[RP] Un dîner d'anthologie

Omere se rendait tranquillement chez Andréa pour partager un repas auquel elle l'avait convié .
Les avertissements de Susi , de Bou et de Gilly n'avaient pas suffit à atténuer son envie de goûter aux talents culinaires de son hôtesse .
Il avait cueilli une multitude de fleurs des champs afin de confectionner un bouquet du plus bel effet .
Malgré les explications précises d'Andréa , Omere avait du mal à trouver la maison .
Enfin , il trouva et se présenta devant la porte .
Un coup de main sur ses vêtements pour se dépoussiérer et il frappa à la porte .


Toc Toc Toc

La Chiasse avait perdu un pari, ce n'est pas la première fois, ce n'est pas la dernière non plus. Mais plus elle y pensait, plus elle se disait que si elle avait perdu, l'autre n'avait sûrement pas gagné.

Andréa était à la cuisine ce que le tsunami est aux vacanciers : une CATASTROPHE. Pour l'économie locale, pour la santé, pour le patrimoine, pour l'écologie aussi.

Elle avait pourtant suivi des recettes, mais je ne vais pas tout divulguer maintenant, gardons la surprise!


Dans la maison qu'elle avait acquise il y a quelques semaines, la décoration est très sommaire, rien ne prouve qu'elle déborde d'argent même si on sent un certain niveau de vie. Aucun tableau, aucune tapisserie. A peine un tapis tressé sous la table. Et des gamelles partout. La Chiasse avait mis les petits plats dans les grands. Puis dans des assiettes, puis des bols, des saladiers... Bref, il y en avait PARTOUT.
Pour l'occasion, la table avait été dressée, et les verres déjà plein. Du moins l'un, puisque celui que la Chiasse se réservait était bien entamé. Il voulait des chandelles, elle en avait mis partout. Ce qui explique la chaleur à moins que....


Oh BERDOOOOOOOOOOOOOLLLLLLL !

Autant pour moi, peut être que ce sont les chandelles, peut être que c'est la tarte qui cuisait un peu trop...

Rapidement on frappa la porte, et la Chiasse se dépêcha d'aller ouvrir. Omere la découvrirait sous un jour un peu particulier : habillée à la hâte et légèrement transpirante : quand on n'est pas habituée à cuisiner, c'est fatiguant !


Omère, quelle surprise ! Entre !
Des ...Fleurs? Mais ça s'mange pas des fleurs ! J'espère que t'as faim !


Et la Colombe, très serviable, de lui arracher les fleurs des mains pour les poser sur la table et de lui tirer la menotte pour le forcer à s'asseoir.
Stressée? NAaan !
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La porte s'ouvrit et ...heu ...et oui , c'était Andréa ,méconnaissable .
Les cheveux gris , enfin , couverts de farine , une tenue légère et une odeur de transpiration qui l'accompagnait .

Il n'y pas le temps de faire demi tour , que déjà il était aspiré à l'intérieur de la demeure , délesté de son bouquet de fleurs .

Ben les fleurs , c'était pour les mettre dans un vase .

Omere , qui s'était donné du mal à confectionner ce bouquet , voyait son oeuvre négligemment jeté sur la table . Pour sûr , il ne tarderait pas à dépérir .

Sans comprendre , il se retrouva assis sur une chaise devant une assiette vide et un verre plein .

Bonjour Andréa . Comment allez vous ? voulez vous que je vous aide ?

Tout à ces mots , il prit son verre et le vida d'un trait .
Il n'osait pas bouger devant cette femme qui déjà , disparaissait dans sa cuisine .

Des bruits de gamelles et un vocabulaire fleuri lui parvenaient aux oreilles .

Inquiet , il se saisit de la bouteille de vin qui trônait sur la table et se servit une rasade .
Il vida son verre d'un trait . Il parait que l'ivresse détend .
C'était le jour idéal pour boire .

Vous connaissez ce petit moment de solitude quand une fois loin du regard de votre invité vous prenez conscience de la situation ? Quand d’un coup une subtile odeur musquée parvient à vos naseaux et que l’identifiez avec force quand votre pif approche de votre dessous de bras ?


Rhaaaaaaaa Put’….J’arriveeee ! C’est le… Aïe BErdol à queue de… Non ça va Omère, je n’ai pas besoin dddeeeeeeeeeeeeeeeeeeeechhhhhhhhhh chh chchh d’aide, tout va bien ! Tout.
Est.
Sous contrôle.


Entre nous, j’aurais bien besoin d’aide, seulement s’il voit l’état de la cuisine, il va se barrer et ne voudra pas goûter un seul de mes plats. Ma mère m’a toujours dit « un homme, tu le tiendras à ta merci si tu lui fais bien à manger et si tu lui fais l’honneur de…. », je vous épargne les détails, mais c’est un truc qui se fait à deux.
Le tout, pour passer inaperçue, c’est de continuer de causer tout en faisant autre chose. Ça s’appelle gagner du temps.
Alors ça parle du beau temps, du soleil, qui enfin fait son apparition. Des fleurs, bien sûr, qui bourgeonnent à vue d’œil, qui sont belles, même si elles ne se mangent pas, et puis ces oiseaux, avez-vous vu Omère, comme les oiseaux sont nombreux quand le soleil est là ? Et j’espère que vous avez faim, car j’ai cuisiné toute la journée et que…
Et que ça blablate en se lavant rapidement les aisselles. Et que ça se sèche avec le torchon pour la vaisselle, et que ça se parfume en se frottant une orange sur le cou. Et que ça se renifle à nouveau. Et que ça abaisse les manches de la robe pour que ses épaules soient dénudées.
Et que ça replace les jumeaux, superbes attributs féminins qui n’affrontent pas encore les affres du temps.

Et que ça chope l’entrée et une cruche remplie d’eau en passant, avant de se poser sur le chambranle de la porte, Cendrillon avant que minuit ne sonne. Sourire au coin du bec.

J’ai trouvé ça dans la cuisine. Et ça.

Alors bien sûr les cruches doucement s’avancent, l’une rejoint la table, l’autre son invité. Une légère pression sur l’épaule et l’autre main se saisit des fleurs pour lentement les jeter –queue en bas- dans l’eau.

Aucun de nous ne va boire de l’eau ce soir, n’est ce pas Omère ?


Et pourtant Omère, il va sûrement te falloir boire beaucoup pour apprécier cette entrée. Ce n’est qu’une tarte aux fromages, mais sans fromages, avec en remplacement du yaourt et les rondelles que tu vois dessous, ce sont des poireaux. Ou des piments. Ou des grandes tiges de quelque chose, tu sais, moi, je n’y connais rien en cuisine.
J’espère juste que les herbes parsemées sur le dessus ne sont pas autre chose que du thym.
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