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[RP] - Au crépuscule de l'Apocalypse.

Tigist


    « Au crépuscule de l'apocaplyspe
    Je veux que ta peau brûle contre mes lips
    Qu'on se tienne la main sous le porche
    Et bute les zombies qui approchent

    Je ferais du mieux pour être l'ersatz
    Qu'effacerait de tes yeux ces remords
    Avec toi une dernière valse
    Au milieu des arbres morts. »
    Dooz Kawa – Au crépuscule d'apocalypse.


    La serrure s'agace sous la pression de la clé, et la porte s'ouvre enfin.


    « Eik ? Eikorc ?, un juron dans sa langue alors qu'elle avance, prudente, l'arbalète en avant. Eikorc ? T'es où, putain.. »

    Penché sur un établi, toute son attention portée sur les mécanismes qu'il essaie de manier lui même après avoir tué le dernier ouvrier à l'avoir aidé à monter sa nouvelle arme, il n'entend même pas la clenche de la porte s'ouvrir. C'est uniquement lorsqu'il entend des jurons étouffés qu'il reconnaît son nom. Nom qu'il n'a pas entendu depuis ce qu'il lui paraît des siècles.
    Alors que dire de la voix. Le colosse se redresse en réprimant une grimace, le dos ankylosé... Et c'est donc légèrement voûté qu'il émerge de la cave en traînant des pieds. Histoire de se faire bien entendre, la plupart du temps ça fait déguerpir les chasseurs d'or qui réussissent à s'introduire chez lui.
    Et là, c'est le drame, elle cherchait à droite et à gauche, non sans avoir refermé la porte et c'est celle de la cave qui s'ouvre. Le carreau est parti à son insu s'enfoncer dans la porte. Tu parles d'une tueuse. Il n'a entendu que le bruit d'une arbalète qui se déclenche, suivi de très peu par celui du trait qui se fiche dans le bois. Pour une fois, Eikorc sourit, se félicitant d'être plus aussi vif que dans sa prime jeunesse, sinon c'eut été lui et non la porte qui aurait pris.


    « Putain.. »

    L'éthiopienne le dévisage, hésitante sur la conduite à tenir, sur celui qui se tient devant elle, aux antipodes de celui qu'elle a connu, mais cette face couturée, cet air de brute implacable. C'est Lui, non ? Même vieux, même .. Comme ça. Et pendant que du regard, l'homme recherche la provenance de l'attaque, l'arbalète tombe au sol, et elle rejoint l'ombre du Colosse pour s'arrimer à lui.
    Dans la pénombre il se surprend à ne pas distinguer la clarté du visage, pour mieux se rappeler de la peau sombre. Et il vient poser un bras anciennement si puissant autour de sa taille, avant de souffler à l'oreille de sa disciple à la peau sombre.


    « Qui t'a appris à tirer pour que tu rates une aussi grosse cible ?
    - C'est pas de ma faute, y avait un blaireau. »


    La première remarque qui lui vienne est si stupide qu'elle pourrait en rire. Un blaireau empaillé, sa première cible, ses premières leçons. Pour le résultat qu'on connaît. D'ordinaire, elle ne loupe pas sa cible, mais là, c'est la stupeur.
    Il n'est pas mort, Colosse. Il n'est pourtant pas aussi colossal qu'il l'a été. Eikorc, qu'as-tu fait ? Rien, vieillir, laisser le temps agir encore un peu
    ..

    « Pourquoi on dirait un mausolée ici ? T'as décidé de crever seul ?
    - T'as vieilli. »


    Si si, il a osé.
    Autant par contradiction avec ce qu'elle dit que parce qu'il vient de laisse traîner une main dans le creux de ses reins et qu'elle ne lui paraît plus aussi fine qu'avant.... Que quand ? Tellement longtemps qu'il ne l'a pas vu... Il est même surpris qu'elle soit venu le chercher. Comme à l'époque où il avait choppé la mort pour la première fois. Et à cette pique, elle réplique placide, le défiant de la contredire.


    « J'ai mûri. »

    Et pour cause, comme une pomme grandie au soleil du Limousin, l'éthiopienne a mûri, s'est arrondie par trois fois, a perdu un de ses fruits. Et tout ça, le Colosse ne l'a pas vu, caché dans sa tanière.

    « J'aurais dû crever depuis des années, apparemment j'ai gaspillé tous mes bons de sorties à toujours vouloir revenir... Alors j'attends. Et je prépare des armes pour ceux qui pourront s'en servir. »


    Et pour preuve, il lève son autre main, plus abîmée, pour effleurer le menton de ses doigts presque squelettiques et insensibles.

    « Il y en a une ou deux qui pourraient servir à un petit singe comme toi. 
    - Alors c'est ça ? T'attends ? Juste tu attendais de crever. Pendant tout ce temps ?
    , elle n'est pas vraiment interrogative. Il y a de la déception dans l'ambre. Tout ce temps à rester terré pour quoi ? Attendre la Mort. Et moi ? »

    Moi, j'étais seule. J'avais peur, et tu avais promis.

    « Toi ? Toi tu n'as pas eu besoin de moi. Regarde ce que tu es. C'était mieux ainsi. Cachée sous mon bras t'aurais pas mûri. »

    Un sourire, amusé.
    Non, cachée sous son bras il aurait juste abusé d'elle, se serait servi de sa petite taille pour inventer de nouvelles techniques de guerre... Mais elle ne serait pas devenue elle.


    « J'attends pas la mort. Je sais qu'elle ne viendra plus. Je regarde le temps qui passe, j'expérimente. Je ne peux plus me battre, j'ai du mal à écrire. Mais je sais encore compter. Et j'ai assez d'argent pour employer des gens et créer mes armes. Pas assez longtemps pour qu'ils la voient entière par contre..., L'étincelle brille légèrement d'un éclat métallique au gré d'une torche allumée dans une autre pièce. Que fais-tu là ? »

    Elle pourrait s'arracher à l'étreinte. Elle le sait, pour la simple et bonne raison qu'il lui a appris à chasser et repérer les faiblesses des autres. Mais alors qu'elle voudrait lui hurler dessus tout ce qu'elle n'a pu lui dire toutes ces années, il n'y a rien qui vient.
    Rien si ce n'est.


    « Je n'avais nulle part où aller. Je vais mourir. Je cherche juste la manière la plus appropriée pour en tuer encore plus. »

    Tu vois Eikorc, derrière la Raison et la Patience que la maternité et l'âge ont apporté à l'éthiopienne, il y a toujours ce petit feu qui brûle tapi dans l'ombre.
    Un sourire plus franc vient déchirer son visage parsemé de coutures. Il se plie un peu plus pour rapprocher son visage du sien.


    « Ce manoir a résisté à plus d'un assaut. Et tu ne m'as pas oublié, j'ai toujours su tuer avec classe. Tu espérais que je t'arme ou me trouver mort pour te servir toi même ? »

    La voix se fait plus tendue, l'idée de tuer encore plus de gens lui donne envie... Lui qui n'a jamais réussi à se rassasier, même s'il s'est contenu de faire des meurtres de masse depuis des années. Et la lueur qui brille au fond de ses yeux doit sans doute plus lui rappeler El Diablo que sa carcasse beaucoup trop sèche.

    « Tu n'es pas mort. »


    Pas encore du moins. Mais là, Eikorc de Nerra n'est pas mort dans ce regard qui s'illumine de l'envie de tuer.
    C'est cela qui les a rapprochés. La Folie et le sang. Lui qui était fou à tuer, elle qui était folle à survivre. Et le Nerra avait perçu la folie et la peur, avait canalisé l'une et l'autre pour en faire une créature surprenante aussi implacable que le maître, mais plus imprévisible encore.
    La main est attrapée dans la sienne, et elle l'entraîne ou plutôt se l'imagine vers le salon où il y a ce grand fauteuil.


    « Viens, je dois te raconter. »

    L'ancien molosse s'est laissé guider plus que traîner. Oui les années lui ont ôté des dizaines de livres, mais pas assez pour se faire remuer comme un enfant par une femme qui fait la moitié de sa taille. Pourtant il sent dans la petite menotte une poigne qu'il n'avait pas senti avant. Elle est plus forte. Pas encore assez pour rivaliser avec lui, même dans cet état... Mais il sait qu'avec sa vitesse et son agilité, elle pourrait tuer n'importe qui. Il l'avait guidé pour ça. Même si elle est mieux réussi que tout ce qu'il avait imaginé...
    Mais sans un mot, sans rechigner, il se laisse tomber dans un fauteuil au cuir poussiéreux pendant qu'elle attise les flammes. L'éthiopienne le considère un temps avant d'aller s'asseoir sur l'accoudoir, pieds battant vaguement la mesure sur les cuisses plus si épaisses et solides. Le foyer reprend vie et elle peut voir son visage fatigué, ses balafres plus marquées, tandis que lui observe ses lèvres avec attention. Pour traduire en lisant ce qu'il n'entend pas.
    Avec toutes les explosions qu'il a créé, l'ouïe aussi en a pris un coup, et il ne veut rien rater de son histoire. Même si une partie de lui se moque des détails, il veut savoir POURQUOI cette envie de tuer, qui vient fait brûler ses entrailles comme à l'époque où il se jetait dans la bataille après une bonne nuit de luxure.

    Elle raconte. Tout. Les grossesses, l'angoisse, la perte de sa fille, le sang, la nouvelle grossesse, de nouveau l'angoisse, et l'Armagnac, Martin et la possibilité d'une rédemption, la haine des Piques, la fureur des Corleone, le retour du Père dans sa vie, son frère assassiné, et les retrouvailles avec Gabriele, Martin en filigrane.
    Devant ce feu, durant de longues minutes, Tigist raconte. Pas de la voix de conteuse qu'elle prenait pour Gabriele ou leurs enfants. Non, la voix est monocorde. Cette histoire ne la concerne déjà plus. Ses enfants sont loin, Gabriele est loin, Martin est loin.
    Tigist est vide de vie, pleine de mort. 


    « Alors, je vais mourir. Et j'ai besoin que tu me rendes un service. 
    - Lequel ? »


    Ce n'est pas qu'il se fout qu'elle meurt. Mais les services ont toujours coûté cher, et il sait que ses bras ne pourront plus lever sa hache bien longtemps dans un combat.

    Dame en F3


    [Post écrit à 4 mains avec le merveilleux JD Eikorc, aka Corky mon mari.]

_________________
Tigist

    « Epouse-moi. »

    C'est aussi simple que cela. Et la main reprend cette foutue habitude d'entortiller le col de la chemise du Colosse, comme un doudou.
    Tu pourrais sourire Tigist, tout de même.


    « Mon père a appris que je m'étais mariée. Il veut la peau de celui qui sera mon époux, parce qu'alors, il réussira à prouver qu'il peut m'atteindre. Epouse-moi, Eikorc. C'est aussi simple que cela. Mais pas que. J'ai besoin d'argent. »

    Et tout cela dit sur le ton le plus calme. Tigist ne s'embarrasse pas de tergiversations, car alors elle perdrait le Colosse qui préfère quand les choses sont simples et elles le sont. Son plan est des plus simples.
    En réponse, les sourcils se haussent en premier, puis Eikorc laisse échapper un petit rire.


    « Sérieusement ? Tu fais ça pour qu'il me tue, ou pour utiliser mon argent à d'autres fins ? »

    Ce sont les épaules qui se haussent et le nez vient se frotter dans la gorge du Colosse.

    « Un peu des deux. Tu m'as trop bien appris. »

    Le colosse esquisse un sourire et vient refermer son bras autour d'elle, la pressant contre son torse anciennement musculeux.


    « Au moins ma mort servira à quelque chose. »


    Elle descend enfin de l'accoudoir pour se lover sur les genoux de l'Ibère, fixant le plafond du seul endroit où elle avait pu trouver une place.


    « Tu crois que cela fait mal de mourir ? Je parie que t'as pas de témoin.. Tu me diras, moi non plus. 

    C'est con quand même Tigist, de se marier à la seule personne qui aurait pu te servir de témoin dans une autre vie.
    Nouveau haussement d'épaules alors qu'elle s'installe contre lui d'une meilleure façon.


    « Peu importe... Si ça se trouve l'enfer Lunaire sera encore plus douloureux que la mort elle-même.  Il baisse les yeux vers elle qui contemple le plafond, et il sourit, amusé. Tu crois que je pourrais encore intervenir ici quand il m'aura fait tuer ? 
    - Bien sûr que l'Enfer lunaire sera pire. Et nous l'avons mérité. »


    Pas qu'elle se considère égale au Colosse en terme de monstruosités perpétrées, pourtant, elle a le sang de son enfant sur les mains chaque nuit quand elle s'endort. Et quel pire crime que celui-ci ?


    « Tu veux dire comme un fantôme ? Je crois moi que tu foutras les jetons à Leviathan et les autres.
    - Tu dis ça parce que j'ai une sale gueule c'est ça ? Quoique... Ptet qu'à ma mort je reprendrais toute ma force. »


    Il se marre franchement et vient passer une main dure dans la chevelure de la noiraude, laissant les tresses glisser entre ses doigts. La langue claque alors qu'elle essaie de retirer l'énorme paluche de sa tignasse. Pourtant, il y a un réconfort tangible qui s'immisce entre eux à mesure que la complicité revient.
    Babouin a retrouvé son Maître.


    « T'as jamais eu une belle gueule, tu sais ça ? Pas exactement le minet à donzelles. »

    Pas exactement comme Gabriele ou Martin, beaux chacun à leur manière, les seuls hommes de sa vie là où certaines en enchaînent dix ou vingt pour trouver le bon et en changer dans la semaine.
    Pourtant, l'adolescente de quinze ans d'alors s'était attachée au colosse de l'âge de son père. C'est un peu malsain, Electre.


    « Tu m'as jamais connu quand j'avais la peau encore lisse et que j'étais écuyer... T'aurais pas dit ça., dit-il en souriant, amusé, le colosse se rappelle quelques souvenirs... Ceux où ils étaient invité à tenir compagnie par les Penthièvres à certaines femmes nobles pour obtenir des informations, ou des écus. La trogne se secoue, qui aurait cru qu'avant le colosse diabolique, il avait été un escroc tout simple ? Qui s'en rappellerait encore ? Maintenant je suis vieux, en plus d'être moche. J'espère pour toi que tu seras jamais vieille.
    - Non, t'as toujours été vieux à mes yeux, Eik'. Toujours. »


    Ce n'est pourtant pas un reproche ou une critique. Eikorc avait été le mur inébranlable contre lequel elle avait repris haleine lors de sa fuite. Vieux mais solide, inatteignable. Mais jamais beau non. Et chaque nuit quand elle dormait à côté de lui à Limoges, quand les cauchemars la tiraient du sommeil, elle se surprenait à redessiner du bout du doigt, les cicatrices. Jamais beau mais toujours solide.. Et là ?

    « T'es juste un peu plus vieux. Tu crois que tu pourras tenir jusqu'à l'église ? »

    Merdeuse un jour ..

    « Non. Un seul mot, simple, clair. Et d'une voix forte en plus. Sauf si je peux te faire visiter le confessionnal à ma manière. Là oui, je pense que t'auras pas besoin de m'y traîner. »

    Est-ce qu'elle sait ce que ça veut dire ? Sans doute pas, mais ça l'amuse rien que d'y penser. Vaut mieux ça que d'imaginer qu'il va épouser une fois de plus une femme qui a presque la moitié de son âge. Pour mieux en mourir.


    « Je suis pas sûre de vouloir savoir combien t'as souillé la maison du Seigneur. Mais un mariage doit être consommé. C'est la règle. »


    Et toi, Tigist, t'as décidé de respecter les règles, quitte à trahir les principes établis entre vous dès le début.
    Là, c'est le sourcil qui monte beaucoup plus haut que d'habitude alors qu'il regarde ce petit bout de femme. Ce n'est plus le petit singe qu'il a trouvé et sauvé à Saintes, non. C'est bien une femme mûre qui sait bien de quoi il parle et qui n'en est même pas effrayée.
    Surpris, l'ancienne montagne de muscles penche même la tête sur le côté. Faisant briller encore plus les mèches argentés de sa chevelure.


    «Si c'est la règle. Tu sais, tu as déjà entendu, que j'en abuserai. Peut-être que tu devrais revoir ta proposition. »

    Au cas où, il le dit. Même si dans sa propre cervelle déglinguée son propre plan se forme. La main se pose sur la joue abîmée du Colosse et Tigist se redresse pour poser son front contre le sien.

    « Je t'ai fait confiance dès le premier jour. Et tu ne m'as jamais blessé. Tu ne le feras pas, je le sais. Mais non, elle ne sait pas l'Ethiopienne ce qu'il peut y avoir de tordu dans l'esprit d'un homme qui a eu le temps de cogiter avec lui-même et lui seul pendant des années. N'est-ce pas ? »

    D'un regard plus brûlant, il ancre l'azur étincelant de ses yeux aux deux ambre qui lui font face. Peau contre peau, il peut sentir son souffle balayer sa chair parcheminée, et à nouveau un sourire en coin, étirant encore plus ses balafres.


    « Qui sait ? Je suis encore capable de tuer... C'est possible que ça arrive, dans le feu de l'action... 
    - Je prends le risque. »


    Comme si elle avait vraiment le choix. Comme si elle ne l'avait pas déjà pris ce jour là à Saintes en le suivant dans les rues.

    « Plutôt Toi qu'eux. Déjà, elle se lève et tend la main. Fais-moi un beau linceul de mariée. »

    La main est saisie alors qu'il s'arrache lentement à son fauteuil, posant sa main libre sur l'accoudoir pour se lever. Il se déploie, se redressant de toute sa hauteur cette fois.

    « C'est moi le futur mort, on fera en sorte que tu survives. T'as encore quelques années devant toi... »
    - Trop urbain. T'es finalement pas le pire mari que je puisse trouver.»


    Et pour la première fois depuis son arrivée, l'éthiopienne sourit et rit même. Ce rire, Eikorc, le même que devant la taverne à Saintes, quand acculée, Tigist avait remis sa vie entre les mains d'un assassin notoire.
    Bis repetita.

_________________
Tigist


    Eglise de Saumur, l'éthiopienne entre la première et considère les vitraux l'air las avant de se tourner vers son acolyte.

    « Mhhhh.
    - On y est.
    - Une dernière connerie pour la route.
    - Jusqu'à ce que la mort nous sépare. Ce qui ne devrait pas durer longtemps, approximativement une semaine ou deux. »


    Elle joue les philosophes du lundi matin, alors qu'Eikorc adosse son immense carcasse squelettique contre un mur.


    « Dire que ce confessionnal en a vu des vertes et des pas mûres...
    - Dire que j'ai chanté la gloire de Dieu, enfant,
    disant cela,Tigist se passe une main sur le visage. Tu crois qu'Il sait qu'on se fout de Lui ?
    - Je crois qu'il en a rien à branler. »


    Tigist rejoint le colosse vieillissant et tend les deux mains devant elle, chacune contenant un anneau.

    « Tu crois vraiment qu'il regarde tous les mariages qui se font ici et qu'il pense qu'ils sont tous d'amour ?
    - Je pense qu'Il a arrêté de s'affliger des erreurs des hommes. Sinon, Il se serait déjà suicidé,
    la tête se penche sur le côté. Et puis, moi, je t'aime alors cela compte un peu comme un mariage d'amour.
    - Qui nous dit qu'il ne l'a pas fait ? »


    Eikorc hausse un sourcil, étirant autant les balafres que sa chair ridée.

    « Toi, t'aimes un cadavre ambulant comme moi ?
    - Moi, je t'ai aimé à l'instant où je t'ai vu. Parce que tu étais ce que je ne serai jamais. »


    Eikorc se marre doucement et regarde les anneaux alors qu'elle sourit en coin, moqueuse.

    « Eikorc de Nerra veux-tu prendre pour épouse la plus détestée de toutes les noires de ce Royaume ? 
    - Non. Mais je veux bien baiser la mariée. »


    Le colosse sourit en coin de sa propre connerie et attrape le plus grand des anneaux. La réponse ne se fait pas attendre et le poing de l'éthiopienne atterrit dans le bras, sans se préoccuper qu'il soit vieux et perclus d'arthrose.
    Mais voilà, Nerra ne se laisse pas faire et riposte d'un coup de l'index sur le museau à la manière d'avant.
    La langue claque de nouveau et le babouin siffle entre ses dents. A croire qu'il emportera cette foutue manie dans la tombe.


    « Tention. Je te prends tout court, mais c'est toi qui devient ma femme. »


    L'espagnol se marre en disant cela et Tigist ricane en lui prenant l'anneau des doigts pour le placer elle-même.

    « Je te conseille de crever vite.
    - Si. Tu vas me voir claquer d'une manière dégueulasse.
    - Il faut bien qu'on en passe tous par là. »


    Mais elle ne sait pas l'éthiopienne, elle n'a pas vu de vieillard, ne sait pas comme ils doivent mourir. Elle vient d'une contrée où le meurtre est légitimé par une cause, elle a suivi à tort ou à raison des hommes qui tuaient par nécessité ou par plaisir. Que sait-elle de la mort naturelle, si ce n'est celle qui fauche les enfants à la naissance.
    Rien. Tigist ne sait rien de la Mort, c'est pour cette raison qu'elle ne la craint pas.
    Eikorc tente de se redresser de toute sa hauteur une dernière fois, quand même. Histoire de glisser l'anneau à son doigt, à elle. Il sait, lui. Et il sait qu'elle ne sait pas que le pire reste à venir.


    « Non. Y a vingt ans j'aurais pu crever d'une plus belle manière en faisant sauter Paris. »

    Tigist le regarde faire, déglutissant en voyant le résultat.

    « Tu peux toujours essayer de faire péter la prison d'Angers. Ca leur évitera d'en profiter pour me torturer à leur aise.
    - D'ailleurs tu trouveras dans la cave assez de poudre noire pour redonner goût au borgne de s'amuser un peu... S'il est encore en vie.
    - Je note ça. Il est toujours en vie. Je l'ai prévenu que je venais ici. Et Chardon aussi. Et Andrea. 
    - C'est des femmes que j'aurais pu épouser elles aussi. »


    Eikorc laisse échapper un soupir.

    « Les autres .. J'ai dit que tu étais mort.
    - Ah. Tu as bien fait. »


    L'éthiopienne regarde la main couturée et la prend dans la sienne pour l'embrasser.

    « Il vaut mieux être une légende qu'un vieillard, hein. »

    Il baisse son regard beaucoup moins étincelant qu'avant sur le visage de la noiraude.

    « Tu l'as dit. Qui pourrait croire que j'ai été l'homme le plus recherché du Royaume quand on me voit comme ça ?
    - Ta femme prend la relève. »


    Elle hausse les épaules et son époux, aussi saugrenu que cela puisse être, referme ses doigts gourds sur la petite main de la mariée et vient refermer son autre bras autour d'elle, pour la serrer contre lui. Affaibli, mais encore plus fort que bien des hommes.

    « Alors bon courage. »

    Et contre la masse du Nerra, elle enfonce son nez pour étouffer le mensonge à venir.

    « J'ai arrêté d'avoir peur quand je t'ai rencontré, tu sais.
    - Je t'ai toujours dis que ça ne servait à rien d'avoir peur. Quand on a peur on regarde trop derrière soi et pas assez devant. Et c'est ce qu'il y a devant qui nous fait avancer, derrière ça peut nous tuer, ou nous rater si on va assez vite. »


    Tigist glousse et relève la tête vers lui.


    « Tiens, embrasse-moi. »

    Eikorc esquisse un sourire, alors qu'une lueur salace s'allume dans ses yeux, comme à la vieille époque.

    « Va falloir consommer le mariage pour qu'il soit valable ? 
    - Tu sais encore faire ? »


    L'abyssinienne hausse un sourcil avant de ricaner, pure provocation. Eikorc se penche lentement, autant pour prendre son temps que parce qu'il est vieux, et vient poser ses lèvres doucement contre les siennes. Laissant son immense pogne empoigner le fessier de la noiraude et proche d'elle, un murmure

    « J'ai passé ma vie à le faire. Autant crever en le faisant une dernière fois qu'à pourrir quelque part. »

    Et parce qu'elle a oublié qu'il était vieux, qu'elle a oublié qui ils étaient, Tigist se laisse embrasser connement avant de glousser, sardonique.

    « On est dans une église, vieux pervers. 
    - Quand je te parlais du confessionnal qui en avait vu des vertes et des pas mures...,

    ose-t-il en riant.
    - T'as violé le respect dû à Dieu, vieux sale, et voilà qu'elle rit aussi, à bout de nerfs. Au point où Il en est, pauvre Dieu. Mais j'aime autant la maison. »


    Elle sourit à l'évocation de la maison du Nerra, et c'est le drame.. Eikorc lui pince la croupe, pour la peine et reprend sa bouche pour un baiser plus gourmand. En lui imposant sa langue, quelques instants avant de la libérer.
    V'là qu'elle retombe soufflée du baiser.


    « Mais .. On est dans une église.. »

    Le con hausse les épaules, tandis que l'éthiopienne secoue la tête, faisant voler les tresses et les idées chaotiques qui ont traversé l'esprit. L'ambre accroche l'alliance à son doigt, Eikorc ne s'est pas moqué d'elle en fouillant dans le trésor amassé.

    « Sortons.
    - El Diablo n'en a rien à foutre tu sais bien. Faisons comme tu préfères.
    - Tigist de Nerra. Epouse du Diable. Ca m'va pas si mal. 
    - Tu peux enfin porter ce nom légitimement. »


    Elle sourit en coin avant d'attraper le noeud des braies d'une main ferme, l'obligeant à s'arracher au mur, en secouant la trogne, amusé.

    « Dehors, mon époux. »

    Il y a cinq ans, une jeune fille effarouchée croisait la route d'Eikorc de Nerra, mercenaire et meurtrier de carrière.
    Cinq ans après, Tigist n'a plus rien d'effarouchée et est femme révolue, et ce n'est plus dans l'ombre du Nerra qu'elle rejoint la demeure saumuroise, c'est à ses côtés, l'air au moins aussi aimable que lui.

    Et Dieu n'aurait pas voulu que ces deux-là se rencontrent, pourtant le Diable en a décidé autrement.

    Fou en C4.

_________________
Eikorc..denerra


    [Saumur - Hiver 1466 ]


Les pavés défilent sous les bottes et le vieux mercenaire ne peut réprimer le sourire qui étire le coin de ses lèvres en voyant sa nouvelle femme marcher, non plus dans ses traces, mais à côté de lui. Il regrette même leur différence de taille à l'instant parce qu'il aurait bien laissé traîner une pogne sur la courbe de la croupe qui danse à ses côtés...

« T'as fini de m'allumer en roulant du cul ? Parce que si tu continues on va pas avoir le temps d'arriver au manoir... »

Coup d'oeil amusé, bien sûr qu'il peut attendre. C'est plus de son âge de soulever la donzelle pour la trousser contre un mur... Quoique... Le Nerra jette un œil aux alentours. La ville est morte depuis des années maintenant. Cimetière empli de momies, dont il fait partie lui aussi. La caboche est secouée et il se plie à peine. Juste assez pour que sa main abîmée claque sur le fessier ébène malheureusement encore recouvert de tissus.

Juste avant de se pencher encore plus bas, pour souffler de sa voix rauque :
 « T'as du bol qu'on soit arrivés, sinon tu finissais à quatre pattes dans la rue... »

Et de se redresser sans prêter d'attention à sa réaction. Tournant au coin de la rue en accélérant le pas pour franchir plusieurs mètres les séparant de son immense demeure. Piller les coffres ça a toujours été rentable, quand on sait bien le faire.

La porte securises est ouverte à la hâte en divers cliquetis inquiétant... Avant d'être bousculée d'une épaule encore musculeuse...


« Après vous, Épouse de Nerra. »



Comme si elle avait avancé plus vite à cause de ses remarques, comme si la claque sur sa croupe l'avait incité à presser le pas. Tu crois quoi Nerra ? Tigist a grandi, et elle ne se laisse pas démonter comme ça, quoique.. Pourtant, l'éthiopienne passe la porte et fait même mieux que cela, elle se dirige vers la table de bois massif qui trône dans la grande pièce pour saisir une bouteille de vin et remplir les deux coupes qu'ils ont laissé là avant de partir, avant d'aller en porter une à Eikorc. 

La sienne ? Mais elle l'emporte à l'étage et la bouteille avec en prime, la croupe ne s'arrête certainement pas de chalouper car si le Colosse la suit à l'étage, la porte de la chambre est à peine passée que Tigist s'est débarrassée de sa bouteille sur un coffre, le verre est vidé d'une traite et la pelisse qui la recouvre tombe au sol tandis qu'elle délace ses bottes pour les jeter dans un coin de la piaule. 

« Je préfère autant finir à quatre pattes sur de bons draps. Il ne fallait pas m'habituer au confort Eikorc. »

Eikorc, son mentor, son ami, son père, son amour, son époux et maintenant son amant ? La morale de Tigist est vacillante, mais les mains ne sont pas moins déterminées, car elle lui fait face devant le lit quand les lacets de la robe sont défaits lentement.

C'est un saut dans le vide, dans l'éternité que de partager cette couche là.Tu te rappelles Eikorc ? La volonté de la pucelle d'il y a cinq ans ? Celle qui voulait connaître le goût du sel et de l'amour ? Putain, on en est loin.



Le but était de la provoquer, de la titiller pour voir une énième fois ce qu'elle avait dans le ventre... Et voilà la noiraude, l'ancien petit singe, qui s'engouffre dans sa demeure pour récupérer les coupes, lui en fourrer une dans les pognes et se volatiliser dans l'escalier...

Comme un con, l'ancienne terreur des royaumes regarde son verre, puis le cul chaloupant dans les marches devant lui. Message reçu. La gamine n'en est vraiment plus une et toute la journée n'est pas un vaste canular.

Le Nerra claque la porte du talon de sa botte, sans songer à tourner la clé, plutôt concentré sur l'éthiopienne qu'il rattrape aussi vite que ses articulations le lui permettent. Juste assez vite pour pousser la porte de l'épaule alors que les bottes s'envolent dans un coin.

Le vieux mercenaire s'adosse à la chambranle, sirotant une gorgée de vin, manquant d'étouffer en l'entendant. Elle manque pas de toupet l'ancienne esclave ! Le goût du luxe, rien que ça ! Mais la remarque reste au fond de sa gorge, parce que la sauvage, la petite timide qu'il a sauvé des années plus tôt vient de délacer sa robe...

L'azur suit l'étoffe qui glisse sur les courbes, il découvre la peau ronde et noire. Et le sourcil est haussé alors qu'il remonte ancré ses yeux dans les siens.


« J't'avoue que je pensais pas que t'oserais aller au bout... Tu me surprends Tigist. Il y a des années j'ai cru que mes mains profiteraient de tout ça... Et j'en ai rien fait, parce que t'avais besoin d'une protection. Simplement. »

À mesure que les mots s'échappent, l'immense masse s'avance jusqu'à la recouvrir de son ombre. La coupe est vidée d'une traite à son tour avant de rejoindre le sol dans un tintement. Et les deux pognes viennent la saisir par les hanches, fermement.

« À partir de maintenant, rien ne sera plus pareil...  Et je compte bien baiser ma femme comme il se doit. Comme la femelle du diable le mérite. »

Le ton est un cran plus suave alors que l'éclat de ses yeux brillent d'une lueur perverse en parcourant les seins de sa future amante... Oubliée la fille perdue, la peureuse, la fuyarde... Là, devant lui, c'est une femme. Sa femme, même si ça lui laisse un goût étrange... Mais il compte l'honorer comme telle.

Alors, pendant que sa main la plus abîmée glisse sur la chair douce d'une hanche pour empoigner l'une de ses fesses... L'autre vient soupeser un sein, les doigts se refermant sur la pointe. Et le corps ploie pour que sa bouche s'impose à la sienne. Sa langue plongeant chasser sa jumelle pour donner le tempo de leur future nuit. Gourmande. Avide.

Qui a dit qu'il ne fallait pas réveiller un colosse endormi ? Ou plutôt ses appétits... À tes risques et périls
.



Elle se gardera bien de répondre à la provocation directe, car à la vérité, elle non plus ne pensait pas être capable d'aller jusqu'au bout, mais là, quand le dernier rempart de tissu est tombé, il est un peu trop tard pour  reculer, et moins encore quand ses mains sont sur elle, quand son corps est auprès du sien et que tout semble s'écouler comme si tout était normal.
Tigist, tout est normal. Il l'a dit. Tu es sa femme, la femme du Diable et tout est pour le mieux. 

Quand les lèvres s'écartent, un souffle d'air s'échappe, comme si les dernières résistances s'effondraient, comme si Eikorc n'avait pas cet air las et usé, comme si elle-même n'avait pas couru à travers les Royaumes, comme si ces cinq années n'étaient pas parties sans que ni l'un ni l'autre ne puisse les retenir. 


« Tu te rappelles Toulouse, Eikorc ? Vraiment. J'ai attendu chaque nuit que tu rentres, et chaque nuit, j'espérais que tu rentres pour moi. »

Parce que l'adolescente d'alors n'avait pas osé se l'avouer ni l'avouer tout court, mais que l'adolescente n'est plus. Parce que chaque nuit, à entendre les femmes gémir sous ses assauts, la pucelle d'alors se demandait ce que le Colosse pouvait bien faire pour que tant de plaisir en découle, et un jour, Nerra lui a montré d'un baiser, que son corps était capable de plus que ce qu'elle imaginait. Un baiser, juste un baiser. Le même que celui-ci, de ceux qui vous scient les jambes et vous collent des vibrations dans le bas ventre, ce genre de baiser qui font qu'entre les cuisses, il est évident que le désir monte. Mais alors, Tigist ne comprenait pas, comment l'aurait-elle pu.. Il aura fallu un italien et des années de mariage.

Alors au baiser imposé, l'éthiopienne répond par une morsure vive sur la lèvre du Colosse. Plus pucelle, plus jeune fille, mais femme révolue. Et si ses mains à lui se pressent sur son corps, les siennes s'attellent à dénouer les lacets de la chemise pour la faire glisser au moins jusqu'où son bras peut la mener, attendant de l'aide du Colosse qui ne tarde pas à venir, tandis que de l'autre main, elle s'appesantit sur les cicatrices qui marbrent le torse du Nerra. Les doigts ? Mais pas seulement car les lèvres les rejoignent, et la langue darde pointue sur les boursouflures de ce corps qu'elle a oublié de voir vieillir parce qu'il lui a toujours inspiré de l'affection et de l'intérêt.

Cinq ans. Cinq années sont passées mais la curiosité est toujours là. Pas le goût du sel, pas plus le goût de l'amour, ceux-là, elle les a découverts, non. Ce qui taraude l'éthiopienne depuis cinq longues années, c'est de connaître le goût du Nerra, cet homme qui a épargné sa virginité après lui avoir fait apercevoir les prémices de la sensualité.



Le souffle lâché contre ses lèvres lui arrache un frisson, autant que les mains partant à la rencontre de sa peau en repoussant le tissu... Autant que les mots qu'il ne s'attendait pas à entendre. Le petit singe qui venait se blottir dans son dos chaque jour, chaque nuit... Rêvait en secret qu'il vienne la conquérir.

Elle qu'il a libéré de ses chaînes, qu'il va maintenant libérer de sa famille... Il ne la voyait pas comme ça. Mais les aveux font mouches. Autant que les baisers. Il s'amusait du jeu entamé depuis la demande en mariage, comme une dernière danse... Mais il n'aurait pas pensé que sa protégée aurait gardé cette envie aussi longtemps.

Un soupir s'échappe alors qu'il roule des épaules pour laisser choir le vêtement. Et à contre cœur ses mains abandonnent ses caresses pour venir défaire la boucle de la ceinture, laissant la pesanteur faire son œuvre et dévoiler, enfin, à cette "jeune" femme ce qu'elle a pu imaginer, convoiter, toutes les nuits qu'il a passé avec d'autres...

Sans attendre sa réaction, le colosse vient plonger ses mains dans la longue chevelure, l'empêchant volontairement d'y jeter un coup d'oeil. La maintenant face à lui le temps d'un autre baiser. D'une morsure rendue. Avant qu'il ne souffle tout bas.


« On a bien fait d'attendre. Maintenant j'ai moins de chances de te faire mal... »

Parce que colosse il est, mais plus vieux, la puissance de ses reins sera mieux maîtrisée, comme le feu qui envahit son bas ventre et fait se gonfler le pal de chair contre le corps de son amante. Comme pour la prévenir une dernière fois.

« Ça fait longtemps, et j'ai faim... Tu me permettras de commencer.. ».

Et sans attendre de réponse, le vieux mercenaire se plie encore pour que sa bouche gourmande vienne happer un mamelon tendu vers lui. Il referme même les crocs dessus pour le mordiller légèrement... La pointe de sa langue venant le frôler. Juste pour goûter.

Après toutes ces années de débauches qui aurait pu croire que c'est la première peau d'ébène qu'El Diablo dévore... Et savoure.

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Tigist


    Loin d'être innocente, elle a senti le gonflement contre son ventre et un sourcil se hausse, un brin moqueuse, un brin impertinente, telle qu'il l'a toujours connue. 
    Tu sais Colosse, la question qui la démange, celle qui te vexera autant qu'elle t'amusera. En es-tu seulement encore capable ? Mais les mots ne seront pas dits, il y a ce sourcil dressé en guise de réaction mais il se baisse quand les mains passent dans les tresses pour obliger la tête à se tenir droite, relevée pour un autre baiser. 

    Comment se moquer encore quand le désir fait dérailler chaque pensée construite dans son esprit ? Son corps est composé d'une myriade de terminaisons nerveuses aux réactions exacerbées par les lèvres sur sa peau, et sur la peau sombre, des picots se hérissent. Touchée, coulée. 
    Il peut bien avoir cinquante ans passés le Nerra, il n'en reste pas moins qu'il est homme et qu'il sait y faire, et elle n'a connu dans sa vie que deux hommes. L'orgueil l'empêche de le dire à voix haute, car que ce soit Gabriele, Martin ou Eikorc, ils ont connu leur lot de femmes gémissantes sous eux, mais l'abyssinienne n'a pas un si grand tableau de chasse. Toutefois, Corleone avait raison, l'Orient a posé sa marque sur l'éthiopienne, et ce corps qu'Eikorc tient dans ses bras, est destiné depuis la nuit des temps à l'Amour. 
    Tigist est amour. Tigist est sensualité. Et son corps ne lui appartient déjà plus, car elle l'a cédé devant l'autel au Diable. 

    Le jeune corps se tend contre la langue qui la nargue, toujours plus près, car il lui semble qu'ainsi, elle réduira cet écart de taille entre eux. Déjà les ambres se voilent et à travers le rideau de cils, elle l'observe loin d'y trouver le vieillard de tout à l'heure. Ce que le désir nous fait voir.. Il y a ces yeux. Le temps n'a rien enlevé à l'azur du Nerra. 

    Le souffle est court, il y a de l'attente dans les mains restées sur le torse d'Eikorc, et finalement, le corps est bien peu de choses, car du sein au bas ventre, il n'y a qu'un chemin que le plaisir emprunte et égoïstement, Tigist oublie. Ses enfants restés à Limoges, Gabriele la suppliant de revenir, Martin l'attendant dans ses montagnes, la vie qui pousse dans son ventre. Trêve de souffrances, il est question d'oubli.
    La main vient s'accrocher à une épaule et elle sourit, de ce sourire plein de certitudes, tandis que l'autre main s'aventure vers l'objet de sa curiosité pour d'une caresse s'assurer de sa fermeté qui grandit. Il n'y a pas de doute, et c'est sans hésitation que la jambe remonte pour s'accrocher aux reins d'Eikorc, et que d'une impulsion, la deuxième la rejoint. 
    Et si le sein est ôté de fait de la bouche de l'amant, il n'en est pas moins écrasé contre son torse.

    « Je sais que tu ne me feras pas mal. Je le sais depuis le tout premier jour, je te l'ai dit. »

    Parce que tu vois, Eikorc, elle n'a jamais eu peur de toi, elle. 
    D'un regard insolent, elle désigne la couche et les cuisses se resserrent en étau autour du bassin.



    Le plaisir de faire plaisir, de faire grimper le désir. Il a toujours aimé ça. Alors entendre et sentir ce jeune corps réagir à son assaut, la pointe qui se tend sous sa bouche, le corps qui brûle un peu plus... Et surtout, surtout, cette main aussi curieuse qu'envieuse qui plonge entre ses jambes pour contrôler sa propre envie...

    Et dans la foulée, alors que le simple contact de ses doigts fins sur sa chair désormais palpitante le fait durcir encore plus, elle vient enrouler ses cuisses autour de ses hanches. S'écrasant étroitement contre lui en lui arrachant sa friandise...

    Un sourire plus gourmand vient étirer ses lèvres et ses deux mains viennent empoigner la croupe de son amante... Et il se penche, profitant des restes de sa puissante musculature pour les pencher vers la couche... Profitant de l'angle pour se presser plus encore contre la peau qui lui paraît douce...

    Et, puisqu'elle le réclame, lui avoue ne pas avoir peur, le colosse grille les étapes qu'il prend d'habitude pour bien préparer l'assaut... Impatient ? Peut être. Mais aussi avide de consommer une première fois...
    Donc. À l'instant où le dos de son amante d'ébène touche le tissu, les mains redresse les hanches pour la placer face à lui. Et pendant quelques secondes il la laisse apercevoir la chair tendue de l'éperon imposant qui va la pourfendre. Juste quelques instants si jamais elle changé d'avis... Et il se couche sur elle. Pour l'empaler d'une seule traite, plongeant profondément, écartelant les chairs pour faire sa place... Jusqu'à buter au plus profond de son être.

    Un frisson traverse son échine. Un
    « Putain » lui échappant avant qu'il ne fasse machine arrière sur le même tempo. Pour qu'elle sente chaque centimètre la parcourir... Quitte à quasiment ressortir, pour replonger d'un coup, plus loin encore, pour chercher à s'enfoncer jusqu'à la garde. Et les mains restent serrées sur la chair noire, pour maintenant l'attirer à lui, alors qu'il accélère... Les yeux abandonnant le spectacle de leurs ventres qui se rapprochent pour plonger sur le visage de l'esclave devenue femme du diable... Pour ne rien rater de sa réaction alors qu'il pousse une dernière fois pour souder leurs corps.



    Elle a beau s'y attendre, elle a beau l'avoir réclamé quand les deux corps basculent sous la gouverne du Colosse, elle n'en laisse pas moins échapper un couinement désorienté. Elle tombe. Elle est tombée souvent d'ailleurs, par terre, amoureuse, dans les pommes, dans les bras de Morphée, mais jamais dans ceux d'Eikorc.

    Elle tombe et l'atterrissage lui arrache un sourire avant que le regard ne se porte sur l'entrejambe de l'ibère, l'ambre s'écarquille et l'orgueil la retient alors qu'il s'insinue. Eikorc est une épée et Tigist devient fourreau ajusté, à la mesure de sa démesure. Est-ce un recul ou un sursaut ? La sensation la prend de court et les ongles viennent s'enfoncer dans le dos du Nerra pour le retenir, le repousser, tout à la fois. Et s'il la regarde, que verra-t-il hormis la stupéfaction autant que le ravissement ? 
    Un écho dans un souffle.

    « Putain.. »

    Ca fait mal, ça prend de la place, ça prend toute la place et quand la douleur reflue, c'est le plaisir qui revient lui arrachant un mouvement de bassin à son insu. La lenteur exagérée des mouvements la laisse sans voix et il lui semble alors qu'Eikorc est en train de la prendre toute entière, dans son intégralité, de l'envahir. Et s'il n'y a plus de place que pour lui, alors tout le reste disparaît. La bouche entrouverte, elle le dévisage et la tête se redresse à peine sur la couche pour embrasser ces lèvres au dessus d'elle. 
    C'est dans son dos, dans sa nuque, son corps tout entier que le plaisir se diffuse, écrasée sous lui, elle subit l'éthiopienne les vagues de plaisir qu'il fait naître.  

    Des lèvres, elle passe à l'oreille.


    « Si tu t'arrêtes, je te tue. »

    Et les dents de se refermer sur la peau du cou pour étouffer un gémissement, une plainte quand il fait mine de se retirer pour replonger. Si on lui avait dit que l'oubli serait si agréable.
    D'ailleurs, si Eikorc mène la danse, son corps le suit dans cette valse du plaisir et il peut bien accélérer tout son soûl, car collée à lui comme elle l'est, elle aurait beau jeu de ne pas calquer ses mouvements aux siens, essayant même de les devancer avant qu'il ne les ébauche. On l'a dit, elle est faite pour cela. 

    Les pieds qui étaient croisés dans le dos jusqu'à présent se détachent même pour se poser sur la couche et donner plus d'impulsion aux coups de reins qui répondent à ceux du Nerra. Et volontaire en prime. Elle a tout à y gagner et rien à y perdre, elle a déjà tant perdu. 

    C'est un tout, un grand tout. Toute la tension des semaines passées, toute la rancoeur qui l'environne, tout cela, tout disparaît écrasé par Eikorc de Nerra. Et son corps frémit sous lui. 
    Regarde Colosse, comment jouit une reine



    Il a senti sous lui le corps se tendre, se crisper quand il s'est enfin imposé... Mais elle ne semble pas réclamer de pause la petite noiraude. Au contraire même elle vient lui voler un baiser, comme un... Remerciement ? Peut être qu'elle en avait vraiment besoin autant que lui.

    Et lui, parlons en. El Diablo a l'habitude de ces prémices, mais pas que ses amantes, surtout aussi petites, ne viennent le menacer dans un souffle... Bien reçu Tigist : tu es une femme qui sait ce qu'elle veut. Et vu les mouvements qui s'amplifient, qui viennent le chercher, elle en veut encore plus.
    On sent que la danse accélère quand les ongles prennent encore plus possession de sa chair. Il la sent abandonner ses reins pour mieux donner des impulsions... Alors il vient poser des larges pognes de part et d'autre de sa tête... Soufflant tout bas...


    « Puisque c'est ce que tu veux... Je vais vraiment te prendre comme une diablesse... »

    Alors, profitant de la puissance de ses bras, il fait fi de ses doutes sur les résistances de son amante, le bassin recule et s'abat sur elle brutalement. Rythme inversé au sien qui vient la clouer au matelas à chaque fois qu'il l'empale. Son ventre claque contre le sien autant que son membre en elle... Tant pis pour l'occupant, il impose sa présence, pour mieux la sentir tressaillir sous lui.

    L'assaut ne dure que le temps de lui arracher plus qu'un soupir, juste le temps de sentir qu'elle arrache sa peau de ses ongles alors que lui serre les mâchoires pour se contenir. Parce que si pour elle il est hors de mesure.. Pour lui l'étroitesse reste une douce torture qui peut lui faire perdre de pieds alors que la sueur recouvre sa peau... Viens Reine d'Éthiopie, viens et devient la reine de l'enfer en explosant sous le diable, avant qu'il ne t'emporte et t'emplisse
    .



    En vérité, c'est un supplice. Tout la pousse à lui demander d'arrêter le traitement brutal qui lui impose, tout sauf l'orgueil et la jouissance qui monte. C'est bête comme on peut trouver son plaisir dans la douleur et le déferlement de violence, certaines fois. Assurément, elle ne pourra plus marcher après cela, mais elle n'est pas dans l'après Tigist. Elle a délaissé son échiquier et ses plans sur l'avenir, elle est là dans ce lit à recevoir la ferveur du Colosse. 
    Et s'il croit la faire plier, il se trompe lourdement. L'Ethiopie jamais ne supplie mais elle frémit. 

    Connais-toi toi-même. Et pourtant, le corps chamboulé, brusqué n'a pas été habitué à être malmené de la sorte. A peine le temps de percevoir le fourmillement qui emplit sa tête que la décharge de plaisir  l'emporte lui arrachant un cri rauque qu'elle n'essaie même pas de taire. A peine si l'abyssinienne a encore la foi de réagir aux mouvements du Colosse, car tout son corps est en train de s'éteindre et la tête lui tourne. 
    Les paupières clignent un temps, un éclair lumineux voile son champ de vision. 

    Pourtant les mains, elles, restent accrochées au dos du Nerra, comme incrustées dans la chair. Et il faudra bien plus qu'un orgasme pour que le petit singe d'Abyssinie daigne lâcher son seul maître. 
    Et quand le tumulte se calme dans son corps, dans sa tête, un rire éclate dans la chambre, à son insu, aussi surprise par la réaction de son corps que par la violence du plaisir ressentie, Tigist en retire une hilarité complète, et les tresses viennent s'écraser sur les draps tandis qu'un sourire s'étale sur sa face. Harassée mais comblée.

    Tout a commencé par un rire, tout doit finir par un rire. C'est comme cela.
     


    Les réactions des femmes face au plaisir, il pensait toutes les connaître... D'ailleurs c'est pour ça qu'à l'instant où son ancienne protégée se laisse aller à un cri, il desserre les dents pour laisser lui aussi le plaisir l'envahir. Et quand il sent le corps flancher, ne plus répondre à ses mouvements, il finit par se planter au plus profond dans un grognement... Pour la rejoindre dans la félicité.

    Ou du moins c'est ce qu'il croit. Parce que même si Tigist a les yeux qui roulent sous les paupières, réaction dont il a l'habitude, les griffes encore plantées dans son dos, elles, le font douter. Heureusement qu'elle reprend vite connaissance, pour éclater de rire...

    Les sourcils levés, il regarde la princesse se laisser aller contre les draps en riant... Ça pour le coup, c'est pas quelque chose dont il a l'habitude... Alors, après avoir laissé son corps calmer ses palpitations, il se retire d'elle lentement pour se coucher à ses côtés. Et du regard il parcourt les courbes qui lui sont entièrement dévoilées. Il profite du calme pour la dévorer des yeux. Il faut toujours une petite digestion entre deux encas, mais ça n'a jamais dérange personne de loucher sur le dessert en avance.


    «  C'est la première fois qu'on rit comme ça dans ma couche... T'es du genre surprenante aujourd'hui Tigist. Un mariage, une nuit de noce hilarante... T'as d'autres choses dans la manche ? »

    Parce que moi oui... Mais ces mots sont tus. Cette discussion viendra plus tard, quand ils seront tous deux rassasiés ou épuisés. Il ne connait pas l'endurance des noires et ne peut plus présumer de la sienne à son âge. Alors pour meubler, sa main droite vient soupeser un sein qu'il a connu beaucoup moins rond, le pouce effleurant négligemment la pointe de sa pulpe...

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Eikorc..denerra



On ne va pas se mentir, quand il se redresse pour s'échouer sur le côté, c'est un soulagement visible. Comme si un poids énorme s'ôtait d'elle-même - d'ailleurs, c'est le cas - l'abyssinienne respire de nouveau normalement, son rythme cardiaque se calme et elle sourit de nouveau à l'amant à ses côtés. Tigist amorce même un mouvement, tente de lever une jambe mais la cuisse tremble sous l'effort, lui arrachant un haussement de sourcils, alors lentement, elle se tourne sur le côté pour lui faire face avec un sourire en coin, sans pour autant ôter sa poitrine de son champ d'action, sentant la peau se dresser sous la caresse nonchalante.

« J'ai une quantité de surprises en réserve. Le temps a passé, Eikorc. »

Et elle a grandi, elle a appris. Le bon, le moins bon, voire carrément le mauvais. Elle a appris ce que les hommes attendaient, ce qu'ils aimaient, ce qu'ils craignaient, ce qui les rendaient terribles à tout point de vue. Et loin de la rendre fière, ce constat des années et de l'expérience emmagasinée lui pèse un peu. Vingt ans et déjà cette impression d'en avoir vécu cent, comment fait-il pour le supporter lui qui en a trente de plus ?
Appuyée sur l'oreiller, elle étire ses jambes, esquissant même une grimace amusée. Dieu comme son corps souffre, et entre ses cuisses, il lui semble qu'il n'est pas tout à fait parti quand bien même la semence s'écoule lentement sur les draps.

D'une main, elle vient la cueillir et la considérer à la lumière décroissante qui filtre par la fenêtre de verre épais, le soleil d'hiver est frileux et déjà, les rides sur le visage du Colosse paraissent plus importantes quand le jeu d'ombres et de lumières s'intensifie. Les doigts viennent s'écraser sans plus de considération sur les draps pour essuyer le film visqueux et enfin, l'une des jambes daigne bouger et passe par dessus les jambes musclées du colosse. Voilà comme on monte à cru, lentement sans précipitation et en ayant conscience de ses faiblesses immédiates. Les cuisses écartées, la sensation revient, étrange d'ailleurs. Il a laissé sa marque en elle, et pourtant, maintenant qu'il n'y est plus, il lui semble qu'un vide immense se trouve dans son bas-ventre.
Assise à califourchon sur lui, les mains fines se posent sur le torse, fines et calleuses, les années ont passé, on l'a dit, et Tigist a si souvent tanné le cuir, forgé le fer que les mains délicates dont elle se targuait adolescente, ont disparu pour céder la place à des mains plus fortes et plus sûres, mais pas moins douces dans leurs mouvements, car sur la peau abîmée du Nerra, elle trace des arabesques, des prières en amharique qu'elle voudrait voir exaucer.


« Je veux que l'enfant que je porte, porte ton nom si son père ne le reconnait pas. Je veux que tu me fasses tant de fois l'amour, que tu en oublieras que ce n'est pas toi qui l'y a mis. »

Même si elle doit en crever, car en vérité, s'il doit vraiment oublier, et Dieu sait que le Colosse a de la mémoire, l'éthiopienne va finir au mieux estropiée, au pire écartelée. 
Courageuse.



La Princesse essaie de se déplacer, sans y arriver. Quelques secondes à peine, il cesse sa caresse en se demandant s'il ne lui a pas brisé le dos en laissant aller son envie... Mais non, elle arrive à pivoter dans sa direction pour lui sourire. Tant mieux, son plan n'aurait pas fonctionné s'il l'avait paralysé.

Pour sûr, elle a grandi. Elle a vieilli. Mais pour lui, désormais quinquagénaire, elle paraît encore si jeune. Et alors qu'elle se plonge dans l'observation de leurs fluides mêlés, lui se rappelle comment il était à son âge. Fougueux colosse, si grand que l'armée allemande l'avait nommé Capitaine deux fois... Juste avant qu'il ne croise la route de son futur mentor...
Les sourcils froncés accentuent les rides de son front alors qu'il se rappelle aussi de la légèreté de la famille qui l'a accueilli, les soirées et les nuits où son corps musculeux a servi à occuper les esprits ou à désamorcer les situations politiques, ou encore à récolter des infos, à la force des poings ou des reins.
Mais alors qu'il se rappelle d'une ancienne soirée dans une taverne en Anjou, celle qui lui a valu l'un de ses surnoms, sa jeune amante retrouve assez de force pour rouler sur lui, pour chevaucher ses cuisses balafrées. Des deux mains il vient empoigner les hanches pour la maintenir en place, autant pour qu'elle ne glisse pas que pour garder le meilleur point de vue sur son corps...

Il sent sur sa propre chair les caresses des mains plus rêches, plus dures... Beaucoup plus que dans ses souvenirs où elle tentait de le faire décolérer en massant ses épaules... Et surtout sa nuque trop sensible. Mais il n'y a pas que les mains qui se sont durcis. L'esprit et ses envies aussi... C'est pour ça qu'il hausse les sourcils à sa demande. Pour deux choses...


« Tu l'aimes aussi peu pour lui faire porter un nom maudit et le faire passer pour le fils d'un ancien ennemi de la couronne ? »

Il y a déjà eu des essais, qui sont tous morts. À quoi bon donner son nom à des gens ? Surtout maintenant qu'il est inconnu dans ce nouveau monde.

« Je vais vous noyer tous les deux avant d'oublier qu'il est d'un autre...  Tu présumes de tes forces. »

Et des siennes... Parce qu'un corps comme le sien, aussi marqué, ne peut plus tenir aussi bien la distance que dans sa jeunesse. Certaines douleurs pouvant se réveiller au pire moment... Même si, avec une cavalière aussi légère, il sait que les passes d'armes ne cesseront pas tout de suite...

« Si tu as hâte de chevaucher à nouveau, c'est à toi de me montrer tes nouveaux talents... »

Parce que le colosse, lui, a juste appris à  Tigist à tendre et utiliser une arbalète, et il l'a vu user d'une catapulte... Pour le reste, les profs ont intérêt d'être au niveau des suivants.



En réponse à sa remarque, elle hausse les épaules et la petite tête se penche, les recouvrant tous les deux d'un rideau de tresses pour embrasser le front de cet homme qui lui aura tant appris.

« Je l'aime au contraire assez pour le guider dans la vie et lui donner une chance. Ainsi, il restera un peu de toi quand tu ne seras plus là. »

Qui irait emmerder le fils du Nerra quand bien même Eikorc n'est plus, quand bien même ce prétendu fils ne lui ressemblera pas. L'éthiopienne se redresse et hausse un sourcil à sa provocation qu'elle accueille d'une claque du plat de la main sur le torse avant de se lever de lui et de la couche. Un instant, elle attend de voir si ses jambes la soutiendront et déjà elle rejoint ses frusques au sol, desquelles elle retire un couteau de chasse, celui offert par Maleus des années auparavant. La bouteille est ramassée sur le coffre et ramenée au pied de la couche.

« Tu ne vas pas mourir dans l'immédiat, tu peux bien attendre encore une heure. Nous ne sommes pas pressés. »

Et sans attendre, elle reprend sa place à cheval sur ce corps trop grand pour elle même dans l'âge avancé. C'est un jeu d'ombre chinoise qui commence à se profiler quand le soleil commence à descendre à l'horizontal par la fenêtre, elle a rarement été aussi noire hormis dans la nuit complète, et le rayon s'arrête sur la lame étincelante pour jouer un temps avant qu'elle ne l'abatte sur la paume de sa main gauche où brille l'alliance récente. Il y a sur son visage une grimace qu'elle ne peut réprimer avant de se reprendre, du poing qu'elle serre par réflexe, des gouttes de sang tombent sur le torse de l'ibère.

« Tu pourras dire toutes les insanités que tu veux, vieux dégueulasse, elles ne me font pas peur. Mais d'abord, jure qu'il sera ton fils. »

Parce qu'ils savent tous les deux - pour le lui avoir révélé plus tôt - que Martin est jeune, trop jeune pour être père et l'assumer, trop égoïste aussi certainement. Et que cet enfant ne connaîtra jamais son vrai père - Comme Dieu lui donnera raison d'avoir songé à cela - alors ce serment a lieu d'être. 
Et l'arme à la lame rougie est tendue au Colosse avec un sourire fin, elle n'a pourtant jamais été si sérieuse et déterminée que ce jour, la pieuse Tigist qui se prête à de païens serments du sang.



«  Tu sais très bien qu'il ne le sera jamais. Mais tout ça appartient à la légende. Tu en diras ce que tu veux. »

Le colosse redresse à peine la trogne alors que le sang tombe sur son torse, appréciant le jeu d'ombres et de lignes entre leurs corps. Lui tout en lignes et en balafres , elle toute en courbe. Elle toute noire et menue qui laisse son ombre s'agrandir pour le couvrir plus qu'elle ne pourrait le faire de son corps entier.

« Moi aussi j'aurais des choses à te demander. Il y en a une partie déjà écrites par un gamin dans un des tiroirs fermés à clés en bas. »

La pogne vient s'emparer de la lame rougie, il fait glisser la lame sur une vieille cicatrice dans la paume... L'acier mord et ouvre facilement  la chair parcheminée, sur l'ancienne trace.
Avec d'autres, il se serait tendu pour la désarmer dès la vision de la lame. Mais vu l'idée qui siège au fond de son crâne, il lui rend même, poignée tendue vers elle.

«  Et si je donne mon nom à ton fils, tu devras obéir à toutes les choses écrites sur ces papiers. Tu ne dérogeras à aucune demande, même si elles te paraissent folles. Vu ? »

Et la paume sanglante d'être tendue vers le haut, le sang se mêlant déjà sur son torse. Il a déjà fait ce genre de pacte, des décennies plus tôt, lorsqu'un certain Scorpion lui faisait découvrir le monde des gitans.
Un petit sourire se glisse au coin de ses lèvres, beaucoup de noms sur ces papiers, il n'est même pas sûr qu'elle retrouve tous les destinataires, mais les promesses sorties de sa bouches ont toujours été tenues
.



Elle opine du chef, quel autre choix a-t-elle finalement ? C'est un échange de bons procédés, service pour service, promesse pour promesse et sang pour sang sur le torse épais.
Le couteau est récupéré et posé au sol à côté de la bouteille. 


« Je n'ai jamais trahi ma parole te concernant Eikorc. Je suis toujours restée ton ombre, fidèle. Ca ne changera pas maintenant. »


Car c'est bien la vérité. S'il y a une personne qui peut se targuer de n'avoir jamais été trahie ou abandonnée par l'éthiopienne, c'est bien le Colosse. A chaque courrier, à chaque évènement, à chaque situation qui nécessitait la présence de la drôle, elle était venue même enceinte, même. Et chaque fois, elle avait au mieux essayé de soulager les maux du vieux mercenaire. 
A charge de revanche, Nerra.


« J'espère que tu n'as pas écrit dessus que je devais participer à un prêche entier de Maleus, ce serait cruel de ta part plus que jamais. »


Elle ose encore l'humour l'odieuse. Elle vient saisir l'épaisse main dans les siennes et du bout de la langue, l'écarlate s'efface, comme si en faisant cela Tigist pouvait faire entrer dans la chair cette promesse passée entre eux. Babouin se couche contre son maître, écrasant de sa poitrine les sangs mêlés et des lèvres, elle embrasse le cou, parce qu'il est là, chaud, palpitant d'une vie encore présente même si tout dans le discours d'Eikorc voudrait faire croire qu'il pourrait mourir demain. 

« J'ai peur de fermer les yeux. J'ai peur de m'endormir et de te trouver mort à mon réveil. »

Parce que tu as peur pour lui, peur qu'il t'abandonne aussi, comme ton frère aîné. Peur d'être seule de nouveau, peur qu'il ne fasse plus jamais partie de ta vie, que cette grande carcasse ne soit plus à tes côtés. Peur de ne plus entendre cette voix grave se moquer d'elle ou l'encourager à se dépasser., peur de ne plus sentir son odeur caractéristique de poudre à canon et de forge.
Que serait Aphrodite sans Héphaïstos ?


« Reste encore un peu à moi.. »

Demain sera un autre jour. Demain, il faudra se présenter au procès à Angers. Demain, il faudra peut-être mourir dans une geôle angevine mais pas ce soir.
Et si les mots ne suffisent pas, c'est un souffle qui s'échappe de ses lèvres afin de venir baiser celles du Colosse avec ferveur. Parce qu'elle l'aime cette idiote, à sa manière, différemment sûrement de Gabriele ou de Martin, mais elle l'aime à n'en pas douter.

Plus bas, les mains se glissent entre les deux bassins pour caresser nonchalamment le membre du Nerra. Cavalière aguerrie, elle sait qu'il faut flatter l'animal pour qu'il se laisse monter.


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