Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Blablate et latte-moi avec une cravate.

Niallan
Pour vous plonger dans cet épisode d'Amour, gloire et beauté -sans amour ni gloire mais avec vachement de beauté et en carrément mieux-, voici une petite ambiance musicale.
Nous sommes à Limoges en ce début de septembre placé sous le signe des gémeaux -à moins que ce soit sous celui des vierges et balances-. Il fait beau, le soleil brille et sans doute que les oiseaux chantent mais je ne les entends pas, concentré que je suis sur la furie rousse, non pas à mes trousses mais qui m'envoie des secousses.

On est poursuivis par un gnou Corleone ou t'as été piquée par une guêpe ?
...ce qui expliquerait ta taille de guêpe. Que j'ajoute pour pas la mettre plus en pétard qu'elle ne l'est.

Elle c'est Daeneryss, Dae pour les intimes. La femme de mon meilleur pote, inscrite en deuxième ligne du pacte P. Conformément à ce pacte, elle est aussi inaccessible pour moi que l'Everest à dos de bouc quadragénaire. Aussi, on pourrait s'interroger sur le fait qu'elle m’entraîne à grande vitesse vers la forêt -ou du moins c'est ce que je suppose- en restant agrippée à ma chemise. J'ai beau savoir qu'on a rien à se reprocher, sans m'arrêter de suivre son rythme effréné, je lâche aux personnes croisées :

C'est pas ce que vous croyez, hein ! On va juste ramasser des champignons.
Ou encore : Si vous saviez ce qui m'attend...Pas une partie de plaisir, ah ça non, je vais me faire ta-ba-sser !
Mais aussi : Y'en a qui vont prendre leur pied, bah moi je vais juste prendre le sien dans la gueule !
Et enfin : On est juste amis ma jolie...dis c'est quoi ton petit nom ?

J'ai l'impression que la rouquine tire plus fort sur ma chemise -ou alors je me suis arrêté?-histoire de me rappeler à l'ordre alors je marmonne un « ça va, ça va, j'arrive » et délaisse la superbe créature tout juste rencontrée. Je continue à distribuer des explications et alibis foireux à tout un chacun sur la route -en évitant la drague en supplément-. Je ne voudrais pas que la commère du coin aille raconter à qui veut bien l'entendre qu'une sublime méchée rousse et un non moins sublime blond décoiffé allaient probablement faire des turpitudes en forêt. Si ça revenait aux oreilles de mon poto d'amour, il angoisserait à mort.

Et pourtant... Si on trotte à vive allure vers la forêt c'est uniquement dans le but de parler à l'abri des indiscrets. Elle m'a écouté m'épancher sur mon incapacité à être fidèle, plus particulièrement sur ma dernière connerie en date et ma peur de l'avouer à Neijin. Elle m'a rassuré et m'a convaincu de l'applicabilité du « mieux vaut tard que jamais ». Elle a continué à m'écouter quand je lui ai confié que Neijin -encore elle, oui- ne voulait apparemment pas m'épouser et que ça me faisait sacrément chier. Encore une fois, elle m'a rassuré en trouvant les mots justes qui s’avéreront plus tard refléter exactement la pensée de l'aimée, résumée en un « j'ai peur de ne plus être ta table mais de me transformer en couche une fois qu'on sera mariés ». Comprendra qui pourra.

Eh ralentis ! Je vais finir unijambiste avant qu'on arrive si ça continue, t'as vu tous les obstacles qu'il y a ?!

Y n'empêche que je ne ralentis pas l'allure. C'est à son tour de se confier, de me parler de mon crétin de meilleur pote qui la rend presque autant triste qu'heureuse et qui l'énerve avec la même force qu'il lui fait du bien. Je ne l'écoute pas seulement en contrepartie de la séance de psy qu'elle m'a offert mais aussi parce qu'elle est mon amie. J'admire sa force, aime son humour, adore cette façon qu'elle a de souffler aussi bien le feu que la glace et approuve cette attirance qu'elle a pour les défis -Diego étant le plus gros-. Le must étant que jamais le sexe ne pourra s'insinuer dans notre relation et entraîner sa destruction. Je vous dis pas que je pourrais pas en avoir éventuellement envie mais par respect pour lui, l'Ami, jamais je ne franchirai cet interdit.

Tout à mes réflexions, je ne remarque pas qu'elle ralentit l'allure au milieu d'une clairière et en viens à penser à Eliance. C'est curieux, j'ai l'impression d'être un agent double dans cette histoire et ça me fait presque culpabiliser. Ils sont dans un espèce de triangle amoureux foireux, triangle dont ma loyauté va au sommet mais dont les deux extrémités ont mon amitié. Déglutissant difficilement devant la complexité de la situation, j'en viens à me persuader que tant que je ne répète pas à l'une ce que l'autre me dit et vice-versa, tout le monde est content et personne n'est trahi.
J'émerge de mes pensées quand je heurte l'une des extrémités du triangle susmentionné. Je lui souris, réajuste ma chemise.

T'es prête Rouminette ? Je retiens difficilement un rire en réarrangeant mes tifs. Je sens que ce nouveau surnom va pas te plaire mais Roussignole est déjà pris et je suis en panne d'inspi' pour le moment.

Je braque mon regard dans le sien dans l'optique de lui faire un clin d’œil mais ce que je lis dans ses yeux à elle m'ôte toute envie de rire. Je déglutis, avance une main vers son épaule, me ravise.

Ça va aller. Je t'écoute, tu peux tout me dire. Ça restera entre nous et l'écureuil sur l'arbre à gauche.
_________________

Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Daeneryss
    Hey you, see me, pictures crazy
    Hé toi, regarde-moi, des image folles
    All the world I've seen before me passing by
    Tout le monde que j'ai vu avant m'ignore
    I've got, nothing, to gain, to lose
    Je n'ai, rien, à gagner, à perdre
    All the world I've seen before me passing by
    Tout le monde que j'ai vu avant m'ignore *


- Niallan, avance, j'ai horreur d'être remarquée !
- Si tu continues, je te promets que je vais te bâillonner !
- Méfie toi, je pourrais bien te le mettre là où je pense !
- NIALLAAAAAN !


Oui, nous ressemblions bien à tout sauf à deux amis. Je vois bien les regards sur nous, sur moi qui l'agrippe sans même m'intéresser au fait qu'il puisse trébucher ou même protester, tirant même plus fort lorsqu'il s'attarde à se justifier, encore est toujours plus quand il fait son regard papillon rose à la première bien dessinée. Il faut bien se rendre à l'évidence que tirer un homme par la chemise en foudroyant du regard tout ce qui possède un décolleté ne doit pas aider à la bonne compréhension. Mais déjà, il est avec Neijin, et même si je n'ai pas de lien hyper étroit avec elle, j'ai cette estime suffisante pour ne pas qu'il joue au joli cœur devant moi. Et à le voir agir comme ça, une nouvelle vague de colère me prend au ventre, retourne mes tripes et fait virer mes joues du pâle au rouge écarlate car je m'imagine Diego fonctionner de la même manière quand j'ai le dos tourné. Est-ce qu'il sourit aussi à toutes les courbes passantes ? Est-ce qu'il roucoule aussi ailleurs ? Est-ce qu'il se rend compte seulement comme ça peut faire mal, comme c'est dégradant...

- Si tu ne perdais pas ton temps à jacasser avec ces dindes, tu verrais les branches !

Mais on s'arrête. Pas parce que nous sommes essoufflés, pas parce que nous avons dépassé la planète entière, mais bien parce que je suis à bout. De tout, je suis à bout. De force surtout.
Nous sommes là, dans les bois, là où j'aimerais que personne ne nous voit, car moi-même je n'aime pas le spectacle lamentable que j'offre. Niallan est là, avec moi, et je suis là, avec lui. Quand je le regarde tout d'abord, je me rappelle de cette rage qui m'envahissait dès que son nom était prononcé. Grâce à - à cause de - lui, Gabriele avait découvert à l'époque le pire du pire. Quand je détaille son visage, sa façon de me regarder un peu gauche et à la fois pétrifié de s'en prendre une, je n'arrive même plus à savoir si c'était bien une découverte pour mon ex-mari ou la validation de ses craintes que je refoulais.
Je comprenais bien les filles qui craquaient pour sa gueule, les traits de son visage sont plutôt bien faits et sa maladresse, un peu comme Diego, nous rappelle comme il est bon parfois de dédramatiser. Mais là, c'est impossible pour moi. Sa main ne trouve même pas la rondeur de mon épaule et c'est très bien comme ça. Je ne veux pas qu'il me touche, je ne veux que personne ne me touche. Juste Diego... Juste ce satané Italien à moustache, juste Lui et ses grands yeux sombres, juste Lui et ses boucles mal coiffées.


- Je sais pas faire, Niallan. J'arrive pas à le comprendre... Je fais attention tu sais, je fais les efforts, mais je crois qu'on parle pas pareil lui et moi. Tu crois qu'on est si différents ?

Je lui lance un regard plein d'espoir. J'aimerais qu'il me dise que tout va bien, que j'ai pas compris ce qu'il m'a dit en taverne, que je n'ai pas entendu la crainte italienne quant à mon temps passé avec mon ex-époux. J'aimerais que Niallan me dise que c'est un coup de sang, que ça n'arrive qu'aux meilleurs, qu'on est plus forts que ça.

- Comment... Comment est-ce qu'il peut croire que Gabriele et moi avons fait quoi que ce soit ? Il a pas confiance en moi, je le sens. Je vois bien que je peux dire plein de choses, il me croit pas. Alors que lui... Lui... il est toujours avec Eliance. Quand j'arrive, quand je pars... Niallan, je trouve pas ma place dans cette vie. Je crois qu'elle est pas pour moi cette vie, je crois...

Sans un regard véritable aux alentours ni même à l'écureuil colporteur de ragots, je baisse ma garde et m'installe au sol. Les jambes rabattues contre ma poitrine, le menton posé sur le sommet de mes genoux, j'ai l'impression de porter le fardeau de notre mariage et j'extirpe un soupir long, plein d'angoisse.

- Toi... t'es celui qui le connaît bien, peut-être même le mieux. Dis-moi... Apprends-moi... Il me dit qu'il a changé, qu'il n'est plus celui que j'ai connu. Mais... c'est Diego, c'est toujours lui qui me regarde, c'est toujours sa lumière que je vois dans le fond de son regard triste. A quel point, Niallan, à quel point a-t-il changé ?



* Atwa - System Of A Down
_________________
Niallan
[Now then Mardy Bum
Maintenant boudeuse
I see your frown
Je vois ton froncement de sourcils
And it's like looking down the barrel of a gun
Et c'est comme regarder le canon d'un fusil
And it goes off
Et ça explose
And out come all these words
Et en dehors de tous ces mots
Oh there's a very pleasant side to you
Oh il y a un côté vraiment plaisant chez toi
A side I much prefer
Le côté que je préfère
It's one that laughs and jokes around
C'est celui qui rit et qui plaisante*]


Quand une femme comme Dae est en colère, la meilleure façon de survivre à l'ouragan qui se prépare est de fermer son clapet en baissant la tête. Le problème c'est que non content d'avoir un instinct de survie proche du néant, je ne peux pas m'empêcher de répliquer quand on me tend la perche. Sur la route, sourire goguenard aux lèvres, je saisis donc la perche pour me frapper avec :

Un bâillon, un membre qui s'enfonce là où tu penses, c'est que ça devient sexuel.
Et comme une connerie ne vient jamais seule :
Oh oui, crie mon nom.

Je me calme un peu pour éviter qu'elle m'arrache tout bonnement la chemise, ce qui serait assez complexe à justifier devant Neijin. En suivant, en bon gentleman, je prends la défense de la dinde en question, même après avoir pris une vile branche dans la trogne pour matage intensif.
Roh t'abuses, c'est peut-être pas une buse. Puis si c'est une dinde, je la fourrerai bien, moi...Enfin, si j'étais pas avec Neij', évidemment !

Le dernier point soulevé est particulièrement important. Je sais que vous avez du mal à croire en ma bonne foi mais c'est pourtant le cas, je suis en rémission d'une addiction. La pire, celle aux jupons. Je soulève plus que le sien désormais et ça me va, je suis heureux et c'est même pas si difficile que ça. Mais y'a quand même un truc qui me manque. J'aime faire rougir une donzelle, lui ravir de ces sourires charmés et de ces coups d’œil énamourés. Juste pour savoir que je plais, juste pour gagner au jeu de la séduction. Dès que ça devient plus sérieux, je m'arrache vite fait pour rejoindre l'aimée. Ça va pas plus loin que ça, promis. Flirter c'est tromper ? Je regarde la rouquine, j'ouvre la bouche pour lui poser la question et la referme aussitôt quand elle se met à causer.

C'est pas que vous êtes si différents, c'est juste que...

Que vous n'avez pas la même conception de la fidélité, pas les mêmes envies, pas les mêmes projets et plus tout à fait les mêmes amis. Mais ça, je vais pas te le dire parce que tu me regardes avec tes grands yeux plein d'espoir et que j'ai pas envie d'être celui qui éteins la lueur dans tes yeux. Alors je me tais et je te laisse enchaîner sur la tirade suivante. T'attends une réponse et je sais pas ce que je peux te dire sans te mentir ni les trahir. J'opte pour un entre-deux quelque peu foireux.

Ils sont tous les deux les personnes les plus importantes de votre passé et vous ne pourrez jamais cesser de les aimer. C'est normal. C'est aussi normal que l'un de vous flippe quand l'autre passe du temps avec, surtout si t'as des chieurs qui répandent des rumeurs. Mais eh, il l'a quittée, pour toi et il est revenu, encore une fois pour toi. Vous avez une fille ensemble, et vu tes sautes d'humeur, je serai pas étonné qu'il y en ait un autre en gestation.

Le problème c'est que je vois bien que ce que je dis l'aide pas. Parce qu'elle est là sans vraiment l'être, loin dans ses réflexions portées par son affliction. Ça me plaît pas, je sais pas gérer ça. Alors sans rien dire, je m’assoie à côté d'elle et attends patiemment qu'elle ait fini de parler en arrachant méticuleusement des brins d'herbe. Je grimace plusieurs fois, j'aime pas la voir comme ça. Le long soupir digne d'une presque suicidée a tôt fait de m'achever. Je me relève et lui balance le fruit de mon désherbage en plein visage.

Non mais tu me fais quoi là ? Tu veux pas que je t'apporte une corde tant qu'on y est ?! Tu dis qu'il a changé mais bordel, regarde toi. Même une limace est plus pugnace que toi ! La Dae que j'ai connu avait un cran qu'elle n'avait pas à envier aux plus grands, elle se laissait pas abattre, jamais. Elle se marrait, elle en voulait, elle y croyait. Sans déconner, y'en a pas un pour rattraper l'autre, on dirait que vous avez pris un siècle chacun. Relevez-vous putain, allez, relève-toi !

Je tire sur son bras sans ménagement pour la remettre debout avec les yeux qui lancent des éclairs.

Tu crois quoi ? Que c'est en chialassant comme une gamine de trois ans que tu vas trouver une place dans cette vie ? C'est loin d'être simple d'être heureux, faut se bouger le derche et se battre. Alors bats-toi et arrête de te la jouer molasse grognasse !

Et accessoirement, bats-moi, parce que j'ai volontairement dépassé les bornes pour te secouer.


*Artics Monkeys – Mardy Bum

_________________

Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Daeneryss
All around me are familiar faces
Tout autour de moi, des visages familiers
Worn out places - worn out faces
Des endroits usés, des visages épuisés
Bright and early for their daily races
Joyeux et levés de bonne heure pour leur course quotidienne
Going nowhere - going nowhere
Qui ne mène à rien, qui ne mène à rien
Their tears are filling up their glasses
Leurs larmes se cachent derrière leurs lunettes
No expression - no expression
Zéro expression, zéro expression
Hide my head I want to drown my sorrow
Je cache mon visage, je veux noyer mon chagrin
No tomorrow - no tomorrow
Zéro lendemain, zéro lendemain *


- Niallan, je t'assure que le jour où il y aura quelque chose de sexuel entre nous, c'est que tous les cadavres du monde y seront passés avant !
Et parce qu'il aime ça visiblement autant que ça me défoule, je retire d'un coup sec (et non sex) sur sa chemise en le fusillant des yeux. Des éclairs pourraient le pourfendre, il resterait sur place si je ne tirais pas autant.

- Niallan...
Cette fois ce sont des mots sifflés entre mes mâchoires serrées pour ne pas continuer l'esclandre que je pourrais lui faire.
- C'est toi la buse, tu ne penses qu'à faire mumuse ! Et si tu veux encore pouvoir la mater un jour, je te suggère d'avancer pour ne pas découvrir ce qu'on leur fait aux dindes, dans mon pays.

Et après la tempête, on croit souvent que c'est le beau temps. C'est faux, très faux même. Avez-vous déjà aperçu un soleil si intense qu'il chasse les nuages en leur disant «Hey les gars, c'était sympa, merci d'être venus, on se refait ça bientôt mais c'est mon tour désormais. » Il restent souvent les nuages, ils s'installent et se cramponnent généralement avec une fraîcheur qui nous souffle «J'y suis, j'y reste» ; et nous, on est là qu'on subit le mauvais temps. C'est exactement ça, me concernant. Repliée sur moi, un frisson presque invisible qui remonte le long de mon dos suffisant à m'envoyer cette décharge infime à me hérisser la base de la nuque. Je ne ressemble pas vraiment à quelqu'un qui affronte le temps, mais qui le subit.
Niallan à mes côtés, sa simple présence me prouve comme les choses changent. Lui, que j'aurais volontiers étranglé après notre première rencontre ; lui dont le simple nom prononcé suffisait à faire monter une colère intérieure ; lui... à qui j'adresse un regard aujourd'hui lourd de sens. Un cocktail détonnant de reconnaissance et agacement, de colère et de tristesse, de rage et d'empathie. Car s'il est l'ami du mari, je le sais aussi celui qui est appelé « Nini » et qu'est-ce que j'aime pas ça. Ce surnom, c'est un peu comme moi, avec Lula. C'est moche, ça sonne pas, ça ne va pas. Nini, ça rime avec déconfit, Nini ça rime avec fini et pourri. Je n'aime pas Nini, comme je n'arrive pas à aimer Eliance, alors que j'apprécie Niallan et la Ménudière.


- La différence, Niallan, c'est que moi je lui colle pas mon ex mari sous le nez sans arrêt. Et si le passé fait partie de nous, il n'est pas le présent et je refuse de vivre avec une part de ça. Est-ce qu'il serait envisageable que Gabriele nous accompagne un jour, hm ? Je crois pas. Et à la différence des autres, je le demanderai même pas. C'est pas l'ordre des choses, Niallan. C'est pas ça, la vie. C'est pas ça ma vie. Car la mienne ressemble à rien qu'à un navire détruit. Ma vie... putain, c'est une blessure ; c'est qu'une putain de blessure. Et tu peux me regarder comme ça... car c'est pas ça l'amour non plus. Je leur crache à la gueule moi, leur amour, il pue la merde leur amour, des amours instables qu’on m’a donnés ouais, des amours cassés, c’est pas l’amour ça. L’amour c’est légionnaire, l’amour ça fait la guerre, ça tient pas des comptes, l’amour ça se picole, ça se gerbe, ça crie putain, l’Amour.**

C'est à peine si son murmure me parvient, c'est à peine si j'entends ce qu'il me dit au fond, moi, perdue dans mes pensées imbibées de coton mouillé par les larmes que je verse pas par fierté. L'eau se remplit, envahit mon esprit et enrubanne mon cerveau. C'est comme un cadeau pourri, maudit, qui devient tout petit. J'arrive plus vraiment à réfléchir, mon sang ne fait battre mon cœur uniquement pour hurler ma douleur, ma rancœur et ma peur.

- Arrête, Niallan, tu sais que j'ai raison. Tu sais que c'est pas normal ce qui se passe. Tu accepterais, toi, que Jurgen revienne dans la vie de Neij' juste parce qu'il est Jurgen ? Juste parce qu'il fait partie de son passé ?

Son geste me prend, m'attire et nos regards se confrontent comme finalement des années auparavant. Et comme celle qu'il tente de réveiller, comme celle qu'il ne veut pas voir, je soutiens son regard. On doit certainement ressembler à rien, deux piquets immobiles qui se jaugent comme le feraient deux chiens de faïence avant que ma paume vienne épouser dans un bruit significatif sa joue sûrement déjà meurtrie par des homonymes du passé.

- Je ne suis PAS une molasse grognasse. Et ne m'oblige pas à pire.
Sans faire un pas, que la réciproque arrive ou non, l'amertume qui enrobe les mots qui suivent me trahit. Saurais-je encore lui faire pire, c'est une véritable question. Aujourd'hui si ce n'est la jalousie et la rage qui m'habitent, je ne sais plus véritablement ce qui brûle en moi.
- Vas-y, Nini... T'as l'air au courant, c'est quoi l'amour ? Allez, raconte ! Je suis curieuse de t'entendre.


And I find it kinda funny, I find it kinda sad
Et je trouve plutôt bizarre, je trouve ça assez triste
The dreams in which I'm dying are the best I've ever had
Les rêves dans lesquels je meurs sont de loin les meilleurs
I find it hard to tell you, I find it hard to take
J'ai du mal à te le dire, j'ai bien du mal à le supporter
When people run in circles it's a very very
Quand les gens courent en rond, c'est vraiment, vraiment
Mad world, mad world
Un monde de fous, un monde de fous *


* Mad World - Jasmine Thompson
** Ma Terre - Saez.

_________________
Niallan
Nonobstant les aveux un brin nécrophiles de la Méchée et le suspens entourant l'avenir des dindes du nord, j'en viens directement à la baffe. J'ai beau avoir l'habitude d'en récolter, je passe toujours par les mêmes étapes de réception. Yeux qui s'arrondissent sous la surprise, gorge qui échappe un grognement sous la douleur et main qui frotte la joue dans une vaine tentative d'imitation de gomme. Et en plus, faut que je lui réponde en même temps. Commençons par le plus simple.

J'accepterai que Jurgen revienne, oui. Je l'ai toujours dit : je ne lui volerai pas sa paternité. Je dis pas que ça me fera pas profondément chier quand je les verrai tous les trois, mais j'encaisserai. Parce qu'elle a eu une vie avant moi et que si je suis pas capable de faire avec, autant que j'épouse une nonne ou une amnésique. Ça vaut pour Diego et toi. Eliance est son amie, comme elle a été la tienne. Gabriele est le père de ton gamin et, aussi étrange que ça le soit, ton ami. Tu le vois moins que Diego voit Eliance seulement parce que c'est un connard que personne peut blairer à part les nanas qu'il a envie de sauter, curieusement.

Oups. Terrain glissant. Vite, on change de sujet. Ma définition de l'amour... Rien que ça. Je sautille d'un pied sur l'autre pour activer mes méninges, me racle la gorge trois fois de suite et entame une explication.

L'amour ça s'explique pas, ça se vit. Y'en a qui veulent des mots bleus qu'on dit avec les yeux, ceux qui rendent les gens heureux. Y'en a d'autres qui veulent connaître le vertige de l'amour qui te fait crever l'oreiller et rêver trop fort, qui te prend les jours fériés. Y'a ceux qui aiment à perdre la raison, à n'en savoir que dire. Et puis y'a ceux qui apprennent à aimer, aimer sans attendre, aimer à tout prendre, rien que pour le geste, sans vouloir le reste. Toujours est-il que s'il suffisait qu'on s'aime, s'il suffisait d'aimer, s'il l'on pouvait changer les choses et tout recommencer, ça se saurait. Faut seulement le prendre comme il vient.

J'esquisse un fin sourire et hausse une épaule pour appuyer la fatalité de mes propos. Pour m'écarter définitivement du terrain glissant précédemment traversé, je poursuis mon monologue.

Toi tu veux d'un amour légionnaire, moi je préfère le missionnaire. Tu veux un amour qui fait la guerre, moi qui fait la paix. Tu veux d'un amour qui tient pas les comptes, moi tout ce que je veux c'est qu'il compte. Tu veux le picoler et le gerber ? Je m'en tiendrai à l'alcool pour ces verbes. Et si tu veux crier, crie-lui que tu l'aimes.

J'arrache une autre touffe d'herbe et me concentre sur des travaux manuels consistant à nouer les brins entre eux. Tout plutôt que d'affronter son regard quand je passerai à des aveux amoureux. Attention, émotions en prévision.

Moi, si je devais lui faire une déclaration, je lui dirai que malgré tous mes démons, les menottes que j'ai aux bras, si je la quitte pour de bon, le lendemain je cours vers elle. Pour vivre avec elle, elle est mon chez moi, mon premier et mon second choix, mon rêve d'absolu qui ne tarit pas. Et tu es celui de notre ritagnol depuis que vous vous êtes roulés dans l'herbe y'a une éternité.

Doucement, je me baisse pour m'asseoir à ses côtés et appose avec précaution une main dans son dos, fixant l'horizon dans un léger sourire.

Tu sais elle court, elle court... Et je te parle pas de la femme du furet mais de la maladie d'amour. Elle court dans le cœur des enfants de sept à soixante dix-sept ans. Même encore après, des fois. Elle chante, elle chante la rivière insolente qui unit dans son lit les cheveux blonds, les cheveux gris. Elle fait chanter les hommes et s'agrandir le monde, elle fait parfois souffrir tout le long d'une vie. Elle fait pleurer les femmes, elle fait crier dans l'ombre mais le plus douloureux, c'est quand on en guérit.

L'horizon est délaissé au profit des yeux ternes de l'amie dans lesquels les miens se plongent. J'essaye de faire mon regard de Niallan-pas-content pour qu'elle intègre bien la suite, avec la voix grave et assurée qui va bien.

Quand on perd son amour, c'est l'amour qui nous perd, de l'automne à l'été, oui c'est toujours l'hiver, la rivière et la mer qui n'ont plus d'estuaire. Mieux vaut perdre la vie que perdre son amour et t'es pas suicidaire, pas vrai ?

L'insistance de mon regard renouvelle implicitement la question du « pas vrai ? ». Si j'avais su qu'à peine un mois plus tard, elle disparaîtrait en abandonnant mon meilleur ami et leurs mômes, j'aurais sûrement reposé la question avec autre chose que mes yeux. Pour l'heure, ceux-ci se teintent d'une lueur d'amusement tandis que je pointe du doigt les profondeurs de la forêt desquelles s'élèvent une musique entraînante. Sans doute une fête organisée par l'écureuil voyeur de tout à l'heure.

Si t'es pas une molasse grognasse, allons danser. On pourra picoler l'amour et le crier mais si tu pouvais éviter de me le gerber dessus, ça m'arrangerait.

Comme à mon agaçante habitude, je me lève sans attendre sa réponse et lui tends la main dans un sourire goguenard.

Accroches-y ta main. A moins que tu préfères encore me l'imprimer sur la gueule.


Présence d'un rassemblement de diverses chansons françaises dont le lecteur n'aura plus qu'à retrouver les auteurs et titres. Celui qui réussit gagne un kiwi.

_________________

Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)