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Et si... Et si... Et si ? Suivi de vies par des hypothèses.

[Rp] Et si Tata était Tonton !

Shawie
[Ouvert par définition ]




Tout le monde connait l'adage : "Et si mon cul faisait du café, il t'en payerait une tasse."

Absolument tout le monde ... non ?


Parfois, la solitude pèse à un tel point qu'il lui arrive de songer à des théories relativement loufoque pour faire passer e temps. La quête du Khan c'est beau sur le parchemin mais en vérité, c'est d'un ennui mortel. Et c'est peu dire. Ce sont des kilomètres avalés sans relever le nez, des jours, des semaines et des mois de marche, de galop, de crépage de chignon pour finalement tomber dans une ignorance totalement du monde extérieur. 100 nœuds pile poil qui pouvait parfaitement résumer le bordel dans lequel ils étaient tous. 100 nœuds avec quelque fois, une éternité avant de trouver une ville qui par malheur, parle basanais antique sous souche patois local. Bref, la joie totale.


Alors dans une énième rêverie, l'Espagnole songea à des choses philosophies. Comme la pierre.
Et si on avait la possibilité de pouvoir se rendre compte du résultat d'une de nos actions, est ce qu'on la ferrait quand même ? Ou pire encore, si quelque chose changeait totalement du jour au lendemain, quelle serait la réaction ? Et si du jour au lendemain, physiquement vous vous retrouviez diminué ? Une jambe de bois est si vite arrivée, boitiller, traîner la patte et c'est toute une carrière qui tombe à la flotte. Avec 73 kilos en plus, ou en moins ? Un troisième œil ? Une doigt de pied en trop ? Et si on vous annoncez que dans une semaine, vous alliez mourir, que ferriez vous ? Pendant 10 jours, vous allez avoir une richesse sans compter, ferriez vous des économies ? Dilapidez vous tout ?

Simplement est ce qu'un petit détail tournait autrement aujourd’hui aurait un impact sur l'avenir totalement différent ? Si un non était devenus un oui, serais-je encore la pourriture que je suis ? Bordel, si tu avais dis oui à ce freluquet de Vicomte au lieu de t'amuser avec le poireau du tavernier, bah t'en serais pas la andouille.

On a parfois l'impression que le monde est fait de choses qu'on subit. Les tremblements de terre, les inondations, les guerres, les élections, les discussions avec un Religieux. Mais il est important de se souvenir qu'il y a des choses qu'on maîtrise, comme le pardon -mouarf- la deuxième chance -haha-, les nouveaux départs. Parce que la seule chose qui transforme le désert de solitude qu'est le monde en un endroit merveilleux, c'est les écus ! L'argent sous toutes ses formes : Ça nous donne de l'espoir. L'espoir... et une méga soirée de soûlards.


Et si tu m'avais trompé, comment ferais tu ?

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Samsa
    "Si on devait mourir demain,
    Qu’est-ce qu’on ferait de plus ?
    Qu’est-ce qu’on ferait de moins ?
    Si on devait mourir demain,
    Moi, je t’aimerai.
    Moi, je t’aimerai."
    (Pascal Obispo & Natasha St-Pier - Mourir demain)



C'est la fin de l'automne, tu le sens bien. Tu apprécies l'été pour sa chaleur, ses odeurs, sa liberté, mais l'hiver est pour toi synonyme de piqûres sur la peau, d'entreprises énergiques, et aussi de réveils plus tardifs. Le soleil ne se lève pas aux mêmes heures, les oiseaux ne chantent plus, les nuits sont plus longues et paisibles. Les réveils sont plus douillets quand, enroulée dans ta couverture, tu ronchonnes en sentant les rayons du soleil venir chatouiller tes paupières endormies, annonçant le levé prochain qui force à quitter le douillet cocon de la nuit. Tu te retournes et te recroquevilles avant de t'étirer un peu sur le côté, à la recherche d'un corps chaud et rassurant que tu ne trouveras pas et, bien que tu le saches, c'est un réflexe matinal chez toi. Le matin et le soir, ce sont les seuls moments où tu passes de Cerbère implacable à petit chiot inquiet, te nichant dans les bras aimés pour t'abriter, toi aussi, du danger, trouver le réconfort et la sécurité que tu offres aux autres mais que tu ne reçois jamais. Les autres ne sont pas à blâmer; comment pourrait-il protéger leur Protectrice ? Tu n'acceptes pas ce rôle de protégée de toute façon. Jamais la journée. Et pas par n'importe qui.
Ton nez, collé au drap de ta paillasse, le hume à la recherche d'une odeur absente. Tu le sais, ça aussi, mais c'est ainsi que commence ta journée. Ton cerveau doucement émerge d'une nuit probablement sans rêves ou, dans de plus rares cas, cauchemardesque, et commence à penser à la vie, à ta vie. Comme quand tu t'autorises de la faiblesse, le matin et le soir sont les seuls moments où tu penses sérieusement, où tu philosophes. Le reste de la journée ne sont qu'instants vécus et calculs stratégiques pour les intérêts de chacun et le respect de tes valeurs. Ce matin, tu repenses au courrier de Shawie que tu as reçu la veille où, une fois de plus, elle mentionne le fait d'aller voir ailleurs, la frustration, l'adultère, toutes ces choses que tu ne connais pas. La loyauté est pour toi un pilier de vie et ton coeur, à l'instar de tes nerfs, est solide. L'attente ne te fait pas peur, tu ne crains pas de passer à côté de quelque chose, parce que tu as choisi la route que tu préfères. A tes yeux, c'est plus difficile qu'il n'y parait de regretter un choix, une action, puisque tu l'as forcément choisi, faite, pour une raison que tu as pesé à un instant donné. Bien sûr, tu peux regretter de ne pas avoir su quelque chose plus tôt qui aurait peut-être changé la donne, mais tu ne peux pas dire que si c'était à refaire, tu ne le referais pas, puisque ta réflexion au même instant serait la même, disposant des mêmes informations. Ça, ta suzeraine avait quelque peu peiné à le comprendre quand vous aviez évoqué ton attitude à son mariage, mais comment lui en vouloir ? Tu avais fini par t'excuser, ça demandait moins de philosophie, mais tu restais et restes incapable de trahison; ce n'est inscrit ni dans tes gènes, ni dans ta moralité. Ton corps est, à tes yeux, une machine au service de ton esprit, c'est pourquoi sa frustration ne fait pas le poids, tu ne t'y soumettras jamais.

Et pourtant, si tu en étais capable ? Si tu avais cédé ? Qu'aurais-tu fait ?

Tu ne sais pas bien. C'est une question complexe dont tous les paramètres ne sont pas précisés; aurait-ce été par amour ou par frustration pure ? Avec qui ? De quelle manière ? Tu supposes que dans tous les cas, la honte t'aurait envahi, sans doute au point de te rendre muette tout d'abord. Puis le courage, ton courage, celui qui te caractérise tant avec ton honnêteté, aurait pris le dessus et tu aurais fini par parler, tournant autour du pot avant d'avouer l'inavouable, l'échec de la honte. Ça t'aurait brisé le coeur, tu aurais préféré partir sans doute, t'exiler loin de tout et de tous. Tu aurais toi-même effacé ton existence devenue synonyme d'affront, de trahison, de faiblesse, tout ce que tu exècres, dans la vie de quelqu'un que pourtant tu aimais. Tu aurais eu un travail important pour reprendre confiance en toi, approcher de nouveau ton image salie à jamais, car tu le sais : les trahisons sont éternelles, surtout celles envers soi-même. Tu aurais, parfois, demandé à un voyageur comment allait Shawie, de brèves nouvelles pour évaluer l'étendue des dégâts et t'aider à te relever toi aussi, ou pas.
Et puis, quand tu aurais fini par te relever, tu aurais eu peur. Peur que cette affaire ne te retombe dessus au premier grand projet que tu aurais voulu mener, comme devenir reine. Tu n'as pas l'air comme ça, mais tu fais très attention à ce que tu dis de toi car tu as peur des gens, ils sont pour toi possible source de maladresse, de trahison, et tu sais combien un mot ou un silence peut ruiner une vie. Bien sûr, tu as la rage de vaincre, mais pas celle de vivre. Sans grand projet, tu mourrais.

Voilà une belle conclusion à ton étrange question : si tu avais trompé, tu serais morte, qu'importe que ce soit physiquement ou socialement.
Heureusement pour toi et Shawie, tu n'es pas une personne qui accepte de mourir. Tu as des valeurs et des rouages qui t'empêchent la trahison, la tromperie et toutes ces choses, aussi sûrement que d'autres ne pourraient jamais tuer. Tu peux donc dormir sur tes deux oreilles, tout comme Shawie.

D'un mouvement lascif, tu te retournes de nouveau sur ta paillasse, enfouissant ton nez sous ta couverture et te remettant en boule. Tu n'as pas ouvert les yeux une seule fois encore et tu ne comptes pas le faire; aujourd'hui, tu as décidé de te lever uniquement quand tu en aurais envie. C'est du moins ce que tu croyais, jusqu'à ce que tu entendes la porte de ta chambre s'ouvrir doucement. En temps normal, tu te serais retournée, sur tes gardes, mais tu es là dans ton château, sur tes terres, et tu as la flemme. Tu pourrais mourir sur cette seule fois où tu refuses de faire attention. Tu ne mourras pas aujourd'hui pourtant. La porte se referme et tu sens deux petits poids monter sur ta paillasse pour venir se coller à toi, l'un plus que l'autre. Imperceptiblement, un sourire se dessine sur tes lèvres quand tu prends dans tes mains celles de tes filles simplement venues te retrouver.

"Et toi Shawie, qu'aurais-tu fait si tu avais été mère ? Qu'aurais-tu été ?"

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Shawie
Souvent cette plaisanterie circule : « avant j’avais des principes … maintenant j’ai des enfants ».

Moi, mère, jamais !

Je serai une mère horrible. La procréation est avant tout un désir égoïste. On pense donner un sens à sa propre existence par le truchement d'une nouvelle vie que l'on crée à la façon d'un démiurge qui façonnerait un monde nouveau, le sien. Le paradoxe est que l'on exige par la suite de ce nouvel être le respect et la vénération perpétuelle au nom de cette existence qu'on lui a imposée. On ne vit pas au travers de ses enfants. Le souvenir de soi, oui, peut-être, mais c'est tout. Entretenir la mémoire de ses ascendants n'a aucun sens.

Et puis, pour procréer, ne faut il pas s'accoupler avec un mâle ? Admettons que oui. Encore une branche sur le trajet parsemé d'embuche ! Parce que c’est la condition de son plein accomplissement féminin ? Si bien peu osent exprimer la chose aussi ouvertement, une multitude de signaux, de discours et de pratiques concourent à faire de la maternité un idéal tout à la fois social et personnel. Non définitivement non. Autant laisser ce plaisir aux personnes le souhaitant réellement plutôt que de se projeter dans une éducation des plus déplorables.

La encore, imaginons qu'un accident soit arrivé malencontreusement : que je sois tombée sur le poireau d'un homme contre ma volonté -mais pas trop quand même sinon ce n'est pas drôle- et que quelques mois plus tard, le ventre arrondi fasse surface. Aussi possible soit il, l'idée même d'être enceinte ne serais pas mon idée principale ; avoir forcis pour x raisons -comme trop d'alcool ou trop de cochon- là, ce serait plus plausible. Admettons encore que le déni de grossesse soit passée, reste encore le moment tant attendu de la libération. Tendre et beau moment que l'on essaye de nous faire croire depuis des années ! Souffrances assurées avant, pendant et après que le gnome soit sortis. Ainsi donc, 9 mois sont passés et l'accouchement c'est "bien", et ensuite ?

Et ensuite, que faire ? Le donner ? Le tuer ? Le perdre ? Car bien sur, il est totalement impensable et impossible de le garder. Le monde n'est pas prêt à accueillir deux merveilles de la nature en même temps. Je serai la première, la seule et unique perfection sur cette terre pour des décennies à venir. Personne ne viendra assombrir mon avenir et encore moins un truc horriblement chevelu sortis d'entre mes cuisses, répondant au doux nom de bébé.


Mais si Sam était un homme. -Je ne serai pas avec elle/lui- mais admettons. Que ferrais tu si tu étais un homme ?

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Samsa
    "Comme un homme,
    Sois plus violent que le cours du torrent.
    Comme un homme,
    Sois plus puissant que les ouragans.
    Comme un homme,
    Sois plus ardent que le feu des volcans;
    Secret comme les nuits de lune de l'Orient."
    (Mulan - Comme un homme)


Quarte, septime, contre-de-sixte et coup de taille. Acharnée sur ce tronc équipé d'une épée en bois et d'un bouclier du même matériau, tu t'acharnes, frappant inlassablement avec ton épée d'entrainement émoussée. C'est ton entrainement du matin. Tu ne le fais pas toujours mais tu tiens à ce qu'il soit régulier car, si ton dos et tes épaules ne risquent guère de se ramollir au vue de la cotte de maille que tu portes tous les jours, toute la journée, tes bras et tes réflexes se doivent de ne pas flancher. N'importe quel maître d'armes te dirait que tu as un très mauvais jeu de jambe, que tu es trop statique, mais tu t'en fiches car tu ne t'en sers pas pour esquiver ou chercher les failles adverses, tu t'en sers uniquement pour avancer sur l'ennemi, implacablement, et encaisser les coups pour ne pas reculer. Tu t'en fiches aussi parce que tu es cavalière, la monte entretient naturellement les muscles, tu n'as pas besoin d'artifices ou d'entraînement particulier.
D'un puissant coup avec cri de rage, tu entailles profondément le tronc malgré le caractère émoussée de ton épée. La sueur fait luire ton front et tu retires ta barbute en soufflant, le corps tendu comme un arc, de la vapeur à fleur de peau s'échappant dans l'air frais de novembre.
On t'a très souvent comparé à un homme. A raison, sans doute. Pour une femme, tu es plutôt large d'épaules, avec une carrure charpentée. Tu as des formes, mais aucune de particulièrement affriolante, et ton tempérament est belliqueux, téméraire. La violence ne te fait pas peur, cela se voit puisque tu portes toujours une cotte de maille sous ta chemise grise, une épée à ta hanche gauche et des gantelets de combat à tes mains. Même ta voix est légèrement plus grave que la moyenne des voix féminine. Pourtant tu ne fumes pas, tu ne bois pas tant que ça, tu ne t'es jamais cassé la voix étant plus jeune, mais tu as cette puissance quand tu cries qui impose le respect. Cerise sur le gâteau, tu aimes les femmes. Comme un homme. Il ne te manque que l'importante pilosité des êtres masculins et la masse musculaires très sculptée -ou le ventre à bière- faisant doubler tes mensurations de tour de cuisses et diviser celles de ta poitrine pour que tu sois véritablement un homme.

Alors, si tu en avais été un, qu'est-ce que ça aurait changé ?
Rien.

Tu te bats déjà comme un homme, tu exerces une profession d'homme, tu diriges des armées comme un homme, tu leur parles d'égale à égal, et ça n'a rien à voir avec de quelconques revendications féministes avant l'heure; tu le fais parce que tu le mérites. Jamais on ne confierait à la jeune Malemort le commandement d'une armée, c'est un travail d'homme, ou de femme capable d'en porter le poids. Toi, on ne te confierait jamais une garde-robe ou une tête chevelue à brosser. Chacun sa place et le monde tourne rond. Mais il ne faut guère se méprendre, personne ne te considère comme un homme ou comme une femme manquée. Tous te voient comme la femme Cerbère, la Robuste capable d'égaler les hommes, mais n'en faisant certainement pas partie. Ta douceur, ta tendresse, ta délicatesse -oui, tu en as-, ton instinct de protection sont les traits de ta personnalité qui t'assurent la féminité.
De toute façon, si tu étais plus homme que femme, tu ne serais pas la compagne de Shawie. Tu sais comme elle est très à cheval là-dessus, alors tu es certaine d'être femme, et si tu étais homme, à part la perdre et quelques mineurs changements ailleurs, cela ne changerait rien : tu es une personne libre qui est déjà capable de tout.

Tu récupères l'épée restée dans le tronc et la ramène à la cabane qui sert de réserve d'armes extérieure. Ton château n'est pas très grand mais il te convient. Tu es noble de mérite grâce à tes faits d'armes, pas parce que tu as été élevée dans le milieu de la noblesse, et tu n'as pas cette culture de vivre entourée d'une cour. Tu es quelqu'un de plutôt solitaire même, même si tu connais tout le monde et que tout le monde te connait, tu es rarement avec plus de cinq personnes à la fois. Hors armée. Ces terres qui sont désormais tiennes, tu t'occupes de les rendre plus sûres en construisant des murailles plus solides autour de ton château, en le dotant d'armes de jet et de réserves de toutes sortes en cas de siège ou de guerre. L'économie locale, tu la développes, tu écoutes les doléances de tes gens, tu maintiens la discipline dans les rangs de tes gens d'armes. Tu es certainement une bonne suzeraine, même si tu n'as pas de vassaux. D'ailleurs, tu trouves aussi que tu es une bonne vassale. Mais out ça, tu n'aurais jamais cru le devenir. Comme quoi.

"Et toi Shawie, tu avais eu des terres, que ce soit en tant que suzeraine ou vassale ? Qu'aurais-tu fait, qu'aurais-tu été ?"

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Shawie
La plupart des hommes désirent le pouvoir comme un ornement dont on se pare sans s'en servir, et se croient ambitieux parce qu'ils ont de la vanité."




Une Suzeraine autoritaire qui ferrait ce que bon lui chante quand bon lui semble. Atteindre un certain pouvoir par la puisse nobiliaire aurait pu être un chemin emprunté. Ô bien sur, une simple Seigneurie n'aurait suffit pour flatter l’ego relativement supérieur à la normale. Baronne est encore un peu juste alors que viser pour un Vicomté ou un Duché, LA, ça devient intéressant !

Un château à la hauteur de ma gloire, quelque chose de surréaliste et qui taperait à l’œil. Un truc où personne ne pourrait dire "le château de Shawie, connais pas". Jamais ! Tout le monde s'extasie devant la gloire de l'Espagnole. Un château fort doit donc être solide et imprenable, mais cela ne doit pas l'empêcher d'être une résidence luxueuse, richement décorée et très confortable. Surtout confortable. Un lieu de raffinement où les artistes rivalisent de prouesses pour embellir la construction. On y trouve de nombreuses œuvres d'art, des objets et des meubles de grande valeur et parfois aussi des livres. Pas beaucoup, la lecture c'est bien en image. Bien tendu, une pièce spéciale fermée à triple tour abriterait ma collection d'objet spécial.

Un donjon surplomberait la demeure. C'est la partie la mieux protégée du château, à ce titre, en cas d'attaque, c'est l'ultime refuge de la forteresse et c'est là que l'on entrepose les armes et les denrées alimentaires qui peuvent aider à soutenir un siège. Qui oserait venir la défier de toute façon ? Juste au cas où, des douves de dissuasion ferraient le tour du tout. Pas question qu'un pécore mette une savate de gueux dans ma noble demeure !

Les vassaux ... ah les vassaux. Triaient sur le volet. Fidèles et dévoués comme des chiens de garde. C'est pas n'importe qui, qui pourrait porter mes couleurs. Ils devront faire preuves de loyauté et prêt à donner leur vie pour la mienne. Des vassaux riches aussi. En cas de prise d'otage, qu'ils puissent payer. Un coup dur, qu'ils puissent me fournir de l'or à foison.

C'est pas compliqué, pour devenir mon vassal, il faudrait me ramener quelque chose de rare comme un trèfle, un bouclier licorne, un filtre. Ce genre de chose.

La noblesse n'est pas un signe de richesse, bien au contraire. Je garderai jalousement mes précieux bien et ferrai la guerre au premier peigne cul qui oserait me contre-dire. Je serai. Bref, Je serai une despote sans nom.

Toc toc Samy : Majesté, que voulez vous ?




Hyacinthe de Charencey*
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Samsa
    "Je suis une étoile filante traversant le ciel,
    Tel un tigre défiant les lois de la gravité.
    Je suis une voiture de course passant telle Lady Godiva,
    Je vais foncer, foncer, foncer ;
    Rien ne m'arrête."*



Rien ne valait un bon repas après un entrainement intensif. Assise en bout de table dans la salle des banquets, tu constates une fois que de plus que la salle et la table sont bien trop grandes pour l'usage que tu en fais. Bien sûr, ce n'est pas la faute des lieux qui, eux, sont parfaitement normaux et adaptés au train de vie normalement suivi ici. Une servante vint déposer devant toi du jambon accompagné de légumes et tu la gratifias d'un sourire avant de commencer à manger. Tes plats ne sont pas très élaborés non plus, ils ne sont sans doute pas dignes de ton rang mais tu t'en fiches : tu viens de la roture et tu as gardé cette nature simple et solitaire. Peut-être l'entretiens-tu également involontairement pour faire figure d'une femme unique en son genre dans le milieu de la noblesse et de la royauté. Et puis, qui refuserait d'être une légende ?

Car tu es une future reine.

Un jour, tu monteras sur le trône de France et de la façon la plus glorieuse qui soit : pas avec tes titres, pas en ayant été duchesse ou comtesse six fois, conseillère autant de fois, grand officier deux fois et compagnie, non. Tu ne joueras pas cette course à l'expérience des réunions et aux messages lissés, tu la joueras avec ta popularité, tes idées brutes et ta réputation. Tu sais pourtant que les gens auront peur de voter pour toi, tu trouves cela normal, alors tu attends, patiemment. Tu attends que tous tes potentiels concurrents passent, servent ta réputation, augmentent tes faits d'armes et puis, un jour, quand il ne restera plus que des inexpérimentés, tu t'érigeras. Et mon Dieu, qu'est-ce que tu auras à faire ! Tu es une main de fer, mais ce n'est pas ton gant qui est de velours, c'est ta parole. Tu as toujours eu un don pour être diplomate quand tu parles de façon posée, tu sais parfaitement mener des discussions et, juste et jamais entêtée pour rien, tu as rarement trouvé d'obstacles sur ta route. Tu as une sacré chance aussi.
Toi reine, la France filera droit et tu manieras parfaitement l'image de la Couronne. Faire d'une pierre deux coups, attaquer tout en ayant protégé tes arrières, tu sais faire. Ton côté économe rendra probablement la Couronne riche et tes nombreuses relations, ainsi que ton côté sympathique, assureront des dépenses minimes. Dotée d'une solide moralité, les fainéants, les couards, les radins et les absents de longue date auront à trembler devant toi car tu feras table rase de leurs privilèges qui se gagnent effectivement, mais qui se perdent également. Loin d'être tyran cependant, tu donneras à ceux qui l'ont mérité, des petites mains insoupçonnées mais aussi des plus grandes, celles qui l'auront mérité par leur travail et non par leur nom à côté d'un descriptif de poste. Les guerres, tu y participeras en première ligne, toujours, et tu prendras un soin particulier à nettoyer les routes des brigands pour aider le commerce. Être reine, pour toi, ce ne sera pas la retraite : ce sera le sommet. Le sommet où tu pourras faire de ce monde, un monde meilleur, plus juste, plus grand, plus moral, plus tranquille aussi. Tu as souffert de ces manques, notamment quand tu étais plus jeune mais encore aujourd'hui, et puisque tu es Cerbère, il est de ton devoir de protéger les autres.

Tu ne seras plus seulement une Gardienne : tu seras une Reine.
Tu laisseras derrière toi une oeuvre, bien sûr, mais aussi un nom : le tien.
Tu seras celle qui, partie de rien, sans expérience en politique ducale ou comtale, se sera hissée sur le sommet.
Tu seras une Légende.

Tu souris en voyant tes filles regarder par une fenêtre du château assez austère. Toi reine, leur avenir sera assuré, serein et, avec elles, ton nom perdurera. Tu sais qu'elles te feront honneur, à toi mais également à leur nom, celui que tu as si durement bâti et dont elles ont hérité. Elles aussi, elles seront des Légendes. Âgées de cinq ans, le nez et les joues constellées de tâches de rousseur, clairement rousses d'ailleurs -contrairement à toi qui est bien plus nuancée-, les yeux sombres, elles te ressemblent beaucoup. Elles ont cependant une corpulence moins lourde et charpentée que la tienne, héritage de leur père, mais on les sent capables de force. Elles ont des lèvres un peu plus charnues que les tiennes, fines, et si les traits de leur visage sont avenants comme les tiens, eux ne sont pas majoritairement figés par la douleur de la vie, la martialité et la discipline de l'esprit. Si, physiquement, il faut plutôt étudier leurs tâches de rousseur pour les différencier, tout dans leur attitude les différencie. Nolwenn, la première née des jumelles, est taciturne, la parole aussi rare que le sourire ou le rire, mais elle a cet éclat dans les yeux qui t'assure qu'elle est réceptive à tes enseignements de valeurs et que les armes blanches, comme toi, ne la laissent pas indifférente. Pour l'instant, elle rechigne à l'épée mais les dagues semblent lui plaire. Les seules choses qui te rassurent sur sa capacité à éprouver des sentiments et à être une enfant normale sont son amour des animaux, sa curiosité et sa gourmandise. Des traits qu'elle partage d'ailleurs avec sa soeur, Gwenn, toujours enjouée, aussi insouciante qu'inconsciente, plutôt bavarde et toujours en train de sourire, de rire, de faire des expériences nouvelles. Tu t'inquiètes pour l'une de son manque d'entrain, et tu t'inquiètes du surplus de l'autre. Ce n'est pas facile d'être mère, tu ne te considères pas comme une bonne mère d'ailleurs, souvent sur les routes et aux guerres, laissant derrière toi tes filles que tu aimes, oui, mais mal. Et pourtant, quand tu es là, tu leur parles, tu les instruis toi-même, tu les éduques et des fois, comme ce matin, tu as droit à des marques d'amour. Pour quelqu'un dont la grossesse n'était pas désirée, tu ne t'en sors pas trop mal. C'est, du moins, ce que tu devrais te dire, mais ne surtout pas dire aux autres ; ça fait mauvais genre.

"Hé, parlant de mauvais genre ! Shawie, si tu avais dû être quelqu'un, qui aurais-tu été ? Qui est ton idole, ton modèle, celle vers qui tu tends ?"



* = paroles traduites de Queen - Don't stop me now

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Shawie
“Le peuple met autant de plaisir à renverser les idoles dont il s’est lassé qu’il en a pris à les ériger.”*




J'aurai été un peu moins moi tout en gardant la majorité de ma beauté ... ça aussi, j'aurais peut être un peu de moins de fierté. Un moi avec plus de parcimonie -juste pour pouvoir utiliser ce mot déjà. Un peu moins impulsive, un chouilla moins sotte, un peu moins vaniteuse et odieuse. Une dose en moins de confiance et vachement plus de générosité qu'ils disent.

Comme dirait quelqu'un de bien connu ; En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux. On fait tous au moins un vœu par an, en soufflant les bougies. Certains d'entre nous en font plus : pour un cil sur une joue, devant une fontaine, en voyant une étoile filante ... et de temps en temps, un de ces vœux se réalise. Et après ? Est ce que c'est aussi bien qu'on l'espérait ? Est ce qu'on se laisse aller dans le rayonnement de notre bonheur ? Est-ce qu'on se rend compte qu'on a une longue liste de vœux qui attendent d'être exaucés ?

La Cours de Miracle remplacée par le Louvre ? Cette Cour des Miracles, où jamais honnête homme n’avait pénétré à pareille heure ; cercle magique où les officiers du Châtelet et les sergents de la prévôté qui s’y aventuraient disparaissaient en miettes ; cité des voleurs, hideuse verrue à la face de Paris ; égout d’où s’échappait chaque matin, et où revenait croupir chaque nuit ce ruisseau de vices, de mendicité et de vagabondage toujours débordé dans les rues des capitales ; ruche monstrueuse où rentraient le soir avec leur butin tous les frelons de l’ordre social ; hôpital menteur où le bohémien, le moine défroqué, l’écolier perdu, les vauriens de toutes les nations, espagnols, italiens, allemands, de toutes les religions, couverts de plaies fardées, mendiants le jour, se transfiguraient la nuit en brigands ; immense vestiaire, en un mot, où s’habillaient et se déshabillaient tous les acteurs de cette comédie éternelle que le vol, la prostitution et le meurtre jouent sur le pavé de Paris. Nenni, jamais, c'est bien trop fade. La vraie question est de savoir qui peut se passer de cet endroit déjà ?

Finalement le meilleur plan que je peux avoir : élever des cochons. On ne peut pas être déçue par un animal et encore moins par un cochon. Tout s'bouffe dans le cochon ! N'est ce pas un cadeau de la nature cet animal mangeable de A à Z ? Un cochon ne vous trahit pas, nenni, ô non, il vous nourrit pour des semaines à venir. A l'époque, la mise à mort du cochon était un des grands moments de la vie familiale et des villages ruraux, et une occasion de convivialité festive. Pour beaucoup, la plus grande fête de l'année était le jour où l'on tue le cochon. Éleveur de cochonnaille dans le troufion du royaume. Là, où personne n'ose s'y rendre mais qui est royaumement connu. Paradoxal ! La charcuterie serait tellement bonne, que ce serait le Seigneur des Terres qui me payerait pour voir l'honneur de goûter à la bonne chair.


Je n'aurai vraiment aucune saveur comme ça, comme un handicapé ou pire, une lépreuse. Infâme maladie.


Et toi Samy, comment ferrais avec une jambe de bois ? *





Wilbur Addison Smith
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Samsa
    "La glace sur laquelle nous patinons devient très mince.
    L'eau devient chaude alors tu devrais nager toi aussi.
    Mon monde est enflammé et le tien ?
    C'est comme ça que je l'aime et je ne me suis jamais ennuyé."*



Ton repas terminé, tu te diriges vers les écuries de ton château. Adossées aux remparts, tu pénètres dans ce lieu qui est pour toi à la fois synonyme de paix et d'action. Tu n'as pas un haras, ni un élevage à proprement parler, mais tu te satisfais de ton destrier, un Cleveland Bay du nom de Guerroyant. C'est presque ta retranscription physique en cheval, puissant, large, mais élégant. Dans la stalle d'à côté se trouve Caporal, un alezan de Bresse qui sert à la fois de cheval de bât et de monture quelconque. Tu n'as pas de palefroi ; cela t'irait peut-être mal mais tu songes à en acquérir un pour le style. Tu passes le licol de corde à la tête de Guerroyant et tu le mènes en dehors des murs, dans une plaine, pour le faire travailler à la longe. Toutes les musculatures doivent s'entretenir, pas seulement la tienne. En tournant sur place, tu admires ses foulées, tu écoutes sa respiration lourde et tu te souviens de cette fois où, atteint de coliques, tu avais dû prendre un autre cheval pour la campagne d'Anjou sous feu Sa Majesté Lanfeust de Troy. Lors de cette charge, un boulet de couleuvrine s'était écrasé juste devant ta monture et toi. Tu avais chuté avec ton cheval, un gris dont tu n'avais jamais su le nom, et tu avais failli mourir avec lui, la jambe coincée sous son corps inerte. Tu aurais eu l'air maline avec une jambe de bois.

Tu aurais dit adieu à l'infanterie, bien sûr, et la cavalerie n'aurait pas été le même exercice. Tu aurais eu un petit côté classe, la capitaine à la jambe de bois, celle qui boite car elle a tout donné à la guerre. Les avantages, s'ils peuvent être appelés ainsi, ce seraient cependant arrêtés là. Marcher aurait été une épreuve du quotidien, courir aurait été un souvenir et une faiblesse aurait été exploitable pour tes ennemis. Ta force, ce sur quoi tout repose chez toi, aurait été amoindrie. Tu te serais peut-être effondrée, d'ailleurs. Tu n'aurais peut-être pas supporté. Certes, tu es forte, solide, tu affrontes les tempêtes comme un roc, mais il ne suffit que d'un morceau qui se détache, un fragment qui saute, et tu t'écroulerais comme un tas de cendres. Ta force est fragile. Si tu avais eu une jambe de bois, tu aurais tout fait pour ne pas changer mais si cette épreuve avait été de trop, tu serais morte, non pas en t'empoisonnant ou en te transperçant d'une épée, mais le chagrin aurait rongé ton coeur, comme l'amertume le fait déjà : perdre ta jambe ne serait, finalement, que t'achever.

Cerbère, ce n'est pas ton surnom pour rien. Outre ta formidable capacité à protéger les gens et à veiller sur eux sans craindre la violence pour cela, tu as aussi des comportements canins, comme montrer les dents ou grogner. D'aucun diront même que, quand tu es joyeuse, tu leur fais la fête comme un chien qui retrouverait son maître le soir et que, quand un bruit t'interpelle, ils peuvent voir de grandes oreilles imaginaires se dresser vers son origine. Souvent, tu aimerais que ce soit vrai, tu aimerais être un chien. Un chien intelligent et émotif, mais incapable de comprendre les méandres de la politique, incapable de comprendre l'ambition, l'orgueil, toutes ces choses qui te poussent à te dépasser et qui mèneront à ta perte. C'est à cette conclusion que tu en viens quand tu regardes Guerroyant galoper en cercle et que tu en conclus que, lorsque ce fier compagnon tombera à la guerre, il aura au moins le sentiment d'avoir accompli une tâche à sa hauteur, sans comprendre qu'il travaillait à quelque chose de bien plus grand.

Et toi Shawie, si tu devais être un animal, ce serait lequel ?



* = paroles traduites de Smash Mouth - All star

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Shawie
"Quelques pas, un saut et il s’élève au Firmament
Merveilleux être de lumière divine
Fils élu de cette Nature Sublime
Alchimie organique des quatre éléments

Cheval tu es le Feu qui fait brûler le vent
Le souffle d’Air de la Beauté Parfaite
L’animal de la Terre au profil d’Athlète
qui comme l’Eau, coule au gré du Temps

Pégase de la Nuit je suis Bellérophon
Pur Sang inaccessible et Roi comme le Lion
Cheval tu tiens dans ton coeur le monde

Etalon de légende, passion céleste de Chine
Puissant comme Perceval, Hercule ou bien Odin
Tu es l’Universel, tu propages le Bien.*"




Les êtres humains ont toujours eu beaucoup de mal à se situer par rapport aux animaux, ces créatures étranges qui parcouraient leur environnement, partageaient leur vie, à certains égards leur ressemblaient, et avec qui ils entretenaient des rapports souvent complexes d’amour ou de haine.


J'estime les animaux. Voyez l'écureuil : il se réveille, broute les jeunes pousses, fait l'amour, guette les noisettes, en croque, en cueille dont il emplit son nid, grimpe aux arbres, redescend, bondit, joue ; venu le froid, il s'endort. - Mais l'homme n'est pas un écureuil ! L'homme est un écureuil prétentieux. À la campagne on s'attache à tout, et c'est là justement qu'il ne faudrait s'attacher à rien. La destruction y règne en maître ; le chêne de la forêt, le grand bœuf blanc de la prairie, il faut que tout cela finisse par passer par la cheminée et le pot au feu, tout comme le chou du jardin. On a beau dire que les animaux n'ont été créés que pour l'homme et qu'ils sont faits pour vivre et mourir à son profit, moi je ne puis m'empêcher de plaindre leurs souffrances encore plus que celles des humains.

Ou encore, regardez Samsa. Dame Samsa .... la Baronne .... ça m'irrite mon oreille. Je préfère parler d'un Cerbère enragé et baveux, d'un Dog Royal. D'un Samuel aux pectoraux parfaitement dessinés et au "pardi" chantant. D'un homme subtilement habillé en femme qui gling-gling en marchant, des oreilles pointues aux aguets du moindre danger, d'une truffe au vent pour renifler le fion des passants. Plus je vois les hommes, plus j'admire les Chiens. Il possède la beauté dans la vanité, la force dans l'insolence, le courage sans la férocité -quoi que- et toutes les vertus de l'homme sans ses vices.

Je suis d’un village où j’entends les chevaux noirs, les chevaux blancs -avec leurs yeux arabisants, leurs nez peuls, leurs croupes latines- Traîner tout le jour des racines et des surcharges de froment. Rien n’est plus beau qu’une jument plongeant son masque d’Orient, sa belle face métissée, dans les rivières tempérées ! Oui, je serai un cheval. Comme dis quelqu'un de très connu -ou pas trop- Le paradis de la terre se trouve entre les seins d'une femme et sur le dos d'un cheval.

Et dis, si tu avais un pouvoir, tu voudrai lequel ?




* W Perez
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Samsa
    "Si difficile de lâcher prise,
    Et j'entends encore le son
    De ta voix chantant dans ma tête.
    Je ne peux pas abandonner
    Parce que la corde se rompt doucement
    Mais tient encore par un fil. "*



La nuit s'abat en France comme un voile tomberait au sol. A Snagov, il doit déjà faire nuit depuis longtemps. Toi, tu es rentrée dans ton château austère mais élégant. Tu as allumé les feux des cheminées pour repousser le froid faute de rendre les pièces pleine d'une chaleur agréable. Dans ta chambre, c'est avec lenteur que tu retires ta chemise puis ta cotte de maille, offrant à tes épaules et à ton dos leur répit quotidien quand le temps est à la paix. Tes épaules roulent de leur nouvelle liberté, ton dos se cambre pour faire travailler d'autres muscles et délasser ceux si utilisés. Tu délaces tes bottes pour les retirer, puis c'est la ceinture retenant ton épée qui te quitte, déposée près de la tête de lit, accessible à tes mains désormais nues en cas de danger. Dehors, les étoiles brillent et tu les observes un instant. Tu aimes bien regarder les étoiles, tu as toujours aimé ça, mais c'est d'autant plus vrai depuis que Zyg est morte. Parfois, tu as la sensation de l'oublier et cela te pèse. Tu sais que tu as un devoir de mémoire envers elle, que tu es la seule personne sur cette Terre à se souvenir d'elle comme une personne vivante ; si tu l'oublies, qui pensera à elle ? Qui se rappellera ses cheveux noirs, sa voix enjouée, ses yeux gris, sa jupe et sa toque rose ? Qui se souviendra de son rire, de son sourire, de sa personnalité ? En regardant les étoiles, tu penses à elle. Tu te souviens qu'un jour, tu iras la retrouver, qu'un jour, tu seras délivrée de ce devoir que tu t'imposes parce que c'est le seul pansement que tu as pu placer sur ton coeur. Tu te demandes dans quelle étoile tu l'incarnes et c'est ce qui occupes tes pensées quand tu les regardes le soir, avant d'aller dormir.

Tu te glisses dans ton lit froid mais tu frissonnes à peine. Ce n'est pas tant ton corps qui est froid que ton coeur. Depuis plusieurs semaines, tu faiblis, tu tombes, tu chutes, tu rampes. Lorsqu'on parvient à te relever, tu retombes quelques pas plus loin. Ton corps manifeste des signes que tu n'avais jamais eu jusqu'à présent : jamais tu n'avais saigné du nez sans un coup reçu. Jamais tu n'avais senti ton coeur peiner à faire sa plus basique tâche. Jamais tu n'avais ressenti une telle fatigue, un tel désespoir, une telle solitude, un tel déni. La vie ne te semble plus avoir de sens, les gens non plus, les valeurs encore moins, comme à la mort de Zyg où tu as tenté plusieurs fois de mettre fin à tes jours. Peine perdue. Tu t'étais alors plongée à coeur perdu dans la guerre, espérant y trouver une mort digne, au lieu de quoi tu as trouvé la gloire, l'ambition, le désir de servir mais toujours à travers le sacrifice. Tu voulais mourir pour la France, mais il se pourrait que, finalement, tu ne meurs pour rien, seule dans ce lit froid ou sur un chemin t'emmenant vers une quête dépourvue de sens. Même la quête de Shawie en a plus. Tu pourrais réfléchir, avant de t'endormir, au fait de fouler les gens du pied mais tu ne sais pas si tu en as l'envie, la force, l'objectivité aussi. Tu conclus juste, alors, qu'on peut fouler du pied de n'importe qui, n'importe où, même à des milliers de lieues, même par delà la mort.

D'ordinaire, tu ne renonces jamais.
D'ordinaire, tu aurais demandé le pouvoir de ne jamais rien oublier, car c'est là une de tes plus grandes peurs, tu sais que tu dois te souvenir pour survivre et pour avancer.
Mais aujourd'hui, tu voudrais juste le pouvoir de conjurer la volonté du Très-Haut qui veut te garder en vie, apparemment pour être un jour reine de France.
Aujourd'hui, tu voudrais ne plus avoir ce poids sur tes épaules, le tien et celui des autres, ne plus savoir que tu reviendras toujours des batailles car le temps t'a montré que tu es -tu en es en tout cas persuadée- immortelle.

Alors, aujourd'hui, tu voudrais juste le pouvoir de mourir.
Aujourd'hui, tu es vaincue, à terre, et tu voudrais juste le pouvoir de l'accepter et d'arrêter de te battre contre des moulins à vent ou leurs fantômes.
Tu es Cerbère et ton Enfer n'est pas sous terre : il est ici, maintenant, partout autour de toi.

"Hé... Shawie... Toi qui es à l'autre bout du monde, en train de te battre avec un Grand Khan... Toi qui ne ressens pas la solitude, toi qui as encore ta Zyg à tes côtés, toi qui n'a personne d'autre que toi-même à penser, toi qui ne ressens pas la fatigue, la culpabilité, les regrets et les remords, toi qui vit avec des oeillères qui t'assurent une vie paisible de hors-la-loi, toi qui te contente de vivre et non d'avoir un but, toi qui ne sais rien, qui ne sais pas que je sais, toi à qui ça t'a toujours été égal, toi pour qui je ne compte plus, toi qui m'a oublié, toi qui n'a jamais intégré mon nom dans ton coeur, toi dont le coeur est d'ailleurs plus entier que le mien...

Quel sentiment serais-tu ?"



* = paroles traduites de My Darkest Days - Still Worth Fighting For

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Shawie
A quelques jours de rencontrer le Grand Khân, un froid hivernal qu'elle n'avait jamais connu aussi glacial lui refroidis l'organisme. Fort heureusement, son impulsivité peut encore réussir à la réchauffer. Droit comme un i sur son cheval, avec, derrière elle, 7 braves collègues qui sont prêts à user leur épée sur la tête d'une sois-disante armée invincible. Il n'y a rien de mieux que pour lui faire retrouver le sourire. Tout est carré, tout est clair et carpe diem. Le regard est loin est certainement une pensée pour Samy. Ô, bien sur qu'elle la porte dans son cœur mais elle ne saura dire comment. Une chose est sure c'est que sa présence est acceptable. Samy fait sans doute partit des dernières personnes sur terre qui peut avoir la confiance entière de l'Espagnole. Aveuglément d'ailleurs. C'est d'ailleurs un point de caractère que Sha n'a jamais compris chez sa compagne et qu'elle ne loupe pas de lui dire. Soit, Cerbère est une allégorie de la perfection. Cette idée même commence à lui entrer dans le cervelet.

En ce dernier jour en terre habitée, quelque chose ne va pas pourtant et y mettre le doigt dessus sera bien ardu.




Le sentiment de rage.

Cette passion dévorante qui peut vous bouffe entièrement sans même que l'on s'en rende compte. Lorsque la colère n'est pas entendue, sublimée, accompagnée, elle s'accumule et détruit tout et notamment l'estime de soi. Et quand il ne reste plus rien de l'individu qu'un vaste vide, il ne lui reste rien d'autre pour exister que le mal qu'il pourra s'infliger ou celui qu'il infligera à d'autres. La violence est inhérente à nos destinées, il faut qu'elle s'exprime d'une manière ou d'une autre. On se dit souvent que cela va passer et qu'il suffit simplement d'attendre. Foutaises. Mais le pire dans toussa c'est de savoir qu'elle n'est que grandissante jour après jour. Chaque lueur d'espoir est une étincelle de plus pour le baril de poudre. Parce que, le pire dans toussa, c'est que la plupart du temps, ce sont les mauvaises personnes qui récoltent les petits graines semées par un autre. C'est tellement plus simple.


Prenez la taverne, c'est sans doute LE lieu où pullule les andouilles. Putain ! Là, brusquement, elle s'est retrouvée devant un con -ou une conne-. Mais alors un vrai ! Un maousse ! Un nickelé ! Con comme un balai, comme une baluchon sans anse, comme un Fatum -et c'est pas peu dire- Oh bien sûr elle avait déjà côtoyé la connerie -qui n'a pas ?- mais toujours aimable, folichonne, chafouine. Elle avait pas fini de s'instruire ! Ça vous rappelle simplement de ne jamais baisser la garde.

La rage parce que tout est inacceptable à mes yeux. La faiblesse, la connerie, les gens, le non-dit, l'injustice, ô putain oui, surtout l'injustice. A partir de quel moment, ou plutôt, quand va t'elle s'arrêter ? Parfois, certaines personnes ne réagissent uniquement que lorsqu'elles sont menacées et qu'elles comprennent enfin que la corde a été totalement piétinée, nouée, distendue bouffée même ! Sois gentille et polie, reste calme, surtout ne dis pas un mot plus haut que l'autre .... prend une baffe et tend la joue surtout. Tout est exaspérant. Réfléchis, on nous accorde les instincts, on nous fait ce cadeau extraordinaire, et ensuite qu'est-ce qu'on s'empresse de faire ? Et ça, je peux te le jurer, pour le propre divertissement ; On établit des règles en opposition. C'est d'un mauvais goût épouvantable. Regarde, mais surtout ne touche pas. Touche, mais surtout ne goûte pas. Goûte, n'avale surtout pas.

Attention, ça va péter. On la sent monter en soi comme une lave, la colère. Un bouillonnement de volcan, la violence d'un ouragan. On ne peut s'en saisir, c'est elle qui nous saisit. Venu comme Alien des profondeurs, cette force noire, aveugle et brutale, explose en nous et nous défigure. La colère peut aussi être blanche, rancœur qui rampe et ronge le cœur. Noire ou blanche, la colère consume et détruit. Nos colères sont à la mesure de nos déceptions, grand dieu.

Il n'y a pas beaucoup de gens qui savent ce que c'est, d'avoir la rage dans les veines, enfin, ils comprennent, tout le monde comprend, au départ, puis ils demandent au p'tit enragé un truc dont il se sent incapable, tourner la page.



Samsa, que se passerait il si tu te retrouvais seule ?

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Samsa
    "Entre les trous noirs et les guerres, nos univers écartelés.
    Entre nos salaires de misère et l'odeur des charniers.
    Si c'est toujours, toi populaire, contre la société,
    Nous serons la lutte."
    (Saez - Premier mai)



Le propre du Cerbère, c'est que quand on lui musèle une gueule, quand on lui coupe une tête, il en reste encore deux. Récemment, tu as frôlé la catastrophe en perdant deux des tiennes et la dernière s'engourdissait dangereusement. T'as vraiment cru que tu allais y passer, et les autres aussi. Tu n'étais pas prête à abandonner, mais tu étais prête à céder malgré toi, le poids sur tes épaules et ton dos était prêt à te casser en deux parce que tu étais plus prête à cette éventualité qu'à déposer ton fardeau. Il faudra qu'un jour, tu t'intéresses au hasard, aux coïncidences, aux instincts ; aux miracles. A toutes ces choses qui sortent de nul part et qui peuvent soit achever, soit, au contraire, sauver. L'attention que tu as reçu de Shawie t'a sauvé. Elle était le petit coup de pouce qu'il te manquait, celui que personne d'autre n'aurait pu te donner. Tu étais torchée comme tu ne l'avais jamais été, en train de sombrer dans des abysses que tu n'étais pas bien sûre de connaître, sous le regard volontaire mais impuissant de Yohanna, sous ceux, maladroits, d'Eldearde et d'Arry. Tu étais en train de faillir à ta tâche qui est de ne jamais lâcher, d'être le pilier en toute circonstance, et tu as pu lire dans leurs yeux la peur de te perdre, certes, mais aussi celle de se dire que si toi, la Cerbère, la force de la nature, l'éternelle combattante, tu étais finalement capable de tomber de la sorte, alors qu'adviendrait-il d'eux ? Mais, finalement, tu ne tomberas pas tout de suite. Demain, la semaine prochaine, dans trois mois ou dans cinq ans, mais pas tout de suite. L'attention de Shawie t'a redonné la force d'avancer, elle a retourné ta faiblesse et ta fatigue pour te faire entrer dans un état second, celui couramment appelé "l'énergie du désespoir". Alors, avec cette énergie folle, tu as tout repoussé loin de toi et, de nouveau brave et libre, tu as repris la route car tu as de nouveau un but.

Tu es de nouveau prête à être seule.

Ton rapport à la solitude est particulier. D'un côté, tu ne peux pas être seule, vraiment seule, car tu es un Chien, tu es grégaire, tu as besoin de te rendre utile, d'apprendre des choses, de suivre le monde, de manifester de l'affection. Mais de l'autre, n'es-tu pas déjà seule ? Le soir, avant de dormir, le matin, au réveil, dans les journées où tu décides de ne pas voir du monde. N'es-tu pas déjà seule, Cerbère ? Femme louée, admirée, enviée, presque vénérée parfois, tu es seule à ton sommet. Personne ne t'arrive à la cheville, et tu le sais. C'est à la fois un poids et un don. Un poids parce que tu es effectivement condamnée à vivre seule, car même si tu es aussi entourée qu'aimée, quelque part en toi, tu seras toujours seule à cause de ta différence. Mais c'est aussi un don parce que tu as l'occasion de prouver des tas de choses, prouver que rien n'est impossible, que tu es capable, que même seule, on peut arriver au sommet.
Tu es du genre à courir devant tout le monde et puis, quand tu tombes, tu regardes autour de toi et tu te rends compte à quel point tu es loin, seule, à quel point tu as besoin d'eux. Ils te relèvent et tu repars alors, encore. Tu es comme une enfant de quatre ans qui court et que ses parents relèvent sans faiblir pour lui permettre de continuer sa course. C'est ton point commun avec ta fille benjamine, Gwenn.

Tu es la seule personne sur qui tu peux compter aveuglément dans ce monde, tu es ton propre filet, ton seul salut, ton dernier espoir, ta dernière chance. C'est en cela que tu es seule. Que chacun est seul, à sa façon. Et toi, tu le vis plutôt bien, animée par la rage -comme toi, Shawie- qui te pousse sans cesse. Tu l'ignores encore mais c'est en partie elle qui te tuera.

"En parlant de mort, Shawie, comment voudrais-tu mourir ?"


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