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[Rp] « Et le Foehn soufflera une dernière fois. »

Hel_
    *

    A la nuit qui scinde leur vie, Roide se drape de son manteau de ténèbres, joignant à ses pas l'ombre d'une journée qui finit. Ils se sont séparés. La route qui s'ébat sous ses yeux froids semble déjà avoir avalée les silhouettes des protagonistes de ce jour. Elle est seule. Le silence à son giron confirme cette impression, même si au loin, le bruissement des fourrés et le cri particulier indique qu'une autre forme de vie gît ici. Alors, d'un pas, elle se laisse happer par le piège tendu de cette noirceur avide. A son sein déjà, les serres se referment, masquant même à sa vision ce ventre distendu de la réussite du renard. Et si elle ne la sent pas encore, l'engeance est pour autant toujours bien présente. Car pour mieux se manifester à cette mère en devenir, elle étire la peau du ventre gonflée de sa forme innée. Au dedans, l'enfant dans son renflement abonde d'une énergie nouvelle, fort de sa jeunesse à peine effleurée. Au devant d'un danger qu'elle ignore encore, Nivéenne rue d'une botte légère.

    Tu es mère.
    Misère.
    Fille-mère.
    A ton écrin, sublime le joyaux encore chimère.
    Tu es bijoutière.
    Receleuse en tes reins, de ton ère.
    Et tu désespères.
    D'être mauvaise mère,
    Mauvaise hère.
    Arrimé à ta chair,
    Le désir de complaire.
    Tu es femme fière.
    Car tu sais mieux, qu'un seul travers,
    Séduit toujours faucheuse délétère.
    Mais toi, coutumière,
    Tu es cerbère,
    Pour ton enfant, tu sors les serres.
    Tu montres ta colère.
    Prise pourtant à ton propre savoir-faire.
    Mère, tu signe ce soir, la fin d'oosphère.
    Misère.
    Tu étais mère.


    Aux ténèbres qui s'engorgent de sa silhouette, Camarde se sublime d'un apprêt de froideur. Pourtant, dans son sillon, déjà, la Mort rôde. Pas à pas, son couperet s'abat, et loin de ménager sa tendre amie, elle étire son grief par un poing rageur. Dans cette mise à mort, elle lui rappelle sa parjure. Roide délaisse ses envies au profit d'un être qui ne sera qu'un énième prolongement de cette ascendance sans éclat. Le sang s'écoule, expiant là les fautes infondées, montée par l'infamie possessive. Un cri. Son cri. La douleur foudroie de son ardeur la maigre chair, les hématomes perlent sur l'épiderme d'albâtre, et recroquevillée aux abords de la route qu'elle n'a pas quitté, elle semble déjà sentir l'étau de la mort à sa gorge déployée. Ironie du sort. Pourtant, la fin attendue ne vient pas, c'est une toute autre ardeur qui anime à présent son corps. La vie grouille. Elle grouille d'une urgence anormale. Dans la litanie qu'elle s'est prise à répéter, oiselle a compris que si son âme n'est pas partie ce soir, c'est bien celle de son enfançon qui a été dérobé. Dans ses afflictions, l'entraille cherche à expier ce qui ne devra jamais exister, laissant au souvenir le soin de s'effacer, de son vide. Alors, désespérée de ces conclusions, tendron apprend qu'on ne peut prendre sans jamais donner en retour. Au bord de ce petit chemin, se joue ce soir, la tragédie d'un drame prévu. Sans rire et sans allégresse, voilà qu'elle donne la mort, à défaut de la vie.



« Foehn.. »

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Judicael.
Je retourne au terrain vague
Lorsque le sommeil est couché
Comment se monte la garde
Commençons les hostilités*





Fléau d'arme en main, la première tête qui apparaîtra viendra y goûter. Il a un relent de sang dans la bouche, la langue qui fourche. Il arpente le coin, nerveux à point. Elle est où cette fille de chienne, cette ratée? Il ne la ratera pas, dusse-t-il lui arracher le cœur pour le manger.

La haine en bandoulière, tout a volé dans la basse-cour. Renard a fait son carnage au poulailler, à la recherche de coupables. Ils n'ont pas de mots. Ils se sont tus. Ils ont bien tenté de poser leurs mains sur lui, mais c'était vain. Nerveux à poing. Il saute les talus, se ramasse sur les souches et sur ce sempiternel sang froid qui l'a quitté. Il les a tous repoussés. Dites aux curés, dites aux pasteurs qu'ailleurs ils aillent se faire pendre, le diable est passé de bonne heure et mon âme n'est plus à vendre ... Si vous me laissez cette nuit a l'aube, je la trouverai, je lui arracherai la vie comme elle l'a arrachée aussi, à celle qui ne m'a jamais offensé. Coupables. Coupables. Tous coupables. Coupables de l'avoir laissé ramener Hel dans le bourbier d'un pillage qui aura tourné court. Coupables les jaloux. Coupables ceux qui n'ont rien dit et ceux qui ont parlé. Coupables.


J'réponds plus
Aux défis des cadors qu'adorent les filles
J'me défile
J' m'habille plus en courageux
J'aime tes yeux
Ma jolie, ils disent comme deux faux amis
Mieux vaut mourir de rire que mourir d'adieu*


Le repli est immédiat. Que personne ne le touche. Que personne ne l'approche. Il ne rentrera pas tant qu'il n'aura pas trouvé et tué de ses mains l'assassine de son fils à naître. Foehn. Il devait s'appeler Foehn. Il ne rentrera pas. Il ne rentrera pas. La campagne est muette, le fou la transperce à corps et à cri. Personne ne l'entendra. La nuit est tombée. La rage ne tarit pas. Il ne veut plus les voir. Tous autant qu'ils sont. Leurs yeux compatissants, leur insupportable empathie, la gerbe le prend.

Je ne joue plus
Au bandit, au cador qu'adore les filles
Je'rends toutes mes billes
Je m'habille plus en homme heureux*


Les lèvres essuyées d'un revers de manche, les yeux sont injectés de colère et de fatigue. Des heures qu'il n'a pas touché terre. Mais comment redescendre ? On a tué son engeance. On l'a tué par négligeance. Le fou ce soir, c'est lui. Personne n'aura le droit de l'en empêcher. Personne ne se mettra en travers de sa route. Si Magdelon avait déjà assisté à une décompensation, l'ire de Judicael au moment précis où la pâle lui est amenée, ventre saccagé, cuisses sanguinolentes n'est rien en comparaison. Le fou ce soir, c'est lui. Quelque chose a cédé. Un boulon mal vissé. La machine a morflé, quelque chose là , s'est détraqué. Poussez-vous. Laissez-le passer. Laissez-le partir.

Quelqu'un doit mourir. le roux aux cheveux longs saccage tout ce qui lui tombe sous la pogne. Le goupil est destruction. Quelqu'un doit mourir. Pousse-toi Magdelon, où je te romps les os à deux mains. Dégage Owenra, où je vais faire quelque chose que je regretterai demain. Prenez-la. Prenez-la, moi, mes mains ne m'obéissent pas. Il marche jusqu'à tomber d'épuisement, le visage ravagé mais sec dans la mousse épaisse. Il marche jusqu'à hurler sans voix, pas une larme en l'état n'est encore capable de couler. On lui a pris son fils. On le lui a volé. Aux Miracles il n'y a pas de serments. Pas de mariage. On ne mange pas de ces unions. Mais il y a les liens du sang. L'omerta, et la loi des vendetta.

Il n'est plus question de pillage. On l'a pillé, elle. L'attaque est avortée. Il a laissé Hel aux mains des femmes, elles qui sauraient quoi faire. Quelqu'un doit mourir. Le jour se lève, la nuit pâlit, le chasseur est un chien qui a faim. Quelqu'un doit mourir.

Mais Judicael...

Quelqu'un est déjà mort, après l'enfant. Un peu de toi, certainement. Toi qui, consciencieusement, a entraîné ta Hel dans l'enfer de ta vie.


* Terrain vague, BBbrunes

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Recueil
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Owenra
    Sans comprendre comment ni pourquoi, l'Owen' se retrouve bientôt avec une gamine albinos dans les bras. Enfin... Plutôt avec une albinos en mauvais point déposée là, sur une couche improvisée dans le camp à l'extérieur de la ville. Elle penche la tête sur le côté en voyant Renard visiblement remonté, prendre la poudre d'escampette. Puis le regard est partagé avec Magdelon à ses côtés. Avant que, finalement, elle ne daigne observer la Hel avec plus d'attention. Alors seulement les pupilles se baissent sur les jambes, alors elle comprend. Lèvres charnues pincées, elle retrousse le jupon de la Neigeuse pour constater les dégâts en amont. Air grave se dépeint sur son visage quand elle s'agenouille entre les cuisses de la gamine. Un regard vers la brunette :


Mag... Trouve-moi de l'eau s'il te plaît.

    Alors que brunette s'exécute. L'Owen' est peu encline à la conversation naturelle avec la Petite Blanche, il faut dire que les deux ne sont guère bavardes en présence l'une de l'autre. Indifférence totale entre ces deux-là, et pourtant, mère Renarde se trouve au sein de l'intimité même de la femme enceinte en perdition. Elle retire ses gants et les pose dans un coin alors que les fines mains chaudes vont à la rencontre des genoux relevés de la jeune fille en souffrance. Inspiration prise, les iris partent en quête de leurs homologues :


Essaie de te détendre. Je vais faire au mieux.

    Qu'est le mieux dans ce genre de situation ? Probablement la survie de la mère puisque l'hémoglobine échappé de l'entre-jambe suffit à persuader l'Owen' que le fœtus n'est déjà plus. L'Oiselle revient avec les demandes de Renarde galeuse. Mains sont trempées dans l'eau en y emmenant le linge alors que voix se fait à nouveau entendre aux oreilles de l’Épileptique :


Apporte-lui ton soutien pendant que j'oeuvre, elle va en avoir besoin.


    Aucun sourire, aucune attente de consentement. L'heure est grave et Owen' doit faire au plus vite pour aider le corps à évacuer le cadavre à peine formé avant que ce dernier n'empoisonne la triste mère et ne lui prenne trop d'énergie. Linge humide se voit mis à porté d'intimité, manches sont retroussées. Un avertissement est lancé :


Hel, inspire. Je vais le chercher.

    Sans outil de curetage -n'oublions pas que la Rousse n'est pas une faiseuse d'ange, au contraire, elle craint et hait cette pratique-, reste les doigts. Bien que cela soit possiblement répugnant, il n'est pas l'heure de s'en émouvoir, aussi ne tarde-t-elle pas à se mettre au travail après avoir prévenu Hel de son intention.

    Il lui faut un temps certain avant d'être assurée d'avoir enlever tous les éléments contenus dans l'utérus nordique. Et c'est les mains couvertes du sang d'Hel qu'elle cesse son office. Silencieuse, elle prend le temps d'essuyer toute traces de sang sur les jambes blanches. Le placenta et le fœtus sont emballés dans l'un des linge restant. Alors seulement redresse-t-elle son dos.


C'est fini. Tu saigneras encore un peu pendant quelques jours puis ça s'arrêtera.

    Sans attendre, elle remballe les linges sanguins ainsi que la collecte faite et s'extirpe de l'endroit confiné. Une fois dehors, Renarde prend une inspiration. Il lui faut quelques instants pour retrouver ses esprits. Le froid lui mord la peau et lui glace les mains humides de sang. Du regard elle cherche Cael pour lui annoncer la fin de la mise à mort et le début du deuil.

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(Possibilité pour les perso's de plus de 30 ans de reconnaître l'Owen' au moyen de son BG de catin, ne pas hésiter à MP si l'envie vous guette)
Magdelon
L'oiselle le sait, le sent, tout dans l'air lui prouve depuis quelques jours qu'une catastrophe va arriver, que le fil ténu qui les relie tous va se rompre pour faire exploser en morceaux le calme tout relatif qui entoure leur petit groupe. Comble de l'ironie, Magdelon s'en est même ouverte à Hel peu de jours auparavant, l'angoisse lui prenant les tripes jour après jour. Après l'épisode foireux en Limousin, chacun a repris la route pour rejoindre le campement à quelques lieues. De là haut, leur Dieu pourri doit bien se gausser de les voir tous se démener avec leurs propres démons, l'une criant vengeance, l'autre donnant la mort, celui-ci devenant folie, celle-là accusant l'arrivée prochaine de la faucheuse. Au point de rencontre, tout implose, explose, s'écrase en une déferlante morbide qui les impacte tous, tous autant qu'ils sont.

Lorsque les lueurs du feu du campement s'imprègnent à sa vision après plusieurs heures de marche, brunette est enveloppée de cette ambiance pesante. Chaque pas lui paraît plus lourd, le gel craquant sous son poids même léger. Les ombres se meuvent, là-bas, les silhouettes se déplacent et rapidement c'est aux côtés d'Owen qu'elle se retrouve. A peine quelques mots échangés, des bribes d'informations reçues, et voilà qu'un vent froid et piquant se met à souffler. La blanche leur est amenée, ensanglantée, alors que le goupil se fait la malle, le regard fou, les pupilles dilatées par la déraison, sans un mot. Rouquine s'agenouille alors au plus près du corps malingre, découvrant une peau blanche et laiteuse, maculée du liquide vermeil et poisseux. En un clignement de paupière, l'oiselle comprend aussi ce qui est en train de se passer, son cœur se serre, les mâchoires se crispent, bien consciente qu'il est trop tard, que la faucheuse a encore une fois fait son ouvrage.

Il y a un temps de latence d'une poignée de secondes avant de réagir à l'injonction d'Owen, le choc de voir Hel dans cet été prenant le pas sur l'action, le mouvement. Et enfin son corps se décide à bouger. De l'eau, il faut de l'eau. Sa course se fait rapide, les ustensiles servant normalement pour la bouffe balancés dans tous les sens jusqu'à trouver le nécessaire, avant de choper des gourdes emplies d'eau. Le tout est déposé près d'Owen, l'eau versée dans le récipient sans un mot, les lèvres pincées et le cœur battant. Depuis bien longtemps, pucelle ne verse plus de larmes, une partie de son cœur s'étant brisé lorsque de son fait, la mort avait été donnée. Une partie d'elle qui avait grandi bien trop vite et trop sombrement. Et de toute façon, qu'est-ce que feraient Hel et Owen d'une chouineuse en cet instant ? Les mots glissés à son oreille, son visage se hoche et la silhouette brune va se glisser au côté de la blanche, attrapant ses mains.

    - Serre-les Hel, brise-les s'il le faut.

Parce que oui, l'albine va douiller sévère, aucune des trois ici présentes n'est dupe sur les instants qui vont suivre. Lorsque rouquine débute son œuvre, Magdelon s'oblige à ne rien lâcher des yeux. Il faut tout vivre au sein de ce groupe, le bien, comme le mal, tout endurer, accepter les douleurs, les déchirements, les morts, les peines. Il en va ainsi des voyageurs, des nomades passant leur vie sur les routes. Vie faite de rapines, de bastons et de meurtres, parfois. Son visage se ferme alors que le sang dégouline encore plus, que le petit être déjà mort se voit retiré de la matrice. Il disparaît dans un linge, triste fin d'une histoire qui avait commencé à faire battre bien des cœurs et vivre des espoirs et des projets communs.

Les traits indéchiffrables, Owen sort après son ouvrage, emportant avec elle le si petit cadavre et toutes les traces qu'il avait déjà laissées. L'oiselle se relève alors et rabaisse les vêtements sur le corps frêle et blanc avant de le recouvrir d'une couverture remontée jusqu'au menton. Elle fouille ensuite dans les affaires disposées là jusqu'à trouver une gourde pleine d'alcool fort. S'agenouillant à nouveau près de la Nordique, le goulot est présenté devant ses lèvres, plus dans un geste d'obligation que d'invitation.

    - Bois.

Magdelon la fera boire jusqu'à ce que Hel sombre et que la chaleur se soit installée au sein de ses membres, dans ses veines. Et l'oiselle se fera sentinelle de nuit jusqu'au retour du rouquin, quoi qu'il advienne.
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~~*~~ ReVolte ~~*~~
Hel_
    *

    Albine avait retrouvé le campement sans qu'elle ne se souvienne du chemin parcouru. Il n'y a que la douleur. Pernicieuse, elle s'est infiltrée en son sein, jusqu'au creux secret de cette intimité habitée pour mieux se sublimer. Là, elle s'étend sans autre bonne résolution que l'idée d'arracher à ce corps malingre sa toute-puissance. Faiblesse est à nouveau effleurée dans les relents amers des affres agitant la courbe d'une silhouette pliée en deux. Elle a mal. Mal à son fils. Mal à son esprit. Mal à son âme. Le fiel de vermeil s'écoule au laiteux de ses cuisses, tâchant l'immaculé d'un sillon, qui même nettoyé, ne saura y laisser qu'un souvenir immuable. Et avec lui, c'est la vie qui s'échappe à renfort d'énergie. Celle de son enfant mais surtout la sienne. Dans le vaporeux de son esprit, elle a compris que tout est déjà écrit. Alors, quand elle saisit les faciès familiers de ces femmes fréquentées, elle ne se bat plus. Entre ses mains, ce n'est pas son destin qu'elle tient mais bien l'offrande de son souffle pour cette faucheuse qu'elle devine proche. Trop proche pour qu'elle ne comprenne les paroles qui lui sont énoncées. Nivéenne est perdue entre les afflictions qui l'étreignent et celles plus anciennes, d'une respiration qu'on lui a trop souvent reprochée.

    Elle n'ignore pas, pour autant, la sollicitude que lui porte ses compagnes de voyage. Si avec l'une, elle est moins taiseuse, elle ne connaît pas encore suffisamment l'autre pour se fendre de trop de paroles. Et pourtant, la voilà au plus près de son intimité profanée dans l'idée, non pas de resserrer les liens mais bien de retirer les restes d'un espoir fini qui altère déjà sa santé. Alors, quand la rousse fait son œuvre et que la douleur ondule jusqu'à avilir son esprit de son joug, Roide se tend et agrippe sans s'en rendre compte les doigts proposés. A sa gorge, ce n'est pas son chant de grive qui se joue mais bien un cri. Unique rappel des affres qui habitent, dès à présent, un corps qu'elle ne trouve plus sien, avant qu'elle ne défaille et délire tout bas. Le visage rongé de ses larmes et de sa fierté disparue, elle semble perdre pied avec cette réalité trop cruelle. En norvégien, elle murmure sa détresse et réclame son renard qu'elle n'a pas pu voir tout à l'heure. Mais quand Owenra quitte le confins de cette tente des horreurs, elle semble sursauter d'une conscience revenue et vouloir se redresser avant que le cuisant de son ventre ne la retienne.

      « - Je... voulais... le voir.. »


    Déjà, c'est une autre oiselle qui la couvre du regard comme d'une couverture. L'alcool n'est pas refusé et le liquide s'écoulant à sa gorge blanche semble réchauffer la triste silhouette devenue froide. Elle s'accroche à Magdelon d'une paume aux tissus la couvrant et avant qu'elle ne sombre dans un repos sans rêve ni douleur, elle souffle une dernière fois.

      « - Reste avec moi. »

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Judicael.

    I'm worse at what I do best
    Je suis le pire dans tout ce que je fais de meilleur
    And for that gift I feel blessed
    Et pour ce don je me sens béni
    Our little group has always been
    Notre petit groupe a toujours existé
    And always will until the end
    Et le sera toujours jusqu'à la fin




Le mâle a mal. Mal à son fils. Mal à son esprit. Mal à son âme.

A l'écart des autres, les yeux verts scrutent un horizon vide de sens. Assis depuis longtemps, assez de temps. Esprit en geôles, corps en vrac. Pas une larme n'a foulé sa joue depuis. Ni trouvée, ni tuée de ses mains, l'assassine apparition n'avait pas reparu. Alors Judicael n'était pas rentré. Elle était venue dans l'éclair d'une seconde et avait emporté la vie. Foehn. Il devait s'appeler Foehn. La douleur avait muté, la rage avait coulé jusqu'à ne rester qu'une sourde et froide colère parant ses traits émaciés. Désormais elle resterait comme une mauvaise grippe, lui infectant aussi le poumon. Voilerait son éternel flegme et ses gestes tranquilles. Viciant malgré lui ses moindres façons. Si le roux n'avait jamais été un grand bavard, ses silences seraient désormais presque gênants, piqués de méfiance et de roide observation.

Etait-ce tant pour cet enfant qu'il n'avait pas attendu, ou pour l'orgueil de ne pas pouvoir riposter? Etait-ce tant pour l'offense faite à son sang ou pour ressentir si violemment la brûlante désolation de la pâle? Si le roux avait le corps libre et l'esprit sauvage, il n'avait pas le cœur volage. Ce qui la transperçait ricochait, inévitablement, vers ses propres fatalités.

Pipe vissée entre ses dents exhale sa lente fumée âcre. Mutique, Cael contemple un vide béant, cherchant silencieusement ses contours, pour l'éclater. La nuit est tombée. Le jour s'est levé. Il est prostré, blessé et fier comme un vieux Grand Duc sur sa souche, ignorant l'appel des mulots. La vie allait continuer. Oui. Elle allait continuer, demain. Mais ce soir... Silence. L'absence n'est pas lâche, elle est incapable, même dans l'accalmie entérinée. Tout est encore noué dans le plexus, boule bileuse qu'il ne saurait pas cracher. Il maudit en silence ce frère jaloux de son bonheur, coupable aujourd'hui d'avoir obtenu satisfaction: Les enfants n'étaient plus. Ni le sien, arraché au ventre avant que de naître, ni le leur, porté à dieu vat nul ne sait où par Morrigan. Samael avait fait jurer à son jumeau que les enfants vivraient, tous deux. Ou mourraient, tous deux.

Il est des lois fraternelles que personne ne souhaiterait connaitre. Pacte avait été respecté malgré eux. Emportant bien plus que deux enfançons.

    Checkmate.




[ Pipe aux lèvres, il se voit planer et sourire. Son esprit devient infiniment fertile.
Productif. Il est vivant. Il est également un cerf, puis un rapace.
L'espace d'un instant, il oublie qu'il y a plus d'inconvénients à vivre que de points positifs.
Il oublie tout ce qu'il a compris depuis des années déjà.
Que le seul vrai amour de l'homme est le pouvoir.
Que le pouvoir lui, il le méprise autant qu'il le recherche.
Étendu sur son radeau immobile, Cael invoque en silence des flots d'émotions à volonté, et soudain...
Il sait juste que dans cette vie, ses bonheurs sont inaccessibles. ]

- RP " Cette chienne entre Toi et Moi" -

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Owenra
    Mère Renarde retrouve son fils. De loin elle reconnait la silhouette voûtée et fumeuse. Sans lâcher les linges et la triste réalité en leur sein, elle se glisse jusqu'à lui. Vulpes ne le touche pas, après tout, ses pattes sont encore recouvertes du liquide rouge, poisseux et collant qui s'accroche à sa peau. Les pupilles dardent sur Renard un regard triste et compatissant. Elle aurait voulu lui épargner cette peine. Elle aurait aimé prendre la place de Hel et recevoir les coups. Protéger l'enfant et la mère. Sauver l'enfant et la mère. Le cœur déchiré, elle doit pourtant savoir ce que Rouquin veut faire du petit corps, elle doit aussi lui dire de rejoindre celle qui fait battre son cœur.


Cael...

    Rompre le silence. Sortir l'usurier de sa torpeur. L'extirper des vestiges de la tristesse.


Va voir Hel. Elle a besoin de toi.

    Les mots ne parviennent à franchir les lèvres quant au devenir du fœtus en voyant le mur que s'est érigé le Roux qui semble impénétrable. Owen' se ravise alors, elle prend sur elle de s'éloigner de nouveau. Trouver un endroit propice à la mise en terre d'une vie morte sans être viable. Entre les racines d'un chêne, elle creuse un trou à main-nues, terre et sang font un mélange lugubre sur sa peau grise. Lentement, le minuscule être rejoint la terre dans son linceul improvisé. Avec plus de lenteur encore, l'humus recouvre à nouveau le trou et le trésor qu'il cache. La pointe d'une dague vient griffer le tronc au-dessus de la tombe. Un simple "F" marquera l'emplacement de ce qui n'a jamais été plus que l'habitant dessous un nombril. Si l'un ou l'autre demande l'endroit pour se recueillir, il l'obtiendra sans trop de difficulté. En attendant, Renarde se redresse pour rejoindre un point d'eau, y glisser les mains et frotter. Frotter au point de se faire rougir la peau pour retirer toute trace du sang de Hel. Retirer la terre accumulée sous les ongles.
    Pour finir, elle rejoint Viperea et au creux des bras de sa sœur, elle tait sa tristesse. La perte d'un enfant pas même vivant lui est coutumière. Triste événement souvent présent parmi les catins quand la mort n'est pas attendu ni souhaitée par la maquerelle. Evènement tragique et pourtant, bien souvent inévitable.

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(Possibilité pour les perso's de plus de 30 ans de reconnaître l'Owen' au moyen de son BG de catin, ne pas hésiter à MP si l'envie vous guette)
Judicael.
L'oeil ne se détourne pas de ce point fixe, atone, auquel le roux s'est raccroché lorsqu'émerge Owenra, comme sortie d'une dimension lointaine. Ancre, elle perce de sa voix la cloque ténue dans laquelle le renard a coulé sa vivacité et y largue ses amarres. Il l'entend. Il comprend ses mots. Pourtant, rien ne saurait rompre son immersion.

Il se retrouve là, près d'elle, comme lorsqu'elle l'enroulait de ses bras de madone, exhalait contre lui des nuées ardentes à l'Opium, lui apprenait la vie, et surtout comment ne pas la donner. Bleu, il l'avait été face à la renarde expérimentée, face à ses ruses communicatives et désormais en perçait enfin la force. Cette nuit là, Judicael est devenu un homme. Un grand homme muet, transpercé par cette première maturité apportée avec plus de précautions que nécessaire dans son linceul. Owenra qui s'éteindrait bientôt aussi, apporterait sa pierre à l'édifice qu'il devenait, laissant au jumeau solitaire son leg éternel.

Il faudrait lui dire que le petit n'avait sa place qu'aux cimetière des Miracles. Mais comment faire. Et comment l'emporter... Ils étaient loin de chez eux, tous autant qu'ils étaient. La Cour des Miracles ne serait pas retrouvée avant plus d'un mois, peut-être deux. Il la laissa s'en aller dans un mutisme résigné. Et lorsque la pipe fut terminée, ébranla un peu sa carcasse douloureuse. Comme rouillée par le temps. Ce soir, il avait pris quelques années.

Quand il retrouva Hel, bien après le départ de Magdelon, tout s'était tût. Elle ne dormait pas. Comment aurait-elle pu? Ils restèrent longtemps dans ce mutisme épais, noueux et désœuvré. Jusqu'à ce que les phlyctènes s'annexent, pour voir l'albine accoucher de quelques mots.


    « - Pardon. »


Contrite d'avoir été champ fertile et ensemencé, contrite d'avoir été foulée d'un pied saccageur. Hel avait toujours, en tous temps et en tous lieux l'éloquence qui lui manquait. Ses bras se refermèrent sur la frêle silhouette au tempérament de fer, promesse d'un avenir meilleur et du retour des cycles vitaux. La nuit et les jours s'écouleraient sur eux, jusqu'à ce que les plaies cautérisent d'une même cicatrice. Secrète et silencieuse. Honnie pour l'éternité.

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Une femme m’attend, elle contient tout, rien n’y manque.
Mais tout manquerait si l'union n’y était pas, et sans la sève de l’homme qu’il faudrait.

Le sexe contient tout. Corps, âmes, idées, preuves, puretés, délicatesses, fins, diffusions, chants, commandements, santé, orgueil, le mystère de la maternité, le lait séminal, tous espoirs, bienfaisances, dispensations, toutes passions, amours, beautés, plaisirs de la terre, tous gouvernements, juges et dieux. Tout est dans l'union, comme autant de facultés de l'union, et toutes ses raisons d’être.

Sans doute, l’homme, tel que je l’estime sait et avoue les délices de son sexe. Sans doute, la femme telle que je l’aime, sait et avoue les délices du sien.

Ainsi, je n’ai que faire des femmes insensibles. Je veux aller avec celles qui m’attendent, avec ces femmes qui ont le sang chaud et peuvent me faire face. Celles dont je vois qu’elles me comprennent et ne se détournent pas. Celles dont je vois qu’elles sont dignes de moi. C’est de ces femmes dont je veux être le solide amant.

Quand je les aime, elles ne sont pas moins que moi, en rien. Elles ont le corps tanné par le soleil et les vents qui passent. Leur chair a la souplesse divine, le ressort divin. Leurs cheveux s'étalent de l'or au brun, dans le prisme de toutes les couleurs du monde.
Elles savent nager, ramer, monter à cheval, lutter, chasser, courir, frapper, fuir et attaquer, résister, se défendre. Elles sont extrêmes dans leur légitimité d'être miennes. Sont calmes, limpides, en parfaite possession d’elles-mêmes.

Je t’attire à moi, femme. Je ne puis te laisser passer, je voudrais te faire du bien.
Je suis pour toi et tu es pour moi, non seulement pour l’amour de nous, mais pour l’amour d’autres encore. En toi dorment de plus grands héros, de plus grands bardes.
Et ils refuseront pour ce temps que nous nous offrirons l'un à l'autre d’être éveillés par un autre homme que moi.

C’est moi, femme, je vois en toi mon chemin. Je suis austère, âpre, immense, inébranlable, mais je t’aime. Alors, je ne te blesse pas plus qu’il ne le faut. Je verse en toi l’essence qui engendrera des garçons et des filles dignes de ces terres unies; j’y vais d’un muscle rude et attentionné, et je m’enlace solidement, et je n’écoute nulles supplications.
Je ne puis me retirer de toi avant d’avoir déposé ce que tu as couvé, veillé et entretenu, ce que tu as accumulé si longuement en moi.

A travers toi je lâche les fleuves endigués de mon être, en toi je dépose un millier d’ans.
A toi je greffe le plus cher de moi et de tout homme. Des rivières que je distille en toi grandiront de chaudes et puissantes filles, des artistes de demain, musiciens, bardes, conquérants. Les enfants que j’engendre avec toi engendreront à leur tour. Je demande que des hommes parfaits, des femmes parfaites sortent de mes frais amoureux, je les attends, qu’ils s’unissent un jour avec d’autres, comme nous nous unissons à cette heure.

Je compte sur les fruits de nos pluies acides, nos haltes brumeuses, nos arrosements jaillissants, et je surveillerai nos moissons jusqu'aux naissances. Vie, mort, immortalité, voilà ce que je sème en cette heure, si amoureusement.

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