à passer mon temps soit calfeutrée dans la fraîcheur du mas, soit sur la plage, dans l'eau, avec Apollo qui s'en donnait à coeur joie de patauger.
J'avais le sentiment que dans mon ventre aussi, la vie prenait de l'ampleur, surtout lorsque je ressentais avec plus d'acuité désormais les petits coups au sein de ma bulle protectrice, et ces mouvements là devenaient plus récurrents, plus réguliers, plus intenses. Au moins, cela me rassurait sur le fait que notre progéniture était bel et bien en vie.
Nous venions d'acquérir un endroit de rêve. Bien sûr Niallan m'avait expliqué certaines choses lorsque je lui avait parlé des papiers concernant les lieux et il m'avait ému jusqu'aux fin fond de mes tripes, même si je n'en avais rien dit. J'avais respecté ses volontés mais j'avais également prévu ce qu'il fallait pour le cas où il m'arriverait quelque chose. Je n'arrivais toujours pas à me défaire de cet étrange sentiment et je revoyais, dans mes songes, régulièrement, ma propre mère.

Certes l'endroit n'est pas encore totalement terminé de décorer, je fais les choses à mon rythme, ou plutôt au rythme que souhaite notre progéniture. Autant dire que je passe plus de temps à faire des siestes et à m'assurer de la sécurité de mon ventre, qu'à le mettre en danger. Mais petit à petit, les lieux prennent forme. J'ai engagé un jardinier pour s'occuper des terres ainsi qu'un palefrenier pour s'occuper des écuries et des Camarguais qui semblent déjà se plaire dans leurs marais.
Et puis dans l'immédiat, nous ne sommes pas vraiments seuls Niallan et moi, puisque nous hébergeons Gabriel et Cat le temps que les travaux soient terminés dans la maison de Gabriel ainsi qu'Ana qui est venu pour le mariage de Yam et de Zyv.

Puis l'Ecossaise n'est pas bien loin non plus. Et d'ailleurs, il va falloir que je finisse par lui mettre la main dessus, parce que j'ai bien l'intention de lui donner du fil à retordre. Autant dire que puisqu'elle veut surveiller ma fin de grossesse, elle ne va pas se la couler douce.

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Niallan
[Notre maison, au milieu de notre rue
Notre maison, au milieu de…

Dans notre maison il y a foule
Il s'y passe toujours quelque chose
Et d'habitude c'est assez bruyant*]


Notre maison...Putain ce que ça fait drôle. C'est la première fois que j'ai un chez moi, la première fois que mon pieu reste le même plusieurs jours de suite. Avant, j'étais persuadé que ce genre de vie n'était pas fait pour moi. Et maintenant, caressant du bout des doigts le berceau enfin achevé, je sais que ça va le faire. Je suis devenu un mec rangé, à ma façon, certes, mais ça reste un net progrès.
J'ai refusé qu'Alaynna paye le mas seule, refusant jusqu'à l'inscription de mon nom sur l'acte de propriété tant que j'avais pas payé ma part. C'est maintenant chose faite. Dix mille écus, non pas sortis du trou du cul d'une poule mais des coffres pleins à craquer d'une saloperie d'italienne. J'ai risqué ma couenne, livré une quantité faramineuse de belladone et maintenant j'ai un chez-moi.

Nos deux jeunes mariés sont partis chercher d'autres gus, Ayla doit me maudire dans un coin et les autres potos sont aux abonnés absent, c'est plus calme. Peut-être un peu trop. Je m'étais habitué aux repas tous ensemble, aux soirées qui n'en finissent pas et aux sautes d'humeur de la rouquine. J'irai pas jusqu'à dire qu'ils me manquent parce qu'ils me rabâcheraient ce moment de faiblesse jusqu'à mes vieux jours mais j'en pense pas moins.
En attendant leur retour, je profite de ma ritale et de son corps qui change en m'attirant toujours autant. Et puis j'en ai aussi profité pour me faire un petit endroit rien qu'à moi, au sein-même de la maison. Une toute petite pièce, sans fenêtres, un recoin presque poussiéreux. J'y ai accroché le tissu peinturluré par les petits pieds des jumelles, ainsi qu'un dessin à l'aquarelle les représentant. J'y ai même accroché le tableau qu'Alicina m'avait fait parvenir, juste avant de me détruire. J'y ai aussi laissé le dessin fait par mon fils à l'occasion de la fête des pères. Et puis, au centre, sur une petite étagère, trône un coffret de bois. Au cœur de celui-ci, des mèches blondes. Ceux de ma fille. Je ne sais pas si Alaynna comprendra l'utilité de cette pièce, je sais juste que j'en ai besoin. Et chaque jour, j'y viens. J'y reste enfermé peut-être une heure, à morfler, à ressasser le passé. Et puis j'en ressors et je retourne bâtir notre futur.

Posant mes mains de chaque côté du berceau, j'esquisse un sourire. Ce môme-là, celui qui grandit dans le ventre italien, personne ne me le prendra. Et je serai là. Du jour où il poussera son premier cri au jour où il me dira adieu sur mon lit de mort. Et c'est fort de cette pensée -pas celle de ma future mort mais celle de mon indéfectible présence, hein- que je quitte la douceur rassurante de la chambre d'enfants pour rejoindre les jardins. Ignorant les hennissements des canassons que je tolère seulement par amour, je rejoins l'objet de cet amour sous un olivier. Prêt à expérimenter les différentes façons de faire la sieste.
Non, vous n'aurez pas la liste. Tout ce que je peux vous dire c'est que le soleil brille et que les oiseaux chantent. Même qu'ils font le ménage pour nous, comme ils l'ont fait dans une maison de petits hommes pour une princesse maniaque.


*Traduction paroles Madness - Our house

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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Alaynna
[Y'a l'homme que l'on aime, et l'autre qu'on ne comprend pas,
Si les deux sont le même, alors lequel nous restera ?
Je ne sais pas, je ne sais plus, lequel tu seras quand tu reviendras.
Y'a pas que l'amour qui blesse, y'a les conséquences de certains gestes.
T'es parti, ta famille pleure et la fête est finie.

Y'a pas que l'erreur qui blesse,
Il y a le mal de l'absence qui reste,
Ce pour la vie.

Y'a l'homme que l'on aime, l'autre qui ne s'aime pas.
Qui s'endort sur ses problèmes, trop fier, qui ne parle pas.
Je ne sais pas, je ne sais plus,
Et deux visages pour deux images...
Je ne sais pas, je ne sais plus, comment te reconnaitre, quand tu reviendras.
]


Comment as tu pu finir ainsi ? Si jusqu'il y a encore peu, je pensais que tout était de ma faute, je me suis récemment aperçue qu'en fait, même si je n'avais pas fui, tu en aurais fait de même. Peut-être plus tard, sans doute d'une autre manière, mais l'évidence est là. Tu aurais tout de même foutu le camp.

No. Ce n'est pas de ma faute. C'est celle de ce mal qui te ronge et que je connais pourtant. Cette partie sombre de toi, celle qui accueille tous tes démons.

Mais je sais aussi que tu reviendras. Pour Elle. Pour Moi. Pour Nous.

Je le sais au plus profond de moi, c'est tout.

Alors fais. Vis ce que tu as à vivre, même si pour cela il a fallu que tu me détruises. Continues de me détruire par cette absence que tu m'imposes. Par ce rejet dont tu m'as notifié, toi, qui m'avait fait la promesse de toujours m'aimer, même quand tu me donnerais toutes les raisons de te détester.

A trop voler, tu t'es brûlé les ailes. A trop te laisser voler, tu as fini par me quitter. L'histoire pourrait en rester là. Je pourrais rendre mon dernier souffle maintenant que je sais qu'Anna est à l'abri et que personne ne pourra te l'arracher.
J'aurai pu continuer à descendre en vrille ainsi encore quelques temps, jusqu'à ne plus avoir la force, jusqu'à me laisser crever de chagrin.

Mais si toi tu as décidé de jouer au Con, moi j'en ai fini de jouer à ce jeu débile. Parce que ton putain de pote Italien n'a rien trouvé de mieux que de me secouer. Parce que va savoir pourquoi, il est le seul que j'ai entendu, et il a su m'atteindre là où encore personne n'était parvenu à le faire, pas même toi, dans les plus noirs tréfonds de mon âme.

On vient d'arriver avec Anna-Gabriella. Et j'ai pris le parti de me détacher de Toi. Pour mieux te retrouver plus tard. Sans haine, Sans rancoeur. Sans souffrance. Pour t'apprendre différemment, pour te laisser me découvrir autrement.Pour offrir cette vie meilleure à Anna. Pour lui offrir cette vraie famille qu'elle mérite, et pas un semblant de quelques miettes, comme tu l'as fait depuis que tu nous avais fait revenir près de toi. Et comme tu escomptes encore le faire alors que tu m'écries venir nous rejoindre. Je sais que ce n'est pas pour moi que tu viens mais uniquement pour elle.

Tu n'as toujours rien compris. Tu persistes et tu signes.

Fais donc.

Mais de mon côté, je vais me battre. J'ai affûté mes armes. Et petit à petit, je profite de ces moments de répit pour renforcer mes défenses. Celles qui jusqu'à présent, étaient trouées de part en part. Je sais que le combat sera long, rude et inégal. Mais je donnerai tout pour Anna-Gabriella.
Si tu ne sais pas ce qu'est une mère Italienne, crois moi que tu vas l'apprendre. Tu ignores encore tellement de moi. Tu as encore tellement à apprendre, tout comme j'ai encore à t'apprendre.
Parce qu'Anna-Gabriella mérite ce combat. Parce que les miettes de cette famille que tu m'as jeté au visage ne me conviennent pas. Ni à Elle.
Parce que tu auras beau croire que ce que tu fais est le mieux pour moi, tu te plantes encore royalement.
Parce que le jour où tu auras compris que pour que notre fille soit bien, elle a besoin d'un papà et d'une mammà qui s'aiment en dépit de tout, pour Elle, tu auras peut-être tout compris à la vie de famille. La vraie. Celle qui ne demande pas un amour fidèle ni exclusif. Celle qui réclame simplement que deux êtres s'aiment et se respectent à leur manière, assez fort, pour offrir le meilleur à leur fille.
Parce que le jour où tu réaliseras que notre fille pour être heureuse, a besoin de voir ses parents heureux et ensemble, tu commenceras alors à comprendre quelque chose à la vie. Et je ne parle pas de fidélité, d'exclusivité, de jalousie. Tout ces mots là, il y a longtemps que je les ai bannis de mon vocabulaire. Et le pire dans tout ça, c'est que tu le sais, mais que tu ne veux pas l'admettre. Tu m'avais pourtant dit qu'avec Anna-Gabriella et moi, ce serait différent.

Ce n'est pas ton amour pour Neijin qui m'a détruit. C'est ce que tu m'as fait subir et endurer. Même elle n'y aurait pas résisté, elle me l'a dit. Et pourtant. J'ai résisté. Tu m'as brisée en m'humiliant et en m'ignorant, mais tu m'as détruite lorsque tu es parti. Lorsque tu nous a abandonnées. Toutes les deux.

Alors j'aurai pu continuer de sombrer. Mais j'ai fait un choix. Celui de revenir là où je suis tombée. A l'endroit même où ce bonheur qui aurait du être s'est arrêté. Stoppé en plein élan par nos conneries respectives. Tu m'as trompé avec Chiara au plus mauvais moment. Elle a eu des paroles de trop qui ont précipité la chute. Et tu n'étais pas là au moment où j'avais le plus besoin de toi. Pourtant, tu savais qu'il ne fallait pas contrarier une femme enceinte sur le point d'accoucher. Tu as merdé et tu le sais, mais c'est une chose que tu ne veux pas assumer.
Chapitre clos. J'en ai terminé avec cette partie de notre vie. Désormais, le passé reste au passé.

Le futur lui, m'ouvre les bras.

Je prends les armes pour un seul crédo.

Celui d'offrir à Anna cette vie qu'elle mérite. Celui de lui construire un avenir radieux et dont elle puisse être fière. Pour que cet avenir là soit sa force en grandissant.

Tu m'as supplié de te laisser être Père. Je te laisse être papà, tu m'as promis que tu allais assurer. Mais dans l'immédiat, tu n'assures pas une seule rillette-cornichon. Et c'est con pour toi, parce que j'adore ça !
Tu continues de t'enfoncer. Et de m'enfoncer.
Et tu crois peut-être que je vais te laisser faire ?

Il est fini ce temps là.

Parce que je refuse d'entendre un jour de la bouche d'Anna, sortir les phrases que j'ai entendues dans la bouche de Percy, quand ton fils et moi étions tous les deux.
Et que si je dois te botter le cul pour Anna mais aussi pour Percy je le ferai. Parce que c'est une promesse que j'ai faite à Maryah et que mes promesses, j'ai pour habitude de les tenir. Même celle faite à la mère de ton fils. Même si Percy m'a oublié et qu'il n'a pas répondu à cette missive que je lui ai envoyé, alors qu'il m'avait écrit pour me demander pourquoi je n'étais pas avec toi.

Voilà tout ce qui vient de me traverser l'esprit, alors que je me tiens sur le seuil de la porte, Anna-Gabriella lovée tout contre moi et que je viens de pénétrer dans ce qui aurait du accueillir notre bonheur.

Je me fige dans l'entrée, et je déglutis, accrochant mon regard jusqu'à la porte de cette pièce que tu avais faite tienne. Ton sanctuaire, qui abrite tes démons.

Ce mas, nous l'avons acheté ensemble. Tu y tenais. Il nous appartient à tous les deux. Et plus tard, dans de longues, très longues années, quand nous ne serons plus là, Anna y vivra encore avec toute une floppée d'enfants, de petits-enfants. Et nos arrière-petits enfants.

Je ferme les yeux une fraction de seconde, prise de cette putain de sensation d'étouffement et de larmes qui montent. Mais lorsque mes perlées azurées s'ouvrent la seconde qui suit, il y brille une lueur de détermination sauvage. Et un sourire s'en vient fleurir sur mes lèvres, alors qu'elles se glissent avec tendresse, sur l'une des joues de notre petite princesse-pirate, qui est en train de découvrir l'endroit.
J'accentues la caresse de mes lèvres sur sa joue, ma main venant caresser les petites boucles blondes qui commencent à dépasser sous son petit foulard de pirate rouge.

" - Te lo prometto mia cara, che vai ad averlo questa famiglia di sogno che meriti."

La lutte débute dès à présent. Et j'ai déjà établi un plan de bataille.

Pour commencer, j'ai besoin d'un gardien. Un peu particulier, parce qu'il ne va pas y avoir que le mas à garder. Avec un peu de chance, si je négocies bien, je trouverai rapidement LE gardien par excellence.
Et j'ai déjà un potentiel intéressé. L'avantage, c'est que si je conclues l'affaire, avec l'intéressé, Gabriel va me foutre la paix et sera rassuré. Le désavantage, c'est que cet homme là, va me coûter bonbon en rillette-cornichons et en écus. Mais. A la guerre comme à la guerre. Je ne vais pas lésiner sur les moyens.
Sinon il faudra que je passe au plan B et je suis bien moins certaine que mon presque frère saute de joie.

Je te le promets ma chérie, que tu vas l'avoir cette famille de rêve que tu mérites.

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Alaynna
[Running with the Wolves] - Aurora -

La missive Russe m'a cueillie alors que le soleil était déjà haut, mais que midi n'était pas encore passée. Le ciel a pourtant ses signes pour prévenir du temps. Mais la Russe m'a eu par surprise.
Je l'espérais pourtant, sans l'attendre vraiment. Je m'étais habituée à son silence pendant une année.
Et au fur et à mesure que je lisais ses mots, l'azur devenait de plus en plus chargé, descendait de plus en plus bas. Pour finir par s'effondrer soudain, alors que je lisais les dernières phrases, enveloppant les collines d'un voile laiteux.


...J'espère sincèrement que tu vas bien, toi et Anna. Où que vous soyez, j'espère que vous allez pour le mieux et que vous avez une part de bonheur. En tout cas, si ça ne vous suffit pas, je t'envoie par ce courrier le reste de bonheur qui me hante parce que si une personne le mérite, c'est bien toi.

J'ai tenu jusqu'en fin d'après-midi. Jusqu'à ce que, en taverne, je vois arriver Gabriel. Je l'ai regardé, poser son balluchon au sol. J'ai entendu comme dans un brouillard Kachi lui demander s'il allait bien, j'ai du entendre Anzelme lui lancer quelques boutades.
Je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas le lui dire.

Alors je suis partie. J'ai confié Anna à Eugène oubliant de lui mentionner que je venais de croiser Gabriel. Car alors l'homme de main de Gabriel se serait sans doute demandé pourquoi je ne laissais pas ma Merveille avec son Parrain. Et le Parrain s'il a vent de cela, trouverait forcément étrange que je sois directement allé confier Anna à son homme de main.

J'ai troqué mes jupons contre chemise, tunique et bottes de cuir. Mon tricorne a repris place sur ma chevelure, que je n'ai pourtant pas dénouée, gardant le chignon.
Je me suis emparée de mon arbalète. Et je suis partie droit, non pas vers les Guarrigues, mais vers les Marais.
Je sentais cette rage monter et je devais faire en sorte de la canaliser. Tout de suite. Peu importe le moyen, mais il fallait que je le fasse là. Maintenant.
Et je revoyais la Russe, en train de donner ce morceau d'oreille et de langue sanguinolent à Apollo.
Pourquoi c'est cette vision-ci que j'avais, je ne sais pas. Mais ça ne collait en rien avec le ton de sa missive.
Bien qu'elle ne m'écrivait pas pour s'excuser. Mais pour constater.

Entre mes mains, le soleil brillait sur mon arbalète. Ma motivation première était de trouver une cible. Vivante la cible. Bien évidemment.
Et sous mes yeux, dansait le visage de Catalyna et je l'entendais rire, moqueuse et me narguer. De cette voix et de cet accent slave et rauque qui n'appartient qu'à elle. Etrangement, j'ai remarqué que le Serbe, bien qu'il lui arrive de prononcer des mots que j'ai déjà entendu dans la bouche de la Russe, ne possède ni le même accent, ni la même intonation, ni les mêmes appuis sur les consonnantes.


- Mais que fais-tu toi ? Pourquoi vas tu tuer ? Par bêtise, haine ou connerie ? Sûrement pas par justice non. Un désir de vengeance primaire ?

L'arbalète bien en main entre mes mains gantées, j'avais dégainé un carreau et je le préparais soigneusement.

J'entends alors un cri.


- S'il vous plait ! Non ! Il est beau votre chien ! Ne faites pas ça !

Et je me braque net devant le gamin, m'apercevant alors de la présence d'Apollo. Le plus inquiétant étant, que je prends alors conscience, que j'ai armé mon bras en direction de mon Danois. En arrêt devant moi, qui me fixe. De ses yeux confiants.

Je ferme les yeux un instant, j'inspire longuement, regardant l'enfant qui ne doit pas avoir plus de huit ou neuf ans.


"- Ne reste pas ici. Sauve toi vite. Rentre chez toi."

Puis j'ajustais mon arme calmement, je visais, je libérais le carreau et quelques secondes plus tard, qui me parurent une éternité, un cri déchira le silence. Un carreau fusa de nouveau, le sang gicla et coula en saccade, en même temps que l'animal s'affaissait.

L'enfant lui, était déjà loin.

Là tout de suite. Il n'y avait plus de pensées. Plus d'émotions.

Un peu plus tôt, Kachina n'avait pas voulu me croire quand je lui ai dit que je n'avais plus de coeur. Elle n'a pas tort. Mais néanmoins, ce qu'il en reste, ne frémit que pour ma fille.

Je me suis saisie de mon gibier du jour, les deux lièvres étaient méconnaissables. Même leur peau déchiquetée serait inutilisable.
Je les ai trainés avec moi et j'ai rejoint la cité, sans prendre garde au sang que je semais à chacun de mes pas, tenant fermement mon arbalète de l'autre main.

Et c'est ainsi que j'ai rejoint le coin calme d'une taverne.

Maintenant.

Je pouvais commencer à répondre à mes courriers. Restait à savoir lequel des deux, du Blond époux, ou de la Rousse slave, en auraient la primeur.
Celui de la rouqui-blondasse avait pris son envol un peu plus tôt dans la journée.

Mais c'était avant mon acte libérateur.

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Alaynna
La même [Ritournelle], qui vient me hanter chaque nuit. - Steve Angelo -


Finalement ce n'est ni l'époux, ni l'Amie qui auront eu la primeur du courrier qui a suivi, mais, chose étrange, encore une fois, la Rouqui-blondasse. Deux courriers que je lui adresse deux jours de suite. Elle m'a écrit ce matin pourtant. Et puis un peu plus tard dans la journée, c'est l'italien qui m'a écrit. Diego. Pour me prévenir qu'ils prenaient la route ce soir et que, ainsi qu'il me l'a promis, il me ramène Niallan. Mais il me prévient également que celui-ci ne vient pas seul.
Sans blague. Je ne m'en serai absolument pas douté une seule seconde.
Il me dit également que mon beau-fils va être du voyage très certainement.

Et puis j'ai vu Daeneryss ce matin. Qui était contrariée. Elle était seule, ses enfants n'étaient pas avec elle et j'étais, je dois l'avouer, soulagée de ne pas avoir à porter le regard sur Romeo.
C'est terrible mais je n'y arrive pas. Mettez moi un enfant mâle sous les yeux et je n'en mène pas large. Mettez moi un bambino Corleone mâle devant moi, et vous aurez une Ritale aisément anéantissable.
Pourtant. Il y aura deux années dans exactement huit jours, que j'ai brûlé ce petit corps et enterré le petit coffret de bois dans lequel reposent ses cendres.

Andrea.

L'enfant lutteur, l'enfant guerrier, l'enfant héros est parti, reprendre son souffle intérieur dynamisant son âme. Mais il joue avec le feu aussi bien que moi. Et très souvent les nuits, il prend un malin plaisir à venir m'en faire part.

Raffaelle.

L'Ombre comme je l'ai si longtemps nommé jusqu'à ce que Maryah m'incite à lui offrir un prénom. Mixte le prénom. Puisque je ne saurai pas. Mais jamais je n'oublierai cette flaque de sang dans cette geôle. Elle hante toujours mes nuits.

Rien n'est resté d'Eux, hormis un prénom, un nom, un vain nuage. Un souvenir, un songe qui me hante chaque nuit, une invisible image.
Adieu, fragiles enfants échappés de mon ventre. Adieu, dans cette maison dont l'on ne revient pas. De vous, je ne recevrai pas avec des rires joyeux, les efforts impuissants de vos bouches vermeilles, à bégayer les sons offerts à vos oreilles.

C'est Anna-Gabriella qui me les offrira.

La vie n'a qu'un sens : une ligne, qui va de la naissance à la mort. Le reste, n'est qu'une broderie.

Alors, j'aime à me dire qu'Anna-Gabriella, n'est qu'une petite âme pure, un esprit que personne n'enfermera jamais.
Un enfant, c'est le plus beau des caprices, il ouvre ses yeux sur nos coeurs. Si l'on prend le temps de l'écouter, il nous apprend à aimer.

Le Serbe m'a parlé de cet enfant qu'il a vu dans la Garrigue. Je lui ai vaguement parlé de celui que j'ai aperçu dans les Marais. Ne précisant pas qu'il m'avait ramené à la raison, ne tenant pas à évoquer cette part d'ombre que je porte et qui semble être encore omni-présente dès que la Russe se manifeste. J'ignore si c'est le même petit garçon que nous avons vu. Lui me l'a décrit comme petit brun de pas plus de sept ans. Et moi comme une petit garçonnet pas plus âgé que huit ou neuf ans, brun également.

Catalyna. Qui m'écrit sans vraiment attendre de réponse de ma part, mais qui a ce besoin de savoir si je la considère toujours comme l'Amie.

J'ai fini par lâcher le morceau à Gabriel, qui, loin d'être idiot, avait remarqué mes départs précipités dès qu'il déboulait dans un même lieu que moi. Mon presque frère m'a regardé avec un grand sourire. Puis il s'en est pris à Bloodwen qui racontait comment un jour, elle a joué avec un bâton quand elle était avec Tord Fer. Et je n'aime pas qu'il fasse cela, alors j'ai pris sa défense. J'ai voulu faire ma maligne en faisant remarquer à Gabriel, qui ne cesse de clamer que sa domestique ne sait rien faire de ses dix doigts, que voilà encore une chose qu'elle savait faire, jouer avec un bâton.

C'est là qu'il a eu cette phrase malheureuse, de me demander si je ne voulais pas non plus qu'il l'épouse, elle, sa domestique, et lui érige une statue. J'ai regardé Gabriel et sur un air de défi, je lui ai dit que si, il devrait le faire.

J'aurai mieux fait de me taire. Parce qu'il a été encore plus ignoble ensuite. Jusqu'à me demander si je ne voulais pas l'épouser. Mais j'ai trouvé le moyen de lui clouer le clapet au moins..allez...trois secondes... J'ai fait honneur à la Madone que je suis, en lui rétorquant que pour avoir une statue à mon effigie, je voulais bien l'épouser, mais je lui rappellais aussitôt après que je suis déjà mariée et que de plus, il est mon presque-frère.

Evidemment, connaissant certains de ses petits secrets, des plus intimes, - ce n'est pas non plus pour rien s'il est admis au rang de presque frère ! - ; j'aurai pu devenir infiniment plus mauvaise sur ce coup-là, mais je n'en ai rien fait, puisque ma sortie orale l'a ramené à la raison. Et il a reconnu que mieux valait en effet, en rester à ce qui existait.
Et en bon joueur qu'il est, il m'a demandé si je ne voulais pas me joindre à leur petite baignade de début de soirée. J'ai accepté, puisque c'est aussi l'heure à laquelle j'emmène Anna, plonger ses petits petons dans la grand-bleue. En début de matinée, et en tout début de soirée.

Et c'est après ce bain de mer qu'une fois rentré au mas, j'ai passé les quelques heures qui ont suivies à la faire manger et la préparer pour sa nuit.
Et c'est ainsi que lovée sous sa petite peau de renard, et le doudou du bout de chemise paternelle bien serré dans l'une de ses petites mains que je me décidais à déplier la missive reçue quelques jours plus tôt de son père afin de lui narrer la petite histoire que Niallan avait écrit pour elle. Et ainsi, je ne dérogeais pas à cette promesse que je lui avais fait de lui lire ces petits morceaux de lui, qu'il lui envoie.

Coucou mon ange.
Aujourd'hui, on va parler des trésors. J'aimerai être auprès de toi pour te conter ces légendes mais je veux déjà que tu t'endormes en rêvant d'aventures. On raconte qu'au pied des arc-en-ciel se trouvent une multitude d'or et de pierres précieuses gardées par un dragon. Un dragon c'est une gigantesque créature qui a des ailes et qui crache du feu quand on l'embête. Ton grand frère et moi, on part souvent à leur chasse, on aimerait bien que l'un d'eux devienne notre copain. Quand tu seras plus grande, tu pourras venir avec nous. Mais il n'y a pas que les dragons qui gardent les trésors, on raconte que les pirates les enterrent sur des îles en plein milieu de l'océan. Maman va t'expliquer ce qu'est un pirate. Toi, tu es notre princesse-pirate mais tu es aussi notre trésor. Plus précieuse à nos yeux que tous les joyaux réunis. Je t'aime, si tu savais comme je t'aime. Tu me manques. Bisous de Papa.


Je n'avais toujours pas répondu à la lettre que mon époux m'avait fait parvenir quelques jours plus tôt. Celle où il me demande de le rejoindre en Bourgogne.
Et je savais par l'italien qu'en fait, il prenait la route ce soir pour venir à Marseille.

Donc finalement. La rédaction de ma missive pouvait bien attendre encore quelques heures.

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Alaynna
[Je ne dors plus...] - Jean Baptiste Maunier



Ce soir, j'avais filé le train à Bloodwen, laissé Anna-Gabriella avec Eugène, qui s'en trouvait toutes les excuses possibles pour la garder dès qu'il avait un moment de libre. Dubitative, j'observais l'homme de main, valet, espion - si, parce qu'à moi on ne me la fait pas - de Gabriel, trouvant un brin étrange, qu'un homme tel que lui, prenne plaisir à s'occuper d'un bébé.
Alors si. Ce soir j'avais profité de l'aubaine, parce que cela faisait maintenant deux jours que Gabriel n'était pas rentré. Je le pistais, mais il restait invisible. Et cela commençait à m'agacer et à m'inquiéter. Et j'allais vite réaliser que je n'étais pas la seule.

J'ai donc suivi La Blanche jusque dans une taverne, et elle s'est retourné vivement quand elle m'a entendu entrer. J'ai voulu m'assurer qu'elle allait bien et là, première contrariété quand j'ai appris qu'elle ne soignait pas la meurtrissure qu'elle avait sur la joue.
Alors certes, c'était un peu l'hôpital qui se foutait de la charité, quand on sait que je suis restée plus de deux semaines sans soigner la brûlure que j'avais à la senestre, et que c'est Gabriel, quand il avait débarqué à Limoges, qui m'avait coincée une nuit dans une taverne et je n'avais pas eu d'autres choix que de me laisser faire. Je me souviens encore des bonds que j'ai fait et de la bordée d'injures qui a suivi.
Alors je ne comprends pas pourquoi, il ne s'occupe pas de soigner Bloodwen. Surtout que c'est lui qui lui a fait mal.
Notant dans ma tête, de trouver quelque baume qui puisse faire effet sur sa joue, j'ai ensuite entrepris de la cuisiner, histoire d'en savoir un peu plus sur ce qui s'était réellement passé l'autre jour.
J'avais déjà la version du Serbe. Succinte. Une seule phrase. Mais j'avais compris. Et puis j'avais eu la version de la blondine qui m'a dit qu'elle en a été quitte pour une manche déchirée. Je lui ai d'ailleurs conseillé de rester loin de Gabriel, surtout quand il est dans un état pareil, mais je crois qu'elle n'a pas compris que j'étais vraiment sérieuse.
Et finalement, La Blanche m'a raconté ce qui s'était passé et pourquoi Gabriel avait voulu la corriger. Et elle a fini par me demander avec un regard empli d'espoir, limite d'adulation, pour mon presque frère, s'il allait revenir. Je n'en savais foutrement rien, je lui ai juste répondu, qu'il avait intérêt. Rajoutant que s'il me giflait de nouveau, je lui en collerai une dans la foulée, et je conseillais à Bloodwen d'en faire autant, voire de lui cracher à la gueule.
Bien sûr, je n'avais pas pensé une seule seconde, à la réaction que cela engendrerait chez La Blanche, qui m'a regardé les yeux écarquillés, en balbutiant qu'elle ne pourrait jamais faire une chose pareille, et puis elle m'a plantée là, en s'enfuyant, s'essuyant le nez dans sa manche. En larmes.

Furieuse après Gabriel de la voir dans cet état, j'ai fini par me diriger vers les endroits où je me disais que je le trouverai peut-être. Ceux qu'avant, il avait l'habitude de fréquenter avec la Russe. Mais je ne l'ai pas trouvé.
J'ai fini par arpenter la plage, sans plus de succès et je m'en rentrais au mas, quand, arrivée à la hauteur du porche, je me suis immobilisée, ressentant la même impression que l'autre jour quand je me baignais dans la rivière.
Quelqu'un était là. Sans doute à épier. J'ai posé une main sur ma triple dague, et je me suis retournée, prononçant à voix haute quelques phrases, l'enjoignant de se montrer, que je savais que c'était la même personne qui se trouvait également à la rivière.

Je suis restée conne en le voyant sortir de l'ombre. D'une, parce que je le croyais parti. Je m'étais persuadée que j'avais réussi à le faire fuir. Et ensuite, parce que je sentais bien que sa présence me perturbait. Au point de lui sortir une question toute aussi conne. Et ouai.
Figée, je l'ai regardé s'avancer vers moi et avoir ce geste inattendu. Me prendre la main. M.ierda. Il venait de me prendre la main et je ne l'ai pas cogné. Puis il m'a dit qu'il voulait me voir afin de me souhaiter une nuit sans rêves.
Quelques autres phrases ont été échangées et cela s'est soldé par un dérapage de lèvres Serbe sur mes phalanges.
Et là. De nouveau. Le temps que l'information monte à mes neurones, que cela vienne me perturber davantage encore, je l'ai longuement fixé et puis, d'un air naturel, j'ai fait ce que je savais qu'il fallait que je fasse pour tenter de le faire fuir.
Je lui ai demandé s'il voulait dormir avec moi ce soir, en insistant bien sur le terme "dormir". Et il a trouvé le moyen de m'octroyer une réponse qui n'a eu que pour effet de me déstabiliser davantage.
Et puis en riant, il est parti, à reculons, en me disant qu'il n'était qu'un homme et...qu'il n'était pas castré.
Mon sang n'a fait qu'un tour. Comme on dit, aux grands maux, les grands remèdes. Alors je lui ai balancé en riant, que je ne le croirai que lorsque je le verrai de mes propres yeux. Et stupéfaite d'avoir été capable de lui sortir ce genre de diatribe, je l'ai vu disparaitre dans la nuit et je me suis carapatée en quatrième vitesse dans le mas. Un sourire plus que largement satisfait sur les lèvres.
Parce que ce que je venais de faire, allait forcément le faire fuir. Et ce n'est pas des avances que je lui avais fait, mais carrément du rentre-dedans.

Alors c'était évident. Il allait fuir cette fois.

Je m'en suis directement dirigée droit sur la chambre d'Anna. A la lueur de la bougie, j'ai vu qu'elle était réveillée, je l'entendais babiller dans son berceau et penché au-dessus d'elle, je l'ai observée longuement. Un sourire gagatement attendri sur mes lèvres. Je me suis saisi de la missive de son père qui trainait sur la petite table près de son berceau, et je lui ai lu la nouvelle histoire de Niallan.


Salut ma puce, c'est Papa et c'est l'heure de la petite histoire. Mais avant, je voudrais te demander pardon, maman m'a dit que tu étais fâchée. Ne te venge pas sur la compote, je t'assure que c'est pas une bonne idée d'en jeter sur les murs ! En parlant de mûres, je vais te parler des fruits qui ont le même nom. Eh oui, la langue française est curieuse mais tu le découvriras bien assez tôt. Ceci étant dit, il se trouve que ces délicieux fruits sont protégés par des ronces et que ton crétin des Alpes de père n'a rien trouvé de mieux que d'y tomber aujourd'hui. Je me suis fait bobo et je crois que seul un bisou magique de ma princesse-pirate pourra me guérir. Et si on faisait un marché ? Des mûres fraîchement cueillies contre un bisou magique. Je serai bientôt là mon ange, je te le promets. Je t'aime, je t'embrasse.

Une fois qu'Anna s'est endormie, je n'ai pas rejoint ma couche. Je suis restée assise à même le sol, le bas du dos légèrement appuyé contre le berceau de ma fille. A veiller sur sa petite respiration paisible.
Les bleus rivés sur la pipe de bois que je tenais entre mes mains.

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Alaynna
Et il n'a pas fui.
Et il est même revenu.
Et il m'a même demandé de partir avec lui. Si. No. En fait c'était pas vraiment une demande hein. C'était plutôt genre peut-être que demain je pars si tu viens avec moi. Alors quoi ! C'était pas une demande ! Mais j'ai accepté. Puis quand même, je lui ai précisé que je voulais qu'on revienne pour être là quand Niallan arriverait. Et là il m'a souri et il a précisé que chez lui, demain, ç'est tout autant après-demain que dans une semaine ou dans un mois. En retour, je lui ai adressé un sourire. Soulagée. Parce que j'ai quand même une promesse à tenir et deux, trois petites choses à régler. Et j'ai continué dans ma lancée, en lui disant que je partirai avec lui.

Est-ce que sur le moment j'ai pensé à Niallan ? No. Et c'est ça qui est inquiétant. Mais il n'est pas mon mari pour de vrai, alors finalement, ça le gênera pas.
Est-ce que sur le moment j'ai pensé à Gabriel ? Non plus. De toute façon il m'a dit de partir, ça ne le gênera pas non plus le presque frère qui est pas rentré depuis plusieurs jours.

Et c'est maintenant que j'y pense que je me dis qu'il y a anguille sous roche quelque part. Que ce putain de Serbe me perturbe assez pour me faire accepter de le suivre. Et surtout. Je ne comprends pas pourquoi je lui fais confiance. C'est un teigneux, c'est un solitaire, c'est un ancien soldat, je ne le connais pas plus que cela, il est peut-être castré ou pas, il est loin d'être un enfant de choeur, c'est le genre de type que mon frère ne voudrait pas que je suive. Et pourtant. J'en ai rien à foutre, j'ai accepté.

J'ai attendu qu'Anna se soit endormie et je l'ai laissé sous la garde d'Eugène. Qui n'attendait que ça. Je suis descendue à la crique, j'ai ramassé et entassé du bois que je n'ai pas mis bien longtemps à enflammer.

Aujourd'hui, un coup de folie m'a pris, savamment calculé quand même. Parce que l'air de rien, j'essaie encore de le faire fuir.
Mais cette fois, je me dis quand même que je préfèrerai qu'il ne fuit pas et qu'il vienne.

Je suis allée en douce dans la chambre de Gabriel à la recherche de son petit livre avec lequel il apprend le polonais. Je me suis dit que le polonais, c'est comme le russe, ça vient du slave. Et comme le Serbe comprend quelques sonorités de russe, ma fois, ça le fera peut-être avec le polonais. Ou pas.
Mais j'ai fait une découverte bizarre dans la chambre de Gabriel. Au sol il y avait une couverture froissée. Comme si quelqu'un dormait là régulièrement. Et quand je repense à l'air affolé de la Blanche depuis que Gabriel a disparu, je ne suis pas loin de me penser que c'est elle qui dort avec lui. Et je suis ressortie de la chambre avec un léger sourire sur les lèvres.

Mais avec ce que je lui ai écrit, il ne viendra pas. D'une parce que ça va le faire fuir. De deux, parce qu'il y a de fortes chances pour qu'il ne capte pas un mot de ce que je lui ai écrit.

Ou alors peut-être que si, il va venir.

Agenouillée devant le feu crépitant une bienfaisante chaleur, jupons étalés autour de mes chevilles nues et bustier de cuir à demi recouvert par une veste en peau d'agneau sans manches, je taillade avec précaution, l'écorce de noisetier qui ne me quitte plus depuis deux ans, y ajoutant une seconde rainure.
Je me déconcentre l'espace d'un éclair, repensant à ces quelques mots que je connais maintenant par coeur.


Дођите вечерас на малој плажи на фарми. Ја ћу бити близу ватре.*

Fais chier. Je n'aurai pas du lui écrire. Parce que je suis encore plus perturbée qu'auparavant, maintenant.

*Viens ce soir sur la petite plage du mas. J'y serai, près d'un feu.*
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Alaynna
" - J'aurai aimé que mon mari soit comme toi."


Je me souviens très bien lui avoir balancé cette phrase, un jour de la semaine dernière. Même qu'il m'a répondu que je devais sans doute trop l'idéaliser. Je l'ai laissé dire, n'ayant pas envie de m'attarder dans des détails au sujet de Niallan.

Mais en fait no. Je ne l'idéalise absolument pas.

C'est simplement parce qu'il m'a dit que chez lui, quand on aime, on aime. Et sinon on reste seul. C'est surtout le "quand on aime, on aime" qui m'a frappé. Parce qu'en fait, je ne sais pas ce que ça signifie.

J'ai le souvenir d'un mari italien qui disait m'aimer et qui, pourtant, s'est fait la malle au premier coup de vent. Pour moi, c'est pas ça aimer.

Je suis mariée à un homme qui disait m'aimer mais qui s'est finalement retrouvé à aimer deux femmes en même temps. Et puis il a du faire un choix. Mais de plus, Niallan, même quand il aime, il va voir ailleurs, d'autres femmes, qu'il n'aime pas celles là. Et pire encore, quand Niallan aime, il ignore et il humilie. Pour moi, c'est pas ça non plus aimer.
Mais je dois reconnaitre, que même en m'humiliant, il a tout de même fait le choix de se sacrifier en m'épousant. Parce qu'il ne m'a pas épousé pour moi. No. Il a fini par me l'avouer. Il m'a épousé uniquement pour notre fille. Pour qu'elle ne soit pas bâtarde - bien que Gabriel m'ait expliqué que malgré ça, elle l'est toujours -, et peut-être aussi que quelque part il l'a fait parce qu'il savait que ça créerait un conflit avec mon frère, puisque Julian ne veut pas de bâtards dans la famille. Ce que j'en retiens, c'est qu'il m'a épousé uniquement pour notre fille. Un mariage de convenance point. Sauf qu'il m'a menti au début en me faisant croire qu'il m'épousait parce qu'il m'aimait. Lui qui ne me mentait jamais, sur ce coup là il a fait fort.
Et moi qui pardonnait avant, aujourd'hui je n'ai toujours pas pardonné. Ni l'odieux mensonge, ni les humiliations, encore moins l'ignorance.
Et je suis même décidée, une fois que je vais l'avoir lié par un document officiel à notre fille, à le libérer de ces liens factices d'un mariage qui n'en est, de toute façon, pas un. Puis c'est convenu entre nous. Je suis libre de mettre fin à ce mariage dans l'hypothèse ou je n'en peux plus ou que j'en aime un autre. Donc, je vais y mettre fin, mais ce n'est ni pour l'une, ni pour l'autre des raisons invoquées plus haut.
Mais s'il m'emmerde de trop avec ça à me chercher la petite bête, j'ai déjà mon plan infaillible : je lui dirai que j'en aime un autre !

Aujourd'hui, je sais que je suis incapable d'aimer de nouveau. Je peux éventuellement être perturbée par un homme, ça, je viens de le comprendre tout récemment. Mais entre être perturbée et tomber amoureuse de nouveau, il y a tout un monde que je ne franchirai jamais plus.
Et finalement, être perturbée par le Serbe, c'est bien. C'est même très bien. Il ne veut pas de femme, il ne veut pas d'enfant. Et moi je ne veux plus aimer. Mais il a dit que quand il me ferait sienne, dans sa tête, je serai alors sa compagne, et qu'il tuerait le premier qui toucherait à mes cheveux. Et j'aime cette idée. Il m'a dit aussi qu'il faudra que je lui apprenne parce qu'il n'est pas habitué à avoir une compagne. J'aime bien aussi. Et je me souviens aussi d'une autre phrase que Kachina m'a dit au sujet du Serbe. Il ne faut surtout pas tomber amoureuse de lui. Alors ça n'est pas rentré dans l'oreille d'une sourde, ça, et puis les autres choses qu'elle a dit. Sur le moment je m'en foutais, je ne comprenais même pas pourquoi elle parlait de lui en ces termes, et finalement comme la petite blondine était là aussi, je me suis pensé que c'était surtout à elle que Kachina s'adressait.
Je n'avais juste pas prévu que cet homme là allait me perturber.
Et que maligne comme un singe comme l'est Kachina, au final, elle aurait bien été foutue de le faire exprès de balancer tout ce qu'elle a dit au sujet du Serbe.

Alors comme je n'avais pas envie d'expliquer tout ça au Serbe je n'ai rien dit. Surtout qu'il a déjà du mal à comprendre que je puisse avoir un "presque" frère et qu'il ne comprend pas trop non plus que je sois mariée mais que mon mari ne soit pas avec ma fille et moi, mais avec une autre femme et l'enfant d'un autre.

Mais. Ce que je n'avais pas prévu, persuadée que Loras allait me fuir, c'est que l'homme Serbe, bien loin de s'enfuir, est venu et il a fait encore pire que venir, il s'est rapproché.

Il a dormi sur la plage avec moi, m'enfermant dans l'étau de ses bras, après une légère cueillette de baiser.

Et je n'avais pas dormi ainsi depuis des lustres.
Pour la première fois depuis plusieurs mois, j'ai dormi d'un sommeil paisible. J'ai cru même que j'ai rêvé de lui, que j'avais passé une main sous sa tunique, pour éprouver le grain de sa peau, sur le ventre masculin.
Sauf qu'au petit matin, à mon réveil, je me suis aperçue que ce n'était pas un rêve, et je me suis dépêchée d'ôter ma main.

Avant de filer au pas de course, rejoindre Anna-Gabriella. Un sourire aux lèvres.

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Alaynna
Et cette nuit encore, j'ai dormi. Sans mauvais rêve. Sans me réveiller en hurlant. La veille au soir, je lui avais demandé s'il acceptait de partager une nouvelle nuit avec moi et il avait acquiescé, me disant juste que cette fois, il ne voulait pas dormir sur la plage.
J'ai pris une longue inspiration avant d'acquiesçer à mon tour et de prononcer simplement deux mots : ma chambre.
Il était fatigué de sa journée et je voyais bien qu'il souffrait, mais il avait simplement évoqué des stigmates, je n'avais pas voulu trop insister. Je le laissais se dévoiler petit à petit. L'homme était sauvage et fier, et je respectais cela.
Dormir pour être en forme demain. C'est ce que je lui avais dit. Bien sur, vu que je dormais d'un sommeil réparateur, j'imaginais qu'il en était de même pour lui. Et c'est le nez fourré contre le torse masculin, une main ayant glissé dans le bas de son dos, bien à l'abri dans l'étau de ses bras, que j'ai trouvé le sommeil.

Je m'étais même réveillée un peu plus tardivement qu'à l'accoutumée, et regardant le bel endormi près de moi, je m'étais levé en faisant le moins de bruit possible et je suis allée rejoindre Anna-Gabriella.
Aujourd'hui, elle verrait son papà. Et tout en l'habillant d'une petite tunique de dentelle rouge, et d'une petite culotte bouffante laissant ses gambettes nues, le tout assorti à son petit foulard rouge que je lui avais noué sur la tête, j'essayais de ne pas lui transmettre mon inquiétude.
Parce que si Anna babillait ce matin à qui mieux-mieux, j'étais loin d'avoir le même verbiage qu'elle, et j'avais la gorge qui se nouait de plus en plus.
Pour ma part, je ne fis aucun effort de toilette, je portais simplement mon jupon et un caraco légèrement brodé, les cheveux relevés en un chignon fou et intérieurement, je maudissais l'absence de Gabriel, qui m'aurait été d'une aide précieuse, non pas pour mon chignon, mais pour m'apaiser comme seul lui, sait si bien le faire.

Il était l'heure de se mettre en route, et je faisais fi de mon appréhension pour me diriger d'un bon pas vers les ruelles de la ville, Anna dans les bras.

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Alaynna
J'ai des cours à donner. Tout du moins je suis sensée le faire. Je rends service à Gabriel. Ou bien est-ce lui qui n'a rien trouvé de mieux à me refiler ces derniers temps pour mieux m'occuper l'esprit encore ?
Bref. J'avais tout préparé, j'avais trouvé le sujet de mon cours particulier du jour, ne me restait plus qu'à trouver Bloodwen et l'entraîner avec moi pour notre folle aventure du jour. Je savais que ce n'est certainement pas près d'Eugène que je la trouverai, mais très certainement que Gabriel devait être en train de lui enseigner les Vertus.
Si. Il prodigue des enseignements très instructifs Gabriel, mais le plus délicat à se farcir, je vous le donne en mille, à qui a t'il confié cette tâche ardue hum ? Je n'ai pas besoin de lever les mains pour que l'on comprenne que c'est pour ma pomme. Et encore, il n'y avait aucuns témoins pour voir ma tronche sur le moment, quand mon presque frère m'a demandé ce service. Que je ne pouvais évidemment pas refuser. Parce qu'il est malin Gabriel. Et surtout il sait vous enrober le truc pour mieux le faire passer. Genre il m'a même ordonné l'autre jour de dormir avec lui, juste pour s'assurer que je passe une nuit à vraiment dormir, et en échange il allait m'aider dans mes recherches pour retrouver Loras. Toujours porté disparu. No. Il ne s'est pas carapaté, il ne s'est pas enfui, je ne cesse de clamer dans le silence de la maisonnée qu'il a dis-pa-ru.
Et mes journées sont bien rôdées depuis quelques jours. Je les passe à m'occuper d'Anna -Gabriella la journée. A éviter les tavernes depuis que je sais que l'on cherche à me faire passer pour une putain, ce qui a d'ailleurs fait sourire Diego quand je le lui ai raconté. Je dois pas avoir la tête de l'emploi et pourtant, j'y ai eu droit. Pour une histoire de contrat signé par un homme qui était alors célibataire à ce moment là. En même temps on s'en cogne un peu qu'il le soit ou pas, quand il s'agit de garder le mas. Certes, était inclus une clause sur la veille de mon sommeil, mais il n'était spécifié nulle part que j'allais me comporter en putain durant les deux nuits de la semaine qui étaient incluses dans le contrat. Mais il faut croire que ce ne devait pas être bien clair pour tout le monde. D'autant plus que le contrat avait été déchiré de mes propres mains lorsque l'intéressé m'avait finalement annoncé qu'il était ennuyé. Et pour cause. C'est donc sans sourciller que le contrat avait été méticuleusement déchiré. Et cela remontait à déjà plusieurs semaines. Depuis que mon ex-mari m'avait quitté, je retombais chaque jour un peu plus dans mes anciens enfers. Ceux dans lesquels j'étais tombé quand il m'avait abandonné il y a quelques années de cela.
De manière insidieuse et pernicieuse, j'y retombais doucement mais sûrement. Loin du regard des autres. Pas trop loin cependant de celui de Gabriel puisqu'il dort au mas avec Bloodwen. Mais je ne dis rien, il ne dit rien, pourtant je me doute qu'il sait, et il doit savoir que je me doute. L'éternel jeu du chat et de la souris avec mon presque frère. Qui a ce même foutu don que ne l'avait Julian, mon jumeau, pour savoir me décrypter en un rien de temps. Pas pour rien qu'il est devenu ce presque frère, dont le terme a toujours étonné le Serbe.
Le Serbe. Loras. Que je continues inlassablement de chercher, toutes les nuits. Parfois seule. Souvent avec l'aide de Gabriel. Une nuit avec celle de Diego. Et voilà que même Niallan s'est proposé il y a peu. Si je n'étais déjà pas aussi mal, j'en aurai très certainement éclaté de rire. Mais je n'en ai rien fait, j'ai simplement acquiesçé en signe d'assentiment.

Mais je n'avais pas prévu que j'allais tomber malade. Depuis deux jours, je dégobille tout ce que je mange. Et même quand je me dis que je ne vais pas manger pour anticiper la chose, il se trouve que je suis aussi mal en point.
Alors je ne sors pas du mas la journée. J'y reste cloîtrée, à reprendre les forces que je perds ensuite chaque nuit à m'en aller chercher Loras. Mais je ne désespère pas de le retrouver. Je sais que je vais le retrouver.
Je n'ai voulu alarmer personne alors je me fais le plus discrète possible, j'ai juste demandé à Eugène de s'occuper d'Anna-Gabriella, le temps où je perds conscience. Et je lui ai surtout dit de n'ameuter personne, ni au mas, ni en ville. Je n'ai jamais compris pourquoi Eugène, qui est pourtant au service de Gabriel, semble m'écouter quand je lui demande quelque chose. Peut-être parce qu'il est gaga d'Anna-Gabriella, ce que je ne m'explique pas vraiment non plus.
Mais en tout cas, jusqu'à présent, Eugène a tenu sa langue et personne n'a capté que je suis malade. De toute façon, ça va bien finir par passer. J'ai réfléchi et je crois qu'en fait, j'ai du attraper la saleté qu'avait Percy ces derniers temps. A coup sûr, c'est mon beau-fils qui me l'a refilé. Ex beau-fils. Beau-fils quand même. M.ierda, m'emmerdez pas avec ça. Ce n'est pas le moment.
J'essaie de préserver Anna-Gabriella le plus possible. Je ne veux pas qu'elle tombe malade à son tour.
Pendant mes moments de solitude, j'étrenne on ne peut plus la pipe que m'avait offert Loras. Je me suis même dégoté un apothicaire du tonnerre chez qui je m'approvisionne régulièrement. En fait, j'y suis allée une fois quand Loras a disparu et par la suite j'y suis revenu tous les trois jours, puis tous les deux jours et en ce moment, c'est tous les jours que je vais m'y réapprovisionner. Il me concocte un mélange qui rend ma vue encore plus perçante la nuit. Si, si. Et c'est bien pratique pour chercher le Serbe. J'ai un regard d'enfer la nuit quand je me replonge dans les ténèbres pour tenter de retrouver sa trace.
Tant que je peux éviter Gabriel, ou Diego, ou Niallan, je le fais aussi. Sciemment. Evidemment que je le fais exprès. J'imagine déjà les engueulades tomber sur ma caboche quand ils sauront que j'étais malade et que je n'ai rien dit, alors s'ils savaient pour le reste, ils me tueraient sur place.

La seule chose à laquelle je n'ai pas pensé, c'est que ça fait déjà plus de trois jours que j'aurai du attaquer mes cours auprès de Bloodwen. Mais en y réfléchissant bien, je me dis que la mignonne petite lapine blanche ne fera pas le rapprochement entre mes absences et le fait qu'elle n'ait toujours pas eu de cours. Mais je n'ai pas le choix. Si j'y vais dans mon état actuel, malgré sa mauvaise vue, elle remarquera vite que quelque chose cloche.

Et là dans l'immédiat, j'attends que tout soit calme et de ne pas entendre un bruit dans le mas, pour enfiler mes bottes et me carapater pour une nouvelle nuit de recherche dans la guarrigue. Même si je me tiens le ventre à deux mains, que je dégobille régulièrement et que je dois avoir une tête à déterrer un cadavre, je reste fidèle à ce rituel nocturne qui est le mien depuis quelques semaines.

En douce bien évidemment, je me carapate pour une nouvelle nuit. Car je n'aurai de cesse de le chercher, que lorsque je l'aurai retrouvé, mon beau Serbe.

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Diego_corellio
La porte de la dernière taverne de Marseille est claquée si fort que les murs en tremblent encore.

Bordel de miércoles de… Merde, merde, merde et merde !
Aaaaaalaaaaayyyyynnnnnaaaaa !!!!!


Je hurle son nom dans la rue pas du tout déserte de Marseille. Elle a de la chance l’italienne, j’aurai pu aller sur la place du marché. Diego poissonnier. Ça ne claque pas du tout comme métier ça. Je vais chercher encore autre chose à faire. Et l’italienne aussi.
Un moment qu’elle a foutu le camp et qu’elle ne se pointe plus en taverne. Un moment que je l’attends, à défaut d’attendre une femme qui ne viendra pas, et qu’elle ne daigne se montrer. Un moment donc, qu’elle me prive de nos discussions si salvatrices. Vrai aussi que je rentre juste de Paris et de mon escapade cour Brissel.
Je promène mon regard sur les badauds qui déambulent paisiblement. Eux s’ils ont des tracas ils le cachent bien. Pourquoi n’avons-nous pas tous cette chance-là ? Mon front se plisse d’inquiétude et la dextre passe dans les cheveux sombres d’un geste nerveux. Je suis inquiet. Pour cette femme qui a su me toucher avec sa détresse profonde que reflétaient ses grands yeux si triste. Il faut que je la retrouve. Je ne veux pas qu’elle parte.

A cela je pourrai évoquer pleins de raisons. Mais la plus évidente, c’est surement parce que c’est la seule femme envers qui je ne nourris pas de sentiments ambigus. Pas de désir. Pas d’amour. Seulement un attachement sincère. Alors celle-là, je ne vais pas la laisser filer. Ni la laisser sombrer.
Je me laisse glisser contre le mur, expirant un long soupir. J’ai fait le tour de la ville. Rien. J’ai demandé aux gens croisés. Nada. J’ai même fouillé les bois à la recherche de son emmerdeur de bucheron qui a foutu l’camp, surement partit courir la belle. Tous pareils les hommes. Parole d’homme.

Finalement, c’est le pigeon qui a su trouver l’italienne avant moi. Et moi je ne suis pas un pigeon mais une triple buse. Parce que si j’avais écrit plus tôt et ben je l’aurai trouvé plus vite. Missive en main, je me carapate à nouveau, suivant les indications qu’elle laisse dessus, chargé comme une mule.
« Je suis au mas. A la sortie de la ville, au nord. Une grande baraque blanche avec des vieilles pierres, perdue tout près des marais ». Elle est mignonne mais y en a pas qu’une de sortie. Puis merde je suis un boulet moi en orientation. Je tourne sur moi-même scrutant les environs. Pas de baraque. Le chemin est pris en sens inverse, trottant d’une allure vive, agacé.

Bordel mais elle est ou c’te foutu ca…. Chhhhuuut Diego t’énerves pas tu vas finir par y rester …En elle est là c’te maison d’malheur…


Je contourne la bâtisse d’un pas rapide, marque une hésitation devant la porte entrouverte, et me glisse à l’intérieur, observant avec curiosité la tanière de l’italienne.

‘Laynna, è Diego, ed io non è venuto le mani vuote… Sono offeso ugualmente che non abbiate pensato ad invitarmi più presto, sapete bene che mi cerco sempre dei pretesti per bere e fumare....
‘Laynna, c’est Diego, et je ne suis pas venu les mains vides… Je suis quand même vexé que vous n'ayez pas pensé à m'inviter plus tôt, vous savez bien que je me cherche toujours des prétextes pour boire et fumer....

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Ban : JD Calyce
Gabriel.louis
[Quelques heures plus tôt]

Des jours que je ne parvenais pas à mettre la main sur l’Italienne. J’avais fini par poursuivre mes recherches nocturnes de mon côté, puis par ne plus chercher. Aucun des collets du Serbe n’avait bougé, et j’avais dû me rendre à l’évidence, il était parti. Sans doute Alaynna en était-elle arrivée à la même conclusion.

J’avais beau vouloir la soutenir, sa façon de se montrer plus fuyante qu’une anguille ne pouvait que me pousser à réaliser qu’elle préférait la solitude à mon aide. Malgré tout, j’espérais les brefs instants où l’on aurait pu se croiser, et où j’aurais pu tenter de tenir mon rôle de protecteur, et où j’aurais pu essayer de la convaincre de voyager un peu avec nous, car tous avions besoin de changer d’air. Rien à faire pour parvenir à mettre la main dessus, et c’était encore sans compter le pli reçu de Bourgogne.

Citation:

De Septimus. Date d'envoi Le 07 Juillet 1465 à 15h36
Objet Rappel en Bourgogne.

Expire le 23 Juillet 2017


Baron,


Je me permets de vous déranger dans vos vacances provençales afin de quérir votre rappel en Bourgogne.


Certaines affaires familiales importantes requièrent votre présence en terres Burgondes aussi vite que possible.


Bien à vous, Sa Grâce Septimus de Valyria, Duc de Bourgogne.


Celui-là, pour qu’il prenne la peine de m’écrire, c’est que la situation devait être catastrophique, ce qui, finalement, ne m’étonnait que peu après plusieurs mois d’absence. Je me trouvais déchiré entre l’abandonner à son sort, ou abandonner ma famille. Ce qui fit pencher la balance, fut que la première me fuyait, quand la seconde requérait ma présence. Cependant, je n’étais pas apte à m’y résoudre réellement, et la seule option qu’il me restait résidait en quelques mots, déposé sur la tablette, près de son lit.



Mia Sorella,

Voilà plusieurs jours que je te cherche, quand toi, tu sembles visiblement préférer la solitude. J’imagine dans quel état tu te trouves, et je t’avoue que je me sens démuni. Je le suis d’autant plus que le Duc de Bourgogne vient de m’écrire pour me signaler des problèmes avec ma famille.

A l’heure où tu lis cette lettre, je suis déjà en route pour rejoindre les miens, mais je ne t’oublie pas pour autant. Je ne saurais te dire combien de temps cela me prendra, mais dès que tout sera réglé, je te rejoindrai.

Si cela venait à durer plus longtemps et que tu souhaitais me rejoindre, saches que Draugaran reste encore à Marseille quelques temps. Elle est mes bras et mes yeux. Ainsi, elle veillera sur toi et t’escortera si nécessaire.

Prends soin de toi,
Gabriel.

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Alaynna
Le presque frère, le Protecteur, était parti. Sans moi. Mais il m'avait laissé une missive, découverte sur la petite table près de ma couche. Le fessier pelotonné sur le bord du lit, les bleus ne manquaient aucuns des mots écrits de la main de Gabriel. Je ne lui en voulais pas. No. Absolument pas. Je comprenais qu'il doive rejoindre les siens. Après tout, un presque frère n'est pas un frère de sang.
Mais surtout. Je sais que même s'il m'avait mis la main dessus, à moins de m'assommer, il ne serait pas parvenu à me faire suivre.
Je n'avais qu'une seule idée en tête, celle qui me tenait encore debout à l'heure actuelle. Retrouver la trace Serbe. Parce qu'il me manque, parce que j'ai des choses à lui dire. De ces choses qui se murmurent dans le creux de l'esgourde et ne se dévoilent pas aisément. Il est certes des amours dont on ne revient jamais et c'est l'évidence même en ce qui concerne Niallan.
Mais Loras est un être à part. Le seul qui a su éveiller des sentiments en moi. Le seul qui me redonne l'espoir et l'envie de croire en quelque chose de beau et de puissant. Le seul que je pourrai aimer, d'une manière différente que l'amour que je peux éprouver pour Niallan. Le blond est le seul homme que j'aimerai jusqu'à mon dernier souffle et même après. Même si je sais aujourd'hui, que je n'ai plus rien à attendre de lui. D'une parce que je ne lui ai toujours pas pardonné. De deux. Parce que Loras fait désormais partie de ma vie. Et mes sentiments pour lui sont véritables, même si au début, je restais sur la défensive, refusant de nommer cet attachement si particulier que je lui voues, et qui allait grandissant, de jour en jour. Avec lui, je retrouvais le goût de vivre, l'envie d'y croire, et il a cette manie si particulière, qui n'appartient qu'à lui, de me surprendre tous les jours.
Lui. L'homme qui déteste que les femmes lui fassent des avances, ce Serbe qui est d'un abord si froid et si sauvage, s'est révélé à moi, me dévoilant quelques aspects de lui, totalement inattendus.
Je sais au plus profond de moi que son absence n'est pas logique. On a beau me dire qu'il s'est foutu le camp, qu'il est parti courir après d'autres femmes, qu'il est un loup solitaire, tout cela n'a aucune prise sur moi. Parce que je sais, je ressens, je flaire quelque chose qui ne colle pas, qui ne tourne pas rond.
Et je n'aurai de cesse de le chercher, jusqu'à ce que je lui mette la main dessus. Anna-Gabriella et lui, sont ceux qui me maintiennent encore debout à l'heure actuelle.

Je suis tirée de mes pensées par un messager qui s'en vient me remettre une missive. Et là, je me mords les lèvres en reconnaissant l'écriture de celle que je considère comme une soeur. Parce que l'air de rien, on se ressemble tellement elle et moi, par certains aspects de nos vies. Je ferme les yeux un instant alors que je lis ses premiers mots. Je secoues la tête, parce qu'en fait, je sais pertinemment qu'elle n'a pas à s'excuser. C'est à moi de lui présenter des excuses, parce que c'est moi qui n'ait pas répondu à sa dernière missive. En même temps, je ne sais toujours pas comment lui dire que j'ai brisé ce mariage auquel elle tient tant. Bien sûr, je ne réalise même pas que Niallan ou Diego aient pu lui faire part de la nouvelle, et que donc, elle soit déjà au courant.
Je tique lorsque j'apprends que Niallan lui a écrit et lui parle de Loras. Soit disant qu'il a les boules. Alors là, je manque d'éclater d'un rire. Cynique le rire. Mais bien sûr. Je vais y croire.
Un brin agacée, je lève les yeux au ciel en maugréant quelques injures bien senties à l'attention de Niallan, dans ma langue maternelle. Puis je me fige. Parce que j'entends en écho une voix à l'accent italien, me balancer quelques phrases qui me font plisser le front.
Je me retourne d'un bloc et je me fige en voyant l'Italien.

Alors celui-là, il débarque au bon moment. Eliance était en train de me parler de lui dans sa lettre et je me le trouve devant moi, les bras chargés de bouteilles notamment. Et en plus, il se dit vexé que je n'ai pas pensé à l'inviter avant !
Je le dévisage un moment, d'un oeil méfiant, puis je finis par lui décocher un sourire. Un vrai. Comme peut-être lui seul arrive à m'en arracher en ce moment. Ce type là a décidé de s'occuper de ma Niallanisation. Certes, je n'ai pas eu de cours depuis un certain temps mais faut dire que je l'ai évité ces derniers temps.
Parce qu'en fait, ce rital là, est en train de devenir mon meilleur ami. A la différence avec la Russe, c'est que lui, c'est un homme déjà et en plus, le meilleur poto de mon ex-mari. Le parrain de notre fille aussi. Et je n'ai pas à craindre qu'il me foute un coup de poignard dans le dos, je sais que lui, n'ira jamais courir après Niallan, si ce n'est pour le chercher pour l'une de leurs conneries ou soirées de beuveries et j'en passe. Mais une chose est certaine. Diego ne me trahira jamais comme Catalyna l'a fait.

Je ne sais pas comment c'est arrivé cette complicité entre nous. Peut-être parce que l'on est italiens tous les deux. Peut-être parce que je sais que je ne lui galoperai jamais après tout comme il n'en fera jamais rien avec moi. Et ce n'est pas qu'à cause de Niallan. C'est aussi par rapport à Eliance. Elle m'en a tellement causé, elle m'a raconté tant de choses, elle a tellement comparé Niallan et Diego que fatalement, quelque part, alors que je n'avais encore jamais vu de ma vie cet italien, j'avais le sentiment de le connaitre. Niallan aussi m'en avait énormément parlé. Et finalement, la première fois que je l'ai vu, à Limoges, il a su me faire sortir de ma réserve et puis j'ai vu ce regard qu'il a posé sur Anna. La fille de son meilleur poto. C'est finalement moi qui avait proposé à Niallan que l'italien devienne le second parrain de notre fille.
Je n'avais par contre alors pas encore compris que cet homme allait aussi devenir incontournable dans ma vie, et que j'allais m'en faire un allié et surtout, qu'il allait devenir mon meilleur ami.

Et là tout de suite, ça me faisait bizarre de le voir dans ce domaine qui nous appartient autant à Niallan qu'à moi. Même si Niallan n'y vit plus, je n'ai pas oublié les dix mille écus qu'il a tenu à verser pour l'acquisition de cet endroit et le père de ma fille aura toujours sa place ici. C'est ainsi.
La lettre d'Eliance à la main, je continues de fixer l'Italien avant de finir par lui répondre.


" - Non credete però che andavate ad entrare qui come in un mulino, tanto più che Niallan non vive più qui. Solo i miei amici vicini e la famiglia sono invitati in questi luoghi. Ma poiché siete là...io buoni voglio bere e fumare fino alla fine con te della notte."

Voilà. Puisque nous nous entendons si bien, autant passer du vous au tu, sans autres formalités.
Et je lui adresse un autre sourire, espérant qu'à lui seul, il saura le détourner de la sale tronche que je dois me coltiner en ce moment, entre mes nuits sans sommeil et l'inquiétude croissante de ne pas voir revenir Loras.

Vous ne croyez tout de même pas que vous alliez entrer ici comme dans un moulin, surtout que Niallan ne vit plus ici. Seuls mes amis proches et la famille sont conviés en ces lieux. Mais puisque vous êtes là..je veux bien boire et fumer avec toi jusqu'au bout de la nuit.

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Niallan
Vous connaissez tous la galère qu'ont traversé l'empereur, sa femme et le petit prince. Dans le doute, voici un rappel plus ou moins salutaire. En l'espèce, je synthétise cet heureux trio en ma personne sauf que la ritale était probablement pas partie, j'ai juste jamais trouvé le cran de frapper à sa porte pour lui serrer la pince. Chaque jour, je me suis un peu plus rapproché du mas sans jamais l'atteindre, alors je me disais « puisque c'est ainsi, je reviendrai [insérer un jour de la semaine] ». Jusqu'à vendredi. Vendredi j'ai réussi mais au moment de frapper à la porte, j'ai suspendu mon geste, apercevant mon Poto et la ritale en plein atelier fumette. Alors, à l'instar du trio persévérant, j'ai fait demi-tour. Pourtant, j'en aurais eu des choses à lui dire à l'italienne.
Je lui aurais dit que je suis désolé. Encore.
Y'a autre chose que j'aurais voulu lui dire. J'aurais fermé mon clapet dans une optique de préservation de nos relations en acclimatation mais ça aurait pu donner quelque chose comme ça (attention, la transition musicale est mal maîtrisée) :

[Si toutefois nous recommencions
Toute notre histoire depuis le début
J'essaierais de changer
Les choses qui ont tué notre amour
Oui, j'ai heurté ta fierté, et je sais
Ce que tu as enduré
Tu devrais me donner une chance
Ça ne peut pas être la fin
Je t'aime encore*]


Je sais ce que vous allez penser. Je suis un enfoiré. Je sais. Machine à merder, je l'ai déjà entendu aussi. Mais c'est plus fort que moi.
J'aime les femmes et les défis. Ou les défis et les femmes, j'ai pas encore choisi.
Je désire toujours la femme que je ne peux pas avoir -qui est souvent la femme d'un autre, oui...- et je cherche à la séduire. La plupart du temps, c'est juste un jeu et j'en ai rien à carrer. Des mots, des sourires, des regards. Certaines fois, je me dis que je suis quand même un sacré connard, cette prise de conscience pouvant être avouée à la donzelle à l'origine de cette même prise de consciences. Aveux qui se ponctuent certaines autres fois de « techniques de carapatage », dirons-nous. Du verbe carapater qui signifie « fuir de façon stylée ». De plus rares fois, ça « part en suçons », bien que je ne sois pas un adepte de cette pratique vampirique un brin trop voyante, afin de remastériser une expression bien connue. En gros, ça va du flirt qui flirte un peu trop, justement, avec les limites à une partie de jambes en l'air. Avec un bon paquet d'étapes intermédiaires, ceci dit.

Puis des fois encore plus rares, je tombe amoureux et ça se complique. En principe, ça se finit jamais très bien.
Alicina s'est barricadée dans un manoir avec les jumelles. Aphrodite est morte.

Et puis, deux fois je me suis marié. Et ça s'est jamais bien fini.
D'abord Fleur Corleone, opium contre mariage. Ensuite Alaynna Valassi -Corleone au moment des premiers faits répréhensibles-, pour épargner à Anna une bâtardise que je sais lourde à porter.
Deux mauvaises raisons pour se marier et pourtant elles ont toutes les deux été mon monde. Fleur parce qu'elle n'avait de cesse de me défier et j'adorais ça. Jusqu'à ce qu'elle mette la vie de notre enfant en jeu. Et Alaynna parce qu'elle m'acceptait, tel que j'étais, sans jamais vouloir me changer. En m'offrant cette liberté dont je n'aurais jamais osé rêver.
J'ai tout bousillé.
Fleur se terre quelque part avec notre fils en lui donnant un milliard de raisons de me détester et je n'aurai pas assez d'une seule vie pour me faire pardonner de tout le mal que j'ai fait à Alaynna.

Maintenant y'a Neijin. Et je peux pas me sortir de la tête que c'est de ma faute si Hlodo est privé de son père. Qu'un jour il faudra que je lui explique que j'ai vraiment essayé de pas tomber amoureux de sa mère mais que c'était impossible. Que j'étais foutu dès le début.

On note : -un problème récurrent avec les femmes des autres.
-un penchant certains pour les italiennes, plus particulièrement Corleone, féroces si je puis me permettre l'expression.
En définitive, je suis un nid à emmerdes.

Mais je veux changer. Je vais changer. Je peux changer. Je peux changer ?
Pour mes mômes, parce que j'aimerai bien être un exemple. Être plus souvent leur père ce héros que leur père ce zéro, vous voyez ?
Pour Alaynna, parce qu'elle mérite mieux et que je l'ai suffisamment faite souffrir comme ça. Parce que ce foutu con de serbe, même s'il me rend jaloux comme un poux, il la rend heureuse et ça, ça me rend encore plus heureux que la réussite d'un défi. Alors quand elle défait le haut de sa robe pour donner le sein à Anna, je m'arrange pour observer le décor de la taverne. Puis quand j'ai envie de lui dire qu'elle me manque, je lui demande comment ça va avec le serbe. Et je finis par me proposer pour le retrouver.
Pour Neijin, parce que rien que d'imaginer être celui qui lui ôterait son sourire, je peux pas. J'aime tellement son sourire. J'aime tellement la faire rire. Je voudrais tellement y arriver, rien qu'une fois. Être fidèle, pour elle. Alors quand une femme me plaît, je parle de mes mômes et puis d'elle. Quand je regarde la porte en espérant que ce soit elle qui la passe et qu'elle ne le fait pas, je l'imagine avec Hlodo, heureuse. Et je souris.

Ehooooooh ! Lolo l'asticot ! A moins que tu préfères Rasras la rascasse ?
Je reconnais que la transition est abrupte. Pour vous replonger dans le contexte, pendant que je menais mes réflexions, je me suis aventuré à la recherche de Loras. J'ai suivi les collets, les ai dépassés et ai gueulé.
Mon p'tit pote, t'es où ? Faut qu'on cause d'Alaynna, parce que je vais te dire mon gars...
J'ai l'air d'un gros beauf ? Oui ? Tant mieux, c'est l'effet recherché. Vu la description que j'ai entendu du type, si je continue sur ma lancée, il va se pointer pour répandre joyeusement mes viscères.
...elle en a rien à secouer de toi. Pendant que vous vous envoyiez en l'air, elle a pensé qu'à moi. Eh ouuuuuais, c'est qui le patron ?!
Là, je bombe le torse en affichant une tronche bovine à souhait. S'il sort de sa tanière, j'ai intérêt à courir vite ou à bien encaisser. Mais j'y suis prêt, pour elles. Pour qu'elles soient heureuses toutes les deux.

Ça va le faire. Il faut que ça le fasse.


*Traduction paroles Scorpions – Still loving you

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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Diego_corellio
Alors que mes yeux s’habituent lentement à l’ambiance qu’est cette baraque (et ou l’on y reconnait très largement la patte de Niallan), je croise le regard de l’italienne. Si de prime abord son visage est plutôt fermé comme elle sait si bien se montrer en taverne : froide, elle finit néanmoins par me décocher un de ses rares sourires dont elle seule a le secret. De ces sourires qui vous illuminent une journée. De ces sourires pour lesquels il faudrait vivre et savoir se satisfaire.
C’est ça maintenant mon job auprès de l’italienne. La pousser à décocher des sourires plutôt que des silences. A rire plutôt qu’à se morfondre. Mon job, maintenant, c’est de ne pas la laisser se noyer dans le chagrin que mon blondinet de meilleur pote a provoqué.

Notez que je ne le blâme en rien. Parce que si Eliance et Alaynna semblent s’être trouvées et être assez similaires (bien que, pour avoir été marié à Eliance je ne sois absolument pas d’accord, à part pour avoir épousé deux idiots (idiots mais beaux, paquebots même !), et une volonté profonde de crever, à part ces deux légers détails, elles sont, somme toute très différentes), Niallan et moi étions carrément presque pareils. Ou disons seulement que nous avons tous les deux la même propension à nous fourrer jusqu’aux oreilles dans les emmerdes et à rendre les femmes plus malheureuses qu’heureuses (bonjour les tares !).

Quand elle me répond je suis vaguement ailleurs, happé par les courbes de l’écriture qui figurent sur la missive qu’elle tient en main. Je la reconnaîtrais entre mille, pour l’avoir souvent parcouru, tantôt avide, tantôt las. On n’oublie par le tracé fin des lettres de son ex-femme. Ex-femme qui n’en est pas vraiment une. Officiellement si. Officieusement non. L’esprit italien dérive au fil de l’encre que je distingue faiblement.
Je sursaute quand je me rends compte qu’elle a parlé et que je n’ai écouté que d’une oreille plutôt absente. Mes yeux reviennent à elle et je me concentre pour remettre les bribes de ce qu’elle vient de dire.

Un moulin ? Oui moi aussi j’aime beaucoup les moulins. C’est un vieux moulin ici c’est ça ?


Ouai parce que le seul morceau que j’ai capté c’est moulin. Donc, je développe autour du terme. Oui je suis à côté de la plaque mais bon tant pis. On va mettre ça sur le dos de la fumette.
Je décharge mes provisions sur la table et me laisse tomber sur une chaise. J’aime bien faire comme chez moi, surtout quand c’est chez Niallan. Et puis si j’attends que l’italienne m’offre l’hospitalité, je vais pouvoir rester un moment debout. Je lui expose mes merveilles, qui nous tiendront la soirée et la nuit entière. Au programme : boire, fumer, la faire parler, la faire sourire et la faire dormir. Et peut être chercher son Serbe. Est ce que ça compte pour une trahison envers Niallan si j'aide Alaynna a retrouver la trace de son amant ? Pour le bien de mon amitié avec le blondinet, nous considérerons que non.

Le plus compliqué risque de la faire s’épancher. Ce soir, Diego psy. Pour la faire dormir, il va simplement falloir la convaincre d’accepter de partager mon lit. Ou le sien.
Et là vous vous dites : mais il n’a pas une fiancée-femme ce crétin pour aller dormir avec l’ex-femme de son meilleur pote ?
Non mais faut pas croire, je suis capable de dormir avec une femme sans la toucher. Ou pas. Je n’en sais rien, je n’ai jamais « juste dormi » avec une femme. C’était toujours du dodo ++. Mais là je ferai un effort. Et puis rien que de penser à la gueule du blond me suffit pour me tenir à carreau. Niallan me fait le même effet que penser à une grand-mère. Non Niallan est quand même mieux qu'une grand mère.
Quant à Dae… et ben elle comprendra. Elle n’a pas vraiment le choix de toute manière. Je ne sais plus qui m’avait sorti un jour, que je n’aimais pas vraiment les femmes, mais que j’aimais les sauver. Peut-être que cette personne avait plus raison que ce que j’ai d’abord cru. Surement qu'elle me connaissait mieux que je n'arrive à me cerner moi-même.

Mon regard vadrouille sur la pièce à la recherche de verres pour servir à boire. Un haussement d’épaules plus tard, la bouteille est débouchée et posée devant l’italienne. On se passera bien de verres. On se passe bien du vouvoiement, elle pourra bien boire à la bouteille hein. Et puis quand on a soif …

Dis, elle est où ta petite ?
On va chercher Loras ce soir ?


Et parce que jamais deux sans trois …

T’as vu Niallan ?

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Ban : JD Calyce
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