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[RP] Melting-Pot

Dan.hindley
Hiver 1465 - Vous êtes loin de chez vous, étrangers...


***

Cela devait être une escorte calme et réduite, pour mieux passer entre les mailles des curieux. Le Berry l'avait démontré. Dan ne savait pas jusqu'où l'identité révélée du Cobalt l’amènerait à jouer le funambule, avec les griffes d'un troublant passé, qu'il conchiait avec férocité. Mais le Rouge était aussi bien forcé de constater qu'il aimait trop les fortes bourrasques, et la colère de la seconde Mère, pour accepter ce genre de félicité. La capitale limousine semblait être le carrefour de nombreuses origines et d'une multitude de caractères fait pour se rencontrer, se tester, se jauger, s’étonner.
L'Est, royaume du frimas, avait exporté deux enfants de son glacier, où rien de la surface ne pouvait trahir leur lien de sang. D'abord la petite Sœur, une blafarde à l'orée des âges, à l'allure maladive et aux âtres écarlates maudits, l'humeur grondante si les premiers pas lui semblent mal placés ; Puis le Frère, dont le calme cisaille la différence, sans compter sa taille qui - aux yeux de l'anglais - est une mauvaise blague de la Nature, alors que sa carcasse souffre, d'apparence, d'une nutrition trop décalée pour que le maquereau accepte l'adjectif svelte. Ces deux là avaient, dirait-on, comme lien, un jeune courtisan qui savait trop plaire pour passer inaperçu, passionné sorti de la même génération qu'une lapine de fourrure couleur neige.
Le Duché des conteurs arthuriens avait, de son arrogance, rejeté deux lettres de noblesse que les saisons ne pouvaient rapprocher. Le sage blond portait l'avenir de sa future mariée, cette dernière peu éprise de ce dernier, et qui, si elle le souhaitait, préférait un autre sujet ou jeu pour oublier cette liaison d’intérêt. Et quoi de mieux, pour passer le temps, qu'un compagnon de sel et d'aventures, à la langue peu pendue et aux mystères faisant voguer l'imagination d'une fille couplée aux livres et poésies. Le malin avait été le seul membre du groupe à recevoir prime et chuchotis de la part du marin, meneur malgré lui, sans compter la promesse suffisante d'une obole gourmande offerte par la générosité d'un marquis - ou le cas échéant, sa future conquête, mal lui en a pris - .
Le Duché du savoir-vigne, dans toute sa générosité, avait laissé s’échapper un Prince déchu de sa fierté, tenu en bride par une parole douteuse concernant sa sobriété. Enfin, dans tout un complexe mélange de fer vorpal et de hennissements grognards, une joyeuse voix s'élevait pour calmer la peur d'un nourrisson, chevelure bouclée et chaotique du diable se balançant à la cadence de la marche, visage poupon arborant parfois la timidité bécassine et la naïveté s'échappant de lèvres purpurines ; La rondelette aux formes rassurant les pognes norvégiennes portait la couronne de la troubadour malgré elle...

De ce melting-pot des nations et régions, une même fête les avaient liés, à la demande étrangère ou l'initiative comblée. Beaucoup, la curiosité en fer de lance, face aux festivités à venir, d'un Nemours en mal de vivre. D'autres, pour leurs propres raisons. Le Béarn est à la mode du moment. Après des au revoir déchirants d'une tourelle grise limousine, la caravane multiculturelle se retrouva donc à leur première étape de l’odyssée. Tulle.

De deux femmes aux idées surprenantes, enorgueillies par le désir de voir leur "champion" démontrer leur fierté, les deux ex-marins devaient s'affronter la nuit même, chacun subissant un handicap plus ou moins décidé. Les voyages forment la jeunesse dit le dicton. Le maquereau trouverait pourtant ne pas avoir la même bêtise que dans ses plus jeunes années... Quoique pour faire taire les plus mauvaises langues sur ses chances contre un camarade, apparemment plus frêle, et devant se séparer de sa main favorite, il accepta la première proposition des lèvres religieuses.

Ce soir là, il deviendrait l'aveugle.

Il se demanda encore, quelques heures après, un échauffement roussette peu réconfortant s'étant suivi quelques minutes avant le départ établi, ce qu'il avait pris à la préférée pour un tel marché, ou tout simplement ce que lui faisait là, contre un homme à qui il ne veut rien. La motivation n'était pas là, encore moins après un petit jeu enfantin, où le support le plus important se disait absent pour l'évènement.
Puis il y avait ce début de fierté désincarnée, ce plaisir du spectacle, qui le poussait à devoir se conforter à cette idée. Piquer une robe pour parer la pauvreté, il le ferait presque avec gaieté.

F*ck me. Am I Right ? Foutu moi. N'ai-je pas raison ?



Musique : Naphtaline de Ez3kiel
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Leorique

    Départ de Limoges, avec une amie, des connaissances, un prince. Le groupe plus qu’hétéroclite suivait avec les drames, les émotions et les joies habituelles d'un voyage avec tant de fortes personnalités. C'est-à-dire que les hauts et les bas étaient mouvementés, presque comme seul l'océan moyennement déchainé ne savait l'être. Cette soirée les hauts étaient particulièrement puissants, les dames s'étaient extasiées sur les joutes, et par un chemin des plus étranges, ils en étaient arrivés à la conclusion que tout naturellement un échange d'arme entre marins devait avoir lieu. Avec des handicaps des plus bizarres. C'était un peu comme si on s’émerveillait sur la vitesse d'un cheval de course et essayer de parvenir au même résultat avec un âne borgne. Animal de bât qu'il avait récupéré en passant à Limoges, mais c'était un tout autre défi. Non pas que les deux marins avaient fière allure ni du panache, mais ils n'étaient pas des chevaliers rutilants sous les acclamations de la foule en délire non plus.

    Mais il fallait croire que cela n'en était que plus amusant pour les dames qui avaient promis à chacun de leur champion une récompense. Et comme ils avaient trop bonne âme, leur récompense allait servir encore une fois à l'avantage de la dame représentée. À vrai dire, les deux marins n'avaient rien à y gagner, à part la gratitude de leur dame et le jeune homme se demandait encore vaguement pourquoi ils avaient accepté. À Leorique échu naturellement l'honneur de se battre pour Dôn, belle Bretonne fantasque chère à ses yeux. Les affinités avaient parlé pour ces choix et après tout il aurait été bien moins motivé de combattre pour une Aurore qui, pourtant non dénuée de charme ni de caractére, ne l'inspirait pas tant.

    Un duel. Cela faisait déjà quelque temps qu'il n'avait pas combattu, et même s'il s’entrainait chaque jour, il n'était pas assez assuré pour estimer de sa défaite ou sa victoire face à l'Angloy. Il avait pourtant été soldat et mercenaire, et ces choses la restaient. Il s'estimait avoir plutôt de bonnes chances dans un combat normal, même si Dan avait la fâcheuse habitude d'essayer qu'on le sous-estime. Leorique n'était pas dupe de cela, et pensait bien trouver un maitre d'armes en la personne du blond. Fort heureusement, le duel n'en était pas vraiment un. Non seulement ils allaient utiliser des épées en bois, pour ne pas trop s’abimer mutuellement, même si l'on pouvait toujours causer des ravages avec ces ''jouets''. Et de plus, Dan allait se bander les yeux et Leorique n'utiliser que son bras gauche, autant dire que cela allait tenir plus du spectacle de cirque que d'une véritable joute.

    Mais bon, qui dit duel, dit respect des formes bien sur, et c'est un jeune marin un peu malicieux qui avait demandé à Dôn en plaisantant un symbole à porter lors du combat. C'est à sa grande stupéfaction qu'elle s'était défait gracieusement de son foulard pour le lui laisser entre les doigts. C'était donc un Leorique troublé et motivé qui alla se reposer puis se préparer pour la passe d'armes. Rattrapant le sommeil qui le fuyant encore à nouveau ces derniers temps, et surtout essayant de gagner une idée de comment il pourrait s'habituer à utiliser une épée de sa sénestre.


      [Juste avant l'affrontement, quelques heures avant la tombée de la nuit]

    Leorique arriva un peu avant l'heure fatidique de la rencontre. Épée en bois empruntée au râtelier d'armes d’entrainement du village dans lequel ils s'étaient arrêtés pour la journée. Sur place, il se fit lier le bras derrière le dos. À son cou, sortant de son gambeson gris trônait discrètement, mais fièrement le fameux foulard offert. Puis il vint trouver la Dame pour laquelle il allait combattre, et de lui sourire joliment. Et peut-être, de recevoir des encouragements.

    Ensuite, il commença quelques passes d'armes dans le vide, bien maladroitement, histoire de s'habituer à ce changement des plus déconcertant. Sur place, un anglais armé lui aussi aux yeux bandés lui faisait face. Le jeune homme en profita pour observer son adversaire qui lui aussi se préparait même s'il n'avait pas l'air si motivé. Étrangement, l'esprit combattif de Leorique était pour le moment éveillé, et il prendrait cette occasion pour essayer de gagner, et de s’améliorer en même temps. Cela lui rappela, il y a très longtemps le début de ses entrainements en Guyenne. D'une inclinaison du buste, il salua tout de même son confrère aveugle pour le combat, puis les différents spectateurs qui s'étaient rassemblés pour l'occasion.

    « Que diable allons-nous faire dans cette galère, hein? » se demanda-t-il autant pour lui que pour Dan.

    Le début du combat annoncé, Leorique se glissa furtivement vers la gauche de son adversaire. Il était assez avantagé et possédait l'initiative grâce au handicap de son adversaire. Il se savait face à un chasseur et même s'il savait être discret, il ne savait s'il allait pouvoir tromper ses sens. Malhabilement, de sa sénestre il leva son épée et asséna un coup de taille vers son adversaire. Le coup n'était pas de toute sa force, sans compter qu'il utilisait son bras gauche alors qu'il était droitier, et qu'en plus, il prenait cela plus comme un entrainement qu'il fallait remporter qu'un combat. Il n'avait pas envie que l'un ou l'autre ressorte avec des blessures sérieuses.
Don.
Combien de temps déjà, Dôn avançait elle à tâtons au devant de ses tourments ? Sa vie qu'il était difficile de qualifier de malheureuse, n'était pourtant pas une source de joie quotidienne. C'est seulement en côtoyant, en échangeant et en aimant tout simplement que la comtesse déchue parvenait à s'extirper de ses plus douloureuses torpeurs.
Chaque personne croisant sa route, avait un rôle d'importance au sein de sa vie, du voyageur le plus insignifiant qui soit, au coup de foudre affectif.

Dans le cas présent, l'indéniable lien était celui qu'elle avait construit en compagnie de Leorique, un brun de son âge, avec qui elle aimait discuter de longues heures durant. Elle l'avait dit une seule fois, pour ne pas le mettre mal à l'aise, mais il lui rappelait souvent Gwilherm, ce qui impliquait une affection particulière au grand Dam du Salar qui ne supportait plus de la voir partager ses journées avec un autre que lui. Plus compréhensif, plus bavard et certainement plus démonstratif aussi.

Tant qu'il avait accepté de se battre pour elle, après la lubie qu'Aurore et la jeune femme avait désiré mettre à bien. Dan, serait le champion de la douce Beaumont dont elle ignorait le véritable prénom. Un anglais qu'elle trouvait principalement (et trop) obnubilé par la charmante et occupé à sa dévotion toute destinée au gros bonhomme portant le titre de Marquis, dont la bretonne se fichait éperdument.

D'un foulard au rouge aussi vif que ses premiers souvenirs en Bretagne, son principal encouragement était donné. Le besoin d'obtenir de l'aide pour son prochain déménagement était sans nul doute une motivation assez forte pour qu'elle place en Leorique tout ses espoirs. Aussi, attentions et sourires furent les principaux échanges précédant le combat, qu'il lui tardait d'observer depuis des heures.

L'échange débuta.
Le premier à frapper fut le silencieux Leo. Dôn restait là, aux abords, afin de ne rater aucun coup. Aucune parade. A ses cotés, elle aurait aimé apprécier la présence d'une Aurore à l'enthousiasme débordant. Peut être que cela aurait été de l'angoisse due à la peur de voir perdre l'homme qui semblait si bien veiller sur elle ? Il y a des choses dont on ne se mêle pas, et si la Kerdragonne était bourrée de défauts, dont la curiosité faisait partie intégrante d'ailleurs, son sens du respect était assez développé pour ne pas avoir à gêner les autres lorsque ces derniers désirent discrétion et pudeur.
Quoiqu'il en soit, c'est malheureusement sans elle, que la Spontus devra contempler la bataille de deux honneurs. Lequel était la plus méritant ? A eux de le dire. De le démontrer.

Coup donné.
Encouragements verbaux réfrénés. Dana se fait muette et savoure le début d'un spectacle qu'elle espère se voir terminer en sa faveur.

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Heloise
TROP DE RIDICULE NE TUE PAS LE RIDICULE.


Personne ne se bat en duel pour Héloïse : elle est arrivée trop tard et les pognes bagarreuses sont déjà prises. Paluche anglaise cogne pour les beaux monts de Beauchamp quand celle du dénommée Léo compte porter les couleurs de la Bretagne bien haut. La répartition des rôles ne s'est bien sûr pas faite au hasard et le spectacle qu'offrent ce soir les deux corniauds se fait l'écho de liens étroits et délicats ne relevant pas tant que ça du fantasque scénario. Bonnetain, ma foi, n'a pas vraiment la gueule de l'emploi : vêtue de ses fripes dépareillées, le faciès poupin surmonté d'une crinière fauve défiant la pesanteur, le verre de pinard copinant constamment avec ses doigts rondelets, cette donzelle là n'est pas de celles qui font chavirer les cœurs. Si son joyeux profil inspire quelque sourires amusés on n'en dégaine par pour autant l'épée pour en défendre l'honneur, chose dont la concernée se félicite néanmoins car, côté spectateurs, elle se voit toute libre de parier sur la tête des bretteurs et d'empocher quelques gains. A tout le moins cela aurait pu apparaître avantageux si la petite sotte faisait preuve d'un tantinet de jugeote, qualité dont le Très-Haut n'a visiblement pas trouvé nécessaire de la faire forte, comme le prouvent les vingt écus misés sur le succès de Dany, duelliste privé de sa vue et donc de toute chance de victoire sur son ami.

Mais qu'à cela ne tienne, à l'heure désignée Roussote se radine sur le champ de bataille improvisé, un carré d'herbe fraîche faisant office d'arène. Pour supporter le champion qui n'est pas le sien mais duquel dépend la survie de son escarcelle, Héloïse a, fait exceptionnel, remisé au placard sa fierté de cocardière en décorant sa pommette de la Croix-Saint-Georges, drapeau de l'Angleterre. Son orgueil de françoyse pure souche est donc à l'agonie mais il parait que l'amitié (et la fortune) est cause plus noble encore que celle de la patrie. Alors elle y va même d'un p'tiot "Goude Leuque", la Bonnetain, quand les quinquets de l'angliche sont soigneusement bandés de ses blanches mains et que l'on présente à leurs doigts la garde des braquemarts de bois.

Evidemment, l'aveugle temporaire se mange le premier coup alors que sa "lame" à lui ne fend rien d'autre que l'air. Le public averti n'est guère surpris : malgré un plaidoyer bourguignon pour une plus grande justice dans les handicaps imposés et leur répartition, le droitier contrarié se trouve clairement avantagé pour la baston. Si la bretonne demeure étrangement muette, Héloïse n'a guère pour habitude de ne pas l'ouvrir plus de trois minutes complètes, et sans doute cela n'étonne-t-il personne quand sa petite voix de crécelle résonne :
Stioupide ! A ta gauche vindiou ! Concentre toi abruti d'Angloy !
Encouragements façon Lolotte. Et toc. Estoc.
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Isaure.beaumont
Le jour déclinait, assombrissant la pièce dans laquelle se tenait la silhouette dépitée d’une Aurore éteinte. De cette journée pourtant pleine de promesses et d’émotions, elle ne retenait que cinq petits mots sans chaleur crachés à son visage par celui dont elle n’aurait voulu entendre que des mots doux : « Mais, foutez-nous la paix ! ».

Limoges avait apporté son lot de petits bonheurs inattendus, de petites folies joyeuses qu’ils emmenaient avec eux sur les chemins, mais elle avait aussi instaurée une nouvelle distance de sécurité entre elle et l’anglais qui la laissait démunie. Elle avait beau connaître l’enjeu, cette fausse indifférence la peinait chaque fois, meurtrissant inutilement ce cœur qu’elle aurait voulu de pierre et amplifiant la moindre petite contrariété.

C’est donc seule, drapée de son stupide orgueil, qu’Isaure attendait que le temps passe, que l’heure de ce duel sonne et trépasse. Elle avait clamé haut et fort, devant tous, son absence à ce simulacre de joutes et elle comptait bien tenir parole. Mais les secondes s’égrenaient, une à une, lentement, trop lentement. Son regard se tournait invariablement vers la porte par laquelle elle espérait voir apparaître à tout moment un visage ami qui la traînerait de gré ou de force vers les lieux des festivités. Mais personne ne vint, et elle resta là, à tergiverser. Y aller ou ne pas y aller, telle était la question. N’était-ce pas faiblesse de les rejoindre quand elle avait annoncé le contraire ?

Avant que ne survienne le petit drame de sa journée, elle s’était enthousiasmée en chœur avec la fantasque mais non moins charmante Dana. Elles avaient attendu tout le jour, bouillonnant d’impatience, se languissant de voir venir l’heure de cet évènement qu’elles avaient su inspirer. Des nombreux scénarios qui avaient fleuri dans son imaginaire, Isaure ne retenait que celui dans lequel elle s’avançait souriante vers son champion pour lui bander les yeux d’un de ses foulards parfumés – qu’elle ne possédait d’ailleurs pas en réalité– et de chuchoter à son oreille quelques mots revigorants dont elle seule avait le secret. Après quoi elle déposait un chaste baiser sur les lèvres du marin, encouragement qui le conduisait bien évidemment à la victoire. Alors, ils auraient fêté cela dignement, dans la joie et la bonne humeur, un verre à la main et avec le plaisir d’être tous réunis.

Mais au lieu de cela, elle s’obligeait à goûter à cette amère solitude. Les yeux clos, c’était une toute autre vision qui lui apparaissait, une scène de laquelle elle était absente. Elle s’imaginait leur arrivée sur la lice improvisée, armés chacun d’une vulgaire épée de bois, le reste de la joyeuse troupe les encourageant et scandant le nom des héros d’un soir. Aucun ne semblait se soucier de son absence et tous semblaient heureux de vivre cet instant. C’est ce tableau qui la piqua suffisamment pour la faire enfin réagir.


- Raah espèce de pédante ! Ne te tairas tu donc jamais !


Pourquoi avait-il fallu qu’elle exprime ses pensées à haute-voix, qu’elle joue les moralistes ? Ne pouvait-elle pas tout simplement se taire et prendre sur elle ? Fermer les yeux et étouffer ses jugements ? Et tandis qu’elle se fustigeait, il lui vint à l’esprit que Dan n’était pas totalement blanc dans cette histoire. Jamais il n’aurait dû s’adresser à elle de la sorte, et devant tout un public attentif. Il aurait pu également prendre sur lui. Juste se taire et laisser couler. N’était-il pas le plus flegmatique des deux ? Quand Isaure affichait sur son noble visage toutes ses pensées et ses émotions malgré elle et que sa langue s’agitait sans qu’elle ne puisse rien n’y faire, déversant des flots de mots parfois inintelligibles, l’anglais lui parvenait généralement à les retrancher derrière un masque de circonstance et à peser ses mots. Pourquoi donc ne l’avait-il pas fait ce jour-là ?

Ses jambes plus que sa tête la guidèrent sur le lieu du rendez-vous, le cœur alourdi par une étrange peur. Et s’il ne désirait pas qu’elle y assiste finalement ? Peut-être avait-il changé d’avis et ne la représenterait pas. Peut-être le duel avait-il été annulé ou pire, peut-être accomplirait-il ses exploits pour un autre minois que le sien ! L’idée que l’anglais puisse se détourner d’elle lui était insupportable et la taraudait bien plus souvent qu’elle ne l’aurait voulu. Pourquoi fallait-il qu’elle se soit tant attachée à un homme si différent ; deux âmes et deux cœurs que pourtant tout semblait opposer.

Ils étaient là, à portée de vue. Elle entendait le brouhaha de leurs voix, les voyait se saluer. Leur handicap était déjà en place et si son cœur se serra de n’avoir pu lui nouer le foulard sur les yeux, elle s’en félicita cependant : le duelliste aveugle ne la verrait pas. Elle s’avança silencieusement aux côtés de Dôn à qui elle étira à peine un sourire, plaquant son index sur ses propres lèvres pour lui intimer le silence.

Ainsi, l’Isaure alors encore Aurore assista à ce duel tant attendu, contenant du mieux qu’elle pouvait son enthousiasme qui pourtant ne cherchait qu’à s’évader, car malgré elle, et sa promesse de bouder, elle sentait l’excitation du moment poindre à nouveau. Attentive, elle ne perdait rien du spectacle et guettait le moindre mouvement, la moindre expression de la partie visible du visage de Dan. Lorsque le premier coup fut porté, elle étouffa trop tard un petit cri de surprise et d’inquiétude, le cœur trébuchant un instant. Bénies soient les épées de bois !

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