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Info:
Un malentendu qui mène à bien se faire entendre.

[Rp] Je te réserve un chien de ma chienne

Yohanna.
Post écrit à 4 mains avec JD Samsa.
Celui qui lit jusqu'à la fin gagne un cooky !


H avait passé la journée à parcourir le domaine de son amie en élaborant mentalement ce projet qui leur tenait à cœur. Dans son petit carnet, quelques pages avaient été gribouillées d'idées, de schémas, de plans et de calculs pour les proposer ensuite à la patronne des lieux et valider avec elle ce qui deviendrait plus tard le Chenil des Deux-Baronnes. Il ne leur manquerait plus que des mécènes, quelques employés qui auraient besoin de faire leurs preuves, et elles auraient là tout l'aboutissement d'un projet qui les liait tant par la passion que par l'esprit. Puisque de corps, jamais elles ne pourraient être liées.
Devant la petite plaine où elles auraient pu mettre des chevaux, mais qui servira sans doute plus tard à la course de chiens ou à l'entrainement des faucons, Yohanna, assise dans l'herbe pensait à son amie. Jamais la brune ne s'était sentie aussi fusionnelle avec une femme. Sans doute justement parce qu'elle n'avait pas tenté de la mettre dans son lit. Bon d'accord, si, elle avait essayé! Mais Cerbère ne flanche pas. Cerbère ne transige pas. Et respecter sa volonté était une façon de prouver son estime à celle qui venait encore une fois de lui sauver la vie. Samsa se permettait toutefois quelques libertés apaisantes pour notre mercenaire bien trop portée sur la chair, histoire peut-être de la rassurer et lui confirmer son affection dans un langage qu'elles seules comprenaient. Mais jamais les limites n'étaient franchies. Entre elles, il en était ainsi. Et puis... Si un jour la beauté de leur amitié était remplacée par une histoire romantique, cette histoire ne deviendrait-elle pas totalement banale? Et à l'image des autres, Yohanna ne finirait-elle pas par tout gâcher pour satisfaire son plaisir égoïste?
Evidemment que si. C'est pour cela qu'elle préférait conserver leur précieuse amitié dans un écrin délicatement tissé, au fil du temps et des épreuves partagées, pour la sublimer de chaque instant emprunt de contentement et de respect.

Et puis il y avait Shawie. Une des grandes raisons de son abandon de la quête du Khan. Parmi tous les ennemis qui arrivaient de France pour tuer ce chef de guerre, l'espagnole était la plus à même d'envisager une dague en travers de la gorge yohannesque "sans faire exprès" sur le champ de bataille. Yohanna avait fui, une fois de plus, et elle avait bien fait. Mais malgré les explications sur l'amour à distance à une Samsa déprimée du manque de son aimée, rien n'avait porté du fruit. Samsa était désespérément fidèle à celle qui l'avait abandonnée pour courir à l'aventure. Les mystères de l'amour sont une chose bien étrange pour notre philosophe de comptoir. D'ailleurs, en parlant de comptoir, il était temps de terminer la journée pour partager les idées avec Patronne autour d'un bon vin de Bourgogne.

Après une courte cavale poussiéreuse, H retrouve enfin Samsa chez elle, dans son château de Longny-au-Perche. Embrassade de rigueur, sourires échangés et carnet mis en évidence sur une table.


- Je pense qu'on pourra commencer avec au moins trois races de chiens. J'ai déjà reçu des retours pour obtenir des femelles à prix raisonnables. Ca ne vaut pas encore les chiens de la Reine, mais ça viendra !


Samsa se penche sur le carnet pour en examiner les notes. Elle met du temps à s'y plonger, le temps de sortir de sa tête les chiffres de son livre des comptes. Être Baronne implique des devoirs et des responsabilités, parmi eux, récolter les impôts. Par chance, Samsa n'a pas encore eu à sévir et à faire tomber le couperet, mais elle doit s'y préparer car tout ne va pas toujours bien. L'arrivée de Yohanna lui éclaire le visage d'un sourire alors qu'elle referme le gros cahier pour aller le remettre sur son bureau. La pièce est, comme les autres du château, sommaire. Un plan de travail, quelques coffres verrouillés, une cheminée allumée en cette soirée froide qui participe, avec la table au centre portant vin et biscuits et les quelques tapisseries présentes, à mettre un peu de chaleur dans cet ensemble somme toute presque austère.


- Une race pour chaque fonction pardi ? Une de chasse, une de compagnie et une de garde té ? Je ne veux pas élever des chiens de guerre qui iront à la mort pardi.

Les chiens, c'était tout pour Samsa. Pas seulement parce qu'elle avait pour surnom Cerbère, célèbre chien à trois-têtes, mais aussi parce qu'elle s'identifiait à eux et que, dans une moindre mesure, les autres l'identifiaient pareillement. En effet, quand elle était joyeuse ou sur ses gardes, il semblait qu'on pouvait voir une queue inexistante s'agiter de droite à gauche, des oreilles se dresser, alertes, ou encore que ses dents d'humaine ne soient en réalité que des crocs acérés quand elle les découvrait dans un grondement canin. Elle avait cette capacité à n'obéir qu'à ceux qu'elle avait choisi pour maîtres et, plus que tout, elle était fidèle, loyale. Ce n'était pas toujours une chose facile, particulièrement quand la seule personne autorisée à lui manifester de l'amour de façon explicite se trouvait à des milliers de lieues depuis des mois. Mais si ce n'était que ça. Cela devait faire près d'un an, presque, que Samsa et Shawie ne s'étaient pas vues. Là où toutes les autres auraient abandonné, elles continuaient. Peut-être Shawie avait-elle comblé son manque d'une façon ou d'une autre, Cerbère en était convaincue sans pour autant accepter d'y penser ; quel genre de personne serait-elle si elle perdait confiance en Shawie ? Leur avenir était déjà assez chaotique ; qu'y gagnerait-elle à le précipiter dans un ravin sur la base de ses peurs ? Rien, car Samsa ne savait pas abandonner. Elle avait presque pu, à Limoges, céder à la torture de l'absence, de l'ignorance, mettre une fin à tout cela, à leur histoire. Elle avait failli en mourir sous les yeux d'une Hache impuissante. Samsa n'était pas capable de se confronter elle-même à l'échec. Elle était dans la vie comme à la guerre, elle donnait sa vie plutôt que de lâcher ce qui reposait sur ses épaules.
Yohanna avait essayé de la faire revenir à la raison, elle l'avait presque imploré de ne pas se laisser passivement casser en deux. Peut-être avait-elle eu peur et elle aurait eu raison. Mais Cerbère avait survécu grâce à une boîte de confiseries salvatrice envoyé par Shawie. Pitoyable réconfort, il était vrai, mais ce que Yohanna avait qualifié de foutage de gueule avait eu pour Samsa le goût d'une caresse sur la tête qui lui redonnait force et confiance. Il n'était pas si difficile de la relever quand on savait sur quelle corde jouer et seule Shawie aurait pu jouer cette note. Pourtant, quand Cerbère regardait Yohanna, elle savait que chaque geste de tendresse qu'elle lui donnait n'était qu'une goutte de ce qu'elle voulait, de ce qu'elles voulaient. Elle avait ce goût d'interdit qui devait en l'instant le rester car Yohanna était pour Samsa la pomme qui apporterait tout : la satiété, la complicité, l'inconscience, la passion, mais aussi la déchéance, la perte de ses valeurs, de ses croyances les plus ancrées dans son être telles que sa maîtrise parfaite du corps et de son esprit, la mort de sa différence et la preuve qu'elle n'était finalement pas si forte que cela, pas si digne, qu'elle n'était rien de ce qu'elle avait cru être ; Yohanna était celle qui pouvait tuer Cerbère, de la même façon que Cerbère pouvait tuer la Hache. C'est pourquoi elles s'appliquaient toutes deux dans une danse sans faux pas, une danse où elles savaient se rattraper mutuellement, où le jeu semblait consister en une oaristys qu'il convenait de rendre inqualifiable de tel puisque contrebalancé par une amitié comme aucune autre pareil. Aujourd'hui, elles contrebalançaient ainsi en parlant de leur projet de chenil et de fauconnerie.


- J'avais fait une liste des races de chiens possibles pardi.

L'épagneul français ferait un bon chien de chasse et de compagnie pardi. Le grand bleu de Gascogne est un chien de chasse à courre té. Il y a aussi bien sûr le grand anglo-français pardi ! Oh, et tu connais le Metzgerhund* pardi ? Un formidable chien de garde té. Il est originaire d'Allemagne pardi, je pourrais écrire à Rabi pour qu'elle m'en vende té. Il y a aussi le Cane Corso dans le même domaine té. En chien de compagnie pure té, il y a le petit lévrier italien pardi, et le lévrier russe, tu connais té ? Le Barzoï pardi. Il faudra choisir pardi.

Tu préfères la plaine près de la Robioche ou celle près de la Jambée pardi ? Il y a un étang près de celle-ci et les lieux sont plus boisés pardi.


La Hache s'y connaissait au moins autant en chiens qu'en politique. La politique, elle savait que ça existait, elle savait qu'il y avait mille façon de la pratiquer. Mais dès qu'on rentrait dans le détail, elle noyait son esprit de combats brillants, de victoires éclatantes gagnées au fil de l'épée, de tueries barbares pour se conforter dans cette seule idée : La Politique c'est bien, mais ça ne nourrit pas toujours son soldat ! En revanche pour les chiens, la brune n'avait pas grand chose à se mettre dans la caboche à la place. C'est donc de grands yeux ouverts, clignant parfois, qui fixaient une Cerbère exaltée de parler de son sujet de prédilection tout en essayant de retenir les noms connus, et au moins de faire semblant de connaître en ponctuant vaguement avant de se faire couper à nouveau...

- Bleu de Gascogne, obligé. Gluant en était un..... Anglo-français? Faut voir voui ..... Metzesquoi? .... Cane? C't'un chien ou un canard? ..... Petit lévrier ! J'en ai vu en Italie! Bon du coup commencer par trois ça fait un peu juste....


Ses yeux se posent à nouveau sur les papiers gribouillés au charbon, histoire de noyer ses idées un instant.

- J'ai visité les deux endroits et ils sont magnifiques, malgré le temps peu clément. On peut faire l'élevage en deux parties... Les chiens de compagnie n'ont pas besoin de beaucoup de place ni de paysages variés, au contraire il faut les garder au chaud pour les garder beaux et en forme. En revanche ceux de chasse ont besoin d'apprendre et de se dépenser. Tu envisages déjà de la clientèle? Comment on fera pour se faire connaître? Ton poste de Prime Secrétaire Royale peut être un atout. Et puis il faudrait garder des chiots à offrir lors de mariages ou naissances. C'est la meilleure publicité qui soit.

A cause de sa vie plutôt chaotique, H n'avait pas réellement d'amis dans la haute société. Elle n'avait pas vraiment d'ami, dans quelle cAlsse sociale que ce soit, en réalité, plus prompte à se faire des amants ou des connaissances qui lui seraient utiles pour ses projets plutôt que des amitiés durables. Samsa était encore une fois l'exception qui confirme la règle, n'apportant rien d'autre à son amie que du soutien, de l'amour illimité et une compréhension qu'elle ne trouvait nulle-part ailleurs.
Le passage limousin avait remué les deux femmes, et c'est en se serrant les coudes qu'elles avaient réussi à affronter le reste. Tout le reste. Mais Yohanna avait encore du mal à passer complètement sur la dispute avec son fils qui la laissait plus vide que jamais. Ses nuits continuaient à être pleines de cauchemars, d'une violence extrême, la poussant même à éloigner les armes de sa couche pour éviter de se blesser involontairement.
L'angoisse d'être seule se décuplait la nuit et se matrialisait bien trop sauvagement pour lui permettre de retrouver assez d'énergie pour la journée suivante. D'ailleurs, ses yeux se creusaient de plus en plus, et le matin, elle n'avait plus la force d'aller s'entraîner au combat ou courir, à pieds ou à cheval pour se maintenir en forme, tant la vigueur lui manquait.
Le regard fatigué de la fausse baronne se pose sur une fenêtre n'affichant que la nuit glaciale. Et, l'impression que le sujet des chiens disparaît derrière ce décors inquiétant, la question part malgré sa volonté de ne pas déranger :


- Je peux rester ici cette nuit? Le retour jusqu'à mon appartement ne me rassure pas...

Elle aurait pu prétexter la pluie, la boue, le cheval qui ne voit pas dans le noir, la route infestée de brigands, Samsa aurait compris que tout cela n'était que prétexte. Qu'un mal bien plus sournois rongeait son amie qui généralement n'avait peur de rien. C'était d'une présence qu'elle avait besoin. C'était une nuit de vrai sommeil qu'elle espérait dans cette supplique à peine déguisée.
Promis, une fois encore, elle serait sage...


Et une fois encore, les petits yeux sombres de Samsa se relèvent du carnet où sont gribouillés des plans, des idées, parfois en vrac et nécessitant que la logique soit saisie pour être comprises. A la lumière du feu dansant sur le visage de Yohanna, il en ressort, comme décuplée sa fatigue, son épuisement. Cerbère n'ignore pas que son amie dort mal quand elle est seule, probablement une des premières sources de ses frivolités. Mais ici, à Longny, il n'y a personne pour combler Yohanna. Les serviteurs du château ne se risquent pas à approcher la mercenaire tant aimée de la Baronne ; ce serait un coup à perdre sa tête après milles tortures. Quant aux serfs, ils n'avaient nulle raison d'être au château la nuit. L'absence tuait Yohanna à petit feu et Samsa ne pouvait laisser cela arriver. Les risques, les éventuelles tentations, elle les endurerait aussi solidement qu'elle avait pu s'arracher la nuit de la nouvelle année, cette nuit d'alcool qui avait manqué de la tuer et que, pourtant, elle parvient à ne pas prendre en considération quand Yohanna lui fait cette demande. Samsa avait l'incroyable capacité à fermer les yeux sur les choses les plus considérables et à très bien s'en porter. Elle sait bien que "ici" ne veut pas dire "dans le château" mais "avec toi". Un sourire doux anime les lèvres de Samsa ; elle est Cerbère.

- Je veillerai sur toi té.

Prends le temps de finir ton verre et de manger un peu pardi, prépare ta nuit té, ma chambre est la pièce à côté té.


La Baronne se lève et embrasse tendrement le front de la mercenaire, une main posée sur son épaule. Elle la quitte pour gagner sa chambre, à peine moins austère que le bureau, et s'emploie à faire naître un feu dans la cheminée. Lentement, les ombres dansent sur les tapisseries de victoires guerrières et de noblesse d'âme qui s'animent ainsi. Sur un coffre non loin de son lit, Samsa y dépose ses gantelets, sa chemise couvrant sa cotte de maille et cette dernière. Bottes et bas sont à côté. L'épée est appuyée contre le mur, à portée de main. En chemise de lin et en braies, Cerbère prend le temps de démêler sa chevelure semi-rousse au rythme des crépitements du feu naissant. Il est peu probable que Yohanna ait froid car, outre la température ambiante qui devrait suffire, Samsa n'est pas une femme à faible chaleur corporelle et, sans excès, elle maintient involontairement une tiédeur agréable sous une couverture. Dans le doute, elle gave le feu de plusieurs bûches en attendant la Hache.

Ce soir elle n'a pas bu. Elle n'a pas fumé non plus. Elle ne repoussera pas les limites de Samsa par de fourbes moyens. Elle veut juste ses bras, sa chaleur, sa protection. Alors elle obéit en souriant comme une enfant à qui on a autorisé à aller jouer dehors après les leçons. Un morceau de pain est grignoté, le temps de laisser Cerbère prendre ses aises avant d'aller la rejoindre.
La hache est placée sous les vêtements ôtés qui seront tous posés par terre. Un jour elle fera attention à ses vêtements. Un jour elle prendra soin de ses affaires. Pas aujourd'hui. Aujourd'hui elle a câlin. Pour la nuit.
Se glissant dans les draps tiédis de son Autre, se laissant berser par son souffle appaisant, elle vient coller son corps nu contre le sien, chaste, douce, épuisée.
Et enfin, sans prendre garde, le sommeil la fauche en plein sourire.



* = ancêtre du Rottweiler

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Samsa
    "Appelle-moi quand tu te réveilles,
    Je suis déjà dehors.
    J'ai bien suivi ton conseil,
    J'me suis levé à l'aurore
    Et c'est vrai ça a du charme,
    La ville au petit matin.
    L'air est frais, ça donne des larmes
    Qui sont pas du chagrin."
    (Renan Luce - Appelle quand tu te réveilles)


Yohanna n'a rien d'une femme fragile. C'est une mercenaire aguerrie mais fatiguée. Les bras de la Cerbère l'enlacent quand elle la rejoint, la blottissent contre elle et les épaules, sans avoir la largeur de celles d'un homme, la protègent. Son corps, elle le connait déjà car cette nuit, elles l'ont déjà passée. Ainsi se répète-t-elle, toute aussi chaste que la première fois. Comme une mère aimante, Samsa caresse doucement la peau de son amie de son pouce pour la bercer avant d'enfouir son nez dans ses cheveux. C'est une habitude entre elles, elles sont le refuge de l'autre. Ce n'est que lorsque Samsa est sûre que Yohanna est endormie qu'elle se permet, à son tour, de fermer les yeux et de profiter de sa présence. Contrairement à son amie, Samsa n'a pour seule compagnie la nuit que celle de Shawie, peu importe le manque, la douleur, les envies ; Samsa ne laisse pas ces sentiments prendre le dessus, elle les domine d'une main de fer qui ne laisse rien passer. Pourtant, quel mal y a-t-il à dormir avec sa meilleure amie ? Tout le monde l'a déjà fait un jour. Samsa et Yohanna ne sont que deux amies blessées qui se soutiennent dans les limites de ce qui est autorisé moralement. Doucement, Cerbère se serre un peu plus contre la brune et sombre elle aussi dans le sommeil, bercée par sa respiration, sa chaleur et sa douceur. Le pari n'est pas terminé mais la victoire n'en sera que plus belle.

Au lendemain, c'est aux premières heures que Samsa se réveille. Le soleil encore hivernal n'est pas levé, le feu meurt lentement dans son antre et, comme à l'habitude de la Cerbère, son premier réflexe nébuleux est de chercher présence voisine. Elle s'attend à l'absence quotidienne, aussi est-elle brièvement surprise de sentir corps chaud sous ses doigts. Puis, elle se souvient. Un bougonnement mêlé à un grognement émerge de sa gorge, à peine audible ; réflexe matinal, là aussi. Elle revient contre Yohanna pour remettre ses bras autour d'elle, douce et délicate, deux qualités que l'on n'imagine pas chez la Baronne. Jamais son intimité n'est approchée, encore moins touchée ; préserver l'intégrité, c'est important. Le sommeil de la Hache devrait être préservé. Dans le doute, la Baronne l'informe dans un murmure du fait qu'elle va devoir se lever pour la collecte d'impôts ; mieux vaut ne parler que pour soi que pour personne. Samsa referme les yeux, comme pour se rendormir mais elle n'y cède pas. Aujourd'hui, elle doit aller collecter ses impôts et ça commence avant que les paysans n'aillent aux champs, avant que les artisans ne rejoignent leur atelier. Quelques minutes sont volées à son temps sur le soleil et Cerbère se décide, de mauvaise grâce. Le bout de nez effleure l'épaule dénudée de la Hache, un baiser tendre et volatile y est posé et Samsa s'arrache aussi doucement que lentement de la chaleur du lit, de la pose contre Yohanna. Elle déteste les matins froids. Elle déteste le froid. Elle s'habille en silence, usant de toute son expertise pour limiter le bruit de la cotte de maille qu'elle enfile, revêt son tabard officiel, en damier noir et bleu et bordé de jaune avec une fleur de lys dorée sur la poitrine et une plus grande dans le dos, sangle son épée à sa taille et va pour s'éclipser silencieusement. Elle revient vers le lit pour remonter la couverture sur son amie, la protégeant du froid ambiant. Puis, elle sort de la chambre en silence.

Après avoir passé la tête dans la chambre de ses filles, Samsa esquisse un sourire doux. Ses deux rouquines dorment encore paisiblement, ce qui serait probablement différent dans une heure ou deux ; elles étaient matinales. Heureusement, leur préceptrice aussi. Des ablutions rapides sont effectuées, qu'importe si on est censé commencer par là avant la passe vêtement puis, dans la salle des banquets qui n'en a que le nom, on lui apporte un solide petit-déjeuner. Les serviteurs sont mal à l'aise, comme à chaque fois que Samsa part récupérer les impôts ; sans doute ont-ils peur de cette femme d'arme qui pourrait, selon les rumeurs, trancher la tête de leur famille refusant de payer ou dans l'incapacité de le faire. Ils ne savent pas encore que Cerbère en est incapable, ils n'ont pas encore compris l'ampleur de son surnom et de son serment vassalique. Elle a le droit de justice sur eux, certes, mais elle a aussi et surtout le devoir de les protéger et tout est réuni pour cela. Elle se lève enfin à la fin de son repas et part rejoindre les écuries. Guerroyant est tout équipé, avec sa bricole fleurdelisée, et deux gardes bavardent à proximité. Ils se taisent à l'arrivée de leur baronne et s'inclinent respectueusement.


-Bonjour pardi.

Comme d'habitude té, vous allez sur la place du village pour récolter les impôts apportés en nature par les villageois pardi. Je pars faire le tour des terres pour récupérer ceux en écus té.
Si un villageois ne peut pas payer, je vous interdis de le menacer pardi. Vous le notifiez sur les papiers, c'est tout té. C'est moi qui m'en occupe pardi.


Les deux hommes hochent la tête et l'un d'eux aide Samsa à se mettre en selle. Celle-ci part au trot, traverse la cour pavée et sort une fois la herse levée. Non loin derrière, les deux gardes l'imitent et le petit groupe se sépare à un croisement de chemin, Samsa prenant le galop vers les maisons les plus reculées. Les serviteurs et les gardes pensaient qu'elle faisait cela pour aller menacer les villageois mais eux avaient compris qu'elle le faisait surtout pour leur éviter de se déplacer jusqu'au village, les préservant ainsi d'efforts et perte de temps, et leur prêtant oreille attentive à leurs doléances.
Il était évident que Samsa ne reviendrait pas au château avant plusieurs heures, laissant Yohanna seule. Vraiment seule ? Rien n'était dit.

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Shawie
Baronnie de Longny-au-Perche - Plein milieu de la nuit qui tire sur le matin !




Vous êtes sur qué ca s'appelle comme ça ? C'est relativement moche et jé sais quand même qué Cerby à du goût ... enfin jé croyais ... Non sur ? Bon. Il sé fait tard enfin maintenant on pourrait dire tôt, jé vais y aller maintenant.


C'est la dernière conversation qu'elle eut avant de se rendre sur la fameuse Baronnie, une barre au cœur comme du stress. C'est qu'elle avait presque perdu la capacité de causer et surtout d'avoir une réponse. Le fait de se retrouver des mois durant dans un désert glacial entourée de chevaigle, d'arasiques qui volent d’arbre en arbre pour se nourrir de griottes au kirsch, pingorques * et autres joyeuseté du pays Roumano / Serbo / Bulgaro autrement dit Principat Valahia -le tout en aspirant bien le H-. Le climat ici était doux presque eténial ... c'est d'ailleurs pour l'unique raison que l'Espagnole avait rangé son manteau de peau d'ours véritable dans sa malle, décrottée ses bottes en poil de vison stérilisé bien évidemment et plié son bonnet au pompon porte bonheur. Une simple chemise de soie et des braies noires pour camoufler la saleté, suffit largement. Il faisait chaud dans ce bled et c'était un plaisir jouissif d'y revenir.

Devant la grille, un garde. Embûche de taille à première vue. L'Espagnole se rapprocha à grands pas pour apercevoir un visage familier ; c'était Hubert ! Tout le monde connait Hubert !



Hubert !

Madame la Baronne est surement en train de dormir.

Baronne ? Hum. Bien sur qu'elle dort, c'est porqué jé viens maintenant, andouille ! Laisse moi passer, Cerby né m'attend pas, c'est une surprise, évite d'alerter la garde hein !


Elle lui jeta une petite bourse de pièce pour le remercier. Une fois qu'elle eut fait quelque pas, elle pu entendre au loin :


Moi c'est Charles !


Comme quoi le bluff des fois, ça sauve la vie. Elle s'auto congratula fièrement et emboîta le pas dans l'allée de la cour intérieure. C'était quand même vachement triste comme domaine. Son cœur commença à battre la chamade presque comme une enfant qu'on aurait privé de sucrerie une vie entière. Le culot jusqu'au bout, elle salua toutes les personnes qu'elle pouvait croiser, un peu comme chez elle. Il était fort tôt pour que les gens soient déjà réveillés, une raison de plus pour éviter de travailler. Un signe de tête par là, un autre par ici et ni une ni deux, elle se retrouva en train de grimper les marches pour arriver dans les appartements privés. Tout droit puis c'est là qu'on lui avait dit.

C'était ici. Sha n'avait cas pousser la porte et elle trouverait sa douce endormie paisiblement. Putain qu'elle en avait rêvé de ce moment. Combien de nuit passée seule ? Combien de fois avait elle songé à se soulager avec une autre ? Et pourtant, il n'en était rien. Que dalle. Elle avait les crocs, affamée au sens figuré du terme et propre d'ailleurs. Elle avait sans doute perdu quelques kilos et le visage était un peu plus creusé malgré tout, elle gardait la forme, rêvant secrètement de bouffer un bœuf à elle seule.

La porte de la chambre fut poussée doucement. Le temps que ses yeux s'habituent au noir, elle en profita pour retirer ses bottes et déposa son arme sur le sol. La cheminée en recoin était quasiment éteinte.



Samy ? Tu dors ? Jé suis revenue.


Quoi dire de plus en vrai ? C'est pourquoi l'Espagnole fit le tour du lit et frissonna déjà de plaisir. Elle y déposa un genou en essayant de ne pas faire de bruit, puis le second et se précipita vers le corps chaud pour y déposer ses lèvres dans le cou de la Cerbère puis de déplacer sa main sur le bas des hanches du canin. Enfin qu'elle croyait.
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Yohanna.
Quand on dort dans les bras de Samsa, on dort comme un bébé. Mieux qu'un bébé même. Parce qu'on finit par faire des rêves tellement réalistes… Se sentir réveillée par des petits bisous dans le cou, des caresses sur les hanches… Wah… La Hache n'a pas si bien dormi depuis des lustres pour réussir à faire un rêve aussi réaliste. C'est carrément… Carrément… Vrai.
Vrai ? Attendez… Genre elle a vraiment des mains glacées qui viennent lui fouiller la taille là ? Ha… Oui… Heu.. Samsa ? C'est pas toi qui disait que non tu ne pouvais pas ? Alors pourquoi tu me la réveilles comme si tu voulais la….

Après le sourire niais du petit matin câlin, l'esprit embrumé sort doucement de sa torpeur pour analyser la situation et tenter d'y répondre promptement et de la meilleure façon qui soit.
Situation de la veille : La hache est tombée au sol sous une pile de fringues mal rangés. Impossible de se défendre. Elles ont dormi comme des loirs grâce à la chaleur de l'âtre et une douce quiétude retrouvée dans des bras protecteurs. Aucune limite encore franchie. Alors pourquoi ce matin ... ?

Les mains de la brune glissent à la recherche de celles parcourant son corps, peut-être pour les guider, au moins pour les reconnaître, ou chercher à comprendre leur intention… Et l'un des sens les plus développés de la mercenaire, à savoir son flair, ne reconnait pas vraiment le parfum de Samsa. D'ailleurs, ce n'est pas non plus ses mains… Pour le reste, difficile de savoir. La chasteté de tous leurs partages n'avait pas laissé le choix à la H d'apprendre par cœur son amie. Tout ce qu'elle réussit à savoir, c'est que ce ne sont pas ses mains. Ni son audace.

Est-ce que Samsa, voyant son amie désespérée, lui avait envoyé de la compagnie pour la matinée, afin d'oublier un peu son chagrin ? L'attention était louable, bien que déplacée, mais si un matin tout de douceur eut été le bienvenue, Yohanna voulait au moins essayer de savoir à quoi ressemblait la hardie.
Demi-tour léger dans le lit, toujours sous la couette, cherchant la chaleur et le contact entier de ce corps bien trop habillé. Une petite voix au fond de sa tête hurla qu'un tel cadeau serait venu moins vêtu. De fait ses mains cherchèrent plutôt à l'immobiliser qu'à la dévêtir.
Et là, sous un rayon naissant d'un soleil encore caché par ces fichus nuages Alençonnais, le contour d'un visage espagnol se dévoila.
Et une nausée la prit.

Vous vous êtes déjà retrouvé en train de faire un câlin à un tigre ? Bien sûr que non. Bah Yohanna, si. J'parle pas d'un gros matou roux qui griffe les rideaux de mémère quand il a faim, hein. Je parle du tigre de la jungle qui considère que tout ce qui est plus petit que lui est bon à manger. Et qu'en plus, ça tombe bien, il a faim.
Yohanna a des ennemis. Plein. Des puissants, des méchants, des cons, des moches, des impuissants aussi. Plein même. Mais parmi tous, s'il y a en bien une dont elle se méfie réellement, c'est bien Shawie. Car dans leur monde à elles, on a beau être duc, archi-comte, Hérault de la moitié de la France, réformé ou copain de la Reine, si on n'a pas les bons contacts, on ne peut pas faire grand-chose contre une tique comme la H. Mais quand on est une brigande qui n'a peur de rien – même pas de tenter de devenir apprenti dame blanche - qui invoque l'honneur pour régler ses comptes, et qu'on s'est un peu fait défoncer 26 camarades, et piqué sa meuf,tout ça par une seule et même femme, là, là on devient un vrai danger. Satyne à côté, c'est du pipi de chat infusé à la rose.
On en était donc à la nausée.

Parce qu'aucune autre solution de secours n'avait réussi à franchir la barrière de son esprit fatigué. Et que la violence de la découverte lui broyait légèrement l'estomac. Mais, grande classe, ne voulant pas lui vomir dessus, H chercha à se dégager de l'étreinte, comme un cabri pris au piège et…
Se vautra méchamment au sol en entraînant la couverture salvatrice dans son humiliante chute.

Il paraît que la pudeur empêche la honte….

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Shawie
Ça aurait du être le plus beau moment de sa vie. Bon, peut être pas de sa vie, mais un des plus beau et pourtant, ça tourné au vinaigre l'histoire. Ô, il en faudrait bien plus pour refroidir les ardeurs de l'Espagnole, et c'est uniquement pour cela qu'elle se sentit presque excitée d'être repoussée de la sorte. C'est qu'il en fallait des tonnes d'eau froide voir glacial pour la ramener sur terre à ce moment précis, car une seule chose comptée présentement : dompter la Cerbère et expulser des mois d'abstinence. Qui a dit qu'elle était romantique ? Bien loin de son esprit d'être en train de 'ploter la H, elle ne se rendit même pas compte que les formes sous ses mains n'étaient pas du tout celle de son Phome. Mais qu'importe, quand le désir est la, plus rien ne compte et s'il fallait en venir à la ligoter pour obtenir ce qu'elle voulait, elle le ferrait sans aucun remord !

Boum.

Mah putain Sam, tu joues bien la sauvage ! Pensa t'elle si fort.

Pour résumé la relation plutôt simple entre Yo et Sha : Si l'Espagnole avait l'opportunité de la tuer, elle le ferrait. Dieu lui vienne en témoin. La Hache était un peu une verrue plantaire relativement difficile à se débarrasser du fait de sa rareté. Une conne à l'état pur qui donné des envies de meurtre, des envies de faire souffrir et de faire agoniser sans attendre. Une traitre parmi tant d'autre et qui pourtant l'avait touché par sa mesquinerie. Le Béarn ... jamais ô grand jamais elle ne pourrait oublier. Le jour où, putain ! Brusquement, elle s'est retrouvée devant une conne-. Mais alors un vrai ! Un maousse ! Un nickelé ! Con comme un balai, comme une baluchon sans anse, comme un Fatum -et c'est pas peu dire- Oh bien sûr elle avait déjà côtoyé la connerie -qui n'a pas ?- mais toujours aimable, folichonne, chafouine. Elle avait pas fini de s'instruire !

C'est simple, elle la haïssait jusqu'au plus profond de son être.


Donc un "boum" magistral qui coupa court aux avances de l'Espagnole.

Sous le même rayon naissant du même soleil toujours caché par ces fichus nuages Alençonnais -il aurait mieux valut qu'elle reste dans le noir- une étrange sensation lui prit.



Sam ?


Ça, c'était vraiment pour être sur qu'il y avait erreur sur la marchandise. Parce que pour le moment, Sha était maintenant sure qu'il ne s'agissait pas de son Cerbère, mais il restait une question fondamentale à éclaircir : qui était cette putain ?


Attend, t'es qui toi ? Tu fou quoi dans cé lit ? PARLE catin !


Ô, il ne lui fut pas plus longtemps pour que son sang monte dans sa caboche d'impulsive et de sauter du lit pour aller ouvrir brutalement les rideaux de la chambre. Dans les situations critiques, quand on parle avec une arme bien en pogne, personne ne conteste plus. Y’a des statistiques là-dessus. Et c'est pour respecter les stat's qu'elle s'employa à chercher du regard son arme avant de défigurer -les yeux injectés de sang- la personne en face d'elle. Sa personne. Son yang maléfique à poil dans la chambre de SA Sam.
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Yohanna.
Grillée.
Les rideaux sont tirés. Et ce n'est plus vraiment le moment de faire sa mijaurée à se cacher sous les draps. Grillée, grillée, grillée ! Alors quitte à vivre ses dernières heures, autant tenter de le faire dignement, les armes à la main.
La hache n'a pas du être jetée bien loin la veille, et avec le rayon de soleil brutal, facile de la retrouver. Ha ! La voilà ! Bon d'accord, c'était la hache ou les fringues. Survie passe avant Pudeur, et voilà une Yohanna presque debout, arme en main, en tenue d'Eve, face à sa pire ennemie.

Vient maintenant le moment du choix de la phrase d'accroche. « salut ça va ? Alors ce voyage ? Bien ou bien ? » D'accord, elles ne sont pas copines. « Alors ? T'as le seum que je baise ta meuf ? » Un peu trop provoc pour l'époque. « Dégage où je te découpe en tranche » Peu crédible..


Shawie.

Belle entrée en matière. Ça pose le décors. Au cas où les spectateurs n'auraient pas compris. Yohanna, Shawie, Shawie, Yohanna. Maintenant que les présentations sont (re)faites, on peut passer aux choses sérieuses. Hem, Samsa ?! T'es… T'es où ? Tu rentres quand ? Y'a ta nana qui est de retour d'un looooong voyage, et elle va te faire partager son combat épique contre l'armée immortelle que j'avais déjà explosé la première ! D'accord, si l'autre fait la moindre allusion au fait que Elle, elle a réussi, que Elle, elle est allée au bout, que Elle, elle est revenue avec de l'or plein les poches, la H lui fait bouffer chaque pierre de ce château pour lui faire comprendre ce que c'est que de passer huit mois à vraiment vivre un enfer dans le désert. Avec des Bretons partout, des rousses affreuses, des nobles désabusées et des châtaignes et cerises pour seul repas tous les jours !!!!
On se reconcentre.
Mais attends, comment elle est rentrée si vite, celle-là ? Hein ? D'abord ? Elle aussi elle a pris la licorne ? Pfeu. Aucune originalité.
Bon bref, Samsaaaa ?! On t'attend ! Y'a ta meuf qui va croire que je…


C'est pas c'que tu crois.


Pouvait-elle faire pire comme affront ? Elle aurait pu balancer de la provoc, taquine, ou une phrase pour couper l'herbe sous le pied de la folle furieuse face à elle. Mais non, elle balance juste la phrase classique au conjoint cocu. Bien joué. Et pourtant !
Ca n'empêche en rien le temps la brune de rester sur la défensive malgré le ton qui essaye d'être calme et… rassurant ?
Oui, parce que si combat il doit y avoir, ce n'est pas le moment de perdre son sang froid. Malgré le petit courant d'air qui s'échappe.
Et l'ambiance plus que glaciale.

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Shawie
Imparable. "C'est pas ce que tu crois", évidement que c'est ce qu'elle croit. Face à l'évidence, la plupart du temps, il faut dire cheval et pas zèbre. Le gros cheval en l’occurrence c'est la H -pas la hache l'arme, hein, H c'est aussi le surnom de Yohanna. Compliqué !- La H à poil dans le lit de sa compagne alors qu'elle revient d'une virée de plusieurs mois. Possiblement que la Cerbère est dû passer ses envies, rien de plus normal.

Bah tu attends quoi pour lui rentrer dans le lard ?
Mais tu vois bien qu'elle est armée et pas moi.
Et alors ? Avant, t'aurais pas réfléchis, tocarde.



Putain mais si un jour j'avais pensé té voir à poil dé si près.


S'ensuit alors un reluquage en beauté. L'Espagne aurait parié que la cocuficatrice était bien plus grande mais en fait non, c'était un petit bout de femme, enfin une taille normale si l'on peut dire. Une cicatrice ressemblant à un coup de dague partant du nombril à l'aine mais ce qu'elle remarque le plus, c'est la main gauche affreusement moche. Cette main ferrait le bonheur de Margaut, cheffe herboriste en herbe. Faut croire qu'ils étaient plus d'un à vouloir la buter la petite. Sha restait quand même le top one de la liste, faut pas exagérer, elle ne passe pas après les autres troufions.


Alors quoi, j'mé fou à poil et on règle ça dans lé pieux ?


Sur un malentendu ?

L'Espagnole contourne le lit pour se retrouve en face à face avec la H. Deuxième panorama. H, tu sera plus jamais crédible pensa t'elle !



Si c'est pas c'qué jé croi, porqué tu prends ton arme ? T'as un truc à té reprocher ? Et entre nous, j'ai tellement envie dé té voir mourir qué je prendrai plaisir à té faire souffrir tout doucement.


Non parce que dans toussa, la plus coupable qu'on oublie dans l'histoire, c'est Sam quand même.


Où est Sam ?
T'as un créneau où tu peux t'expliquer, après, on passe aux choses sérieuses. Et par pitié,
enfile un truc.

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Yohanna.
S'il y a bien une chose que Yohanna assume devant une femme, c'est bien son corps. Bien sûr, il lui arrive d'en être un peu plus gênée devant par exemple un jeune Apollon qui pourrait facilement faire tomber toutes les pucelles aux peaux de pêche, parce que rivaliser avec un vieux machin tout recousu, c'est compliqué. Mais devant une brigande, chaque cicatrice est plutôt un message qui envoie du « T'as vu ?! Fais gaffe. Y'en a qu'ont essayé. Ils ont eu des problèmes ! »
De fait, les réactions de Shawie ne font que peu tiquer la brune qui s'attendait même plutôt à quelque chose de moins…. Privé.
Bon, finalement si, elle tique. Pourquoi elle lui parle de son corps l'autre ?! Ha oui, sans doute parce qu'elle n'a pas d'autre arme pour la tenir à distance. D'ailleurs, la proposition d'un… corps à corps est accueillie avec un sourire narquois suivant le coup d’œil vers le lit.


Si c'est pas c'qué jé croi, porqué tu prends ton arme ? T'as un truc à té reprocher ? Et entre nous, j'ai tellement envie dé té voir mourir qué je prendrai plaisir à té faire souffrir tout doucement. 

C'est justement pour ça qu'elle prend son arme, hinhin ! Vu la nuit et le réveil qui semblaient doux, elle n'a pas réellement envie de se plonger dans une mort suite à d'affreuses et interminables souffrances. Elle a déjà toute l'éternité en enfer lunaire prévue pour ça.

La réponse est dans la question… Moi aussi je suis heureuse de te revoir.

Où est Sam ? 


Hm… J'enfile un truc avant le créneau ? Ou bien…. ? Ça va ! J'enfile un truc !
Légère flexion des genoux sans pour autant quitter des yeux l'espagnole qui s'est dangereusement rapprochée. Autant que la date de mort de la H. La chemise est attrapée, et le braies qui traînent juste à côté, pour être enfilées. Elle prendrait presque son temps, histoire d'en gagner, et surtout, de trouver quoi répondre.
Opération enclenchée : Sauver la peau du Cerbère avant de se faire tuer.


Visiblement elle n'est pas là. Tu peux encore tenter d'aller la chercher, quelque part dans son domaine. Vu l'heure, elle est sans doute déjà au boulot.


On évite le lourd ''bah ouais, si tu la connaissais mieux que ça, tu le saurais'' qui pourrait recevoir une lame entre les deux yeux en guise de réponse. On évite aussi le ''je t'accompagne ? Une petite balade à la fraîche, ce serait sympa, entre copines, non ?''
Oui mais voilà. Soit on en rajoute, soit on se défile. Soit on provoque. Dur dur d'être dans la tête de Yohanna. Tout le monde le sait, la diplomatie et elle, c'est une peu comme …. ça.


Je déteste avoir à m'expliquer. J'ai l'impression de me justifier. C'est pas ce que tu crois, c'est tout.
Samsa est intouchable.


De ce long séjour avec celle qui approchait le plus de ce qu'on appelle une âme sœur, si elle avait bien appris une chose d'elle, c'est qu'elle était physiquement absolument intouchable. Enfin si, quelques mains caressantes par ci par là. Mais rien qui n'avoisinait le possible début d'idée de relation charnelle pleine et entière. Cerbère est intouchable. Sauf au plus profond de son esprit. Du moins, Yohanna l'espérait.
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Shawie
Tu détestes té justifier mais j'ai quand même l'impression que t'es un peu en position dé filer des explications quand même. J'té retrouve à poil dans le lit de Sam alors qué je suis partie depuis un moment, j'crois qué la conclusion est assez simple.


Un long soupire s'échappa de la bouffe de l'Espagnole. De la rage, elle était passée à la lassitude et à la blasée. Bah oui, que espérer en fait ? Que Sam l'aurait attendu sagement alors qu'elle est courtisée un peu partout ? Le pire dans toussa c'est que la Cerbère ne s'en rendait même pas compte du nombre de personne voulant la mettre dans son lit. En conclusion c'était Sha qui l'avait foutu dans son lit ... Donc c'était elle la meilleure dans un sens non ? Pas de compétition en amour mais merde.

Sha ne pardonner rien et encore moins quand cela la touché de très près. Dans sa caboche, elle préparait déjà le coup d'après : sais tu respirer sous l'eau la H ? Est il si solide que tu le prétends ? As tu peur du vide plutôt ? Une flèche dans le cœur pourrait il le briser ou est il fait de pierre ? Le chemin le plus court pour arriver à bout de toi se trouve t'il entre tes cuisses ?



Tu sais pas cé que je pense. En revanche, j'ai sais exactement à quoi tu as joué pendant qué j'étais pas là. Même à l'autre bout du monde, j'entend ton putain dé nom dans la bouche d'une personne. Tu devrais être flattée tiens.


Parce que finalement, l'idée même que Sam puisse la tromper ne lui était jamais passé par la tête. Sam la fidèle aurait elle retiré sa côte de maille pour y laisser entrer une H bien aiguisée ?


Jé suis épuisée, tellement épuisée. Dit elle en se tournant la la fenêtre. Le jour n'était même pas encore levé que la journée commençait merdiquement.


Sans prendre garde à la réaction que pouvait susciter son geste, Sha se rapprocha à pas rapide vers la porte et se saisit de son arme qu'elle avait déposé en entrant. Le but était simple : la ranger à sa ceinture et se barrer. Finalement, elle aurait mieux fait de ne jamais entrer dans cette foutue chambre, elle qui, au fond, y venait pour la première fois.
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Yohanna.
Un peu piquée, car l'autre insiste pour avoir des explications là où il n'y a rien à dire, elle reprend bien vite une attitude défensive, un peu plus sûre d'elle à mesure que l'autre débite.
Ha ça, pour sûr que même à l'autre bout du monde, on parle d'elle ! Elle est dans toutes les bouches partout où elle passe. Attila lui-même en devenait jaloux. D'ailleurs, c'est bien pour ça qu'elle était partie à l'autre bout du monde… Non en réalité, c'était pour avoir la paix, et voyez ! Même là bas, elle ne l'avait pas ! Partout, je vous dit ! Partout !


Ha ouais ? Tu sais à quoi j'ai joué ? Bah vas-y, j't'écoute…


Et l'autre se sent épuisée.
En une autre circonstance, la H se serait senti pleine de compassion, comprenant parfaitement ce sentiment de lassitude qui la gagne souvent. En d'autres circonstances, elle se serait affublée d'un visage contrit, puis sympathique, pour aller soutenir l'autre, peut-être lui tapoter gentiment l'épaule et l'encourager à parler, à évacuer un peu de ce poids lourd qui l'épuise, car elle le connaît ce fardeau, elle la connaît cette peine à traîner ce que l'on est, nos choix, nos doutes. Elle sait car elles sont pareil, et que leurs choix se font sous les mêmes orages, selon les mêmes mécanismes. Et les débouchés sont toujours les mêmes. La faute aux autres ? La faute au Destin ? La faute unique à elles face à leurs décisions ? Peut-être un peu de tout, peut-être un peu de rien…
Dans une autre circonstance, Yohanna aurait bien réagi. Mais cette fois, elle est en face d'une ennemie, et elle se sent, d'un simple regard, accusée de ce crime que, bien malgré elle, cette fois elle n'a pas commis.

Dans cette circonstance, donc, H attaque, plus acérée, plus tranchante que jamais. Dans sa voix, on pourrait presque entendre le son d'une lame qui s’abat.


Epuisée du voyage peut-être ? Ou bien d’espérer que les autres t'attendent pendant que tu joues la grande guerrière à l'autre bout du monde ?
J'suis là, ouais. J'partage les nuits de Samsa depuis des jours entiers, ouais. J'ai la place que tu aurais du avoir. Et c'est clairement pas ma faute. Ni la sienne.


Un éclair passe dans ses iris, celui de l'acier, bien sûr. Avec ces mots, nul doute qu'elle va avoir réveillé la bête sauvage qui se cache sous les muscles fatigués de l'Espagnole.
Mais tant mieux. Une bonne bagarre ne lui fera que le plus grand des biens, pour commencer la journée du bon pied !

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Shawie
Epuisée de battre une armée pendant qué d'autre se sont fait degomer avant même d'avoir pu recevoir une part du trésor. Tu sais dé quoi jé parle ou tu veux un dessin pour mieux expliquer ta defaite et lé fait qué tu te consoles dans les pieux des autres ?


Hum ? Au fond d'elle, elle se refusait de croire que la H et sa Sam puissent être amantes, mais une petit voix lui disait que c'était possible. Cerbère restait une femme voila tout et absolument tous les arguments du monde ne pouvaient empêcher ça. Presque une année sans se voir pouvait être une raison valable à l'adultère. Mais en regardant le lit devant elle puis la H puis encore le lit, l'envie de vomir lui prit. De vomir puis de colère. Si Yo voulait la faire réagir, c'était gagné.

"C'est clairement pas sa faute ni la mienne". Cette phrase raisonnait en écho dans son esprit et les pires choses lui passèrent par la tete. Ce putain de lit devenait l'objet de sa rage incontrôlée.



J'crois surtout qué tu aimerais ça. Qué Sam t'a repoussé et qué toi, t'es misérablement seule. À force d'écarter les cuisses au premier venu, on finit souvent seule. Ca fait quoi ? Hein ? Ca té fais quoi dé savoir qué Sam est à moi même à des kilomètres ? Tu me fais pitié au fond.

Et comme j'ai pas l'habitude d'avoir dé la pitié pour les gens.



Elle sortit son épée -qui venait juste d'être rangée pourtant- Et pointe le bout vers l'objet de sa colère. Elle c'était toujours demandée comment pourrais finir un combat entre elles. Qui aurait le dessus ? Les deux femmes qui se haîssaient, se ressemblent plus que ce qu'elles pensaient. Sam était à elle et quiconque se mettrait entre elles dans le plumard devrait répondre de cette bêtise.

Juste par principe et par orgueil, ce combat se devait d'avoir lieu.



Jusqu'à la mort.


L'Espagnole avança rapidement en essayer de la prendre de vitesse ou en traitre sans grande conviction d'y arriver. A défaut d'être en forme physiquement, elle se devait d'être plus maligne. Alors elle lui balança dans la tronche, tout ce qu'elle trouvait à porter de main susceptible de faire mal. Assez pour s'approcher et tenter directement une attaque droite en plein ventre. Touchée pas touchée, l'avenir nous le dira !
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Samsa
    "Je n'ai jamais triché,
    Je n'ai jamais menti,
    Alors arrête de demander, de me demander pourquoi,
    Pourquoi je ne t'ai jamais quitté, et pourquoi je suis restée vraie
    Et pourquoi je suis toujours avec toi."*



Le temps se passe au dehors et pendant que dans le château de Longny-au-Perche, le temps est à l'orage, la Baronne sillonnait les hameaux de ses terres, écoutant ici et là les doléances sur le moulin dont il allait falloir faire changer la meule devenue trop vieille ou encore sur les arbres malades de la forêt qu'il faudrait abattre. Elle récupérait son dû en écus, rassurait les paysans qui ne pouvaient tout payer d'un coup et notait simplement leurs dettes, assortissant à chacun des échéances suivants leur situation et leur bonne volonté. La Cerbère gérait ainsi ses terres avec droiture et humanité.
Quand elle eut terminé, Samsa repartit au trot vers son lieu de vie, abandonnant les serfs et vilains à leurs tâches. En chemin, elle vérifiait l'état des routes, des ponts, des champs et des bêtes qu'elle croisait, notait les réparations à faire ou les améliorations sur lesquelles investir. Cette journée serait consacrée à ses livres de compte et à ses stratégies diverses.
Elle arrêta Guerroyant au milieu de la cour et un de ses gardes, reconnaissable par le tabard en demi jaune et noir et arborant le blason de Longny-au-Perche s'approcha d'elle, hallebarde dans la main droite, bouclier dans le dos et épée à la taille. La Cerbère, martiale, s'assurait que ses terres et ses hommes soient particulièrement bien défendus.


-Baronne, votre invitée est arrivée.
-Mon invitée pardi ? Quelle invitée té ?
-Hé bien euh... La dame. Je...
-Vous êtes en train de me dire té... Que vous avez laissé rentrer, dans MON château pardi, une femme qui se dit être mon invitée té... Et vous n'avez pas pris son NOM pardi ?!


Le garde se mit à pâlir à vue d'oeil et l'envie de prendre ses jambes à son cou due lui passer par la tête quand la Cerbère mit pied à terre pour se planter devant lui, les crocs découverts. Ils faisaient presque la même taille et si le garde avait des bras plus gros qu'elle, les épaules de la Cerbère égalaient bien ceux de l'homme qui semblait de toute façon vouloir se recroqueviller.

-VOUS... avez... laissé... "quelqu'un" pardi... entrer... dans... MON château ?!
Dites-moi que vous l'avez au moins désarmé té... ?


Le silence du garde fut sa seule réponse et la terreur se lut dans ses yeux quand Samsa l'attrapa au col. Elle était loin de pouvoir le soulever mais ce simple geste de colère avait le même impact. Les petits yeux sombres du Cerbère assassinaient sur place l'homme et sa voix siffla comme une lame.

-Vous croyez que je vous paye pour regarder le paysage pardi ? Je vous paye pour GARDER. CE. CHÂTEAU, PARDI ! C'est ça que vous appelez "GARDER" pardi ?!
Rendez vos armes et votre tabard pardi. Vous n'êtes plus un garde de Longny-au-Perche pardi. Rentrez dans votre famille té, vous pourrez bientôt leur lire le décret que je vais éditer pour vous interdire toute possession ou gestion de champ ou d'échoppe sur mes terres pardi.

S'il est arrivé quoique ce soit à qui que ce soit dans ce château par VOTRE faute pardi, soyez-sûr que vous en serez informé té.


Samsa le repousse brusquement, la colère assombrissant encore son regard mais l'illuminant de milles étincelles métalliques. Gardes, écuyers et autres personnels regardaient discrètement la scène de loin mais la Baronne ne s'en préoccupa pas. Elle s'adressa aux gardes de la porte et leva haut sa main droite ; l'ordre allait tomber, comme la herse :

-ABAISSEZ LA HERSE PARDI !

Personne ne sortirait d'ici tant qu'elle n'en aurait pas décidé autrement ; aucun échappatoire n'existait plus.
Samsa dégaina son épée et s'en alla d'un pas rapide et décidé vers l'intérieur de l'austère château. Cette affaire, elle la règlerait seule. On ne pénétrait pas impunément dans l'antre du Cerbère, surtout pas pour voler, tuer, espionner ou faire chanter. Quel autre motif de venue serait acceptable pour qu'on vienne la voir sans la prévenir ?
Les dames et pages indiquèrent tout de suite la chambre de la Baronne et celle-ci se jura de s'occuper de leur cas plus tard pour avoir osé indiquer l'intimité de leur Baronne à une parfaite inconnue. Sauf s'ils avaient été menacés. Cela se discuterait.
Cerbère gravit les escaliers quatre à quatre, marmonnant avec une imitation ridicule les reproches si souvent fait à son port permanent de cotte de maille. Voilà typiquement pourquoi elle ne s'en séparait pas.
L'irruption de Cerbère dans sa propre chambre fut sans hésitation alors que sa voix de capitaine des batailles tonna :


-QU'EST-CE QUI SE PASSE ICI PARDI ?!

Deux silhouettes sont aux prises et si Samsa reconnaît vaguement Yohanna, elle ne reconnait pas celle de dos. Elle ne prend même pas le temps de se demander, à dire vrai. Aussitôt elle rengaine, bondit sur l'opposante qui ne s'est pas encore retournée pour la regarder et passe son bras autour de son cou malgré la grandeur de la personne. Son autre main saisit celle armée et serre avec force jusqu'à faire lâcher l'épée, infligeant inoffensive mais douloureuse torsion si nécessaire, jusqu'à pouvoir faire reculer sa victime.

-CA SUFFIT PARDI !

La Baronne la relâche et s'interpose immédiatement entre les deux, empêchant tout nouveau coup venant de l'une ou de l'autre. Alors seulement, elle pose ses petits yeux sombres sur celle qui a déjoué sa garde.

-Shawie pardi... !

Le visage de la Baronne se décompose de surprise de la revoir, de soulagement, de bonheur. Elle a tant attendu ce jour où elle la reverrait. Toute la colère de ses yeux disparait pour ne plus laisser que l'heureux soulagement. Aussitôt, Cerbère va jeter ses bras autour du cou de Shawie, non pour la faire reculer cette fois mais pour, au contraire, la serrer contre elle. Son nez s'enfuit dans ses cheveux noirs, humant profondément l'odeur espagnole agrémentée de celle de la poussière des chemins.

-T'es revenue pardi...

La face de Samsa quitte son nid de chaleur pour regarder Shawie. Son regard parcourt son visage à la recherche de blessures, en quête de compréhension de son état. Ses joues sont plus creusées, son teint plus gris, une fatigue évidente se lit dans ses yeux et la Prime Secrétaire Royale affiche réel intérêt pour tout comprendre rien qu'en la regardant, jusqu'à ce que ses yeux se fixent sur ses lèvres. Depuis combien de temps ne les avait-elle pas goûté ? Un an ? Plus ? Moins ? Combien de mois ? Trop longtemps. Les lèvres royales happent celles de la brigande, vétérane de Valachie, et si celle-ci cherche à se dérober, Cerbère la retient fermement, mains au col. Elle a le droit. Elle n'a pas à repousser, cette fois, elle n'a pas à endurer l'absence, elle n'a pas à être honorable; elle a le droit de l'embrasser. Et ce droit, elle le prend, pleinement.

Samsa se retourne enfin vers Yohanna, vérifiant qu'il n'y avait pas eu effusion de sang, ou pas trop. Placée entre les deux, elle s'écarte un peu pour ne plus les séparer visuellement et repose enfin la question, loin de penser que Shawie a trouvé Yohanna nue dans son lit et que le malentendu n'a pas tardé à prendre.


-Il se passe quoi ici té ?


* = paroles traduites de Monica - U Should've Known Better

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Yohanna.
A la première réaction, le laïus habituel sur l'abandon de la quête, elle rit. Oui, elle s'était préparée à l'entendre, celle-là. Dix fois, cent foi. Mais elle était plutôt persuadée que la première viendrait d'Andréa, trop contente de lui envoyer dans la gueule que elle, au moins, elle avait réussi, persévéré jusqu'au bout, au contraire de la H qui s'était plutôt enfuie en embarquant plus ou moins dans ses bagages le mari de la restante. Bon, dans l'absolu, le schéma reste le même. L'ennemie qui est au bout du monde et qui se fait cocufier sans pouvoir rien y faire, et, pour calmer sa frustration, balance la belle excuse de la gloire, de la richesse, de la réussite. Tout ce sur quoi Yohanna avait tirer un trait quand elle s'était rendu compte que, déjà pleine d'oseille, la gloire n'allait pas la rendre immortelle, et qu'elle perdait un temps considérable qu'elle ferait mieux de confier à ceux qu'elle aime. Voilà pourquoi elle était là aujourd'hui, dans la chambre de Samsa. Pour racheter le temps perdu à poursuivre des chimères. Et ça, personne le pourrait lui faire croire que c'était le mauvais choix.

Après le rire, l'air dubitatif s'imposa sur les traits de la brune. Oui, bon d'accord, heu, pardon, mais rien à répondre à ça. parce que clairement, elle n'en avait rien à carrer que Samsa soit à Shawie à des centaines de lieues. Tout ce qu'elle avait pu voir sur les derniers jours, c'est que cette distance avait fait souffrir son amie, et que cela n'avait réussi qu'à renforcer leur lien... Parce que c'était sur l'épaule de Yohanna qui ses larmes avaient coulées. Et ça, même si elle ne le dirait pas, son sourire narquois en était la preuve flagrante. Rien ce matin ne pourrait atteindre la fière Hache de ce choix, de cette place... Si Smasa avait un lien unique de fidélité avec Shawie, le lien qui les unissait elle et son amie avait plus de valeur que toutes les histoires d'amour qu'elle a pu vivre ou observer.

Jusqu'à la mort.

Là. Là, elle redevenait attentive. Ouais. Hache dégainée, bien sûr, prête à se défendre pour sauver sa peau. Mais tout bien réfléchi, si elle tuait Shawie, sous le toit de Samsa, elle jouait plutôt mal... Dilemme...
Le premier coup la souffla, complètement.
En général, on teste l'adversaire, on cherche ses failles, et pour leur tout premier combat, sans doute le dernier, il fallait ne rien louper. Mais Boum!
La H vole, et la hache vole. L'une contre le mur derrière elle, l'autre au sol, lourdement...

Et le salut arrive.

Le temps de retrouver ses esprits, Yohanna voit Samsa saisir Shawie pour l'immobiliser. Et, encore plus paniquée, elle hurle... Le souffle coupé par le coup, ce qui donne plutôt un soufle enrayé :


Sha... Sam! C'est Sha....

Et puis, le flou, les étoiles, les chandelles. Wouh! Ca tourne! Elle se relève doucement et retrouve son souffle, pour remarquer que les retrouvailles sont largement entamées.
Encoure une fois Samsa, tu m'as sauvée.


-Il se passe quoi ici té ?

On.. On.. S'faisait un câlin. Trop contentes d'se revoir... On allait même t'préparer une p'tite surprise... J'lui faisais visiter.


Et, l'esprit complètement piraté, Yohanna se met à rire à nouveau, nerveusement, sans interruption. Beaucoup, beaucoup trop d'émotions ce matin.
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Shawie
Elle allait se la terminer. La vie de la H ne tenait plus à rien et l'Espagnole ne répondrait de plus rien juste de la mort assurée de cette femme. Plus jamais personne ne pourrait lui parler de la H mais simplement de comment elle fut tuée. Le rêve à porter de main et une nouvelle fois, quelqu'un venait l'en empêcher. Et pas n'importe qui, la fiancée cocuficatrice en personne était dans la scène de l'acte 2. Son épée était au sol tout comme sa fierté.

Étourdie puis dans incompréhension totale, l'Espagnole se laisse violer la bouche sans broncher, comme une poupée de soie, elle "subit" l'attaque de la Cerbère. Attaque tendre dont elle a rêvé un bon moment mais l'image de a H dans son champs de vision la rend malade et l'idée même que les lèvres de sa douce puissent toucher celle de Yo la rend malade jusqu'à la moelle.

Et ce putain de rire la rendait dingue. Elle regardait la criminelle, les yeux injectés de sang et la veine de son cou prête à exploser.



Arrête dé rire putain !

Arrête dé rire, j'vais té crever.



Et se tournant maintenant vers Cerby, la repoussant violemment des deux bras. Se refusant de lever la main sur elle, Sha ne trouva rien de mieux que de repousser, comme pour se protéger. C'est dans des cris et des hurlements qu'elle enchaîna en ramassant son arme.


Et toi, putain, depuis quand tu dors avec elle ? Jé la retrouve à poil dans TON lit putain. Depuis quand ça dure cette connerie ? Si t'avais envie dé me tromper, porqué avec elle hein ? Tu voulais quoi ? NUE putain. Depuis quand ?


S'ensuit alors un moment de déblocage total. Ce moment où la personne perd pied et semble recevoir la vérité en pleine tronche. Ô, bien sur, Sha était prête à subir cela mais pas ici, pas avec elle.


Depuis quand tu dors avec elle nue ?


J'ai tellement envie de te buter Sam, tellement. En prendre une pour frapper l'autre avec. Peut être que cela soulagera un moment cette trahison.
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Samsa
    "Alors si je cours, ce n'est pas assez,
    Tu es toujours dans mes pensées, coincée à tout jamais.
    Alors tu peux faire ce que tu veux faire,
    J'aime tes mensonges, je les dévorerai,
    Mais tu ne peux pas renier l'animal
    Qui revient à la vie quand je te retrouve."*



Yohanna use de son ironie habituelle avant de débloquer sous le regard des deux autres femmes. Elle fait tomber dans la chambre une ambiance de démence ; plus rien, à partir de maintenant, n'aura de sens. Cerbère se retourne vers Shawie lorsqu'elle celle-ci s'emporte pour l'empêcher de s'approcher de Yohanna mais l'Espanole la repousse brusquement. Samsa recule mais ne montre aucune surprise, au contraire, elle a un air bravache qui la fait revenir vers Shawie. Elle ne connait que trop bien les douleurs de l'implosion, elle ne la laissera pas faire ; quitte à se prendre des poings, Shawie doit extérioriser. La Baronne encaisse les accusations, régule sa propre colère envers Shawie qui l'accable de ce qu'elle-même à fait mais Samsa ne l'attaque pas sur ce terrain. L'innocence n'attaque pas.

-Parce que Yohanna dort nue, je dors nue aussi pardi ?! Parce que tu l'as trouvé dans mon lit té, j'ai dormi avec té ! Tu accuses sans réfléchir pardi, alors avant que je n'entende d'autres absurdités à propos d'une liaison té, soyons claires pardi :

Yohanna a dormi avec moi cette nuit pardi, je n'étais pas nue, je ne l'ai pas touché, elle ne m'a pas touché pardi, je ne l'ai pas embrassé, elle ne m'a pas embrassé té, et c'est la seule nuit où elle a dormi avec moi pardi.


La nuit de leurs retrouvailles ? Elles n'ont pas dormi, passant leur temps à parler, à refaire leur vie et le monde, chastement. Samsa ne ment donc pas et soutient franchement le regard de l'Espagnole, assurée de cela. Elle ne saurait pas mentir, et certainement pas à Shawie, mais elle sait, en revanche, très bien mener sa barque.

-Quant au reste pardi, j'espère que tu plaisantes pardi ? C'est MOI que tu accuses de tromperie pardi ?!

Rien n'est dit mais l'implicite est violent, comme une gifle que Samsa ne veut pourtant pas donner. Elle ne veut pas parler de Satyne, de Pherea, de Margaut, elle ne veut pas accuser Shawie de tromperie mais la phrase, à elle seule, rappelle que Samsa n'a pas oublié et que ses silences ne sont pas preuves d'ignorance.
Là n'est pourtant pas le sujet et cela se comprend quand Samsa enchaine.


-MOI, qui ai connu l'adultère plus que tu ne le connaitras jamais pardi, MOI dont la nature est loyale, MOI dont l'identité est fidèle té, MOI qui suis Cerbère pardi, MOI qui t'ai dit que je ne tromperai pas pardi, jamais té ; c'est de MOI, aujourd'hui, que tu doutes pardi ?!

Malgré elle, la Baronne a un regard de colère pour Shawie alors qu'elle se trouve juste devant elle, à quelques centimètres. Deux ans. Deux ans ensemble et Shawie ne lui faisait toujours pas confiance ? Elle n'avait toujours pas compris l'étendue des valeurs de Samsa ? Elle trouvait encore à les fouler du pied. C'était encore à Cerbère de se taire, de ne pas l'accuser elle, d'être partie à des milliers de lieues avec Satyne et Margaut. Samsa avait choisi de faire confiance à Shawie et elle ne bronchait pas ; comment Shawie faisait-elle pour refuser de faire confiance à Samsa ? Le choix ne s'imposait-il pas de lui-même ? Qui était plus digne qu'elle d'avoir la confiance du monde entier ? Qu'avait-elle raté, encore, pour ne pas être entendue de tous sur ce qu'elle était ?

-Regarde-moi dans les yeux pardi, et dis-moi que tu penses que je t'ai trompé pardi.

Les mains de la Baronne saisissent l'Espagnole au col, comme le garde précédemment renvoyé. Comme pour lui, les petits yeux sombres de la Cerbère, abrités sous des arcades sourcilières marquées, fixent les émeraudes de Shawie et, comme pour lui, la voix siffle dans l'air :

-Regarde-moi bien en face té, et ose me dire à moi, Samsa Treiscan, dicte Cerbère pardi, que je t'ai trompé té, que je t'ai menti, que je t'ai trahi pardi. Ose me dire que tu le penses pardi, ou arrête immédiatement tes insinuations et accusations foireuses car je ne te laisserai pas bafouer mes principes, mes valeurs et mon identité pardi.

Je t'écoute pardi, regarde-moi et dis-moi té : tu crois vraiment que je t'ai trompé pardi ?! C'est ce que tu crois té ?


Les muscles bandés, simplement retenus, Cerbère a les articulations blanches de tant serrer le col de tissu de Shawie, contrastant ainsi avec ses yeux devenus si noirs que la pupille se confond presque avec l'iris. Elle a les lèvres légèrement retroussées, donnant à son visage des airs menaçants. Le danger est présent ; Samsa n'encaissera pas une réponse affirmative de Shawie. Il est hors de question pour elle d'avoir été droite, d'avoir tenu la distance, l’absence et la tentation, et d'être traitée comme si elle y avait cédé. Il était hors de question que Shawie, à l'instar des autres, à l'instar de la Couronne, ne la reconnaisse pas à sa juste valeur. Il était hors de question que Samsa se taise si les accusations à l'encontre de ce qu'elle était au plus profond d'elle-même était réitérées ; de la part de sa compagne qui avait été plus faible qu'elle plus que de n'importe qui d'autre, elle ne l'accepterait pas.


* = paroles traduites de Maroon 5 - Animals

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