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[RP] Serre les dents.

Judicael.


ϟ


Le bruit d'une course retentit dans les rues des Miracles.

Il fait nuit. Il fait froid. Il fait sale. Deux groupes se sont affrontés, mêlant les coups de bâtons et les coups de surin, un corps gît au milieu de la ruelle. Il est encore chaud, personne ne le pleure encore. S'il faut le pleurer.

Car les escarmouches et les bastonnades sont courantes la nuit tombée, lorsque l'alcool grise les cerveaux, les putains excitent les instincts dominants et l'argent gouverne. Chaque ombre qui s'aventure sur le pavé se mêle aux coupe-jarrets.

De quoi était-ce parti? Il ne sait plus. Depuis qu'il naviguait seul, Judicael avait un peu perdu le fil des raisons. Des saisons. Du qu'en dira-t-on. Retranché dans un épais silence et dans une fierté inaltérable, le roux n'avait pas cédé une once d'abandon à ses compagnons de vie. Pas une confidence, pas l'ombre d'un aveu. Montrer ses failles était une forme de faiblesse exclue au sein de la Cour. Car le faible mourrait. Croqué par le plus fort. Chaque soir qui s'animait regardait le roux s’enivrer dans les tripots et prendre par à des réunions sombres qui dégénéraient, la plupart du temps. Se battre était un exutoire. Prendre des coups et les rendre, un échappatoire nécessaire à évacuer toutes les tensions qui malgré les apparences, l'étranglaient.

Oui mais voilà. Lorsque l'esprit n'y est pas, le corps devient inattentif, et l'erreur attend le faux pas pour s'en emparer. La mort rode à chaque coin de rue. Ici, ce sont les Miracles. Ici, les lois sont hors du temps. Elle sont cousues à ses habitants. Force, domination, intimidation, appartenance, fierté et silence.

L'essaim s'est dispersé, les malandrins se sont mit à courir comme si le diable était à leurs trousses. Reprenant contenance sous une porte cochère le brigand cherche son souffle, le bras retenant la carcasse haletante contre la pierre, le front frôlant sa froide rugosité. Quelques cris raisonnent encore dans les venelles tortueuses, boyaux de Satan. Judicael tousse un peu. L'alcool a chauffé ses veines mais a fait aussi vriller ses verrous. Sa tête lui tourne un peu. Il essuie son visage d'un revers poisseux, et surpris expose ses mains aux faibles faisceaux d'une lanterne rouge.


    Puutes, vous ne pourrez rien pour moi ce soir.


L'ichor pisse abondamment. Est-ce le sien? Celui d'un autre? L'esprit s'embrouille. S'extirpant de sa retraite, il marche d'un pas mal assuré. Dans l'agitation et l'adrénaline, rouquin n'a pas senti arriver le coup de lame. La main presse soudain ses côtes, la douleur semble sortir de nulle part et s'éveiller, s'étirer, pernicieuse jusqu'à lui couper le souffle.

- Petit...

La main se tend, comme du fond du puit vers la lumière.

- ... Petit!...

Il jette une petite bourse qui s'écrase négligemment au sol. Il s'en fallut de peu qu'elle ne sombre dans la rigole à purin. Le mome se jette dessus, comme les cochons se battent pour l'auge. La respiration s'est faite sifflante, le gaillard semble lutter contre le vertige.

- Emmène-moi à ...

Le gosse n'a pas besoin de plus d'explications qui ne franchiront de toutes façons pas les lèvres de Judicael. Le teint a pâlit, il est peut-être un peu tard pour s'inquiéter. Les petites mains viennent ceindre la taille, illusion d'aide qu'elles ne sauraient pas apporter. Le duo improbable disparaît au coin d'une ruelle.

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Vivia
De retour à son cabinet après un contrat quelque peu hasardeux, le Barbier Fou porte encore sur elle les vestiges de ce prisonnier qu'il lui a fallu maintenir en vie. Il était étonnant de voir combien le corps humain pouvait encaisser de maux, pour palier à une langue bien pendue. Lasse, usée par ces heures de soins, Vivia n'aspire qu'à essuyer sa gueule tâchée de carmin, s'enliser dans un bain chaud et rempli de sel, de fumer une bonne pipe et trouver la fraîcheur de sa couche. En somme, un repos en tout point mérité et tout à fait, basique. Néanmoins, c'était sans compter sur cette carcasse rousse voûtée et ce môme qui lui sert de tuteur, qui s'avancent d'un pas lourd et chaotique jusqu'à son cabinet. Sans surprise, l'arête du nez est pincée et un soupire est abandonné.

Un roux..C'est une blague...Devait-elle parler de cette méfiance qu'elle vouait à ces durnambules et à ses êtres sans âmes. Si Mérance avait été la seule exception à cette répugnance, il n'en restait pas moins qu'une exception ne se savoure justement que par son unicité. Enfin, roux, lépreux, raclures..Il y avait de tout à la Cour et elle avait juré de rester neutre et de soigner tous ces êtres qui se donnaient la peine d'arriver jusqu'au seuil de son office.

Aussitôt, le pas se presse et la Fêlée vient soulager les épaules du gamin pour apporter son soutien. Pas le temps de regagner le premier étage pour la salle de consultation, il fallait agir rapidement et utiliser cette salle qui avait été aménagée pour ces cas-ci. Première à gauche après le seuil, tu vas m'aider à l'allonger sur la table de verre, je vais m'occuper du reste. Froide et impassible, les ordres sont donnés alors qu'elle enroule, à son tour, la taille du roux avant de plaquer le plat de sa main sur cette plaie aux côtes. D'un coup d'oeil rapide, elle le dévisage. Le teint est pâle enfin, plus que ne peut l'être le teint d'un roux en bonne santé, le souffle est rapide, saccadé et le regard semble faiblir. Il va falloir agir vite pour le caler sur cette table avant qu'il ne tourne de l'oeil et ne rende la tâche plus ardue. On se dépêche, avant qu'il ne devienne un poids mort, gamin..

Le pas se fait plus rapide encore et d'un geste assuré bien que douloureux, le corps du roux est allongé sur cette large table de bois recouverte d'un épais bloc de verre. Inutile de rappeler les avantages d'une telle matière lorsque l'on travail avec du sang et des organes qui tendent à s'imprimer dans les veines du bois. D'un geste précis, elle s'empare de l'éponge imbibée d'huiles et de produits soporifique, l'imbibe d'eau chaude pour en éveiller les effets et la lance au gamin.Garde une main sur sa plaie et appuie et plaque ça sur son nez rapidement pour qu'il puisse s'endormir et ne plus souffrir inutilement Puis, alors qu'elle s'empresse d'attacher sa tignasse en chignon et qu'elle nettoie ses mains, phalanges et avants bras d'une solution désinfectantes à bases de diverses huiles essentielles et plantes naturellement nettoyantes et moussantes, elle s'adresse enfin au Roux. Respire lentement mais franchement, cela va te soulager. Ne t'en fait pas, même si tu es roux, je n'ai pas pour habitude de perdre mes patients... Assurément, avoir un médecin à la gueule encore tâchée de carmin, qui semble vouer une haine capillaire et qui, de surplus se fait appeler le Barbier Fou, ce n'est pas le genre de chose qui met en confiance. Mais qu'importe, en dehors de cette réputation froide et fêlée, le Barbier s'était toujours donné les moyens de réussir et de dissimuler ses erreurs ou pertes, pour s'assurer un résultat, sans faute.

Ainsi donc, sans d'autre choix, elle laisse le gamin se faire assistant alors qu'elle revêt son tablier et débarbouille son visage avec un linge propre. Il était temps de se remonter les manches et d'enfoncer la pulpe de ses doigts dans cette vie carmine, douce et chaude. Couteau en main, elle découpe sèchement la chemise du patient pour mettre à nu ce torse et cette plaie. Un coup aux côtes n'engageait rien de bon, car sous cet amas d'os, sous cette couche protectrice se nichait ses deux pompes à air qui pouvait, si elles étaient percées, se gorger de sang et causer finalement la perte du patient. Les sourcils se froncent donc et la plaie est observée durant quelques secondes. Inspiration, expiration. Elle zieute avec minutie ce sang qui s'échappe afin de déceler la moindre petite bulle d'air qui, finalement, contraindrait le patient à crever dans les heures à venir. Un de plus à enterrer en somme. Pourtant et fort heureusement, aucune bulle n'est aperçue, la fine couche qui protège le poumon n'avait donc pas été perforée et le poumon, intacte, semblait réaliser son office à merveille. Tant mieux. Merci gamin, tu peux me laisser..Je m'occupe du reste. S'il ne t'a pas payé pour le service, tu verras ça à son réveil..Je n'avance aucun frais.

Désormais, les lippes de Vivia ne s'ouvrent que pour discuter avec le Barbier qui occupe ses tempes. Discussion professionnelle bien que déroutante, où les connaissances de la Sicilienne se mêlent à celle d'une entité troublée. Ce Roux n'est plus un homme, un patient, mais un amas de chair, une machine, un mécanisme, une bloc de viande qui ne répond qu'à une certaine logique physique et scientifique. Ainsi donc, il lui faut avant tout vérifier si un organe a été touché, le suturer et finalement refermer le capot sans laisser de cicatrice disgracieuse. Chance de cocul ou du Malin, il n'en reste pas moins que le coup n'a rien touché de conséquent. Pourtant, le travail est long car précis et minutieux et il lui faudra d'ailleurs imbiber de nouveau cette éponge pour s'assurer que le Roux ne s'éveille pas en cours de soins. Doucement donc, les phalanges se font efficaces et les sutures rapprochées et méticuleuses. Au bout de deux heures, le travail est achevé, les sutures réalisées et un pansement apposé sur cette plaie.

La machine s'humanise enfin et elle peut désormais apporter un intérêt autre, à ce dernier. Le corps est recouvert d'une étoffe épaisse pour le réchauffer, le visage nettoyé et rafraîchit à l'aide de tissus plongés dans une eau fraîche et enfin, la Sicilienne souffle un bon coup. Les mains se plaquent contre ses reins, l'échine se tord vers l'arrière comme pour chercher à soulager ce mal qui lui étreint le bas du dos avant d'être lavées et enfin, la pipe est saisie, fourrée, allumée et savourée...


- Il a eu du cul celui-là...
- Oh, avec les roux rien de surprenant, ils sont protégés par le Malin parait-il.
- Dis-moi, Eng' ne t'avait pas dit qu'il s'était fait violer par deux roux ?
- Ouep.
- Et si c'est l'un d'eux..Car disons le franchement, les roux ça ne court pas la Cour.
- Mont gère ses rencontres..Moi, mes patients.

Bouffée après bouffée, les muscles encore tendus de la Sicilienne s'apaisent, la douleur de son échine s'amoindrit et la voix, entêtante du Barbier s'efface pour soulager ses tempes quelques temps. Le tablier est retiré et alors qu'il comate encore un peu, elle s'octroie une pause en rafraîchissant à son tour, ses traits et sa peau. A défaut d'un bain, elle allait faire sa toilette avec des linges et des huiles essentielles pour s'assurer de pouvoir agir rapidement si jamais il venait à s'éveiller...Derrière le paravent, la tête dépasse donc pour le surveiller, tandis que le corps nu est nettoyé avec soin. Au cas où, la robe est à portée de mains..Sait-on jamais, il ne faudrait pas non plus se précipiter cul-nu pour son réveil...
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Judicael.


    Serre les dents.


    Serre.


La femme qui s'approche d'eux ne lui dit rien. Il faut dire que plus rien ne lui dit rien, avec presque demi litre de sang en moins. Chaque pas le menace de tomber dans les limbes, la tête tourne et la respiration est sifflante. Il sent que c'est sérieux. Il se sent, car il est là. Les blessures habituellement ne l'amenaient jamais autre part que dans sa propre piaule, à bander le tout avec un cataplasme d'Owen, une bouteille de gnole et le jour qui se lève le lendemain... La fièvre, les plaies brûlantes. Les sangsues, quand il y en avait. Le feu qui cautérise et fait hurler. L'alcool. L'alcool. L'alcool.

Alors il serre les dents le roux. Le regard imperméable du barbier de la Cour des Miracle est le même que celui qu'il sert aux clients du comptoir des Usuriers. Froid et chirurgical, laissant de coté ses considérations pour n'empocher que le blé. Où qu'il pousse, le blé reste du blé. Au pire, il augmente les tarifs. Au pire, elle le recoudra comme un cochon. C'est le risque du délit de sale gueule. C'est le risque d'être roux, à cette triste époque. La plupart de ses rixes partaient de là. Un regard de travers, une allusion au crin rouille. Tout s'enflammait. Peut-être que celle-ci était partie de là. Il ne sait plus. Il serre les dents le roux.


Il ne s'étend pas sur la table, il s'effondre. Il ne remarque même pas la sensation froide de l'obsidienne. Matière si rare, et qui revient, tant et si bien qu'il n'en a sans doute jamais vu à la Cour. Pas de beaux vitraux comme de l'autre coté de Paris. Barbiers et charlatans gagnent bien leur vie sans doute. Celle là sera déçue se savoir qu'il n'a plus un rond sur lui, dernier denier cédé au gamin pour le traîner jusqu'ici. Elle lui dit de respirer, alors il respire. Et ça lui vrille sévèrement la turbine. Les huiles et autres inhalations soporifiques ne l'endorment pas. Elles l'assomment. Le laissent groguy. L'engourdissent. L'étourdissent. Bien moins enveloppant qu'un bon Opium. Bien moins dépaysant aussi. Il ne rechignerait pas à serrer de nouveau les hanches de la Renarde, pour s'alanguir de la défonce, et oublier les vieilles douleurs. Il ne rechignerait pas à faire abstraction des doigts qui le fouillent, qui l'éventrent, qui le font suffoquer. La douleur est là, sous-jacente. Elle le transperce et l'empêche à la fois de se mouvoir. Ou bien ce sont les effets du linge imbibé. Peut-être que celle-là sait ce qu'elle fait.

Les sutures sont peut-être les plus difficiles à supporter. Ne pas avoir la force, abruti de drogues, de s'en défaire, ou de pousser un grand cri bref et délivrant. La nausée guette. Tapie au fond de l'estomac. De douleur? De l'humeur lourde qui l'étrangle? Du capiteux écœurant de l'imbibé, sinon. La plaie est assez longue. Il ne s'est pas raté. Dire qu'il n'a rien senti sur le coup. Dire qu'il s'est fait saigner comme un goret, et à continué de frapper. Chanceler. S'éloigner. Se perdre. Et réaliser. Alors il serre les dents le roux. Mais sa mâchoire est aussi molle que le con d'une mère de famille nombreuse. Et ses dents sont en carton. Ses paupières ne veulent pas lever le rideau. Alors il serre les dents, enfin, il pense. Et passe le temps. La douleur s'enfuit. Le temps aussi. Momentanément.

L'oeil vert fait le focus, sous le mince interstice de ses cils roux. Les bruits de mouvement viennent distiller leur légère ébullition, là dans le tendu du tympan. Il voit tout. Ne dit plus rien. Il la voit. Il l'imagine aussi un peu. Là. C'est bien. C'est la preuve qu'il reprend pied, le roux. Et que s'opèrent les reconnexions. Il a un mal de chien. Pour le chien qu'il est, ce n'est pas si cher payé, il n'a pas crevé. Pas encore. L'en gardera sans doute une balafre de plus. Une de plus qui lui filera la fièvre. La fièvre qui souligne la vie. Il y a pourtant bien quelque chose, encore plus palpable. Plus palpable que les sensations qui reviennent. Plus que l'imagination du corps nu de la blonde, derrière son paravent.

    La fierté.


Sale compagne. Elle l'exhorte à se redresser, main au flanc, grognement sourd d'avoir la trogne qui tourne encore un peu, et la nausée qui n'a pas encore foutu le camps. Elle exige qu'il se relève, qu'il pose patte à terre, bien que mal assurée. Cocu ou malin, qui sait. La mauvaise herbe a forcément fait un pacte avec les entrailles de la terre pour refuser d'y rester. L'étoffe dont elle l'a couvert glisse au sol. Le mouvement, heureux hasard, entraîne celui de la robe.

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Vivia
Ne pas l'accueillir cul-nu qu'elle disait, enfin, qu'elle souhaitait du moins. Mais cela c'était sans compter sur la maladresse et l'esprit pervers du Roux, qui têtu, et bien que blessé, semble être habité d'une hargne remarquable. Ainsi, alors qu'elle finit par achever sa toilette, détourne le regard quelques secondes le temps de reposer l'ensemble des linges contre le meuble d'appoint, elle entend ce bruit sourd, ce pas qui marque le parquet et enfin, ce murmure étouffé et risible d'une robe qui chute au sol. Aussitôt, les sourcils se froncent, les sens aiguisés par cette chute et ce qui pouvait en être la cause pour finalement marquer une pause devant lui. Ce roux.

Qu'est-ce que ?! Pourquoi diable les patients, de sexe masculin, peinaient-ils à rester allonger sur cette table de verre. Tarentio avant lui avait eu le même instinct, le même réflexe idiot à son sens et voilà que le roux s'y mettait également. Dubitative et visiblement agacée, elle observe ce corps à l'échine droite et à la balafre fraîche. Pense-t-elle à sa nudité, à cette esquisse qu'elle lui offre ? Pas le moins du monde. Cela fait des lustres que la Corleone a perdu sa pudeur, sûrement depuis que les geôliers la besognaient sous le regard avide d'un Tanneguy, tout aussi captif et fêlé.

Lasse, un soupire s'échappe de ses lippes alors que le regard se mue en réprimande. La prochaine fois, elle veillera a attacher le patient, surtout si cela peut lui éviter d'abîmer son œuvre. Reste allongé veux-tu. Ta plaie est fraîche et tu risques de faire céder les sutures.. Légère pause. Infime analyse. Les yeux se lèvent vers le ciel en une plainte alors que cet instinct de médecin reprend le dessus. Attends..

Lentement, le corps du médecin s'avance pour frôler le sien. Une main s'entoure contre son échine virile tandis que l'autre vient s’apposer sur le pansement, comme pour soutenir son travail et en assurer la longévité. Fais doucement, veux-tu et repose ta carcasse sur cette table. Tu bougeras quand tu auras récupéré d'avantage..Tu n'as rien à craindre ici-lieu. Ceux qui t'ont fait ça, ne s'aventureront pas dans mon cabinet pour finir leur œuvre. C'est une règle à la Cour que beaucoup respectent..

Doucement, elle l'aide donc, faisant fi de sa propre condition, de cette enveloppe charnelle qui se dresse et se presse contre la sienne dans le seul but de le contraindre à épouser de nouveau la froideur de cette table. Content de toi...Je voulais éviter de t'accueillir les miches à l'air, comme quoi..Les roux, portent vraiment la poisse Moqueuse, agacée, elle se penche pour récupérer la lourde étoffe pour la reposer sur le corps du Roux avant de finalement, sans détourner.

Toutefois, c'est là que le pas blesse, que le derrière se fait moins attrayant que le devant, que le passé s'affiche plus aisément sur l'échine et que la fierté se fait plus friable. Assumer cette esquisse, ces coups de fusain nombreux et nerveux qui barrent son échine comme si l'artiste avait été pris d'un mal ou d'un tremblement n'avait pas été une tâche aisée. Pourtant, cette chrysalide fait partie d'elle, de son vécu et de sa décadence. Ainsi, les pas se font donc précis, faisant grincer le parquet jusqu'à ce qu'elle puisse retrouver cette robe et l'enfiler, mettant un terme à cette intrusion visuelle sur son passé.

Une fois à son aise, la tignasse détachée et le corps du Roux enfin reposé, elle poursuit son office.
Quel est ton nom et ton âge..As-tu des difficultés particulières ? Ou tout allait bien avant de te faire planter comme une putain des bas-fonds ?

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Judicael.


De prime abord, la réponse est celle du clébard qui montre les crocs. La gueule est muselée pourtant d'une protestation plaintive tandis que le corps se fait mater d'autorité.

mhmf...

    Serre les dents. Elle n'est pas ton ennemie. Elle t'a soigné. Et puis tu la voulais non, l’assistance du barbier des Miracles...


ça tire. Sont-ce l'orgueil? La fierté? Les sutures. Il la dévisage, comme un fou qui ne veut pas crever. Et qui pense encore pouvoir se défendre de la main tendue pour l'aider. La gorge a cessé de gronder, la prunelle verte elle n'est animée de défiance. Les femmes il les aime, mais seulement lorsqu'il peut les dominer. Les protéger. S'en faire berger. Ainsi ni loup ni chien alerte, il retrouve la table au froid détestable où senestre découvre fébrilement qu'Elle l'a épinglé. Dentellière, une vocation honorable et nécessaire dans l'antre des détricotteurs.

Les sourcils froncés couvent le regard qui se coule aux courbes féminines. Pudeur n'est guère la compagne des gens d'ici. Ils naissent nus, vivent nu pieds, et meurent nus un beau jour d'épidémie ou de rixe. Pour autant, la nudité d'une femme n'est jamais une fatalité... S'il n'avait pas été en si détestable posture sans doute qu'il aurait pu manifester l'idée de façon plus physique. Les femmes, on a beau les connaitre comme une vieille chanson, il en vient toujours une qui sait vous la faire chanter.

Il détourne son attention du dos meurtri pour ruminer sa nausée qui revient, mêlée à la douleur lancinante, comme la nauséabonde balance d'un bateau.


- Celui qui m'a fait ça ne le sait peut-être même pas, tout comme je ne l'ai pas su, sur le coup.

Un claquement de langue, ou un sifflement peut-être, frémit les lèvres minces du roux à l'oreille coupée. Amer ou mal décompensé il secoue légèrement le menton en détaillant enfin l'environnement dans lequel il a été ramené.


- ... Personne ne viendra me chercher.

Personne ne sait qu'il est là. Et le gamin est parti. Avec sa bourse. Sa remarque sur les roux le laisse de marbre. En d'autres circonstances il l'aurait peut-être agrippée. Il se serait peut-être agacé. Mais la panoplie d'objets à couper recoudre, écarter, cautériser enrobe bien plus son attention qu'une vulgaire remarque. Le chapelet de questions cependant le fait revenir à son vis à vis qui se rhabille.

Il se croit soudain au comptoir des usuriers... Du mauvais coté du comptoir. Peu enclin à répondre aux questions, il se sent relégué au simple statut de client payeur, lui rappelant qu'il n'a plus d'argent sur lui. " Ton nom. Complet. Ton lieu de résidence. Le nom de tes parents, de tes enfants si tu en as, le montant et l'objet de ton emprunt." demande-t-il aux gens qui viennent lui mander service. Et voilà qu'elle le compare bassement à une putain saignée...

Tout cela n'est pas accommodant. Pas accommodant du tout. Il cherche machinalement son nécessaire à fumer dans une poche qui n'existe plus. Les doigts se resserrent sur eux -même. Il murmure avec peu d'enthousiasme, cherchant en même temps d'un mouvement de main ses frusques.


- Judicael.
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Vivia
Judicael.

Voilà, la seule chose qu'elle retient de ces quelques minutes d'échange, au delà de cette réserve et de cet agacement qu'il affiche sans aucune peine. Entre ses tempes, les rouages s'activent d'avantage. Ce nom lui parle, cette couleur aussi d'ailleurs, la combinaison des deux fait foi et assure ces interrogations. Judicael, le roux qui souhaite reprendre le bordel de la Cour. Marquant alors une pause, elle s'empare mécaniquement de sa pipe qu'elle avait laissé en plan le temps de sa toilette et la rallume avec précaution avant d'en tirer une ou deux bouffées.

Judicael, n'est-ce pas toi, l'usurier qui compte reprendre le lupanar de la Cour ? Parlons peu mais bien. Il est important d'abattre sa première carte et d'avouer que les rumeurs s'échouent jusqu'à son cabinet. Après tout, lorsque les rats blessés n'ont pas d'écus, il intéressant de faire d'eux, ses yeux et ses oreilles dans les ruelles infâmes de la Cour.

J'ai déjà entendu parler de toi..De ton frère, de ces petites choses là. Mais mes rats ne traînent que dans les grandes artères de la Cour, ils ont tendance à craindre certains quartiers où visiblement, tu as tes habitudes. Mes informations te concernant sont donc limitées.

Doucement, elle s'avance jusqu'au roux et lui tend ces frusques alors qu'elle finit par fouiller son meuble bas pour y attraper quelques onguents, bandages propres et une teinture à base de bourgeons de pins aux vertus anti-inflammatoire.

Je te laisse ceci, bandages, onguents à étaler sur ta plaie pour que la cicatrisation se déroule bien et cette teinture à avaler, 3 fois par jour, 10 à 20 gouttes avec un peu d'eau. Mais vois-tu..Tant que je t'ai sous la main, j'ai un petit quelque chose à te proposer... Qu'il est vil de profiter d'un homme diminué.

Depuis quelques temps, je m'efforce de rencontrer les différents chefs de clan de la Cour mais également les représentants de commerces ou établissements importants. Alors si jamais tu finis par obtenir le Bordel, ta présence sera requise Petite pause alors qu'elle dépose le sac de toile contenant l'ensemble des soins à sa portée et qu'elle s'enfile une autre bouffée.

La Cour s'active depuis peu, un nouvel élan, un nouveau souffle lui étreint le palpitant. La Cour a soif de renouveau et pour cela, cette Mère a besoin de tout ces fils pour être une et indivisible. Mon objectif est simple, réunir tous ces piliers importants en exploitant leur intérêt personnel pour le bien de la Cour elle-même. L'idée est d'inviter ces hommes et femmes, à se réunir de manière exceptionnelle, dans un premier temps pour éclaircir ce cadastre puis pour organiser en silence un ou des coups de grandes ampleur qui nécessiteront la présence de tous ces rats, ces fils et ces raclures que nous sommes mais également pour protéger la Cour si jamais elle vient à être menacée.

Nous sommes tous nés dans ces ruelles poisseuses, y avons eu nos premiers mots voir maux, versés nos premiers sangs et épousés nos plus vils vices. La Cour revient de droit à ses fils et il est dans notre intérêt à tous de mieux s'organiser pour assurer sa prospérité. Il ne s'agit pas de créer une alliance, ou une paix entre tous les clans et commerces, au contraire, la Cour a toujours brillé par ses vices, ces coups de pute et ces meurtres..Il ne s'agit que réunion éphémères et exceptionnelles pour que tous soyons prêts à défendre notre Mère ou à nous unir pour faire trembler le Royaume entier...

La Horde Sanguinaire, l'Orphelinat, La guile des voleurs, tous avaient été convaincus par ce projet et il lui restait encore à inviter le Clan Azzuro, sa Sorcière et les Encapuchonnés...

Tu parviendras à reprendre ce Bordel, j'ai foi en ton audace Judicael. Sache que ta présence sera requise pour ces réunions, si tu acceptes de faire partie de cette vague ou au contraire...De t'isoler. Un bordel est un amas de rumeurs, de connaissances, d'hommes et de femmes prêts à délier leur langue en échange de soupirs et de foutre..Entre ça et ta qualité d'usurier..Tu es une mine d'informations importantes. Sous la remarque, le sourire se fait espiègle et intéressé alors qu'elle tapote le sac de toile avec amusement.

En tant que seule barbier/Chirurgien de la Cour, je suis prête à mettre mes connaissances au service de ton bordel et à soigner tes putains des maux courants, en échange de quelques renseignements et faveurs à l'occasion. Rien de bien folichon ou d'insurmontables. Vois-tu..Je préfère les services et les paroles à la place des écus...Et sauver ta carcasse des limbes ou d'autres maux à venir mérite bien, quelques concessions..Non ? Perfide ? Assurément. Calculatrice ? Évidement. Connasse ? Hum..No Comment.

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Judicael.
- C'est bien moi...


Et elle osait dire que personne ne viendrait le chercher ici s'il avait ennemi? Tout se savait si vite... Et elle était bien informée. Trop bien même. Il la détaille d'un oeil nouveau. Plus méfiant encore. Certes, elle ne l'avait pas saigné à blanc et vidé de sa dernière goutte, la main découvre d'ailleurs un travail plutôt propre... Mais il ne la connaissait pas. Tout partait de là.

Des soins. Voilà qui va lui coûter cher. Étrangement, le zig a les moyens de se payer commerce mais ne mange pas à sa faim qu'un jour sur deux. Il est vrai que le moindre écu engendré par ses affaires est réinjecté ailleurs. Ce n'est pas en dépensant que l'on devient riche... Et puis le demi oreille n'est pas de ces gros bourgeois qui ne quittent plus la table. Alors ses commerces et ses affaires sont privilégiés au moindre denier. Il détaille d'une main molle les fioles et l'écoute un peu quand même, masse mal en point pour ne pas se rhabiller bien vite. Chaque mouvement amorcé est un supplice. C'est bien la dernière fois qu'il se bat en taverne...

La dernière avant la prochaine. Les verts s'attardent sur le halo bienfaiteur, sa pipe a disparu dans le grabuge. Un barbier s'attarderait-il à voler ses patients? A la Cour, tout est possible. Les mots s'égrennent un à un pendant qu'il passe ses braies, chacun d'entre eux sonnent étrangement. Si elle dit vrai, si un barbier, femme de sucroit réunit toutes les têtes influentes de la Cour des Miracles, alors elle n'est pas qu'une simple Maitresse des Rats. Un hoquet moqueur s'échappe pourtant de ses lippes roides.

- Tu as foi en mon audace... C'est trop d'honneur venant d'une pure inconnue qui vient de m'recoudre la panse...

Il resserre lentement le ceinturon. Foutre saint nom! Il se sent la force d'un enfant de quatre ans. Quelles herbes de sorceresse a-t-elle bien pu lui faire respirer pour sentir encore son palpitant bien vivant tambouriner à ses tempes... Ou peut-être est-ce le flot d'informations, pas encore digérées. Pas encore triées. Cette réunion était un événement important. Il pourrait y asseoir son aurorité. Y poser ses jalons, et revendiquer tout le quartier où il rachetait, un à un, les commerces. N'avait-il pas vanté à Gysèle un empire? Si Brissel était son terrain de jeu, nul doute qu'il n'escomptait pas délaisser les Miracles et s'y tailler encore une solide réputation. Sa soif de pouvoir n'avait d'égale que son orgueil, aussi, dans un murmure teinté de faux ennui il repoussa un peu le sac. Qu'en ferait-il? Judicael ne se soignait qu'à l'alcool, aux jeux et aux femmes, et même parfois... Aux escarmouches. Les hommes sont souvent bien stupides.

- Je viendrai ... Peut-être.

Massant sa nuque raide, il inspire un peu. D'un ton sans joie, il masque allègrement à son vis à vis toute la reconnaissance qu'il doit d'être en vie.

- A qui dois-je envoyer un petit rat, pour ce que je dois?...

Il plante deux yeux rembrunis sur le visage du barbier. Et l'éclaircie d'un mince sourire en coin, comme il l'a parfois vissé sur le faciès s'attarde un peu.


- Quant aux faveurs, si tu parles bien au futur Maquereau de la Rose Pourpre, j'aurais bien quelques idées...

Déconcertant Judicael. Hé quoi, il n'est qu'un homme, après tout. Il regarde avec dépit sa chemise éventrée. Le bliaud recouvre le tout sans cérémonie, autre que l'homélie d'une brève et vive contracture, arrachant aux tripes une apnée momentanée.

- Attendons de voir.

Le bordel n'est pas encore cédé et il a passé trop de temps dans cette maison de boucher délicat. Il se décide à fausser compagnie à la virtuose du jour.
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Vivia
Tarentio. ✔
Montparnasse : ✔
Tanneguy : ✔
Kelel : En Attente.
Judicael : En Attente.

Décidément, la liste est longue et les esprits difficiles à corrompre pour certains. Pourtant, le Barbier le sait, le futur maquereau de la Cour a tout intérêt à participer à cette Entente éphémère et il serait dans son intérêt à elle, de continuer à suivre ses progrès et diverses acquisitions. Si elle savait tout des maux des Rats, il était évident que s'allier avec celui qui en connaît tous les vices serait un avantage considérable.

Ho, ne t'en fait donc pas pour ce que tu me dois. Je préfère les services aux écus et j'aurai à l'occasion, un investissement à te proposer..Quelque chose qui ne servira finalement que ton intérêt et le mien et ce, tout en rendant service à nos confrères et en nous garantissant une bonne marge. Nous en discuterons dans ma salle de réunion, une fois que tu seras remis de tes maux. J'ai un bon vin à partager ainsi que quelques plantes...

Puis le sourire s'étire alors qu'il lui parle de faveurs, éveillant alors cet esprit pervers et vil qui se niche entre ses tempes. Sans tabou aucun, les lupanars étaient en soit, un lieu de perdition où elle avait tout intérêt à se perdre et se détendre.

Mm....Obtiens donc ce lupanar et il est fort probable que je m'y perdre mais encore faut-il que tu ais des hommes ou des femmes prêts à subir mon joug et mon sadisme.. Mon plaisir se prend souvent au détriment de la souffrance et de l'humiliation des autres, si tu vois où je veux en venir.

Espiègle, la pipe est rapportée à sa bouche, une bouffée y est avalée, inspirée et finalement rejetée vers le roux qui a finit de se rhabiller avec difficulté. Toutefois, soucieuse d'un travail bien fait, elle s'empare aussitôt du sac qu'elle lui glisse dans la paume de sa main. Hors de question qu'il souille son travail avec quelques soins des bas fonds et des bandages poisseux...Le service après vente fait partie du prix initial sans compter qu'il était dans son intérêt que le Roux s'en sort indemne et qu'il perdure..

Prends donc ceci Judicael. Il est hors de question que tu souilles mon travail avec des soins de merde...Chose qui est courante d'ailleurs dans ces ruelles..

Finalement, la porte lui est ouverte et le regard d'onyx lui, ne cesse de scruter sa démarche et cette initiative malheureuse et prématurée..Après tout, même si elle souhaitait le retenir, il était évident que son autorité se heurterait, non sans mal, à une fierté masculine très prononcée.

Si les sutures sautent..Que les soins sont mal faits et que la plaie devient purulente, tu reviens ici sans tarder. Directive ? Si peu...Juste très professionnelle et soucieuse...

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Judicael.
Mais il ne revint pas. Il envoya plutôt un petit rat payer sa dette, soucieux de n'en traîner aucune et de plutôt les faire contracter à ses pauvres clients. Une bourse de cuir et un pli, aussi bref qu'il était possible de l'être.


Citation:
J'en serai.

Cael.


La blonde avait eu de l'argument. Et il ne s'agissait pas de sa croupe généreuse... Les sutures avaient tenues. La plaie était propre et cela, bien plus que toutes celles qu'il avait eu jusqu'ici. Le barbier était visiblement doué. Et fort heureusement... Car il n'y en avait qu'un à la Cour.

Plus tard ils se reverraient. Auraient sans doute à se dire. En attendant la vie du roux reprit son cours agité...

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