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[RP Background] Jeux d'enfants

Alphonse_tabouret
(Suite de la réception de Juin)


Dehors, loin des fumets entêtants du salon, loin de bruissement qui ricochait en permanence, du brouhaha cotonneux dans lequel se perdaient les confidences et qui parfois, se laisser crever d’un rire résonnant des causeuses au comptoir, la clarté de la nuit semblait presque irréelle, irradiant d’une lune haute dénudée de tous apparats nuageux, le sol pavé de la cour d’entrée.


- Je veux démissionner.


S’il avait appris une chose des femmes, c’est qu’il ne servait à rien de les contrarier quand elles étaient vexées, Être déjà fait de tant de frustrations personnelles et sociétaires qu’elles étouffaient constamment au poids de leurs oriflammes, et si Sybil se sentait déterminée, il demeurait, tenue, dans ses yeux clairs, l’étincelle d’un chagrin plus profond que le conflit nocturne qui semblait vaciller au-delà du sourire qu’il lui opposait.
Sa convalescence l’avait un temps éloigné des couloirs, des chuchotements et des gestes qui habillaient les lieux aux regards seuls des locataires, pions avançant les uns et les autres aux horizons de leur propres limites jusqu’à l’inéluctable collision des sens, mais il ne lui avait pas fallu longtemps pour percevoir à son retour entre l’herboriste et Adryan, la lascivité d’une danse duelliste qui excluait la complicité jusque là affichée entre le Parasite et la blonde. De Camille, il ne connaissait que les talents de soigneuse, se souvenant de sa mine soucieuse lorsqu’elle l’avait examiné au retour de sa cave, de ses remontrances lorsqu’il boudait certaines recommandations, jusqu’à son pincement des lèvres lorsqu’elle désapprouvait clairement la désinvolture du félin en avançant dans sa guérison, et s’il devait reconnaitre que ses dons avaient très certainement sauvé sa main démise, il n’en restait pas moins méfiant, échaudé par la douleur d’un deuil qui ne devait qu’à sa race.
Empoisonneuse, tel était le véritable métier de la putain et certainement la raison pour laquelle Etienne l’avait embauchée mais si Fleur avait réussi à lui faire oublier à l’aube de ses sourires, le véritable art qu’elle pratiquait, les yeux sombres et la crinière d’ébène de la courtisane n’y parvenaient pas. Alphonse ne l’aimait pas, conscient qu’elle payait pour celle qui n’avait pas pu s’acquitter de son meurtre et incapable pourtant d’outrepasser la nausée systématique qui l’étreignait lorsqu’ils se croisaient au hasard de la maison basse quand c’était pourtant un sourire parfaitement courtois qu’il lui offrait systématiquement.


Vous démissionnerez, répondit-il doucement en l’invitant à descendre les quelques marches, tendant galamment son bras auquel elle pourrait raccrocher l’ivresse et la féminité, … il suffira j’imagine, de racheter vos dettes auprès de l’Aphrodite pour mettre un terme à votre contrat. Etienne n’aura aucune raison de s’y opposer, lui assura-t-il en posant sur elle le velours complice de son regard. Dans tous pourparlers il fallait mettre à plat les vérités inhérentes à chaque scellé et les présenter, crues, aux yeux de tous pour poser ensuite les conditions de la reddition. S’il le faut, je me chargerai moi-même de vous prêter la somme manquante, la rassura-t-il en les menant jusqu’au petit banc lové près de l’arche d’entrée, si loin des préoccupations matérielles quand c’était un tout autre jeu qui effleurait ses nerfs depuis quelques minutes déjà, savant mélange d’insolence et de cruauté qu’il réservait au venin gangrenant la quiétude de son monde. Inutile de vous enchainer sitôt partie d’ici à un homme qui vous nourrit et vous loge en lui demandant crédit…
La toquade nobiliaire pour la putain ne lui avait pas échappé parmi les indiscrétions perpétrées par les soubrettes dès qu’un évènement moins commun qu’un autre surgissait et avait eu le loisir d’entendre combien les robes que portaient Sybil ces derniers tempes étaient somptueuses, et son récent déménagement pour des quartiers plus huppés.
Voire… Il fit un instant mine de réfléchir, quand il savait pertinemment où il voulait en venir, soucieux des mises en scènes autant que des buts à atteindre, qu’importait le temps employé à poser le décor de ses lubies. Je suis même prêt à vous les racheter intégralement dès ce soir en échange de vos services pour mon plaisir personnel, rajouta-t-il, effilant son sourire dans une nonchalance badine, laissant assez d’ombres dans ses mots pour interpeller l’oiselle, et piquer l’intérêt quand la moue à son visage se peignait d’une espièglerie mutine jusque dans le plissement de ses yeux. Vous n’auriez même pas à coucher avec moi, conclut-il en guise d’appât, délimitant jusque dans sa proposition, le respect d’une décision avinée prise quelques instants plutôt menant les pas de la catin sur le départ du ventre rouge de l’Aphrodite.
_________________
--Sybil
Je tangue, je chavire, et comme la rengaine,
Je vais, je viens, je vire, je me tourne, je me traîne.

Chaloupe à la mer, elle tangue un peu, malgré le renfort du bras d'Alphonse. Ce dernier ne semblait pas émettre d'objection à ce qu'elle quitte le bordel, du moins, c'était ce qu'elle percevait de la conversation ; c'était comme si les mots entraient par une oreille et sortaient par l'autre. Par bonheur, une petite brise vint déranger l'ordonnancement de sa robe, et se chargea de lui remettre les idées au clair.

Non, certainement, le Chat ne s'opposerait pas à ce qu'elle parte. Étienne, sûrement, ferait plus de difficultés, malgré l'assurance du contraire qu'il lui donnait. Sans doute ne savait-il pas, pour leurs petits jeux, ou bien il faisait exprès de les ignorer afin de n'en être point blessé, qui sait ? Et pour ces histoires de dette... Elle se dit qu'elle aurait bien de quoi les racheter avec l'or d'Ernst. Oui. Ernst paierait, il serait sans doute ravi de l'avoir pour lui tout seul.

Comme s'il lisait dans ses pensées, Alphonse lui opposa son enchaînement au Rhénan. Malgré une légère nausée, la Blonde se mit à rire, un peu.


- Qui eut cru que je finirais mariée, ou tout comme ?

Mais il n'en avait pas fini avec elle, et lui fit une proposition plutôt... Surprenante. Et pour être piqué, l'intérêt le fut, lorsqu'il lui annonça qu'elle n'aurait même pas à coucher avec lui. Qu'était-il allé inventer ?

A tous les coups, il mûrissait cette proposition depuis un temps déjà. Instantanément, elle se mit à imaginer les choses les plus vicieuses qui soient. Et pourtant, le comptable avait toujours été bon avec elle. Que mijotait-il ?


- J'écoute.

Attentivement.
Alphonse_tabouret
Son sourire répondit à l’attention neuve de la courtisane, attardant volontairement un silence où bruissait l’amusement visible qu’il affichait en cette heure tardive, et accrocha ses yeux aux siens, comme si, aussi simplement que cela, l’espièglerie cruelle dont il était capable, pouvait faire danser la lueur éteinte de la sienne à cet instant. Si la relation ambiguë et teintée d’envie qu’elle entretenait avec Etienne ne lui avait pas échappé, elle n’avait jamais heurté l’animal, si loin de préoccupation que la jalousie engendrait quand il s’agissait de l’affection de son Autre, porté par cette ineffable conviction que rien, pas même les désirs les plus bruts, ne sauraient desceller le pacte passé entre leurs âmes à l’aube enneigée de cette année 1462, ni entacher la tendresse qu’il entretenait pour la blonde à ses côtés.

Vous ignorez certainement les rapports difficiles que j’entretiens avec Adryan, commença-t-il en jouant d’un air dégagé pour l’amuser quand il était à ce point évident de la tension qui s’épaississait dès que l’un et l’autre se croisaient de trop près, … mais même si nous ne versons pas dans la franche camaraderie lui et moi je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que ses indécentes envies pour notre herboriste l’avaient quelque peu éloigné de vous…
Il s’interrompit un instant, duelliste qui avait à cœur d‘épargner la trahison à ses alliés comme à ses ennemis les plus valeureux, et de présenter dans l’ensemble le plus clair, le panel de ses méandres.
Il serait faux de croire qu’il vous aime moins qu’avant, Sybil, commença-t-il, loyal dans les règles qu’il souhaitait édicter et ne songeant pas un seul instant à détruire quoique ce soit d’autre que la patience du nobliau à son encontre, si avide de ces instants où son masque se fendillait de rage devant un coup qu’il ne savait pas parer, encore bouleversé par les vérités qu’il entrapercevait depuis quelques semaines,mais néanmoins conscient des ravages d’attention que le cœur influait jusqu’à malmener les choses les plus précieuses autour de soi … mais nous pouvons également raisonnablement prétendre qu’il ne pense plus vraiment avec sa tête… Son sourire s’effila, une pointe de douceur s’y mêlant quand ses crocs frémissaient de la possibilité de se planter à ce vernis d’orgueil qu’emportait Adryan partout où il passait.
Maintenant que vous découvrez si abruptement notre inimité, reprit il en jouant de nouveau d’un air vaguement contrit, peut être comprendrez-vous mieux ce qui motive mon offre… Je crois Sybil, poursuivit-il en saisissant distraitement une mèche égarée de cheveux blonds pour la passer derrière l’oreille femelle, frôlant la peau blanche et la trouvant étonnamment froide pour une soirée aussi douce… qu’il n’y a ici personne qui sache comment exaspérer Adryan aussi facilement que moi… Ses traits s’ourlèrent volontairement d’une arrogance satisfaite, faussement humble, définitivement espiègle dans tout ce que la malice avait de plus sombre… pas même sa rombière… précisa-t-il avec une morgue surjouée en piquant l’image que l’herboriste entretenait depuis son arrivée au bordel pour faire sourire sa voisine. Alors, que diriez-vous si je vous proposais d’exercer ce pouvoir jusqu’à ce qu’il comprenne la valeur de l’amitié ?...
_________________
--Sybil
Pour ne plus tanguer, les mains s'enchaînent au rebord du banc de pierre, jusqu'à s'en faire blanchir les jointures des phalanges. Elle écoute, attentivement, et sans jamais l'interrompre. C'est donc d'Adryan qu'il s'agit. Et le comptable semblait assez bien renseigné sur son compte, et ses fréquentations, à vrai dire, elle aurait presque pu croire qu'il l'espionnait, si elle ne tenait pas Alphonse pour une espèce de saint.

Pour le reste, il avait raison. Parfaitement raison. La vengeance était une chose qu'elle appelait de ses vœux, pour lui faire payer de la négliger de la sorte. L'amitié n'était pas quelque chose de figé, que l'on pouvait remiser des mois dans un coin puis la ressortir quand le besoin s'en faisait sentir, comme avait l'air de le penser le Castillon. Celle d'une femme qui a l'habitude d'être au centre des attentions qui plus est. Et qui découvrait, pour la première fois, qu'un homme n'est pas seulement quelqu'un avec qui on couche pour de l'argent.

La Nymphe se contenta donc de sourire, le regard perdu dans l'éther. Oui, ils lui en feraient voir. Elle se rappellerait cruellement à lui, pour le forcer à distraire ses pensées de l'image obsédante de Camille, «sa rombière», comme disait Alphonse.


- Je marche. Quel est le plan ?

Le sourire s'étire encore, machiavélique. La petite fille se fera ignoble peste, poupée des desseins du Comptable à qui elle prêtera inconditionnelle allégeance.
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