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[RP] Casser la croûte avec la Duchesse.

Elenna
La blonde avait fait préparé une salle de réunion au sein du château de Nancy. Il fallait cependant travailler dans l'urgence car l'invité attendu n'allait guère tarder. Aussi la table, des sièges confortables, une cheminée accueillante, et bien sûr de quoi se restaurer. La Duchesse de Lorraine avait demandé à rester seule pour accueillir le chef de l'armée illégale qui se construisait sur son territoire. Elle avait tout de même veiller à enfiler une tenue de cuir et de maille, bien qu'elle en restait féminine et gracieuse. Le tout était de rester avec la classe d'une régnante tout en se protégeant d'une éventuelle trahison. Bien sûr, en plus de cela, nombre des gardes du château avait reçu l'ordre de rester derrière la porte en cas d'incident.

- S'il arrive avec d'autres personnes, qu'il soit le seul à entrer. Il s'agit d'un face-à-face. Nous préviendrons s'il y a des changements. Faites prévenir également la Capitaine Cyriella, qu'elle se tienne prête, nous pourrions la faire appeler au besoin. Mais pas toute suite.

Ensuite, elle se mit à faire les cents pas dans la salle en réfléchissant à toutes les possibilités qui se présentaient à elle. L'homme lui avait dit ne vouloir faire aucun mal à la Lorraine et même donner quelques écus à sa ville de Toul comme dédommagement. Mais pourquoi ? Pourquoi être venu en Lorraine ? Qu'est-ce qui se tramait derrière tout ce chamboulement ? Les dernières informations que son Etat-Major avait récolté laissé à penser certaines choses. Mais des précisions devaient être apportées. Aussi, elle espérait que cette rencontre allait lui apporter.
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Judicael.
Il était tard. La nuit avait lentement grignoté les clochers Lorrains, étendu sur le plafond du duché quelques filandreux nuages qui laissaient à penser que le lendemain serait gris, et peut-être même pluvieux.

Le bas du visage drapé dans un col de laine sombre et un garde-corps dissimulant les cuirs, une silhouette sèche et droite s'était avancée vers les remparts. Seule. Sous le capuchon, une nuée de cheveux roux et raides tranchés nets aux épaules s'y enchevêtraient. Le renard avait relevé le museau sur les vigies, à la lueur des flambeaux. l'homme s'était présenté aux portes de Nancy. Accueilli par les lances, il avait montré patte renarde, le sceau ducal au vélin tendu.


"La Duchesse m'attend."


C'est tout ce que les lèvres minces avaient murmuré, tandis que les hommes de Lorraine le fouillaient avec défiance.

Si seul, il inspirait la méfiance, accompagné de ses hommes, le Miraculeux inspirait la crainte. Les forces vives brigandes n'entraient pas souvent en soulèvement, éparpillées, elles se mouvaient dans les bas-fonds crasses et les causes plus légères. Pourtant, à l'aube d'un jour nouveau, quelque chose semblait se tramer dans le sillage des malandrins.

Tempéré, il avait vu en quelques jours le duché se barricader à leur seule arrivée en ville. Il avait mis du temps à sortir de ses muettes observations, peu bavard déjà par nature, le roux n'aimait pas sortir de sa réserve à moins que les conjonctures le nécessitent. Et visiblement, la nervosité des Lorrains avait fini par gangrener.

L'échange s'était établi par messagers interposés. Un petit rat de la cour, un innocent, avait été envoyé trouver les pénates de la Duchesse, bravant ses propres craintes et les dangers pour arriver jusqu'à elle. A l'issue de plusieurs plis, rendez-vous avait été donné. Le Maitre du quartier pourpre avait accepté de venir, il se laissa désarmer sans broncher et conduire jusqu'au lieu désigné par quatre hommes.

Passant le seuil, il s'arrêta face à cette fameuse duchesse, dont il ne connaissait pas encore le visage, et observa autour d'elle l'inattendu vide. C'était un huis clos. Les portes se refermèrent et étouffèrent à peine quelques murmures filtrant au travers. Derrière, les suppositions allaient bon train.

Les verts revinrent à son vis à vos blond. Il estima alors que cette femme là avait assez de tempérament pour s'enfermer avec un homme dont elle ignorait l'étendue. Et cela annonçait un tête à tête plus constructif que prévu. Il inclina le chef, dégageant les entrelacs de tissus qui dissimulaient un peu sa face. Face à la Duchesse se tenait un homme jeune, et au sang froid inaltérable qui avait l'habitude de manier l'art de la négoce. Aux Miracles, n'était-ce pas son gagne-pain?

Votre grâce. Me voici à vous, seul, et sans armes.

N'était-ce pas là une merveilleuse entrée en matière?
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Elenna
La porte s'ouvrit. Ça y est ! C'était l'instant de découvrir à qui elle devra faire face. Son visage se tourna donc naturellement vers l'entrée - ou la sortie, au choix ! - et son corps se fixa. Droite, comme elle pouvait l'être du temps où elle avait été militaire, sans pour autant paraître coincée, son visage pâle était sérieux, mais n'exprimait aucune animosité. Il n'était pas question de montrer la moindre crainte... D'ailleurs, c'était quoi ce terme hideux ? La première impression est toujours la bonne, à ce qu'on dit. Elenna avait décidé qu'il fallait montrer qu'on en avait, et ce malgré sa condition de femme ! On put même voir un léger sourire qui pointa sur le visage de la jeune femme de vingt ans. Comme si elle accueillait une connaissance. Ses yeux bruns détaillèrent le roux qui lui faisait désormais face. Il n'avait clairement rien à voir avec son monde de fastes. Néanmoins, il dégageait quelque chose qui inspirait une certaine forme de respect. Déjà assurée de cette première impression, la blonde inclina la tête en guise de salutation pour répondre à son invité. Ensuite, elle écarta les bras et se laissa observer, pour montrer qu'elle non plus, n'avait aucune arme. Ainsi, ils étaient à armes égales, poings et paroles. Le moment qui suivit, d'un geste de la main, elle l'invita à s'asseoir.

- Merci d'être venu. Je vous en prie, prenez place. Mirabelle ? demanda-t-elle en se dirigeant vers la desserte où se trouvait les breuvages et les verres, n'ayant nulle peur de lui tourner le dos, les oreilles aux aguets. J'ai prévu de quoi se restaurer sur la table, vous êtes libre de vous servir.

On ne pouvait pas dire que l'accueil était des plus chaleureux. Mais elle espérait qu'il fusse suffisamment convivial pour apaiser l'ambiance qui lui semblait si lourd. Cependant, elle ne devait pas oublier à qui se trouvait en sa compagnie : une menace potentielle pour son Duché. Lui promettre de ne pas toucher au Duché, c'était une chose. Mais ça n'était pas écrit dans le marbre. Puis surtout, elle se doutait qu'il devait bien y avoir des conditions à se traitement de faveur, quand on sait que la majorité des effectifs adverses étaient composés de personnes fichées. Elle s'approcha de son invité et lui tendit son verre avant de s'asseoir à son tour. La Louve d'Epinal toissa l'individu un court instant, tous ses sens en éveil.

- Parlons de votre armée... Vous l'aurez compris, votre débarquement sur mon territoire et votre construction rapide sans même une alerte ne m'ont guère plu. Et j'espère que vous comprenez bien les décisions que j'ai prise. Si ce n'est point pour la Lorraine que vous êtes là, alors pourquoi ?

La Duchesse n'avait pas pour réputation de tourner autour du pot quand elle avait quelque chose à dire. Les mondanités et les plaisanteries, on verra plus tard si l'occasion le permet. Et là, elle voulait savoir ce qu'on lui voulait concrètement. Elle s'attendait à toutes les réponses.
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Judicael.
Le demi oreille inclina un peu le chef et prit la place désignée en dégageant un peu son épaule du carcan de tissus qui la recouvrait. Les cheveux roux dénotaient un peu dans ce tête à tête inattendu.

S'il n'était pas bien vieux, celle qui dirigeait le duché n'était pas plus âgée que lui. Et quel aplomb... Judicael aimait les femmes. Celle-ci ne lui déplairait pas, en autre contexte. Enroulant ses doigts autour d'un godet d'alcool, l'heure n'était pas à compter fleurette. Aussi le regard si couvrant puisse-t-il être habituellement se contenta de garder un périmètre ne s'évadant pas plus loin que les yeux de son interlocutrice. Ainsi, les yeux dans les yeux, les émotions que l'on gardait cadenassées pour un protocole nécessaire avaient loisir de tourbillonner un peu avant de se voiler. Ce qu'il constatait, c'était que dans ceux-là, il y avait une contrariété, mais point de colère. A ses propos, le renard se dérida un peu. D'une voix légèrement cassée, et sans ironie, il répondit:

- Duchesse... Comment...? Votre source d'informateurs intarissable ne vous aurait pas mis au fait...

La salve d'alcool vint trouver les lèvres. Peut être pour masquer une pointe d'amertume?


- Vous m'en voyez fort étonné, vu que vous avez alerté tous les duchés voisins de l'arrivée d'une armée imminente...

Là. Oui. C'était bien de l'amertume. C'est qu'en terme de poids dans la négoce, l'argument tombait mal. Alerter son voisin quand l'on faisait mine de ne pas avoir envie de se mêler de ses affaires tant qu'il n'y avait pas de grabuge chez soi... Voilà qui laissait la tête de groupe songeur. Et déconcerté. Et en parlant de tête, c'était bien ce dont il s'agissait. Sa tête sur un plateau, offert aux Français. Et bien qu'elle soit un peu délictueuse, un peu cassée, elle était jeune, et il y tenait. Si les services de renseignements de la Duchesse étaient prolifiques, il ne fallait pas douter de ceux de ses visiteurs quelque peu... Inquiétants? Aussi le grand rouquin aux cheveux tranchés avait revu bien malgré lui sa confiance en l'issue d'une négoce équitable à la baisse. Mais tout n'était pas perdu d'avance. Le gaucher reposa son verre et inspira.


- Il est vrai que je n'ai guère pris le temps de nous annoncer. En cela. Je suis un peu cavalier.

Un peu mon vieux.

- Mais je persiste et signe.

L'index écrase sa pulpe sur le bois de la table.


- Il ne sera fait aucun mal à vos ouailles.

Blanche oie. Voilà un surnom qui lui irait bien. Elle était blonde, de cette beauté froide et germanique, et pourtant il n'émanait pas d'elle la dureté que l'on connaissait aux gens de ce coté-ci de la frontière. Elle semblait aimer les choses précises, alors il fut précis.


- Mon but se trouve bien plus loin, par delà les frontières. Et les frontières en savent désormais assez. Alors je vous le demande encore, votre grâce. Accepteriez-vous une somme d'argent coquette pour laisser une poignée d'hommes en arme quitter votre territoire...? Une sorte de... Droit de passage. Une sorte de garantie de ne pas se froisser mutuellement.

Apres tout il avait assez d'hommes pour retourner toute la Lorraine, bien que ses intentions n'y étaient pas pour l'heure. Le huis clos ne lui permettrait pas d'en dire plus, quand un éternuement sonore venu des portes vint ponctuer leur échange. Ici, les murs avaient des oreilles, et plus que jamais. Moins elle en saurait, plus elle se dédouanait de la suite des événements, après tout. Aurait-il fait les mêmes manœuvres militaires face un ennemi inopiné? Sans aucun doute. Différents par leurs milieux naturels mais semblables par leurs pouvoirs, le roux et la blonde se faisaient face, observant chacun dans son camps les cartes restantes. La duchesse et le brigand, un conte qui ne s'écrirait pas pour les enfants...

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Elenna
Les réponses lui donnèrent le sourire tandis qu'elle portait à ses lèvres fines une gorgée de la délicieuse liqueur de la région. Elle prit carrément ses aises en fait, se mettant bien au fond de son siège pour mieux apprécier la conversation. A aucun moment, elle n'interrompit son interlocuteur, qu'elle écouta avec attention. Et que dire du message qu'elle recevait. Il n'était on ne peut plus clair. Même l'idiot du village aurait compris les risques en jeu. Si Elenna n'était pas la Duchesse qu'on pouvait décapiter à la fin de l'histoire, elle se serait rudement bien marrée devant ce genre de situation. Mais bon... Le "couic" final ne la tentait pas des masses. Néanmoins, elle arrivait quand même à trouver une certaine forme d'amusement dans la conversation... Comme un jeu. Et elle savait qu'elle n'avait que des atouts dans sa manche et Judicael annonçait une bien drôle de couleur. Elle ne se démontait pas pour autant.

- Votre réponse est limpide. Vous jouez franc-jeu, j'aime bien.

Ben oui, autant le dire qu'on aime un truc. Sinon, on passe pour la rabat-joie de service. Et presque toute la Lorraine sait que le plus grand rabat-joie de la Province, c'est Sylvan d'abord...
Elle se pencha bien généreusement pour attraper un morceau de pain dissimulé parmi d’autres aliments sur la table, avant de se recaler dans son siège. Si lui ne voulait rien manger, ce n’était pas son cas. La faim la tiraillait un peu et mettre de la mirabelle sur un estomac vide, c’était la meilleure association pour que la jeune femme fasse encore des ravages sous l’ivresse. C’est qu’elle pourrait être capable d’embrasser le mec d’en face !


- Je dois dire que je vous trouve intéressant. C’est sincère, ajouta-t-elle tandis qu’elle arrachait un morceau de son pain, avec un sourire franc, redéposant le reste sur la table. Et vous êtes loin d’être bête. Aussi, j’estime que vous n’êtes pas dupe au point de croire que je vais accepter que vous nous marchiez dessus et qu’un simple payement suffise à nous satisfaire. C’est comme croire que la Lorraine est une pucelle qui accepterait quelques écus pour être dévergondée. Malheureusement, c’est se tromper de cliente. Par contre, les dons sont tout à fait les bienvenus et sont acceptés avec reconnaissance , fit-elle d'un sourire, sur le ton de l'humour... Quoique.

A la suite de quoi, elle machouilla son bout de pain, tout en observant l’homme qui lui faisait face. Elle poursuivit ensuite sur sa lancée, d’une voix calme et posée, invitant au dialogue dans son format.

- Vous avez raison. Nous savons beaucoup de choses que vous venez de confirmer. Et rien de plus naturel à notre action de prévenir les autres, qui sont nos alliés... Quand on voit débarquer 20 personnes armées et avec des passifs bien chargés pour certains, l'idée qu'ils viennent faire de la cueillette de mirabelle apparaît comme l'option la moins probable, surtout que ce n’est pas la saison.

J'ai bien compris par votre discours que vous ne nous laissez pas le choix. Soit vous partez librement, soit nous nous retrouvons en d'autres circonstances, n'est-ce pas ? Je pense cependant que si je vous laissais faire et acceptais votre proposition, les conséquences seraient bien plus terribles pour mon Duché que vos troupes. Mes relations diplomatiques avec la France et l’Empire en pâtiront sans nul doute, peut-être même avec une envie de vengeance. Car c’est bien d’attaquer la France ce dont s’agit, non ? Si je me trompe, je vous permets de me corriger et saurais reconnaitre mes erreurs. Mais si cela s’avère être vrai, qu’ais-je donc y gagner hormis vos écus qui ne régleront rien à mon histoire ? La protection de mon peuple ? La Lorraine n’a guère peur et se défendra corps et âme si nécessaire. Alors, je vous écoute, que faisons-nous ?


Et là, c’est une vraie porte ouverte qu’elle laissait au rouquin. Ses arguments avaient sans doute été posés durement, et ne semblait laisser place à aucune autre manœuvre possible que le conflit. Pourtant, la blonde savait entendre ce qu’on avait à lui proposer. C’est d’une façon maniérée qu’elle attendit une réponse en buvant une nouvelle gorgée de sa mirabelle.
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Judicael.
Ce tempérament lui avait ouvert l'appétit. D'une patte décidée, le Pourpre jeta son dévolu sur la rondeur du pain délaissé par la blonde. Il était frais. La duchesse ne se foutait pas de la gueule des gens. Il observa son vis à vis sans détour, du laiteux de la peau qu'elle avait couvert à grands renforts d'étoffes aux bruns de ses yeux. Fit quelques pas dans la pièce, s'attardant un peu au fenestron. La senestre vint retirer à l'insu de la Duchesse un ruban carmin au poignet qu'il déposa contre le parapet. Il observa un peu la vue, de ce qu'il appercevait éclairé à la lueur des torches. Puis se retourna. Franc-jeu, il l'était. Pas toujours,évidemment. Il n'avait pas bâti sa réputation là dessus, ni ses affaires... Mais lorsque les circonstances le nécessitaient, Judicael sortait de sa carapace et mettait à profit ce tempérament de fer que ses proches lui connaissaient. A ce jour, il dînait avec une adversaire à sa mesure. Et c'était diablement excitant.

- Elenna von Stavanger.

N'était-il pas bâtard Von Frayner? Tous deux avaient l'esprit vif et piquant des gens du nord.

- Vos miches sont foutrement bonnes.

Dit-il avec un léger sourire, tandis qu'il bu un peu pour faire descendre. Si le roux était bien sensible à quelque chose dans ce bas monde, c'était bien aux bonnes choses de la vie. Manger, boire, frayer et ma foi, se battre un peu aussi. Les doigts vinrent gratter l'oreille au bout manquant, tandis qu'il se rassit à table, se penchant légèrement en avant pour rétablir le lien qui s'était momentanément brisé. Partager ce repas n'était pas commun. Les deux se tenant là, face à face, comme deux adversaires, et pourtant en échangeant sur leur avenirs respectifs avec une fausse décontraction habilement maniée. Chacun mesurait les enjeux, les siens, ceux de l'autre. Il posa son menton sur le plateau de ses mains liées.

- Vous avez de l'esprit pour les images... Au moins, on ne s'ennuie pas en votre compagnie. Mais si vous pensez que votre décision est déjà prise pourquoi sommes-nous encore là? Et si vous, peuple Lorrain, n'avez pas peur du loup, pourquoi craindre d'autres représailles? Pensez-vous que je me donnerais tant de mal à monter une armée, pour rassembler seulement vingt personnes en armes...?

Il écarta un peu les bras. Non, il n'était pas dupe. Ni léger. Ni trop négligent. Sinon serait-il si bien entouré? Judicaël ne mettait pas tous ses œufs dans le même panier. S'il avait bien appris quelque chose avec le temps, étant l'unique maquereau du plus illustre bordel des Miracles, c'était que pucelle ne se laissait pas payer pour sa virginité. Pucelle se trouvait comme la pépite qu'elle était et s'enlevait. De force ou de gré. Et sa préciosité ne tolérait pas qu'on l’abîme. Qui serait assez idiot pour en réduire sa valeur?

- Duchesse, écoutez-moi.

Le godet fut repoussé.


- Ce que vous ne savez pas, vous blanchit de toute incrimination. La France, la Navarre, qu'importe. Vous avez déjà aidé votre prochain en donnant l'alerte. Voilà ce que j'ai à vous donner.


Alors il se pencha près de l'oreille ducale. Oui, elle pourrait s'en offusquer. Le repousser, craindre qu'il ne l'effleure, ce qu'il ne fit pas. Le murmure s'étendit un peu dans le temps. L'art de la négoce se sublimait d'apogée à petit bouillon. Sans plus de cérémonie, il se redressa et planta deux verts attentifs dans les bruns.
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Elenna
Le voyant se lever pour se diriger vers la fenêtre, le visage de la Louve d’Epinal s’assombrit. Ce n’était pas bon signe que son adversaire quitte la table de cette façon. Elle flairait un mauvais coup. Il lui tournait le dos, semblant réfléchir tout en observant le paysage. Avait-elle donc dit quelque chose qui avait fait mouche ? Elle fit preuve de patience, connaissant les risques encourus de n’importe quelle précipitation ou erreur d’action. Elle se contenta de prendre une grande mais discrète respiration pour apaiser son envie d’agir. De nature impulsive, les expériences du passé avaient su lui apprendre à taire ses démons et modérer son tempérament. Cette rencontre n’était qu’une occasion de plus pour le destin de la tester dans cet exercice. Malgré tout, les idées allaient bon train dans son esprit, que ce soit sur la suite de la conversation, son issue, son contenu,… Judicael se retourna vers elle. La blonde releva la tête de quelques millimètres pour lui signifier son écoute attentive. Mais pour entendre quoi ? Un compliment sur ses miches… Quelles qu’elles soient, elle dut se retenir pour ne pas rouler des yeux ou se plaquer la main sur le visage. Comme entrée en matière, on a déjà vu mieux ! Les hommes, je vous jure… Tsss. M’enfin, cela ne représentait rien qui puisse énerver la jeune femme. Au contraire, il avait au moins de l’audace, ce qui n’était pas un défaut.
Elle attrapa son verre de mirabelle et en but une nouvelle gorgée, prête à accueillir les prochains sons qui sortiraient de sa bouche. Car après tout, il n’avait toujours pas répondu à sa question. Jusqu’ici, ils ne faisaient que tourner autour du problème, tels des vautours ayant repéré leur futur festin. Mais aucune résolution ne fut trouvée, un festin qui n’était qu’un leurre. En revanche, il confirma une nouvelle les informations qu’ils avaient obtenues ici et là. Plus de vingt hommes… Elle n’ignorait pas que certains attendaient derrière ses frontières fermées et gardées. Elle exprima un soupire, baissant le regard vers le bois parfaitement poli de la table, avant de recevoir l’ordre de l’écouter. Il se fichait d’elle ou quoi ? Elle ne faisait que ça ! Mais elle comprit qu’il s’agissait d’autre chose cette fois.

Elle le vit s’approcher d’elle. Sa respiration se fit plus contrôlée, car presque arrêtée. Mais elle ne bougea pas d’un cil, loin d’être impressionnée par la proximité. Elle avait confiance en ses qualités de guerrière, il n’était pas question qu’elle recule, ne serait-ce qu’un peu, comme toutes ces blanches fesses qui n’ont jamais vu la couleur du sang s’écouler lentement d’un homme à terre. Non. Son caractère et ses tripes étaient bien plus fermes que cela. Un murmure se fit, durant lequel la blonde plissa un peu ses yeux. Informations, insulte, déclaration. Quand le silence se fit, son regard se tourna vers lui, avec noirceur visible. En d’autres circonstances, peut-être se serait-elle sentie flattée, mais là, c’est un panneau « danger » énorme qui lui vint à l’esprit. Cet homme ne lui voulait pas du bien, et il avait un plan qui allait dans ce sens. Elle rigolait beaucoup moins la Duduche à cet instant. Même si, elle devait le reconnaitre, sa façon de procéder était des plus ingénieuses. Elle avait tous les arguments du monde pour grogner, voire mordre. Mais non, elle ne devait pas entrer dans ce jeu de faiblesses béantes. Elle termina donc son verre de mirabelle avec un calme olympien d’une gorgée sèche. La descente Lorraine, une vraie merveille !


- Je pense que nous nous sommes tout dit, fit-elle, avec un air presque déçu, comme si elle avait voulu que le jeu dure plus longtemps.

Ses commissures de lèvres s’étirèrent légèrement pour devenir sourire, qui montrait l'amusement qu'elle retirait des dernières paroles.

- La paix ou l’épée, hein… ? Nous verrons bien ce que le Très Haut m’annonce comme destinée. Peu importe, nous nous reverrons. Mais vous finirez bien par partir de mes terres la tête basse, peu importe le moyen, je vous le garantis. Et gardez donc vos écus pour soigner vos hommes.

Une menace ? Non, loin de là. Une prédiction. Et peut-être aussi la promesse d’ouvrir une nouvelle boite de jeu… La Lorraine est souveraine, et n’est assujettie par personne. L’Empire s’y est essayé tellement fois, à s’en péter les dents.

- Je suppose ne pas avoir besoin de vous raccompagner à la sortie. Et j’espère que notre mirabelle vous a satisfait, autant que mes miches.

Oui, on fit sur une touche d’humour ! Ça manquait à cette ambiance tellement plombée ! Elle se leva pour saluer son invité d’une révérence, avant qu’il ne reparte. Son regard le suivit jusqu’au bout, jusqu’à ce que la porte se referma sur sa rouquine silhouette. Quelques secondes plus tard, après s’être assurée par une écoute attentive qu’il ne reviendrait pas, elle se laissait submerger par la vague de ressentiment qu’elle retenait depuis un moment. Sa main fit projeter l’un des godets loin dans la pièce. Imbécile ! Elle vint s’appuyer la table, le visage sombre, rageant contre elle et cette situation intenable. Et il lui fallait admettre que l’homme n’était pas une demi-portion, qui a su d’une manière dissimulée l’humilier.

- Judicael, quand nous nous reverrons, je me ferais un plaisir de me baigner dans votre sang… se murmura-t-elle, prête à en découdre lors d’un second round.

Elle se redressa et se dirigea vers la porte qu’elle ouvrit.


- Gardes, que l’on fasse venir ma Capitaine. J’ai à lui parler.

L’ayant prévenue quelques temps plus tôt, elle ne devait guère être très loin. Pendant qu’ils avaient parlé, Elenna n’avait pas oublié qu’une opération avait eu lieu à l’extérieur, avec sa propre armée et avec le but de repérer et détruire les forces de l’autre camp. Les résultats devaient dès à présent être parvenus à leur Etat-Major. Il fallait qu’elle les connaisse pour prendre sa décision finale.
Quand Cyriella fit son apparition, les yeux de la blonde se posèrent immédiatement sur elle, et elle se précipita à sa rencontre.


- Alors ?! Avons-nous réussi ?

Question simple, mais qui résumait toutes les informations dont elle avait besoin.
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.judicael




La négoce avait tourné court. Les quelques phrases qu'il avait murmuré à l'oreille de la duchesse semblaient avoir radicalement changé la donne. Il fallait avouer qu'il n'avait pas mâché ses mots.

" Serrez-moi la main ou comptez vos nuits ". Un impératif final qui avait double tranchant. Fier, Judicael s'était redressé et avait imité sa voisine dans une ridicule pantomime de salut, que ni l'un ni l'autre n'avait réellement envie de se donner. Le Pourpre avait cela pour lui. Du sang froid. Et beaucoup de réflexion. Calculateur, ses chances de remporter la partie semblaient figées et nécessitaient un petit coup du destin. La Lorraine ne souhait pas se laisser corrompre. Et bien moins impressionner. Qu'à cela ne tienne ! A trop s'entêter à rester inflexible, on finit par le payer et se briser au premier vent de travers. La silhouette sèche passa les portes du château, visage retourné à l'anonymat de la capuche sombre et démarche tranquille.

La nuit de négoce - il n'était pas dupe - visait aussi à le détourner de ce qui se passait à Toul. Pendant qu'il était là, après avoir fait presque un jour de route, l'Alérion Lorrain tentait d'attaquer son armée en frontière. Qu"à cela ne tienne. Le roux avait plus d'une corde à son arc, et une grande capacité d'adaptation. Ordres avaient soigneusement été donnés avant de partir pour tenir tout assaut, et renard rusé ne s'inquiétait pas d'un éventuel mauvais coup nocturne. Ses hommes, nombreux et armés, vaguement impatients aussi, n'avaient laissé aucune place au hasard.


A l'orée du bois à quelques minutes de marche du castel, retrouvant quelques uns de ses acolytes, le demi oreille avait déjà quelques idées en tête. La nuit était fertile, toujours. Un terreau favorable à y faire germer des projets exaltants.

- Là, les négociations sont terminées. Inutile de perdre plus de temps, il nous est précieux. Elle est belle mais capricieuse. C'est tout à fait le genre de femme avec qui je veux jouer. Je la veux.

Et tandis qu'il retournait à ses positions, un léger sourire vicelard s'étala sur sa face.


- Qu'on retrouve Vivia. J'ai besoin de ses talents.Demain en fin de journée avant que la nuit ne tombe, Nancy nous reverra.


Les dés étaient jetés. Le groupe disparut, englouti par l'épais manteau des arbres.


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Vivia_


L'armée des Rats.
Cette appellation reflétait à la perfection l'union de ces âmes putrides, de ces Miraculés qui tels des vermines avaient décidé d'infecter le Royaume. Si les Rats étaient connus pour véhiculer et propager la Peste, ces fils de la Cour avaient pour l'heure un dessein tout autre. Néanmoins, chaque bataille avait son lot de perte, de blessés et si les Rats étaient des enfants avides de sang, de stupre et de chaos, leur carapace épaisse et habituée aux maux, n'en restait pas moins vulnérable. La Mère des Rats en avait conscience et sa présence ici-lieu n'était pas le fruit du hasard. Depuis que l'éveil avait embrasé les pavés de la Cour, le médecin s'était préparé à cet événement et à ces possibles débouchées. Alors tandis que certains se reposent, que d'autres s'impatientent, la Bicolore quant à elle s'active pour récolter, concocter, étudier et réviser inlassablement ses gestes pour gagner en précision et en rapidité.

Avec l'aide de la Blanche, des missives avaient été envoyées à tous les Rats pour les informer de sa présence et de sa fonction et quelques conseils, voir instructions avaient été communiquées en cas de difficulté. Pourtant, aussi étonnant que cela puisse paraître, la Sicilienne, vénale, fourbe et intéressée de nature, avait délaissé ses intérêts propres, ses habitudes pourtant tenaces de toujours vouloir tenir ses patients et leur dette, au profit de soins Gratuits. Autant dire que le Barbier Fou qui cohabite entre ses tempes eu maintes fois l'occasion de clamer son mépris et mécontentement.

Quoiqu'il en soit, alors qu'elle range ses sacs de jutes et finalise quelques onguents, un Rat vient la quérir. Délaissant alors à regret l'âme d'un puceau qu'elle aurait aimé damner, elle récupère sa besace et y entrepose quelques potions et poisons, en somme "la Base". Les pas s’enchaînent, la distance est avalée et c'est silencieuse et impassible que la Hyène regagne la carcasse du Demi-Oreille.
A travers quelques murmures, il lui fait entendre ses attentes et c'est avec une application certaine que l'herboriste réalise le liquide adéquat et ce, non sans en omettre un petit quelque chose, sa signature.

𝕮𝖔𝖑𝖑𝖆𝖇𝖔𝖗𝖆𝖙𝖎𝖔𝖓 𝖒𝖆𝖑𝖘𝖆𝖎𝖓𝖊


Finalement, ce n'est qu'à la tombée de la nuit que le petit groupe s'avance pour rejoindre ceux qui sont déjà en place et qui, avec discrétion, se sont efforcés de mâcher le travail des deux comparses. Le ruban carmin est à l'intérieur au dessus de leur tête. Il nargue, à la verticale. Grand bien leur fasse, ils allaient devoir se faire confiance et se soutenir pour parvenir à leur fin. Muette, elle s'agrippe, se hisse et accroche la poigne du Sournois pour finalement abandonner le froid et le vide extérieur pour le luxe et l'opulence. Jamais de sa putain de vie, le Barbier n'avait connu pareil intérieur et loin d'envier et de mépriser ceux qui jouissent de ces droits, la Mère des Rats se contente simplement de plaindre ces âmes trop lisses de maux.

Une fois la fenêtre passée, Vivia prend soin de ne pas écraser sous ses bottes ces débris de verres alors que l'échine du Renard se redresse. Oreille alerte. Doucement, elle s'avance et entend la raison de cette prudence. Devant la porte de ce qui semble être leur but, deux gardes font les pieds de grue. En toute franchise, le Barbier Chirurgien n'excellait pas dans le domaine de la furtivité et des attaques au corps à corps, c'pour dire, son corps entier reflétait plutôt sa capacité à encaisser les maux plus qu'à les rendre. Mais ça c'était avant, d'avoir été -une fois de trop - violentée par son père, d'avoir perdue son enfant, d'avoir appris l'art du combat rapproché avec sa cousine et d'avoir décidé de faire un -gros- doigt d'honneur au serment d’Hippocrate. Ainsi donc, la main se glisse dans la besace et le rasoir est saisi. A chacun ses armes, le Barbier Fou lui maniait cette lame avec dextérité et précision.

Minutes après minutes, les associés attendent de trouver le moment opportun, celui où, ils allaient pouvoir s'avancer et les neutraliser sans vague. Et faut dire que le temps est long lorsque l'on attend comme des cons. Finalement, l'occasion se présente enfin et c'est d'un pas vif, décidé et impassible qu'ils étouffent la distance et les lippes masculines avant d'en éteindre définitivement le souffle. A chacun sa méthode. La Hyène quant à elle préfère planter sa lame dans cette veine qui se niche au creux du cou. Celle qui, en quelques pulsations et gargouillis de carmins condamne l'âme à abandonner son vaisseau. Après tout, le Renard avait simplement donné comme consigne de ne point faire de "mal" à la Duchesse, rien n'avait été précisé quant à ses larbins.

Accompagnant alors le corps dans sa chute pour en étouffer l'écho, Vivia marque une pause. Faut dire que si en apparence tout semble être maîtrisé, pesé et mesuré, à l’intérieur de ces tempes, le Barbier Fou lui, s'exalte, s'astique et jouit de cette mise à mort. Le Carmin le fait vriller..Littéralement. Après tout, on ne peut être la sœur du dernier des Sanguinaires, la fille du Barbier Fou et être insensible à cette chaude couleur.

    𝕴𝖓𝖘𝖕𝖎𝖗𝖆𝖙𝖎𝖔𝖓. 𝕰𝖝𝖕𝖎𝖗𝖆𝖙𝖎𝖔𝖓. 𝕾𝖊𝖑𝖋-𝖈𝖔𝖓𝖙𝖗𝖔𝖑


Une fois la vue nettoyée de ce trouble carmin et poisseux qui lui colle à la gueule et aux mèches bicolores, la Hyène fait entendre au comparse qu'elle est apte à poursuivre. Acte 1 : Entrée – Check. Acte 2 : Les Gardes : Check. Acte 3 : Capturer la Poulette : En cours.

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Elenna
Sa Capitaine s'approcha prestement, découvrant au passage les lieux du rendez-vous et le festin qui avait été proposé à l'invité, pourtant indésirable dans le Castel de Nancy. Depuis le départ, elle avait été opposée à cette idée de rencontre en face-à-face, trouvant qu'il existait bien trop de risques. Alors en découvrant que la Duchesse l'avait traité comme un ambassadeur, on vit son visage changé. Malgré ses nombreuses recommandations, elle n'avait eu guère son mot à dire, tant la blonde était une femme entêtée... et peut-être un peu irresponsable ou irréfléchie. Pas si irréfléchi que ça quand on y pense... Puisqu'elle avait probablement gagné le respect chez cet adversaire vil et pouilleux. Bien pauvre fut Cyriella qui avait du se faire un sang d'encre pendant tout ce temps. Enfin, maintenant, elle devait être soulagée que la jeune femme n'eut subi aucun mal. Par contre, elle n'avait pas de bonnes nouvelles à lui annoncer...

- Et merde... avait lâché la blonde Duchesse, alors qu'une de ses mimines venait pincer l'arrête de son nez et que ses paupières se fermaient sous le poids de la contrariété.

Son armée avait été défaite dans le combat qui devait avoir lieu. Ou plutôt, pour être précis, les hommes lorrains n'étaient pas parvenus à localiser l'armée ennemie. L'armée des Rats avaient été vu aux pieds des remparts de Toul, comme pour faire un pied de nez aux défenseurs. Mais ensuite, leur campement semblait s'être retiré en d'autres lieux. Les soldats eurent alors beau fouiller la forêt qui entourait la ville, aucune trace ne put être décelée... Les mauvais joueurs ! Leur bande de malfrats avaient veillé à effacer tout signe de leur passage et les quelques renseignements que purent récolter les soldats de l'armée lorraine n'avaient été que flous ou partiels. Et à force de tourner en rond pendant des heures après un ennemi volatilisé, ils avaient reçu l'ordre de revenir à Toul. La grosse claque... Mais c'était malheureusement les aléas des manoeuvres militaires. Parfois, on avait des ennemis crétins comme la lune, et d'autres fois... Bah, c'étaient les autres fois !
A cette annonce, la jeune femme n'eut pas d'autres choix que de sonner la retraite. Ils avaient eu là leur seule chance de freiner ces porteurs de malheur. Si elle décidait de ré-attaquer la nuit suivante, c'était ses hommes qu'elle mettait en danger, risquant de les blesser, voir de les perdre à jamais. Au vu du dernier recensement lorrain, elle ne pouvait se le permettre, même s'ils étaient volontaires. Tant pis. Son Duché avait fait ce qu'il avait pu pour aider les alliés français, mais à présent, le danger était trop grand pour eux. Il fallait désormais s'en remettre au Très-Haut pour espérer ne pas voir de représailles à leur encontre.


- Donnez leur l'ordre de revenir sur Nancy. Nous devons absolument protéger la Capitale. Et gardez un nombre de défenseurs important sur Toul... On ne sait jamais qu'ils deviennent fous avec la pleine lune.

Le regard de sa Capitaine en disait long sur ce qu'elle voulait. Savoir ce qui s'était dit entre elle et le rouquin. Mais Elenna ne pouvait pas tout lui dire... Son ego était bien prédominant pour ça, mais si cela risquait de mettre sa vie en danger. Ce murmure qui lui résonnait encore dans l'oreille. Elle n'en avait pas le coeur net. Et quand bien même... Elle n'était pas une petite nature ! Elle était une descendante du peuple nordique, sa famille avait l'art du combat dans les veines, elle-même était une guerrière chevronnée. Non, c'était inutile de gaspiller des hommes pour la surveiller alors que les villes en avaient besoin. Elle soupira et lui répondit :

- La Lorraine n'est pas leur objectif. Il vise quelque chose de plus gros... Beaucoup plus gros. J'ignore qui ou quoi. Ce qui est sûr, c'est qu'ils ont un base arrière pour gonfler les rangs ici présents.

Elle leva une main pour arrêter tout initiative venant de son interlocutrice, sachant déjà ce qu'elle allait lui dire.

- Je sais. Ce sont des brigands, nous ne pouvons les croire sur parole. C'est pourquoi nous allons rester méfier et gardez nos frontières fermées. Ainsi qu'une défense accrue sur nos villes à proximité. La Capitale sera protégée par l'armée. Oh, et mettez quelques hommes supplémentaires dans la quartier de mes appartements. S'ils prennent le château malgré tout, ils les retiendront pour que je puisse m'échapper.

Le mensonge fut rapide, cohérent, franc. Un prétexte tout trouvé pour calmer son sentiment d'inquiétude sans alarmer son Conseil. Les ordres ainsi donnés, la brune put repartir les transmettre, laissant seule la jeune Duchesse une nouvelle fois. Elenna posa une main sur un dossier d'un des sièges, la mine pensive. La stratégie. Elle devait penser à la stratégie. Ne pas défaillir. Lorsqu'elle fut décidée, elle se rendit dans les bureaux du Conseil Ducal afin de répondre à certaines interrgations et rédiger d'autres documents administratifs. Notamment prévenir l'Empire et la France que la Lorraine avait son devoir et que si elle pouvait encore aider, elle le ferait dans la mesure de ses moyens, mais que pour l'heure, elle devait laisser partir l'armée des rongeurs hors de son territoire.
Ensuite, il sera l'heure de se coucher...

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Vivia_


Drôle d'adrénaline. Faut dire que d'habitude, l'air ambiant et teinté de fragrances âcres et funestes propres aux Miracles. Là pour sûr, ça hume bon le carmin et le coup foireux pourtant, il règne dans ce couloir, une odeur plus légère, plus florale. En somme, la Poulette sent bon et il est temps d'aller veiller sur son sommeil.

Ni une ni deux, la main ensanglantée abandonne sa marque sur les tapisseries alors qu'elle suit les pas de la Demi-Oreille. Pour une fois, ni l'un ni l'autre ne cause, ça change. Concentrés sur leur objectif commun, Renard et Hyène s'avancent sournois jusqu'à la chambre de la Duchesse pour en pousser l'épaisse porte. Les Rats sont dans la place et quel honneur pour Poulette, voilà que le Chef de l'Armée des Rats et la Mère des Rats viennent personnellement veiller sur son doux sommeil.

Et pour dormir, elle dort bien. C'est con, ça ne durera pas longtemps. Les deux comparses sont déjà de part et d'autre de la couche et s'échangent un dernier regard entendu pour la sortir de sa torpeur. Qu'importe si le rêve était bon ou déroutant, le réveil lui, sera cauchemardesque. En une fraction de seconde, le Renard est en position surplombant le buste féminin dans l'expectative de son éveil alors que le Barbier pince, délicatement, les nasaux de la Duchesse. Le corps s'agace, réflexe naturel et lentement la bouche s'ouvre, non pour pousser une plainte, un appel mais bien pour avaler ce contenu que la Mère des Rats lui déverse directement dans le gosier au risque de s'étouffer. Sacré réveil. Sans attendre, Judicael plaque aussitôt le corps gracile contre les étoffes pour la maintenir en position, lui éviter toute fuite pendant que le Barbier lui, imprime le plat de sa main contre sa bouche bien dessinée pour lui interdire tout rejet, tout crachat.

Qu'importe les regards hagards, la surprise et la détresse qui se lisent dans ce regard encore embrouillé et endormi, les deux comparses eux pensent déjà à la suite. Stratèges, ils pensent toujours à cette longueur d'avance qu'il leur faut avoir pour survivre. Les Rats sont aussi avisés, perfides que nombreux. Aucun mot ne s'échappe de leurs lippes, trop risqué. Ils attendent simplement que le liquide fasse son effet avant de s'activer de nouveau. Finalement c'est au bout de quelques minutes de soubresauts et de muscles tendus que le corps de la Duchesse finit par se faire docile. K.O, elle l'était et la transporter n'allait pas être une tâche aisée, heureusement Demi-Oreille était bien battit.

Poulette dans les bras du Mâle, Vivia elle se contente de déposer le sceau des Rats sur la table de chevet en guise de signature avant de se fondre dans l'ombre du comparse. Sans encombre, ces derniers regagnent ensuite la fenêtre qu'ils avaient empruntés pour se poser la question de circonstance. Comment redescendre avec ce bagage en prime, sans abîmer la marchandise. Sérieux, soucieux, le Renard dépose donc la donzelle sur le rebord de la fenêtre alors qu'il engage la descente sous le regard, étrangement perfide et vif du Barbier.

𝐈𝐧𝐬𝐩𝐢𝐫𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧. 𝐑𝐞́𝐟𝐥𝐞𝐱𝐢𝐨𝐧. 𝐑𝐢𝐜𝐚𝐧𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐦𝐮𝐞𝐭 𝐞𝐭 𝐇𝐎𝐏 !


C'trop long. Après avoir vérifié et avisé les brigands en contrebas, la Mère des Rats se contente alors de pousser le corps de la Duchesse dans le vide et de s'en remettre, entièrement, aux réflexes des leurs pour réceptionner le colis. Qu'importe donc le regard incendiaire du Renard auquel elle se contente de répondre par un sourire perfide, le Barbier Fou entame sa propre descente. Gain de temps, efficacité et confiance, la Duchesse est réceptionnée sans même un bobo par les Rats. Livraison express. Colissimo médiéval.

Drôle d'Adrénaline. C'pas tous les jours qu'une Duchesse vole par la fenêtre pour être récupérée par de la vermine et pour que sa carcasse si pure et délicate se noie dans une masse informe et puante de Rats....Une Duchesse parmi les Miraculés. Une Duchesse poussée dans les limbes...

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Ferrant_le_forgeron
Comme toujours Ferrant traine ses guêtres dans les sombres ruelles longeant le château à la recherche d'une occasion de se faire un peu d' écus pour arrondir ses fins de mois. Faut dire qu'son patron n'est point du genre généreux et distribue plus facilement les coups d'pieds au fessier qu'les récompenses.

Fouinant à droite à gauche cherchant la bonne occase il fut soudain attiré par l'avancée furtive de deux silhouettes se dirigeant vers le castel.

Ferrant le connaissait bien l'castel ! combien d'fois il y était entré pour porter des marchandises commandées à son patron. Il savait où s' trouvait la demeure d'la duchesse souvent aperçue à sa fenêtre. Un joli brin d' blonde qu'elle était celle là ! mais c'était pas du même monde qu' le Ferrant.

Pourquoi s'est il spontanément mis à suivre les deux énergumènes ? il ne le sait pas. Ferrant est un garçon déluré et aime l'aventure. Ouai ces deux là ne sont pas clairs se dit il.

Il se planque derrière le pilastre de la porte cochère et surveille les faits et gestes des deux gus, les voit monter à la fenêtre de la Dame puis quelques minutes plus tard voit avec effroi une forme tomber par la fenêtre puis réceptionnée par des hommes. Les deux formes redescendent du castel et s'enfuient en silence avec le groupe et le corps inanimé.

Ni une ni deux il se met à les suivre à bonne distance. Il s'agit d'un enlèvement il en est certain désormais. Son coeur bat la chamade, le voilà imbriqué dans une belle aventure. Il pourra peut être en tirer profit s'il agit comme il faut et discrètement.

Prévenir ! c'est la première chose à faire. Il sort son pigeon toujours blotti dans sa sacoche et rédige au mieux un message adressé au chef des gardes ducaux




Meusieur le garde ducal
je croy bien que votre duchaisse a été enlever cet nuy par des larons et je peu vou zaider a la retrouvé, je lai ay suivi et je say ou elle ay
je soray vous retrouver
ferrant le forgeron


Le pigeon s'envole en direction de la garde ducale, Ferrant suit le groupe à distance, il sait se rendre discret et continue son avancée au rythme du groupe furtif.
Elenna
C'est dans un soupir que la jeune femme posa sa plume sur son bureau après avoir rédigé quelques lignes, très longues, sur un parchemin. L'encre séchait à peine, mais elle aurait la nuit pour achever son union avec le papier. La lettre, adressée à son cousin Promether, dans laquelle elle lui disait qu'elle allait s'absenter une journée pour faire des vérifications, restera sur le bureau jusqu'à ce que celui-ci la trouve. Combien cela mettra-t-il ? Elle ignorait. Elle n'avait que l'espoir pour s'accrocher. L'espoir qu'elle avait écrit cette lettre pour rien, l'espoir qu'elle puisse trouver une solution à cette situation, l'espoir que ses doutes se taisent. Mais en attendant, l'espoir ne repose pas, il ne tranquillise pas. Il n'y avait que deux options pour cela : aller dormir ou résoudre son casse-tête. La seconde ne pouvait se faire toute suite... Ne restait que la première. Quoiqu'il en restât encore une ! Se torcher à la mira... Ok, ça, c'était un exercice quotidien en Lorraine...
Elle s'étira de tout son long, avant de se lever de son siège. Elle émit un léger souffle envers les bougies qui éclairaient la pièce afin que leur flamme volontaire ne s'échappe en une fumée souple et odorante. N'en restait qu'une, qu'elle attrapa de ses doigts fins pour se diriger vers le coin de ses appartements, après avoir fermé la porte de son bureau, mais pas à clé. Elle parcourut les différents couloirs, vérifiant que ses instructions avaient été suivie. Quelques gardes supplémentaires avant été ajouté. Elle les salua au passage, leur souhaitant une bonne nuit, sachant bien qu'il n'était pas toujours aisé de garder l'oeil ouvert quand rien ne se passait. Sa main libre vint enfin toucher la poignée de la porte de sa chambre. Elle y pénétra dans le silence le plus absolu. La blonde déposa sa bougie sur le coin d'une table et se rendit vers le coin de la pièce où elle se changeait. Il n'y avait pas à dire, il y avait longtemps qu'elle n'avait plus enfilé une telle tenue. Elle s'y sentait merveilleusement bien, bien plus que dans les robes qui lui serrait le ventre et lui comprimait la poitrine. Ici, elle était libre de ses mouvements, à l'aise, pouvant sortir son épée à n'importe quel moment... Elle eut d'ailleurs l'idée qu'elle devrait s'habiller de la sorte plus souvent. Alors, certes, ça ne fait pas Duchesse conventionnelle... Mais Elenna était-elle une femme conventionnelle ? Elle qui déjà par le passé avait aimé un homme qui rêvait d'indépendance et de non-croyance en le Seigneur. Elle qui avait participé à une guerre contre la Couronne impériale. Elle qui aujourd'hui refait exactement la même chose, à la différence de l'homme en question et des sentiments en jeu. Non, conventionnelle n'était certainement pas un mot qui lui correspondait. Donc, c'était décidé, nouvelle tenue pour la Duchesse de Lorraine.
Mais en attendant, elle devait s'en défaire. Dans des gestes graciles et légers, elle défit un à un les tissus et morceaux de cuir qui parsemait son corps à la peau douce et blanche, avant d'enfiler la tenue qui allait lui servir la nuit. Une robe on ne peut plus simple, bien loin de tous les fastes qui pouvaient se faire en matière de mode de l'époque, mais dont le tissu était de qualité, qui se glissa facilement le long de sa silhouette et dont le laçage était facile. Elle retira les quelques breloques qui maintenaient ses cheveux blonds, le laissant reprendre ensuite leur place sur ses épaules avec toutes leurs ondulations naturelles. Tandis qu'elle se dirigeait vers son lit, elle jeta un regard par la fenêtre. Rien à signaler de ce côté. Peut-être pourra-t-elle dormir l'esprit tranquille ? On pouvait toujours rêver. Éteignant la bougie qui l'avait accompagné au passage, elle se glissa sous les draps qui étaient surmonté de peau de bête à fourrure pour lui tenir chaud. Une dernière pensée lui vient à l'esprit avant qu'elle ne s'abandonne dans les bras de Morphée.


"Dans les deux cas, je reviendrai pour vous. Vous êtes une adversaire redoutable et j'aime cela. Serrez ma main ou comptez vos nuits, je vous les ferai longues, Duchesse. Car comme vous, je n'aime pas la frustration. Et vous me frustrez de partir sans vous avoir plus d'une heure..."

Puis, le noir de sa vision devient lugubre. Une sensation effroyable traversa son corps. Ses poumons ne recevaient plus l'air qu'ils demandaient. Les tentatives d'aspirer de l'air ne donnaient aucun résultat. Aussi son corps n'eut d'autres choix de s'ouvrir sa bouche, tandis qu'il se débattait dans un réflexe de survie. Une potion fut versée dans cette ouverture de l'âme. Sauf que de la potion, ça ne se respire pas ! Aussi, c'est la noyade qui se profilait. S'ajoutait à cela, que des mains vinrent l'entraver. Le réveil fut brisque et effrayant. Les yeux de la jeune femme s'ouvrirent en grand et elle découvrit l'horreur de la situation dans laquelle elle se trouvait. Deux individus lui faisaient face dans l'obscurité, ses poignets étaient maintenus dans les draps et d'autres l'empêchaient de respirer, sans compter sur ce goût affreux qui trônait sur ses papilles. Elle n'eut pas d'autres choix si elle voulait respirer à nouveau. Son corps se débattait comme il le pouvait, ses mains essayaient de se libérer pour attraper la dague qui se cachait sous ses coussins, ses jambes tentaient de repousser ses agresseurs tandis qu'émanaient de sa gorge des cris inaudibles et étouffés par la main qui leur faisait barrage. Rien n'y faisait, la force était en face était supérieure. Et de plus en plus supérieure. A moins que ce ne soit sa constitution qui l'abandonnait lâchement, au profit des intrus. Ses paupières se firent lourdes, la lutte était plus faible, jusqu'à ce qu'elle sombrât dans le néant. A présent, elle était à leur merci...
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Delio_

      Le plan ne pouvait qu'être foireux à coup sûr. Un enlèvement en rase campagne, passe encore. En ville, passe encore. Mais dans le château … En alerte en plus ! Non vraiment, ces français avaient des idées à la con à revendre … Ah merde. La Rate était ritale … Bah … C'était le sang mêlé ça ! A coup sûr …

      Quoi qu'il en soit, l'italien s'était bel et bien laissé entrainer dans l'affaire. Avide d'avoir sa part du butin au final. Il patientait en contre-bas de l'imposant édifice, le dos reposait contre la pierre froide, les bras puissant croisés, tandis que l'émeraude scrutait calmement les alentours … Il avait fallu estourbir quelques gardes, prenant soin de ne pas trop faire de grabuge pour alerter le reste des Lorrains.

      Quelques minutes plus tôt, il avait observé le Roux et la Bicolore se hisser jusqu'à une fenêtre. Deux ombres, deux nuisibles qui se faufilaient avec l'aisance des félins si fatal à leur engeance …
      Les minutes commençait à paraître longues, mais un de ses comparses poussa un grognement en désignant la fenêtre du menton. Le visage du même comparse passa du calme à la stupéfaction, ce qui fit hausser un sourcil au Rital, lequel leva la tête pour voir une paire de fesse lui arriver droit dessus ! Les bras de tous les Rats restés en bas se tendirent par réflexe, alors qu'il s'écrasait au mur, contre lequel il s'affaissa en poussant un grognement, la Duchesse leur atterrissant directement dans les bras !



        -Hmpf !


      Les émeraudes stupéfaites passèrent de la belle au bois dormant, à son frère, et inversement. Avant qu'il ne pousse un grognement contrarié, fusillant les croupes des deux alpinistes d'un regard mauvais.

      Assurément ! On l'y reprendrait plus !
    .judicael
    - Bordel de c... Vivia !

    Le grognement a retentit, sûr que tous les gardes n'ayant pas encore eu le bonheur de les rencontrer allaient rappliquer dans la minute. Un chatêau ducal était loin d'être un moulin. Et si l'armée Lorraine était bien mauvaise aux manœuvres, ses hommes avaient le coeur valeureux et les dents retroussées pour tenter de préserver leur duchesse de l'emprise de la vermine. Déjà des bruits de bottes accouraient, tandis qu'en contrebas l'on réceptionnait la masse inerte de Elenna Von Stavenger.

    Il avait réussi à neutraliser le garde posté près de la chambre à la force de la ruse, attirant leur attention dans l'encoignure de leur retraite grâce à un sou rutilant, lancé sur le carreau froid. Sans médire, s'ils n'étaient pas attirés par la valeur d'un malheureux écu, les gardes eurent envie de savoir ce qui se tramait par là bas, et c'est hardi, toute lance en avant, qu'ils tombèrent sous la rapine d'un renard sorti de l'ombre, pour l'accueillir dans le dos.

    Quand ils entrèrent dans la chambre, tout était calme. Leur lot d'échange était là, marmoréen, endormi dans la pénombre... L'association des deux ombres penchées sur le lit comme deux mauvaises fées sur le berceau de la Belle fut belle, sauvage et mouvementée, et jamais Judicael n'avait senti l'odeur de la peur, jusqu'à ce soir là dans les draps ducaux... Forts de leurs forfaits, ils avaient ramené vers la grand salle leur captive, et tandis qu'il s'apprêtait à demander main fort en bas, la chute inattendue d'Elenna Von Stavenger lui révulsa les tripes. L’abîmer réduirait leurs efforts à néant, en cela, Vivia entendrait parler de lui...

    Posant pied à terre, les guetteurs ramenèrent les derniers chevaux et c'est sous une pluie de flèches qu'ils filèrent vers les bois. La nuit allait être longue et mouvementée. La Champagne leur ouvrait les bras, pour le meilleur et pour le pire. Mais dans le pire, n'étaient-ils pas les meilleurs?
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