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[RP] Conversations ondines

Alphonse_tabouret
Rares étaient les instants où l’animal quittait les frondaisons de son bureau pour s’aventurer à la Maison Haute depuis quelques mois, créature assourdie par le retour d’un Autre contre lequel la lutte la plus personnelle était engagée, frileux tout autant que soucieux à ne plus donner pour ne plus être exsangue à l’heure des vérités les plus intransigeantes. Les bains restaient encore un terrain neutre, zone vierge où il n’avait encore jamais croisé de Ligny, nouant à d’autres les souvenirs de cette pièce aux mille échos et s’il avait mis du temps à en accepter ces nouvelles liturgies, l'endroit reflétait désormais un nouveau havre au sein du vacarme constant que l’Aphrodite semait à ses tempes, déterminé à cet instant ci à se laisser dissoudre à même l’eau jusqu’à la somnolence au fil d'un espace dont il était actuellement le seul maitre.

A cette heure, si certains clients pouvaient encore entrer et se prélasser dans l’un des nombreux bassins à dispositions, Alphonse se laisser pourtant sombrer dans un calme apprivoisé aux remous à peine perceptibles des courants chauds du plus grand d’entre eux, le corps dénudé, la tête enfouie jusqu’à frôler l’onde du nez, les yeux clos, en proie à l’écoute attentive de chaque goutte d’eau répercutant son doux fracas aux mosaïques habillant la pièce pour en savourer la profondeur. A côté de lui, dans l’allée séparant en deux le grand bassin et ses répliques miniatures, alcôves feutrées où couples et pudiques pouvaient se réfugier, ses vêtements avaient été abonnés en tas sans songer à les ranger dans l’une des niches construites à cet effet, prêt à recevoir dans un sourire de chat la remontrance muette qui viendrait fatalement quand l’une des soubrettes viendrait vérifier l’état de la salle, résistance d’une humeur badine à quiconque choisirait de troubler la quiétude qu’il était venu chercher en ces murs.

Aux yeux de n’importe client, il en était un lui aussi, quand bien même aucune courtisane ne partageait ce temps de détente visible offert à des tempes malmenées par le chaos des jours se succédant, et seul un regard attentif s’étonnerait de ne point trouver de bottes pour assortir les braies et la chemise délaissées au dallage clair.


_________________
Esmee_
L'escalier se trouvait dans mon dos. Le mur sur ma droite et les deux autres côtés ne menaient nulle part. Le seul bruit que j'entendais était le ruissellement incessant de l'eau. Je portais dans mes mains un onguent d'argile. Je comptais mettre à profit ce moment de répit au sein des Bains pour tenter d'apporter quelque soin à ma manière à la douloureuse ecchymose qui me barrait le flan gauche. Je ne pouvais rien faire pour mes côtes cassées, je ne voulais surtout pas montrer cela à un médecin quel qu'il soit, j'avais juste récupéré l'onguent que m'avait donné mon frère lorsque je m'étais abîmé la main en lui fracassant la mâchoire, le jour où nous nous étions retrouvés. Et par on ne sait quel miracle, j'avais laissé Gabriele, ces jours derniers, malgré l'éclat de ses pupilles complètement dilatées sous l'effet de la datura, soigner mes mains meurtries. J'en retirais un à un les bandages.
Mon récent séjour en geôle et mon interrogatoire n'avaient pas été de tout repos et abandonner mon corps aux bienfaits aquatiques ne serait pas une sinécure finalement.

La chose étant que je ne m'attendais pas à trouver les lieux occupés et mes jades se fixent un instant sur le sol, arquant un sourcil contrarié à la vue de la chemise au sol et des braies. Je notais néanmoins qu'aucune paire de chausses ou de bottes ne venaient illustrer les magnifiques mosaïques.
Il y avait déjà quelqu'un. Je haussais doucement les épaules, ne m'en inquiétant pas au final plus que cela et je laissais glisser mes étoffes vert d'eau le long de mes hanches, dans un doux bruissement de soie. Je les laissai là où je venais de m'en défaire, libérant mes petons des bottes de torture malgré leur cuir souple, qui les accompagnait ce soir. Ne restait que ma chainse que j'éparpillais au sol alors que je venais de rejoindre l'orée du grand bassin. Et le catogan dénoué dévoile ma longue blondeur peu disciplinée qui s'éparpille sur mes épaules, laissant échapper ce discret et subtil parfum de jasmin, d'épice cannellisée et de musc qui me caractérise.

Je n'ai aucun souçi à priori avec mon corps, n'ayant pas forcément conscience de ma féminité actuelle parce qu'il y a des lustres qu'elle est au repos si on peut dire puisque depuis ma défloration il y a quatre années mon corps est vierge de toute intrusion ; et l'éducation reçue au Bordel de luxe de Verone est pour beaucoup dans ce naturel désarmant ; de plus me mettre à nu dans un tel lieu était très loin de me paraitre incongru. Cela était même anodin. Je déposais mon onguent sur le rebord du bassin, glissant une dextre minutieuse sur les longues contusions violacées qui ornent mon flan avant de pénétrer lentement dans l'eau, empruntant les marches de faïence surplombant l'endroit, et de m'immerger totalement dans l'onde et une nuée de vapeur. L'eau était bleue, tentante et merveilleusement chaude.

Ce n'est que lorsque j'émerge ma tête, que je m'aperçois de la présence masculine, à quelques encablures de moi. Et je réalise qu'à moins d'être endormi, le Comptable n'a pu manquer mon rituel d'effeuillage pour rejoindre l'antre délicieuse de ces Bains. Car il s'agit bien de l'Animal en question.
Et il est certain que je ne peux qu'exhaler un léger soupir de soulagement en me disant qu'en effet ce n'est que Lui et pas un Autre qui se trouve sur les lieux.

Il n'empêche que là, sur le moment, je reste silencieuse, ne voulant pas le déranger de l'assoupissement dans lequel je le crois plongé.
Armand


Ses débuts en tant que courtisan au sein de l'Aphrodite se passaient relativement bien. Il n'avait pas encore fait plus ample connaissance avec les personnes qui rôdaient dans les parages si ce n'était Adryan, ancien compagnon de repas nobliaux.

Une nouvelle soirée se profilait et même si l'envie de se perdre dans la luxure le titillait comme chaque soir, il avait envie, avant toute chose, de se prélasser et de se détendre dans un fumant bouillon de paresse.
Tantôt, il avait été faire quelques achats en ville, et si la friction entre plusieurs corps emplis d'ardeurs ne l'effrayait point, il en était tout autre de la foule grouillante, qui vous bouscule et vous malmène tandis que les effluves rances de la rue prennent nez et gorge en otage.
C'est ainsi que, revenu en ce sanctuaire, Armand décida de se libérer de la poussière et de la pestilence de la ville.

Un tour en sa chambrée et il laissa derrière lui les atours qui le paraient. Seul resta sur son corps ses braies, le torse dévoilé ne montrant que peau lisse et glabre. Un large drap blanc d'une main, une fiole d'une huile parfumée dans l'autre, il descendit afin de rejoindre les bains n'ayant cure des regards qui pourraient le poursuivre tandis qu'il traversait la grande salle pour rejoindre l'étuve salvatrice.

En un regard il comprit qu'il n'était pas le seul à avoir eu envie d'une bulle de bien être aquatique. C'est avec un léger sourire amusé qu'il s'approcha du grand bassin. Déposant drap et huile près du bord, il enleva les dernières bribes de tissu qui le couvrait. Un simple geste de la main gauche délia le cordon et les braies tombèrent au sol en un bruissement caractéristique.
Aucune pudeur pour l'épicurien, aucun manifeste de sa part pour cacher la moindre parcelle de peau. L'éphèbe après quelques secondes de pose s'inséra dans le divin écrin de chaleur dérangeant ainsi l'ondée en un soupir d'aise.

Un regard lancé de part et d'autre du bassin le renseigna sur les deux protagonistes : chat et souris étaient présents. Les bras posés sur le rebord, la tête penchée en arrière, les paupières closes, il lança un simple : « Bonsoir... » avant de faire glisser ses doigts sur la surface immobile.
Flore_
Des corps, Flore en avait vus pléthore. De toutes tailles, de toutes corpulences. Marqués par les batailles, par les grossesses en nombre, mutilés parfois suite à des semaines d'enfermement. Des années de médecine l'avaient amenée à poser sur ces derniers un regard froid et professionnel, avisant chaque blessure, la posture du corps, les mimiques de douleur lorsqu'elle officiait. La nudité n'était pour elle qu'un outil de travail, indispensable lorsqu'il fallait ausculter et soigner. Sa venue aux bains ce jour-ci ne lui causait donc pas d'émoi particulier, à part le fait que potentiellement elle pourrait y croiser des gens et que les discussions à bâtons rompus étaient loin d'être son fort. Réussissant à se repérer de plus en plus dans le bâtiment, ses pas la menèrent donc aux bains, reprenant peu à peu vie après des mois d'errance qui avaient failli la faire sombrer dans la folie. Toujours sur la corde raide cependant, ses nuits ne lui offraient pas le repos qu'on aurait pu attendre de l'obscurité et ses démons venaient infatigablement rythmer les heures sombres.

Enlevant ses chausses à l'entrée des bains, ses pieds nus se dirigèrent vers le grand bassin, épousant le sol froid à chaque pas. Ses prunelles avisèrent les trois silhouettes déjà plongées dans l'eau dont émanait la buée provoquée par la chaleur et, méticuleusement, robe et chainse furent enlevées et pliées afin qu'elles aillent rejoindre une des niches prévues pour accueillir les vêtements des baigneurs devant s’effeuiller pour s'immerger. Depuis le début de son apprentissage avec son père, Flore avait appris à tout ranger, étiqueter, remettre à sa place chaque pot, chaque ustensile utilisé. Elle en avait gardé des traces, rigueur forcée lors de son initiation qui s'était peu à peu ancrée en elle pour devenir une habitude dont il lui était impossible aujourd'hui de se détacher.

Le silence accueillant malgré la présence des membres de l'Aphrodite la soulagea, et c'est sans piper mot, offrant tout de même un hochement de tête aux regards qu'elle put croiser, que Flore plongea son corps vierge de toute blessure visible dans l'eau chaude, s'immergeant jusqu'au cou, nuque penchée rapidement en arrière pour s'appuyer contre le rebord et fermant les paupières, essayant de ne penser à rien.
Tibere.
[Acte 1, scène 2]

Le Lioncourt a gardé son bras sur la brune, il la serre contre lui, non pas comme il le ferait d'une proie, mais pour lui faire sentir que ce soir, elle ne pourra s'échapper, elle devra boire la coupe jusqu'à la lie. La jolie donzelle du bar lui a indiqué les étuves. Il n'a jamais pratiqué ce lieu, à l'Aphrodite, pourtant, c'est un endroit qu'il affectionne particulièrement. Les bains sont un endroit ou l'esprit se détend autant que le corps. C'est le lieu idéal pour commencer son oeuvre. Tout contre lui, il la sent, il se doute de ce qui l'habite même s'il n'en sait pas précisément le contenu.

Il la relâche un instant, le temps qu'ils se préparent.

Bien... Prépare-toi, nous nous retrouvons lorsque tu seras aussi vêtue qu'à la naissance. Es-tu prête à tout, Yohanna, pour t'exorciser? Tu dois accepter tout que je t'imposerai, si tu veux y arriver, car, il n'y a pas que ton esprit et que ton coeur qu'il va falloir soumettre.

Son regard se fait insistant, si froid. Il l'abandonne là, s'éloignant pour se dévêtir, impudique; à regret il se défait de sa canne, ôte bottes, pourpoint, chemise et braies. Le tout une fois plié, il s'avance muni d'un simple drap de bain. Il s'est toujours moqué de la pudeur, ce sont les prudes qui s'en embarrassent et il n'a jamais eu honte de son corps, malgré les cicatrices, malgré le temps et ses effets. Il garde une sculpture musclée aux nombreuses entailles. D'un pas posé, il boite jusqu'aux marches.

Yohanna est-elle prête? Il avise les bassins. Son front se plisse. Ils ne seront pas seuls. Peu importe.

Alors qu'il se glisse dans l'onde clair, il observe ceux qui sont déjà présents. Deux femmes, deux hommes. Sont-ce des couples? Ils n 'en ont pas l'air.

La torpeur de l'atmosphère les plonge dans une ambiance extatique. Un "Bonsoir" à la volée, négligeant et il s'adosser dans un des petits bassins. Fermant les yeux à l'instar du Tabouret qu'il ne cherche pourtant pas à imiter. Un peu de paix dans ce monde de brutes. Dans l'expectative, il attend que sa jolie brune vienne le rejoindre, pour entamer la conversation.
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[HRP : TRES LENT à la détente! Veuillez m'en excuser.]
Yohanna.
C'est un éclat de rire que tu lui offres pour réponse. Non pas moqueur, ni sarcastique, mais un rire que tu n'as pas retenu car il est ta façon de faire fuir la peur qu'il a soudainement fait naître en toi. Il vas t'imposer, te soumettre, et son regard semble si déterminé qu'il t'en pousserait au frisson. Au début de cette histoire, tu t'es tournée vers lui sans vraiment savoir à qui tu avais à faire. Peut-être est-il bien plus dangereux que tu n'aies voulu le croire jusqu'ici, n'écoutant que d'une oreille distraite parler du Frère Honni, mettant la crainte et la tension nerveuse que son nom évoquait sur le dos de la trop fragile nature humaine. Mais maintenant que tu es face au Lion, comment vas-tu réagir ?
Toujours est-il que tu ne vas pas commencer par te défiler, et tu lui réponds avant qu'il ne parte un simple ''Je suis prête à tout.''

Puis commence l'étape que tu préfères. Observer. Maintenant seule, tu as vue sur la salle et ses détails. Tu l'observes s'éloigner et se dévêtir sans la moindre once de gêne, tenant parfaitement son rôle, et tu apprécies la confiance qui se dégage de lui. Ce genre de stature qui assure et qui rassure. Et lorsqu'il commence à disparaître dans l'eau, ton regard glisse sur les autres personnes, rapidement. Une, deux, trois... Brrr... C'est trop. Beaucoup trop. Rôdeuse solitaire, tu n'aimes pas avoir à guetter plusieurs proies ou surveiller plusieurs prédateurs à la fois. Mais tes vieux réflexes s’apaisent en remarquant que personne ne semble agité ou bruyant, et puis tu es dans un lieu publique, alors un peu de courage !
Sans leur tourner totalement le dos, tu ôtes ta chemise, puis tes bottes, et, un tout petit instant tes doigts hésitent avant de laisser tomber tes braies au sol, en bouchon. Certaines cicatrices ont besoin de temps pour être acceptées. Et même si celle qui scarifie ton ventre de travers n'est plus qu'un très lointain souvenir, l'hideuse plaie sur ta cuisse brûle encore dans ta mémoire. Et jusqu'ici, tu n'as laissé personne pauser les yeux dessus, sinon l'Homme qui t'aime. Peut-être aurait-il été judicieux de laisser un médecin t'examiner, pour aider à inverser la tendance des nombreux voyages qui n'ont fait que la rouvrir et la faire saigner de nombreux jours durant.
Aujourd'hui, bien heureusement, elle ne ressemble plus qu'à une trace sanglante déformant ton galbe musclé, mais elle est là, et tu dois l'affronter.

Il ne le sait pas, mais il vient de t'imposer la première étape de ta rédemption.

Il est temps d'aller le rejoindre, et, glissant rapidement tes jambes dans l'eau afin de cacher ta douleur dans le petit bain qu'il a choisi, tu te places non loin de son flanc, juste assez pour pouvoir le regarder à l'envi, gardant la possibilité d'observer le reste de l'assistance. Aucune politesse pour les inconnus semblant être ta devise, tu leur offrira un sourire s'ils émettent de l’intérêt pour vous. Mais pour l'instant, il n'y a que Tibère qui t'inspire confiance.

''Tu as bien fait de choisir cet endroit. L'eau possède un pouvoir magique qui aide aux confidences. Il te faudra au moins ça pour t'aider à soumettre autre chose que mon esprit et mon cœur.''
Lui est offert un sourire narquois après avoir repris ses propres paroles alors que tes mais ouvertes caressent la surface de l'eau pour la regarder doucement trembler...
"Par où commence-t-on?"

Mince, tu as oublié ton verre d'alcool sur le comptoir...
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Armand


Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté...

(Beaudelaire, L'invitation au voyage)

De ses yeux mi-clos il entraperçoit une nouvelle personne, féminine, entrer dans le bain. Voyant son petit hochement de tête en guise de salut, un fin sourire vient y répondre.

Personne ne semble vouloir troubler le silence et la quiétude. Il y avait quelque chose de presque divin dans ce recueillement commun.
De Grayac n'a pas encore eu l'occasion de parler avec les figures Aphrodisiennes présentes, mais à priori, personne ici n'avait envie de délier la langue, ou tout du moins, pas pour le moment.

Néanmoins, toute retraite n'est pas éternelle et deux nouvelles personnes arrivent. A croire que ce soir, les étuves sont le lieu de rassemblement général.
Cette fois ci, Armand ne les reconnaît pas. Des clients donc...

Un homme en premier lieu, suivi d'une femme. Au "bonsoir" lancé par celui-ci, le noble ne fait qu'un petit geste de la main en guise de salut sans piper mot.
Le couple s'installe dans un bain adjacent, à priori ils souhaitent un peu d'intimité, si l'intimité puisse exister en un tel lieu.
La discussion commence entre eux et, tout prétexte étant bon à prendre, le calme environnant le force à écouter leurs dires même s'il ne le souhaitait pas forcément.

Confidences... Soumission...

Petit froncement de sourcils avant qu'un sourire en coin n'apparaisse. Le mot "soumettre" avait eu l'effet escompté sur cet éphèbe déjà bien initié à tous les péchés de la luxure.
La conversation risquait d'être des plus intéressantes... Et le Grayac se promit de ne pas en perdre une miette si cela devenait croustillant à souhait.[/b]
Alphonse_tabouret
Du dérangement il ne montra nul remous, inflexible félin dont l’immobilité valait autant pour lui que pour le lieu paisible qu’il avait choisi pour s’emmurer, se contentant des volutes de bruits s’enroulant aux vapeurs d’eau pour venir narrer à ses tempes les mouvements qu’il ne percevait pas. D’Esmée il reconnut le naturel, le lien créée entre le corps et l’âme qui assurait à la Corléone cette lascive sauvagerie égarée du mouvement des hanches jusqu’à la prunelle et s’il n’ouvrit pas encore les yeux, il sut, jaugeant à l’onde trouble laissant ses empreintes neuves à sa peau blanche, l’endroit où la jeune femme avait choisi de s’égarer. Armand ne lui fit pas plus rompre l’équilibre entretenu au fil de son repos, courtisan jusqu’alors entraperçu quelques fois au comptoir du bordel sans qu’il ne prenne le temps d’en apprendre plus, jeune homme laissé en pâture à la méfiance intuitive du comptable de le sentir proche d’un Parasite auquel il refusait toute attention de trop, et ce fut finalement Flore qui l’arracha à la léthargie volontaire dans laquelle il s’était réfugié, l’odorat immanquablement attiré par l’odeur des plantes accompagnant discrètement les courbes mises à nues, perpétuel fardeau au nez de l’homme, comme du chat, écornant la volonté au point de contempler , les yeux mi-clos les trois silhouettes l’ayant rejoint.
La porte s’ouvrit une nouvelle fois, délayant à son passage deux nouveaux venus dont les tonalités immédiates ne trouvèrent nulle empreinte à sa mémoire malgré une attention alors toute dédiée à l’intrusion, repoussant dans un soupir imperceptible la nudité choisie pour se draper du costume commerçant que l’Aphrodite exigeait en permanence de lui.
Un hochement de tête fut adressé à l’homme dont le physique lui rappela les cornes d’un minotaure hiémal dont les mains puissantes avaient fini par avoir raison d’un bouffon trop triste pour finir la soirée dans un rire , offrant le sang et la déconvenue à chacun en guise de cadeau, le regardant choisir l’intimité d’un bassin plus étroit pour accorder le temps tenu entre parenthèse à son invitée. Si l’œil mâle ne put s’empêcher de croquer les courbes femelles, éternel esthète, il ne s’attarda pas plus au spectacle gracieux offert par la donzelle dont l’attention toute entière n’était dédiée qu’à son compagnon ; l’intimité ne se manifestait pas que dans l’apparat, et la proximité choisie par le couple ne semblait pas déroger à la règle que l’animal avait pu de nombreuses fois observer à la faveur de ses balades.

Percevant le froncement de sourcils du courtisan non loin de lui, il lui accorda un sourire en coin, attendant lui aussi, dans le mutisme du chat faussement assoupi, le déliement des langues étrangères à ces murs qui inspiraient chuchotements, confidences, et égarements malgré bien des bonnes volontés pour repaitre l’esprit et l’égarer aux sentiers que proposaient la multiplicité imposée

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Tibere.
Allons droit au but.

Il ne se méfiait pas de ceux qui les entouraient. S'il s'était su épié, peut-être aurait-il changé sa stratégie. Mais finalement la présence de tiers allait peut-être lui servir.

Il s'étira, attrapant le hanap qu'il avait posé sur le bord et l'offrit à sa partenaire du moment.

Tu dois être consciente de certaines choses avant de commencer. Tout d'abord, tu ne peux pas oublier; ça ne sert à rien de chercher à le faire, ça n'est PAS POSSIBLE. Par contre, tu dois voir son vrai visage, tu dois comprendre ce qui t'a poussé à l'aimer et ainsi tu seras à même, non pas de le haïr, mais de ne plus rien ressentir.

Il se tut un instant, puis après l'avoir délestée du verre, il posa ses mains sur les tempes de Yohanna, pressant un peu, la regardant droit dans les yeux.

Ce que tu ressens pour lui fait partie du passé, il n'est ni ton présent, ni ton avenir.

Il accentua un peu la pression, sans la quitter des yeux.

Maintenant, il va falloir que tu me parles. Que tu me parles de ce que tu as vécu, de ce que tu as ressenti, de ce qui s'est passé. Tu dois tout m'expliquer et ne pas omettre un détail, parce que même les détails insignifiant peuvent avoir du sens.

Ta Rédemption, c'est de faire table rase, mais pour ça, tu dois te rappeler de tout.
Il s'empara d'une petite fiole, imprégnant ses mains d'une huile parfumée, lui ordonnant d'une voix sans équivoque.

Tourne-toi, je t'écoute.
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[HRP : TRES LENT à la détente! Veuillez m'en excuser.]
Yohanna.
Le hanap t'es tendu et tu remercies le Lion du regard avant de tremper tes lèvres dans le breuvage. Puis commence la leçon. Tu ne peux pas oublier, dit-il. Tu ne peux pas. Et pourtant, ce serait si... simple. Tellement plus simple que de devoir parler.
Parler, mais avant tout te souvenir. Te replonger dans ce passé que tu as peur d'affronter. Savoir. Où tout à commencer, comment, pourquoi... Avouer. Lui avouer, te l'avouer. La tâche te semble titanesque. Mais tu en es obligée, et son regard plongé dans le tien est intransigeant. Tu n'y couperas pas.
Étrangement, sa détermination te semble rassurante, et tu as la drôle d'impression qu'il ne fait pas tout ça dans le but de te nuire. Ce sentiment t'es si rare que tu t'en méfierais presque si tu n'étais pas entourée d'une eau et d'une buée détendant tes muscles autant que ton esprit. Ses mains sur tes tempes se font plus pressantes et tu fermes les yeux pour replonger dans tes vieux souvenirs. L'origine...

Lui tournant le dos, obéissante, tu commences à raconter d'une voix plate :

Le début, tu le connais plus ou moins car tu étais de la partie. Ton frère et sa fine équipe recrutait, je fuyais, comme à l'accoutumée, vers un endroit où je pourrais me rendre utile en parfaite inconnue et je suis tombée sur leur annonce. Le rouquin m'a plu tout de suite, par sa vivacité, son pétillement perpétuel. Le Gaucher attirait plutôt le respect avec son air détaché de tout et sa taille immense. Et puis il y avait Seth. Je voulais être transparente pour vous tous, voir inexistante, prête à me plier à vos règles. Mais lui n'est qu'un délinquant ! Il n'aime pas s'y plier. Il préfère jouer à sa façon.

Inutile d'en rajouter. Il le connaît bien mieux que toi et sait ce que cela signifie. Sans doute se rappelle-t-il de ses règles du genre « pas touche aux gens de la bande, encore moins aux gens en couple » les trouvant tellement logiques que tu n'as pas pu t'empêcher de vouloir les enfreindre, juste parce qu'elle étaient érigées en lois parmi eux alors que toute personne normale n'en fait qu'un principe tacite.
Ses mains se posent sur toi et tu frissonnes. Tes yeux s'ouvrent sur les personnes de l'autre bassin. L'un d'eux semble intéressé par ce que tu dis. Il faut dire que ceux avec lui semblent plutôt silencieux. Il y en a même un qui semble ici en maître des lieux, un air détaché de tous mais les sens toujours à l'affût de ce qu'il l'entoure, prêt à se mettre en boule ou a partir si l'entourage lui parait trop agressif. Le Chat noir de la maison. C'est ça, il ressemble à un chat.
La suite, tu la diras à voix plus basse. C'est d'autant plus personnel que maintenant tu as posé le décors. Mais tes noisettes restent accroché à l'homme attentif au loin. Un homme de main ? Un simple employé de la maison, dans les bains ? Non, sans doute un courtisan. Son corps serait perdu s'il ne servait pas à satisfaire les clientes... Ou clients.

Les confidences reprennent. Tu cherches tes mots un instant... Puis tout coule de tes lèvres comme si l'histoire attendait de sortir depuis déjà trop longtemps.

Il a été le seul à vraiment me porter un intérêt. Alors malgré tout ce qu'on disait sur lui, je me suis laissée apprivoiser par cet homme qui attirait autant la haine que l'amitié ou l'amour. Et puis je l'ai vu comme un ami. Il venait me voir quand il avait besoin de parler, et autour d'une bonne bouteille, il parlait. Je l'écoutais, puis je le soutenais. Devant les autres, face à eux... Je me disais qu'il était capable de tant de choses! Mais comme embrigadé dans des liens invisibles qu'il s'imposait tout seul. Finalement, la bande a éclaté, et je l'ai suivi malgré ce qu'il se disait déjà sur nous. L'avis des gens m'importe peu.

Tu hausses une épaule comme pour chasser cette partie de l'histoire, insignifiante pour toi, même si tellement cruciale pour la suite. Et pourtant, cette suite, tu n'arrives toujours pas à te l'avouer. Alors tu la noies au milieu d'explications vagues de ce que tu penses avoir ressenti.

Je crois que j'aimais cette fragilité qu'il affichait quand on était seuls. Volontairement ou non, il me faisait penser à un petit enfant fragile ayant besoin de réconfort. De bras maternels. Mais en public, il pouvait être sec, voir brutal ou indifférent. Et cette ambivalence me rendait folle... Me faisant perdre mes repères et mes convictions...
Je ne saurais dire quand vraiment je me suis mise à l'aimer. Mais une chose est sûre, c'est que le sentir loin de moi a longtemps été une torture insoutenable.

Un frisson te parcours et tu détournes les yeux du corps offert à ta vue, au loin. Un coup d’œil derrière toi pour croiser le regard de ton protecteur et ami pour la soirée avant de lui demander, malgré que tu connaisses les grandes lignes de l'histoire :

Et toi ? Qu'est-ce qui t'a poussé à haïr ton frère ?
_________________
Tibere.
Les mains se font velours, voluptueuses, elles épousent le dos de la jeune femme, l'huile glisse sur la peau soyeuse, étend la chair, les muscles tendus, il semble parfaitement concentré sur ses gestes pourtant tout son esprit boit la moindre parole. Oh oui, comme il le connaît, comme il le retrouve et comme il comprend que dorénavant la plaie est bien fermée, cicatrisée. Il y a quelque temps de cela, les mots de Yohanna l'auraient touchés, le renvoyant à sa propre souffrance, à Suzanne... Suzanne qui avait succombé pour les mêmes raisons que Yohanna, exactement les mêmes raisons. Aujourd'hui, ça aurait presque pu le faire rire, s'il n'avait pas eu le respect des douleurs de sa partenaire de l'instant.

Et lorsque la question tombe, il y répond du tac au tac, sans même réfléchir, alors que sa main glisse dans le creux des reins de la belle brune, il souffle dans son cou, froidement. Aucune haine, ni aucune amertume n'habite plus sa parole.

Il n'a jamais été mon frère.

Silence.

Et je ne le hais plus.

Étrange comme une simple phrase peut être libératrice. Un bien-être plaisant l'envahit et lui extirpe un sourire entre ses lippes: libéré, délivré... biiiiiiiiiiiiiiiiiiiip!!!!!!!!!

Hum... Il n'a jamais été mon frère, car je n'ai jamais eu confiance en lui, c'était un écorcheur, et mon frère le considérait comme son frère, oui, mais ça ne fait pas de lui mon frère. Il est d'autant moins mon frère qu'il a tellement cherché à souiller, à ruiner les miens que je ne lui accorde pas le droit ni de l'avoir été, ni de l'être jamais.

Lentement, ses doigts glissent le long de la colonne vertébrale, marquant des poses à chaque anneau, appuyant doucement mais avec vigueur.

Je l'ai haïs. Je l'ai haïs d'avoir pris Suzanne, de l'avoir détournée de moi, sciemment, volontairement, de l'avoir séduite et méprisée à la fois, de lui avoir vendu des mensonges, prétendant même l'aimer... Finalement, il le prétend à chaque fois qu'il se perd dans les bras de quelqu'un, homme ou femme.

Ses mains sont arrivées sur les épaules, il les masse, rejoignant sa nuque, alors qu'il se plaque un peu contre elle, son torse contre le dos féminin, prenant bien garde de ne pas l'effleurer de son bassin, restant à distance.

Même lorsqu'il couchait avec Louis, il lui faisait croire qu'il l'aimait. Mais si l'amour c'est ça, alors je bénis le ciel d'avoir aimé si peu de gens. Je l'ai haïs lorsque j'avais mal, lorsque je me sentais abîmé, dans ma fierté, lorsque je sentais ma propre épouse m'être arrachée, lorsque je voyais mon frère souffrir et que j'ai compris que derrière les façades orgueilleuses de Louis se cachait un terrible secret. Un secret bien gardé, trop longtemps, bien trop longtemps. Alors je ne l'ai plus haïs mais je l'ai vomi. Seth est un fourbe, un être qui n'est habité que par une seule chose: Son bien-être, son plaisir, son égoïsme, sa petite personne, ses intérêts.

En un mot, il n'a plus aucun intérêt pour moi, plus aucun. Je n'ai plus de haine, il ne mérite ni mon mépris, ni ma pitié. Je suis triste cela dit, pour les gens comme toi, comme Suzanne, comme Louis, comme Night, et d'autres encore, qui se sont fait berner.

L'impulsion sur la nuque se fait plus forte, alors que de son torse il masse le dos charmant, glissant avec aisance contre la peau douce et chaude.

Seth est ainsi, il prend, il aime, comme il dit, et puis une fois désintéressé, il jette.

Les lèvres effleurent à peine le cou féminin, s'en dégageant rapidement.

Je le juge? Oui, mais ne crois pas que je me pare du costume du chevalier blanc à côté. Je sais qui je suis, je ne prétends pas être meilleur. Juste différent. Seth est un paradoxe, je peux comprendre que son magnétisme attire, mais lorsqu'on voit clair en son jeu, on comprend vite et on s'en détourne, car ce n'est pas un homme qui inspire ou qui apporte le bonheur.

Vivement, il la tourne vers lui, ses ongles se plante dans le bras de la jeune femme alors qu'il la regarde, glacial.

Le jeu qu'il t'a joué, il l'a fait à Suzanne, le même, exactement, et Night m'a raconté les mêmes choses, mot pour mot. C'est ça l'amour? Faire croire à chacune qu'elle est unique et la mépriser une fois qu'il a eu ce qu'il voulait? Tu lui as apporté, à un moment, aujourd'hui tu n'es plus rien.

Sa main se fait tendre alors qu'il empaume sa joue et la regarde en souriant.

Mais tu es jeune, tu es belle et tu as la vie devant toi, les blessures sont là pour nous faire grandir et tirer des conséquences de nos erreurs. Les mensonges sont le lot commun des hommes, ils s'en servent tous pour parvenir à leur fin, d'une façon ou d'une autre. C'est ce qui rend Seth banal, sans intérêt, malgré toute l'originalité et l'énergie qu'il dépense à se faire croire unique.

Sans gêne, il pose sa main sur son coeur, ne la quittant pas des yeux.

L'originalité de chacun elle se trouve là, et crois-moi, il n'y en a pas des milliers qu'on aime. Il n'y a peut-être même qu'un grand amour, un seul qui soit notre parfait à nous. Parce qu'il nous aime, pour ce que nous sommes, parce qu'il nous aime lorsque nous sommes laids, lorsque nous sommes sales, lorsque nous avons mal, que nous sommes malades, parce que nous l'aimons comme il est et surtout parce qu'il y a un respect mutuel.

Il la relâcha et s'éloigna, s'appuyant contre le bassin, reprenant le hanap et en ingurgitant un délicieuse gorgée, la savourant.

Réciprocité, respect mutuel, garder la main dans celle de l'autre, quoiqu'il en coûte, quoiqu'il en soit.
C'est ça que tu cherches et ça n'est pas Seth.

Il sourit un peu, amusé, lui tendant à son tour le verre de prune.

Sais-tu qui est Seth dans la mythologie égyptienne? Le dieu de la confusion, du désordre, de la perturbation. Et si tu lis sa vie, ça ressemble étrangement à notre ami!

Quoiqu'il en soit, si tu cherches le bonheur, ne t'encombre pas de gens de cet acabit, ma chère Yohanna.

Il se laissa glisser dans l'eau quelques instants, profitant du calme dans l'onde aquatique, ce silence imposé, détendant et lourd à la fois, puis ressortit, faisant saillir les muscles de son torse et lissant ses cheveux en arrière, poussant un long soupire.
A voir si elle en tirerait les bonnes conclusions.


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[HRP : TRES LENT à la détente! Veuillez m'en excuser.]
Yohanna.
Sa façon de parler du fait qu'il n'est pas son frère te glace le sang. Au fond de toi, tu continues à ressentir la peine que Seth a fait naître chez toi en le voyant chercher sa place dans une famille qui n'était pas vraiment la sienne. Mais il ne le hait plus. Tu venais justement chercher à te faire contaminer par ce sentiment. Dommage...
Quand il évoque Suzanne, tu baisses doucement la tête, par respect, parce que tu connais cette histoire de plusieurs points de vue. Tu a su recoller les morceaux et délier le vrai du faux sans parti-prix, enfin.. Tu le penses. Et puis il évoque Louis, et tu ne peux t'empêcher de lâcher un rire qui trouble le calme de la salle. Tibère vient de t'apprendre quelque chose dont tu n'aurais jamais pu te douter, alors en imaginant, tu ris... Un rire rapidement contenu entre tes doigts pour laisser le blond continuer son argumentation mais surtout pour retenir les mille questions qui te viennent à l'esprit. Après tout, tu ne veux pas en savoir plus sur eux tous. Inutile de ressasser toutes ces vieilles histoires.

Et alors que son massage devient parfait sur ta peau, il lâche une affirmation qui te fait frémir. Parce qu'il a tellement raison. L'homme dont vous parlez est fourbe et égoïste. Et malgré que tu connaisses chacun autre de ses défauts, tu n'as pas pu t'empêcher de devenir dépendante de lui. Comme toutes les petites sottes qui lui ont toujours tourné autours et ne cesseront jamais de le faire. Tu t'en veux d'avoir été attrapée dans les mêmes filets et tu luttes contre cette envie de te blottir contre tes jambes enserrées dans tes bras, à défaut de pouvoir disparaître à jamais sous cette surface liquide. Et ses lèvres semblent comme un doux réconfort sur ton cou, avant qu'il t'attire à lui faire face, pauvre poupée de chiffon entre ses mains puissantes.

Tu lui as apporté à un moment, maintenant tu n'es plus rien.

Sa main se pause sur ton cœur et ton regard glisse lentement sur le point de contact. Il croit qu'il reste encore quelque chose derrière cette chair, mais cela fait bien longtemps que tu ne crois plus au prince charmant. Tu as à nouveau envie de rire quand il te parle de jeunesse, d'avenir, et de toutes les belles paroles qu'on dit aux donzelles tristes de leur premier amour, mais tu penses à Celui qui t'aime et tu frémis. Celui qui t'attend patiemment à chaque fois que tu t'éloignes, et qui sait te clamer qu'il t'aime comme au premier jour à chacun de tes retours. Et malgré tout, tu ne sais pas lui rendre ce qu'il mérite, parce que son amour ne peut pas te transcender. Tu n'aimes pas qu'on t'aime. Et tu n'aimes pas être aimée.
Puis Seth est à nouveau évoqué. La définition de son nom te fait sourire un brin alors que tu plonges tes lèvres dans le breuvage. Oui, c'est bien lui. Et puisque tu es à Paris, tu iras faire une tour à la grande Bibliothèque pour en savoir plus... Curieuse.

Merci Tibère. Tes mains sont un vrai régal. Bien plus que cet alcool, et pourtant déos sait qu'il est bon ! Merci aussi pour ces aveux, cette... partie de ton histoire.
Mais tu te trompes sur moi, je crois. Tu crois que je l'aime pour ce qu'il m'a fait miroiter ? Cela fait bien longtemps que je ne crois plus les paroles des hommes. Il n'aurait réussi qu'à me faire fuir plus vite encore. Et si un homme m'aime aujourd'hui, c'est uniquement parce que je tolère son éternelle infidélité comme si je ne la voyais pas. Que je fais semblant de le croire et que je me prête au jeu. En retour, il me laisse flâner à mes occupations à travers le Royaume sans chercher à me retenir.
Je ne cherche plus le bonheur d'une romance. Ce rêve là, je le laisse aux autres. Je crois plutôt que... Je cherche à... me sentir utile. Chose que j'étais lorsque Seth m'utilisait pour jouer les brigands. Les décisions, les stratégies, les plans qu'on mettait au point ensemble. Je ne l'aime pas non plus pour ses compétences masculines, qui étaient ma foi tout à fait... banales, sinon brutales parfois. C'était plutôt.. je crois... ce qu'il représentait.

Tes yeux glissent sans retenue sur le corps que ton interlocuteur offre à ta vue. Que représentait-il, finalement, cet homme que tu aimes tant ? Une idée ? Un rêve ? Une envie ? Un Dieu égyptien ? Peut-être rien de tout cela.

Tu lui rends sa boisson avant de passer le stade où tu ne sauras plus t'arrêter, et les coudes posés sur le rebord du bassin, tes jambes toujours sous le niveau de l'eau, tu continues ta réflexion en détaillant les détails des murs qui vous entourent.

Enfin, je me fourvoie sûrement, il ne reste qu'un homme et je devrais pouvoir le remplacer aussi vite que j'ai su remplacer les autres avant lui. Toutefois, je sens au fond de moi comme... Une emprunte au fer rouge qu'il a su déposer. Et c'est ça qui me fait peur. Ne pas pouvoir faire face à ce pouvoir qu'il a sur moi. Je n'aime pas tout maîtriser, je l'avoue.

Peut-être qu'il me faut moi aussi trouver une raison valable de le vomir, comme tu l'as fait.
Il a failli. Il m'a presque volé la vie de l'être qui m'est le plus cher. Il ne m'a volé que ma jambe. Mais s'il avait réussi, il n'aurait plus de tête aujourd'hui. J'aurais du. J'ai été faible.

Bon, tu avais une flèche dans la cuisse et ton chien si précieux exposé à son arc. Tu n'allais pas tenter le Diable qu'il est et essayer un coup qui n'aurait jamais porté. Mais tu t'es sentie faible face à lui. Et ce sentiment te fait peur.
Est-ce que Tibère comprend vraiment ce que tu ressens ? Ce que tu cherches ? Tu n'es pas là uniquement parce que tu l'as aimé et que tu veux tourner la page. C'est tellement plus. Tellement fort. Tellement dangereux. Dis-moi Tibère, t'es-tu déjà senti faible comme un cafard sous le talon d'une femme ? Sinon, tu ne peux pas comprendre...
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Tibere.
Il l'écoute, sans tout comprendre, les femmes sont toujours obscures par moment, elles parlent trop, ou alors elles sont confuses, cherchez la logique chez une femme et vous n'y trouverez qu'une abysse d'illogisme aussi rébarbatif qu'intriguant.

Il s'ingurgita une nouvelle rasade de nectar et le reposa sur le bord.

Hum... je te connais peu Yohanna mais le fer rouge... on en a tous quelque part... la question est... quelle importance veut-il qu'il ait dans notre vie...

Il la toise légèrement, plissant les yeux.

Le fer rouge, il fait mal... à mon sens, il faut fuir... fuir en courant. Fuir ce qui fait mal, fuir ce qui détruit. Tout le monde n'est pas remplaçable, mais il faut fuir ce qui nous nuit.

Il fixa l'onde, l'air sombre.

Courage fuyons, parfois, c'est ce qu'il faut faire... Mais chut.... ne dis jamais que je t'ai dis ça!

Il lui tendit la main.

Allez viens là, montre moi ça...

Et alors qu'il l'attirait contre lui, il enfonça sa main dans l'eau, cherchant sa cuisse, il passa doucement sa paume sur la peau, cherchant la blessure.

Tu le vomis déjà, quelque chose en toi le vomis, il te suffit de te focaliser sur ça, de ne plus penser qu'à ça, lorsque tu penses à lui.

Il l'enferme dans ses bras et ferme les yeux, fourrant son nez dans ses cheveux.

Hum... Tu n'es pas faible, Yohanna... Tu es une femme.

Son esprit s'embrouille. Est-ce l'alcool? Les vapeurs du bain? Il pense à sa soeur qui lui manque si souvent et dont il ne parle jamais. Il pense à cette femme qui l'a enchaîné à elle et dont il a encore tant de mal à se défaire. Le fer rouge, c'est elle, insidieux et puissant, l'addiction est la pire des choses, celle qui se distille dans le sang, le vin, l'eau, qui engourdit et qui empêche même de réfléchir. Nabot. Les femmes avaient un foutu pouvoir sur lui, mais seule une faisait battre son coeur. Il passa sa main dans les cheveux de la brune.

Ne cherche pas à le remplacer. Ne cherche pas un autre homme, les choses viendront, en leur temps... Il faut du temps pour se libérer, tellement de temps...

Il se tait, un peu plus embrouillé, le sang cogne à ses tempes, il ferme les yeux.

Nous sommes tous faibles...
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[HRP : TRES LENT à la détente! Veuillez m'en excuser.]
Yohanna.
Courage, fuyons. Ta seconde nature. Alors un sourire naît au coin de tes lèvres quand tu te dis que tu as tout fait pour fuir cette situation, mais que c'est elle qui maintenant te poursuit et te mord de l’intérieur.

Tu t'approches de lui à sa demande, en confiance depuis que la conversation a commencé. Parce qu'il reste attentif et qu'il n'hésite pas à donner les conseils qu'il croit judicieux. Même si c'est dur de le faire, pourtant, tu sais qu'il a raison et tu devras y repenser pour réussir à les mettre en application. Mais pour l'instant, tu restes docile et te laisses approcher. Jusqu'à sa main qui se pose sur ta cuisse.
Ce puissant frisson qui te traverse brouille l'onde te fait serrer les poings et les dents alors que tes sourcils se froncent tandis que tu luttes contre la douleur fictive qui t'envahis à ce contact. Mais tu ne veux pas paraître faible, alors tu lutes. Et tu le laisses faire.
Son museau contre ton cou t’apaise un peu tandis que ses bras t'entourent, rassurants et finissent de te conquérir.

Un dernier conseil qui est aussi difficile que les précédents. Ne pas essayer de le remplacer. Comment ne pas admettre que dans chaque homme qui t'approche tu le recherches un peu ? Tiens, celui-ci a ses yeux. Celui-là la couleur de ses cheveux. Celui-ci tire presque aussi bien à l'arc, et lui a ce petit sourire insupportable et suffisant...
Et lui ? Tibère ? Qu'a-t-il de..? Non... pas lui... Ne le compare pas. Alors qu'il ne te connaît pas plus que ça, il a accepté poliment de te revoir pour parler de Lui, puis il t'as considéré comme une amie alors qu'il aurait pu te rire au nez ou te traiter comme la fille stupide que tu es. Il a su te mettre en confiance en quelques instants, ne te jugeant pas. Et tu te sens bien. Tu te sens... apaisée. Peut-être que ce calme dans ta tête ne va pas durer, mais pour le moment, tu lui souris paisiblement.
Tibère n'a absolument rien à voir avec Seth le destructeur...

Ta main caresse sa joue si proche de ton visage dans une infinie délicatesse.

Tu étais un sujet épineux entre nous. Entre tous ceux qui vous connaissaient tous les deux d'ailleurs. Parfois, je le narguais en lui disant que j'allais venir te voir pour changer d'air, pour voir quelque chose de plus... comment dire ?
Hmm... Peu importe.
Il a fallu que je décide de le chasser de ma vie pour trouver l'occasion de te revoir.
Je ne suis pas déçue. Tu es quelqu'un de bien, Tibère. Bien moins faible que moi. Que lui...

Ton pouce vient caresser son sourcil, puis sa lèvre alors que tu détailles ce visage aux formes si équilibrées. Un plaisir pour les yeux qui n'hésite pas à clamer la raison d'un tel succès auprès des femmes. Malgré un corps meurtri, il se dégage de lui comme une aura qui ne peut qu'attirer à elle, comme un papillon l'est de la flamme d'une bougie. Une flamme qui réchauffe ton cœur glacé...
Mais ce bien-être n'est pas fait pour durer...
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Tibere.
Ses esprits lui reviennent peu à peu, c'est vrai qu'ils sont bien, là. En paix. La paix est sans doute ce qu'il recherche le plus depuis sa rupture définitive d'avec Suzanne, mais il a bien du mal à la conquérir et surtout à la faire prospérer dans sa vie. Tout contre elle, il frissonne autant qu'elle, rouvre les yeux. A une autre époque, il l'aurait embrassée et ce n'est pas l'envie qui lui manque. Cette sensation grisante et le plaisir qui naît au creux des entrailles. Mais le baiser est un partage amoureux et depuis peu, il ne distingue plus désir et amour. Ils ne font plus qu'un et celle qu'il désire n'est pas Yohanna. Il dépose un léger baiser sur le pouce qui effleure sa lippe, la gardant au creux de ses bras.

Hum... Notre relation a toujours été épineuse, il a été la pierre d'angle qui a aidé à briser ce que j'avais de plus cher, ma plus grande faiblesse, mon plus grand échec. Mais le temps passe. Pourtant, c'est étrange, j'ai le sentiment que la majorité des femmes que j'ai pu avoir dans ma vie, il fut aussi leur amant ensuite. Mais tout cela est révolu. Seth vit avec ses démons, je ne les lui envie pas, franchement. Ce qui m'inquiète ce n'est pas lui, mais toi. Je sais combien se libérer d'un amour très fort est difficile, c'est un deuil, il faut s'arracher un bras ou le coeur même... Je ne te dirais pas ce que j'ai du arracher moi...

Son visage s'assombrit, il se souvient de Suzanne allongée sur ce lit, droguée et de cette nuit de douleur. Machinalement, il fixe ses mains encore entachées de son propre sang. Une grimace étire ses traits, déforme son visage.

Le chemin est long, Yohanna, parfois on en arrive au dégoût de soi. Mais, c'est à toi de briser et de reconstruire, moi je peux t'aider, t'aider à trouver le moyen ou à l'accomplir, mais la réponse est en toi.

Taquin, tentant de badiner, il plaque son bassin contre elle, lui lançant un regard de braise.

Il y a quelques temps, je t'aurais pris sauvagement pour tenter de t'exorciser, mais je sais que c'est vain. J'ai mis tellement de temps à me libérer de Suzanne, mais aucune femme ne m'en a libéré à proprement parlé. Elles sont nombreuses à avoir jalonné cette libération.

Il esquisse doucement un sourire, pensant à Night, à Lisa, à Sarah, Daphnée et surtout à celle qui mit le point d'orgue à son passé torturé. Sa main se perd dans les cheveux de la brune, la plaquant contre le rebord du bassin, sa bouche se pose sur sa gorge, ses mains glissent sur son corps.

Ferme les yeux, Yohanna, prends ta respiration, ne regarde plus derrière toi, c'est terminé.

Il la serre fort et se détache d'elle, s'éloignant du bord et lentement donne l'impulsion qui la fait basculer dans l'eau, ne la relâchant pas d'un iota. Elle glisse dans l'onde et il la force à mettre la tête sous l'eau. Angoisse, étouffement, mort, paix, résurrection.

Il est long le chemin de la délivrance.
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