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[RP] La curiosité n'est pas spécialement un défaut

Egfroy
Depuis deux bonnes paires de jours qu'il était dans la capitale, il avait eu tout le temps possible pour se concentrer sur son cas, chose qu'il n'avait pas faite depuis longtemps, trop longtemps. La volonté de s'occuper de lui s'était associée au fil des jours à la recherche du plaisir, au désir de la découverte, à une véritable quête de jouissance en somme. Un homme, dont il avait entendu parler, pourrait peut être l'aider, du moins il en était persuadé. Un "premier jet", soit un premier échange, épistolaire, avait déjà suffit à" séduire" Egfroy. Néanmoins un point trouble subsistait: L'Aphrodite.
Un bordel, certes de bonne réputation, mais aussi distingué soit-il un bordel reste un bordel.. Pendant qu'Egfroy parcourait les rues en direction du lieu de rendez-vous le doute fit irruption dans son esprit tout comme plusieurs sentiments:

Le plaisir: Cela nous changera ! C'est innovent ! C'est excitant !

Le dégout: Mais quelle horreur, rien que d'imaginer des peignes-cul se tripoter au milieu des jambons, ça m'colle la gerbe...

L'indignation: Ouais ouais, c'est la dernière fois que je me montre conciliant ! Voilà où ça mène d'être aimable

Le mépris: C'est pas pour demain que je vais y mettre les pieds, comme si j'allais m'y abaisser, tseuh.

Pourtant pas le dernier à se "vautrer dans le foin des granges" il fallait s'y résigner, ce monde était totalement mystérieux pour lui.

Il n'eut pas le temps de penser à autre chose que déjà, il était arrivé à destination.

Et là...Hésitation. Devrait-il tenter une entrée m'as-tu-vu, débarquer en trombe et exiger qu'on lui rapporte Tabouret sur un plateau -si ce dernier est présent dans l'Aphrodite-? Oui c'est bien ça, très bien pour se faire virer comme un malpropre. Devrait-il entrer, et se poser dans un coin pour attendre ? Non, être tenté et ne plus voir le temps passer voire même oublier le pourquoi de sa venue serait trop grand risque. Envoyer un courrier à l'intéressé pour l'avertir de sa présence, ça s'était déjà mieux, ce qu'il fit une fois qu'il eut trouvé de quoi le faire après des plombes de galère .




A sieur Tabouret,

J'ignore où vous êtes, toujours est-il que je suis à l'endroit convenu.
J'ignore aussi si vous recevrez ce que je prends actuellement la peine de vous écrire.
Dans tous les cas, je vous attends.

Bien à vous

Egfroy

Ps: Si vous ne me trouvez point c'est que je me suis paumé à l'intérieur


Restait plus qu'à attendre désormais.
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Egfroy de Vissec
Alphonse_tabouret
Lorsqu’il avait reçu le premier vélin d’Egfroy, Alphonse était resté un instant pensif malgré le ton léger, avenant, ourlé d’un reflet enjoué auquel il ne pouvait pas s’empêcher d’associer une étrange dissonance, reliquat tronqué de la cave humide dans laquelle on l’avait enfermé, leçon apprise sans qu’il ne parvienne encore à en maitriser l’amertume, la distillant possiblement jusqu’à montrer des crocs, lui, pourtant si impeccable pantin dont chaque apparition était résolument bridée aux enjeux qu’il percevait.
Son premier réflexe avait été d’écarter la lettre en la poussant d’un index mû par la nausée vissé à ses nerfs mais il était resté figé, la pulpe écrasant le vélin, la prunelle rivée aux arabesques lettrées sans qu’il n’en relise la moindre ligne, disséquant le mouvement spontané de rejet jusqu’à l’asservir à la plus froide logique. Les questions les plus pragmatiques avaient toutes trouvé le chemin jusqu’à la mise en perspective, s’appliquant à ne dénaturer aucun fait, tant par le traumatisme que par l’expérience, étirant dans l’allongement des minutes le silence introspectif du chat ; le nom était inconnu, les informations volontairement sommaires, et la rencontre proposée ne cachait pas une certaine impatience chevillée à l’encre. Si l’orgueil du faune savait souffrir des excès des autres pour nourrir ses desseins et méprisait souvent ouvertement ceux s’y abreuvant, il était une lutte à laquelle il ne pouvait se résoudre, bien plus belliqueuse que celles de ces autres dont les sensibilités se heurtaient aussi abruptement qu’incompréhensiblement, une lutte intérieure, fraternelle, personnelle, contre soi-même, contre l’ombre qu’avait laissée la pucelle en l’enchainant dans les soubassements de la cour des miracles.
Lentement, dans le bruit fragile du papier glissant au bois patiné du bureau, il avait ramené la lettre devant lui et l’avait contemplée longtemps, avant de choisir d’y répondre, scellant aux envies primesautières d’un parfait inconnu, les termes de son premier combat contre l’obscurantisme de ses plus récentes aversions.

Assis à son bureau, le comptable ne releva pas le nez de son cahier de compte lorsqu’Hubert toqua à la porte avant de l’entrouvrir, concentré sans pourtant en oublier de percevoir l’intrusion, juste incapable de se laisser complétement distraire par l’apparition, rigide dès lors qu’il s’agissait du ventre de l’Aphrodite. Le pli posé mit quelques minutes à trouver son lecteur mais il eut le mérite de dissiper promptement la brume de concentration dans laquelle le chat s’immergeait, méticuleux, laissant apparaitre sur le museau faune, l’ébauche d’un sourire. Se levant et signalant à l’homme de main qu’il ne redescendrait pas dans l’immédiat, Alphonse prit le chemin de la Maison Haute, la démarche lente du promeneur dessinant à sa démarche le flegme tranquille du félin, laissant courir le velours de son regard noir sur les personnes présentes sans trouver ce qu’il cherchait quand il n’en connaissait même pas l’apparence, mais étonnamment convaincu de savoir lire dans le regard de son hôte mystérieux l’étincelle qui avait achevé de le convaincre dans ses mots. Il finit par prendre le couloir menant à l’entrée, adressant un sourire au portier en guise de salut, lui passant devant sans mot dire avant d’ouvrir la porte et de discerner dans la petite cour, une silhouette hésitante.


Faudra-t-il que je vous prenne par la main pour entrer ? fit il en en descendant les quelques marches menant au perron, s’approchant du jeune homme jusqu’à enfin en discerner les traits, tendant une main longiligne, nantie, épargnée des travaux les plus physiques, en se présentant : Alphonse Tabouret. Je crois que nous avons rendez-vous.
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Egfroy
Faudra-t-il que je vous prenne par la main pour entrer ?

Brusque demi-tour et haussement de sourcil avant de toiser l'insolent qui ose lui parler ainsi. Pas de doutes ça commençait bien. Il aurait peut être du choisir autre lieu, il le savait. Qu'est-ce qu'il pouvait se maudire des fois. Il regarde l'homme qui s'approche de lui, ce qui lui provoque un nouvel haussement de sourcil et qui lui tend une main bien entretenue. "Non mais ça va oui ? C'est pas comme si on se connaissait, et d'abord vous êtes ?" Théoriquement ça c'est ce qu'il aurait du dire mais l'inconnu lui coupe l'herbe sous le pied, pour ainsi dire, et se présente.

Alphonse Tabouret. Je crois que nous avons rendez-vous.

A ces mots, Egfroy reste carrément sidéré. Il s'attendait à tout, sauf à une approche pareille. Pendant de longues minutes, il regarde Alphonse, totalement ahuri. Est-ce le fait de se trouver devant le nouvel objet de ses désirs ? Est-ce une approche si cavalière qui le laisse sur le fondement ? Ou bien est-ce le premier signe de la déception d'Egfroy ? Mystère. Néanmoins il n'allait pas rester là à le contempler, il fallait réagir maintenant.

Sieur Tabouret, ainsi c'est vous. Je suis fort aise de vous rencontrer. Quelle approche majestueuse dites moi, c'est...Charmant.

Il se retient d'ajouter "la politesse aussi c'est un concept qui vous échappe ?" N'allons pas bousculer notre homme, du moins pas dans l'immédiat...
Enlevant ses gants il prend la main de Tabouret, lui offrant en retour une main lisse, douce, parée d'une chevalière en or portant les armoiries de sa famille.


Pour vous répondre, il n'est pas utile que vous me preniez par la main pour entrer, mais puisque vous proposez j'y consens avec joie.

Tout en disant ça, un petit sourire moqueur se dessine sur son visage. Puis ses yeux prennent le temps de se balader sur Tabouret. Le détaillant des pieds à la tête le plus discrètement possible, il arrive à une conclusion: l'homme semble bien fait de sa personne. Revenant au visage d'Alphonse, il lâche:

Bien, alors entrons, je vous suis.
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Egfroy de Vissec
Alphonse_tabouret
L’expression de surprise de son hôte le ramena au fade des réalités intrinsèques, et le chat, retint sans le moindre remous à la parfaite surface, un soupir las en mesurant l’ampleur de la tache à fournir devant la lente hésitation à serrer sa main. Lui qui avait espéré dans ce rendez vous, asservir la maladie qui courrait dans ses veines au possible baume de l’improbable, en venait à se demander en s’ancrant à l’étincelle de l’œil jumeau, s’il devrait ce soir aussi, faire des courbettes et user d’un factice respect au titre pour que le nobliau se sente à l’aise quant il aurait été si simple d’abolir le convenu au profit de la curiosité. Objet, il l’avait toujours été, tour à tour servile à sa famille, tentation dans les yeux de certains, plaisir dans le lit d’autres, exhibé si souvent qu’il n’avait plus aucun effort à fournir pour être ce que l’on attendait de lui et pas ce qu’il était, délité au profit des autres, lambeaux d’âme qu’il ne savait plus assembler autrement que dans l’enivrement des sens, et si la possible déception d’Egfroy tenait dans l’apostrophe, celle d’Alphonse résidait dans l’immuable orgueil de ses semblables à n’attacher de l’importance qu’à la flatterie courtoise due à ceux qui étaient bien nés. L’arrogance naturelle nobiliaire ne cesserait jamais de le fasciner, et n’était elle pas merveilleuse après tout, si spontanée, si conditionnée, que le visiteur en oubliait que lui aussi, devrait plaire, pour espérer avoir l’objet de son attention à hauteur de son humeur.
Il se jouait ce soir, sur le perron du lupanar, l’oscillation délicate du vaudeville et du drame, chacun des protagonistes souhaitant la richesse de la rencontre et risquant la désillusion de l’espoir, car si le nobliau attendait de lui qu’il soit à la mesure des racontars, le faune, lui, espérait assez de lueurs pour lui faire oublier qu’il venait là confronter ses angoisses.

Sieur Tabouret, ainsi c'est vous. Je suis fort aise de vous rencontrer. Quelle approche majestueuse dites moi, c'est...Charmant.

Au sourire moqueur, le sien s’effila, gracieux, enveloppant dans le policé de ce que l’on voulait de lui, l’insolence salvatrice à tout esclavage, car s’il savait courber l’échine et offrir le fil de sa nuque aux lourdes convenances, il n’en demeurait pas moins, lové à sa chair et réveillé par la latence de sa gangrène, l’amusement toujours exaltant de l’irrévérence.

Je songerai, la prochaine fois, à me présenter avec des fleurs, fit il en inclinant doucement le buste, les premiers reliquats du flegmatique costume de la servilité pointant son nez, laissant au chat, le loisir d’en fermer chaque bouton pour s’y barricader, ce qu’il ne fit pas encore, retardant lui aussi, le verdict de la première impression, soumis à l’envie d’y croire quand il était pourtant terrien jusqu’à en avoir les pieds ancrés au sol.

Bien, alors entrons, je vous suis.

Je vous conseillerai, peut-être, à l’avenir…
fit il, amusé par la dualité du pointillisme des politesses et l'oubli des bonnes mœurs, l’amenant, main tendue, sur les premières marches du perron, son dos masquant le possible enlacement des mains à la porte cochère donnant sur le tumulte de la rue, … de toujours attendre la discrétion des murs pour donner la main à un homme. La porte du lupanar se referma derrière eux, cloisonnant enfin les mondes, donnant l’occasion au comptable de mener l’hôte aux premiers riches apparats du salon, délaissant la main pour lui présenter d’un geste le lieu.
Bienvenue à l’Aphrodite. Notre entrevue nécessitera-t-elle la discrétion de mon bureau ou souhaitez-vous rester à portée du bar et de ses multiplicités ? demanda-t-il dans un sourire discret, lui proposant à quelques pas, le confort d’une banquette discrète lovée au clair-obscur de quelques chandelles élancées.
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Egfroy
L'arrogance nobiliaire est en effet une fascination pour les gens du commun. Egfroy le savait et n'hésitait pas à en jouer. Mais Tabouret était-il vraiment quelqu'un de commun ? On ne pouvait répondre à cela que par la négative. De plus, Egfroy la méritait-il vraiment cette arrogance ? Lui qui n'était actuellement guère plus noble que le jeune homme qui lui faisait face ? Oui, car pour lui, il n'était rien de plus naturel, et on ne se sépare vraiment jamais de quelque chose que l'on considère sien même si tout le reste s'est effondré, même si ne subsiste de la magnificence passée que des ruines. Néanmoins arrogance ou pas, il n'avait pas oublié qu'il allait lui aussi devoir plaire. Le fond du problème résidait là, s'il ne plaisait pas, il serait surement contraint de repartir comme il était venu. Et cela, il le refusait. Ainsi, il devrait ce soir déployer nombre de talents, de qualités et tâcher de se montrer le plus agréable et intéressant possible sans tomber dans le grotesque et sans adopter une personnalité insipide. Le courtisan le mettait donc à l'épreuve, l'exhortait implicitement à donner le meilleur de lui même.

Je vous conseillerai, peut-être, à l’avenir de toujours attendre la discrétion des murs pour donner la main à un homme.

En disant cela, Tabouret l'amenait déjà sur les marches du perron. Une attitude raisonnable s'il en était. Il avait parfaitement raison, pas besoin de s'exposer inutilement. Un nouveau petit sourire, mais pas moqueur cette fois, fit apparition sur le visage du déchu.

Je prends bonne note de votre conseil dit il avant de le suivre à l'intérieur où il découvrit un cadre autrement plus luxueux qu'il ne l'avait imaginé. Il ne répondit pas tout de suite à la question d'Alphonse, non pas par arrogance, il l'avait laissée de côté, provisoirement dès son entrée dans l'Aphrodite, mais par curiosité. Il observait les lieux, avec intérêt. Son attention revint ensuite vers Tabouret.

Notre entrevue ne nécessite pas autant de discrétion pour que nous nous rendions dans votre bureau. Il sourit légèrement avant de continuer.
En effet, si je me trouve ici ce soir ce n'est pas pour vous demander quelque chose de gênant, ni même pour vous parler d'un sujet délicat, non, si je suis là, c'est pour vous. N'y voyez aucunement une quelconque déclaration, c'est juste la vérité. Aussi mon choix se porterait plutôt sur la seconde option que vous me proposez.

Après ces quelques répliques, prononcées d'un ton calme, presque avec douceur, comme s'il avait désiré charmer le faune, le sourire d'Egfroy se fit un peu plus large.

Après vous.

L'arrogance laissait cette fois place à la courtoisie, et d'un geste il invita Tabouret à le précéder .
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Egfroy de Vissec
Alphonse_tabouret
Venait-il de là, l’obstacle? Ni dans l’arrogance léchée de l’un, ni dans la froide résignation de l’autre mais du fait qu’au gré des apparences qui jouaient de ses manières, de son insolence, de ses multiples conquetes, quand il n’avait jamais échangé la moindre pièce contre la moindre caresse, le venin lascif de son attitude poussait encore ceux qui ne le connaissaient pas à croire qu’il était courtisan ?
Etait-ce le lieu trompeur de l’Aphrodite, ses parfums, ses soupirs, l’emprise nette de l’ambiance sur les sens dès que la porte cloisonnait les mondes qui amenait les croyances à lui prêter l’appartenance à la congrégation ? Non, car Egfroy n’était pas le premier à se méprendre, sans nul doute ne serait-il pas le dernier, et Alphonse ne s’en offusquait jamais, assimilant juste, ce que les gens voyaient de lui et le compulsant sagement, pour en examiner les traces à la clairvoyance de la solitude.

Menant l’éphèbe à l’intérieur, il avait choisi d’examiner ses réactions avec l’apparente distance du maitre de maison, attentif du coin de l’œil, distant sans pour autant perdre la moindre fluctuation troublant le visage avenant de son hôte et accorda un sourire amusé aux traits de ses lèvres en l’épiant à son observation. Père par le sang, il ne l’était pas moins à la bâtisse proprette et en tirait la joie orgueilleuse de savoir que la maison savait envouter les esprits, quelles qu'en soient les demandes, commerçant avant toute chose, dont les qualités des services se mesuraient au bruissement des écus s’entassant..


Après vous.

Il s’exécuta, gracile félin à la démarche lente et dont la valse des pas suggérait la tranquille osmose des murs et de la personne, mélange permanent d’aisance et de charme pour le bien être d’une clientèle d’abord paternelle et maintenant propre, menant sans se retourner, son convive à l’angle discret de l’un des murs ou siégeait une large banquette et une table joliment sculptée.
Il s’y laissa tomber, invitant le jeune homme à l’y rejoindre tandis que d’un signe, il indiquait à l’une des soubrettes de venir servir à la table l’un des crus choisis par Adryan plut tôt dans la journée.


Vous me flattez messire. Je ne suis point certain de mériter l’intérêt que vous semblez me trouver…
Le sourire s’effila, imperceptiblement détendu depuis que son hôte, lui-même, semblait avoir choisi de se laisser porter non plus par ce qu’il était mais par ce qui était en devenir, étrange et excitant amalgame du vécu, du savoir et l’expectative… mais si je devais reconnaitre une chose, ce serait sans nul doute de voir ma curiosité aussi aiguisée en votre compagnie… Un reflet carnassier ourla le sourire engagé tandis qu’il poursuivait, l’intimité de la table se refermant sur eux quand bien même traversé par la présence des domestiques, le genou frolant son jumeau dans une fausse inadvertance parfaitement maitrisée pour le plaisir de discerner, là encore, l’étincelle, les cadres et les frontières dont se couvrait son hôte. : Vous êtes là pour moi et j’ignore tout de vous…
La soubrette appelée présenta sur un plateau ouvragé une bouteille soigneusement nettoyée quand l’étiquette attestait un âge avancé, luxe que ne se refusait jamais le jeune homme quand il montait à la Maison Haute, amateur des alcools forts et des vins aux parfums entêtants, puis, d’une main experte, saisit la flasque pour en verser un filet dans un verre, geste impeccable qu’il ne perdait jamais, esclave bien avant d’être maitre, portant les stigmates de son savoir à la façon d’oriflammes plutôt que comme chaines.
Alors dites-moi, que puis je faire pour vous… , commença-t-il en ancrant ses prunelles sombres aux jumelles, détaillant enfin par la proximité, les traits agréables de son hôte, lui tendant le verre pour qu’il puisse en humer les fragrances et attester que la boisson lui convenait avant de préciser, l’espièglerie latente du chat s’étirant à l’ombre du moelleux des bonnes manières: ou peut-être, puisque je suis ce soir l’objet de vos attentions, que pouvez-vous faire pour moi ?

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Egfroy
Et pendant qu'Alphonse exécutait "l'ordre" d'Egfroy, ce dernier songeait, tout en regardant les courbures du félin qui ondulaient devant lui, du fait d'une démarche souple, élégante. Il songeait que pour la première fois de sa vie il était en train d'adopter une attitude sereine, ce qui était pour le moins bizarre quand on le connaissait un peu. Toujours est-il qu'il était là, à tenter d'être agréable, en compagnie d'un homme qui n'était pas noble et pourtant, Egfroy était en train de s'y intéresser. Fait d'autant plus rare. Une fois arrivé à une table où une certaine intimité pouvait se faire sentir et après avoir vu Alphonse se laisser tomber sur une banquette qui paraissait confortable, le privant ainsi des formes agréables du jeune homme, Egfroy décida de l'imiter. Il se laissa tomber dans un bruissement léger, celui d'un tissu de bonne facture, soyeux, qui se froisse du fait de certains mouvements du corps. La vesture d'Egfroy le représentait bien, luxueuse, chargée. L'arrogance de cet homme proche de la vingtaine pouvait être aisément perçue. De plus il était blasonné de partout ou presque, comme si les armes de sa famille étaient là pour faire office d'une sorte de protection. Mais, étant désormais très proche de Tabouret et ayant peur de passer pour une grosse pintade, ce qui n'était ce soir pas le but recherché, il entreprit de se délester de son mantel pour découvrir une chemise plus simple et ! Blasonnée aussi...-eh merde- Bon, de toutes façons il n'était pas là pour des questions héraldiques donc sa vesture on s'en foutait un peu. Pendant qu'il s'était un peu déchargé de ses atours, Alphonse avait décidé d'engager la conversation.

Vous me flattez messire. Je ne suis point certain de mériter l’intérêt que vous semblez me trouver…

Et pourtant cet intérêt vous le méritez mon bon sire, je suis pour l'instant ravi de ce que je vois.

Il aurait pu dire "charmé" voire même "enivré" mais il trouvait que ça faisait beaucoup pour l'instant. Puis bon, il n'allait pas non plus le déifier. A trop vouloir faire des compliments on tomberait à coup sûr dans le grotesque. Pourtant, il ne tenait plus tellement. Il voyait devant lui un homme beau, raffiné, courtois...Une telle personne, ça ne se croisait pas tous les jours et encore moins dans le sud du Royaume. Aussi, l'espace d'une seconde, il eut envie de se jeter dessus. Pas en manque, juste avide d'un plaisir nouveau. Mais cette idée ne dura guère, fort heureusement pour Tabouret qui jouait d'ailleurs du genou sous la table. Au frôlement, une légère rougeur vint colorer les joues d'Egfroy, cela indépendamment de sa volonté, car il était disposé à sortir du "carcan nobiliaire" pour s'ouvrir, un peu. Aussi, il resta totalement calme, limite de marbre et garda juste un petit sourire sur ses lèvres.


Vous êtes là pour moi et j’ignore tout de vous…

Souriant de nouveau à Alphonse, il reprit la conversation toujours aussi calmement:

Oh, eh bien je pourrais potentiellement accepter de vous dévoiler un peu de ma personne, qu'en dites vous ?

Il avait à peine terminé de parler que déjà une soubrette vint apporter du vin. Tabouret comptait-il le saouler à coup de grands crus ? Son sourire s'étira à cette idée absurde. Ses yeux quant à eux se posèrent d'abord sur la bouteille puis se concentrèrent sur le service de la boisson que faisait le félin.


Dois-je comprendre que vous avez aussi une connaissance très précise des vins en plus d'avoir un comportement d'homme du monde ? Dit-il une fois le verre en main et après avoir humé l'enivrant liquide.
Donc, sieur Tabouret, ou Alphonse, comme vous préférez, pour moi vous ne pouvez rien faire, rien faire d'autre que de me donner un peu de votre temps.

Il marqua un temps de pause afin de goûter le vin puis reprit.

Quant à ce que je peux faire pour vous, il faut voir, vous avez des idées à me soumettre peut être ?
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Egfroy de Vissec
Alphonse_tabouret
Un sourire étira gaiement ses lèvres, mélange discret d’amusement non feint et de curiosité envers cet hôte dont le mérite se situait autant à la sincérité de la visite qu’à sa façon de se détendre lentement, que cela soit par le feutré qu’offraient les murs de la maison, ou à la nonchalance féline qui ne quittait jamais la gestuelle comptable, conscient depuis longtemps que ce que l’on renvoyait aux autres était bien souvent le terreau même de la relation que l’on développait avec eux.
Le geste discret bien que déplacé à l’abri de la table fut soumis à une attention particulière quand c’était pourtant tout le contraire qu’affichait le curieux animal, habitué à lire sur le visage des autres, quand bien même ils étaient pongé dans le clair obscur du bordel, les expressions les plus infimes, et réprima l’envie subite de la faire rougir bien plus violemment encore, trouvant dans cette soudaine envie de jeu, un intérêt qu’il entraperçut sans pour autant y croire, guerrier venant avant tout confronter ses démons à la sociabilité de l’inconnu, amateur testant les limites à vif qu’avaient apposé les griffes de sa geôlière et les tortures dont il avait été victime. Il y avait, dans le presque imperceptible rosissement des joues d’Egfroy, dans cette raideur volontaire en réponse au soubresaut de l’exaltation, une promesse incompréhensible, une fraicheur qu’il ne s’était pas attendu à discerner.

Dois-je comprendre que vous avez aussi une connaissance très précise des vins en plus d'avoir un comportement d'homme du monde ?

Ce serait vous leurrer Messire, celui qui possède ici les clefs de ce savoir est le joyeux drille que vous pouvez apercevoir d’ici, ironisa-t-il en désignant du menton Adryan dont la sinistre présence errait au bar, le visage fermé et les manières raidies d’une de ses multiples tortures mentales quant à la présence proche ou lointaine de Camille. Je ne possède quant à moi que le savoir de remplir les coupes et celui de les chiffrer. Mon père était un homme pointilleux et a eu à cœur de m’apprendre les bons gestes quand je n’étais encore qu’un enfant, résuma-t-il sans se laisser happer par le souvenir de ces heures interminables où chacune de ses attitudes avaient été étudiées et redressées selon le bon vouloir d’un patriarche exigeant et cruel. Vous lui devrez également l'ensemble de mes manières, même les plus mauvaises, fit-il en s’octroyant un sourire espiègle aux reflets carnassiers quand le verre était dirigé vers les lèvres, funambule amateur des vérités qui cachaient sous le couvert de leur simplicité, les affres les plus tortueux de l’âme, car il ne mentait pas. C’était bien son père, ce monstre tout puissant qui avait fait germer dans ses retranchements les plus sombres, ses folies les plus sanglantes ; d’abord le gout de la vengeance dans la soumission systématique de cette clientèle qui s’éprenait fatalement de cet animal en cage dont l’indolence avait tout de l’insolence mesurée du félin et qui, malgré le pouvoir exercé par l’argent dans l’échoppe familiale, finissait à genoux devant lui et lui seul, sans plus aucune monnaie pour assoir l’autorité, jusqu’à cette réussite honteuse au bras de l’Aphrodite qui le couvrait d’or et mettait à l’abri son bâtard pour les années à venir sans qu’il n’est plus à servir un autre maitre que lui-même.

Donc, sieur Tabouret, ou Alphonse, comme vous préférez, pour moi vous ne pouvez rien faire, rien faire d'autre que de me donner un peu de votre temps. Quant à ce que je peux faire pour vous, il faut voir, vous avez des idées à me soumettre peut être ?

Alphonse, confirma-t-il en reposant son verre, le parfum du raisin irradiant délicatement sa gorge, ... et par Dieu, faites donc attention à vos propos entre les murs d’un bordel, on pourrait vous prendre au mot, le taquina-t-il d’un sourire. Vous n’imaginez pas toutes les idées qu’il pourrait me venir…
Son doigt repoussa doucement la coupe avant qu’il ne lève de nouveau le regard vers lui, figeant à sa mémoire les étoffes de qualité, le blason trônant à la manière d’un signe distinctif , le tracé de la mâchoire juvénile, et la façon distinguée de se saisir du verre offert.
Il serait discourtois de vous demander comment vous en êtes arrivé à mener vos pas jusqu’à moi, alors soit, en échange de cette politesse, je vous prends au mot. Ce soir, ce n’est pas moi qui me soumettrait à vos idées, mais bien vous aux miennes… La première est encore avouable pour être réalisable sans effleurer l’ivresse, le taquina-t-il d’un sourire en coin, le genou restant lascivement contre celui de son voisin, sans la moindre gène, sans le moindre mouvement pour en quitter la chaleur, curieux de cette étincelle de vie entraperçue, de s’y abreuver pour oublier un instant les stigmates qu’il portait encore à peine au corps quand l’âme tout entière était rouée de coups. Commencez par me parler de vous, pendant que je nous fournis les armes, fit il en faisant signe à la soubrette de leur apporter un jeu de dés et leur gobelet, l’envie du hasard ayant germé entre ses tempes brunes à l’instant même où son hôte avait soigneusement retranché le naturel derrière ses manières nobiliaires, prêt à s’essayer, exceptionnellement aux risques engendrés par l’alcool et l’aléatoire du jeu.
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Egfroy
Ainsi c'est à votre géniteur que je dois votre personne ? Je ne sais pas néanmoins s'il est bon de le féliciter, ne connaissant rien de votre passé.

Il se la jouait toujours aimable, cachant son naturel hautain derrière une façade de courtoisie.

Il fit aussi l'impasse sur celui que le félin désignait du menton. Il ne posa qu'un regard blasé sur lui, le jugeant fort peu important pour en parler. Il continua donc sur le passé de Tabouret.


Je ne sais rien ou presque, mais je puis vous assurer que je comblerai ce vide ce soir.

Un sourire fit son apparition sur les lèvres du sudiste.

Tout comme vous avez la possibilité de combler votre manque d'informations sur mon humble personne.

"Nooon, j'ai dis humble ? J'ai quand même pas dis humble ?!" se disait-il. Il sentait bien au fond de lui qu'il en faisait trop et que ça risquait de ne pas coller avec ce qu'il était réellement. Non mais sérieusement, quand on arrive couvert de blasons, la moindre des choses c'est d'éviter de faire l'homme simple, par respect pour sa personne au moins. Courtois oui, simple non. Le pouvait-il vraiment d'ailleurs, être simple ? Habillé avec des étoffes qui traduisaient bien qu'il avait des écus à ne plus savoir où les dépenser. Etoffes qui d'ailleurs avaient le mérite d'attirer l'attention d'Alphonse, tout comme la chemise blasonnée, ce qui ne déplaisait pas à Egfroy. Il avait toujours aimé attirer les regards sur lui, et ce soir encore plus. Il avait tellement bien attirée l'attention du jeune homme qui lui faisait face que ce dernier ne décollait pas son genou du sien. Le provençal ne s'en offusqua nullement, il était même plutôt satisfait de cette situation pour le moins inhabituelle. Rares étaient ceux qui pouvaient le toucher, ou plus simplement le frôler. Et si ça arrivait, c'était là un privilège dans lequel il fallait se complaire.

Commencez par me parler de vous, pendant que je nous fournis les armes.

Et il regarda Tabouret faire signe à une espèce de servante.

Les armes ? Que voulez-vous dire ? Vous voulez inclure du grouillot dans la conversation ?

Il n'eut pas le temps d'obtenir réponses à ses questions que déjà la soubrette s'était ramenée et posa le jeu de dés sur la table, pile au milieu, tout en détaillant Egfroy du regard. Et comble de l'horreur, elle lui adressa la parole.


Tiens, z'êtes un nouveau client vous ? Vot' tête ne me dit rien, néanmoins si c'est l'cas, le sire que vous avez en face se fera un plaisir de vous fidéliser !


Moment de gêne du nobliau, avant de répondre cordialement.

Ah... eh bien je ne demande pas mieux, hem.

Et pendant qu'elle s'éloignait lentement, trop lentement pour lui, il reporta à nouveau son attention sur Alphonse, petit sourire aux lèvres et regard interrogateur.

Alors comme ça vous êtes joueur Alphonse ? Pourquoi pas, après tout, votre jeu peut être d'une grande utilité pour m'aider à en savoir plus.

Je veux bien commencer par parler un peu de moi, néanmoins selon le score, ce sera à vous de vous dévoiler.

Et ne lui laissant pas vraiment la possibilité d'un éventuel refus, il commença.

Mon prénom n'est plus un secret pour vous. Je puis vous dire néanmoins que je ne suis pas vraiment françois. Je suis provençal, terre qui n'appartient ni à l'Empire, ni à la France, seulement à elle même. Je viens d'une petite famille de Barons.

Il coupa net ici et regarda Alphonse.

Si vous voulez en savoir plus, vous savez ce qu'il vous reste à faire !
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Egfroy de Vissec
Alphonse_tabouret
Si la stupeur s’égara aux nerfs, les prunelles, elles fondirent en silence sur la soubrette, observant un instant le visage féminin pour en scruter chaque trait, l’expression du visage jusqu’aux ongles vaguement propres qui posaient les dés sur la table. L’absence d’Étienne et sa convalescence ne pesaient pas que pour sur son humeur mais tout autant sur la qualité du personnel récemment embauché, preuve en était l’insolence imbécile du petit personnel, et pour le chat que la vulgarité rebutait quand n’importe quel femme ou homme sous couvert d’un trait d’esprit aurait trouvé grâce à son jugement, celle-ci fut ramenée à des réalités beaucoup moins festives, exaspérant le félin tant par la familiarité que la gêne occasionnée chez son hôte:

Nous n’avons que faire de votre opinion, demoiselle. Je vous serai gré de ne pas ouvrir la bouche pour dire de telles sottises… Froides onyx dardées sur la donzelle, avertissement muet que chaque parole qui renchériraient sur la sienne serait soumise à une sanction plus nette que la rebuffade qu’il lui servait, Alphonse ne quitta néanmoins pas le sourire discret à ses lèvres. Si vous trouvez un seul client que la comptabilité excite, je vous prierai de me l’envoyer, et si à l’instant, vous n’avez rien de mieux à faire, allez donc voir Adryan pour l’apprentissage des bonnes manières…
L’ordre tinta comme une bise glacée, intimant le départ avant que la colère froide ne se joigne au blizzard, irrité par ce genre de comportement quand il s’appliquait lui-même à vérifier que chaque putain du bordel ait à son éventail l’esprit et la culture.
J’espère, glissa-t-il à Egfroy avant qu’il ne reprenne la parole, que vous saurez pardonner la manque de considération de notre personnel. Je vous assure personnellement que si cela venait à se reproduire, je m’estimerais moi-même en dettes vis-à-vis du temps que l’on vous aurait fait perdre…

Je veux bien commencer par parler un peu de moi, néanmoins selon le score, ce sera à vous de vous dévoiler. Mon prénom n'est plus un secret pour vous. Je puis vous dire néanmoins que je ne suis pas vraiment françois. Je suis provençal, terre qui n'appartient ni à l'Empire, ni à la France, seulement à elle même. Je viens d'une petite famille de Barons.
Si vous voulez en savoir plus, vous savez ce qu'il vous reste à faire !

La main du chat avança jusqu’aux dés, chassant de ses pensées l’affront de la soubrette et s’en empara, les faisant doucement glisser entre ses doigts, peu compétiteur mais habile, héritage encore des travaux qu’on avait longtemps exigé de lui dans la parfumerie à la manipulation des objets, alambics et grammages précautionneux des alcools et autres distillations avant de le vouer aux chiffres.

Provençal, Egfroy, votre accent me l’a déjà dit…Lui même gardait dans les accès de colère ou de confidences, les tonalités rauques de ses origines malgré les années passées en dehors de ses Flandres natales. Le sourire s’orna, espiègle, d’un trait doucement taquin, reliquat de l’ambiance écornée qui reprenait le dessus dans l’intimité qu’ils retrouvaient enfin. Et si je n’avais point le titre de votre famille, votre blason aura su m’apprendre que vous n’apparteniez pas à la roture… Si je considère que vous avez pris la main, permettez que par enjeu, je la considère comme incomplète. Lâchant les dés dans le fond du godet prévu à cet effet, il releva l’air jusque-là absent posé sur la table dans celui du jeune homme. Les jeux n’ont jamais réellement eu d’attrait pour moi, exception faite de ceux partagés en bonne compagnie… Pour répondre à votre mise, je vous dirai que mon père était parfumeur, artisan qui a eu la folie des grandeurs en dispensant à ses enfants une éducation que nous n’aurions jamais dû avoir… N’allez pas le féliciter pour cela, après tout, regardez plutôt où toutes ses dépenses m’ont mené… Il pencha doucement la tête, félin dont la voix avait baissé d’un ton sans pourtant perdre le velours de l’amusement, aucunement aigri sur le devenir orchestré par ce destin capricieux qui l’avait tant de fois jeté çà et là pour finalement l’amener jusqu’ici. Je ne suis point certain que s’il en avait vent, il serait ravi de me voir comptabiliser tous les soirs les recettes d’un lupanar… Après une généreuse lampée de vin, il fit tourner le godet, faisant tinter l’objet de leur attention commune dans un cliquetis mat…
Quitte ou double, annonça-t-il. Si vous faites plus que moi, je répondrais à la question de votre choix, mais… Le godet s’abattit sur la table en révélant la somme de huit sur les deux faces offertes… si vous faites moins, vous me direz si c’est par politesse que vous n’osez écarter votre cuisse de la mienne ou si c’est par gout que vous l’y laissez, conclut il en laissant apparaitre l’éclat carnassier de ses dents au rebord tendre de son sourire.
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