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[RP] Dis, tu veux être mon ami ?

Don.
Elle marche. Après avoir quitté Levrat et la Canéda. Après avoir entendu ce qu'elle n'avait guère envie d'entendre. Après avoir remué ses idées noires et ses angoisses. Essoufflée, elle trouve ensuite un banc. Ou peut-être est-ce une simple pierre, se trouvant là sur son chemin, elle ne sait pas bien. Ce qu'il y a à retenir c'est qu'elle prend place et se laisse aller à l'écrit. Maïwen sera sa victime pour cette nuit.


Citation:
Noz,

Ce soir, je vous demande de pardonner dès maintenant, le ton mélancolique de ma lettre. Lisez la, ou alors, attendez de pouvoir vous accorder quelques chagrins, je ne voudrais pas être celle qui puisse ternir votre bonheur tout frais.

J'aimerais vous dire que je suis heureuse pour vous, mais ce serait mentir. J'ai hésité longuement avant de vous adresser cette vérité plutôt que de la penser, sans vous l'avouer. Ce serait malhonnête de ma part, bien que d'agir ainsi, fait de moi une indiscrète aux actions déplacées.
Il est ridicule de m'inquiéter ainsi, alors que nous sommes loin d'être proches, mais je vous apprécie et j'aurais pour préférence de vous voir nager dans la joyeuseté perpétuelle.

Donc, je ne suis pas heureuse pour vous.
Non, je ne parviens pas à me réjouir de votre bien être actuel, car j'ai peur que celui-ci ne dure pas. Nous n'avons qu'une vie, certes et je ne peux guère connaitre tous les tenants et aboutissants de votre relation. Je ne sais rien d'ailleurs, et je suis bien mal placée et non concernée pour avoir le droit de dire ces choses, et pourtant j'ose. J'ose prendre le risque de voir vos sourcils se froncer à la lecture de cette missive. J'ose écrire ce qui pourtant ne vous touche pas, vous le dites vous même lorsque vous évoquez la désapprobation des autres : " ça ne compte pas vraiment".

Alors, oui. Oui, je vous souhaite l'euphorie et une passion durable et dévorante, même si je n'y crois pas.
Oui je vous souhaite de l'aimer pour toujours et que cela soit réciproque, da viken (à jamais) même si je n'y crois pas.
Oui j'aimerais que votre idylle soit l'une des plus belles, à transformer les autres en envieux et à faire taire les pessimistes (je fais clairement partie de cette dernière catégorie) même si je n'y crois pas.

Je ne suis pas elle, je ne suis pas vous, je ne suis même rien du tout, alors n'entendez que ce que vous voudrez bien lire ici, et jetez le reste. Sachez simplement que je vous livre mon amité, en espérant que cette lettre n'anéantisse pas les seules chances que je détenais de vous compter comme un ami.


Nous sommes aujourd'hui sur Arles.
Hier, nous avons voulu nous venger des brigands qui nous on attaqué le jour précédent (ma côte semble cassée, mais je compte m'en remettre au plus vite). A la place de cela, dans le noir et l'empressement, nous avons condamné un homme et son épouse à perdre l'intégralité de leurs biens. Nous voilà riches à nouveau, mais hors la loi. Qui l'aurait crû ?
Dans ces malheurs, Levrat et Lucie furent rallier. Nous sommes aujourd'hui ensemble, dans la même ville. Je suis ravie de retrouver ces deux là, ils sont attendrissants, sans le vouloir.

Tant qu'ils m'ont donné le vague à l'âme.
J'allais rentrer pour dormir auprès du nordique et finalement, j'ai préféré marcher dans la nuit noire. Ce qui relève de l'exploit quand on sait combien j'ai peur de l'obscurité. Et plus mes pas résonnaient, plus j'avais l'envie de pleurer. C'est idiot, n'est ce pas ? Je ne pleure d'ailleurs jamais. Ou presque. Et là, bêtement, sans raison ou presque, j'allais fondre en larmes. Mon idée fut alors de prendre la plume et d'écrire à quelqu'un.

Mais qui ?

J'ai d'abord pensé à Tiernvaël, pour ne pas vous mentir, car il est un très bon ami à moi, mais nos relations sont complexes, j'ai renoncé.
Puis, Théodrik aurait pu être le destinataire parfait sauf qu'il dort très certainement et ne comprendrait pas pourquoi une telle tristesse me prend, alors que j'ai vraisemblablement tout pour être heureuse.
Alors, j'ai pensé à vous. J'ai pensé à votre mine sombre que vous arboriez sur Limoges, et à celle, lumineuse que je n'ai pas encore eu la chance de voir encore. J'ai imaginé que, peut-être, vous seriez en compagnie de Mélissandre et non disposé à me lire et alors j'ai trouvé l'idée judicieuse de vous accorder ces mots, qui ne seraient pas attendus, et dont vous n'auriez peut être pas l'envie d'accorder réponse. Le coeur en joie, et le corps en pleine exaltation, mes maux ne sont pas une priorité. Et je ne veux pas être une priorité. Je veux seulement être lue, ce soir, ou demain, alors que mon chemin prendra fin.

Constatez, j'ai décidé de vous obéir. Je vous parle de moi. Trop peut être, car voici là une facette bien morne et désolante de ma personne. De toutes les personnes même, car ce qui me touche ce soir se nomme la solitude.

Crachez donc votre bonheur à ma trogne,
Je le réclame.

Dôn.


_________________
Maiwen
    La missive avait été reçue, plongeant le nommé Noz dans une inquiétude qu’il ne ressentait que rarement. Etait-ce parce qu’il comprenait ? Non ; c’est parce qu’il savait, sans connaître les détails, pour l’avoir ressenti trop souvent, ce qui se passait dans la tête de la bretonne. C’est exactement pour cela qu’il lui répondit sans tarder, par inquiétude, parce qu’il n’avait pas envie de rester plus longtemps que nécessaire dans une mortelle expectative.

Citation:

    A l’intention de Dôn ap Maëlweg de Kerdraon

    Le Mans, le 4 septembre 1465


      Dôn,

    Je me ronge les sangs depuis la réception de votre inquiétante missive, mon amie. Je ne sais quel acte vous avez pu commettre, ce qu’il vous a fallu faire pour enfin vous apaiser. Je ne sais, non plus, quel enchaînement d’action a pu vous rendre à ce point mélancolique, bretona. Fût-ce écrire un baume pour aider les plaies de votre âme à cicatriser ? J’aspire à lire vos mots, Dôn, à lire qu’à défaut d’aller bien au fond de vous, votre corps est en bonne santé. Il n’y a rien à pardonner, ni rien à ternir, je ne sais si je peux vous appeler mon amie, mais je crois que j’en ai envie.

    Vous avez bien fait de m’écrire, amiga. Je doute avoir de quoi vous réparer, mais je peux au moins vous lire, et vous répondre dans cet échange que nous entretenons depuis maintenant de longues semaines. Ça n’a rien détruit, rien assombrit entre nous, laissez-moi vous rassurer. Je n’ai rien jeté, j’ai tout lu, plusieurs fois, prenez ces quelques mots en réponse.

    C’est ce matin que j’ai reçu votre lettre au goût âpre. Sans savoir, Dôn, je comprends. Et si toutefois je ne comprends pas, alors laissez-moi vous dire que je sais. Je sais ce que c’est d’avoir mal sans trop comprendre pourquoi. Je sais même ce que c’est de se servir de la douleur physique pour apaiser celle de son âme ; au diable les bien-pensants qui s’échigneront à nous faire comprendre que ce n’est pas la solution. Eux ne comprennent pas, et ne savent rien. Je ne sais si, le soir où vous m’avez écrit, vous en êtes arrivée à de telles extrémités. Je ne le souhaite pas, Bretona, je ne veux tout naïvement pas que vous ayez mal mais je me souviens de soirées où cela m’apparaissait comme la seule chose à faire. Il y a des soirs où les mots, prononcés ou entendus, sont inutiles. Il y a des soirs où perdus, on ne sait plus quoi faire pour aller mieux. On se demande ce qu’on a fait pour mériter ça, on se demande si on est responsable. Les raisons ne relèvent pas d’une importance particulière. La mélancolie n’est pas toujours faite pour être expliquée par des mots.

    Dôn, je ne vous demande pas de croire en Mélissandre et moi, je ne vous demande même pas de croire en moi. Je ne faisais que vous exposer un fait objectif, oui, je suis heureux et je vous l’avoue sans une once de brusquerie, que vous n’y croyez pas n’y change rien. Qu’importe le passé de celle que j’aime ou le mien, tout le monde finira par accepter que nous ne nous moquons pas l’un de l’autre. Certains parleront malgré tout, parce qu’une princesse royale ne doit pas fréquenter un simple seigneur, parce qu’une De Malemort ne doit rien avoir à faire avec un De Mauroy. Cela ferait une bonne comédie à l’eau de rose, mais je m’en fiche pas mal. Vous finirez par croire en nous, Dôn mais je ne vous reprocherai jamais le contraire, dès lors que vous ne nous manquez pas de respect. En vérité, si cela tourne mal, ce n’est pas grave. J’accepte de payer le prix de l’amour que je vis.

    Quoi qu’il en soit, actuellement, je suis à Le Mans. Nous allons bientôt reprendre la route, d’abord en direction de la Bourgogne puis du Limousin. C’est un peu surpris que j’apprends vos mésaventures. Se faire justice soi-même, comme vous avez pu le constater, n’est pas pour conséquence pour les autres. J’imagine toutefois que si la somme était réellement conséquente vous auriez fait le nécessaire. Prévenez-moi si vous avez des ennuis, je ferai de mon mieux pour vous sortir de là Théodrick et vous.

    Répondez-moi rapidement, je vous en conjure. Dites-moi que tout va bien. Je ne vous crache pas mon bonheur à la trogne ; je vous le tends pour qu’on le partage.





_________________
Don.
La honte n'étouffe, ni n'efface les mots. Ils restent, et il faut bien souvent assumer le sens qui fut attribué à ces derniers, une fois couchés sur le vélin.


Citation:
Dôn ap Maëlweg de Kerdraon,
Sur les chemins.
Comté de PROVENCE.


Noz,

Oh, veuillez me pardonner ! Acceptez mes excuses ! Je ne voulais en rien vous inquiéter. Ma tristesse en cet instant était telle, que mes mots ont pu vous paraître désespérés. Ils l'étaient sans doute, aussi. Comme il vous fut simple de le deviner et surtout de le comprendre ! Nous sommes semblables, nos émotions, notre façon d'appréhender le monde et celui qui nous entoure, c'est ce qui nous guide, nous transporte et malheureusement aussi, nous condamne à une perpétuelle mélancolie.

Je vais bien, pourtant.
Mieux.
Quant à nos ennuis, à tous, je préfère vous épargner bien des péripéties et laisser à votre vie la chance de ne pas être mêlée à la mienne et de ce qui en découle.

Mon souhait, pour clore cette très courte missive, est de vous voir vivre une idylle capable de dévorer le palpitant, au rappel d'un simple parfum. Qu'elle soit d'une clarté à vous enivrer, que la désillusion jamais ne vienne et que de vos souvenirs ne restent que les mémoires du cœur et non de l'âpreté, de l'amertume que provoquent la déception ou la trahison.
Vous avez raison, vivez Maïwen. Vivez, brûlez-vous les doigts, les ailes, je ne sais ! Et qu'importe le sermon de ceux qui vous observent, ou pire, vous jalousent. Ils auront toujours l'occasion de rire ou pleurer de vos actes et des conséquences de ces derniers.

Vous avez ma reconnaissance, j'ai enfreint les règles de bienséance. En donnant mon avis, aussi amical fut-il, j'ai violé votre intimité et pourtant vous n'avez rendu aucun jugement en retour.

Trugarez,
Que votre route soit libérée de toute embûche et que le très-haut veille sur vous,

Dôn, ar spontus.

P.S : Voyons nous, bientôt. Après la Bourgogne. Après le Limousin.





Trugarez : Merci.
Ar Spontus : La terrible.

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Maiwen
    De retour en Orléanais, le procureur relut une nouvelle fois la courte missive que lui avait adressée la bretonne – ou ancienne bretonne. Elle essayait de le rassurer, de lui dissimuler la nature profonde de ce qu’elle avait pu ressentir, cette nuit-là. Il la comprenait ; lui également, avait un jardin secret qu’il ne laissait personne violer, pas même ses plus proches amis, pas même Mélissandre elle-même. Parfois, il regrettait. Parfois, il souffrait simplement.

Citation:

    A l’attention de Dôn ap Maëlweg de Kerdraon

    Blois, le 9 septembre 1465


        Amie,

      Je ne sais comment les autres se comportent avec vous, mais à défaut de vous demander de cesser de vous excuser à chaque crainte, je vous affirme à nouveau que je ne vous juge pas et que vous ne sauriez, par le fait de me confier vos états d’âme à un instant où vous en avez besoin, remettre en cause notre amitié naissante. Pourquoi vous excuser d’aller mal ou de me le confier ? Si nous sommes certes semblables sur notre façon de ressentir les choses, parfois trop froide, parfois trop enflammée, nous ne sommes pas condamnées à cette mélancolie que vous évoquez, Dôn.

      Votre désir de ne pas me parler davantage de vos émotions est compréhensible. Je serais, à votre place, sans doute dans le même cas que vous. Il est des choses qui ne sont ni faites pour être écrites ni même, une fois vécues, pour être pensées. Je n’insisterais pas, mais vous rappelle néanmoins que je n’ai pas besoin d’être épargné ni d’être protégé. N’essayez donc pas de me dissimuler vos pensées les plus profondes et les moins agréables sous prétexte qu’elles risqueraient de m’atteindre ; ce n’est pas le cas et l’inquiétude que j’éprouve de toute façon toujours pour les gens qui comptent pour moi n’est pas conditionnée par les informations qu’ils portent à ma connaissance ; elle est immuable.

      Vous me dites de vivre, ce à quoi je rétorque, Dôn, vous aussi, vivez, ne laissez ni la tristesse ni l’amertume vous dévorer. Peut-être que nous tomberons tous les deux ; qu’importe. Pour ne pas tomber, il faut rester à terre. Ce n’est ni ma façon de faire, ni la vôtre. Quoi que ce soit qui vous ralentisse, amiga, battez-vous, ne laissez pas les aléas de la vie vous diriger.

      Rendez-vous est donc pris, après la Bourgogne, après le Limousin. Vous avez en tête une ville en particulier ? Actuellement, nous sommes à Blois, comme vous avez sans doute pu le lire. La route est calme et nous sommes de toute façon suffisamment nombreux pour faire face à la moindre attaque de brigands.

        Prenez soin de vous,





    PS : Vous êtes conviée à mon - nouvel - anoblissement, qui aura lieu dans la salle du trône d'Armagnac (oui, rien que ça). Venez avec qui vous voulez, mais venez.

_________________
Don.
Citation:
De Dôn ap Maëlweg de Kerdraon,
En route pour notre refuge.


Noz,

" nous ne sommes pas condamnées à cette mélancolie que vous évoquez, Dôn. "
Permettez moi de relever cette erreur, il m'était difficilement possible de l'ignorer. Bien sûr que si, nous sommes condamnés Maïwen, l'instant même, suivant votre naissance a fait de vous un prisonnier. Que vous le soyez désormais volontaire ou non, vous l'êtes oui, sous l'emprise de cette mélancolie, vous ne vous en rendez certainement pas compte ces derniers temps car vous vivez une nouvelle euphorie, une douce idylle, mais un jour, cela vous reviendra en pleine face, sans crier gare. Ce jour là, vous ne serez peut-être pas malheureux pour autant, non. Mais vous saurez alors que votre affirmation n'avait rien de véritable.

Pardonnez mon ton malheureux, il est aussi possible que je puisse vous paraître froide, mais n'en prenez guère ombrage. J'ai à mes côtés quelques godets plus qu'entamés. Cette soirée que j'espérais conviviale, se termine au sein d'une auberge aussi morne que mon humeur et j'y suis seule. Fort heureusement pour vous - et pour moi - je n'ai pas ingurgité assez d'alcool pour vous livrer mes secrets les plus inavouables.
Contentons-nous de rebondir sur ces quelques lignes, que je m'autorise à citer aussi : "Dôn, vous aussi, vivez, ne laissez ni la tristesse ni l’amertume vous dévorer."

Figurez-vous, Noz, que j'essaye.
Est-ce que j'y parviens ? Sur bien des points. Il en reste pourtant à améliorer, à surmonter peut-être même. J'y travaille. Il est dit que la nature revient au galop, je peux affirmer qu'il n'en est rien. Si à l'époque j'avais des idées plein la tête et le coeur enjoué qui rime avec, aujourd'hui il m'est bien plus ardu de passer outre ces quelques traumatismes du passé.

Priez pour que je parvienne à surmonter ces peurs, ces blocages et les peines qui en découlent, mais promettez-moi de ne plus nier, cette part en vous qui s'imposera fatalement, un jour. A nouveau.

La Bourgogne fut atteinte, n'est-ce pas ?
Bientôt, nous nous verrons. Ailleurs.

D.


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