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[RP]Les désastreuses aventures des Orphelins de St Catherine

Montparnasse.
      Eteignez vos ordi, Eteignez vos ordi,
      Ce rp va gâchez vos journées, vos soirées,
      Eteignez vos ordi,
      Vous allez sanglotez criez, hurlez comme des bébés,
      Si jamais vous insister vous aller me détester,
      Renoncez et allez vous coucher...


L’Orphelinat Sainte Catherine.
Voila des années que Montparnasse n’y avait pas mis les pieds.
C’est là qu’il avait grandit.
Là qu’il était devenue ce qu’il était : un homme froid, calculateur, capable des pires ignominies.
L’enfance est une chose fragile. Il suffisait de peu pour que celui-ci s’écroule.
L’enfance chez Montparnasse s’était écroulée très vite. Son passage dans l’âge adulte avait été brutal et rapide.
Il haïssait cette endroit plus encore que les gens qui l’y avait déposé. Sa haine avait transformé son cœur en pierre et l’avait nourrir d’idée de vengeance.
Il s’était juré de ne jamais revenir. C’est là que le petit Enguerrand était mort pour laisser sa place à Montparnasse...

Enguerrand. Il n’était même pas sur que ce soit son vrai nom, c’était le nom qu’on lui avait donné entre ces murs sinistre. Pour dire vrai, il y avait, parmi la foule d’enfant présent à l’époque, trois Enguerrand, quatre Marius et huit Jean. Ils n’étaient pas vraiment orignaux pour choisir les noms faut croire à Sainte Catherine.
Enguerrand. Qu’elle nom de merde quand on y pense, c’est vraiment un nom qui pue le destin maudit vous ne trouvez pas ?

Il faisait partie de ces nombreux Orphelins qui avaient été déposé dans ces ruelles sombres. Il ne savait rien de ces géniteurs et s’en moquait bien, si il l’avait déposé ici c’est qu'eux non plus ne voulaient rien savoir de lui.
Eux. Ces parents. Une entité.... Une idée.... Des inconnues.
Qui était-il ? Surement des traines savates, ou des brigands, ou simplement une catin engrosser par un de ces clients qui avait mis bas dans une ruelle sordide et avant de déposer l’enfant dans ce lieu maudit.

Sa main caressa la porte devenue bancal depuis le temps.
On dirait qu’il n’y avait plus eut d’enfant en ce lieu depuis une éternité. Ce n’était peu être pas plus mal…
Les souvenirs remontèrent dans l’esprit du brun.
Il n’avait rien oublié. Il se rappelait de tout.
De son sourire d’antant, de son innocence d’enfant, il ne restait rien. Tout cela avait été très vite assombri par de tristes rencontres.

Montparnasse se ventait d’avoir des parents nobles, il disait à ces camarades d’infortunes que ceci l’avait caché ici pour le protéger car on en voulait à leur fortune. Des bobards d’enfant, des espoirs qu’une vie meilleure l’attendait quelque part…

Les gonds de la porte craquèrent quand Montparnasse l’ouvrit, un grincement sonore fit comprendre au jeune homme que les visiteurs n’étaient pas les bienvenues. Ses bottes firent voler la poussière à chaque pas qu’il faisait à l’intérieur.
Son regard se posa sur l’escalier. C’était ici que ca c’était passé la première fois. Ici que son âme d’enfant était enterré.
Un léger frisson parcourut son échine. Cela faisait tellement de temps qu’il n’y avait pas pensé. Qu’il n’avait pas songé à cet Homme…

Déjà à l’époque le petit orphelin se distinguer des autres par une aura naturel. Ces cheveux brun soyeux et épais retombé en bloucle souple sur sa frimousse souriante déjà un peu efféminée. Il passait ses journées dans les beaux quartiers de Paris, mimant les nobles et les gentilhommes, prenant leurs mimiques et leurs langages fleuris. Cela l’amusait, et cela permettait d’oublier qui il était. Un orphelin sans sous, un futur voleur, un prochain moins que rien. Les soirées ils se battaient avec ces camarades, le petit Enguerrand cognait fort et bien, il était rapide et impitoyable. Déjà à cette époque il regardait la vie de loin, comme si elle défiler devant ces yeux sans qu’il y prenne vraiment part.
On le disait hautain, froid. Ces camardes le taquinait, disait que ces crottes puer moins que celle des autres. Montparnasse s’en amusé, il utilisé ces rumeurs dominer les autres. Mettre à genoux les plus faibles. Pour cela il faisait preuve d’une intelligence redoutable et d’une cruauté sans limite. Cela n’était qu’un jeu pour lui, pour les autres aussi.
De vieux érudit venait le mercredi instruire cette bande de vaurien, on leur apprit à lire, à compter, on leur apprit des métiers.
L’orphelinat n’était pas un endroit si terrible que ca, tout était mis en place pour que les gamins s’en sorte.
En leur raconta l’histoire des grecques, cela avait fait grand effet sur le petit Enguerrand et ces camarades de jeux, très vite ils se mirent à jouer aux dieus Grecques. Ils avaient donné à Enguerrand le surnom d’Apollon, du fait de ces traits délicats, comme une moquerie. Et comme à son habitude il avait tourné cette moquerie à son avantage.
Apollon, premier pas dans le pécher de l’orgueil pour le jeune garçon qu’il était.
A l’époque il n’avait pas encore 7 ans, voyez comme la jeunesse influence l’avenir…
Hélas c’est ce même orgueil qui le mènera à sa perte. L’orgueil induit la fierté. La fierté vous fait avancer plus loin, toujours plus loin. Elle vous fait sortir de votre zone de confort pour affronter vos craintes, vos angoisses, vos peurs. Tous cela pour ne pas reculer. Mais à trop s’approcher du soleil on se brule les ailes.
Et c’est ce qui c’est passé pour le petit Apollon.

C’est ainsi qu’Apollon est devenue Montparnasse.

Mont parnasse. Nom tiré de la montagne qui abrite en son sein le temple du dieu grec. De Dieu, il était devenu Montagne. Fort, inflexible, droit… Inhumain.

Comment Apollon était devenue Montparnasse ?
Hélas c’est là que l’histoire du jeune Enguerrand tourne au drame.
Ceux qui ont l’âme un peu sensible ou le cœur encore pure, c’est ce paragraphe qu’il faut sauter. Vous pourrez reprendre le file dans le paragraphe d’apreé. Et votre âme sera sauvegarder…
Vous êtes encore la ?
Souate, ne venez pas dire que je ne vous ai pas prévenue.
Rappelez vous un peu plus haut dans le texte je vous ai parlé d’un homme. C’est à ce moment qu’on voit ce qui ont suivit…
Un homme lugubre, mauvais, vicieux. Il venait régulièrement à l’orphelinat et repartait souvent avec un petit garçon. Il revenait chaque semaine, à intervalle plus ou moins régulier mais jamais on ne revoyez les jeunes garçons qu’il emporter. Les enfants le surnommer le Croque Mitaine. L’imagination à cet âge est fertile et la moindre parole, le moindre geste alimente une légende. Mais pour une fois ils n’étaient pas très loin de la vérité. Surement qu’ils avaient vu la lueur sombre dans son regard, ils avaient compris qu’il ne livrait pas les enfants à de riches familles. Les enfants sont souvent bien plus intuitifs que les adultes. Et sont bien moins facile à berner.
Le propriétaire de l’Orphelinat n’était pas un mauvais bougre. Il prenait l’argent qu’on lui donner et avaler les couleuvres qu'on lui racontait. Parce qu’il y a certaines choses qu’on ne veut pas savoir.
Certaines vérités qu’on ne veut pas deviner.
Mais les enfants eux le savait.
Ils n’avaient aucune preuve, ils sentaient juste le mal s’échapper de cet homme, le Mal à l’état brut. Dés qu’il franchissait les portes, tous se cacher. Apollon n’était pas le dernier à trouver une cachette. Ils avaient perdu bon nombre de leurs camardes de jeux à cause de cette homme. Ils les avaient cherchés dans Paris durant des mois en vain… Jamais aucun garçon n’était revenu de chez cet homme.
Aujourd’hui il était là.
De nouveau.
Cela faisait à peine une semaine qu’il avait pris le petit Clément. Tous les enfants se cachèrent. Mais pas Enguerrand.
Fier comme un coq et droit comme un i il se tenait dans les escaliers, jaugeant l’homme de haut.
L’orgueil l’avait rendu fier. Sur de lui.
Il voulait affronter ce monstre. Il voulait savoir ce que le Croque Mitaine faisait de ses enfants.
Alors il s’était livré lui-même en pâture.
Choisit moi monstre.
Le regard insolent du jeune homme fit hésiter le Croque Mitaine. Il ne voulait pas d'un petit chenapant. Est-ce le sourire en coin du jeune gaçon qui décida l’homme à le prendre ? Surment oui, ainsi que l'envie de lui faire ravaler son rire.
Les papiers sont rapidement signer et l’homme attrape avec gentillesse la main du petit Enguerrand. Celui-ci se laisse faire. Il monte dans la voiture de l’homme… il ferme un instant les yeux anxieux tandis qu’il voit les regards inquiet des autres enfants. Il leur sourit, leur fait un signe de la main.
Apollon a rendez vous avec Hadès ce soir…
Les fers des chevaux battent les pavés, et la première gifle lui rougit la joue. L’homme peste. Le traite de petit insolant. Il lui explique qu’il va vite devoir effacer se sourire de ces lèvres si il ne veut pas que l’homme s’en charge lui-même.
L’Homme. Jamais un autre nom ne remplacera celui là dans l’esprit de Montparnasse. L’Homme. Avec un H majuscule. La haine qu’il lui porte il la portera à l’humanité entière. Il tenait la société pour responsable de son malheur.
Apres tout qui l’avait abandonné dans cet orphelinat ? Qui avait mis à sa tête un moins que rien incapable de comprendre les réelles intentions de l’homme ? Qui n’était pas venue a son secours lorsque la première gifle atteignit son visage ? Qui n’avait rien fait quand des centaines d’autres avait suivie ?
Eux. La société. L’humanité.
Enguerrand les déteste tous.
Et il se fit la promesse de les voir tous périr.
Aucun cri ne sortit de ces lèvres lorsqu’une deuxième claque suivit de prés la première. Jamais il ne laissa échapper un son. Jamais il ne pleurnicha ou ne s’apitoya sur son sort. L’Apollon est orgueilleux et fier. Personne ne l’entendra pleurer.
L’Homme agrippa sa tignasse brune et le poussa à l’intérieur de sa bicoque miteuse. Enguerrand fronça les sourcille devant l’insalubrité de la masure. Il préférait encore les mures branlant de l’orphelinat. Son regard se posa sur la couche de graisse qui collait sous ces chausses quand un coup de pied dans le dos lui fit vérifier la propreté du sol de plus prés. En effet la dernière fois que ce sol avait du voir un balai devait remonter au siècle dernier.
La situation du jeune homme était déjà au plus mal, et innocemment il se demanda ce qui pourrait lui arriver de pire. Apres tout ce n’était pas ces quelques claques qui allaient faire plier cet Apollon en herbe.
Bien sur vous vous doutez bien au vue de l’avertissement inscrit au début du paragraphe que l’homme n’en reste pas la… Vous pouvez encore arrêtez de lire et retourner a vos activité si vous le souhaitez.
Non ?
Sure ?
Bon, poursuivons.
Quand Montparnasse se redressa pour gratifier l’homme d’un sourire narquois il remarqua une jeune fille tapis dans le coin de la pièce. Elle ne venait pas de son Orphelinat. Combien d’enfant posséder donc cet homme ? Ses yeux était teinter de bleu et ses lèvres fendu, on voyait encore la trace du poing se dessiner sur ce visage trop pale.
Enguerrand fulmina. Qu’elle monstre ! Il se retourna pour lui faire face, mais la seule chose qu’il vit fut le poing de l’homme s'écraser son arcade. Un craquement sonore se fit entendre et bientôt le sang vient brouiller la vision du jeune garçon. Celui-ci s’écroula déboussoler. A présent il est trop tard pour sauver l’âme du jeune homme. Un deuxième coup plus violent encore vient s’abattre sur la pommette du jeune pédant et il perdit connaissance.
Quand il se réveilla il était entièrement nu. Son corps reposer toujours sur le sol crasseux, à plat ventre. Il ne comprit pas.
Que faisait-il-la ? Pourquoi était-il nue ? Pourquoi son visage le faisait souffrir comme si la grosse Bertha s’était assise dessus ?
Son regard se leva et croisa celui de la petite fille. Celle-ci tremblait de peur. Son regarde était vide, comme si la vie l’avait abandonné. Enguerrand voulut ouvrir la bouche, la rassurer, mais celle-ci releva les yeux et détourna le regard, se recroquevillant plus encore dans le coin. Comme si elle voulut disparaitre dans un trou de souris.
Le jeune garçon releva les yeux afin de voir ce qui avait effrayé la jeune fille.
Et il le vit. Lui.
L'Homme fondit sur lui comme le rapace qu’il était. Il prononça trois mots. Trois mots qui résonnent encore dans l’esprit de Montparnasse aujourd’hui « Ah, enfin réveillé ! »
La suite ne fut qu’une douleur atroce pour le jeune garçon. Ses yeux se fermèrent et ses dents se serrent. Il envoya son esprit loin de son corps qui subissait les assauts répéter de l’homme. Ce jour là le petit Enguerrand perdit sa virginité et son innocence dans le même assaut. Cette fois encore aucun cri ne sortit de ces lèvres. Il ne lui fera pas se plaisir. Jamais.
Ecraser par le poids de l’homme, le jeune garçon ne pouvait rien faire d’autre qu’attendre que son bourreau en ai finit avec lui.
Que pouvait-il faire d’autre de toute façon ?
Ses yeux s’ouvrirent et se plantérent dans ceux de la jeune fille. Celle-ci terrifier ne pouvait détourner les yeux de la scène qui se dérouler devant elle. Le jeune Apollon lui sourit. Il voulait la protéger elle. Il n’avait pas sut se protéger lui-même. Peu être qu’en voyant son sourire elle se dirait que ce n’était pas si grave ?
La douleur était insupportable. Il ravala ses larmes. Le jeune homme savez que plus rien ne serait comme avant après cela, mais il continua à sourire puissant ces force dans le regard de la jeune fille.
Oui, regarde-moi dans les yeux.
Ne me quitte pas du regard.
Je souris tu vois.
Cela n’est rien petite fille, n’est pas peur je te protégerais….

J’aimerais vous dire qu’après cette nuit là l’Homme laissa le jeune garçon tranquille. J’aimerais vous dire ça. Mais la vie n’est pas un conte de fée, et soir après soir, le petit Apollon subissait les assauts violents et répété de l’Homme. Il avait de plus en plus de peine à tenir debout, mais jamais il ne poussa un cri, il se contentait de sourire, comme si l’homme n’avait aucune emprise sur lui. Mais à chaque assaut son cœur se durcissait, son âme s’envoler.
Enguerrand devint docile, il avait compris que si l’homme optenait ce qu’il voulait alors il ne touchait pas la fillette. C’est ainsi qu’après plusieurs semaine dans se taudis l’Apollon s’offrait volontairement à l’homme. Il avait appris à le satisfaire de plusieurs manières. Il s’agenouiller avec un entrain feint lorsque l’homme lui disait « Suce moi » et se mettait à l’ouvrage.
Plus jamais il ne toucha à la fillette.
Enguerrand pouvait être fier de lui.

Un craquement sonore sortit Montparnasse de sa torpeur. Il se retourna et regarda autour de lui.


- Qui est là ? Montrez-vous que diable !

Seul le silence lui répondit…
Il sourit légèrement en pensant au pauvre Wil qui avait osé lui donner un ordre de ce type en foret. Les deux jours suivant il les avait passé à boiter, mais la leçon avait été assimiler.
Si il aurait sut tous cela, bien sur il n’aurait pas demandé cela au brun, pas avec ces mots, pas dans cette positions. Montparnasse n’avait pas vraiment pris le temps de lui expliquer.
Faut dire qu’il n’en avait jamais parlé.
A personne.
C’était son secret.
Leur secret.
A lui et la jeune fille…

…. Les semaines s’étaient transformer en mois et la haine grandissait jour après jour dans le cœur d’Enguerrand. Son innocence s’était fait la malle avec sa conscience.
Il avait gagné la confiance de l’Homme, qui aveuglait d’avoir enfin trouvé un garçon à la hauteur de ces attentes lui laisser de plus en plus de liberté.
Un soir alors que l’homme se déshabillait attendant avec gourmandise sa petite gâterie ce ne fut pas les lèvres du jeune garçon que son vit rencontra mais la lame d’un poignard aiguiser.
L’Apollon priva l’Hadès de son service trois pièces avant d’enfoncer la lame dans sa gorge. Le sang lui éclaboussa au visage mais il préféra le contact poisseux de se liquide à celui plus gluant du foutre.
Sa langue lécha le liquide cuivré avant d’être saisit par un rire démoniaque.
Ils étaient sauvés. Plus jamais l’homme ne fera du mal. A personne.
Enguerrand sourit à la jeune fille et lui pris la main pour l’emmener loin de cette endroit maudit.
Plus rien ne sera comme avant pour lui désormais.
Son corps avait gouté au sang et son coeur en réclamer plus encore.

Son retour à l’Orphelinat étonna tous le monde. Ses amis accoururent pour le saluer, demandant ou était passé le Croque Mitaine, ce qu’il lui avait fait et ou était les autres enfants.
Enguerrand ne répondit à aucune de ces questions, mais l’étincelle sombre qui allumait son regard dissuada les autres garçons à poser plus de question.
Le comportement du jeune garçon avait changé.
Il était devenue fort, inflexible, droit… Inhumain.
Une montagne pour ces camardes. Un mont. Mont Parnasse….

Montparnasse inspira doucement.
Qu’était devenue la jeune fille ?
Il l’avait déposé devant un couvant, il avait frappé avent de disparaitre en courant. Il était bien trop jeune pour s’occuper d’elle…. Et de toute façon plus jamais il ne pourrait supporter plus son regard…
Pénétrant dans l’ancienne salle à manger il se surprit d’espérer qu’elle ait pris un meilleur chemin que lui…
Voleur, gourgandin, assassin… Drôle d’occupation pour un jeune homme vous ne trouver pas ?

Un nouveau craquement se fit entendre.
Montparnasse se retourna vivement. Y’avait il encore des gens qui vivait ici ? A moins que d’autre soit revenu en ce lieu pour faire face au fantôme de leur passé ?
Il attendit un peu. Guettant le prochain craquement.

_________________
--Shaadow
- Despite all my rage I am still just a rat in a cage
Then someone will say what is lost can never be saved* -


Cela faisait une demi-heure que Shaadow s’entraînait. Silencieusement, enchaînant les gardes, sa lame frappant aléatoirement l’air, ses interminables jambes dessinant au sol les arabesques des parades qu’elle avait inventées. Son cou la tiraillait et les muscles de ses épaules criaient grâce. Soufflant sous l’effort, elle stoppa finalement sa macabre danse et rangea sa dague contre sa hanche, puis s’appuya contre le chambranle de la porte qui craqua d’une façon sinistre, lui tirant une grimace appuyée.

Shaadow n’était pas folle, loin de là. C’était au contraire extrêmement consciente des dangers de la rue qu’elle avait définitivement quitté ce qui se rapprochait d’un foyer, des années plus tôt, pour courir seule les rues de Londres. Elle ne devait sa survie qu’à trois choses : son agilité, sa discrétion, et ce rituel quotidien d’attaque et de défense auquel elle s’astreignait avec autant de plaisir que de sérieux, comme un pianiste révisant ses gammes. N’est pas voleur qui veut : petite, elle l’avait parfois appris à ses dépens. Aujourd’hui, il ne restait plus grand-chose de la gamine, si ce n’étaient les grands yeux bleus placides qui n’avaient pas leur pareil pour repérer le meilleur hôtel particulier à infiltrer, la bourse la plus lourde à voler, et parfois - bien qu’elle n’y prenne aucun plaisir - la veine la plus large à trancher. Même le plus discret des caméléons est parfois trahi par la malchance ; il faut alors bien prendre des décisions…

C’était d’ailleurs à son enfance qu’elle repensait, tandis que ses yeux détaillaient l’une des chambres de l’orphelinat désert. Sous la poussière, les paillasses rongées par les rats semblaient attendre leur prochain propriétaire : mendiant, estropié, gamin perdu, squatteurs de toutes sortes et de toutes origines cherchant un toit pour une nuit. L’Anglaise grimaça à nouveau, parcourant la pièce dont le plancher continuait de craquer sous ses pas : pour rien au monde elle n’aurait dormi dans ce taudis. Ce qu’elle volait lui permettait de s’offrir de meilleures nuits, quand elle ne trouvait pas simplement un appartement bourgeois provisoirement inoccupé dans lequel elle s’installait pour quelques jours. Mais le lieu était parfait pour son entraînement quotidien, à l’abri des regards.

Du moins, c’était ce qu’elle imaginait.

La voix qui lui parvint du rez-de-chaussée la fit immédiatement quitter ses pensées. Plutôt masculine, suffisamment forte pour qu’elle l’ait distinctement entendue… Quant aux propos tenus, elle n’avait saisi le sens que de la première partie. Cette stupide barrière de la langue était encore bien palpable pour la jeune femme, qui repoussa d’un geste vif les mèches noires retombant devant ses yeux. Squatteur, ou possible proie ? Elle pesa le pour et le contre, s’orientant plutôt vers la première solution : aucun bourgeois d’aucune forme n’aurait eu l’audace de traverser les Miracles sans escorte… à moins de vouloir perdre la vie.

Avec une souplesse de chat, elle quitta la chambre, descendant les escaliers en se coulant dans l’ombre. Elle ne put cependant échapper au nouveau craquement d’une des dernières marches – la malchance, comme je le disais. Abandonnant l’idée de passer inaperçue, elle s’avança au milieu de l’entrée, mains tendues devant elle en signe d’apaisement. L’homme qui lui faisait face n’avait rien d’un indigent… Il était même bel homme, la silhouette fine, les yeux sombres, le menton haut. Un sourire glissa sur les lèvres de l’Anglaise.


- Nice view**…, lâcha-t-elle, détaillant celui qui lui faisait face.

Puis, d’un mouvement du menton désignant les pièces vides, elle reprit, choisissant ses mots avec le soin et la lenteur d’une étrangère cherchant à bien faire :


- Il n’y a.. personne.. ici.

Alors qu'est-ce qu'il pouvait bien venir y faire ?
______________

*- Malgré toute ma rage je ne suis toujours qu'un rat dans une cage
Alors on dira que ce qui est perdu ne pourra jamais être sauvé -
The Smashing Pumpkins, Bullet with butterfly wings

**Jolie vue...
Montparnasse.
Le prochain craquement ne tarda pas à se faire entendre et Montparnasse se dirigea vers le hall bien décider à savoir de quoi il en retournait exactement. Là, se trouver une jeune femme, les mains tendu en guise d’apaisement. Montparnasse s’arrêta et la détailla longtemps. Il avait l’air du même âge, a quelques années près. Son regard se posa sur la silhouette fine et filiforme de la jeune femme. Son visage était dur, ces cheveux courts, mais c’est yeux sont d’un bleu magnifique. Son regard s’attarde un instant sur ces yeux. Ces yeux sont beau, mais ce n’est pas elle, il le sait, il reconnaîtrait ces yeux au premier regard. Il ne peut cacher sa déception, il faut dire qu’à cette instant encore il ignore qu’il ne va pas tarder à la revoir dans des circonstances qu’il aurait préféré ne pas vivre. Mais cela est une autre histoire. Pour l’instant il l’ignore, il est là, de retour dans cette Orphelinat maudit qu’il vu grandir lui, et Claque-Sous, ce frère qu’on lui a dit mort.

Claque sous. De son vrai nom Lutecien, ils étaient bien jeunes quand ils se sont rencontrés mais très vite ils se sont entendus. Certain les disait frère, il est vrai qu’il y avait une certaine ressemblance physique dans leur traits fins et harmonieux, mais comment savoir qui sont réellement leurs parents dans un orphelinat ? Claque sous…
Le destin du jeune garçon avait été entrainé par le funeste sort de Montparnasse.
L’Homme qu'il avait tué, était un homme important, et riche. Sa disparition n’était pas passé inaperçu. Principale donateur de l’orphelinat, le directeur de celui-ci ne tarda pas à se rendre chez l’homme en voyant Montparnasse revenir. C’était là, sa première erreur. Son premier mauvais choix. Il aurait dut partir, fuir, mais Montparnasse n’avait nulle part où aller, il n’avait connu que l’orphelinat, alors il y était naturellement retourné. Lorsque le directeur découvrit le corps sans vie de l’homme, et il dénonça le gamin. Il avait remarqué qu’Enguerrand était différent des autres garçons, il avait vu la noirceur dans les yeux du jeune homme et il avait rapidement comprit que contrairement aux autres le petit Enguerrand ne s’était pas laissé faire sagement. Il ne s’était pas passé 24h entre le moment ou Montparnasse avait laissé la gamine sur le parvis et le moment ou des gardes vinrent l’arrêter. Il se débattit comme un diable, mais il n’avait que sept ans. Satan perdit bataille. Vaincu fut Lucifer. Le juge d’abord clément en voyant que ce n’était qu’un enfant avait dut rapidement sévit devant le comportement récalcitrant du jeune garçon. Celui-ci avait refusé de justifier son acte et les seuls mots prononcé avait été pour dire que l’homme avait mérité son sort et qu’il n’hésiterait pas à recommencerait si cela était nécessaire. Ce mélange de haine et de fureur. Le juge compris qu’il était trop tard pour sauver ce gamin, il savait qu’il deviendrait un gredin de plus dans ces rues. Alors il le fit enfermer. Pour 3 ans. Trois ans qui en durèrent cinq ans à cause d’une tentative d’évasion raté.
Mais à sa grande surprise les deux dernières années furent moins dur. Claque Sous l’avait rejoint. Seul, loin de son frère il avait préfère commettre un acte odieux pour le rejoindre que de continuer à vivre seul dans cette Orphelinat maudit. C’est en prison que Montparnasse lui avait donné son masque. C’est là-bas qu’était né Gueulemer. Là-bas qu’il lui avait appris à se protéger. A l’arrivé de Lucetien, les autres prisonnier se détournèrent du jeune Enguerrand pour s’intéressé a une proie plus, jeune, plus innocente. C’est en le voyant en mauvaise posture qu’Enguerrand avait fait croire que son frère était malade. Que c’était contagieux, il avait volé un masque et lui avait dit de ne jamais l’enlever. De caché sa beauté… Puis Montparnasse fit pour son frère la même chose qu’elle avait fait pour la jeune femme. Il s’offrit volontairement pour qu’on reste loin de lui…
Quand ils sortirent de là il ne restait plus rien du jeune Enguerrand, il se faisait appeler Montparnasse, en hommage au sobriquet d’Apollon dont les autres enfants l’avaient surnommé jadis. Montparnasse avait 12 ans quand il sortit de prison. Ce n’était plus un enfant mais pas encore un homme. Il avait appris à se battre là-bas, il portait quelques cicatrices, dont des traces de fouet dans le dos. Il s’était fait également quelques ennemies, des hommes qui avaient fait de lui sa chose, et d’autre qui le protéger, en échange de bon soin de sa part. Ami comme ennemie, Montparnasse n’avait pas fini d’offrir son corps, il comprit à cette instant que tous les hommes était pourris et qu’il ne pouvait comptait sur personne d’autre que lui-même. Manger pour ne pas être mangé…
Il comprit aussi que l’argent et le sexe dirigeait le monde, et qu’il pouvait se servir de l’un pour obtenir l’autre.

Il contemple la brune, silencieux. Qui est-elle ? Elle lui parle, elle a un fort accent étranger, ce qui élimine le fait qu’elle vienne de l’Orphelinat. Montparnasse sourit en coin, comme à son habitude, et répond avec ironie à la remarque de la brunette.


- Personne ? Pourtant il me semble bien que nous soyons là tous les deux.

Il se moque gentiment, mais le "Nice view" ne lui a pas échappé. Il ne parle pas Anglais, mais ces simples mots il arrivait à les comprendre. Il montre à son tour ces mains à la brune montrant qu’il n’est pas armé et qu’il ne veut pas l’attaquer, bien sûr il a toujours son coutelas à la ceinture car personne de sain d’esprit ne s’aventurait dans les miracles sans armes, mais il ne compte pas s’en servir…du moins pour le moment. S’approchant, il s’incline avec respect comme le ferais un gentilhomme et lui adresse son plus charmant des sourire, celui qu’il utilise lorsqu’il travaille dans le bordel pour satisfaire sa clientèle.
Apres une légère hésitation il choisit de se présenter, cela permet d’installer un semblant de confiance avant de poser la question qui lui brule les lèvres. Mais que vient faire ici ?


- On me nomme Montparnasse, j’ai grandi entre ces murs, je suis venue voir ce qu’était devenue cette Orphelinat. Et vous, que faites-vous ici Dame ?

Elle n’avait pas grand-chose d’une Dame, mais ce terme utilisé était surtout respectueux. Montparnasse avait une sainte horreur de l’irrespect et des grossièretés. Bien sûr il savait l’être quand il le fallait, mais il préférait toujours les belles tournures au mot vulgaire lorsqu’il s’agissait d’envoyer chié son prochain. Parfois l’on disait qu’il pétait plus haut que son cul, mais c’était surtout une manière pour Montparnasse d’arriver à ces fins.
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Shaadow
Il y avait des milliers de souvenirs qui se bousculaient au bord des yeux de celui qui s'était présenté sous le nom de Montparnasse. Et tandis qu'il s'inclinait, souriant, dans une attitude en total décalage avec cet orphelinat désaffecté qui tenait à peine debout, Shaadow tentait d'imaginer l'enfance qu'il avait pu avoir entre ces murs. Grandir aux Miracles n'avait sans doute rien d'une sinécure, et elle doutait que Sainte Catherine soit de ces pensionnats où l'enfant est roi. Il semblait pourtant qu'il avait bien tourné : cette façon délicate de s'exprimer, cette attention portée à son maintien, l'harmonie de ses traits et la douceur de ses mots contrastaient ainsi en tout point avec les murs branlants, les escaliers défoncés et les amas de poussière qui partageaient l'espace avec les rats et les araignées. Que s'était-il passé entre le moment où il était entré ici et cet instant précis ? Et pourquoi l'orphelinat avait-il connu le triste sort qui semblait être le sien ?

Shaadow choisit de ravaler sagement ses questions pour l'instant, encore hésitante sur l'attitude à adopter face à Montparnasse.


- Je m'appelle Shaadow. Je cherchais un endroit pour... me reposer. J'ai connu mieux.


Elle avait décidé qu'il était inutile de lui dire précisément ce qu'elle était en train de faire, et dans l'absolu, ses propos n'étaient pas totalement faux : elle avait effectivement connu de meilleurs endroits pour passer le temps. Il y avait aussi sans doute de meilleurs endroits pour grandir, aussi ne put-elle s'empêcher de lever un sourcil en entendant que Montparnasse semblait revenir de son plein gré sur les lieux de son enfance. Que venait-il faire ici ? Se confronter aux fantômes de son passé ? Elle n'avait pu que noter la lueur de déception qui avait traversé son regard lorsqu'il l'avait aperçue. Il avait dû s'attendre à voir apparaître quelqu'un d'autre, mais sans doute pas l'Anglaise aux yeux d'un bleu si froid qu'ils auraient bien eu du mal à réchauffer l'atmosphère.

Au contraire de Montparnasse, Shaadow n'était pas à Paris depuis bien longtemps, et ses contacts à la Cour se comptaient sur les doigts d'une main. L'orphelin devenu grand ne semblait en rien agressif, et s'il vivait toujours à la Cour, peut-être pouvait-il devenir l'un des membres de son réseau, qu'il lui fallait absolument étendre si elle voulait faire prospérer ses affaires. Les petits larcins lui permettaient de vivre convenablement certes, mais l'Anglaise visait plus haut, son passé en Angleterre l'ayant habituée à de plus grosses cibles, de plus grands coups, et de plus belles récompenses qu'une bourse mal attachée à une ceinture. Elle finit donc par se décider : si elle voulait en savoir plus sur lui, elle ne pourrait échapper à en dire plus sur elle.


- Moi, j'ai grandi dans la rue. In London. Je n'avais pas un toit toutes les nuits mais... j'étais libre. Qu'est-ce qui s'est passé, ici ?, ajouta-t-elle en désignant d'un mouvement de bras l'état dans lequel se trouvait désormais l'ex-orphelinat.

Elle espérait du moins que les lieux étaient plus reluisants autrefois...
Sinon, l'enfance de Montparnasse avait dû être un vrai calvaire.

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Montparnasse.
Shaadow. Montparnasse la détailla avec attention. Ainsi elle avait aussi grandit dans les rues. Londres. Il n’y était jamais allé mais il savait que la misère n’avait ni frontière ni religions. Plus la ville est grande et prospère et plus il y a de pauvre gens à sa base, suant sang et eau pour une apogée duquel ils ne tirent aucun profit. Londres sur ce point doit être identique à Paris. Les noms changent mais les gens restent les mêmes et les ordures des miracles ne doivent pas être pires que la bas.
Sous son apparences chétive, Montparnasse sent une détermination dans ces yeux froids. Oui, il peut le dire la jeune anglaise lui plut au premier coup d’œil. Elle avait l’air volontaire, ambitieuse et receler surement une force et une envie de vivre propre à ceux qui ont grandi dans la rue. Elle lui demanda ce qui était arrivé à l’orphelinat.
L’attention de Montparnasse se reporta sur les murs croulant.
Pour dire vrai rien n’avait réellement changé depuis son enfance. Les murs étaient seulement légèrement plus bancale, le sol plus crasseux, mais l’endroit n’avait jamais était reluisant. La chute de cet établissement était la raison de son retour, et la raison de son départ. Montparnasse en était en partit responsable. Il avait été le grain de sable dans le rouage. En tuant le principale donateur, Montparnasse n’aurait pas pensé qu’année après année le fleuve se serait taris jusqu’à s’assécher complètement.
Sans argent comment continuer à faire tenir un tel établissement ?
L’orphelinat dépensait plus qu’il ne gagnait, le déclin avait était progressif jusqu’à l’abandon totale de l’immense bâtisse bien trop coûteuse en entretien et en chauffage.
Le bien-être des enfants étaient secondaire.
Les enfants tout court était secondaires.
On était aux miracles ici, survivre était le seul mot d’ordre, et si cela devait se faire au détriment de l’innocence de quelques mioches, alors qu’il en soit ainsi.

C’est pour cela que Montparnasse était ici. Il venait juger de l’état de décrépitude de l’établissement et avait bien l’intention de ré ouvrir ses portes.
Les enfants pouvaient être un bisness lucratif pour un homme à la morale douteuse. Et sous son apparence charmante la morale de Montparnasse était plus que douteuse, pour ne pas dire inexistante.

Reportant son attention sur la brune il l’invita à le suivre pour l’emmener dans le petit salon. Rester dans le hall d’entrée pour discuter n’était pas ce qu'il y avait de plus agréable. Puis Montparnasse se considérait chez lui dans ce lieu, et en temps qu’hôte il se devait d’accueillir son invitée.

La précédent pour montrer le chemin, il poussa une porte qui grinça sur ses gonds et il sourit en constatant que le mobilier était toujours là, bien que le capitonnage des chaises avait été grignoté par les rats et que le peu de lumière qui perçait à travers les fenêtres condamnés faisait scintiller la poussière soulever par les pas des deux intrus. Montparnasse laissa la chaise en meilleur état à la jeune femme et approcha une autre chaise face à elle sur laquelle il s’assit à califourchon.


- Vous m’excuserez, je ne peux guère vous accueillir mieux cette fois, mais peut-être que si nous nous recroiserons vous me laisserez vous offrir un verre ? Asseyez-vous je vous prie, nous n’allons pas continuer à discuter debout prêt à bondir l’un sur l’autre au moindre geste non ?

Dans un excès de confiance il se saisit du coutelas qu’il portait à la taille et le posa sur la table derrière lui.

- Tenez, je me désarme pour vous prouver ma bonne foi, on est jamais trop prudent dans ces rues.

Tantôt victime, tantôt bourreau, Montparnasse était de ces êtres qui restait toujours sur ces gardes, mais une idée commencer à se frayer un chemin dans son crâne, et il devait en savoir plus sur la jeune anglaise pour laisser cette idée faire son chemin et semer sa graine dans l’esprit tordu du jeune homme.

- L’orphelinat a péri petit à petit, c’est ce qui arrive lorsque la source est tarie.

Il lui sourit pour la mettre en confiance, plantant ces yeux dans les siens avant de venir au sujets qui le taraudé doucement.

- Dites-moi donc jolie demoiselle, comment qualifierez vous votre moral ? Qu’elles sont vos ambitions ? Que venez-vous faire dans nos Miracles ?

Les miracles. Cette cours avait était sa maison, cette cours avait était sa prison, il l’aimait autant qu’il la détestait, mais elle était chez lui. Elle était à lui.
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Shaadow
Sans le savoir, Montparnasse avait absolument raison sur un point : Londres était identique à Paris. Aussi majestueuse, et aussi monstrueuse. Aussi immense pour qui en parcourait les rues qu'étouffante pour celui qui croupissait entre ses murs. Aussi belle quand la lune jetait ses pâles rayons sur la pierre anglaise que laide quand un innocent mourait au cœur de ses étroites venelles. Londres était une capitale, et comme toutes les capitales, elle abritait en son sein autant de merveilles que d'horreurs. Tout pouvait s'y produire, et Shaadow en concevait tout à la fois de l'horreur et de la fascination. Et tandis que l'une l'éloignait régulièrement de Paris pour tenter de respirer un air moins méphitique, la seconde la ramenait irrémédiablement dans les filets de la terrible capitale, comme une araignée emprisonne un insecte dans sa toile.

Lorsque Montparnasse emprunta le chemin du petit salon, Shaadow le suivit sans renâcler. Elle s'installa sur la chaise qu'il lui offrait après avoir pris soin de l'épousseter, comme si cela pouvait changer quoi que ce fut à la propreté générale des lieux. Bien sûr, elle ne put s'empêcher de lever un sourcil en entendant les premiers mots prononcés par l'orphelin. Il dégageait une forme d'assurance cavalière, qu'il agrémentait sans sourciller de politesse et d'élégance. Un étrange mélange qui lui avait sans nul doute permis de faire son chemin aux Miracles malgré l'enfance passée à Sainte Catherine. Si elle appréciait la franchise qu'il mettait dans ses mots, il semblait à l'Anglaise que rien de ce qu'il disait n'était laissé au hasard... et elle en concevait une méfiance diffuse. Acquiesçant pourtant à ses propos, elle répondit :


- Avec plaisir. Je ne connais pas encore... beaucoup de gens... ici.

Sa voix était traînante, légèrement rauque, hésitante sur la forme, assurée sur le fond. Les quelques erreurs grammaticales et la maladresse des mots étaient facilement compensés par l'absolue sincérité de son regard bleu glacé. Elle précisa pourtant :

- Je ne choisis pas... toujours bien... mes mots, en français. Vous corrigerez.

Il était l'une des premières personnes avec qui elle échangeait plus de trois phrases ; elle s'était jusqu'à présent majoritairement contentée de demander le prix d'une chambre d'auberge ou d'indiquer du doigt ce qu'elle souhaitait acheter sur les marchés. Si tenir une vraie conversation était à sa portée, cela lui demandait considérablement plus d'efforts qu'à n'importe qui d'autre. Pour montrer sa bonne foi à son tour, elle détacha la dague qu'elle portait à sa ceinture et retira le couteau de lancer installé contre son mollet, dans sa botte droite. Pour autant, elle s'assura de les garder tous deux à portée de main et, tout comme lui, elle resta sur ses gardes... Une enfance passée dans la rue, si l'on y survivait, vous inculquait certains réflexes de survie qui vous suivaient toute une vie durant. La salve de questions qui suivit la prit cependant totalement au dépourvu : s'il y avait bien une chose à laquelle elle ne s'était pas attendue... c'était à cela.

- Ma morale ? Mes... ambitions ?


Un vague sourire flotta sur ses lèvres, tandis que ses yeux bleutés détaillaient avec curiosité l'étrange oiseau. La conversation prenait le ton d'un entretien d'embauche ; quand allait-il lui demander ses trois qualités et ses trois défauts ? Philosophe à ses heures, elle répondit de sa voix rauque :

- Difficile de répondre. Le bien et le mal... ont des sens différents... pour chacun. Nous sommes... ce qu'on a fait de nous.

Qu'a-t-on fait de toi, Montparnasse ? Qu'as-tu derrière la tête pour poser ces questions à une inconnue ? L'Anglaise n'était pas un monstre, bien au contraire. Elle ne tuait pas – ou du moins, pas sans y être forcée -, et le sang pour le sang ne l'intéressait pas. Mais elle volait, et Dieu qu'elle volait bien ! Elle retirait aux gens ce qu'ils avaient parfois de plus précieux. Illusionniste à sa façon, elle faisait disparaître les objets avec une grâce féroce et une agilité sauvage. Elle portait au creux d'elle même une rage calme qui l'avait façonnée, et qui dictait sans aucun doute la plupart de ses actes. Sereine vengeance. Paisible colère. Elle était tout et son contraire. Quel remord aurait-elle pu éprouver ? Elle avait élevée - presque dressée - pour voler. Comment aurait-elle pu trouver cela immoral, alors que chaque parcelle de son corps n'avait été façonnée que pour cela ?

- J'espère... faire affaire. Rencontrer quelques... partenaires. J'ai certaines... compétences... qui pourraient convenir, ici. Et vous, Montparnasse ? Vous dites « nos Miracles »... Vous avez grandi ici... J'imagine que... vous n'êtes pas... boulanger ?

Bref éclair d'amusement dans les iris glacés de l'Anglaise. Mais peut-être regretterait-elle bientôt sa question...
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Montparnasse.
Elle n’était pas si loin du compte en parlant d’entretien d’embauche, car si Montparnasse posait des questions de cette envergure ce n’était certes pas pour lui conter l’histoire d’une souris verte qui courrait dans l’herbe.
Les jambes écartés et les bras délicatement posé sur le dossier devant lui Montparnasse étudia un instant la jeune femme en silence. Laissant volontairement le temps s’écouler dans ce silence qui devenait pesant. Son regard se perdit un instant dans le regard glacé mais franc de la jeune femme. Montparnasse soupesait chacun des mots de l'anglaise dans son esprit et en extorquer leur sens caché.
Nous sommes... ce qu’on a fait de nous.
La jeune femme ne croyait pas si bien dire. Après ce long silence qui commençait à devenir vraiment gênant la voix grave du jeune efféminé retentit entre les murs de l’Orphelinat.


- Le bien et le mal, vaste sujet en effet. Personnellement j’ai acquis la conviction que les deux sont étroitement liés dans un équilibre parfait. Chaque action que l’ont attribut au bien entraine une action que l’ont attribut au mal. Mais peu être ne suis-je pas assez clair, je vais vous donner un exemple, vous allez comprendre.

Il se tue un instant et l’observa en silence sans la quitter des yeux, une lueur malsaine commencer à briller dans l’œil du bellâtre. Oui des exemples sur la complémentarité du bien et du mal il en avait plein. Lui-même en était un vivant. Il savait se montrer d’une cruauté sans limite tout en étant d’une extrême générosité. C’est cela qui le rendait différent des autres à défaut de pouvoir employé le terme dangereux. Il y a certains être qui ont perdu toute humanité en eux. Des monstres comme on les appelle plus communément, incapable d’amour, incapable de sentiments. Ces monstres tuent, violent et pillent sans le moindre remord, chiant sur les gens comme ils chient sur la vie.
Montparnasse ne faisait pas partie de cette catégorie là, et c’est cela qui le rendait plus monstrueux encore. Il était humain et était capable d’amour et de bontés, pourtant parfois, sans raison autre que son propre plaisir il s’en prenait à de jeunes femmes sans défense, à des enfants. Du viol au meurtre, rien n’était épargné à ces victimes. Et si d’autres repartaient le cœur léger Montparnasse lui était pris de remord, de doute, et pourtant, il recommençait, encore et encore, bandant comme un âne à chacune de ces mauvaises actions.
La conscience de ces actes n’est elle pas pire encore que l’acte lui-même ?
Nous sommes… ce qu’on a fait de nous.
Montparnasse avait été violé, il était devenue violeur.
Montparnasse avait été abusé enfant, il s’en prenait à son tour à ses frêles victimes.
Pourquoi ? Pourquoi alors qu’il sait mieux que quiconque le mal que cela faisait, le fait il à son tour ? Qu’est ce qui entraine un garçon si jeune dans cette engrenage sans issu ?
Ce n’est malheureusement pas encore l’heure des réponses.


- Prenez cet Orphelinat. Noble établissement n’est ce pas ? Jolie battit et bel fonction. Sauver des enfants. Les faire grandir dans un environnement sains, leur apprendre à lire à écrire, à travailler pour qu’il puisse s’en sortir dans ce monde parfois si cruel. Mais cet établissement à un prix, ce bonheur un coût. L’argent dirige le monde je ne vous apprends rien, au même titre que le sexe et la faim. Aussi pour le bonheur de ces chers chérubins, ou à défaut de joie, pour leur apporter un minimum de sécurité, il faut des donateurs. De généreux nobles plein aux as qui étalent leur richesses dans de bonne œuvres pour faire taire leur mauvaise conscience de se goinfrer comme des coqs en pattes alors que d’autre crève de faim plus bas…

Cynique Montparnasse ? Légèrement. La vie ne l’avait pas épargné et il ne comptait pas épargner celle des autres.

- Les donations rachètent un peu de leur mauvaise conscience et leur offre le sommeil du juste, tandis que cet or est transformé en nourriture pour de pauvres enfants sans famille. L’équilibre est respecté là encore vous voyez ?
Mais que se passe t-il si l’un de ces nobles veuillent plus en compensation qu’une bonne nuit de sommeil ? Que se passe t-il si, pour que vingt enfants qui dorment le ventre plein, un seul doit souffrir ?


Un sourire malsain se dessina sur les lippes de l’ancien Orphelin lorsqu’il marqua une nouvelle pause laissant la brune le soin d’imaginer toute l’étendu qu’impliquer sa question.

- Devons nous tolérer la faim de vingt enfants pour qu’un seul soit épargné ? Ou pouvons-nous, en toute conscience, fermer les yeux sur le sort de ce vingt et unième enfant en se raccrochant au bien que cela fait aux vingt autres ? Le bien, contre le mal. La masse contre l’unique.
Voyez-vous ou je veux en venir Demoiselle ?

Allons plus loin dans notre raisonnement. Acceptons le fait que le bien d’un grand nombre soit plus important que le mal unique, et concentrons nous sur cette unique. Sur cet enfant qui accuse les coups répété d’un homme mauvais mais généreux. Cet enfant qui serre les mâchoires pour qu’on arrête d’y fourrer des choses non comestibles à l’intérieur. Ressentez la peine de cet enfant, la haine qu’elle entraine, et réfléchissez aux conséquences de ces actes.
Deux choix s’offre à lui : ne rien faire, c'est-à-dire accepter cette injustice et vivre une vie de misère ou de souffrance, ou se battre contre cet homme sournois et mauvais.
Étudions les deux possibilités. Devons-nous, nous, la sociétée, demander à ce gosse de subir les assauts de l’homme toute sa vie et lui expliquer que la vie est injuste et que malheureusement il n’a pas tiré la bonne paille et que c’est à lui de souffrir pour le bien de la communauté ? Devons-nous accepter de bâtir notre société sur la souffrance du plus petit nombre et de cacher ce mal derrière ce bien si lumineux et étincelant qu’il induit ?
Ou devons nous nous battre pour une justice ?
Dans notre exemple la justice serait que ce garçon parle, se rebelle, que cet homme mauvais soit punit. Mais alors, qui prendra soin des vingt autres orphelins ? Est-ce juste que tous soit punit pour le sauvetage d’un seul ?
Le bien, le mal.
Tout cela n’est que foutaise pour nous classer dans des cases bien trop étroites pour la complexité des hommes et du monde qui l’entoure.


Montparnasse se tut. Il serra un bref instant la mâchoire avant de se lever et de faire quelque pas, les bras dans le dos, dans la pièce comme pour calmer l’exaltation qui le gagner.

- Non en effet je ne suis pas boulanger. Je suis à la fois beaucoup de chose et peu de chose.

Son éternel sourire ironique se dessina sur ces lèvres à sa réponse fuyante. Il arrêta un instant ces pas et revient s’assoir renouant ainsi le contact visuelle avec son interlocutrice.

- Dites vous seulement qu’actuellement je suis Galant à l’Aphrodite, cela est une fonction à laquelle vous pouvez vous rattacher si vous tenez à m’attribuez une étiquette. Je compte réouvrir cette Orphelinat, mais pour cela j’ai besoin de quelque gens aux talents particulier comme les vôtres. J’ai besoin de yeux et mains habiles, d’esprit vif et autonome. Pour le moment les rouages se mettent en branle lentement, j’avance, avec précaution, mes pièces sur cet échiquier géant que sont les Miracles.
Je n’ai encore rien de concret à vous proposez mais j’aimerais que vous réfléchissiez à mes propos et que, dans un avenir proche, vous me dites si vous avez le tempérament a jouer de votre moral pour une cause qui vous dépassera surement.


Montparnasse était un homme intelligent qui savait ce qu’il voulait et comment l’obtenir. Il adressa un sourire tendre, lui laissant le temps de digérer la masse d’information qu’il venait de lui jeter en pâture.
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Shaadow
    Les yeux glacés de l'Anglaise détaillaient Montparnasse avec une application qui ne trahissait aucune gêne. Elle observa la courbe de sa mâchoire, analysa la couleur de ses yeux, examina la forme d'une épaule, jaugeant du regard l'orphelin qui s'appliquerait un instant plus tard à lui expliquer sa propre vision de la vie. Le silence ne la gêna pas, peu habituée à converser qu'elle était. La seule pensée qui traversa son esprit avant qu'il ne recommence à parler fut celle que dans leurs différences, ils se ressemblaient étrangement. Ses traits féminins à lui répondaient à sa silhouette androgyne à elle. Ils étaient beaux tous les deux, pourtant... Mais d'une façon qui ne collait définitivement pas avec l'époque. Elle en sourit presque, tandis qu'il reprenait la parole.

    Ses mots s'enchaînèrent, perdant parfois Shaadow lorsqu'ils se faisaient trop spécifiques, la raccrochant dès lors qu'il reprenait un vocabulaire qu'elle était en mesure de comprendre. Dans l'ensemble pourtant, elle n'eut pas trop de mal à le suivre, sa raison s'occupant de traduire ses mots dans sa langue maternelle tandis que son intuition interprétait ses gestes, la lueur de son regard, les inflexions de sa voix. Le plus étonnant était sans doute qu'elle était relativement d'accord avec lui sur beaucoup de ce qu'il évoquait, même si elle n'analysait pas les choses comme étant bonnes, ou mauvaises. Il s'agissait plutôt... d'ordre, et de chaos. Le chaos qu'était la nature même, et l'ordre que l'Homme tentait d'y mettre en créant une civilisation, des codes, des règles. L'amour, la procréation, puis la mort : c'était le chaos qui créait des enfants sans parents. Mais cet orphelinat... C'était l'ordre que l'Homme tentait de rétablir, mû par ce besoin de pallier à ce qu'il considérait comme des erreurs de la nature. Mais la nature ne faisait pas d'erreur. Elle faisait, c'était tout. Ainsi, Shaadow rejoignait souvent Montparnasse sur ses propos, et elle acquiesçait lentement à ses paroles, sans pourtant être en mesure de comprendre tout ce que sa proposition impliquait. Elle l'observa longuement quand il revint s'asseoir face à elle, mais elle ne répondit pas à son sourire. Son esprit était encore trop occupé à analyser certains mots, son intuition à se méfier de lui tout autant qu'à l'inciter à conclure une forme de pacte. Elle se redressa légèrement sur sa chaise, ses jambes venant se croiser en tailleur sur le maigre bout de bois qu'elle n'occupait pas de son corps. Il ne l'intimidait pas - et sans doute avait-elle tort de ne pas le craindre, au moins un peu. Il l'intriguait... Et elle devinait à son exaltation, à la crispation de sa mâchoire, à l'ironie de son sourire, qu'il n'avait jamais été du côté de ceux qui grandissaient ici calmement.


    - Vous étiez... le vingt-et-unième, right* ? Vous étiez l'unique... Sacrifié pour la masse.

    Là où d'autres auraient pu s'apitoyer sur le sort du galant, elle ne fit que serrer brièvement les dents. La vie était injuste. Non... La vie était chaos, et il n'y avait aucune forme de justice ou d'injustice là-dedans. La vie était telle qu'elle était, vous transformait en ce qu'elle voulait. Elle avait emporté la mère de Shaadow avant qu'elle ne la connaisse. Elle avait rendu son père alcoolique. Elle avait fait pleuvoir sur elle les coups alors qu'elle n'était qu'une gamine. Et puis, elle lui avait donné quelques dons qu'elle avait exploités jusqu'à s'en faire saigner les phalanges - hé, grimper sur un toit n'a jamais été chose facile ! C'était comme si elle lui avait distribué un jeu de cartes avec suffisamment d'atouts au milieu d'une mauvaise main pour qu'elle se débrouille pour gagner sa partie. Et Montparnasse, en face d'elle, abattait à son tour son jeu. Il parlait d'échecs ? C'était à peu près pareil. Méfiez-vous du Fou qui parlemente avec la Dame...

    - Vous étiez un sacrifié... et pourtant, vous voulez... réserver le même sort à d'autres... gamins ? Vous êtes... un grand malade, finit-elle par lâcher dans un sourire qui ne collait absolument pas avec ses paroles.

    Dans l'absolu, elle se fichait de ce qui pouvait arriver aux gamins d'un orphelinat, tout comme le monde entier n'avait pas eu la décence de s'intéresser à ce qui lui était arrivé à elle. Égoïsme et vengeance partageaient souvent la même table... La seule chose qui lui importait alors qu'elle venait d'arriver à Paris, c'était de ne pas finir allongée les tripes à l'air dans une ruelle sombre. L'instinct de survie prime souvent sur la conscience, et l'Anglaise avait toujours fait passer son instinct en premier.

    - J'y réfléchirai, finit-elle par répondre laconiquement. Nous sommes tous... des sacrifiés, ici. Quand on a... tout perdu, on ne peut que... reconstruire plus grand.

    Sa voix rauque et traînante s'éteignit au creux de sa gorge. De vagues souvenirs d'une époque où elle était la reine au milieu des pions lui revinrent en mémoire. Puis on lui avait volé son roi, et de rage, elle avait brisé l'échiquier. Ne réveillez pas l'Ombre qui mord...

    - Mais qu'est-ce que... j'y gagne, moi, Montparnasse ?

    Il fallait bien en venir au coeur du sujet. Des passes gratuites ? Le galant méritait sans aucun doute son titre, mais l'Anglaise n'attachait pas assez d'importance au sexe pour s'en contenter. L'argent, elle estimait ne pas en avoir besoin pour l'instant : ses larcins lui suffisaient pour vivre, et la richesse pour elle-même ne l'intéressait pas. Ses doigts pianotèrent sur ses jambes repliées devant elle. Négociation.

    - Vous connaissez... du monde, ici. Je pourrais... avoir besoin de ça... dans le futur. Vos contacts. Des médecins, par exemple... Ceux qui peuvent... recoudre la peau, mais aussi... endormir par leurs potions. Et vos clients. L'Aphrodite... Ca sonne trop bien... pour les pauvres.

    Il était lui-même beaucoup trop bien habillé pour se contenter de trousser les paysanes ou monter les mineurs à l'orientation sexuelle moins classique. Et se nommer galant en lieu et place de catin... Définitivement, l'Aphrodite ne devait rien avoir en commun avec un banal bordel. Les clients devaient y être fortunés. Il devait s'y murmurer des secrets, et s'y tenir plus de conversations de salon que d'attouchements de comptoir. Et il suffisait à l'Anglaise d'un nom et d'une adresse pour faire son oeuvre... Un sourire désormais bien ancré au coin des lèvres, elle plongea ses yeux glacés dans ceux de son interlocuteur. Il avait l'assurance des gens qui n'ont plus peur de rien parce qu'ils n'ont plus rien à perdre. C'était cela, surtout, qui le rendait dangereux aux yeux de Shaadow. Et c'était le cas de beaucoup de gens à la Cour des Miracles... S'étirant légèrement, dépliant ses jambes trop longues pour leur laisser à nouveau toucher le sol, elle reprit :

    - Je ne suis pas sûre de voir... en quoi je pourrais... vous aider, ici. Et ce que vous y ferez... ne m'intéresse pas vraiment. Mais une chose est sûre, Montparnasse... Si je vois de mes yeux... un homme malmener un enfant... Je lui plante une dague dans la gorge.

    Quoi ? Elle pouvait accepter qu'il vende des enfants à de riches bourgeois qui en feraient ce qu'ils voulaient pour en sauver une vingtaine d'autres, à la rigueur. Mais elle ne laisserait pas passer ce qui pourrait se dérouler sous ses yeux - tout de même,il y avait quelque chose d'absolument satisfaisant à punir les salauds. Elle ne savait seulement pas qu'elle en avait un de la sorte sous les yeux... Alors en attendant, elle se contenta de sourire poliment. Il faut toujours sourire aux entretiens d'embauche, non ?

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Montparnasse.
Son sourire disparut vite sous la menace à peine voilé de l’anglaise. Il n’appréciait pas ces sous-entendu, et, si cela c’était avéré certes exacte, Montparnasse n’était pas assez stupide pour l’avouer aussi clairement à une parfaite inconnue, étrangère qui plus est. Aussi sans bouger de sa chaise, le galant se redressa et lança un regard froid à la jeune femme qu'il trouvait à présent trop perspicace à son gout..

- Sachez que je n’apprécie guère vos sous-entendu sur les activités que vous imaginez que je vais traiter ici. Vous me traitez de grand malade, mais tout ceci ne repose que sur des suppositions de votre part. Sachez qu’il n’y a pas eu de vingt et unième dans cet orphelinat. Il n’y a jamais eu les vingt autres. Si vous croyez au malédiction, alors prenez pour acquis que ce lieu est maudit.

Avez-vous déjà remarqué à quel point les fou n’apprécient pas que l’on pointe du doigt leur folie ? La jeune anglaise n’aurait pu atteindre plus directement Montparnasse qu’en le comparant, sans l’ombre d’une hésitation, à l’homme qui avait détruit sa vie. L’exposition aussi simplement avoué du mal qui rongeait Montparnasse avait eut le mérite de le toucher en pleine cœur. Et si l’heure n’était pas encore à la remise en question, le jeune galant ne comptait pas se laisser toucher plus que cela par la jeune femme.
Montparnasse, était un homme fier et susceptible. Et c’est cette fierté même qui l’avait causé à sa perte. Il en voulait toujours plus. Quand on avait rien il était facile de réclamer tous, mais alors que les femmes se succédaient dans sa couche, alors que ces amants masculin laissaient en lui leur humeur viril, le cœur du jeune galant devenait plus froid et avide de pouvoir et de reconnaissance. Les écus gagnaient dans son petit bordel des Miracles ne lui suffisaient pas, l'Apollon était de devenu Hadès, avide et immoral.
On lui avait proposé une poste à l’Aphrodite, et alors qu’il savait que l’araignée allait l’emprisonner dans cette toile dangereuse qu’est cette établissent de luxe, Montparnasse y avait sauter à pied joint.
Ses amantes étaient à présent Comtesse, Princesse et autre chose qui finit en esse...
Et quoi de mieux que les confidences sur l’oreille pour mesurer la complexité et la puissance du rouage qu’il avait au-dessus de lui ? L'argent et le sexe mène le monde. Montparnasse avait habilement lité les deux. Extorquant information et piece par son charme et ses talents. Le savoir. Voila bien la plus belle richesse de ce monde.
Le trafic d’enfant ne serait qu’un moyen pour lui de s’enrichir encore plus, un moyen de se faire un nom, une place dans cette société.
D'orphelin il était devenu Voyou. De voyou, de moins que rien il était déjà devenu Catin. De Catin le voilà Galant à l’Aphrodite, mais qu’est-ce qu’un Galant face à un Directeur d’Orphelinat ? Son nom portait à controverse et de plus en plus dans les villes qu’il traversait, il se rendait compte qu’on le murmurer avec un certain effroi.
Le viol de la jeune Lili Corleone avait fait du bruit en Limousin et très vite les ragots avaient couru sur son compte. Et, si cela le déranger quelque peu qu’on parle de lui ainsi, son égo lui se gorgé du faite qu’on parle de lui. Il lisait parfois de la crainte dans le regarde des jeunes filles, de la peur dans d’autre, ou de la surprise qu’un homme, aussi charmant et affable, traine derrière lui la réputation de violeur.
Alors les discussions allaient bon train, cette histoire était-elle vrai ? Avait-il commis cet acte si abominable ? Pourquoi ne se cachait-il pas si tel était le cas ? Etait-il vraiment un monstre ou les ragots avait été déformer ?
Quand on lui demandait de vive voix, il ne répondait pas, il n’infirmait pas l’information pas plus qu’il ne la confirmait, laissant ainsi a chacun de loisir d’extrapoler sur qui était vraiment Montparnasse.

Serrant un instant la mâchoire pour reprendre son sang-froid, un sourire revient sur son visage et il reprit d’une voix plus calme et moins directive, comme si le léger accès de colère qu’il avait eu quelque instant plus tôt n’était qu’un mauvais rêve :


- Je connais en effet beaucoup de monde. Dans cette cours, et ailleurs. Le meilleur médecin des Miracles est mon amie la plus proche et j’ai bien des choses à vous offrir n’en doutez pas.

Marquant une légère pose il posa son regard clair dans les yeux bleu de la jeune femme et sourit en coin, volontairement provoquant.

- En revanche je commence en effet à me demander ce que vous pourriez m’apportez finalement. Mais si le bienêtre des enfants vous préoccupe autant que cela, revenez donc me voir dans quelque mois.

Se levant il récupéra son arme et se dirigea vers la porte qu’il ouvrit en grand comme pour lui signifier que leur entretien était terminé. Il n’avait plus rien à lui dire pour le moment, mais se nota bien dans un coin de son esprit de faire suivre la jeune Anglaise. Il devait en savoir plus sur elle. Trouver sa faille, son point faible, afin qu’il puisse l’exploiter au mieux.
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Shaadow
Tᴏᴜᴄʜᴇ́ ﹣ ᴄᴏᴜʟᴇ́.

    Au jeu des devinettes, l'Anglaise n'était pas si mauvaise. La réaction du galant lui sembla trop vive pour être parfaitement vraie. Quant aux malédictions, elle ne croyait ni aux divinités supposées les jeter, ni aux sorcières revendiquées qui n'étaient généralement que de vieilles folles gorgées d'absinthe ou embrumées d'opium. Elle battit cependant en retraite, levant légèrement les mains paumes ouvertes vers lui pour signifier son retrait. Montparnasse n'avait certes pas tort : elle n'avait fait que supposer, rassemblant quelques maigres indices pour tisser la conclusion qu'elle avait choisie. Mais rien ne l'empêcherait de continuer à penser que l'homme aux traits efféminés avait ce quelque chose qui ne cadrait pas avec le reste, ce petit supplément de fureur qui l'arrachait à la basse condition de la normalité. Eût-elle su quel genre d'individu il était que cela ne l'aurait désormais plus étonnée. Mais la discrétion allant de pair avec la duperie, il n'en souffla mot et laissa bien vite couler sa rebuffade vers des eaux plus tranquilles.

    L'esprit de l'Anglaise raccrocha à la mention du médecin : ses yeux se plissèrent en deux fentes azurées desquelles ne pouvait sourdre que l'intérêt. De potions en chirurgies, s'il était un art dont elle aurait un jour nécessairement besoin, c'était bien celui de la médecine. Que ce fut par chance ou par talent, elle avait jusqu'alors évité les blessures comme les loups fuient les flammes. Mais la roue tournait toujours, et sa bonne fortune pouvait vite virer à la déveine...

    Elle ne fit aucune remarque, et le laissa conclure l'entretien de la même façon qu'il l'avait initié. Elle quitta sa place en massant légèrement ses poignets, comme engourdie de la discussion qui avait requis de sa part une dose certaine de concentration. Une vague migraine pointait à ses tempes, irradiant depuis le centre de son crâne. Dague et couteau furent récupérés et rangés à leur place initiale, tandis que l'Anglaise concluait à son tour :


    - Well, à bientôt, I guess...*

    De faiblesse, elle n'en avait pas alors. Aucune famille, peu de connaissances, jamais assez d'argent pour s'en vanter et un excessif besoin de voyager qui la gardait de demeurer trop longtemps au même endroit. Mais les choses, pour elle, étaient sur le point de changer. De chemin de traverse en nuit étoilée, le sort l'amènerait à croiser les yeux d'absinthe d'un marin aux errances terrestres. Et de sa force naîtrait alors sa faiblesse car en aimant la première, il créerait la seconde...


*Eh bien, à bientôt, je suppose...

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