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[rp] Au secret de l'Hotel Dieu

L_aconit
Citation:
A vous Adeline Cyrielle de Courcy,
vous que l'on appelle la Diplomate,

Le bonjour vous va.

Mon nom est Nicolas de Montfort Toxandrie, et je suis clerc. Je recherche activement à officier à Paris. J'y ai dejà un logis, mais l'occupation manquera lorsque j'y viendrai prendre un peu de repos loin de la paroisse que je dirige. Je viens par la présente vous demander si, par un heureux hasard, une place de chapelain serait vacante à l'Hotel dieu. En effet, mon statut de prêtre et de confesseur, mais également mes compétences d' enseignant en théologie pourraient vous être secourable si jamais l'Hotel dieu venait à manquer de religieux. J'ai étudié auprès de sieur Hecat ma licence primaire, au séminaire de Sens. Un jour sans doute, je pourrais officier à Paris en totalité. Peut-être que du sang neuf pour égayer les lieux et proposer la messe et le soutien aux pensionnaires serait bienvenue?

Qui sait.

Dans l'espoir d'une réponse de votre part;

Dieu vous garde.

Nicolas.



La lettre avait été envoyée dans le plus grand secret. Même l'évêque n'en avait rien su. Soucieux de ne pas être retenu, Nicolas avait réfléchi à l'opportunité de laisser son jeune vicaire et Salomon, son neveu, gérer la paroisse de Perigueux la moitié du temps et ainsi se perfectionner à l'office... Ou profiter de son absence pour affûter leurs bêtises. Il fallait bien que jeunesse se fasse. Il avait attendu, fébrile, le retour d'un courrier.

L'idée d'avoir une légitimité à Paris ouvrait des possibilités... Alphonse. Il n'en parlerait pas. Il ne lui en parlerait pas. Pas avant d'être sûr. Sûr d'être prêt à cette ouverture. S'ouvrir est un chemin de croix lorsque l'on s'est refermé comme une huitre sur ses propres écueils. Et la crainte de l'autre est toujours plus grande que la crainte de l'inconnu.

Et quelques jours plus tard...


Citation:
Mon Père,

C’est le ciel qui vous envoie !
Cela fait des années que je cherche un chapelain pour l’Hôtel-Dieu, sans jamais le trouver. J’ai fini, de guère lasse, par me décourager et abandonner toute recherche. La petite chapelle est donc complètement désertique et pourtant, Aristote sait combien nos pensionnaires auraient besoin de réconfort autre que matériel et médical.

Vraiment votre proposition ravive la petite étincelle d’espoir que je gardais pour cette institution. Mon Père, je serais donc heureuse de vous recevoir à l’Hotel-Dieu et de vous confier cette place.

Dans la Paix d’Aristote

Adeline de Courcy
Grande Rectrice de l’Hôtel-Dieu


Le pli fut refermé avec une infini précaution. Comme pour ne pas écailler l'encre des mots sous peine qu'ils disparaissent et n'aient jamais existé. . Désormais, il fallait réfléchir. Mettre de l'ordre. Et sauter. Prendre de l'élan avait été un exercice malaisé. Il fallait bien battre un peu des bras...

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Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Deedee
    Elle avait eu du mal à y croire, n’espérant plus, ne cherchant plus non plus. La chapelle de l’Hôtel Dieu n’avait plus de chapelain depuis une éternité, et depuis une éternité, seules les religieuses de l’institution et quelques patients la fréquentaient, l’inondant de prière et de supplication.

    Et puis voilà, le courrier était arrivé. Un peu comme la pluie après une période de sécheresse, une réponse à leur prière, un peu… comme un nouvel espoir.
    Elle avait d’abord, lu, et relu, et puis appeler la mère supérieur pour être sure. Des fois qu’elle n’aurait plus toute sa tête. Des fois que son imagination lui jouerait des tours. Des fois que ce soit une blague d’un mauvais plaisantin. Apres tout… tout peut arriver !
    Mais non !
    La demande était belle et bien là, sous ses yeux ! Et sans attendre la rectrice avait alors répondu, rapidement, pour être sûre, certaine même, que ce chapelain tombé du ciel ne disparaisse.

    Les jours suivant, l’Hôtel-Dieu ressembla à un vaste chantier, à l’image d’une grande armée se préparant à une revue des troupes par leur général.
    La moitié des religieuses fut réquisitionnées pour nettoyer, briquer et astiquer la chapelle. La rectrice désirant absolument que cette dernière renaisse de ses cendres. Il n’était pas question de faire fuir le nouveau chapelain en lui présentant une chapelle poussiéreuse, presqu’en ruine !

    Pendant ce temps, Adeline guettait, debout derrière la fenêtre de son bureau. Observant les aller et venu dans la rue à ses pieds, espérant, chaque fois qu’un passant s’approchait de la grande porte qu’il arriverait.
    Elle l’attendait.
    Viendra ?
    Viendra pas ?


    -Qu’Aristote nous entende…

    Ce n'était qu'un murmure, un souffle leger dans le silence de ce grand bureau, mais intérieurement... c'était un cri. Une supplication.
    Viendra ?
    Viendra pas ?



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L_aconit
Citation:
    A vous Adeline Cyrielle de Courcy,

    Merci.

    Merci de me laisser une place dans l'établissement réputé qu'est l'Hotel Dieu, et merci de m'y accueillir avec autant d'engouement. J'avoue que je ne pensais pas même obtenir réponse, et si le pli s'était perdu, gagez que je n'aurais osé écrire par deux fois. Je promet de venir m'occuper de la chapelle et de m'y investir. Pour la première année, j'escompte être auprès des convalescents de l'Hotel deux semaines le mois, pour ainsi garder l'oeil sur ma paroisse et achever de préparer mon jeune vicaire à ma suite. Mais si Dieu le veut, à terme, je m'installerai définitivement à Paris et y ferait office. Ainsi le Seigneur réunit nos âmes, et je serai parmi vous au printemps.

    Dieu vous garde.

    Faust Nicolas de Montfort Toxandrie



Et le printemps vint. Et avec lui, la promesse de Nicolas. Faite à la Grande Rectrice, faite à Paris. Faite à Alphonse.

Il avait préparé quelques bagages, une malle et quelques ouvrages pour toutes affaires. Des effets qu'il laisserait à Paris pour pouvoir les y retrouver une fois par mois et séjourner à quinzaine à l'Hotel Dieu.

Qu'allait-il y trouver, il ne le savait pas. L'endroit était réputé vaste et imposant d'espace, habité par des soeurs et des enseignants, peut-être quelques étudiants. N'importe quelle cellule aurait fait l'affaire du jeune clerc, excité et impatient malgré sa réserve de s'échapper un peu de sa province et de retrouver la douce effervescence de la Capitale.

Ville de tous les vices et ses siens, abritant le coeur sacré de celui qu'il n'avait pas mis au fait de cette place de choix nouvellement acquise... Il aurait bien le temps de trouver le meilleur moment pour cela.

Le temps d'ailleurs s'était étiré lentement jusqu'au mois de Mars. Profitant de son retour de Bretagne où il avait été appelé à assister au sacre de son père, l'Aconit fit halte à l'endroit du lieu dit: sa presque demeure secondaire pour l'année à venir. Situé de part et d'autre de la Seine, et prenant principalement place sur la rive gauche de l'île de la Cité, l'Hotel-Dieu était accessible par le fleuve, ce qui en faisait un bâtiment remarquable qui semblait flotter sur l'eau. L'entrée choisie plus simplement par le jeune homme s'offrait à lui depuis le parvis de la cathédrale Notre Dame. Ecrasé entre ces deux monuments d'architecture, il se sentit aussi fluet qu'un grain de poussière.

Sous le capuchon sombre de son garde-corps, Faust Nicolas descendit du char et tendit piécette au cocher, ne manquant pas de prendre avec lui sa malle, bien lourde, mais nécessaire à toute installation digne de ce nom. Les yeux bleus dépeignèrent le paysage, l'architecture imposante et le calme apparent des lieux que l'on devinait déjà au travers de la porte. Le porche se dressait là, béant, attendant de l'engloutir tout à fait. D'un pas mesuré, les prunelles trop absorbées à prendre note du moindre détail de l'endroit et à le cartographier mentalement, Montfort Toxandrie buta sur un pavé déchaussé et se redressa, exténué par la route. Le poumon se gonfla un peu, et la senestre marmoréenne vint cogner à l'huis.


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Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Ansoald


"Après tout, qui empoisonnât l'autre en premier? Le Diable seul le sait."L'Aconit



Et l'huis d'être cognée à nouveau, sous un autre fronton, sous de nouvelles auspices. Par trois fois, sur la cadence solennelle du deuil, apprise en écoutant les bourdons ahurissants de Notre-Dame. Ou pas, mais cela lui plaît de penser cela, à cette heure, en imprimant ce martèlement résolu contre la porte. Ainsi sonne le glas de la sérénité.

Cette porte, qui ne présente aucun trait particulier, est celle du bureau du chapelain de l'Hôtel Dieu. Une lavandière l'a renseigné ce sujet, voilà une semaine. Et un commis de cuisine, trois jours auparavant. Ansoald est un ptit con en orbite autour de multiples corps célestes et change de trajectoire comme de stratosphère. Quelques bousculades, une sublimation, et le voilà reparti dans son odyssée météoritique. Mais certaines choses demeurent immuables, la gravitation supérieure qu'exerce certains corps sur d'autres, et l'évolution. Ansoald revient chatoyer son étoile. Puis s'apprendre, encore un peu.

Il lisse d'une main distraite les bords de son galurin de feutre noir, engoncé légèrement de biais sur son crâne. Une douleur lancinante l'alerte contre l'inconfort du couvre-chef, mais la pudeur, ce sentiment aux confins de son atmosphère, lui commande de ne pas exposer les marques de cette brûlure récente à la curiosité des foules. Peine perdue: l'élégance, tout en sobriété, de sa tenue a soulevé la clameur d'une équipe de malades assemblée dans la cour; ils ont arraché une ou deux aiguillettes en revers du pourpoint., sans avoir reçu autre remède...Que des coups de poings.

Devant l'huis, se massant les phalanges endolories par tant d'amour de la vie, Ansoald se sent en embuscade. Il pourrait attendre indéfiniment, si son regard vagabond ne cherchait pas, déjà, à percer les arcanes de ces jupes de pierre. Où donc se cachent les bibliothèques et leurs livres interdits aux profanes? Trop longtemps s'est-il contenté de puiser son savoir dans les recherches d'autrui. Il veut acquérir pour lui-même cette force et en faire usage à son propre profit. Il existe bien des manières de dérober aux autres leurs biens les plus précieux et les meilleures encore consistent à convaincre son prochain qu'il ne les emporteront pas au Paradis.

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L_aconit

[ " La satisfaction la plus profonde de Nicolas restait d'être le seul homme qui pouvait l'attirer entre ses mains.
Le satisfaire au masculin. Le laisser aller et venir, aux fleurs de son jardin.
Le reste importait désormais bien peu...Ne l'avait-il pas aimé libre?
Libre ainsi, il le laisserait vivre sa vie. Pour s'en revenir, un jour.
fort de ses aventures...

Car ils reviennent toujours. Comme lui. Oh , ils reviennent toujours.
Le jeune homme en tira la sa première leçon. Le premier amour n'est jamais qu'une ordalie.
Pour laisser la porte ouverte à d'autres garçons." ]


RP "Missives - Printemps 1465"



Relevant le nez de quelques leçons de vie, le chapelain décousit son attention aux soupirs de la porte. Les visites chez lui étaient rares, lorsqu'il s'y trouvait à quinzaine, sinon pour mander la bénédiction d'un mort ou la confesse d'un mourant. Ces derniers temps l'auspice ne comptait pas foule de morts, épidémies soigneusement endormies au printemps. Refermant le grimoire, l'Aconit perça hors de sa cellule curiosité au museau, découvrant en personne et de ses yeux l'Ansoald, au secret de l'Ostel Dieu.

L'oeil embué se fit rond, accusant quelques secondes de latence, puis se voila de méfiance. Ansoald ne s'en revenait jamais seul. Sinon une femme, au moins une idée accompagnait toujours ses pas, grandissait à son ombre, s'affranchissait de ses intentions. Guèdes firent un état des lieux panoramique, nul autre que cette apparition de passé pour frapper à son seuil. Si Alphonse profitait d'un mois en compagnie, Mnémosyne s'appliquait à restaurer des équilibres dangereux.

Le dos s'appuya au chambranle, tandis que le clerc cherchait aux traits de son visiteur quelques réponses, quelques questions. Le temps avait passé. Depuis. Le voleur avait sans doute volé l'attention de deux ou trois garçons, ravi cent fille et femmes, s'était drapé de leurs pâmoisons et s'en revenait, las, éprouver les liens des premières joutes. Pourtant bouche de Montfort lui épargna l'éternel épilogue, qu'il soit Breton, marital ou méconnu, laissant ce vent inédit lui rapporter celui qui, cyclique, demeurait moins qu'un amant, et plus qu'un ami. Il étudia attentivement ce que le temps lui avait ravi, ce qu'il lui avait cédé, étirant malgré tout un sourire hagard et errant lorsque les doigts écartèrent délicatement un pan de chapeau.

Vilaine brûlure que voilà. Chronos avait donc tranché, et avait préféré soustraire. Quoi donc? Un peu de jeunesse. Un peu de folie. Concédant peut-être, encore que rien n'était moins sûr, un peu de sagesse?

Comme deux antipodes qui s'observent des hauteurs de leurs différences, anciens amants se coiffent d'étranges lauriers.

Il siffla un peu entre ses dents dans sa toge de religieux, et s’effara d'un constat inévitable.


- Si c'est le prix de l'aventure, j'aime mieux ma tranquillité.

    Es-tu venu te faire soigner en homme libre, Voleur?

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Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Ansoald


Mystiques barcarolles,
Romances sans paroles,
Chère, puisque tes yeux,
Couleur des cieux,

Puisque ta voix, étrange
Vision qui dérange
Et trouble l’horizon
De ma raison,

Puisque l’arôme insigne
De ta pâleur de cygne
Et puisque la candeur
De ton odeur,

Ah ! puisque tout ton être,
Musique qui pénètre,
Nimbes d’anges défunts,
Tons et parfums,


A sur d’almes cadences
En ses correspondances
Induit mon cœur subtil,
Ainsi soit-il !

Verlaine,A Clymène



Lors de leur précédente rencontre, organisée par quelque dieu farceur sous les ardoises d'une auberge bretonne, Nicolas refusât la main, la caresse, le soupir exhalé de ses doigts, du larron insatiable. Lequel se départît de l'audace de son geste par un sourire timide. Nicolas lui semblait, au-delà de ce qu'ils vécurent, inaltérable.

Il ne stoppa point la sienne, quand elle se porta au chapeau pour en relever le bord et contempler les blessures. Ces balafres cloquaient la partie supérieure de son visage sur la droite et lacéraient son cuir chevelu. Soigné par Vivia, autoproclamée barbier de la Cour, Ansoald craignait évidemment que le sadisme de cette femme, comme sa relative ignorance, ne le contraigne à porter le galurin pour le reste de ses jours. Un des motifs secrets de sa venue était donc de bénéficier des soins éclairés d'un "confrère".

Un autre de ces motifs était, bien entendu, l'intemporel attrait que Nicolas exerçait sur lui. Il soutint son regard, non sans anxiété, car il découvrait, pour la énième fois, que ce regard bleuté instillait un acide puissant. Ainsi, pensa-t-il, le savoir l'a rendu supérieur à nos doutes. Il s'aperçut, effaré, que le courage lui manquait pour subir pareil examen. Une faille s'ouvrit en ce coeur réputé impassible. Il hésita à s'enfuir, à s'engager dans la course d'une nouvelle révolution. Aussitôt, la colère submergea les faibles sentiments de son âme et ligota sur le trône confiance passablement ébranlée face à l'inquisiteur. Pareil charivari n'était pas rare en lui; Ansoald vivait d'une passion à l'autre, sans que rien, à son désespoir, ne puisse l'attacher durablement.

Il s'engagea, sans y être invité, d'un élan brusque dans la pièce qui servait de bureau au chapelain. Non seulement il rompait l'équilibre de l'échange oculaire, mais il se soustrayait aux vilaines curiosités des passants, car c'est ainsi qu'il avait compris la méfiance primordiale de Nicolas. Son pas fut bref, tant le bureau n'était pas grand. Sa main effleura d'une caresse respectueuse les rouleaux de parchemins épars sur la table. Sa paume accueillit la rondeur froide d'une sphère de plomb. Sa voix, modulée avec art pour dissimuler son trouble, s'éleva dans le réduit dès qu'il eut fermé la porte.


Je viens solliciter ton aide. Je veux un poste de médecin au sein de cette institution. Ou ce qu'il s'en rapporte, peut-être pourras-tu me conseiller là-dessus. Quoi qu'il en soit, je veux étudier, non pas sous la férule d'un vieux professeur, mais par moi-même, en choisissant les matières que je souhaite apprendre. Quant aux patients...Ces pauvres bougres ont plus besoin de toi que d'un médicastre qui voudrait les renvoyer à leur misérable existence. Aide-moi, s'il te plaît, en...En ami.

De se tenir, roide, engoncé dans une toge de pierre que Nicolas porte en ce moment, de sortir, d'un geste vif, agacé par sa maladresse, un document peinturluré où pendent des lettres gothiques et un sceau flamboyant.

    Qu'il s'avance, que je sente, à l'abri du vent, un peu de son odeur corporelle qu'il enveloppe dans la grisaille, que je me souvienne combien il m'évoquait, bêtement, les parfums de pain d'épice que la boulangère distribuait aux marmitons. Et, s'il refuse, que je morde cette boule de plomb à m'en casser les dents.

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L_aconit
    En Ami. Tu viens en Ami.


Et Nicolas s'avance. Comment pouvait-il en être autrement? Passé l'effroi de la découverte, sous le feutre dissimulant, le menton dodeline et se balance, peiné de l'offense faite à ce visage qu'il avait aimé tendrement. Est-il moins beau? Difficile à dire. Il est différent. Peut-être est-ce le temps, ou la distance imposée, à l'un, à l'autre. Qui sait? Ansoald échappe toujours à tout entendement, et du seuil voici qu'il est entré. En coup de vent?

Bleus arrondissent un velours surpris, quand il vient côtoyer le meilleur côté des deux, cherchant aux contours de l'inattendue demande les tenants et les aboutissants.

Ansoald viendrait-il plaisanter? Lui, médecin? Pas qu'il n'en aurait pas les capacités - oh non, il avait l'esprit vif et habile - mais la patience..? Les sourcils se froncent un peu cherchant à discerner le vrai, du faux.


- Tu veux un poste de médecin. Il te faudra beaucoup étudier...


Les fesses viennent s'appuyer sur le bureau tandis que les bras se croisent, et que les deux jeunes hommes côtes à côtes jaugent en l'autre les volontés attendues. Malgré l'affaire étonnante d'un voleur devenu médecin itinérant, rien ne peut plus lui faire mordre la langue que cette brûlure au bord du purulent, revenue à l'oubli d'un chapeau comme un emplâtre sur une jambe de bois. La langue s'agace d'un claquement, voyant les mains s'occuper à une quelconque mappemonde. Reléguant à plus tard d'hâtives conclusions, Nicolas gonfle le poumon et s'éloigne momentanément.

- Attends-moi.

Il ne lui faut pas plus d'une minute pour gagner la salle de soin, choisir quelques soins et retrouver l'intimité du bureau.


- Tu ne vas tout de même pas laisser cela ainsi...

Tout dans le ton trahit une volonté contraire qui ne souffre d'aucun refus. La main chasse le couvre chef, penchant la tête d'Ansoald à l'examen minutieux du clerc. Il ne lui pose aucune question, du pourquoi ou du comment une telle blessure avait pu le choisir lui. Garçons ont depuis longtemps apprivoisés les silences, qui disent tout sans besoin d'épanchements. Lactescente senestre rehausse une jumelle aux jointures éprouvées et constate que Voleur est en tout point abîmé. D'un air faussement détaché, tandis que retentit le bruit métallique d'un couvercle que l'on ouvre, lèvres finissent pas céder aux questionnements.


- Y en a-t-il d'autres?


    Est-ce donc ça, ta vie de Saltimbanque?

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Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
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Ansoald


"Où serions-nous Nicolas, si notre amour ne nous avait pas rendu follement insouciants, comme si nous étions invulnérables face au Châtiment? Nous serions sur le pont d'un navire, à mêler nos baisers de l'eau salée des brumes, à rompre l'ennui de ce périple par nos jeux incessants, à conjuguer notre passion amoureuse sur les verbes de la liberté. La mer comme le ciel serait à nous, malgré les tempêtes et les pirates, mon majeur croisé au tien pour narguer la Rédemption."



Pend le diplôme bariolé en bout de table. A peine si l'ami lui a accordé un coup d'oeil. Il n'a cure de ses impertinences, tout entier qu'il est dévoué à sauver ce qui peut l'être encore. Ansoald ne sait s'il veut le soigner en médecin...Ou en artiste.
Des narines pincées chuinte un mince filet d'air; des mains contenues se crispent aux volutes du siège; des lèvres nouées happent le silence avant la tempête.
Mais la réponse vient, naturelle.


Tu es...A jamais le premier

Sous la caducée d'un médecin, il n'est pas évident de tenir l'âme et le corps unis dans la tranquillité. Moins évident encore quand le médecin fut l'amant d'une vie fougueuse, qu'il connut non seulement votre corps mais serra votre coeur, qu'il appliqua de la cendre en vos yeux et tomba dans la boue de vos pas. Un coup de scalpel mal placé est si vite arrivé...
Il ne vient évidemment pas à l'esprit du larron que la question de Nicolas s'intéresse à d'autres éventuelles blessures, car tout s'enchaîne avec une parfaite logique dans son esprit dévoyé.


Et tu vas m'aider à gagner...Ma place et l'estime de mes futurs confrères...

Si proche est-il en cet instant que les odeurs corporelles de l'inverti remontent à la surface de sa mémoire comme des bulles de chair. Néanmoins, cette attirance le dégoûte de lui-même, le bouleverse sans qu'il n'en montre rien, sauf un léger frémissement qu'on pourrait attribuer au travail des outils de torture médecine. N'a-t-il donc aucun sentiment plus profond qu'un désir bestial de cet homme chéri entre tous? Est-il incapable d'intelligence?
Au contraire, lui chuchote le diable de sa conscience, c'est là oeuvrer en toute pertinence, car l'homme soûlé de plaisirs est ouvert aux compromissions. Vois comme il t'aime, comme il voudrait se pendre à tes bras.... C'est faire là, si j'ose, "d'une claque deux coups."
Quelle peine saisit le coeur de l'avare, quand il s'aperçoit que tout sentiment est corrompu par l'appât du gain! Ainsi pense Ansoald, qui tient la générosité en grande estime. Aussi il se refuse à toute altération de ce moment de bonheur...Joie toute relative quand les gestes délicatement attentionnés de Son Blondin adoré consistent à creuser douloureusement ses chairs brûlés pour en laver le pus.
C'est le moment de mordre!

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L_aconit
Des deux, Ansoald avait toujours été le plus libre. A n'importe quel prix. Même à celui de leur histoire.

Lui en voulait-il? Non. Nicolas s'était résigné d'avoir toujours besoin d'un fil d'ariane. Une quelconque laisse. Des colliers à son cou, d'or et d'argent, de belles mains de garçons, d'arrangeants cols de contrefaçons. C'était à ce prix là qu'on ressentait de l'admiration.

Longtemps, ils s'étaient admirés l'un l'autre, décousant leurs différences, rapiéçant des espérances de jeunes hommes, de premières fois.

Les doigts appliquent le baume gras avec méticulosité, les lèvres ne lâchent rien en correction. Si Ansoald savait être fuyard, il reconnaissait néanmoins sa lâcheté. Pas Nicolas. Il se contente de fixer ce point de chair à vif, comme si le lâcher serait se perdre. Toujours se raccrocher à quelque chose. Toujours. Ne pas risquer la chute. On a assez chuté n'est-ce pas? On a appris.


- A quel prix?

Il penche d'autorité la tempe brune, mais son cœur s'est peut-être affranchi d'un octave. Il sent le parfum de son ami. De son amant? De son premier tour. Ansoald sent la rosée, la pluie et les coups volés aux passants. Les nuits fraîches sur la grève, les vagabondages à couvert du guet. Les larcins à l'étalage, les funambulismes jamais inquiets.

Ansoald est revenu et a ramené avec lui, l'effluve du temps qui passe.

Senestre referme le pot, ses doigts glissent sur le couvercle. En d'autres temps, ils auraient sans doute trouvé cela érotique, après une longue journée à se donner la réplique, en public, comme deux violes bien accordées.


- Je ne refuse jamais d'aider un Ami.
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Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Ansoald


"Fais-moi confiance. Je ne choisirai rien qui ne te ressemble, et n'oublies pas. Je t'habille, tu m'apprends à crocheter les serrures."


Yeux clos, il subit sans broncher l'application méticuleuse du baume sur les meurtrissures de son visage. Fier, même face au miroir. L'Ami ne lui a rien donné à mordre, il faut donc qu'il prenne garde à sa langue. Il emporte la question de Nicolas en ses pensées, comme un corbeau cache son butin pour le décortiquer.
A quel prix? Ansoald n'avait rien appris. Il continuait à enchaîner relations passionnelles et fuites désarmantes, attachant à ses pas de terribles déceptions et de solides inimitiés, avec, pour horizon, les mirages d'une fusion du Ciel et de la Terre, de l'Air et des Frontières. Il confondait, trop souvent, volonté avec désir, volupté avec amour, n'ayant pas la fermeté de caractère propre à assumer la stabilité de ses sentiments. Il enviait aux honnêtes gens leur fortune, leur conjoint, leur ennui si tranquille...Un peu comme ce roi perse qui, admiratif de Sparte, demanda en guise de dîner qu'on lui serve le fameux "brouet spartiate"...Et le trouva dégoûtant à manger.

    Tu le sais, Ansoald...Tu aimais Nicolas et tu l'aimes encore...Et cent fois tu l'aurais trompé avec Astana..Si elle n'avait pas été tant attirée par Nicolas.


Cette pensée, vécue maintes fois, à la proximité du blondin renforça sa tristesse. L'envie des autres, insatiable, l'éloignerait sans cesse de Lui et tout effort pour se contraindre...Le déprimerait davantage. Si, au moins, avait-il eu la force de le tromper...Non, il avait fallu qu'il avoue tout de go avoir couché avec....Qui déjà? Il ne s'en souvenait plus. Une de ces filles que Nicolas ramenait à sa piaule pour le narguer.


L'amour est avide, Nicolas. Tout ce que l'on donne, dix fois il le reprend.

    Creuse, creuse donc ma plaie, Nicolas, uses de ton savoir pour dispenser ta morale...Ces brûlures ne sont rien en comparaison de ce que nous avons souffert.


Il y a quelque chose d'indiscernable derrière ce terme "ami", quelque chose de beau, de triste, d'immortel et de létal. Ansoald ne peut s'en accommoder. C'est pourtant lui-même qui a posé la règle. Or, il ne peut accepter la sentence prononcée par cette bouche. L'ami sera toujours davantage, quoi qu'il advienne. En sa présence, tout est décuplé. Même la haine, même l'angoisse. Même la caresse folâtre des ongles sur la surface métallique. Même l'ombre de sa mèche qu'un coup de ciseau ne saura, jamais ô grand jamais, discipliner.


Je ne suis donc pour toi qu'un parmi les Autres....

Le larron empoigne l'accoudoir du siège pour se redresser, mû par la désagréable sensation d'être tartine confiturée tombée du mauvais côté. C'est un peu comme si la pommade achevait de brûler les reliquats de peau laissés par les flammes.

Et je ne peux te le reprocher, l'Ami.

Le constat se voudrait implacable, mais il est nuancé par le ton provocant de sa voix. Allons, s'il est évident qu'on ne réveille pas un amour si profondément enfoui par de bêtes ébats, reste que la séduction qui se joue entre ces êtres-là est capable de crocheter les serrures les plus complexes. L'un a beau s'emmurer dans sa soutane et l'autre se parer de laides cicatrices, il demeure bien des envies communes à ces deux-là. Du moins, Ansoald a besoin de le croire. Libre? Fi! Poussé par l'aiguillon!

Il faudra d'autres soins, j'ai bien peur de t'importuner encore avec ça. Néanmoins, penses-tu que je suis présentable face aux hautes figures de cet endroit? Si c'est le cas, s'il te plait, accompagne-moi.
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L_aconit
    [ L'Aconit découvrait que c'était à ce prix que se vivait le premier amour.
    Le premier amant. A la longueur de ses silences. Au choix de ses réponses.
    A la ferveur de ses baisers. Le temps se tenait suspendu à l'Autre,
    de qui venait tous les plaisirs et tous les tourments.
    Pouvoir absolu cédé sans négociations.]
    - 2. Jouvenceau fait Homme -



- Mais Ansoald. Les hautes figures de l'endroit... C'est moi.


Dit-il d'un air navré et sans crânerie, découvrant l'étendue du gouffre qui les séparait désormais, de vie, de statuts tarabiscotés, de chemins de traverses, raccourcis et courte-échelles. Voilà le constat amer des années. Celui qui avait brûlé sa vie par les deux bout ne tenait plus que l'usure du temps qui a passé, brûlant. Celui qui avait vendu son âme à la docilité avait grimpé l'échelle du supportable, tiède.

Si l'aveu fut dit avec une tendresse préservative, la suite n'eut rien d'un revenez-y. Comme à chaque fois que Faust se sentait acculé, ce fut son instinct de survie qui réagit. Le geste fut bref, il tint d'autorité ce menton fier entre ses doigts, les yeux jetant quelques conjurations vives aux échos des avertissements de sa bouche. Nicolas aavait changé. Il avait pris de l'assurance. Il ne portait plus le même collier. D'ailleurs, voleur pouvait se targuer de constater que c'était encore le sien, pendu à son cou.


- Si tu es revenu pour me tourmenter, va-t-en. J'ai mis assez longtemps à me consoler.


Trop longtemps pour faire semblant de ne pas trembler. Bien sur qu'il n'était pas un Ami. On ne faisait pas revenir au ventre l'enfant qui en était sorti... On ne rendait pas à la chair ce qu'elle avait exulté. Quant aux cœurs peinés, ils ne régressaient pas de faire semblant d'avoir oublié. Alors d'une médaille à une autre... Celui qui avait ôté la première, venait peut-être tenter d'ôter celle-ci. Et ce qui terrifiait le clerc était qu'Ansoald avait peu de choses à faire pour se vanter de réussir par les temps qui courraient. Les bleus défièrent l'odieuse bouche qu'il avait tant baisée de le blesser encore.

Le soin était terminé. Il le délivra du baptême nouveau de ses doigts.


- Nous avons bien vécu.

Qu'importe de n'être pas encore vaincus?



[ Infamie. Disgrâce. Le visage adolescent a perdu toute sa douceur habituelle,
et sa voix toute sa tempérance. Le cul à l'air, l'écuyer tente de rattraper le fuyard, outré.
De multiples pensées viennent fouetter son esprit, tambourinant à ses tempes.
La déception, la fureur ou au choix l'accablement de la Florentine.
Le nombre de services qu'il allait devoir effectuer en plus de ses taches habituelles
pour rembourser l'ouvrage. La dernière et très inquiétante réplique du voleur,
à propos de l'utilisation blasphématoire qu'il réservait au "sein" écrit.

- Il est en Toscan abruti! Je vais te retrouver ! Et je te couperai la queue !]

- De Nicolas à Ansoald. 1. Genèse - Les Montfort -

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Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Ansoald


"Le soleil et le vent disputaient ensemble qui des deux pourrait faire ôter à un homme ses habits. Le vent aussitôt de souffler avec une violence et une impétuosité extrêmes. L’homme, voyant la fureur de l’orage, ramena ses vêtements autour de lui et s’en enveloppa de tous côtés, de sorte que le vent, malgré ses efforts, ne put le dépouiller. Mais, lorsqu’au lever du jour le soleil parut, la chaleur devint si grande que la terre en brûlait : l’homme, alors, ne pouvant en supporter la violence, ôta ses habits et les porta sur son épaule."

Fable d'Esope, reprise ici par Luqman.


Sous le bleu soleil le souffle du larron se fait discret et le coeur fait halte pour profiter de l'instant. En ces murs séculaires, bâtis pour abriter la misère, ou l'enfermer, il se savent riches, corrompus par un amour damné. L'attirance est forte. Ils portent chacun le collier de l'autre, unis au sein du même cercle. L'attirance est pernicieuse. Lui qui passe sa vie à l'éparpiller a ressenti une pointe de jalousie en apprenant la réussite de son alter-ego. L'attirance est malicieuse. La mise en garde ne serait-elle pas une invitation à franchir le rubicond de ses lèvres? Ansoald le connaissait rebelle et le voilà patron. Electrique sensation, tant il aime à renverser tout ceux qui posent cul sur un piédestal...Autre que le sien. Aussitôt il s'applique à balayer cette pensée obscène, trop soudaine pour être honnête, trop commune pour être digne de Lui.

Dès lors, Nicolas le saisit puis le renvoie...A ses chères études, comme si Ansoald était à ce point ignorant qu'il ne sache bien s'exprimer qu'avec son corps. Le larron devine pourtant que sa détermination n'est pas moins paradoxale que la sienne. Il y a des tics qu'un joueur de carte avisé sait déceler chez le partenaire. De même, il y a des postures qu'un amant devine en l'autre sous couvert d'un regard affectueux. Nicolas peut se parer de titres et d'offices chèrement gagnés, il reste un homme sous sa bure grise qu'Ansoald connait sur le bout des doigts. Et il se connait suffisamment pour se contraindre, avec fermeté, de ne pas le toucher.


    Il aura suffi d'un coup de rein pour nous désarçonner. Courtoisie n'est pas Montfort...


Nous avons bien vécu et tu as bien changé. Je t'en félicite....Tant de responsabilités...Tant de gens à éclairer...Voilà qui rompt avec ta nature solitaire. A ce propos, y-a-t-il...Je sais que l'habit...Mais il ne fait pas le moine...Donc, y-a-t-il quelqu'un, pour s'occuper de toi? Coiffer ta chevelure? Te lire des histoires en toscan? Quels souvenirs...Ah, nous étions...Nous fûmes...Oui tout se conjuguait entre nous au verbe être. Mais je vois, que loin de moi, tu as pris ton essor. Et...

Détermination fait sienne se dresse à son endroit. Par deux fois, elle a été reniée. Trois fois, elle reviendra. Face à Nicolas qui semble croire que sa venue ne serait qu'un aller-retour en son occulte siège, Ansoald maintient le cap du menton sur la bibliothèque.

    C'est là bonne poudre, meilleure que la poussière volatile des chemins. Du moins, je l'espère....


...Je suis las de passer ma vie à courir après le sort. J'aimerais employer mes talents d'une manière plus intelligente. Tu tires les bonnes mamelles, assurément....Tu y crois, sans doute. Quant à moi, je ne me dédis pas...Loyal me rebute...Fides, non merci....Je devrais inventer un mot qui n'appartiendrait qu'à toi..Bref...Tout ce qui est à moi est à toi. 150/150.

En contrepartie, il a quelques exigences...Qu'il serait malhabile de dévoiler à ce moment-là. Ansoald, situé au bas de l'échelle, attend de savoir si Nicolas lui enverra une drisse, un drap noué ou un filet de bave. Dans tout les cas, l'indocile prendra ses dispositions.
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L_aconit
- La solitude... Voilà une bien traitre amie. Lorsqu'on l'expérimente, elle nous accable et nous torture tant qu'on ne songe plus qu'à s'en défaire. Mais lorsque l'on y parvient, soudain, tout semble nous pousser à vite la retrouver, la moindre contrariété, la moindre... Lassitude.

La moindre Douleur. Le doute est permis quant à la juste réponse à donner à la question évitable. Voleur peut-il s'en froisser l'égo, qu'il avaient tous deux si développés, ou au contraire prendre l'opportunité d'un bien engageant défi? Les yeux se détournent et vagabondent sur quelques papiers sans importance, les placebo sont de bien agréable efficacité; mais rien n'a jamais prévalu à la bouche de Faust que l'élexir de la vérité. A la faveur d'un automne déchirant , Muse a pris place solidement à bord des vaisseaux myocardes, et qu'il soit piètre capitaine ou pas n'y changerait pour l'heure, rien que les trajectoires...

- Tu sais bien que j'ai toujours exécré dormir seul.


N'est-ce pourtant pas ce qu'il fait? Ce Paris dont il avait cultivé la demeure en secret s'avérait stérile de rendez-vous secrets, délaissant Ste Oportune quand l'un était à Rome, délassant l'avantageuse proximité des quinzaines quand l'autre se faisait escortes bambines, compagnon. Il y a quelque chose de bien insupportable à conter à celui qui avait enfanté les douleurs d'apprentissages, les leçons perpétuelles dont il ne revenait plus. L'échange souffre de quelques secondes suspendues où il retourne à l'attention d'Ansoald et étire un de ces sourires dont il a le secret. Voile d'adoucissements.

Faust ne s'y trompe pas. Le chien folâtre des campagne n'est jamais las de la battre, ni de rompre la corde qu'on lui tend pour le loger. Aussi, qu'à-t-il à craindre? Assurément, Ansoald sera reparti à la première exhalaisons des routes, des fleurs qui les bordent en nombre et qui égayent, jusqu'à l'hiver, leurs excitantes courbes, leurs tortueuses destinations. En attendant, peut-être comblerait-il un peu les manques et égayerait-il de sa fugace compagnie les dures journées de Faust. N'a-t-il pas été, au delà de celui qui a engendré le mal, aussi celui qui a fabriqué le premier bonheur?


- Viens. Je vais te faire visiter mon Royaume. Garde toi des feux de cheminée et des parturientes , tu veux...

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Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
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Ansoald


Et penche le regard vers lui, pour fixer son attention, n'hésitant pas à faire diversion de sa main droite, comme s'il jonglait avec deux-trois mots invisibles. L'observer, le jauger, compatir à sa pitié, frémir de sa jugeote (car ce bougre a le don de deviner où il va et ce qu'il fait), et au dernier moment, lui présenter le bracelet à son bras, l'ôter et le passer au poignet de son acolyte, en déclamant d'une voix solennelle:
Nous voilà unis par les liens du maraudage.




Il en aboierait presque. Sauf qu'il n'aime pas les chiens et que l'aconit tue les loups. Mais revenons aux moutons, à ces petits nuages de traîne en ces yeux clairs. Ansoald le lit à ciel ouvert. Les traits du visage se serrent. La dépression roule entre les anticyclones; elle aime à se blottir entre les courants chauds et qu'on suive son sillage, car elle commande au vent. Son coeur est rugissant, redoutable, absorbant. Quand la lèvre tremble, c'est signe d'orage. Quels beaux éclairs avait-il contemplé sous les nuées blondes! Mais il s'était étalé, indolent, en de vastes tropiques et aurait pu prévoir qu'un autre mène la chasse sous ces latitudes de cocagne.

Cependant, il est piqué dans son orgueil de félon. Ansoald voudrait être le traître le plus insolent et le plus aimé de cette terre. Soit! Il se rendra compte assez tôt que le savoir universitaire est une immense terra incognita et dangereuse pour qui ne tient pas ferme le sextant. Pour l'heure, il a envie, en emboîtant le pas de Nicolas dans les longs couloirs de l'Ostel Dieu, de mordre les mollets de Cupidon. Hey quoi! C'est le drame du distrait de n'être jamais là où il faut être. En son bureau, il opposait aux envies déviantes le mur de l'instruction. Et là, quand il entend Nicolas donner d'une voix calme conseils et prescriptions, tout en indiquant au larron les bons coins de l'hospice, il est curieux de connaître, sous la toge grise armure, la température d'ébullition du palpitant.

C'est qu'il désire soigner le soignant de sa tristesse affable. Qu'a-t-il apporté en remède? Rien, sauf son couteau. Mais nulle volonté de blessure. Ils se coupent si facilement. Ansoald est attentif à son rire mais se retient bien de moquer ses ambitions, d'autant qu'il s'aperçoit que le bougre ne sait décidement se contenter d'une chapelle: il lui faut édifier des cathédrales! Alors, il tient à l'écart le moment où il se proposera de voler une bouteille chez la rectrice car, hélas, ils ont le goût des choses volées...Du moins l'espère-t-il...Et lui prend sérieusement la main, contact sulfurique, pour dresser l'index sur le cours des poisons.


Evidemment...A quoi d'autre tu pouvais t'attendre? L'embaumement...Pas très emballant...Au fait, comment vous vous fournissez en cadavres, par ici?

Chassez le larron....
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L_aconit
    [L'aconit : Le seigneur roux. Il a un bracelet . Un bracelet en cuivre au poignet gauche.
    Ansoald : Intéressant...
    L'aconit : Je le veux.]

    La nuit venait de tomber. Ansoald était sorti. Diable sait où. Aux filles, peut-être. Le breton l'avait laissé faire, sans le questionner. Garder quelqu'un exigeait parfois qu'on le laisse plus libre qu'on ne l'aimerait. [...] Ce bracelet il le voulait. Il le voulait comme un défi. Comme un "combien tu m'aime?", et comme un degré de plus dans son émancipation loin de l'emprise de son mentor, de ses armées, de sa garde meurtrière. Nicolas était coquet, à sa manière. D'une tresse bien plaquée à son crane, d'une manche soigneusement repliée sur ses avants bras. D'une paire de mains impeccablement lavées. Et pourtant, l'androgyne se sentait plus homme que jamais, dans l'exaucement d'un autre. Il avait poussé le vice jusqu'à glisser son dé dans la poche du brun, comme un appel à un nouveau jeu. Puisque tout y revenait toujours. Leurs colères. Leurs réconciliations.

    Lance-donc ce dé, Anso. Je le veux...


    [Ansoald : Tu l'auras.]
    RP " D'un renard à l'Autre"





Si chat se targue d'avoir neuf vies, Nicolas n'en a pas moins à sa décharge... Combien en a-t-il passé avec ce drôle là? Celle de l'émancipation, celle du garçon, celle du voleur. Ne comptons pas celle de l'abandon. Elle fut sinistre et trop instructive. Appelons-la celle de la leçon. Mais cessons de ressasser. Ansoald a laissé traîner son intérêt dans quelques alcôves dont son œil avisé a le secret, étirant aux doigts de Faust l’intonation grondante des enfants qui veulent savoir. Avoir. Posséder. Démultiplions les semblables, nous en revenons au même point... Maraudeur de grands chemins a décidé du sort de ses curiosités. Et la main reste figée à celle qui lui intime de rester, fracturant l'élan d'une belle enjambée suspendue entre deux dalles. Talons revient alors en arrière... Et la course des yeux avise l'objet désiré. Siamois font un étrange tableau à regarder ainsi dans la même direction. Et qu'avons nous là? Les poisons.

Contact ne frémit pas, soupèse la mesure du retour de ces doigts qui ont tracé cent fois leur chemin à le connaitre sur leur bout... Quelle étrange sensation. Prenez les chaussées de Retz. Elles sont lointaines dans l'esprit, pourtant, à quelques années seulement. Mais les sentiers, les raccourcis ont toujours le gout de l'enfance, et les refaire semble être un automatisme méconnu. Les yeux regardent tout, sauf les pieds qui connaissent bien les reliefs. Les oublis-mémoires. On n'oublie rien de là où l'on a grandi.

Ansoald a un don de limier, pour un cabotin n'aimant pas les mâtins. Donnez-lui une fêlure, une fragilité infime, il saura la trouver. Et s'y loger. Quand couples d'yeux se détachent à l'unisson des épais ouvrages, rien ne tarde à ce que les mains se délient, à défaut des langues. Proximité retrouvée se rappelle à ces multiples visages, tous taillés dans l'airain d'un seul: Ansoald était moins vorace avant. Du moins, d'une toute autre faim. Les bleus qui se sont trouvés là, à ce voisin, étirent un avertissement.


J'apprends comment les guérir. Pas comment les composer.

    Je te vois venir...


Créer l'offre et la demande. Un art qu'il maîtrisait si bien. Il s'était brillamment illustré en volant pour son bon plaisir le bracelet de Lioncourt, et en le lui rendant sous condition, après. Avait-il su qu'il avait fini par lui céder son amant?

Le dos trouve le mur, crâne blond s'y repose pour mieux voir en face l'Ansoald côté blessure. Malgré elle, il reste beau. Beau de tant d'audace. Beau à en être triste.


Tu sais... Les cadavres, le chariot de l'Ankou les donne à la fosse commune une fois par jour...

C'était hélas une sinistre vérité.

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