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[Rp] La cage dorée d'une âme emplie de pensées

Leozan

Je ne sais combien de jours s'étaient écoulés depuis qu'Hubert m'avait mené en cette chambre.
Elle était mienne désormais. Des vêtements propres m'avaient été apportés, j'avais pu faire ma toilette et plusieurs fois par jour Hubert venait frapper à ma porte, attendant que je lui ouvre afin de me déposer mon repas. Jamais un mot ne sortait de ses lèvres et cela m'était égal.

Le félin m'avait fait une promesse et c'était là tout ce qui comptait à mes yeux.
Un espoir grandissait enfin en moi et même si je savais devoir faire amende honorable et me soumettre aux ordres et désirs du chat, je m'en moquais, il ferait le principal, me débarrasser de Jade, à jamais.

Je passais la plupart de mon temps assise en tailleur sur la couche, cherchant à savoir comment Alphonse avait su mettre des mots sur mes maux. Allais-je enfin connaître mon avenir ? Oublier que le monde n'est pas aussi beau, penser qu'il n'existe pas le pire, croire que .... tout est beau et .... J'aimerais tellement refaire le monde à ma façon .... Même dans mes rêves les plus fous, je n'y avais pensé, mais maintenant, je prie pour le voir se réaliser. Toute ma vie peut-être je vais l'espérer ....

L'utopie est ma meilleure arme contre le retour de la Pucelle en mes pensées, je devais la garder éloigner, la maintenir aussi loin que possible. Quelques fois, je pense avoir oublié, mais son souvenir revient me hanter. Heureusement, ce n'est que très rarement, et si ça arrive, j'oublie rapidement ce sentiment incongru, pour ne pas que ça me tue.
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Alphonse_tabouret

Il l’avait laissée là sept jours, aux prises de sa chambre, des repas qu’Hubert ne distillait jamais à la même heure sur sa demande, déformant lentement mais surement la vision d’un temps déjà tronqué pour qui se retrouvait forcé à l’immobilisme. Si Jade ou Leozan avait espéré pouvoir se fier à une quelconque routine entraperçue par le bruissement des étoffes courtisanes regagnant leurs chambres ou par le type de mets qu’elle recevait sur son plateau, elle n’y serait pas parvenue, le chat distillant chaque jour horaires, nombres et types de mets qu’on lui apportait, entretenant par le sabotage des repères les plus élémentaires, le terreau sur lequel il souhaitait poursuivre cette cruelle association.
Si l’homme de main avait reçu comme consigne le silence absolu, il s’était également vu interdire de lever la main sur la donzelle, quelle que soit la faute qu’elle serait susceptible de commettre et s’il doutait qu’un autre prenne le soin de lui obéir sur ce point-là, il savait que le garde n’outrepasserait aucun de ses mots, et s'y fiait, convaincu qu'aux yeux de la Double, le châtiment des hommes ne valait pas celui d’un dieu.

Il avait patienté sans rien en signaler, remisant, méticuleux, chaque contrariété à la somme de ses plus noires humeurs, conscient que l’exutoire n’était pas la cause première mais que son crime était à hauteur de toutes ses expiations, même les plus tourmentées, intransigeant dont la rancune dépassait l’entendement pourtant d’habitude pesé, libérant au souffle pantelant de ses vices, l’odeur de la proie la plus coupable à portée de jugements. Aux alentours de vingt heures, tandis que les portes du bordel s’ouvraient, le chat, silencieux, déserta le salon pour s’aventurer dans les recoins les plus éloignés de la maison basse, où dormaient vides, les dernières chambres encore libres dont disposaient l’Aphrodite et son appétit, jusqu’à trouver la porte de la jeune fille, et la pousser sans même y frapper, un sourire discret aux lèvres cachant la gueule béante du monstre affamé.

J’ai encore en bouche le gout du sang que tu as fait couler.
J’ai aussi parfois, encore à mes rêves, cette peur humiliante de me réveiller chez toi.
J'ai encore en mémoire, cet instant où tu m’as fait baisser les bras…
Mais ce soir, pour quelques heures, je te pardonne, car si tu savais, l’incandescence joyeuse de mes nerfs à l’idée de te forger , toi aussi, tes propres souvenirs…

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Leozan

Il se sert de toi, je ne pensais pas que Destruction était femme à se laisser manipuler.
Tu ne seras plus libre, tu seras sa chose, sa possession.
Il va te façonner à sa guise, te blesser, te trahir, puis il te laissera seule avec ton désarroi.

Je révoque mes réflexions d'un geste de la main, me laissant glisser de la couche, je fais quelques pas dans la pièces, congédiant par là même le mal qui me ronge.
Une main que je passe sur le tissu de ma robe en me dirigeant vers la petite commode sur laquelle est posé le nécessaire pour faire ma toilette. Je ferme les mains si fortement que les jointures de mes doigts en deviennent blancs, un poing que je pose de chaque côté du bac d'eau, comme si la seconde suivante j'allais plonger le visage dedans et attendre tout simplement que le souffle me manque .....

L'éternelle absence est insoutenable, attendre indéfiniment, laisser défiler les jours.
Cette sensation de gaspiller ma vie, lentement, de continuer à perdre mon temps.
Pas une seule seconde mes pensées ne me laissent de répit. La seule accalmie est en mon fort intérieur de savoir que je ne ferais pas cela en vain, que la disparition de la Pucelle en sera ma récompense.

Le bruit de la porte s'ouvrant me fait tressaillir, je me redresse prestement, le masque de la neutralité se dessinant sur mes traits tandis que je me retourne lentement.
Nul besoin de le voir pour savoir que c'est lui, la sensation de ressentir sa présence là, au creux de mes tripes. Le sourire qu'il affiche, cachant la bête qui ne demande qu'à bondir, lui est rendu, tout aussi réservé que le sien. Je prend appui de mes fesses tout contre le meuble, mes jades allant chercher les mirettes félines.

J'ai faillis attendre

L'ironie de mes mots contrastait avec la situation, parce qu'à vrai dire, le silence me tue.
Je cherche un signe dans son regard, dans ces yeux qui me cachent la vérité.
Je l'avais attendu avec rage, avec passion, avec mille questions.
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