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[RP] Nous, sans sous, ni dessous.

Neijin
    Blottie contre le corps chaud de son blond, Neijin n'arrivait pas à fermer les yeux. Sans pouvoir dire ce que c'était, elle savait que quelque chose n'allait pas. Il manquait quelque chose. Les événements précédents ne s'étaient pas déroulés comme prévus. Comme lorsqu'on se rend sur le marché pour faire ses courses, qu'on repart avec quatre fruits et que ce n'est que lorsqu'on passe la porte de notre maison qu'un détail nous revient. Du lapin, bien sûr. Il fallait acheter du lapin pour le repas du soir.
    Là, c'est pareil. Malheureusement son esprit ne tilte pas sur la chose manquante. Alors elle essaye de se remémorer ses derniers jours, les yeux rivés vers le plafond.

      Sa décision de rester auprès de Gabriele. Le départ de Niallan. Les lettres échangées. Le voyage avec son fils à dos de Hue. Ses retrouvailles avec Niallan.

    Sa décision de rester auprès de Gabriele ? Non. Ça ne pouvait pas être ça. La décision n'avait durée que deux jours et il ne s'était rien passé de spécial si ce n'est qu'elle attendait une réponse Niallanesque.
    Le départ du blond et sa troupe s'était faite de façon silencieuse -si on ne prend pas en compte la façon qu'a Eliance de crier dans ses lettres.-, ce n'était donc pas ça non plus.
    Les lettres échangées ? Corsées. Depuis qu'ils s'étaient retrouvés ce n'était que leur deuxième dispute. Et comme la première fois, Neijin avait détesté ça. Elle avait donc décidé d'y mettre un terme rapidement, jugeant inutile de s'énerver à distance. Ils se retrouveraient bien assez vite, s'expliqueraient et finiraient par se réconcilier comme bon nombre de couples ont l'habitude de faire. Et même si Niallan ne pensait qu'a la dernière partie, Neijin, quant à elle, voulait vraiment mettre les choses au clair.
    Elle avait donc rapidement rassemblé ses affaires et était partie le soir même. Plus vite elle retrouverait l'être aimé et mieux ce serait. Mais la chose n'avait pas été si aisée. Sans le savoir, elle avait même dépassé la petite troupe et avait finit par les attendre planquée derrière des fougères.
    Puis vint les retrouvailles. Après avoir négocié quelques sabliers -longue histoire-, Neijin pu enfin se retrouver seule avec son compagnon. Bien sûr, par manque de temps et d'envie, ils ne passèrent pas par la case discussion, se rendant directement sur la case réconciliation. L'étape explication avait donc été évitée consciemment, ce n'était pas ce qui la bloquait. Alors, quoi ?


      Sa décision de rester auprès de Gabriele. Le départ de Niallan. Les lettres échangées. Le voyage avec son fils à dos de Hue. Ses retrouvailles avec Niallan.


    Les doigts de la Pâle glissent machinalement sur la peau de son compagnon endormi alors qu'elle refait ses journées, encore et encore pour essayer de trouver le détail manquant. Elle se revoit rassembler ses affaires rapidement et partir directement sur les chemins. Elle avait emprunté des sentiers peu fréquentés pour ne pas faire de mauvaises rencontres. Se passant de feu et dormant dans les fourrées à l'abri des regards. Elle avait voyagé en pleine nuit. Seule et sans rien pour se réchauffer.


    - Les tisanes !

    Parce que pour la Normande, s'il n'y a pas de feu en campagne, il n'y a pas de tisanes. Le visage illuminé, elle s'était redressée d'un bond sur la couche conjugale, presque fière d'avoir enfin trouvé ce qui la taraudait. Mais cette lueur s'éteignit presque aussi tôt, remplacée par la panique. La réalité de ce détail s'écrasa avec fracas sur sa conscience. Et comme si cela pouvait arranger les choses, elle se leva précipitamment pour chercher les plantes dans ses affaires plus ou moins discrètement. Il fallait qu'elle les trouve. Peut-être que si elle buvait une tisane immédiatement elle éviterait toutes les conséquences de leur réconciliation.
    Ce n'est qu'après avoir retourné toutes leur affaires qu'elle se calma, s'enserrant le ventre de ses mains sous l'angoisse.

    Qu'avait-elle fait ? Elle venait sans doute de bousiller toute la relation qu'ils avaient finit par construire.
    Non sans avoir pris une grande inspiration, elle retourna s'asseoir près du blond qui ne devait sans doute plus dormir après son vacarme. Elle le regarda un long moment sans prononcer un mot. Son regard à lui seul était assez explicite.

    Il ne manquait plus qu'a prier. Prier pour que tout rentre dans l'ordre et qu'elle n'ai pas tout fait foirer.


    Dis est-ce que tu dors ?
    Si oui, est-ce que tu rêves aussi ?
    Si non, ben pourquoi tu dors ?*


    * Louise Attaque.
    Merci à JD Niallan pour le titre !



_________________
Niallan
Vous devez connaître le célèbre conte de la Belle au bois dormant la Belle qui, suite à une piqûre de fuseau ne pourra être réveillée que par le baiser d'un prince charmant. Dans le cas présent, nous avons un Bel au bois dormant qui aurait bien aimé avoir le même réveil mais qui devra se contenter d'une tornade matinale. Reprenons les étapes du cataclysme.

En bonne marmotte, j'écrasais les mottes -comment ça vous connaissez pas cette expression?- sans avoir aucune idée de ce que faisait l'aimée à côté. Pendant qu'elle reprenait méticuleusement les derniers événements, j'étais plongé dans un rêve étrange où j'étais le patron d'une équipe de fourmis en charge de ramener trois cent quarante cinq pommes de terre au chef des coccinelles pour qu'il aille négocier avec le bon Dieu un soleil éclatant. Vous comprendrez donc que du fait de l'importance de cette mission, je n'ai pas compris grand chose à ce qui s'est passé. Par exemple, quand elle a crié, j'ai compris « les petits ânes », ce qui n'est pas si éloigné niveau sonorités quand on y réfléchit.

Exténué que j'étais, j'ai pas eu envie d'approfondir le sujet. Je me suis dit qu'elle voyait passer un troupeau d'ânes et qu'elle voulait les montrer à mon filleul. J'ai chopé l'oreiller et l'ai écrasé sur ma propre tête pour ne pas entendre les cris d'émerveillement à venir. Pas que j'aime pas les babillages matinaux mais ce matin j'avais des envies de grasse matinée.

Attention carottes...sac aux sabots.

Parce que quand même, je voulais que leur rencontre avec les ânes se passe de la meilleure façon possible. Je voulais qu'ils puissent leur donner des carottes mais qu'ils se méfient tout de même des sabots, les deux recommandations mises bout à bout donnant un résultat assez médiocre. Heureusement pour moi, Neijin avait vraisemblablement autre chose à faire que d'essayer de comprendre mes délires.

J'ai entendu fureter, j'ai marmonné. J'ai entendu les affaires voler, parfois atterrir, j'ai grommelé. Non mais c'est pas possible, elle a fait entrer le troupeau dans la chambre ou quoi ?! J'ai écrasé le coussin sur ma tête, de toutes mes forces, sans succès. Aussi, j'ai fini par me décider à ouvrir les yeux pour l'observer, sourcils froncés. Ils sont où les ânes ? Et puis pourquoi elle reste plantée comme ça ?

Eh...

Bien réveillé, j'ai ouvert grand les yeux pour les planter dans les siens. Et là, d'un coup j'ai flippé. Y'a quelqu'un qui est mort ? Oh, bordel. A cette pensée, je me suis redressé d'un bond et, assis sur notre couche, de ma bouche est sorti :

Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui va pas ?

Suspens.

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[Et on partira sur un simple reflet qu'on épousera jusqu’à tout oublier
On repartira chaque jour sans filet, on s'écoulera jusqu’à se perdre en pieds.*]


Dans la nuit du 14 au 15 septembre 1465, un bled paumé de Bourgogne nommé Chalon.

Il est tard quand je la rejoins, quelque chose comme deux heures avant l'aube. Devant la tente je titube et finis par me vautrer lamentablement sur le sol. Je reste un moment dans l'herbe, à regarder les étoiles en priant pour que l'une d'elle se décroche et atterrisse pile sur Gabriel. Rien ne bouge dans le ciel mais ça tangue dans ma tête, l'effet bateau arrive bientôt. Je rampe jusqu'à l'arbre le plus proche et m'y appuie le temps de rendre le peu de nourriture ingurgitée.
Ils m'ont tout pris, même le contenu de mon estomac.

On est allés jusqu'en Bourgogne pour la sauver, elle s'en cogne.
Il l'a enlevée, frappée et étranglée, elle va l'épouser.
Ma môme va vivre dans son manoir, pas d'échappatoire si je veux la voir.
Putain, c'est malsain.

Sans vraiment réfléchir à ce que je fais, je donne un premier coup de poing dans l'arbre -décidément, il aura été très utile ce soir-, puis un deuxième, et un troisième. Puis je perds le compte et je cogne encore. Quand mes phalanges deviennent douloureuses, j'arrête. Je sens comme un vide en moi, j'ai une boule dans la gorge. Je sais pas comment faire passer ça et ça me fout une angoisse pas possible. Parcouru de frissons, je finis par entrer dans la tente. Elle. C'est la seule dont j'ai besoin là, maintenant, la seule qui peut faire passer ça. Je crois. J'espère.

En essayant de ne pas faire trop de bruit, je me glisse contre elle, adoptant la position de la cuillère (ne pensez pas au roi Burgonde de Kaamelott et ses essais peu concluants), mon corps épousant parfaitement le sien. C'est là qu'il se passe un truc bizarre. Ma gorge vient à se serrer, mes yeux commencent à piquer et avant même d'avoir pu enrayer le processus, je me mets à pleurer. J'avais jamais fait ça devant elle, je veux pas qu'elle me voit si vulnérable mais cette nuit, à bout et saoul, je m'en fous.
Au début, ce ne sont que quelques larmes silencieuses. Et puis sans vraiment que je m'en rende compte, elles se transforment en sanglots maladroitement étouffés dans ses cheveux blancs alors que mes bras la pressent encore plus fort contre moi. Enfin, c'est une véritable crise de larme, une main agrippée à ses cheveux et l'autre fermement posée sur son ventre.
Me laisse pas...


*Louise attaque - Sans filet

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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Neijin
Dans la nuit du 14 au 15 septembre 1465


La soirée avait été mouvementée.
Endormie depuis un moment déjà la Pâle se réveille en sursaut, surprise par un bruit proche de la tente. Parce que même si elle est endormie, elle guette inconsciemment. Surtout depuis qu'elle voyage avec son fils. Les tentes n'étant pas les endroits les plus sûr pour dormir, elle ne sait que trop ce qu'il peut arriver à des personnes comme eux dans la nuit. Il ne suffirait que d'une fois pour qu'elle prenne le rôle de victime plutôt que de brigand. Sourcils froncés, elle jette un coup d’œil en direction de son fils immobile. La tête légèrement relevée, les yeux clair rivés vers le petit corps, elle essaie d'écouter ce qu'il se passe à l'extérieur.

Des bruits de pas. Un homme qui vomit. Puis viennent les coups. Encore et encore.

Son nez se fronce alors que se main se glisse jusqu'à sa dague. Pourquoi faut-il que des personnes miséreux viennent se battre à la porte de sa tente, Chalon n'est-elle pas assez grande ? Elle attend, guette le moment où elle devra tirer sa lame pour menacer.
Par chance il ne vint pas. Au grand soulagement de la Normande, c'est une tête blonde qui passe la porte pour venir s’installer contre elle. Son corps se détend immédiatement au contact du sien. La dextre lâche la dague pour venir rejoindre la sienne sur son ventre. Dans ses bras, plus rien ne peut arriver. Même si des mendiants traînent dans les parages, elle sait qu'il saura les faire partir en un rien de temps.
Ce qu'elle ne sait pas, c'est que c'était Niallan en train de s'acharner contre un arbre.

Les paupières se ferment un court instant avant que le corps de l'aimé se mette à trembler. Elle fronce de nouveau les sourcils. Si la soirée avait été mouvementée, la nuit le serait aussi. Jamais auparavant elle n'avait entendu ou vu un homme pleurer.
Que Niallan fut le premier lui fit un drôle d'effet. Elle n'aimait pas à ça. Vraiment pas. Elle l'avait vu en colère, embarrassé, dragueur. Elle l'avait vu ivre, et même sobre -si, si, c'est vrai !-. Mais jamais dans un tel état de désespoir. Se tournant vers lui, elle se redressa légèrement pour l'attirer contre elle sans un mot.
Ce soir, ce ne serait pas elle qui viendrait se nicher dans son cou, mais bien lui. Ce soir, c'est bien Niallan qui recevra tout l'amour qu'elle peut lui donner.

Empathique, elle sent sa gorge se serrer alors qu'il lâche prise. Resserrant son emprise autour de lui, elle caresse son visage d'une main légère pour l'apaiser.


Je ne te laisserais pas. Jamais. Je te le promets.

Pour l'instant, elle se doute qu'aucune parole ne pourra le calmer complètement. Malheureux et complètement ivre, seul le temps pourra panser ses blessures.
Pourtant elle restera là a le serrer dans ses bras, avec des gestes remplis de douceur et murmurant des paroles réconfortantes. Et elle ne s'arrêtera pas jusqu'à ce que le corps du blond se fasse plus lourd et qu'il sombre dans le sommeil.


Ne t'en fais pas, tout s'arrangera.
Un jour lorsque tu te réveilleras, le bonheur toquera à ta porte pour passer un moment avec toi.
A ce moment là, ne le repousses pas. Ouvre lui juste tes bras.


_________________
Neijin
Le 23 Septembre 1465


Il était une fois une taverne, un plat de carottes passablement cramé et deux amants. L'un d'eux, plus précisément moi, est en panique totale, les mains moites et le rire nerveux. La main droite au fond de ma poche, je fais rouler entre mes doigts une bague. LA bague. Je déglutis difficilement et refourgue le plat de carottes carbonisé à Neijin.
"Si tu veux que je me taise, renverse-le sur ma tête. Il faut que je te dise quelque chose."
Et là, je la regarde, les yeux tout brillants d'un mélange d'amour et de stress-oui, les deux ensemble, ça brille-.


Assise sur le bord de sa chaise, la Pâle serre le plat de carottes entre ses mains. Les yeux rivés sur lui, elle sent que ce qu'il a à lui dire est important. Tout aussi important que ce qu'elle n'ose pas lui avouer depuis quelques temps maintenant.
"Moi aussi j'aurai quelque chose a te dire... Mais tu peux commencer, si tu veux."
Les lèvres s'étirent légèrement en un sourire forcé. Angoissée, elle serre un peu plus son plat contre elle. Comment lui dire sans tout gâcher ? Comment lui avouer sa possible faute sans le faire fuir de l'autre côté du Royaume, lui qui ne veut plus d'enfant ? Du temps, elle a essayé d'en gagner mais le moment serait forcément venu à un moment donné.


Je fronce les sourcils et me tends encore plus. C'est pas bon ça, pas bon du tout.
"Je t'en prie, commence. Les dames d'abord, non ?"
Non parce que quand une femme a quelque chose à te dire, c'est jamais bon et j'aime mieux éviter de me faire larguer juste après ma *spoiler alert* demande en mariage.


Elle ouvre la bouche et la referme à plusieurs reprises, ne sachant comment commencer.
" N'aie pas peur, d'accord ? Rien est encore sûr et... je me fais peut-être des idées pour rien mais... tu te rappelles, quand on s'est retrouvés et qu'on a utilisé nos sabliers ?"
Elle le regarde longuement, espérant qu'il comprenne par lui même et qu'elle n'ait pas à formuler toute son inquiétude avec des mots.


Je penche la tête sur le côté pour l'observer sous un autre angle. A l'horizontal, elle a toujours l'air de tirer la gueule, ce qui ne coïncide pas avec ses paroles.
"Bien sûr que je me rappelle et à mon avis tout être vivant à proximité aussi."
En y repensant, j'étire un sourire en coin et me rapproche d'elle, appose ma bouche contre son oreille pour y glisser: "Pourquoi ? Tu veux recommencer ?". Allez, dis-moi que c'est que ça.


En entendant le murmure, un sourire amusé vient illuminer le visage de Neijin. Elle se racle la gorge pour reprendre son sérieux. Ne ris pas Neij', ce n'est pas drôle.

"Dans la précipitation, j'ai quitté Limoges en oubliant la moitié de mes affaires et... les plantes pour mes tisanes faisaient parties des choses oubliées. Et du coup je sais pas si... tu vois ?"
Elle se mord l'intérieur de la joue à l'idée qu'il voit vraiment ce qu'elle essaye de lui dire et de son pouce, elle vient brièvement lui montrer la direction de son ventre en détournant le regard.


Elle sourit, c'est bon signe. Alors je souris aussi. Je continue à sourire quand elle me parle de ses oublis qui pour moi sont secondaires. A des lieues de comprendre ce qu'elle essaye de me dire, j'appose une main sur son ventre et dépose un baiser sur sa joue.
"Te bile pas, t'as toujours la ligne plus fine que celle d'une canne à pêche."
Et puis, plus bas, sur un ton de confidence: "Si c'est la coulante, je connais un gars qui connaît un gars qui pourra t'aider.".


"N'importe quoi ! Niallan, tu dis des bêtises."
Elle secoue lentement la tête et inspire longuement, se dandinant sur sa chaise.
"Les tisanes... ça ne te dis rien ? Nial'... je suis peut-être enceinte."


Sa première phrase m'arrache un rire et un lever de mains en l'air en signe de paix. Sa seconde phrase produit un enchainement de réactions désorganisées: la bouche qui s'ouvre et se referme façon carpe, les yeux qui s'agrandissent comme des soucoupes, la paupière qui s'agite sous un tic nerveux.
"Tu te fous de moi. Dis-moi que tu te fous de moi.". J'ai oublié d'ajouter à la liste des réactions un coup d'oeil à la porte et un tremblement dans les jambes, signe d'une fuite imminente.


Tremblante, elle repose son plat de carotte sur la table avant qu'il ne puisse lui échapper des mains et s'écraser à même le sol. De nouveau, elle se mord l'intérieur de la joue en réfléchissant. Et si elle se mettait à rire ? Lui dire que ce n'était qu'une blague pour voir sa réaction ? Elle soupire. Si elle est bel et bien enceinte, il faudra bien qu'il le sache un jour.
"Je te l'ai dis, ce n'est pas sûr.. vraiment pas. Juste qu'il y a un risque... tu comprends ?" Elle le regarde un instant avant d'ajouter : "J'ai tout gâché, c'est ça..?"


Je suis des yeux le plat de carottes pour me raccrocher à autre chose que ses yeux qui attendent que je dise quelque chose ou à son ventre qui habrite peut-être quelqu'un. Moi aussi je soupire, passe une main dans mes tifs.
"Je compends, ouais. Même si j'aurais franchement préféré que t'aies la coulante."
Puis elle dit un truc qui m'oblige à relever le nez et à la regarder. C'est dingue ce besoin constant que j'ai de la savoir heureuse, lié à cet amour tout aussi constant qui me serre la gorge à sa question.
"Eeeeh, dis pas de connerie.". J'oublie de zyeuter les issues de secours pour la prendre dans mes bras, embrasse le sommet de sa tête. "T'as rien gâché, d'accord ? Ca va aller.". Je sais pas encore comment mais on y reviendra plus tard.


Blottie contre lui, elle vient nicher son nez contre son cou. Mais même s'il n'est pas parti, elle se sent obligé de le rassurer. Se rassurant par la même occasion.
"Peut-être que je m'alarme pour rien et que je ne redeviendrais pas une baleine pour l'instant tu sais et... tu voulais me dire quoi, au fait ?"
Le visage quitte la chaleur de son corps pour poser ses yeux sur lui.
A ton tour.



RP quatre mains avec JD Niallan.
_________________
Niallan
Le 23 septembre 1465 - Suite

C'est un peu une déclaration que je te fais car il est temps je crois
...
Moi c'est vers toi que je tend les bras
Quand ça ne va pas
Ma cervelle et mes sentiments
Je te les donne
Ils sont pour toi
Le reste on en reparlera*"



Alors que je commençais à me détendre, aidé par le contact nasal et la mention de la possiple parano de la contacteuse, j'écope d'une douloureuse piqûre de rappel.
"Moi ? Oh, c'est pas important." Oh, le menteur, il est amoureur. Après le bug provoqué par cet essai néologique, je secoue la tête et m'écarte d'elle pour lui faire face. Si elle a pu me le dire, je le peux aussi.
"Je suis encore plus perturbé que tout à l'heure alors désolé d'avance si c'est pas comme dans les contes."


"C'est moi qui suis désolée... Nial', tu... tu vas pas aller voir ailleurs pour te rassurer, pas vrai ?"
"C'est de notre faute à tous les d... Hein ? Mais ça va pas la tête ?! J'ai même pas pu avec la catin rousse de la dernière fois. J'ai FUI. T'entends bien, fui comme un lâche. On aurait dit une pucelle effarouchée, Diego m'aurait grondé."
"Moi je suis contente que tu aies fuis"
Je souris et dépose un baiser sur son front. "Alors je continuerai à fuir les femelles trop entreprenantes."


La Pâle finit par sourire, rassurée. Elle sait qu'il fait des efforts depuis qu'il est avec elle. Pourtant ça ne l'empêche pas d'avoir peur.
"Si tu fais ça, je me met nue devant toi quand tu veux."


Si je repasse en mode carpe, ce n'est pas lié à un choc d'effroi mais bien à la promesse de la voir NUE ! A volonté, comme un buffet, mais en mieux. Je peux pas la laisser filer cette femme-là que je me dis en me jetant -ou presque- à terre pour y ployer le genou.
"Je maintiens ma proposition, pour le renversé du plat de carottes. Je saurai pas bien le dire, mais..."
Que je commence, triturant nerveusement la bague dans ma poche en la regardant avec un mélange d'amour et d'adoration.


Surprise, Neijin cligne des yeux en le voyant ainsi devant elle. Puis elle esquisse un sourire en coin et rit légèrement en regardant le plat. Il sait la détendre. Il a toujours su.
"Allez, me fais pas attendre."


Petit raclement de gorge propice à petit monologue. "J'ai toujours été un grand amateur de défis mais depuis un bon moment, je suis persuadé que celui qui me tient le plus en haleine se rapporte à une baleine. J'crois, non, je suis sûr même, que le seul défi qui compte c'est de te rendre un peu plus heureuse chaque jour.". Petite pause pour ravaler ma salive. "Est-ce que tu voudrais bien me filer un coup de main en m'offrant ta main ?". Je plante mon regard dans le sien, flippé comme jamais -pensez pas à une chanson nulle-. "Je veux dire ... est-ce que tu veux m'épouser ?". Là j'ouvre ma main, révélant une bague en or blanc surmonté d'une pierre de lune. Et puis je reste suspendu à ses lèvres, attendant le oui qui changerait ma vie.


Silencieuse, Neijin s'applique a l'écouter jusqu'au bout. Son coeur tambourine dans sa poitrine en comprenant ce qu'il est en train de faire. Les yeux clairs font des allers retours entre la bague et lui. Elle est magnifique. Il est magnifique, ainsi placé devant elle, lui ouvrant son coeur. Et même si elle reste silencieuse un court instant, elle sait déjà la réponse qu'elle va lui donner. Parce qu'elle est évidente et qu'elle devrait sauter aux yeux de tout le monde. Mais sa gorge se serre et la réponse ne vient pas.
"Oh, Niallan..."
Emue, elle cligne rapidement des yeux pour refouler les larmes qui menacent de couler. Finalement, la Pâle se jette à son cou pour l'embrasser en guise de réponse.


Si pour elle sa réponse est évidente, elle ne l'est pas pour moi. Le "Oh, Niallan..." n'annonce rien de bon. C'est un peu comme un "t'es gentil" en réponse à la question "comment tu me trouves ?". Alors j'angoisse, je crispe les doigts autour de la bague et je prie tous les saints en lesquels je ne crois pas -sauf ses seins à elle, mais c'est une autre histoire-. Quand elle se jette à mon cou, j'échappe un rire de soulagement, rapidement étouffé par le baiser que je lui rends à grand renfort de passion. Je m'arrête de l'embrasser seulement parce que, parfois, il faut des mots en plus des actes. Je la regarde, bague en main.
"Alors, euh..."


"Oui."
C'est à mon tour de me jeter sur elle pour l'embrasser, non sans avoir au préalable poussé un cri de joie et avoir souri à m'en décrocher la mâchoire.
"Dis, tu peux répéter ? Au cas où j'ai mal entendu, tout ça..."


"OUI ! Je veux t'épouser."
Neijin lache un léger rire, preuve de son bonheur imminent, puis vient retrouver ses lèvres pour l'embrasser avec passion. Pour la première fois depuis longtemps, elle n'a plus peur de rien. Ou presque. Mais les craintes sont pour l'instant repoussées. Juste un instant. Parce que rien ne pourrais gacher ce moment. Pas même le possible être vivant sous son nombril.
"Je t'aime, si tu savais..."


Pour tout vous dire, je suis tellement heureux que j'ai zappé la possibilité d'arrivée du bébé. Dans ma tête, c'est son "oui" qui tourne en boucle -pas de là à reproduire un générique enfantin- et sous son "je t'aime", je m'empresse de héler le tavernier. C'est qu'on a quelque chose à fêter.
"Moi aussi je t'aime putain !"
Je plaque mes lèvres contre les siennes, réalise ce que je viens de dire et me recule juste assez pour pouvoir parler.
"Et quand je dis putain, c'est euh, enfin, tu vois". Pour lui faire oublier cet écart langagique, je j'embrasse encore. Et encore. Et encore.


Elle secoue lentement sa tête, amusée. Et après un long moment d'échange salivaire et d'alcool, elle finit par se reculer légèrement, un air inquiet sur la trogne.
"Niallan ?"


Avec un air béat sur la trogne, je caresse sa joue du bout des doigts sans même voir qu'elle est inquiète. La faute à l'amour qui rend aveugle.
"Oui, chère fiancée ? Oh, la vache, fiancée.". Et vas-y que je souris comme un abruti.


Posée contre lui et la main sur son torse, Neijin ne peut effacer le sourire qui étire ses lèvres alors qu'elle le regarde.
"Je deviendrais jamais une couche, pas vrai ?


Je secoue la tête tout en arrangeant des mèches blanches qui n'ont aucunement besoin de l'être.
"Si ça te fait peur, on peut même dormir exclusivement dans l'herbe."


La réponse lui arrache un énième sourire.
"Oh non non, ça ira."


Je pousse un soupir de soulagement -la rosée du matin ça va bien en été seulement- et lui souris.
"Tu peux pas devenir ma couche, tu sais. T'as ce truc que n'ont jamais eu mes autres compagnes."


"Les cheveux blancs ?"
"Si j'avais craqué juste pour les cheveux blancs, j'aurais choisi mémé Gertrude."
Neijin rit doucement en entendant le nom de Gertrude. Inconsciemment, elle repense à leurs retrouvailles et à sa comparaison avec sa grand-mère Ginette. Habituellement, elle lui aurait sans doute frapper l'épaule avec douceur. Mais la situation n'était pas habituelle, aussi se contenta-t-elle de rouler des yeux.
"Alors... quoi ?"


Je plonge mon regard dans le sien dès que celui-ci a fini sa rotation.
"En plus d'avoir des seins à faire tomber des saints, t'es ma Potesse."


["Pour vivre avec toi
Tu es mon chez moi
Mon premier et mon second choix
Mon rêve d'absolu qui ne tarit pas"*]



RP quatre mains avec JD Neijin.
*Debout sur le zinc - La déclaration

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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Niallan
Le 24 septembre 1465

[Qu'est-c'tu crois ?
Qu'j'suis un ange ?
Qu'ça m'démange
Pas un peu ?
Déteste-moi
Mon amour
J'aimerai ça
Pas toujours
Mais un peu

Mais me jette pas
J'suis consigné chez toi
Me jette pas
Ou jette-toi avec moi*]


J'ai merdé. Encore. Fort.
J'ai trompé ma future femme avec mon ex-femme. J'aurais pu dire que je me suis mélangé les pinceaux mais ç'aurait été faux -et j'aurais probablement récolté une baffe au passage-. . La vérité c'est que j'ai été un enfoiré, je l'ai trompée au moment où elle avait le plus besoin de moi. J'ai pensé que(ue) ses arguments étaient valables, j'ai cédé à ses avances et à cette envie qu'elle avait fait naître en moi. Sur le moment, c'était foutrement bon mais dès le lendemain, j'ai regretté. J'ai tout dit à Neijin en la suppliant de me pardonner. Elle l'a pas fait, ce qui explique que je pionce contre un arbre non loin de notre tente depuis déjà quatre jours. Grelottant, je resserre les pans de la couverture autour de moi et me trémousse sur le rocher dans l'optique de me réchauffer le fessier. Échec total.

Je sais pas comment tu fais pour rester dehors sans te les cailler, toi.
L'air désabusé, je zyeute le canasson qui me tient compagnie depuis que je crèche dehors.
Tu r'marqu'ras qu'j'ai pas nié pris la main dans l'panier. J'ai avoué, j'ai pas dit c'est pas moi, cette fille j'la connais pas. J'la connais.*
Un hennissement m'encourage à poursuivre dans un sourire triste, regardant les étoiles pour retrouver l'éclat brillant que je voyais dans ses yeux à elle.
Après tout tu t'en fous, tu savais qu'la vie est dégueulasse, que l'amour dure toujours et qu'c'est là qu'est parfois l'angoisse.*
Je tourne la tête vers la tente dans le vain espoir de la voir en sortir. Mais elle le fait pas, alors je continue mon monologue.
T'as raison les hommes sont des salauds, des pas beaux. C'est pour ça que j'préfère les nanas, j'les préfère un peu trop quelquefois. Tu m'dis qu'toi c'que t'aimes pas c'est l'mensonge, que ça t'ronge et qu'tu meurs. Moi c'est la vérité que j'trouve triste à pleurer et je pleure.*

Juste quelques larmes que j'essuie rageusement, à bout. J'ai jamais été si proche et pourtant si loin d'elle. Elle veut plus que je dorme avec eux et moi je veux pas qu'il leur arrive malheur. Alors tous les soirs depuis ma connerie, je dors au pied du même arbre en compagnie du même cheval, me maudissant de ce que j'ai fait et flippant de ce qu'elle pourrait faire.
Tu crois qu'elle va me quitter ?
Je fixe mon nouvel ami à quatre pattes -lui, pas moi- avec un éclair de panique dans le regard. Il m'ignore, je persévère.
T'as déjà trompé ta jument, toi ? Peut-être que votre espèce s'en fout, ou peut-être qu'elle t'a flanqué une ruade. Tu sais, y'a pas d'ange sur cette terre à part dans les cimetières, les églises. Y'a que des types comme il faut avec leur bite, leur couteau sous la chemise. Je suis qu'un mec … *

Après m'être pris un énième vent par l'équidé, je pousse un profond soupir et tâtonne dans ma besace pour en sortir une bouteille de whisky. Je m'étais promis de pas boire pendant ma surveillance de la tente mais là c'est trop. Puis il paraît que ça réchauffe. Pendant la descente du breuvage, je réfléchis. Beaucoup. Je me demande ce que je pourrais faire pour qu'elle commence à me pardonner, comment lui montrer à quel point je regrette. Il faut que je trouve quelque chose que je n'ai jamais fait pour aucune autre femme. Le problème, c'est que je perds toujours au « j'ai jamais » alors je galère. Adossé contre l'arbre et entre chaque gorgée, je descends mes idées en flèche jusqu'à ce que, totalement beurré, je trouve LE truc que je n'ai jamais fait. Pour personne, pas même pour mes mômes qui me disaient « papa, tu grattes ».
Donne-moi mon sac !

Je rouspète devant le manque flagrant de coopération du canasson et attrape moi-même ma lame avant de me diriger vers une flaque. Ça fera l'affaire. J'inspire un grand coup avant d'entamer un rasage ponctué de « aïe », « ta mère la mainoise » et « ton père le bourguignon ». Je me suis jamais rasé entièrement et en plus, je suis saoul alors le résultat, bien que concluant au niveau du caractère imberbe, me laisse des coupures rouges sur le joues. Je grimace et après une minute de silence pour mes poils, je les récupère pour les installer sur une pierre près de la tente, accompagnés d'une brève missive.

Citation:
Sans toi, je suis comme mes joues sans ma barbe.
Je suis moche, con, je sers à rien. Et je saigne.

Je passerai chaque jour de chaque semaine à me faire pardonner.
Mais me jette pas
Je me f'rai tout p'tit, tout plat
Me jette pas
Ou jette-toi avec moi*


Je t'aime,

Niallan.



*Renaud – Me jette pas

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Neijin
Quelques jours plus tôt

- Ce soir, tu auras une surprise ! lui avait-elle annoncé avec un grand sourire.

Loin d'imaginer ce qui allait se passer ce soir là- ou plutôt, ce qui n'allait pas se passer, justement.- Neijin été repartie toute guillerette vers leur tente. Si les événements précédents les avait sortis de leur confort, elle s'évertuait à lui faire plaisir pour essayer de remettre les choses dans l'ordre. Et pour ça elle avait décidé que l'épisode du canasson serait ce soir, et non la veille de leur mariage.

Un léger sourire sur les lèvres et fredonnant une chanson de chez elle, Neijin avait préparé un cheval de trait -pour plus de place et de calme- sous les yeux observateur de son fils. Elle l'avait lavé, brossé, et avait finit par le tresser en insérant des fleurs en tissus cousues par les soins d'Eliance dans la crinière. Fleurs qui allaient servir à leur mariage. Admirant le résultat, elle tapota dans ses mains en adressant un grand sourire à son fils, toute excitée, puis disposa des lanternes par-ci par-là pour éclairer la scène. Un panier contenant deux bouteilles de vin reposait entre deux branches.

Neijin attrapa son fils, déposa un baiser sur son front et se recula un peu pour observer son travail. Tout était parfait.
La nuit se faisant proche, Hlodovic n'allait pas tarder à vouloir dormir. Elle pénétra dans la tente pour le coucher et l'endormir avec des gestes tendres, comme à l'accoutumée, replaçant quelques mèches brunes et caressant son visage du bout des doigts. Il ne tarda pas à sombrer, et la normande pu enfin se préparer.

Ainsi vêtue de sa seule et unique robe bleue, Neijin avait tressé ses cheveux et avait essayé tant bien que mal de se faire monter le rouge au joues, sans succès. Elle était même allée demander l'avis du canasson qui n'avait pas daigné relever la tête du gazon. Et comme qui ne dit mot consent... c'est que tout allait bien.

Le seul problème, c'est que l'invité ne vint pas.
Assise contre un arbre, Neijin l'attendit pendant des heures durant. La nuit était tombée maintenant depuis un bon bout de temps et elle avait finit par ouvrir l'une des bouteilles pour l'entamer. Maintenant avachie, elle avait sombré dans un sommeil agité. L'absence de remède n'avait pas empêché les cauchemars de se frayer un chemin dans son sommeil. Une histoire de deux chats roux lui feulant dessus. Son corps douloureux. Et du sang. Du sang partout alors que des larmes ruissellent sur ses joues, à moins que ce ne soit la pluie qui s'abat sur elle.

Et le son d'un enfant qui pleure. Des gémissements qu'elle reconnaîtrait parmi tant d'autres. Hlodovic.

Les pupilles se relèvent brusquement sous les pleurs de son fils. Elle se redresse et pose un instant un regard triste sur le canasson qui n'a pas bougé.


- Ich komme, meine Liebe. Weine nicht, ich bin hier.
J'arrive, mon Amour. Ne pleure pas, je suis là.


Le 24 septembre 1465*

Depuis qu'il avait tout avoué, Neijin évitait de croiser l'être aimé. Guettant son départ pour pouvoir sortir de sa tente et y entrant avant qu'il ne monte la fameuse garde. Elle l'évitait et pourtant ne pouvait s'empêcher de penser à lui. Des jours avaient passés mais le pardon ne venait pas remplacer la tristesse en elle.

Puis vint l'acte de barbarie envers la barbe -qu'elle avait soigneusement rangé dans un petit sac- et la fameuse soirée où, complètement ivre et droguée, elle avait fini par l'inviter dans leur tente. Elle n'avait cessé de le repousser jusque là, pourtant son corps voulait lui hurler son amour.

Elle voulait l'embrasser...


- J'ai beau avoir essayé, je n'arrive pas à t'oublier. Je sais que tu le regrettes, mon amour. Tu me l'as dit tellement de fois... Mais je me demande encore pourquoi... Tu es parti avec elle, et tu m'as délaissée.* J'avais tout préparé, je t'ai attendu...
    ... et le frapper la minute d'après.
Elle n'avait fait que l'embrasser. Pour un instant de répit dans la tristesse, pour retrouver, juste un moment, l'être aimé qui lui manque malgré tout. Et surtout, surtout pour l'espoir. Elle sait qu'il ne faudrait pas et pourtant ne peut s'en empêcher. Blottie contre lui, la main posée contre son torse, un léger murmure brise de nouveau le silence. Dans un état second, elle ose poser les question qu'il faudrait taire.

- T'a-t-elle fait battre le cœur plus vite que je ne le pouvais...? T'a-t-elle donné ce que tu espérais ?*... Tu fais chier, Nial'... Vous saviez tous les deux que je saignerais à l'intérieur...* mais vous avez pas pu vous en empêcher. Même avec tout l'amour du monde, comment est-ce que je peux rivaliser.. ?

*Paroles traduites de la chanson Daughter - Love.

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Niallan
Ma vie c'est les montagnes russes sauf que mon manège à moi c'est elle. Pas toi, non.

On a stagné en bas pendant un moment. Elle me détestait presque aussi fort que je me détestais. Elle me posait des questions auxquelles je ne pouvais pas apporter de réponse autre que mon « j'en sais rien, j'ai merdé ». Je me contentais d'attendre que ça passe en priant pour que ça casse pas. Quand elle m'engueulait, je baissais la tête ; quand elle partait, je la retenais pas. Après avoir rasé ma barbe, je rasais les murs en silence pour assurer ma repentance.

A un moment, j'ai cru qu'on entamait la montée. Elle recommençait à me sourire, j'arrivais de nouveau à la faire rire. Elle me laissait dormir avec elle et moi je me lassais pas de la tenir dans mes bras. Sauf qu'au fur et à mesure qu'on se rapprochait du sommet, ça a recommencé à merdouiller. On s'est arrêtés pour mieux dégringoler. Elle a désiré un autre homme, un coureur italien qui avait entamé un marathon de la drague auprès de toutes les femmes du groupe et plus particulièrement d'elle. Je l'avais mauvaise. Je fulminais et je lui en voulais. Jaloux comme un poux, je virais blaireau parano.

Un soir, on a cru que le tour de manège était terminé. Tu sais, ce moment où ça ralentit, où tu te dis que c'est fini et que tu t'es fait arnaquer sur la durée. Je pouvais pas supporter notre vie de couple en sachant que le chien italien serait toujours présent dans la vie de groupe. Ce soir-là, on s'est disputés fort, à grand renforts de de cris renforcés par des larmes. J'étais prêt à me barrer et, finalement, main sur la poignée de la porte, j'ai choisi de rester. C'est un peu comme quand t'as ce type qui s'égosille dans le micro pour savoir si « vous en voulez encore ». La réponse est évidente, tout le monde beugle un « oui » en démultipliant la dernière voyelle. Elle est mon évidence mais le oui, c'est elle qui l'a dit. Quand je lui ai demandé de m'épouser.

C'était reparti. On était heureux et amoureux. Je passais mes journées à afficher un sourire de benêt transi même en présence du rital dragueur. On était redevenus nous, sans sous ni dessous. On s'est mariés lors de la nuit la plus terrifiante de l'année et pourtant je flippais pas. J'étais sûr de moi, sûr d'elle et sûr de nous. C'était mon premier mariage d'amour, le premier au cours duquel je passais la veille du mariage et la nuit de noces dans les bras de la même femme, la mienne. On a poursuivi notre ascension au cours de nuits de passion.

On pensait que le pire était derrière nous et que le meilleur venait tout juste de commencer. Grâce à l'initiative moustachouette, on a même atteint l'apogée selon Niallan -c'est comme l'évangile selon Saint-Jean sauf que nous on fait seulement sa fête-. Diego s'était pointé avec une jeune femme bien faite, peinte en noir, un nœud de type papier cadeau autour des seins et un autre autour de la taille. Il avait dit « cadeau », moi je fantasmais comme pas possible en matant le duo blanche et noire jusqu'à ce que la plus claire des deux propose ce qui restera dans les mémoires comme « l'expérience grise ». C'était son cadeau de mariage, elle disait que comme ça je serai le seul type du royaume à avoir couché avec une blanche et une noire en même temps.

Oui, ma femme est parfaite. Non, je la prête pas.
Oui, c'était une des meilleures nuits de ma vie. Non tu n'auras pas les détails.
Oui, j'ai les résultats de l'expérience grise. Non, blanche et noire ça ne donne pas de gris.
Oui, ça donne juste une blanche avec quelques rayures noires. Non, ça ne donne pas pour autant un zèbre.

On était tout en haut. Tu sais, ce moment où tu regardes le vide et où tu sais que tu vas bientôt tomber. Tu sais pas exactement quand mais tu sais que ça va être brutal -et douloureux dans le cas où t'es mal attaché-.
C'est là qu'il y a eu la chute.

Nuit du 2 au 3 décembre 1465 :

Juste Elle. Jusqu'à eux.
Dents serrées et poings fermés, je procède à une rapide évaluation de l'intérieur de notre tente. On a pas le temps de réfléchir. Penser utile, pratique. J'attrape une chaude couverture et la pose sur les épaules de Neijin sans la regarder.

Couvre-toi avec ça et ramasse tes affaires, seulement l'essentiel. Je m'occupe du reste.

Sans attendre sa réponse, je m'extirpe de la tente et me dirige jusqu'à la charrette. Nerveux, je vérifie les roues et mon bricolage pour la tirer. Ne pas penser, ne surtout pas penser pour ne pas craquer. Silencieux, je procède à quelques allers-retours entre ce qui fut notre demeure et notre nouveau moyen de locomotion. Aux extrémités de la charrette sont déposés des sacs contenant nos frusques et d'autres contenant des vivres, dans un coin se glisse un sac plus petit renfermant alcool et opium prompts à nous requinquer. Sans me décrisper, je tapisse le milieu de la charrette de couvertures et y pose au centre un mini germain emmitouflé.

T'en fais pas, il aura pas froid.

J'accompagne mes paroles d'un autre bricolage, essayant de tendre une énième couverture au-dessus de la tête de mon filleul, les mains tremblant autant de colère que de froid. J'y arrive pas, je grommelle. J'y arrive pas mieux, j'échappe un « putain » retentissant. Ne pas penser, ne pas s'énerver. Résister à l'envie d'aller les achever, tenir la promesse que je lui ai fait. J'étouffe les divers jurons qui me chatouillent les lèvres, achève de protéger l'enfant du froid et saute au sol.

C'est bon, on peut y aller.

Je réajuste la couverture autour de ses épaules et croise malgré moi son regard. Ma gorge se serre et je sens monter en moi une colère sourde. Ceux qui lui ont fait ça sont juste là et encore une fois, j'étais pas là pour la protéger. Mes doigts s'agrippent à la couverture que je serre comme si c'était eux que j'étranglais. J'aurais pu les achever mais elle m'a fait promettre qu'on partirait et que son frère les achèverait. Je la regarde, zyeute en direction du village, hésite. J'ai promis. Fait chier.

Faut qu'on y aille.

Je m'écarte d'elle pour prendre la place du cheval qu'on a plus et tirer la charrette. Les phalanges blanchies sous la pression que j'applique nerveusement sur le bois, j'entame notre longue marche vers Limoges. Demain, je regretterai de ne pas avoir fait du grumeau des jumeaux. Demain, je m'en voudrai d'avoir abandonné les poireaux. Demain, il faudra que j'écrive bien des lettres dont je redoute la rédaction. Mais ce qui compte ce soir et ceux qui suivront c'est que je tienne la seule promesse importante à mes yeux, celle d'être toujours à ses côtés. Pour le meilleur et pour le pire, on avait dit.
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Neijin
Pour le meilleur et pour le pire, on avait dit.
Aujourd'hui je t'offre le pire, mon amour.


Le meilleur, ils l'avaient connu. Pour leur nuit de noce, tous les moments où ils se soutenaient. Où c'était eux contre le reste du monde, le reste de leur monde. Tous les moments intimes. La bonne nouvelle. Ou du moins, celle qui devait être bonne tant elle était attendue. Les rires, les caresses, les baisers, les taquineries, les projets. Ils avaient tout pour eux, mais le meilleur ne resta pas longtemps.
Les événements s'étaient enchaînés et en quelques semaines, ils réussirent à faire ce qu'ils voulaient à tout prix éviter : se détruire. Et s'ils pensaient que le troisième mariage serait le bon, tout tendait a vouloir leur prouver le contraire. Et malgré la volonté de ne pas lâcher, le lien avait finit par craquer. La jalousie s'en était mêlée et la séparation avait été brutale.

S'éloigner avant de finir par se détester, voilà le plan. Mais l'irréparable est commis du côté de la Normande qui n'arrive pas à donner de nouvelles depuis qu'elle a quitté Limoges. A l'abri des regards, loin de toute pression et dans ses dernières forces, elle a ôté la vie qui grandit en elle. Geste qui pèse de plus en plus sur sa conscience, enfonçant tout son corps dans l'eau sombre qu'elle venait à peine de quitter. Il lui faut lui dire. A Lui. Le père et l'Aimé. Malgré tout. Malgré les conséquences désastreuses que cela aura, parce que le mal est déjà fait.
Au calme, le corps fatigué et l'âme en peine, la Blanche finit par prendre la plume de sa main tremblante.






Nial',

Il m'est difficile ce jour de prendre la plume pour vider mon sac. Lis cette lettre jusqu'au bout, je t'en prie, parce que ce sera sûrement la dernière que tu voudras recevoir de ma part. Tu casseras tout ce que tu veux ensuite. Je pourrais même te dire où je suis si tu as envie de te défouler sur moi.

Lorsque tu m'as comparé à Fleur, je l'ai mal pris. Je me suis sentie insultée. Avant-hier, je t'aurais encore rétorqué que tu avais tort de dire que je lui ressemblais. Car la différence entre elle et moi, c'est que je n'essaie pas de te manipuler. Je ne l'ai fais qu'une fois, dans un moment de panique, mais jamais je ne serais passée à l'acte à ce moment là. Je ne me suis pas rendue compte que je te mettais face à toutes tes peines. Encore une erreur. A croire que je les enchaîne. Et à chaque fois que je te fais du mal ça me ronge. J'aurai voulu te rendre heureux, jusqu'au bout. Réellement heureux, au point où tu en oublierais toutes tes déceptions. J'aurai voulu être cette femme là, vraiment.

Nous n'aurions sans doute pas dû nous rapprocher autant, j'aurai dû rester une simple amie parce que je ne sais pas me conduire en épouse. Pourtant j'ai été heureuse à tes côtés, avant que tout cela n'arrive. Après cette lettre tu ne voudras sans doute plus entendre parler de moi mais si un jour, lorsque tu le sentiras tu voudras retrouver ta Potesse, je serais là.

Pardonne-moi pour ce que je vais te dire, Nial'... mais je ne suis pas prête à être de nouveau mère. Cet enfant je le voulais mais je suis incapable de m'occuper de moi-même pour l'instant. J'ai du mal à m'occuper de Hlodo. J'ai du mal à remonter la pente, tout simplement. Je ne peux pas redevenir baleine loin de toi et te retrouver pour te donner le plus précieux des trésors. C'est au dessus de mes forces. Tu t'en occuperais bien, j'en suis persuadée, ce n'est pas la question. Ce que je vais te dire est sans doute égoïste, mais je ne voulais pas que tu me reprennes juste pour lui. J'aurai voulu qu'on se retrouve uniquement parce que tu penses toujours que je suis la bonne, pas parce qu'il y a ton futur enfant qui grandit sous mon nombril. Et si tu n'avais toujours pas voulu de moi après ce cadeau, je n'aurai tout simplement pas pu vivre loin de vous. Loin de mon enfant. Tout comme je pense qu'il ne faut pas enlever un enfant à son père, je pense qu'il ne faut pas non plus l'enlever à sa mère.

Pour l'instant, j'en suis tout simplement incapable. Pas alors que quand je te quitte à regret tu parles d'avoir d'autres femmes devant moi. Pas alors que tu veux m'échanger avec la femme d'un autre. Pas alors que je me surprend à provoquer des hommes semblables aux rouquins et que je ne supporte plus personne mis à par le Clan. Pas alors que tu protèges un violeur et que tu veux en frapper d'autres. Je ne pouvais pas rester avec vous.
C'est pour toutes ces raisons que j'ai fais ce que je pensais de mieux malgré les mise en garde de Jeni... J'ai fais une bêtise. La pire bêtise que je pouvais commettre, il a fallu que je la fasse. La dernière des bêtises sans doute que je ferais, nous concernant. Une bêtise qui me rongera jusqu'à la fin de mes jours et qui me fait penser que je suis pire que ces violeurs.

Si tu n'as toujours pas compris de quoi je parlais : j'ai pris des plantes pour me vider le ventre. La graine que tu avais planté n'est plus là. J'ai tué notre futur enfant.
Tu vas surement me haïr toute ta vie, et je le comprends. Je me hais moi-même pour ce que j'ai fais. Et je suis la première a en souffrir.
J'espère qu'avec le recul tu finiras par comprendre les raisons de cet acte. Tout ce que je pourrais dire ne servira à rien, j'en suis consciente, mais je devais te le dire. Te donner mes raisons, qu'elles soient bonnes ou mauvaises.
Traite-moi d'idiote, de monstre, ou tout ce que tu voudras, parce que je l'ai sans doute mérité.
Le mal est fait, j'en suis navrée. J'espère que tu auras la force de te relever.

Pardonne-moi d'avoir détruis ce qui restait de nous.
Prend soin de toi, surtout.
Hlodovic ne t'oubliera pas. S'il n'a pas ton sang, tu resteras celui qu'il considère comme son père.
Je t'aime malgré tout.

Neijin.


Les yeux rougis par les émotions, la Normande est trop fatiguée pour pleurer de nouveau. Elle attrape son fils et lui trempe la main dans l'encre pour la poser à plat à la fin de la lettre. Montrer que Hlodovic va bien et qu'il grandit. Mettre du baume au cœur alors que tout va mal. Tonton, celui qui s'est fait Père depuis le début va manquer. Atrocement.

- Pardonne-moi, mon amour...

Dans l'impossibilité de lui faire ses adieux -parce qu'il est son Barney, faut pas déconner-, un dernier murmure s'échappe des lippes avant que la lettre ne soit scellée, envoyée et que l'Immaculée ne rejoigne sa couche pour s'y recroqueviller, serrant son unique fils contre elle.
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Niallan


Va te faire foutre ! Tu me rends malade quand j'entends toute la merde que tu dis. Sortir autant de conneries ça doit te prendre toute la journée. Va te faire foutre !

Ça c'était au début, à la première lecture. La colère avait pris le pas sur la tristesse, j'avais suivi son conseil et détruis consciencieusement le mobilier environnant à grand renfort d'insultes qui lui étaient destinées. Où qu'elle soit. Où qu'ils soient. J'avais procédé à un calcul douloureusement simple. Elle était partie enceinte de moi, avec lui. Elle continuait avec lui, sans petit habitant sous le nombril. Elle n'était certes pas prête à être mère mais seulement de mes enfants. Elle en voulait un de lui alors elle avait fait de la place dans son ventre. Pour lui, pour eux.

Va te faire foutre.Va te faire foutre.Va te faire foutre.

J'avais répété ça en boucle, cognant sur tout ce qui passait, a fortiori quand ça avait une gueule d'italien ou que ça s'apparentait aux Corleone. Je regardais les cheveux blancs des grand-mères d'un mauvais œil et brûlais avec application tous les champs de carottes. Je la décrivais comme la pire des putains à celles que je culbutais, crachais sur notre histoire dès les premiers chapitres. J'avais la haine, N n'était plus mienne, elle était sienne.

Et puis la rage était retombée. D'un coup, comme ça, sans prévenir. Aux alentours de la dixième lecture. Au départ, j'avais juste ressenti un immense vide que j'avais essayé de combler par tous mes vices. C'était que des artifices, ça m'a pas rendu service. Les tentatrices entrecuisses se sont fait dévastatrices. Ce qui n'était que vide est devenu précipice. Et j'y ai plongé. J'ai sombré. Les donzelles n'étaient pas elles, leur ventre était trop plat pour que je sois papa. Toute la bière du monde n'aurait pas réussi à me donner les rondeurs de la grossesse et la fumette ne m'emmenait jamais aussi haut qu'elle l'avait fait. Ce jour où elle m'avait dit « je t'aime, Nial' », cette première nuit qu'elle m'avait offert et toutes celles qui avaient suivi, ce jour où elle avait dit oui pour la vie et celui où elle m'annonçait qu'elle la portait. C'était fini, elle était partie.

Oubliez tout de suite le « une de perdue, dix de retrouvées » car, comme dirait ce bon vieux Gad, « une de perdue, juste un de tout seul ». Mes amis étaient là, présents comme toujours mais je m'étais jamais senti aussi seul. Sans vraiment m'en rendre compte, j'avais arrêté de venir en taverne et restais cloîtré dans ma chambre. Les premiers jours, je sortais encore pour chasser le dragon avec mon fils et écoutais en réussissant à sourire les histoires qu'ils partageaient avec les jumeaux. Et puis un peu avant de passer le cap de la centième lecture, j'ai interdit à Diego de les ramener. J'y arrivais plus. Même eux ne parvenaient pas à me rattacher au monde, encore moins à reconstruire le mien.

Les jumeaux ne me rappelaient que trop leur mère. Ma déesse partie trop tôt. Celle qui aurait dû mettre au monde notre enfant, celle qui m'aurait rendu papa si j'avais été là. Si j'avais été moins con. Et Percy, lui, me renvoyait à toutes ces années gâchées par des aveux manqués. Huit ans ça ne se rattrape pas, quoi qu'on puisse en dire. Il y avait un fossé infranchissable dans lequel je n'avais de cesse de me vautrer. Maryah avait raison : je suis un mauvais père. Absent, disparaissant. Renonçant.


Cent-cinquante huitième lecture :

Je renonce. Tu m'as offert le pire, mon amour et non, je ne peux me relever. Pas encore. J'ai pas la force. En le tuant, tu m'as tué.

Va te faire foutre.

Je le dis toujours mais sans conviction. La tête dans les mains, mes bras maigres enserrent mes genoux alors que je me balance d'avant en arrière sur le lit, le corps secoué de sanglots. C'était elle qui devait être la bonne, c'était elle ma dernière chance. Cet enfant c'était le notre mais c'était aussi celui de l'espoir. J'allais être papa, du premier cri jusqu'au dernier baiser recueilli sur mon lit de mort. J'allais tout voir, rien rater. Mais c'est terminé. Y'a plus rien à espérer.

Je ne m'émerveillerai jamais devant un ventre qui s'arrondit par la présence d'un mini-nous qui représenterait tout. Je ne ferai jamais semblant de rechigner quand l'arrondie me réveillera au beau milieu de la nuit pour que j'aille lui trouver des fraises au mois de janvier. Je ne la laisserai pas non plus me détruire la main pour supporter les douleurs de l'enfantement. Je ne serai jamais le premier à tenir le corps emmailloté et braillard de mon môme. Je ne baiserai pas son front chaque jour ni ne passerai des nuits blanches à veiller son berceau.

Je ne dors plus, je ne mange plus, je ne sors plus, je ne me lave plus, je ne souris plus. Par contre, je bois et fume plus. Avec le son « ssss » à la fin pour ces deux-là, comme celui que ferait un serpent dont le venin est en train de lentement mais sûrement me tuer. Y'en a qui vivent d'amour et d'eau fraîche ; moi je meurs de haine et d'alcool frelaté.

Je relève un visage hagard sur la pile de lettres qui s'entassent depuis belle lurette sans que je sois capable d'y apporter une réponse. Au-dessus, déchirée à force d'être lue et relue, la sienne. Je baisse le regard sur la trace de main et serre les dents. J'en peux plus, ça fait trop mal. J'ai essayé de faire passer la douleur mentale en m'infligeant une multitude de douleurs physiques. Pour la première fois de ma vie, je me suis fait mal moi-même. Sciemment. Mon dos ainsi que mes cuisses et le haut de mes bras sont marqués de diverses cicatrices. Scarifications, brûlures. J'ai tout essayé, rien y a fait. J'abandonne.

On frappe à la porte. Titubant, je me lève et essuie précipitamment les larmes sur mes joues. J'ouvre. C'est le rital. Lui n'a pas abandonné, il a toujours essayé de me soigner. Chaque jour, il m'a apporté à boire et à manger, il m'a parlé. Aujourd'hui, il vient me chercher pour un nouveau voyage sans savoir que je prépare le dernier des miens. Je me force à lui sourire et lui explique que je reste à Limoges. Il tique, j'élargis mon sourire.

Ça va aller, je vous attends ici le temps de reprendre des forces.
Mensonge. Tout ce que j'attends c'est qu'ils soient assez loin pour ne pas me voir crever.
Regarde, j'ai même mangé ce que tu m'as préparé.
Mensonge. Le plat a fini par la fenêtre et les miettes dans ma barbe ne sont qu'un leurre.
On se retrouvera vite, t'as pas à t'en faire.
Mensonge. C'est la dernière fois qu'on se voit, ce sont des adieux sous couvert d'au-revoir.
Je t'aime mon ritagnol, plus que la gnôle.
Vérité absolue. Accompagnée d'une brève accolade et d'une tape dans le dos.
Rends-les heureuses et prends soin d'eux, je te les confie.
Supplique.

Alors qu'il tourne les talons, je serre fort le petit chausson rose pâle qui appartient à ma merveille dont les yeux bleus dansent dans ma tête. Elle mérite mieux, Alaynna le lui offrira, Diego y veillera. Et moi j'arrête là. J'ai plus envie de la vie, je veux que la mort que mette son mors.
Va te faire foutre.


En italique, traduction des paroles de "Bleep" you – Archive

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Neijin
L'amour n'est pas un feu qu'on referme en une âme: tout nous trahit, la voix, le silence, les yeux.
Et les feux mal couverts n'éclatent que mieux.

Andromaque


Le silence est le plus grand des mépris. Le proverbe avait pris tout son sens dans la conscience de Neijin quand elle comprit que la lettre réponse tant attendue ne viendrait pas. Il la haïssait, c'était certain. Elle avait réussi à les détruire tous les deux et si la douleur s'était emparée de son corps et de son âme, elle avait du mal à se relever. Pour une fois elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle même.

« Tu vas le regretter. » Mais non. Pourquoi le regretterait-elle ? C'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Plus de mariage, plus d'enfant, plus rien. Il n'y aurait plus de mal à se faire. Elle ne pouvait pas être mère de nouveau, et pourtant le geste avait pesé sur sa conscience avant même qu'elle ne le fasse. Elle avait fait le choix qui lui paraissait être le mieux à l'époque, celui qui était sensé lui permettre d'aller mieux. Et en effet, les crises d'hystérie s'étaient effacées petit à petit jusqu'à disparaître.
Vide de tout, elle n'avait pas la force d'élever la voix ou de chercher des noises aux autres.

Les longues journées passées sur la plage dans le sud lui avaient permis de réfléchir à la vie. Depuis quand dérivait-elle dans ses conneries ? A partir de quel moment avait-elle enchaîné erreur sur erreur pour bousiller tout son bonheur ? Le sien et celui qui était encore son mari. Elle avait tout gâché. L'avantage c'est qu'il n'y avait plus rien à casser. Plus rien à détruire. Plus rien. Même sans le vouloir, elle ne pourrait plus faire de mal à personne. C'était peut-être là son destin, retourner chez elle et rester seule avec son fils jusqu'à la fin de ses jours.
Malheureusement la pratique est toujours plus difficile que la théorie. Niallan hantait ses pensées et son absence et son silence prenaient beaucoup de place dans son quotidien. Il était temps pour elle de prendre du recul. Aller se reposer pour cesser de l'imaginer dans les bras d'une autre. Cesser de voir ce sourire, sentir les caresses qu'il lui offrait autrefois et entendre son rire briser le silence.

En route pour une dernière aventure, elle s'était retrouvée de passage à Limoges. C'est là qu'elle avait vu la lumière dans la taverne des deux amis. Ne pouvant s'empêcher d'entrer, elle l'avait aperçu en train d'empiler des chopes et son cœur s'était remis à tambouriner dans sa poitrine. Il se tenait là, concentré, à quelques pas d'elle. Et au lieu de tenir ses bonnes résolutions elle était restée. Aidés par Hlodovic, ils avaient fini par briser le silence. Ils s'étaient retrouvés et avaient fumés. Comme avant. Comme à chaque retrouvailles.
Finalement, après de longues semaines sans lui, la Pâle avait lâché prise et le sourire était revenu. Ils avaient même ri en se taquinant. Ils n'avaient qu'une soirée pour eux. Une seule soirée pour qu'il profite de Hlodovic. Pas de pleurs, pas de hurlement de colère. C'était presque comme s'ils étaient revenus au point de départ, où tout était plus simple. Presque. Les yeux de la jeune femme avaient du mal à se détourner de l'homme qui lui faisait face. Et son cœur battait de nouveau. Il y a tant de choses qu'elle aurait voulu leur dire à tous. Elle n'en ferait rien. Voilà ce qu'était sa punition :il fallait qu'elle s’efface, qu'elle le laisse être heureux loin d'elle. Il fallait qu'elle fasse ce qu'elle aurait du faire depuis le départ, depuis qu'Alaynna était rentrée. Elle aimerait l'unique époux de sa vie tout en étant loin.

Pourtant, sans se souvenir du pourquoi ni du comment, ils s'étaient retrouvés au lac pour une seconde course dans l'eau. Peu importait la raison tant que la soirée s'étirait avant qu'ils ne doivent se dire au revoir. D'ici quelques heures ils reprendraient chacun leur chemin. Ils se retrouveraient certainement, ils s'écriraient, mais rien ne pourrait remplacer la présence physique.

Emmitouflé dans la cape de Niallan, l'enfant dormait à point fermé. Plongeant la main dans l'eau avant d'étirer une grimace, la Normande se redressa pour les rejoindre. Une sensation de déjà vu l'envahit. Elle entendit un "Tous à poil !" résonner dans sa tête. Mais cette fois-ci l'alcool ne coulait pas ses veines, seul l'opium lui tenait chaud ce soir.


- Je crois qu'elle est plus froide que la dernière fois... tu vas pas te dégonfler, hein ? Ça voudrait dire que je gagnerais.

Un sourire en coin et l'effeuillage commence pour ne garder que sa chemise, lui tombant sur le haut des cuisses. Même s'il l'avait vue nue à de nombreuses reprises, elle n'enlèverait pas le dernier vêtement pour ne pas le faire fuir. Les moments gênants n'étaient pas encore de la partie. Un nouveau sourire à son adresse avant de commencer à pénétrer dans l'eau.

- Alors petite loutre, tu t'amènes ?

Eliance avait eu raison le jour de leur mariage : le temps n'est pas fixe. Il a suffit que Niallan divorce pour qu'ils se retrouvent par hasard. Cette soirée est à eux et Neijin compte bien en profiter pour remplir sa réserve de bons souvenirs.
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Niallan
[Why worry ?
Pourquoi s'en faire ?*]


On va juste faire une course aquatique. Je risque de choper une pneumonie, de rater le départ du voyage, de me faire étriper par ma compagne et de raviver un feu qui n'est que trop mal couvert. Non, vraiment, pas de quoi s'inquiéter. Je déglutis difficilement, raffermis ma prise sur mon filleul endormi sans lâcher la main de Neijin.

Je coule un regard en coin vers elle et secoue la tête. C'est étrange la vie parfois. Je l'ai détestée au moins aussi fort que je l'ai aimée. Pendant des semaines, j'ai maudit jusqu'à son nom, en proie à mes démons. Je me réveillais en hurlant en imaginant l'enfant qu'elle avait tué, je serrais les dents en imaginant sa petite gueule entre ses bras. Je me suis fait mal en priant pour qu'elle morfle elle aussi. J'ai failli en crever, Fleur m'a sauvé. Elle a rempli peu à peu le trou béant que Neijin avait savamment taillé dans mon palpitant. Le sud a effacé le nord, l'italienne m'a fait oublier la normande. Un peu. Beaucoup. Passionnément. Pas à la folie.
Je suis encore fou d'elle, pauvre fou qui aurais dû fuir.

Alors j'ai fait traîner le divorce. Au début, je manquais clairement de thunes mais devenir riche ne m'a pas aidé à sauter le pas. J'avais beau savoir que c'était la seule chose à faire, j'arrivais pas à m'y résoudre. C'était le dernier lien qui nous unissait, l'ultime preuve de ce que nous avions été. Et puis hier soir, pour la première fois, je l'ai senti. Notre enfant. A travers la peau de son ventre. Tout est devenu concret, réel. Clair comme de l'eau de roche, limpide comme de l'eau de source.
J'aime Fleur, je veux cet enfant et j'ai envie de cette vie qui nous attend.
J'ai signé les papiers du divorce. Et ai suivi toutes les autres démarches éventuelles nécessaires à l'époque.

Deux heures plus tard, Neijin poussait la porte de la taverne, Hlodo dans les bras. Je me suis toujours demandé quelle serait ma réaction en la voyant, si j'allais l'insulter ou l'ignorer, si j'allais fuir ou lui dire de partir. A la place de tout ça, j'ai souri. On a parlé. De Fleur, un peu ; de nous, pas beaucoup. De tout et de rien, surtout de rien. On a ri. On bu un peu et fumé beaucoup. Comme avant. Comme à chaque retrouvailles avant que plus rien n'aille.

[I know it isn't hard to say
Je sais que ce n'est pas très dur à dire
But baby just when this world seems mean and cold
Mais, chérie, au moment où le monde apparaît comme dur et froid
Our love comes shining red and gold
Notre amour vient étincelé de pourpre et d'or
And all the rest is by the way
Et plus rien d'autre ne compte*]


On a été amis avant d'être amants, y'a eu l'amitié avant l'amour. Avant la guerre. Alors quand je dépose Hlodo pour la rejoindre, j'ai l'impression que tout est revenu à la normal. Un an plus tôt. Même défi, même personnes. Lac différent. Cette fois je ne gueule pas « tous à poil » mais reconfirme simplement ma participation.

Tu crois quand même pas que tu vas m'avoir comme ça ? C'est toi qui t'es dégonflée, moi je garde la même surface.

Dans un sourire en coin, je désigne son ventre bien plus plat que lors de la première course avant de procéder à mon effeuillage. Je me débarrasse de ma veste, de ma chemise et de mes braies, gardant juste mon caleçon. J'évite soigneusement de la regarder, ne me rappelant que trop bien l'attraction que son corps juste couvert d'une chemise avait eu sur moi la première fois. Cette fois, je n'hésite pas avant d'entrer dans l'eau -tremper un orteil c'est se faire du mal au moral- et plonge direct. La morsure du froid me donne envie de faire demi-tour, je serre les dents et me mets à trembler. Pourtant, c'est un sourire que je lui adresse lorsque je tourne la tête vers elle.

Si ça ne t'outre pas que la loutre de poutre encore une fois... Départ dans trois, deux, un... C'est parti !

Et on s'élance à défaut de s'enlacer. Je donne tout ce que j'ai, aussi bien pour me réchauffer que pour gagner. La partie est serrée, elle me devance. Je la rattrape, elle reprend de l'avance. Alors qu'on est presque arrivés sur l'autre berge, je sais déjà que je vais perdre. Fleur a beau avoir fait des miracles, elle n'a pas encore pu effacer un mois de privations et de douleurs. Mon corps est encore amaigri, affaibli. C'est donc haut la main qu'elle gagne. Essoufflé, je me hisse sur la berge et me mets à tousser. Fort. Je grimace en voyant quelques gouttes de sang atterrir sur ma main, les essuie rapidement sur l'herbe humide. Tout est de sa faute, elle m'a bousillé. Je sens une bouffée de rage s'emparer de moi et me tourne vers elle, prêt à l'exprimer.

Espèce de...Eh merde, j'arrive même pas à lui en vouloir assez. Je me radoucis, affiche un sourire et achève ma phrase sans l'achever elle. Sorcière ! Tu vas voir, quand j'aurai affronté le sphincter d'une baleine et aurai chevauché un baphin, je perdrais plus jamais.

Je me mets à rire et me rapproche d'elle, ébouriffe mes propres cheveux pour que l'eau dont ils sont imprégnés atterrisse sur son visage. C'est là que me vient une idée, les rôles se sont inversés. Elle a gagné cette course mais je gagnerai la suivante, à sa manière. Dans un sourire enjôleur, je frôle son corps du mien, replace une mèche blanche derrière son oreille, lui souffle un « Neij'... » et...la pousse de toutes mes forces à la flotte. Sans attendre je me relève et commence à taper un sprint, tandis que je lance :

Cette manche-là est pour moi !

Contre le passé y'a rien à faire, il faudrait changer les héros dans un monde où le plus beau reste à faire. Et je cours, je me raccroche à la vie. Je me saoule avec le bruit des corps qui m'entourent comme des lianes nouées de tresses, sans comprendre la détresse des mots que j'envoie.**
Une part de moi l'aime encore, une autre part a envie de l'envoyer au diable. Une part de moi pense que Fleur va faire de moi l'homme le plus heureux du monde en m'offrant mon rêve, une autre part qu'elle va me briser par vengeance et m'astreindre aux cauchemars éternels. Une part de moi se demande si je ferai pas mieux de me barrer avec la russe, une autre part de me barrer tout court.
A ce stade-là, mon cœur ressemble à un putain de gâteau d'anniversaire. Sauf que c'est pas vraiment la fête.
Mais c'est quand même chouette.

[Why worry, there should be laughter after pain
Pourquoi s'en faire, il devrait y avoir un rire après la douleur
There should be sunsh ine after rain
Il devrait y avoir le soleil après la pluie
These things have always been the same
Les choses ont toujours été ainsi
So why worry now
Alors pourquoi s'en faire maintenant ?*]



*Paroles et traduction Why worry – Dire straits
**Paroles Tous les cris les sos – Balavoine

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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Neijin
Pour la première manche, Neijin a tout donné. Absolument tout. Pour éviter que son regard ne se pose sur ce corps qu'elle a détruit. Pour éviter de penser au ventre qu'elle aurait pu avoir en cet instant. Peut-être moins arrondi que la première fois, mais un ventre tout de même. Finalement ils se retrouvent tous les trois a faire la même chose. La famille qu'ils ont toujours été, sauf que cette fois la Normande gagne la course. Alors qu'elle tente de reprendre son souffle, elle ouvre la bouche pour le taquiner sur sa défaite avant de le voir tousser et s'essuyer. Le sourire s'efface rapidement alors que la vérité refait surface. Ils n'ont pas réussi à la noyer pendant leur course. Bon sang, alors pourquoi font-ils comme si tout va bien ? Peut-être parce que ça fait du bien. Faire comme si la vie est en pause, juste le temps d'une soirée. Un peu de répit dans leur galère. Une bouffée d'air frais qui fait du bien, qui aide à apaiser les esprits.
Pourtant la colère de l'ex-mari est toujours là, sur le point de lui exploser à la figure avant qu'il ne réussisse à l'enfouir de nouveau. Il joue, fait semblant. La Pâle ne sait plus sur quel pied danser et se laisse avoir à son propre jeu. Elle n'ose plus respirer quand il souffle son surnom, comme suspendue à ses lèvres. Ce n'est que lorsque son corps percute de nouveau l'eau glacée qu'elle se rend compte de son erreur. Et a le voir courir ainsi un léger rire s'échappe de ses lèvres. C'était sans doute mieux comme ça.

Quelques instants plus tard, enroulée dans une couverture et la pipe au bec, la Normande réfléchit. Ils ne peuvent pas rester comme ça. Ils ne peuvent pas faire comme s'il n'y avait jamais rien eu entre eux, qu'ils n'avaient été que des amis. Alors comme a chaque fois qu'elle a fumé et qu'elle se sent vaporeuse, elle cause. L'opium ayant le don foireux de la faire parler un peu trop. Il faut qu'il parle. Ou au moins qu'il l'écoute. Qu'elle puisse lui dire les choses en face, pour une fois.
Lentement, elle se redresse pour lui faire face et prend une grande inspiration.


- Je peux pas. Je peux pas continuer comme ça alors que tu devrais me hurler dessus pour ce que j'ai fais. Alors laisse-moi te dire le fond de ma pensée. Tu me hurleras dessus quand j'aurai fini.

Elle lui glisse la pipe entre les lèvres avant qu'il ne puisse râler. Avec ça il pourra mieux l'écouter, et peut-être même mieux la comprendre. Parce que s'expliquer alors qu'on est à moitié à l'ouest, c'est pas gagné gagné. Surtout quand on parle de choses qui fachent.

- On se détruisait à petit feu, tu l'as vu toi même. C'est entièrement de ma faute, saches-le ça, si nous deux ça chancelle souvent. Tu faisais des efforts et je n'en ai pas assez fait. Mais c'est pour toi que je n'ai pas abandonné quand je n'en pouvais plus... C'est pour Hlodovic et toi que je suis toujours vivante... Je me suis accrochée à vous, et tu as voulu tout abandonner sans même nous dire au revoir...? Ca n'excusera pas ce que j'ai fais mais... ce n'était pas encore un enfant, dans mon ventre. N'imagine pas que j'ai tué un bébé. Il n'y avait que.. du sang, comme si j'avais mes menstrues. Et la douleur... et cette culpabilité qui ne me quitte pas.. Elle ne me quittera plus. Si ça peut te rassurer, je vais devoir vivre toute ma vie avec ça sans jamais pouvoir faire quelque chose pour effacer cette erreur. Même si j'aurai dû y penser avant. Je sais, oui... Je culpabilise de nous avoir détruis. Surtout toi.

Elle se mord la lèvre, les larmes aux yeux. Parce que si ce qu'elle dit est dur à entendre, c'est aussi dur à avouer. Reniflant un coup pour se reprendre, elle continue son discours avant que les effets de l'opium ne s'effacent et qu'elle n'en ait plus la force.

- 'fallait partir pour pas s'éteindre. Partir pour pas déteindre. Partir pour pas s'manger l'espace en oubliant d's'étreindre. Partir pour qu'après on ait l'sourire. Partir pour pas pâlir. Jamais... jamais je n'oublierais ce qu'on a été... et j'espère que toi non plus. Tu le sais. Tu m'avais vu avant...Et plus j'te quitte, et plus j'vois la paumée que j'suis dev'nue maint'nant. Mais, Nial'.. faut être heureux, alors arrête de courir et de croire que t'iras mieux. On a qu'a sourire, puis penser qu'c'est qu'un jeu.
Elle se rapproche un peu de lui pour se mettre à sa hauteur, les yeux plongés dans les siens. Mais y'a un ruisseau qui coule au fond d'tes yeux, et puis une lumière qui brûle au creux de tes joues... je voulais juste la voir avant de devenir folle. Et puis après on verra... qu'est-ce que tu veux...

Petite pause pour essayer d'avoir les idées claires, mais rien y fait. Elle ne s'arrêtera pas avant de lui avoir tout dit. Parce que de toute façon elle n'a presque plus rien à perdre. Jouer à faire semblant ne l’intéresse pas. Elle veut qu'il connaisse la vérité. Elle veut qu'il sache, même si elle a la nouvelle manie de tout gâcher. Peut-être même cette soirée qui leur était accordée.

- J'aimerais tant que ça marche que je ne te dis pas tout, mais j'ai jamais cessé d'être amoureuse... sauf que j'ai fauté. Gravement. Alors j'attends que la vie passe, que le temps fasse son effet. J'ai peur quand j'y pense... Tellement peur. Que tu m'oublies.. que tu nous oublies. Mais je me suis promis de m'effacer pour que tu sois heureux alors c'est que je vais faire. J'attends. J'attends, de ton envie qu'elle ressuscite. J'attends, de ta colère qu'elle se dissipe. J'attends, de mon espoir qu'il se décide maintenant à prendre les choses en main.

A ce moment là, l'esprit de Neijin fait un drôle de racourci dans sa tête. Prendre les choses en main... Prendre sa main. Danser.

- C'est ça qu'il faut ! C'est ça ! S'inviter à danser...
    [Pas hésiter
    Donner
    À sourire
    Sourire le premier
    C'est ça qu'il faut.]

Comme un jeu d'enfant où l'on se persuade que si en partant celui que l'on aime se retourne, c'est qu'il tient à nous, ce soir, si Niallan prend sa main, c'est qu'il tient encore à elle après tout ce qu'elle vient de dire. Qu'il tient à eux. La main tendue vers le blond en une invitation, elle patiente avec un doux sourire sur les lèvres alors que ces yeux brillent d'une lueur étrange. La lueur de l'espoir qui reprend le dessus avec une pointe d'amour, le tout parsemée d'opium.
Souris Neij', et la vie te sourira un jour.

    [Tout recommencer
    Imprudence, j'redonne
    Un peu d'place à la chance.]


En italique : mélange de paroles dont "Skip The Use - Etre heureux" et plusieurs chansons de Ben Mazué.

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Niallan
[Requiem for a dream.]

Requiem pour un rêve. Le mien, celui qu'elle a détruit et dont elle m'offre à nouveau quelques brides. Le bonheur, son amour ; une danse, une autre chance. Je regarde sa main, ses yeux. A nouveau sa main. Putain. J'étais loin d'être prêt pour ce genre de discussion version accumulation de révélations. Son entrée en matière n'annonçait rien de bon mais l'opium aidant, j'étais pépère du hamster, confiant dans ses confidences. Sauf que plus elle parlait et plus ça me secouait. Je tirais nerveusement sur la pipe, tremblant d'un mélange d'émotions difficilement identifiables. Mais je vais quand même essayer de les démêler pour que vous compreniez un peu mieux ma réaction.

D'abord viennent les remords couplés aux regrets. Remords d'avoir merdé le premier, d'avoir peut-être tout gâché, de ne pas avoir été assez fort dans mes efforts. Regrets de ne pas avoir continué à essayer, de ne pas avoir réussi à pardonner, de ne pas avoir été là pour la dissuader de faire cette connerie comme je l'avais fait quand elle portait Hlodo.
Je fume comme un anachronique pompier, aspirant à plein poumons ce poison comme une punition. On aurait pu être heureux à rendre envieux les dieux.

Ensuite vient la tristesse. J'ai jamais réussi à supporter de la voir malheureuse alors quand je la vois à deux doigts de pleurer, ça me fend le cœur. La suite est toute aussi douloureuse parce qu'au fond, elle a raison. Il fallait partir pour pas pâlir, pour pas ternir nos débuts. Elle m'achève en me disant ce qu'elle est devenue et ce à quoi je ressemble.
Je me mets à trembler, j'esquisse un mouvement de la main vers elle, déjà prêt à essuyer ses futures larmes de mon pouce comme je l'ai toujours fait. J'ai envie de la serrer contre moi, de lui dire que ça va aller, que je vais l'aider à retrouver son chemin, que je serai toujours là.

L'envie, justement. C'est ce que je ressens tout de suite après. Une envie dévorante d'elle. Je veux lui dire que ce que je veux c'est nous, encore et toujours. Qu'elle comprenne que même si je me faisais rouler dessus par une charrette, j'arriverai jamais à me la sortir de la tête, que mon envie n'est jamais morte et que je suis plus en colère. J'ai envie de prendre sa main et de la faire danser. De lui dire que moi aussi je l'aime et puis de le lui prouver, de toutes les façons qui soient.
Une lueur danse dans mon regard, un éclat de folie. Elle me rend fou, je la veux. Ici et maintenant. Je me relève, un brin chancelant.

Allez savoir si c'est le passage de la position assise à la position debout qui réveille une toute autre émotion mais toujours est-il que c'est celle-là qui s'impose avec le plus de force : la colère. D'abord légère, elle apparaît sous la forme de questions. Attends, elle croit vraiment que c'est si simple ? Qu'il lui suffit de me faire un beau discours pour que tout le mal qu'elle m'a fait soit effacé ? Qu'elle n'a qu'à me dire qu'elle m'aime pour que j'oublie Fleur ? Qu'elle peut me prendre et me jeter quand elle veut, comme elle veut ?

Non.

Cette réponse est plus pour moi que pour elle. La sentence tombe comme un couperet alors que je pince les lèvres et secoue la tête. Non, ça recommencera pas. Je veux plus d'elle. Je redresse la tête pour lui faire face, braque mon regard dans le sien. La voix que je prends est sèche, cassante.

Va te faire foutre. Tu peux pas revenir dans ma vie quand ça te chante pour mettre ton bordel et espérer que je me jette à tes pieds.Tu voulais que je gueule ? Que je te hurle dessus ? Tu vas être servie.

Plus de questions, seulement des affirmations. La colère se mue en haine, brûlante. Je serre les poings à m'en faire blanchir les phalanges.

J'aurais tout fait pour toi, j'ai tout sacrifié pour nous. J'ai quitté ma femme et ma fille. J'ai laissé mes amis derrière moi pour te protéger. J'ai renoncé à Fleur et à nos deux enfants. Pour toi. J'ai failli y rester. A cause de toi. Et tout ça pour QUOI ? Pour que t'ailles galocher ce sac à merde Corleone dès que j'ai le dos tourné ? Que tu passes tout ton temps avec lui et que j'ai juste à fermer ma gueule parce que j'ai déconné le premier ? Pour que tu sois incapable de lui adieu pour moi ? Pour que tu tues notre enfant sitôt partie avec lui ? T'appelles ça de l'amour, toi ? J'appelle ça du putain de foutage de gueule.

Je crache mes mots plus que je ne les dis, je balance un coup de pompe dans le sac à nos pieds. J'ai envie de la secouer, de la frapper. Je le fais pas, au lieu de ça je poursuis sur ma violence verbale.

Tu m'as bien pris pour un con. Et maintenant tu oses revenir vers moi et me dire tout ça, alors même que je t'ai avoué y'a même pas deux heures à quel point ça m'a fait mal ? Que je t'ai montré ce que je me suis fait ? Que je t'ai dit que Fleur était revenue dans ma vie pour m'offrir un rêve que t'avais promis de m'aider à réaliser avant de le briser ? VA TE FAIRE FOUTRE.

Dans mes yeux s'agite une toute nouvelle lueur. De la folie, mais pas celle de l'amour. Celle d'un homme bourré autant d'alcool que de rancœur. Paumé, brisé. Sans vraiment réfléchir, j'agrippe ma main à ses cheveux sans aucune douceur pour l'attirer à moi. J'appuie mon front contre le sien, le souffle court.

C'est les hommes en couple qui t'attirent ? Tu t'es fait Jurgen parce qu'il était avec Darria, t'as couché avec moi parce qu'Alaynna revenait et t'as fini par Gabriele parce que son cœur et son corps voulaient encore Tigist ? Ou alors t'es juste aussi infidèle que moi, sauf que t'assumes pas ?

Je finis par fermer les yeux et dans un élan aussi incontrôlable qu'incontrôlé, je plaque mes lèvres contre les siennes. Je force la barrière de ces dernières à l'aide ma langue, l'embrassant comme un damné, corps tendu pour le sien. Et puis, aussi soudainement que je l'ai embrassée, je la repousse et m'écarte d'elle.

Je veux plus jamais te voir. T'es qu'une putain doublée d'une meurtrière.

Sans attendre de réponse, je ramasse mon sac et c'est sans un regard en arrière que je pars à grandes enjambées rejoindre l'auberge dans laquelle m'attend l'italienne. Je ne me suis jamais comporté comme ça avec aucune femme et si on m'avait dit que la première serait Neijin, jamais je n'y aurais cru. Après une dizaine de minutes de marche, je regrette déjà ce que j'ai dit et ce que j'ai fait. Je me traite à voix haute de tous les noms et frappe plusieurs murs qui n'ont rien demandé. Les remords, encore. Je ne passerai pas cette nuit avec Fleur mais seul avec une bouteille et finirai par m'endormir dans un caniveau, en bon alcoolo.


Nuit du 25 au 26 mars 1466 :

Ça aurait pu en rester ça, ça aurait peut-être dû, il aurait mieux valu. Mais on s'est revus. Quelques jours plus tard, totalement par hasard. J'ai commencé par m'excuser, on a causé. A nouveau de tout et de rien pour ne plus parler des choses qui fâchent. On s'est marrés pour ne plus crier. Et puis il s'est passé un truc totalement dingue. Hlodo a dit papa. Pas tonton. Papa. Pas à Jurgen revenu d'entre les disparus, pas à un parfait inconnu. A moi.

J'ai jamais voulu prendre la place de son père, j'ai toujours refusé de l'adopter et me suis toujours appelé tonton. Mais il l'a dit. Sans qu'on l'y pousse. Juste comme ça. Papa... J'étais à deux doigts d'en pleurer de joie, en émoi. On est restés là longtemps, tous les trois. Heureux. Sauf qu'elle a dû partir. On passera sur des détails, tels que l'arrivée de Chiara et ses remontrances. J'ai pas merdé. Ou si peu. Je les ai serrés dans mes bras, je leur ai promis de leur écrire et je leur ai dit que je les aimais. Irrémédiablement. J'ai déposé un léger baiser au creux de ses lèvres et je les ai regardés partir, m'empêchant de les retenir. Lorsque la porte s'est refermée sur eux, j'ai eu l'impression qu'on m'arrachait le cœur et Chiara a eu droit à une loque dépressive pour compagnie.

J'ai pensé à elle chaque jour depuis, j'ai eu envie de lui écrire un nombre incalculable de fois. J'ai toujours renoncé, pour l'italienne, pour cette vie qui nous attend. Parce que j'ai promis. Mais aujourd'hui, j'y tiens plus. Il faut que je lui parle. Après tout, écrire quand une on est dans deux royaumes différents et que je viens de me fiancer, c'est pas tromper.

Citation:
Neij',

Je n'ai absolument aucune idée de ce que je peux marquer dans cette lettre, de comment la commencer et de comment la terminer. J'ai toujours été plus doué pour poser des questions que pour donner des réponses alors prépare-toi pour un interrogatoire digne des maréchaux.

Comment vous allez ? Où êtes-vous ? Vous êtes arrivés en Normandie ? Vous êtes heureux ? Tu arrives à te reposer ? Hlodo grandit bien ? Vous pensez à moi parfois ? Qu'est-ce que vous faites de vos journées ? Vous êtes bien entourés ? Vous vous êtes enfin baignés ?

De mon côté, je suis sur ce fameux bateau. On file vers la terre des anglais pour s'en mettre plein les poches. J'ai vu beaucoup de poissons, un banc de dauphins mais pas de baleine ni de baphin. Je vais bien, j'ai repris toutes mes forces et je suis raisonnablement défoncé. Je suis heureux, un peu. Certains jours beaucoup. Mais vous me manquez, c'est atroce. Des fois quand je me réveille, je crois que vous êtes là, qu'on est à nouveau réunis et je me souviens que tout ça s'est fini. Tu crois qu'un jour on se retrouvera ? Qu'un jour tu pourras à nouveau être ma Potesse et que je pourrai vous serrer dans mes bras à vous en étouffer ?

Écris-moi. S'il te plaît.

Embrasse mon baleineau pour moi, je t'envoie des baisers dans le vent.

Je t'aime.J'attends ta réponse.

Prenez soin de vous,

Niallan.

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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Neijin
Si un jour on lui avait dit qu'elle finirait par retourner en Normandie, loin de tous ses proches elle ne l'aurait pas cru. Mais les choses ne se passent jamais comme prévues.
Ils sont allés trop loin. Beaucoup trop loin. Lui comme elle.
Même si au début elle pensait avoir mérité toutes les paroles qu'il lui a balancé à la figure, la pillule n'est finalement pas passée. Toutes ces paroles crachées au visage alors qu'il la tire par les cheveux et qu'elle vient de se dévoiler à lui. Non, vraiment. Cette dernière scène est de trop. Les larmes lui roulent à présent sur les joues. S'il souffre, elle aussi.

Il faut partir et c'est ce qu'elle fait.

Comme dit précédemment, les choses ne se passent jamais comme prévues, et c'est peu de temps après qu'ils se recroisent. Alors elle fait semblant d'aller bien, d'accepter les excuses, parce que c'est sans doute la dernière fois qu'ils se revoient. Elle le sait, elle l'a décidé, parce que c'est ce qu'il veut et qu'elle l'aime toujours. Malgré tout C'est ce qu'il y a de mieux à faire et pour une fois elle le fera. Après tout, elle aussi à besoin de temps. Prendre du recul pour se concentrer sur son fils et laisser les gens être heureux sans elle. Etre heureuse sans eux. Alors pour leur dernier moment elle sourit, profite de ce dernier instant, ce dernier baiser, graver son visage dans sa mémoire et finalement partir sans se retourner.

Il faut partir et c'est ce qu'elle fait.

Nouveau départ loin de tous. La Pâle est rendue en Normandie avec son fils. La plage s'offre à elle pour une durée indéterminée et elle compte bien en profiter. Si elle veut survivre à tout ça il lui faut avancer. C'est pourquoi la lettre reçue de Niallan ne trouve pas de réponse. Il est heureux. Voilà tout ce qu'elle voulait. Pourquoi irait-elle gâcher son bonheur en répondant à cette lettre ? Elle n'est pas une putain. Ce ne sont pas les hommes en couple qui l'attirent et elle compte bien le lui prouver en gardant le silence. Elle sort de sa vie, comme demandé. Elle ne se mettra pas entre Fleur et lui, même si techniquement cela a été l'inverse. Le vélin est donné au petit Germain afin qu'il bave dessus et en fasse de la charpie.

C'est fini. Terminé.

Les jours passent. Puis les semaines. Les mois. Hlodovic fête son premier anniversaire, gâté par une mère aimante qui donnerait sa vie pour lui. Il commence à marcher et à parler dans une langue dont lui seul peut comprendre tous les mots. La Normande retrouve sa douceur et un sourire sincère. Elle se retrouve avec l'unique amour de sa vie. Le bonheur qu'elle cultive pointe le bout de son nez et grandit de jour en jour. Elle s'occupe de leur petite maison douillette et profite du calme que sa vie lui offre.

Quelques mois plus tard, l'envie de bouger la prend. Elle a envie de revoir sa famille, ses amis. Après avoir pesé le pour et le contre, elle reprend les chemins. La voilà de nouveau à Limoges. Son second nid. Dés le premier jour elle croise Charlie qui lui parle du groupe. L'envie d'écrire à l'ex époux se fait ressentir. Elle pèse le pour et le contre encore une fois. Elle va écrire, mais pas pour parler d'elle. Une lettre brève. Assez longue pour montrer un signe de vie, assez courte pour ne pas s'étaler et s'insinuer de nouveau dans sa vie.




Nial',

C'est moi, Neijin. Tu ne t'attendais sans doute plus à une réponse après trois mois de silence, pourtant elle est bel et bien là. Je sais que je dois sortir de ta vie et c'est ce que j'ai fais jusque là, mais je voudrais te donner des nouvelles de Hlodovic, parce que tu l'as un peu élevé. Ce sera court, ne t'en fais pas. Si tu n'en veux plus tu n'auras qu'a jeter la lettre et faire comme si tu n'avais rien reçu. Ne m'engueule pas, ça ne servirait à rien. Si tu ne réponds pas je ne t'en renverrais pas, c'est aussi simple que ça.

Hlodovic a un an et deux mois à présent, le temps passe si vite... Il a fait ses premiers pas alors qu'on rentrait de la plage. Il a titubé jusqu'à la porte de notre maison les cheveux encore mouillés. Ce bonhomme est de plus en plus beau, il fera fondre les cœurs quand il sera grand.
Il s'est mis à parler aussi, il dit maman et d'autres mots. Il essaye même de faire des phrases dans une nouvelle langue. Au début j'ai pensé au germain, mais non, c'est autre chose. Il parle vite et doit sans doute dire des choses très intéressantes mais je ne peux pas encore te les rapporter.

Mis à part ça il adore le sable et la mer. S'il pouvait, il y passerait ses journées et c'est ce qu'on fait, parfois. Nous creusons jusqu'à trouver l'eau, nous batissons de beaux chateaux décorés de coquillages. Il a même bronzé !

En ce moment nous voyageons, il semblerait qu'Hue soit devenue sa grande amie, il ne fait que dire son nom en titubant vers elle et en riant. Il sourit beaucoup. Je crois que j'ai réussi à rendre mon fils heureux et c'est une des plus belle victoire de ma vie.

Voilà pour les nouvelles, il t'embrasse.
Prend soin de toi.


En guise de signature, le fameux contour de la main de l'enfant tracé à l'encre. Une grande inspiration plus tard, la lettre est envoyée. L'étrange sensation d'avoir pris la mauvaise décision lui serre les tripes. Elle ne l'avait pas ressentie depuis bien longtemps. Neijin secoue la tête pour se remettre les idées en place et retourne ensuite voir son fils. La lettre s'éloigne rapidement, aussi bien physiquement que dans son esprit.
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