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[RP] Dis-moi qui est le plus beau.

Don.
L'hésitation fut brève.

En une seconde et la moitié d'une autre, la cinglée saute sur le petit potelé lui faisant face, profitant d'une occasion en or pour s'emparer d'un être légèrement plus dodu que son fils, mais bien moins beau. Du moins c'est ce qu'en pense la follette lorsqu'elle décide, sur un coup de tête, de kidnapper le marmot d'Arnauld pour comparer les tares de ce dernier avec celles de Brynjar.

La capture réussie - et pour cause, le père démuni n'a pas eu le temps de dire ouf qu'elle était déjà loin - la fuite reste à accomplir. Encore ivre de la veille, Dôn s'élance au beau milieu d'une traboule malfamée. Humides, les pavés accueillent le clappement des grolles mal lacées d'une voleuse en panique.

Ploc plic ploc.


Flaques et glissades forment un merveilleux duo. Au détour d'une nouvelle ruelle, le talon gauche de la Bretonne dérape et c'est dans un virage à 90 degrés que le séant de l'affolée vient rencontrer le sol mouillé. Le cul béni et la mine déconfite, elle s'accroche à l'enfant comme s'il pouvait décider de s'enfuir après un tel spectacle. Par chance, le minuscule captif se contente de beugler aux nuages, combien la dame qui le porte le fait sans doute flipper.


Shhht, shhht, shhht ! Te dis-je ! Nous sommes bientôt arrivés !

Ploc plic ploc.


L'appartement, qui la veille encore était à louer se voit violer l'entrée par une femme rouge d'avoir couru sur 10 mètres. Apeuré mais sauf, Léo le grassouillet est contraint de se laisser manipuler, tout près de Brin d'Lard le si bien nommé.
Une lueur se fait alors lire dans les prunelles de la tarée. Ses mains dépareillées viennent frotter leur jumelle frénétiquement laissant alors présager le pire.. à venir.


A nous trois, les garçons.


Que la comparaison commence !

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Arnauld
Alors celle-là, il ne l'avait pas vue venir.

Il était paniqué, Arnauld, paniqué et terriblement en colère. Il avait failli devenir fou quand, après avoir perdu de vue la silhouette de la femme qui venait de lui enlever son fils, il avait trouvé vide la taverne vers laquelle il pensait qu'elle se dirigeait. "Vide", toutefois, n'est pas tout à fait correct, puisque Isaure était là - seule témoin, avec la petite Morgane, de ses cris et gesticulations angoissés.

Essoufflé, le visage rouge, il avait fini par la planter là, pour repartir à la recherche de Dôn, sa fille perchée sur les épaules. Il vivait la pire heure de sa vie. Ses enfants, c'était sacré, c'était la chair de son sang, l'incarnation vivante de son amour pour Actyss, sa responsabilité. Il ne pouvait pas avoir laissé quelqu'un, fût-ce une femme qu'il connaissait et avec qui il voyageait, en emmener un loin de lui. Que lui faisait-elle ? Où étaient-ils ? Pleurait-il ? Agitait-il ses petits poings en crispant son visage et en donnant des coups de ses minuscules pieds dans le vide ? Avait-il faim, fallait-il le changer, pensait-il que son père l'avait abandonné ?

Actyss avait confiance en lui, et il ne pouvait pas faillir aussi misérablement à prendre soin de leurs enfants. Surtout Léo, dont la naissance avait été si difficile, et qu'elle avait tant protégé dans les premières semaines de sa vie, dévouant toute son énergie à la santé de son fils. Si la moindre chose lui arrivait, il ne s'en remettrait jamais.

Pour l'instant, il essayait de garder son sang-froid, et surtout son équilibre. Il avait tout de même une fillette de deux ans assise sur les épaules, et courir furieusement à travers les rues de la ville n'était sans doute pas la meilleure idée du monde. Il s'arrêta un instant pour la faire descendre, et choisit de la garder dans ses bras. Au moment où il allait repartir, il aperçut une femme, et l'aborda d'un air hagard.

- Vous avez pas vu une femme s'enfuir avec un bébé dans les bras ? La réponse fut - ô miracle ! - positive. Elle est partie par où ? Par où ? Dites-moi par où !

Peut-être était-ce son air paniqué, ou la présence de Morgane, qui empêcha la femme de lui coller un gnon pour l'agresser de la sorte, mais quoi qu'il en soit, elle lui indiqua une direction, et à peine avait-elle terminé sa phrase qu'il était reparti. Il secoua de la sorte une bonne dizaine de personnes sur le chemin, réussit à obtenir des informations de trois d'entre elles, et parvint finalement devant l'antre où l'ogresse s'apprêtait à dévorer son enfant.

Enfin, en réalité c'était juste un appartement et une jeune femme qui complexait d'avoir un bébé aussi moche que son prénom, mais pour Arnauld, cela revenait au même. Seule différence, un appartement, contrairement à un antre, possédait une porte en bois à l'entrée. Ce fut justement cette porte que le menuisier enfonça d'un violent coup de pied, sans lâcher sa fille qui, curieusement, semblait s'amuser beaucoup.

- Rendez-moi mon fils, immonde ravisseuse au nom imprononçable ! Je ne plaisante pas, c'est mon enfant, vous me le rendez, sinon...

"Sinon, je défonce cette porte" aurait été une assez bonne menace, mais il avait un peu merdé sur ce coup-là. Il laissa donc sa phrase en suspens - libre à elle d'imaginer un tas d'horribles tortures absolument terrifiantes pour la compléter.
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        Bannière ©JD Calyce
Don.
Voilà désormais quelques minutes déjà, que les deux bébés avaient été déshabillés et alignés sur le même lit afin de permettre une entière inspection de la part d'une mère complètement folle qui se prêtait à une expérience tout à fait innocente à ses yeux. Est ce que dans le regard d'Arnauld ou des autres, cette scène passerait-elle pour ce qu'elle est ? Ou pour une pratique perverse ? L'avenir nous le dira.

En attendant, tout passe en revue.


Léo :


Chevelure implantée à la fourche. Frisée et déstabilisante.
Yeux trop clairs. Angoissants. Pénétrants.
Trop gros. Bon, d'accord. Il avait une taille correcte voir trop petite pour son âge, mais par rapport à son fils qui n'avait qu'un mois au compteur, ce poupin était forcément obèse.



Ho. Petit grassouillet. D'ici quelques années, tes camarades de jeux t’appelleront gras-double, ou grosse citrouille. Double Gorge ou genoux mous. Fesse-double ou bien Pansépaisse. Pauuuuvre petite boule que tu es !
Alors qu'ici à tes côtés, se trouve la merveilleuse perfection, il est là, il se dresse.. Enfin, s'allonge plutôt, Monstre des splendeur, j'ai nommé Brynjar af Nærbøfj-Røykkness. Cinquante centimètres de sainteté pure.




Brynjar :

Mèches brunes alignées en plant de maïs. Droites et raides, envahissant tout le sommet d'un crâne fatalement bien fait.
Deux billes noires, ténébreuses, troublantes.
Une silhouette de rêve. Le bébé cadum du moyen-âge. Le must en matière de nourrisson. L'ultime créature. Le descendant du très-haut en personne. OUI MESSIEURS DAMES !



Mais le rapport n'a pas le temps d'être jeté au visage du pauvre Léo, que la porte tremble, s'ébranle et s'ouvre sans que Dôn ne puisse y faire quelque chose. Aussitôt, comme prise en faute - alors qu'il n'y a eu aucun touche-pipi j'vous l'jure - la pauvresse lève les bras en l'air et se met à pousser un cri déchirant non pas la nuit parce qu'il fait jour mais...Le soleil. Non. Non ça ne va pas. Donc un cri, déchirant le jour. Mais comme ce n'est pas joli, nous dirons un cri strident. Voilà, c'est bien ça.

Cri strident, donc qui intervient dès le début d'une intervention Cassenac-isienne, et se termine à la fin de celle-ci.
Et sinon quoi ?


Halte à moi ! Il est tout à vous ! Il ne m'est plus utile !

Laissant la pression redescendre, la ravisseuse de bébé moche se permet un ajout.


J'ai la réponse à ma question. Brynjar est de loin, le plus beau des petits garçons.


Terminer sur une rime, méritait bien un sourire en retour. Pourtant, étrangement, le jeune homme ne semblait pas vouloir rire.
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Arnauld
Non, c'était certain qu'il ne voulait pas rire.

Arnauld, le gentil Arnauld, le souriant Arnauld, le gouzi-gouzant Arnauld plein de douceur et de paillettes dans les yeux, se transformait en arme de destruction massive quand on menaçait sa précieuse famille. Il n'y avait certes aucune menace à proprement parler, mais cela, il n'en savait rien, et tout ce qu'il voyait était une folle qui venait de déshabiller son bébé pour l'étendre à côté de son propre avorton. Première étape d'une recette de cuisine cannibale, immondes préliminaires sexuels, pure divagation d'un esprit en perdition : peu importait ce que c'était, c'était intolérable et il venait à la rescousse.

- Utile ? Qu'est-ce que vous lui avez fait, pauvre folle ?

Et de se précipiter vers le lit, pour retrouver son fiston. Accordant à peine un regard au brin d'lard nordique, il s'assura qu'il le reconnaissait, qu'il avait tous ses membres, qu'il était propre et en aussi bonne santé qu'avant l'enlèvement.

- Ça ne va pas de le déshabiller ! Vous voulez qu'il gèle ? Il a pas du sang de renne des neiges, mon bébé, c'est pas un Nerf-bœuf-rote-laisse !

Ses vêtements, où étaient ses vêtements ? Son radar paternel aussitôt déployé, il localisa le petit tas de chiffon, et se rua dessus.

- Vous avez de la merde dans les yeux. Et vous êtes cinglée. L'amour maternel ne peut pas seul expliquer que vous trouviez votre machin plus beau que le fils d'Actyss.

Et vlan. Sans plus se préoccuper d'elle, il s'affaira à rhabiller son précieux mouflet : d'abord ses langes, puis sa petite tunique-trop-chou-avec-un-lapin-dessus, ensuite son petit bonnet pour ne pas qu'il attrape froid à sa petite tête parfaite, et pour finir ses petits chaussons-trognons-qui-tiennent-chaud-aux-petons. Il le prit enfin dans ses bras, et le berça doucement, les yeux lançant de nouveaux des éclairs assassins sur la pauvre Dôn qui ne méritait sans doute pas tant de haine.

Il eut un reniflement méprisant qui signifiait qu'il s'apprêtait à prendre congé, mais alors qu'il allait tourner les talons, il renifla une fois de plus, cette fois-ci avec inquiétude. Léo avait-il...? Il l'inspecta rapidement, et n'identifiant pas l'origine de l'odeur, il tourna soudain la tête vers la petite mocheté brynjardienne.

- Hahin. Le vôtre n'est peut-être pas le plus beau, mais il compense par un talent artistique. Il vient de repeindre une partie de vos draps.

Merci la Providence, un peu de justice en ce bas-monde !
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