Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Catulus

Sabaude
Ecrit à 4 mains



La compagnie qu’il formait avec ces hommes et ces femmes de bonne ou de mauvaise fortune, prenait, dans l’esprit de Sabaude, l’apparence d’un banc de brume que les courants d’air façonnaient sous l’inspiration d’un être surnaturel. Le voyage vers l’Espagne avait troqué son air paresseux et tranquille contre un autre de bataille où chacun, par ses engagements ou ses convictions, prenait place dedans ou dehors. La pérégrination apporta aussi son lot de surprises. 

Séparés à Toulouse, ce fut à Labrit, que le Duc de Messey accompagné du Duc d’Aunou le Faucon retrouva leurs compagnons. La ville nichée dans son écrin forestier entre les bras de Leyre, avait quelques jours plus tôt été le témoin de la folie guerrière des hommes qui avait frappé à l’envi, n’épargnant personne ni même la fougueuse Axelle depuis lors alitée et placée entre les mains expertes de sa fidèle Lénu. 
L’endroit n’était pas que le théâtre de drames, on joua aussi dans ses rues une saynète improvisée qui plus tard retrousserait les coins des bouches rieuses. 
Un vent farceur souffla sur deux amis impatients et leur ravit le plaisir de savourer des retrouvailles attendues sitôt la séparation entamée. Comme empreinte de cette magie que l’on conférait parfois aux lieux et aux choses, Labrit, le temps d’une journée, abrita les deux jeunes hommes en veillant à les maintenir séparés et dans l’ignorance de l’occasion, jusqu’au départ précipité de l’un, l’autre le rejoignant sur le chemin du départ avant que l’obscurité n’ait englouti les voyageurs. 


Ce jour-là, Sabaude quitta le chevet de la gitane le cœur presque à l’arrêt dans l’encoignure de la porte d’où s’élançait la rue qui le mènerait sur les pas de Tabouret venu plus tôt visiter la blessée. Drapé dans son manteau aussi sombre que son humeur pouvait l’être, il s’imprégna du sentiment de l’hiver, de sa rudesse, et de la nature endormie avant de poursuivre celui dont il devinait les affres. Il dépassa la dernière habitation, hors d’haleine, et le vit à quelques toises, prêt à avaler de nouvelles lieues pour il ne savait quelles affaires. Il arrêta sa course contre une barrière qui menaça de s’écrouler, sans chercher à réduire la distance. Quelque chose tapi au fond de lui l’empêchait d’aller plus loin. Reproches, fierté ou crainte, il n’aurait su dire ce qui le clouait sur place. Sa main sûre et agile se referma sur un caillou de la taille d’un œuf de caille sur lequel un soleil de fin d’après-midi dardait un de ses rayons orangé, et l’envoya cogner le dos de sa cible. 


Alphonse !
L’appela-t-il avec force. 

Le cavalier avait senti dans son dos la percussion se faire sans pour autant s’en croire la cible distinctive, potentielle victime d’une congère verticale, et si ce n’avait été la voix de Sabaude l’interpellant, il aurait poursuivi sa route sans y accorder plus d’attention, dédié aux pensées d’un croquis à même son cœur ; pour la première fois depuis deux ans, il avait retrouvé les traits d’Antoine et partout, depuis qu’il avait quitté le campement, ne voyait plus qu’eux. 
Les mains se crispèrent sur les rênes de l’animal pour freiner le trot à peine entamé, martelant la neige à ses sabots en pivotant tandis que son cavalier discernait enfin la silhouette du Goupil sur le bas du chemin. La surprise d’un sourire attisa ses lèvres ; il n’avait pas vu Sabaude depuis de longues semaines, Alcide appliqué à consumer le temps pour rattraper le passé, anesthésier l’absence du présent, et en éprouva le manque immédiat à la seule teinte de sa voix. 


Au premier jour de mars, Carcassonne, devant l’église, à midi ! De la détermination et un soupçon d’impériosité firent vibrer la voix claire de Messey. 

Le ton haussa un sourcil d’étonnement sur le visage brun ; de ce frère chiot, il connaissait chaque note et ne lui avait jamais entendu celle-ci encore à son attention. L’ordre se devinait, sans concession, noué d’une anxiété trouble que le jeune homme accusa d’un hochement de tête, le ventre pincé d’un regret de refuser la descente et la chaleur d’une accolade à l’ami trop longtemps éloigné, d’absorber le temps au plaisir des odeurs communes en guise de grèves; la bride d’un sceau comtal en poche ne tolérait plus son retard, même bref et morcelait la parenthèse entraperçue de responsabilités auxquelles il ne pouvait se soustraire. 


Au premier jour de mars, à midiconfirma-t-il, énumérant les règles de l’invitation dans un sourire doucement curieux qui fut dissous d’un talon au flan du cheval bondissant brièvement pour relancer sa course. Patience serait employée pour éluder l’extraordinaire du comportement renard sans crainte ; depuis quelques semaines, plus que jamais, Alphonse la délayait avec maestria. 


Alors Sabaude fit demi-tour non sans avoir avant épié la forêt qui avait avalé le revenant, attentif au moindre frisson.

_________________
Sabaude
Aux heures naissantes du premier jour du mois de mars, la chaleur de son amant au creux des reins, et sa promesse d’être sien chevillée à tout son être, Sabaude avait quitté la couche et l’auberge de leur nouvelle étape de ce voyage devant les mener par-delà les Pyrénées, en promettant de revenir vite et en emportant avec lui un peu de ce sentiment qui l’avait assailli quand la face d’Aunou, empreinte d’une réserve inhabituelle, s’était détournée la veille, austère, à la nouvelle de sa rencontre prochaine avec l’ancien comptable de l’Aphrodite. Il savait qu’il pesait au duc de le laisser aller quand lui-même avait déjà la gorge serrée de se rendre à ce rendez-vous donné. Confiance, profonde et absolue, veillerait.

Sorti de l’écurie sans faire le moindre bruit, et droit sur sa selle, il avait attendu que plus rien ne bouge à la ronde, exception faite des centaines de mains qui frappaient des tambours dans sa poitrine et des rubans de fumée s’échappant des cheminées qu’il observait sabrer la voûte céleste, avant de lancer sa précieuse Madrid au galop. Ce ne fut qu’après quelques lieues que son cœur cessa de palpiter entre ses côtes à grands bonds frénétiques, au rythme du martèlement des sabots de sa jument, pour retrouver sa cadence habituelle.

Du haut d’une colline il aperçut la cité fortifiée en contrebas, pudique dans ses habits d’une pâle austérité que les pinceaux de Phoebus ne parvenaient encore à aviver. Le cavalier pensif laissa sa monture trotter sur les tapis de mousse et de feuilles d’un chemin ombreux qui promettait de le conduire vers le lacet gris noué autour de Carcassonne. Les ombres se retiraient et les troncs se réchauffaient sous les attouchements d’une matinée adolescente quand il vit se dresser devant lui l’impressionnante muraille. Les dernières brumes s’écartèrent quand Sabaude franchit la porte de l’enceinte, une brise espiègle jouant avec sa chevelure désordonnée par la chevauchée. Il passa devant les gardes comme un courant d’air, leur présentant ce masque hérité de la part sombre de ses anciennes charges et se heurta aux activités commerçantes qui envahissaient places et rues.

Pieds à terre, l’alençonnais s’enfonça vers le cœur de la ville, une main sur le manche de sa dague, l’autre tenant fermement les rênes de Madrid. Un œil sur les flèches de la cathédrale Saint-Nazaire, l’autre sur les passants et les enseignes, il s’arrêta sous l’une d’elle, pressé de trouver un âtre bienveillant.

À son entrée dans l’établissement, des visages estompés par une pénombre que l’économie de bougies entretenait et d’autres qui rougeoyaient à la clarté des flammes vives entre les pans de l’épais manteau, se tournèrent vers lui. Des faces tannées par le vent, des nez cassés d’un tempérament belliqueux, des yeux en demi-lune de l’épuisement, des bouches ouvertes sur la torpeur d’une vie de négoce... Il ne leur accorda qu’un intérêt poli, vite happé fut-il par les voix chantantes des deux femmes occupées à faire cuire des tranches de lard et à touiller une soupe dans un chaudron en cuivre.

Un bol de lait caillé mêlé d’épeautre et d’herbes aromatiques en main, Sabaude approcha un tabouret près du feu et d’un pilier de bois contre lequel il s’adossa une fois assis. Le fumet de la viande et les odeurs de la soupe tournoyèrent sous son nez, flattèrent agréablement ses narines avant de s’y faufiler et d’inciter à la détente et à l’introspection. Renard ferma les yeux et se laissa aller un peu dans la chaleur ambiante, l’esprit vagabond, les membres au diapason.
Les parlers autour de lui devinrent des sabirs incompréhensibles, les raclements des ongles et des cuillères un bourdonnement berceur. La fatigue aurait eu raison du jeune homme si un broc de fer blanc n‘avait heurté le dallage.

Ses paupières dévoilèrent deux orbes aux couleurs des terres brunes, humus fertile à la découverte du regard canaille et avide posé sur la bourse de cuir attachée à sa ceinture. Le duc se fendit d’un sourire rusé, détendit de deux doigts les cordons, fit disparaître quelques phalanges dans le petit sac ventru, puis sous l’oeil convoiteux, presque tendre du pauvre diable aux airs de muridés, il en extirpa une capsule de cardamone qu’il laissa tomber dans le giron de ce dernier en passant devant lui pour quitter l’endroit.

Non loin du lieu de rendez-vous se dressait un marché entre les étals duquel il louvoya, guidé par des cacardements. Les cris de l’oiseau palmipède avaient fait remonter des souvenirs auxquels il imputerait la nature du cadeau qu’il remettrait à Tabouret sitôt celui-ci arrivé. L’oie aussi grasse que son prix au bout d’une corde, Sabaude s’avança vers le parvis du centre religieux. Aux cieux, l’astre diurne tutoierait bientôt son zénith et dînerait des ombres du duo blanc et noir.

_________________
Alphonse_tabouret
Alphonse avait toujours aimé les putains ; baigné à l’odeur des bordels depuis ses treize ans, sage pantin attendant dans les salons communs que son père finisse de célébrer un contrat enfin scellé à la croupe de l’une d’elle, ou qu’il profite simplement des largeurs de l’anonymat parisien que ne lui permettait pas sa villageoise respectabilité, ses yeux attentifs et ses manières polies en avaient souvent fait bien malgré lui, la coqueluche de ces dames. Lui, en retenait une inqualifiable affection pour ces éphémères étoiles, ces coquettes aux yeux charbonneux, et l’insupportable souvenir de leurs mains lissant ses cheveux noirs d’un air contrit quand les heures filaient jusqu’à potron-minet sans voir redescendre des étages consacrés, la silhouette épaisse du chef de famille. Plus tard, à la faveur d’un tracé inattendu, il en deviendrait l’utopique berger, hôte plutôt que barbeau, rompant le lien propriétaire du troupeau au chien qui le garde ; à l’Aphrodite, sous son attentive comptabilité, les putains n’avaient eu à payer que leurs chambres et n'avaient jamais été soumises à d’autres taxes que celle de la demi-pension.
Client, il en aimait les rapports entretenus, auréolés d’une réciprocité simple que personne, ou bien peu, cherchait à dénaturer, moins encore à espérer. Eclats fugitifs, plaisir à l’offrande d’écus, spécificités sur demandes, on troquait à leurs peaux l’attention et le jeu en échange du somnifère. Quand on avait le dégout des concoctions, on reconnaissait volontiers à l’ivresse et aux chairs repues, la satisfaction de plonger au coma, et à l’aube de Mars, silence cloué au cœur, c’était bien des limbes engourdies dont Alphonse avait le plus besoin ; penser le tissait de souvenirs qu’il s’employait à écorner, savamment, pour en venir à bout et brosser dans le sens du poil, le pli d’un orgueil froissé de bleu.

Au matin du premier mars, c’était les reliquats d’un santal bon marché qui avaient éveillé l’animal seul, roulé aux couvertures; partie une fois son service facturé, sa passagère compagne avait laissé en filigrane le fumet de ses lignes, et froncé à leurs échos, une gueule à peine éveillée. Alphonse, nez délicat à l’apprentissage d’un père parfumeur, avait toujours offert ses préférences à des arômes plus subtils et de meilleure qualité.
Malgré l’air vif d’une matinée avancée, fenêtres avaient été ouvertes et un baquet d’eau chaude commandé. Frictionné, rincé, toisant d’un sourire étiré la chambrière venant s’assurer à la porte entrouverte qu’il avait bien assez de linge, il avait chassé jusqu’à la dernière note avant de consentir à avaler un bol de gruau et une tranche de pain ; onze heures passées le rapprochait d’un rendez-vous qu’il n’avait nulle envie de retarder.

Axelle avait été rattrapée, in extremis, du bout des doigts au vertige de Notre Dame, au creux de ses bras à la faveur d’une ballade de mots au ciel délavé de Guyenne ; ce que n’avait pas pu leur donner Octobre encore fracturé de leurs retrouvailles, c’était janvier et ses sanglantes batailles qui le leur avaient offert.
Sabaude, lui, n’avait rien demandé, pas le moindre mot, chiot trop à sa joie de retrouver un frère pour exiger des comptes, semant innocemment au silence une autre forme de mal en pliant Alphonse à observer le même protocole aux nouvelles énoncées. Tabouret l’ignorait encore mais il en portait à l’âme les boursouflures d’une noirceur neuve ; remplacé d’une pierre deux coups au bras d’Axelle et au directorial de l’Aphrodite par le nouvel amant de Messey , on l’avait laissé accueillir cette redistribution avec une inextricable rancune soulagée. Ce qu’il avait fui, il n’en portait plus le poids, cédé à d’autres épaules et s’il ne tenait nulle amertume à avoir été échangé contre un plus consistant, l’arrangement tissé sur son absence avait fatalement fait naitre un discret dédain dont il ne cernait pas encore les timides battements, tout au plus pouvait- il les deviner lorsqu’il songeait désormais, au travers de l’alençonnais nouvellement investi par les mains mêmes de son meilleur ami, qu’Antoine avait un second père ; cela, cela était insupportable et voué aux silencieuses pousses.

Goupil au rendez-vous fixé de janvier était inexplicablement apparu soucieux et emprunté ; l’aphonie qui avait étrenné le début d’année à ce voyage de noces où il faisait convoi et les propres détours d’Alphonse, n’avaient pas été pesées par Tabouret, dont les égoïstes passions gouvernaient depuis quelques semaines déjà les pensées pourtant ordonnées, mais depuis son retour, l'on sentait que les rapports des deux chiots avaient perceptiblement changé.
Sous l’égide d’un amant jaloux, une précautionneuse distance avait poussé aux gestes jusqu’à les rendre tendres, dénués des épices dont il inspiraient à l’aube d’un Avant leurs corps mâles errants, affectueusement frustrés, et là où quelques années plus tôt, ils n’auraient pas hésité un seul instant aux chahuts des empoignades jusqu’à leurs dérapages, leurs temps de jeux se tapissaient à présent d’une paisible retenue ; mains s’accordaient aux cheveux, parfois à l’arrondi d’une épaule, mais n’attardaient plus la chaleur du partage aux balanciers du corps. D’Aunou, quoiqu’il pensait de lui, n’avait pourtant rien à en craindre. Créature définitivement romanesque, aux absolues campagnes, Alphonse avait toujours respecté l’amour et ses obscurs serments ; qu’on puisse le croire capable d’altérer celui de ce frère chiot aussi précieux que rare, aurait certainement amené un sourire aux distantes couleuvres en guise de rétribution.

Il était arrivé quelques jours plus tôt, profitant du rendez-vous pour mener de florales expéditions dont il avait déjà fait le résumé à Denée sitôt les contacts notés. Mars était chargé de rendez-vous dont il ignorait encore les tracés ; bientôt, le regard grave d’Antoine, bientôt, les panse-mots de Faust.
Discernant l’improbable duo sur les marches de l’église, le col du manteau remonté pour casser le vent léger qui s’était invité, Alphonse étira un sourire entier , fendant la foule pour le rejoindre, et prenant brièvement Sabaude d’une accolade à ses bras, en respira le parfum trop longtemps délaissé.


Goupil, tu m’as manqué, lui glissa-t-il à l’oreille, à la douce berceuse des heures animales dans l’odeur unique de ce compagnon improvisé un soir, autour d’une table aux lueurs effacées. Dextre s’attarda brièvement aux mèches brunes pour en marquer la véracité avant qu’un mouvement de tête ne lui désigne l’oie dodue tenue à bout de laisse.
J’ignorais qu’il fallait venir accompagné….
_________________
Sabaude
Goupil, tu m’as manqué.

Cette voix infiniment tendre anima en Sabaude un jeu de clapets d’orgue ; les notes se déversèrent une à une en autant de souvenirs clairs et fugitifs : jusque dans la mort il serait lié à ce jumeau, aîné de l’expérience acquise, frère protecteur autant que professeur qui avait opportunément contenu et canalisé son être déliquescent. À cet habile architecte il devait bien des métamorphoses, autant de fleurs à son jardin secret écloses.

Paupières baissées sur le pré de l’émoi délicieux du cœur et du rendez-vous, devenu daguet émoustillé par la douceur printanière, Goupil frémit aux phalanges familières.
Bercé au délicat parfum de ce singulier compagnon retrouvé, il fit d’une boutade : « J’ignorais qu’il fallait venir accompagné.. », un signal pour le tenir, entre ses bras, étroitement lié.

Fort est celui qui reconnaît ses faiblesses, et Alphonse était l’une du jeune noble qui dans l’élan de tendresse resta digne au sein de la vie grouillante de la citée, transfigurant l’enlacement mâle en un geste impérieux, félicité terrienne qu’on s’empresserait de déplacer aux cieux sous la guidance de l’édifice religieux.

L’oie entraînée par le mouvement de ses membres refermés en étau autour du corps fin de Tabouret, répondit avant lui d’un cri étranglé, reprise par l’annonce sonnante d’une heure canoniale et le sourd grincement des portes de la cathédrale.

Ses mains caressèrent l’étoffe jusqu’à trouver la chair des poignets et s’y attarder, puis son pied droit invita le gauche à le suivre quelques pouces en arrière. À bonne distance pour n’étouffer ni la réponse ni soustraire son regard rieur, Sabaude fit succéder son velours à la plume et au bronze.


… pour que je te retrouve accompagné de quelques poules et coqs tirés de tes errances ?

La langue claqua au palais et la paume au dos, impertinence complice d’un chiot pour son frère de portée aux divagations acceptées, libres autant que contenues, chacun portant au cou d’invisibles laisses lâches ou tendues, ignorées ou voulues.

Viens. Il est temps ! Livra-t-il en guise d’invitation à le suivre, s’assurant au miroir de ses orbes, de la compréhension d’Alphonse.

Nous avons à parler. Dit-il simplement. Comme une évidence, il n’était plus l’heure des silences.

Le bout libre de la corde fut cédé aux doigts agiles quand les siens, messagers autant que porteurs, s’écartèrent.


Notre dîner ! Ou ton cadeau si tu décides de l’épargner
. Se mit-il à rire, hochant du chef en diverses directions.

Où va ta préférence ? Les rues, un établissement, hors les murailles de la ville ?
_________________
Alphonse_tabouret
L’œil s’arrondit d’une lueur aux quelques mots signant le motif de sa venue et jaugea au rire qui suivit l’énoncé, le poids soudain que les mois avaient semé ; depuis quand chassait-on entre eux d’un rire, les émois les plus menus ?
Goupil avait la tête pleine et s’essayait aux légèretés des comédies pour ménager son trac ; l’indulgence aimante de Tabouret se contenta d’un sourire en guise de pont et fendit les lèvres d’une sentence.


Si nous lui tordons le cou, je sais où nous trouverons à la faire rôtir… Allons viens… Dextre se ficha au cou pour lui donner l’élan à avancer quand Senestre tirait la laisse qui lui revenait, arrachant à l’oie de midi un cacardement aigu qui ne parvint à émouvoir ni le Chat, ni le Renard. L’établissement est sur les berges de l’Aude, nous y serons bien à ce soleil et leur cave est réputée ; cela déliera nos langues… ajouta-t-il, noirs se croisant à l’assentiment du rendez-vous donné.


Pourtant l’heure des silences durerait encore, têtus monarques flânant au-dessus de la portée pour de nombreuses semaines ; ce jour-là, la Ville Basse verrait une partie de ses maisons partir aux flancs d’une forge incendiée, ligatures flamboyantes claquant au vent de mars, et chacun serait sollicité pour empêcher le feu de s’étoffer aux printanières rafales. Pris au torrent des urgences, la laisse de l’oie serait lâchée et la compagnie tant attendue, résumée à ses géographies les moins imaginatives jusqu’à l'aide salvatrice d’une averse torrentielle en fin d’après-midi; temps consumé à d'autres qu'eux étiolerait alors ses cendres jusqu’en mai où Limoges croiserait de nouveau les chemins.






Vous a-t-il demandé de vous mettre à genoux ?
Pour prier? Non, il n'y a pas besoin ... vous pensez, que ça fonctionne mieux, si je demande pardon à genoux?
Avec les hommes, toujours.



Le Limousin l’avait trouvé appliqué et fatigué; silence semblait s’éprendre de chaque situation et avait étiré aux tempes d’un faune agité, le poids des absences. Mauvais frère, mauvais ami, Alphonse avait la tête pleine de champs de blé et contemplait avec fascination depuis des semaines, son nombril au monde de Faust ; si Axelle avait bénéficié de ses mots, Sabaude en avait été privé et le retrouver au hasard d’une tablée avait ravivé au cœur du chiot la simple quiétude de la présence fraternelle à ses côtés.
Intersections trop courtes avaient fini par sevrer leur frustration à un épistolaire longtemps délaissé ; l’on y commencerait par effiler la verve, à la mémoire d’un après-midi sur un banc de taverne, mais l’on se rappelait, au filigrane des souvenirs, des ordonnances inachevées de mars.




Citation:

Alphonse,

Il semblerait que mon manque d’aisance à exprimer ma pensée en taverne t’ait amené à certaines conclusions.
L’amalgame de mes propos décousus t’aurait transformé en loup devant une petite Erwelyn déconfite de cette position à genoux. J’avoue avoir ri quand je l’ai su, car je suppose que comme tout le monde tu ne peux que te montrer chaton et protecteur avec cette aimable femme et qu'elle s'est jouée en retour de ma maladresse. Je n’avais pas l’intention de te tromper. J’ai juste mis bout à bout les événements et tu auras fait l’association malheureuse mais sans conséquences.

Tu auras certainement eu le billet avant de partir, je vous souhaite donc une bonne route. Au plaisir de te revoir, la pause à Limoges fut trop courte.

Sabaude

PS : Erwelyn me considère comme un fils et moi je la considère comme une mère, si tu dois la mettre dans ta couche, abstiens-toi de me le dire. Je ne sais pas si je me remettrais de l’image qui ne manquerait pas de naître sous mon crâne, beau-papa.



Citation:

Goupil,

Tu as trop de mères ; la mienne n’a jamais eu la croupe de Corleone ou les jambes d’Anaon. Trouves-t’en de moins agréables à regarder si tu ne souhaites pas un jour, me trouver à la table du petit déjeuner.

Chasse tes mauvaises pensées, tu n’as rien à te reprocher, bien moins que tu ne le songes.
En aucun cas Corléone n’a été réprimandée, je la taquinais juste. Que l’anecdote des genoux d’Astride s’étire et se confonde ne nous amusera que plus, elle et moi.
Sois donc rassuré, Erwelyn est sauve, bien loin de mes foudres. Le reste sera à ma seule discrétion puisque le sujet te trouve sensible.

Nous avons été retardés ; il manque encore la silhouette slave de Catalyna à nos côtés pour reprendre la route. Limoges nous fournira donc encore accueil ce soir, peut-être demain si elle tarde. Si vous y êtes encore, trouvons quelques instants pour célébrer le hasard ; je ne t’ai pas assez vu hier.

Alphonse

_________________
Sabaude
Citation:
Alphonse,


Toi qu’il m’est plaisant d’aborder sans formule convenue et superfétatoire,

Tu as ta place à la table du petit déjeuner, mais si tu ne veux pas finir, au gré de ma sensibilité, le visage dans l’écuelle de lait, évite de t’y présenter avec un air de matou repu, les mains en coupe sur chacune de mes mères de cœur.

Erwelyn, et Anaon, ma Naon ! Tu n’en rates pas une, et c’est le cas de le dire.

Par les vents, mon cher Alphonse! Canaille que tu es, sais-tu à quel point j’enrage de ce Temps et de cette Géographie, couple royale infernal qui préside à nos vies et nous tient éloignés. L’émotion rend ma plume chaotique, l’encrier insondable et l’encre spumescente. Je vais chevaucher.

Je t’attendrai pour crier du haut d’une colline, me voilà toutefois plus apaisé pour reprendre mon écrit.

Limoges nous a laissés sur notre faim, mais a certainement préservé ton crâne de mes calottes amicales. Je ne saurais cacher y avoir pris goût. Tu aurais dû voir ta tête. Mais couche donc pour moi sur le papier non pas la silhouette slave, mais cette histoire de lévrier pour laquelle il me manque bien des passages. Et la sicaire, Naon, que sais-tu de sa jambe ? Va-t-elle bien ? Anaon, pas la jambe. Ne te fais pas avare de mots ou tu finiras couvert d’encre et de papier, une plume justement placée. Je veux tout savoir.


Sab

_________________
Alphonse_tabouret
Cahors, 27 Mai.


Citation:

Goupil,




Donne à un homme la mesure d’une brise et il s’en nourrira pour danser aux tempêtes.
Tu as l’imagination fertile, mon Ami, assez pour esquisser quelques pas avec elle, mais garde ton bol de lait, et tes sensibilités plus loin encore de ma tête ; laisse-moi le soin de défaire les peut-être que tu as confectionné en bouquets de certitudes.
Mes mains en coupe n’accaparent pas tes mères de cœur et se tiennent à distance de leurs croupes respectives. Si l’une et l’autre sauraient sans conteste éclairer quelques-unes de mes nuits, aucune ne s’y trouve pour l’heure, et dussent-elles y finir un jour que tu n’en saurais rien ; relis moi Goupil, je t’ai simplement conseillé de ne plus choisir pour matrones d’aussi suaves créatures, et non point de te faire à l’idée que mes maitresses t’offraient la chaleur d’un sein maternel.


Limoges fut un revers à nos envies mais Toulouse en ligne de mire me donne quelques espoirs pour parvenir à te voir. Nous y faisons route actuellement, en compagnie de la Marquise de Nemours en tête d’expédition et je sais, par les mots coquelicots d’Axelle, que tu y es toi aussi.
Ma visite sera certainement trop brève, autant pour m’étancher de toi que pour les craintes que j’y nourris. Il me semble qu’Axelle ne va pas bien, et je m’en inquiète. Labrit n’a pas laissé que des cicatrices à la chair ; je la vois vaciller d’ici, jusque dans les mots de ses courriers, et la main que je lui tends ne sera prise qu’à la faveur de mon silence sur les troubles que je lui devine. Qu’il est ironique de me demander de me taire quand elle a tant regretté de le faire au moment précédant ma chute...
Toi qui a passé ses derniers mois avec elle, que saurais-tu m’en dire ?


Il n’y a pas grand-chose à te raconter sur ce lévrier, et si je devais en remonter le fil, il nous faudrait revenir à ce jour où Paris nous a retrouvés après deux ans d’absence. Ce soir-là, après t’avoir laissé regagner ton nid, redevenu nomade, j’ai retrouvé la ville et ses immensités. J’y ai rencontré par hasard un jeune homme que ma situation de chat errant a su émouvoir et qui m’a fourni un toit où attendre que passe la pluie ; Montfort est devenu mon bailleur, et à la faveur d’un destin qui l’a cloué au ventre d’une église périgourdine pour l‘ordonner prêtre, des semaines passantes à apprendre l’un de l’autre, un Ami cher. C’est un garçon qui a de nombreuses qualités et le visage assez clair pour qu’on y lise chaque éclaircie comme chaque averse; il me plaira de te le présenter un jour.
Lorsqu’il m’a demandé d’aller lui chercher son chien à Orléans, je n’ai pas su refuser, j’en étais même heureux ; il y a si peu de distractions aux pierres de Dieu que celle-ci me semblait facile à lui offrir.
C’est ainsi que nous nous sommes lancés sur les routes, mon escorte, ma bourse remplie d’écus épiscopaux et moi. Là-bas, j’y ai cueilli Corleone et ses envies de voyage ; au sacrifice d’une quiétude pourtant précieuse et d’une volée de persifflages pour couronner nos retrouvailles, elle a choisi de nous suivre sur la route du retour et de laisser dans son dos un époux malheureux, peut-être inquiet ; si nous avons conjugué les volutes des hivers anciens, il fut un temps où nous les chantions communément, et d’Amahir le sait.
Ne l’en taquines pas lorsque tu la verras ; malgré l’âme légère de quelques convictions assouvies aux chemins, son sourire se voile dès que l’on évoque son époux et c’est là un spectacle qui ne me plait pas d’observer.

Deux jours encore nous séparent si nous ne sommes pas ralentis. Range ton encre et prépare ta langue ; toi aussi tu as bien des choses à me dire et j’espère tout entendre.

Tu me manques.
A te voir.



Alphonse.


_________________
Sabaude
Citation:
Alphonse,


Oublierais-tu qui je suis ? Quand ce ne sont pas nos natures profondes qui guident nos actes et propos, à taquin, taquin et demi.

Sois taiseux, je serai volubile.
Garde le secret sous clef, je t’ouvrirai le livre de ma vie.
Pose le regard au sol, je te le relèverai vers le ciel.
Griffe les parois de l’abîme de tes ongles, je te coudrai des ailes pour que tu puisses t’élever.
Adonne-toi à la poésie, je cultiverai la prose.
Parle-moi de séduction, j’exhiberai une imagination effarouchée.
Souffle sur mon nez pour simuler une brise et j’offrirai un os au chiot pour qu’il le lèche et le ronge jusqu’à découvrir un morceau de bois.
J’ai besoin de ces jeux où je devine l’éclat de l’émail entre tes lèvres étirées sur un fin sourire, l’expression te va si bien.
Quant à mes mères, tu admettras que j’ai bon goût.

Limoge en filigrane quand nous aurions préféré la robustesse d’un cordage, et maintenant une Toulouse vaporeuse qui nous a offert le mirage d’une réunion. Je n’ai pas dit mon dernier mot, il ne sera pas dit que ces coups du sort auront raison de nous, sauf si tu te lasses et te plais à l’abandon. Parfois je me demande si celui-là ne s’acharne pas, se posant en juge pour nos corps que nous avons séparés quand le plus important n’est pas ce charnel abandonné, mais cette indéfectible affection que je te porte, toi qui m’a donné naissance. Fais attention à ne pas devenir l’amant de ton reflet tant l’image est maternelle.

Je ne saurais dissiper le brouillard qui vous recouvre, toi et Axelle. Je sais sa peine de ton départ sans le moindre mot il y a plus de deux années de cela, sans en comprendre toute la nature, mais c’est là tout. Tu sais que je laisse les gens se livrer à leur rythme sans chercher à leur extorquer des explications, tu es bien placé pour le savoir. Notre belle et sauvage gitane est secrète et ne s’est pas confiée de ces maux que tu as démasqués. Sache toutefois que sous la complexité de votre relation, elle tient à toi. On ne souffre pas de maux pour quelqu’un qui nous est indifférent, et vous avez vécu bien trop de choses ensemble pour qu’il ne reste rien de cela. Je garderai un œil sur son état, afin de m’assurer qu’elle sait toujours croquer la vie à pleine dents. Je te proposerais bien d’être l’intermédiaire qui chasse les ombres et laisse pénétrer les rayons du soleil, mais je redoute ce rôle aussi branlant qu’un château de cartes. Cependant si je puis faire quelque chose, n’hésite pas à me le demander.

Concernant cet ami que tu t’es fait, avec un A majuscule dois-je noter peut-être avec tristesse pour moi si j’ai écopé de la minuscule, je ne puis qu’être heureux pour toi. Chéris-le comme il se doit, dussé-je pâtir de ce temps consacré à un autre, entre deux leçons de mise à genoux auprès de ces dames, deux caresses à mes mères et au chien, tes affaires et les vents savent quoi d’autre encore. Tu es plus occupé qu’un jeune curé aux traits gracieux un jour de confesse.
Montfort...j’ai connu un Nicolas de Montfort en Alençon, jeune et quelque peu égaré sous ses airs assurés. Je crains de ne pas m’être attiré sa faveur à lui prendre par jeu un dé lancé dans l’air vicié d’une taverne, et à l’enfermer une nuit dans mes cachots après qu’il a pénétré en ma demeure comme un voleur. A moins que son hostilité soudaine ne soit née de cet imbroglio de lettre et d’angevins… ou de ma trop grande incapacité à me consacrer à quelqu’un tant je suis à ton image, affairé. A défaut non pas de me le présenter si nous évoquons le même Montfort, mais de me le faire revoir :s’il ne le souhaite pas, prends soin de lui. Un je ne sais quoi chez lui m’a touché. Peut-être ce regard trop voilé en quête d’autre chose.

Au sujet d’Erwelyne et son époux, n’aie nulle crainte. J’aime aussi la voir sourire, je ne me risquerais pas à lui ôter cette bonne humeur dont nous sommes tous deux friands.

Toi qui as su river en mon esprit le désir de revoir Anaon, peut-être pourrions-nous bientôt la surprendre tous les deux. Je dois toujours la remercier de vive voix du cadeau qu’elle m’a fait porter en décembre.

Prends soin de toi, toi qui me manques un peu plus chaque jour que les esprits s’entêtent à amonceler entre nous.

A bientôt si les vents et toi le voulaient,


Sab

_________________
Alphonse_tabouret
Citation:

Goupil,





Chasse tes mélancolies, je n’en aime aucune lorsqu’elles ceignent tes yeux. Tu me préfères au sourire, et moi je te choisis au vent. La majuscule que j’ai accordée, je ne l’avais pas vue ; je crois qu’à force de le côtoyer, Montfort a émoussé la rigueur de ma grammaire. Ne doute pas de te voir accorder mon estime aux mêmes attentions.
Il s’agit bien du même garçon et tu ne t’y trompes pas, l’évocation de ton nom t’a valu quelques revers que j’ai découverts ambitieux de vouloir alanguir. Ses souvenirs ne jouent pas en ta faveur ; égaré, peut-être encore un peu, mais plus résolu, définitivement, faisant face aux marées, les deux pieds dans le sable avec l’assurance exaltante des années de printemps, des passés qui forgent autant qu’ils écorchent.
Le crime fut grave de sa bouche, anecdotique à la tienne; il est injuste que les perspectives varient d’un cœur à l’autre, mais voilà des frontières dont je ne forcerai pas la réunion, à regret. Il m’aurait plu que vous vous entendiez ; vos rires auraient eu, de concert, le gout boisé des heureuses journées.


J’ai quitté l’Armagnac et ses chants guerriers voilà quelques jours maintenant ; j’y suis peu sorti mais j’y ai fait belle rencontre. Malgré tes leçons entretenues, je n’ai pas choisi la lame pour me rendre utile et j’ai rencontré à la faveur de courses, la couronne comtale, Octave de Beaupierre. Si tu accompagnes Axelle sur les champs de bataille, peut-être le croiseras tu en étape dans les murs d’Auch. Salue-le de ma part et prends le temps de t’y attarder ; la compagnie est bonne et l’humeur, quoiqu’éprouvée de fatigue, aérienne. Vous partagez le gout prononcé des joues qui rosissent selon les circonstances et c’est tout bonnement délicieux pour moi qui ignore même comment l’on peut arriver à des telles carnations.
Ballerine et moi avons trouvé terrain d’entente. J’ai eu tort de l’acculer à quelques vérités personnelles, elle regrette de m’avoir tapé sur le bout du nez. Cela suffit pour effacer l’ardoise et la retrouver aux gravures de nos serments. Je craignais qu’elle ne s’ennuie à peindre pour la Maison Royale, la voilà éveillée pour saisir son épée ; faut-il que le vide toujours nous pousse à ses extrêmes ?
Et toi Goupil, t’es-tu livré aux affronts qui ravagent le sud ? Faut-il que je m’inquiète aussi pour toi au point de trouver quelque charme aux chapelets de prieurés ? Où te trouves-tu ce jour, et à quoi occupes-tu tes journées ?

Tu as tes obligations, et j’ai les miennes. De l’Aphrodite, je ne regrette rien de plus que les heures où tu venais m’y voir, non point pour nos écarts, quoiqu’ils fussent théâtraux, mais pour ta compagnie et son baume à mes fièvres ; bien peu aujourd’hui s’en souviennent quand elles me brulent encore si méchamment à la faveur d’heures plus noires que d’autres.
Florence se délaye, passé aux antérieurs féroces reprend sa place d’héritier, et les cauchemars que je fais encore ont tous dans leurs décors, le halo rouge des lanternes sans plus entendre gronder les flots de l’Arno. L’anesthésie parfois me manque quand le temps s’étire, quand je vois mes poignets, ou me rappelle du dernier Noël que nous avons fêté au bordel.
Me croiras-tu si je te dis que j’ai trouvé silhouette à laquelle je m’endors sans d’autres rêves que ceux que le réveil chasse d’un revers ? Est-ce une question d’odeur ? Un filtre qui empoisonne les mauvaises herbes et fait fleurir des bulles d’oubli aux cicatrices anciennes ?
Ou d’oreille peut-être. J’ignorais le monde assez vaste pour receler quelque part à ses recoins les plus inattendus, les mélodies des respirations qui bercent , mais s’il me fallait ce jour reconnaitre une musique comme plus envoutante que les autres, il me faudrait certainement songer à celle-là.
Ne fais pas cette mine de chiot débouté ; ton rire franc aux éclats de fougères ne serait pas loin derrière à de telles notations.

Profitons de l’été pour aller saluer Dénée si le cœur t’en dit. Elle sera certainement ravie de te voir et te montrer le jardin où elle sème inlassablement les miettes de son temps. Je t’y montrerai pour ma part ses meilleures bouteilles ; ainée a du gout en matière de vins, voilà une chose que j’ignorais encore jusqu’à peu et dont j'aimerais que nous profitions.

Prends soin de toi, tu me manques.

A te lire,

Alphonse.

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)