[Rp] Heartbeat *

Thomas_sauveur

Saint-Claude, Franche-Comté, Février 1461, la neige tombait sur les remparts et l'homme fixait l'horizon la tête rejeté en arrière, la nuque déposé sur les pierres glacée des défenses Saint-Claudienne. La rousse lui accordait quelques instants de répit, tant et si bien qu'il s'était assit à même le sol, ses jambes en tailleurs, son souffle transformé en une légère fumé preuve que son corps était encore chaud, encore en vie. Il ferma les yeux et s'échappa quelques précieuse secondes de cette vie qui lui appartenait plus vraiment. Cent dix-huit journées à porter la Couronne Ducal, tout autant à être le centre d'attention de tous, il était LE Lorrain, celui qui décidait des moindres détails du Duché, des mines aux animaux, des fonctionnaires aux soldats, bien des politiciens rêvaient d'avoir sa place et lui l'avait. Aujourd'hui tout cela était passé, il avait demandé l'aide d'une folle de Rousse pour retrouver ce qu'il nommait : La normalité. Être un parmi des centaines, être dans la foule qui s'agitent, les critiques, les ragots, les langues de vipères l'avait indéniablement touché, il n'en pouvait être autrement : Le prestige, le succès attirent les jaloux, les envieux, mais rarement les amis.

Ses mains nue allèrent à la rencontre d'une fiole d'alcool et la moitié termina dans son gosier, l'autre fut reboucher délicatement. Puis dans un élan de courage, l'homme ce mit sur ses deux pieds ne pouvant empêcher la grimace de se dessiner sur son visage. Il s'approcha du groupe de ''Loups'' de bravent Soldats, spéciaux voir totalement déjanté, mais ils avaient ce petit truc qui fait que vous ne pouvez que vous attacher à ces gens-ci. Quelques mots échangés et le Vicomte s’éloigna afin de trouver refuge dans une taverne. Le temps de tirer une chaise, un parchemin, une plume et le voici qui écrit.

Citation:

A vous, très cher et précieux Alphonse Tabouret,
De nous, très honteux et piètre Thomas Sauveur de Talleyrand-Cheroy,

Notre ami, (De grâce, laissez-nous vous nommez encore ainsi. Ne soyez pas de ceux qui n'ont pas l'habitude de nous voir disparaître.)

Devons-nous encore vous demandez votre pardon, il nous semble que cela deviens une bien triste habitude que de vous perdre de vue pour mieux vous retrouver ceci étant dit. Cependant, au risque de vous paraître fade : Nous avons des bonnes excuses. Vous les écrire toutes seraient une perte de temps et d'encre totalement inutiles et puis n'avez guère mieux à faire que de lire les débâcles d'un vieil ami qui se bat contre la vie, contre les gens, contre ceux qui ne le méritent guère en soit.

Alphonse, imaginez-vous à quel point vous nous avez manqué, soit qu'est-ce que quelques semaines sans vous voir, devant les années qui nous ont séparer, mais ce fut trop, bien trop que nous puisons le supporter et nous sommes là au pied du mur. Nous avons cette envie de revenir vers vous, de sentir votre odeur sur notre peau, et vos lèvres sur notre chair et puis... Cette honte de vous laisser à chaque fois, comme un besoin de vous protéger de ne pas vous mêler à nos problèmes politique ou personnel. Nous sommes un piètre ami n'est-ce pas ? Nous nous sentons comme ces gens qui ne savent pas gérer la vie, les choix, le trop plein.

Laissez-nous cependant vous dire que nous envisageons de vous rendre visite, ceci étant dit, nous avons préféré vous envoyer Messager afin d'être certain que celui-ci reçoivent vos foudres avant que ce soit notre tour et pour apaiser vos envies de vengeance totalement mériter, nous lui confions le soin de vous offrir en cadeau une modeste, mais néanmoins onéreuse bouteille de vin tout droit venu de Franche-Comté ou nous séjournons actuellement.

Notre ami, notre très cher et vieil ami, nous savons que vous êtes parfaitement éduqué et que votre réponse diras que vous êtes ni en colère, ni juge, votre courtoisie vous empêchera sûrement de nous traiter de lâche et de déserteur, mais que diable : Faite-le !

Nous attendons avec impatience de vos nouvelles quant à une date pour vous rendre visite Parisienne.

T.S

Rédiger et scellé à Saint-Claude, le 2 Février 1462.

Il reposa la plume, rangea l'encre et leva la tête vers le lustre un fin sourire amusé aux lèvres, il allait devoirs repartir sur les remparts continuer à lever l'épée, dans le froid et la neige, supporter la folie, il voulait de la normalité et il était tombé chez les fous, il rêvait d'être dans la masse pour quelques semaines, simplement quelques semaines... le temps de ce retrouver, de retrouver l'envie d'avancer, l'envie de retourner dans la lice.

Edmond ! Viens là !
Mon...Seigneur.
Rend toi à Dôle, prend une de nos meilleurs bouteilles un Bordeau de 1450 ou plus vieux encore. Apporte ensuite la bouteille et ceci à Alphonse Tabouret à l'Aphrodite, Paris.
A vos ordres, Monseigneur.
Oh Edmond, s'il te tue... Arrange-toi pour ne pas tâcher le sol.
Me...

Un sourire du Vicomte qui s’engouffre dans le froid et disparaît, il retourne à la masse et cela le rend heureux.

*Traduction : Battement de coeur.

Etienne_de_ligny

Le brouhaha du marché est désormais loin, le noble retrouve enfin cette tranquillité qu’il affectionne. Longeant les ruelles perverses qui le guident à l’Aphrodite, le Griffé saisit par le froid s’empresse de remonter le col de son mantel. A cette heure, les putains qui tapissent les trottoirs sont au chaud, certainement lovées dans les draps de leur propriétaire. La journée est propice non pas à la luxure mais aux trafics véreux ainsi, quelques mains se tendent pour de quémander tandis que d’autres brandissent fièrement quelques poisons et armes de petites tailles. Devant ces quêtes licencieuses, le courtisan fait profil bas et presse son pas avant de s’arrêter brusquement à quelques mètres du bordel.

Face à lui, une calèche est arrêtée et un homme, pli en main, frappe à la porte de l’Aphrodite. De sa bouche s’échappe parmi cette buée dense, le nom d’Alphonse Tabouret et l’attention du noble se décuple, comme s’il venait d’être piqué au vif. Qu’est-ce que ce type voulait au comptable ?
Décidé, curieux et légèrement suspicieux, Etienne s’avance à son encontre et s’empare sèchement de la missive.

- Je m’occuperai de la lui remettre en main propre. Vous lui voulez quoi à Alphonse ?
- Hey !..Vous…Et qui êtes-vous pour ainsi prendre son dû ?
- Son assistant, Etienne…Vous connaissez l’objet de cette missive ? Qui vous envoie ?
- C’est sir Thomas Sauveur de Talleyrand-Cheroy qui m’envoie remettre la missive à messire Alphonse Tabouret. Quant à l’objet, je crains messire que les penchants de mon maître, ne regarde personne.

Sous la révélation, les yeux d’Edmond s’écarquillent alors que les iris vairons du noble, quant à eux, s’assombrissent. Les penchants de son Maître ?! Alphonse serait donc l’attraction de ce Thomas Sauveur ?! Le sang du Griffé ne fait alors qu’un tour et peinant à contenir son masque d’impassibilité, il s’empare aussitôt du col du messager afin de plaquer ce dernier contre la porte de la bâtisse. Lui qui pensait être le seul homme dans la vie d’Alphonse,venait de se prendre une claque magistrale en pleine trogne…Etienne n’est pas homme à se laisser toucher par la jalousie et pourtant, sous cette rage naissante, sous ses tripes qui s’enserrent au même rythme que sa trachée, le courtisan ne peut que resserrer sa prise. Dans son esprit les questions fusent, aussi rapides que ses conclusions sont hâtives et pourtant seuls de rares mots parviennent à s’aligner correctement et à s’échapper de sa bouche.
- C’est tout ce que tu as à transmettre à messire Alphonse?!
- Non non…Je..Heu…Là…Maladroitement, la main du messager se glisse entre les plis de son manteau et c’est le souffle coupé et la gorge meurtrie par la poigne du Griffé qu’il finit par lui présenter la bouteille de Bordeau. C’est…Un présent pour lui…

Une bouteille de vinasse ? Apprécier Alphonse ? Putain…Ce gueux lui fait des courbettes oui !
Autour d’eux, les regards se font plus pesants et quelques toux le rappellent doucement à la raison. Il ne doit pas s’afficher ainsi, il doit maîtriser sa colère sans quoi, il n’y aura plus aucun doute sur ses propres penchants et son lien étroit qui le rattache à Alphonse. Le souffle se calme donc, par obligation et les serres du noble se détachent lentement du col.
- Bien…Tu diras à ton Maître que messire Alphonse Tabouret le remercie pour son présent…Maintenant, un bon conseil, dégage.

Les talons tournés, la clef du courtisan se glisse dans la serrure et la porte du bordel s’ouvre enfin. L’air chaud s’échappe et frappe avec force son visage meurtri et rougit par la fraîcheur hivernal. Et pourtant, malgré cette température glaciale, le sang du noble semble bouillir et irradier tout son être. Il ne s’attarde pas sur le messager et c’est l’esprit empli de confusion, de déception et d’exaspération qu’il s’engouffre sans un mot jusqu’au bureau du comptable. Là, à quelques centimètres de la porte, la missive est déchirée et les mots sont absorbés.
Une phrase, une seule, se dégage de cet amas de paroles insipides et c’est cette dernière qu’il s’empresse de clamer avec mépris, une fois la porte de son bureau claquée et refermée.

« Nous avons cette envie de revenir vers vous, de sentir votre odeur sur notre peau, et vos lèvres sur notre chair et puis... »

Je peux savoir à quoi tu joues Alphonse ?! Ainsi donc, tu offres ton c*l et ta bouche à d’autres c’est ça ! Tu sais quoi…Rongé par l’incompréhension et la nocivité d’un sentiment nouveau, Etienne brandit fermement le présent qu’il projette avec force et cruauté à ses pieds. Tu peux aller te faire voir Alphonse...Ne compte plus sur moi pour te faire confiance…Je ne dis rien sur ces femmes que l’on partage...Mais bon dieu ! Jamais je n’aurai cru que tu donnais tes reins à un autre que moi !

Sous la pression, la poitrine du Griffé se soulève et s’abaisse dans une cacophonie à la hauteur de son désarroi. Jamais il n’aurait cru ressentir cette jalousie qu’il pensait réservée à d’autres. Il est un libertin après tout. Et justement, tout devait se partager, sauf ça…Ce péché là…Enfin, c’était ce qu’il pensait….jusqu’à présent.
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L'Aphrodite, une invitation indécente.

Alphonse_tabouret

La porte s’ouvrant sans la moindre annonce le surprit, l’amenant à relever la tête en clignant des yeux, à vif d’une incompréhension en percevant immédiatement la brulure peinte dans les moindres trait du Griffé, plus égaré encore lorsqu’Etienne la refermant derrière lui sans la moindre réserve, déclama quelques mots à voix haute, un vélin froissé à la main :

« Nous avons cette envie de revenir vers vous, de sentir votre odeur sur notre peau, et vos lèvres sur notre chair et puis... »
L’usage du pronom pluriel amena immédiatement le visage de Thomas aux tempes du chat, sans avoir le temps d’aller dans le sens des mots, cueilli par ceux d’Etienne, tissés d’un magma de ressentis qui les dépassa tous les deux, autant par la verve que par le flot, reléguant bien loin la lecture indiscrète d’un courrier lui étant adressé :
Je peux savoir à quoi tu joues Alphonse ?! Ainsi donc, tu offres ton c*l et ta bouche à d’autres c’est ça ! Tu sais quoi…
Alphonse ne perçut la bouteille que lorsque de Ligny la jeta à ses pieds, l’entendant éclater au sol à défaut de le voir tandis qu’il se levait de son fauteuil dans un sursaut d’humeur qu’il ne contrôlait pas, étreint par une inquiétude aussi brutale que vive dont il n’avait pas entraperçu les formes depuis longtemps , et pourtant, pas une seconde le chat ne songea à sa parfaite référence anglaise, livré qu’il était à la colère désappointée et incompréhensible de son amant.
Tu peux aller te faire voir Alphonse...Ne compte plus sur moi pour te faire confiance…Je ne dis rien sur ces femmes que l’on partage...
Contournant son bureau rapidement, il sentit sous la semelle de sa botte un morceau de verre se piler sous son pas, crissant doucement au sol sans qu’il n’accorde la moindre importance à la flaque fleurie de Bordeaux qu’il traversait, ni à des mots qui auraient pourtant du sonner l’alerte à ses sens les plus élémentaires.
Le pouvoir d’Etienne était là, si fermement ancré à sa chair quand le chat croyait pourtant soigneusement décimer toute boursouflure de l‘âme que de Ligny ranimait que ce n’était plus cette sainte raison qui le guidait mais les impératifs de l’instinct, de l’immédiat, le besoin critique de toucher Etienne, de ne surtout pas le laisser seul dans l’étouffant marasme où il s’était enlisé malgré lui.
Mais bon dieu ! Jamais je n’aurai cru que tu donnais tes reins à un autre que moi !

Le temps d'un souffle ou deux, les mains d’Alphonse parvinrent enfin à leur but, se fichant à la nuque d’Etienne quand son corps percutait le sien dans un mouvement maitrisé, l’’acculant fermement mais sans violence, contre la porte claquée, venant se lover à l’étoffe encore fraiche dans laquelle était enveloppé le nobliau et s’appropria ses lèvres blêmes sans en attendre l’autorisation, y dispensant un baiser sans masque, au sel de cette déraison distillée à ses veines, amoureux inconscient.
Il aurait eu mille choses à répondre à Etienne, toutes plus sensées les unes que les autres, établissant les faits logiques, filins de sécurité intrinsèques à l’équilibre du félin, que même le Griffé n’aurait pu nier, mais pas une ne franchissait la gorge comptable, désemparé par l’expression que lui opposait son amant, animal qui n’était jamais aussi sincère que dans les gestes là où le verbe possédait tant de détours et d’interprétations, et qui dispensait dans ce baiser, son envie la plus immédiate de rassurer son amant sans même avoir une quelconque raison de le faire. Libertin dans l’âme, tout autant qu’Etienne, il ne comptait ni ses maitresses, ni ses amants, encore moins ces corps offerts dans les volutes d’une fin de soirée, ne souhaitant jamais s’assagir assez pour pouvoir les recenser un jour et pourtant, à cet instant-là, l’unicité de certaines choses consuma ses nerfs avec une fulgurance dévastatrice et s’imposa, fatale.
Ses lèvres ne quittèrent leurs jumelles que pour chuchoter son prénom à leur frontière, encore et encore, litanie de douceur cherchant à l’apaiser, à l’extirper de cette colère mauvaise qui grondait en lui et qui se clôtura d’un baiser plus chaste mais plus intime encore, avant qu’il ne consente à le lâcher, luttant pour s’arracher au confort immédiat de son parfum, reculant pour lui laisser l’espace nécessaire à retrouver un souffle plus personnel.

Étienne…, répéta-t-il un peu plus fort, retrouvant les hauteurs à peine plus élevé que le chuchotement, l’ébène de ses prunelles luisant d’une douceur mordue, indéniablement dévoué à cet amant là quand bien même il s’en défendait avec une rigidité absolue dès qu’il était seul …ne m’en veux pas d'avoir vécu avant toi...
Dans la pièce à côté, les pas précipités d’Hubert écornèrent enfin l’attention que le chat avait entièrement dévouée au brun, le hérissant brutalement à l’idée qu’on les dérange maintenant et faisant volte-face, aboya, passagèrement molosse sur cet instant qui n’appartenait qu’à eux, protégeant ce territoire tout comme la sincérité d’Etienne, avec l’autorité sèche de l’ordre, quand la main du garde empoignait le pommeau:
N’entre pas !
Le silence répondit au jeune homme quelques secondes avant que le couinement discret de la poignée que l’on relâche lentement ne les isole de nouveau avec certitude, ramenant le chat vers son amant, le contemplant dans un enchevêtrement d’émotions, indécis quant au chemin à suivre quand il connaissait d’Etienne la colère la plus aigüe, la passion la plus dévastatrice, mais si rarement la douceur qui n’appartenait qu’à de rares moments égarés au seuil de leurs défenses.
J’ai de nombreuses maitresses et de nombreux amants…, reprit-il d’un ton bas, usant de ce présent qui ne se départissait pas de son avenir, non pas par soucis de cacher ses propos aux autres mais parce que la seule personne qui importait se trouvait à portée d’un murmure, le calme zébré d’une nervosité qui ne naissait qu’à la proximité d’Etienne. Une poignée de secondes s’écoula dans laquelle les lèvres mâles lui apparurent comme un Graal à s’approprier dans l’instant, un temps où son corps s’embrasa, à l’agonie de ne pas être certain de réchauffer celui de son autre si proche et brusquement si lointain.
...et aucun qui ne compte autant que toi… lui dit-il enfin, baissant les yeux quelques instants, ému jusque dans la lueur fauve de son regard, assommé lui-même par cet aveu, par cette folie à accepter le joug des mots, la gorge brutalement serrée d’une émotion incontrôlable qui l’affola, son cœur s’emballant avec une gaucherie qui le laissa vacillant. Le besoin de toucher Etienne se fit plus pressant encore que lorsqu’il était rentré dans le bureau dans la tempête de son ire, laissant Alphonse démuni.

J’ai cru moi aussi
J’ai cru que la vie ne serait plus qu’horizon sans plus des cimes insensées auxquelles flotter, narquois, invincible, ou de gouffres sans fond dans lesquels me jeter, plus mort que vif… j’ai cru que j’étais sauvé de tout ça, que je traverserais désormais ce monde sans plus rien en espérer…
J’ai cru que tu n’existais pas.
J’avais tort.
Tu es là.

Le pacte lointain tissé avec l’absolue concupiscence de ses amours mortes effleura ses tempes, lien indélébile des amants au creux des orgies sans noms des nuits fauves auxquelles ils étaient tombés l’un sans l’autre sans jamais se perdre, tenu par l’indicible lien de l’unicité à ne donner qu’à eux et à ne prendre qu’aux autres.

Demande-moi, lui dit-il enfin, ultime cadeau possible du chat à celui qui l’apprivoise en guise de preuve, lui laissant le rare loisir de se voir exaucé, ses doigts défaisant les boutons du mantel nobiliaire et s’enfouissant à la recherche de sa chaleur, avides, agités, inquiets, ne trouvant satisfaction qu’en trouvant enfin le contact de sa peau, un frisson dévalant sa nuque à la manière d’une morsure attendue

Demande et je te donne.
Tout plutôt que te perdre.
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Etienne_de_ligny

Recule…Ne me touche pas…Ne…

Il s’avance malgré sa rage, prend le risque de répercuter son souffle infidèle contre son visage et dans un dernier élan de folie, appose sa bouche contre ses propres lèvres. Brisé, apaisé, les iris vairons se ferment pour mieux savourer l’empreinte de ses lippes. Le palpitant se fige, l’esprit se morcèle alors que sa bouche frigide réclame, morsures et brûlures. La colère quant à elle, reste, impassible, tandis que son être tout entier attiré par sa chaleur le pousse à la déraison. Sa proximité, son odeur, son souffle, cette gorge déployée, ce visage marqué par l’inquiétude et la crainte, tout cela l’invite au Pardon et au Péché alors que dans son esprit, les mots du Sauveur rappellent à l’ordre tous ces gestes énamourés qui par habitude tendent à attirer le fautif contre lui. Ainsi, la main qui s’apprêtait à l’étreinte est enchainée, cette vague de plaisir qui cherchait à s’échouer entre ses cuisses est brisée en plein rouleau, quant à ses lèvres qui restent en suspens et qui espèrent, elles se figent dans le stoïcisme le plus insolent.

Mais loin de connaître ses pensées les plus profondes, le Comptable se glisse contre lui, recherchant coûte que coûte la bouche et la chaleur du Griffé comme si sa propre vie en dépendait. Réciprocité. Lové sous son mantel, plaqué contre son torse, son souffle inquiet se perdant contre sa nuque, Etienne observe le poids de son masque qui sous ces assauts éperdus, éclate en lambeau. Sa rage se dissipe, s’essouffle par la détresse profonde et sincère de son amant et sa main prisonnière se libère enfin de cette entrave qui le liait encore à l’humiliation et à la blessure…Incapable de lever la main sur lui, de repousser le moindre de ses gestes aussi nocifs soient-il, le Griffé les libère. Sa dextre vient saisir avec douceur le visage de son amant alors que sa bouche, avide, s’abat contre ses lèvres jusqu’à ce que son propre souffle se raréfie, jusqu’à ce que sa gorge s’étreigne sous l’asphyxie. La vague à nouveau se forme, naissant de ses tempes, s’enroulant le long de son échine pour enfin, s’écraser avec fracas contre son bas ventre. Le souvenir lui revient alors, de cet instant où plaqué à même le mur de son salon, ce fût lui qui suppliait Alphonse de les libérer de cette tentation, lui qui trop fier n’osait dévorer ses lippes alors que son corps n’aspirait qu’à se fondre en lui…Finalement, ses lèvres se détachent des siennes et alors que son corps est emprisonné contre le sien, que ses griffes s’enfoncent à même ses flancs, il abandonne sa condition au creux de son oreille.

N’aime que moi…
Tout comme…Je n’aime que toi.

Bien plus qu’une demande, c’est un véritable aveu qui est porté par le souffle rauque du courtisan. Il ne veut plus subir cette crainte nauséeuse, sentir cette froideur paralyser ses tempes et brûler son esprit, ressentir les soubresauts de ce palpitant qui vrille sous la panique, non…Etienne ne veut plus sombrer à l’idée de le perdre, suffoquer sous le poids d’un aveu qui depuis trop longtemps est tenu au silence par sa propre couardise. Le Griffé doit assumer.

Embrasse-moi...

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L'Aphrodite, une invitation indécente.

Alphonse_tabouret

Le baiser d’Étienne s’abattit à ses lèvres, éclat qui transperça les limbes tourmentées dans lesquelles la minute précédente les avait plongés, mot silencieux du nobliau que le chat savait plus réfractaire que lui encore à la parole, le corps, ses lubies et leur rancune ayant été longtemps le seul moyen de communication qu’ils s’étaient permis, mais ce furent les mains du brun se refermant sur lui, propriétaires, absolues avant même que la voix ne résonne dans leur demande qui transcendèrent le chat jusqu’à l’extase éthérée de l’étreinte. L’apaisement aussi soudain qu’immédiat n’eut pas le temps de l’étonner, en proie à la foudre de ses nerfs dont chaque parcelle s’était éveillée au parfum de cet Autre, corps fuselé le maintenant contre lui dans l’écrin d’une brulure qui gagnait le cœur au même rythme que le ventre, dont la proximité enivrait chacun de ses sens

(L’ouïe)
N’aime que moi…

La demande d’Etienne creva les tempes félines, anesthésiant l’animal de quelques points de suspension, bête fauchée dans la course de ses convictions, retranchée savamment dans une forteresse faite de faux semblants et de costumes que De Ligny venait de faire voler en éclat pour le laisser dénudé du moindre artifice, interdit.

(Le toucher)
Sa main, instinctive se crispa sous l’étoffe matelassée du manteau nobiliaire, échappant à son contrôle, cherchant éperdument le contact réconfortant de la chaleur, mû par le besoin primaire de savoir l’autre là quand la réflexion restait anéantie.

Tout comme…Je n’aime que toi.

(La vue)
Le cœur se suspendit, chaloupa, chavira, mourut sur le champ, brulé vif par l’orgueil légitime et la vanité saine de ceux qui ont été choisis, achevant une course folle pourtant faussée dès le départ et dont à cet instant ci, il parvenait au bout, immolé d’une pulsation nouvelle, forte, régulière. Le monde avait une teinte nouvelle.

Embrasse-moi...

(Le gout)
Le scellé des souffles s’embrasa dans l’ardeur incandescente de l’aveu, noyant le chat dans une folie affamée, se nourrissant à la bouche d’Etienne avec une ferveur animale, prenant, mordant, jusqu’à être certain d’avoir le palais entièrement dévoué à cette saveur salée qui contaminait jusqu’aux contours de ses braies.

(L’odeur)
Déviant au cou, la bouche féline remonta le nez jusqu’à l’oreille, le cou d’Etienne exhalant cette odeur ténue de linge propre quand sa marche jusqu’au bordel par ce froid avait dispersé la sueur sur sa peau balafrée, jusqu’à ce que les lèvres effleurent le lobe quand les mains, aventureuses, venaient attraper le nœud des braies nobiliaires.

Je ne vois que toi… Je n’aime…

Trois coups portés au battant de la seconde porte le figèrent sur place, statufiant l’alcôve de l’enlacement d’un effroi qui ne saisit que ceux que l’on extirpe du rêve, les doigts félins suspendus aux cordons de cuir, interrompant le flot de leur univers, jetant un silence épais sur la pièce, laissant quelques secondes le chat déboussolé, jusqu’à ce que trois coups soient à nouveau portés sur la porte et que la voix d’Hubert, hésitante, retentisse :

Patron ?... Hum… Patron, excusez-moi de vous déranger mais on avait dit qu’on y serait pour vingt et une heures précises.

Rivés aux yeux de Ligny, il sentit la violence de la réalité s’engouffrer autour d’eux, percuter l’intimité, balayer l’instant, pour le laisser stupéfait de constater, une fois le cours du temps repris qu’ils étaient épargnés, dessinant à ses lèvres un sourire insolent qu’il vint plaquer à leurs jumelles, relâchant les braies à regret quand son propre ventre grondait d’une frustration nouvelle.

… que toi, acheva-t-il dans un murmure en délaissant la chaleur de son corps, violence faite à lui-même dont la force même l’étonna, le laissant une seconde comme les jambes coupées avant qu’il ne trouve la force de répondre à Hubert.
J’arrive.
La main s’enroula une ultime fois à la nuque brune, venant saisir un baiser avant qu’il ne se décide à attraper son manteau, franchissant la porte et ne regardant vers Étienne qu’une fois qu’il en eut passé le seuil, frontière invisible menant à la maison basse, pour lui confier, insolent avant de disparaitre :
Tu me dois un excellent Bordeaux…

Plus tard, le lendemain, une lettre serait écrite, réponse au courrier chiffonné laissé à côté d’une flaque de vin que les soubrettes avaient briqué jusqu’à en effacer les contours les plus marqués.

Thomas,

Il n’est d’amitié qui ne soit marqué de quelques péripéties. Les vôtres sont questionnement de temps, de langueur et de disparition, mélange dont vous détenez les subtilités sans aucun doute et qui font aussi que j’ai appris à vous apprécier ainsi.
Vous n’êtes ni lâche, ni déserteur, mais comme nous tous, soumis à des aléas que nous ne maitrisons pas. Je ne saurais su vous en tenir rancune longtemps. A ce sujet, votre messager n’aura pas reçu mes foudres, mais celles d’un autre. Voyez là une façon comme une autre de vous acquitter de mon pardon. Qu’importe la manière, vous êtes gracié.
Votre cadeau a malheureusement eu une fin tragique dont vous verrez les vestiges peut être sur mon parquet. Ramenez en une autre, que j’en effleure autre chose que l’odeur.

Sentez-vous libre de venir quand vous le souhaiterez ici même, vous savez que vous y serez reçu comme chez vous.
J’ai hâte de vous retrouver,

Alphonse.

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Edmond, incarné par Thomas_sauveur

Que de violence dans ce monde ou il n'était qu'un vulgaire et simple domestique. L'homme tantôt empoigné, tantôt secoué, fini par être -enfin- lâché. Une main passe sur son cou et tire le tissu de sa chemise en marmonnant quelques jurons sur la façon de faire rustique des Parisiens royalistes et peu cultivés. L'homme fini par regarder la porte close et pousser un profond soupir entre la satisfaction d'être vivant et le dégoût d'avoir échoué à sa mission aussi lamentablement. Une chose fut certaine, Thomas allait le tuer et le sol cette fois-ci sera couvert de son sang, rouge de trahison.

Devant la porte close, l'homme donna un coup de pied dans celle-ci et entra dans le carrosse pour prendre la route du retour à Bainville-aux-mirroirs. Pendant toute la durée du trajet, il chercha la solution pour sauver sa vie et si possible ne pas finir en sang sur le tapis de la salle à manger. Le carrosse roula, roula et fini par arriver tôt ou tard en Vicomté, déglutition, blanchissement du teint et finalement il dût ce rendre à l'évidence et pénétrer dans la demeure. L'endroit encore peu utilisé n'avait rien de merveilleux et il ne fut pas compliqué de trouver le Noble des lieux fixant le paysage Lorrain.

Monseigneur, il y a un problème. Phrase quelque peu facile en soit, mais réaliste. Donc il y a un problème. Vous voyez votre courrier, et bien un homme nous à ... Comme ça et paf ! Plus là.

Explicite ! Ou pas... Il regarde son maître, qui lui retourne un regard noir, il mordille ses lèvres et fini par reculer en reculant – logique-, s'incline et dégage avant de finir en bouille sur le tapis. Thomas lui, regarda la porte, soupira et décida de se rendre à Paris d'ici la fin de la semaine.

Thomas_sauveur

Les journées s'écoulent, mais ne ressemblaient jamais. Tantôt il fut sur les remparts, tantôt à l'écriture des ''ordre de la journée'' et parfois il osait pénétrer en taverne dégustant un verre de vin ou d'eau de vie, priant pour ne pas tomber sur la Louve en cheffe. Mais en tout temps, en tout lieu, le Talleyrand-Cheroy était ravi de sa vie San Claudienne, les gens était délurés, déjantés et ne jugeaient pas son comportement. Remarquez, il était complexe de jugé un San Claudiens, de prêt ou de loin, ils avaient tous ce petit ''truc'' qui fait que le Saint-Empire ne tourne pas rond. Quoi qu'il en soit, il était désarmait dans la routine, la masse, redevenu un homme parmi ses frères et c'était bénéfique. Certains s'amusaient à le dire fou, ou simplement déficient mental depuis son escorte avec les loups, mais nenni il était simplement bon enfant, joueur, taquin, comme eux.

Un jour lorsqu'il reçu un courrier Parisien, Thomas Sauveur profita de quelques journées de libre pour prendre la route en direction de luxueuse villes du Royaume de France, la rumeur disait que le Roi lui-même était mort et l'homme ne put y voir là que l'occasion d'en apprendre plus que ceux qui ce présentaient aux élections tout en rendant visite à son ami d'enfance. Une pierre, deux ricochets en soit. Ce fut donc armé d'une bouteille de vin qu'il quitta sa nouvelle ville, seul, sans escorte et vêtu de façon tout à fait dans les normes, sans chichi, sans colliers, sans bijoux, un Vicomte oui, mais sans en faire trop. Sur le dos de son étalon il parcourt les chemins et routes le séparant de l'Aphrodite, passant par la Lorraine, La Champagne et finalement la destination : Paris.

Le chemin ne lui était pas inconnu forcément et rien n'avait réellement changé en quelques semaines, tout de même ! Cette fois-ci il n'eut même pas à rechercher Alphonse, mais il savait deux choses : Il allait devoirs s'expliquer un minimum et son ami avait eu un indicent qui avait tué une superbe bouteille de Bordeaux. Le portier fut saluer, sa cape accroché au portant en compagnie de son éternel chapeau et l'homme bouteille en main glissant dans l'établissement, suivit les courbes du bar et fini devant la porte du bureau. Inspiration, expiration et il frappa trois grand coup sur le bois.

Alphonse, c'est nous.

Nous, cela suffit nul besoin de donner son nom, qu'en avait-il à faire la voix et le pronom suffisait souvent à s'annoncer, tantôt prit pour un hautain, tantôt pour un barjo, Thomas n'avait jamais changé malgré les critiques, les rires et les humiliations. Parfois, lorsque son cousin était encore vivant, il glissait sa main dans la sienne en soupirant, trouvant dans cela du courage pour ne pas sortir de rhétorique blessantes. Aujourd'hui il était seul, Philippe était mort et nul n'avait prit sa place, nul main à laquelle s'accrocher, nul épaule à laquelle tout confier. Sa femme avait montrée son véritable visage et Thomas n'avait pas cherché à lui courir après, surtout pas ! Lisya, oh il y avait bien cette perle dans sa vie, mais leurs rares moment étaient tendre et sensuel loin des tracas et Alphonse, oh Alphonse Thomas préférait et de loin ne pas impliquer son ami qui avait assez d'ennuis dans ses histoires.

Toujours derrière la porte, dans ses réflexions, il attendit qu'on l'invite à entrer.

Alphonse_tabouret

Les pas dans le couloir n’altérèrent pas son attention, dévouée à un problème persistant concernant une affaire qui nécessitait au-delà de sa concentration, des prises de parti qui ne lui plaisait pas et lorsque trois coups retentirent à la porte, ce fut premièrement un soupir exaspéré qui franchit ses lèvres.

Alphonse, c'est nous.

Le visage de Thomas transperça les limbes noircies, le rappelant à l’instant immédiat, au temps passé depuis la réception de son courrier, et ses prunelles se portèrent par réflexe, au-delà de son bureau, sur le sol où Étienne avait jeté la bouteille de vin, porté par une colère jalouse qui avait secoué le chat et réveillé dans son ventre, les prémices de l’exaltation la plus saine.
Les pensées ravagées par l’émotion qui avait envahi ce passé encore luisant crispèrent sa gorge d’une émotion imbécile quand son ventre vrillait du seul souvenir des yeux plein de Tout de son amant et délaissant sa tache dans un soupir cette fois plus doux, se leva tout en appelant :

-Entrez Thomas.

Léger, le sourire du chat flottait pourtant à ses lèvres. Le Talleyrand l’avait habitué aux absences et à ne compter que sur l’assurance de sa sympathie, en aucun cas sur sa présence, dévouée à ses autres problèmes, à cette vie en Savoie et à ses propres monstres. S’il savait savourer la rancune, le chat n’en entretenait pas vis-à-vis de Thomas, et gardait pour lui l’affection due à ceux qui savent et n’ont jamais jugé, et quand bien même la vie se chargeait de poser des silences entre eux se disputant les mois et les années, cela importait peu au comptable pour qui l’amitié était une chose mystérieuse. Savoir que Thomas prenait plaisir à venir lui suffisait, et il s’appliquerait comme de coutume à le rassurer quant à ses absences auprès de lui malgré les plaies pansées au creux même de ses bras. L’équilibre d’Alphonse prenait désormais en compte bien plus de variables que les mois précédents, prenant appui dans cette affection inconditionnelle dispensée par la gitane, dans le futur de ce ventre qu’elle avait choisi de partager avec lui pour y faire grandir la vie, et dans cette brulure d’amour que dispensait de Ligny à son cœur endeuillé.
Dans quelques jours, Alphonse disparaitrait, mais pour l’heure, souriant, il attendait que le dernier témoin de son adolescence, amant auxquels il avait lié ses nuits les plus insomniaques pour veiller sur l’apaisement de ses sens écorchés, ne passe la porte pour le saluer.
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Thomas_sauveur

La main abaisse la poignée de la porte et celle-ci fut poussée par le Vicomte aux mains gantés, pénétrant dans le bureau,colosse aux pied d'argile. Là, devant lui le passé, Tu es là, je suis là et nous sommes deux étrangers... Il aurait pu être réduit en cendre, il aurait pu s'écrouler, il aurait peut-être du, mais il resta également à lui-même impassible, secret, froid aussi peut-être. Fixant Alphonse les azures glissent sur le sol dans un claquement de langue désapprobateur. Il entre referme la porte et lui offre un sourire sans mots, tire une chaise s'installe et droitement installée ferme les yeux cherchant comment devrait-il commencer l'entrer en matière.... Dilemme. Il pose sur le bureau la bouteille, tranquillement recule sa main et le fixe.

Bonsoir

La voix est peu assuré, le regard fuyant, le corps tendu, il as ouvert les yeux sur bien des choses auprès de Sarani, auprès de ces gens humbles qui à leurs façons l'on poussé à devenir lui-même bien moins nobles, bien moins hautain. Il est donc mal à l'aise et ce fut bien une première avec Alphonse, enfin non, mais quand Thomas est mal à l'aise c'était Alphonse qui prenait le contrôle, c'est lui qui dirigeait les choses et lui n'avait qu'as ... Disparaître quand tout était trop fort, trop marqué. Aujourd'hui au jour du changement il y avait deux fin possibles : Tout expliquer à Alphonse, ou le perdre. La seconde étant déjà rayé de sa liste depuis bien des années. Il ferma donc les yeux, s’avachit sur sa chaise et d'une voix à peine audible déclara:

Vous êtes notre plus vieil ami et nous devons avouer que vous êtes certainement, depuis la mort de notre cousin, le plus important de tous et dieu sait qu'ils ne sont guère nombreux. Nous avons compris dernièrement que nous sommes un ami médiocre voir même instable et nous ne sommes pas certain que vous songez à vous reposez sur nous si vous en avez besoin. Et... Cela nous pose un problème, l'amitié ce n'est pas tout l'un, pour rien l'autre et mieux encore cela n'as pas de temps, de barrière, de rang.

Il passe son doigt sur le bureau, ouvre un oeil et pose son regard sur son ami, soupir, instant de doute et reprise de la même voix peut-être plus assurée cette fois-ci.

Nous sommes un sot, en voulant nous assurer que vous ne partirez pas de notre vie, nous vous mettons de coté à chaque épreuve que nous vivons. Au début nous pensions que c'était par crainte de vous donnez une image de nous négatif, puis que vous vous en moquiez et finalement...Finalement nous avons compris que nous voulions vous protéger... De nous, des autres qui s'attaquent à nous et dans le fond, nous protégeons personnes. Ni nous, ni vous et surtout pas notre passé en commun et notre avenir que nous voulons prêt de vous en toute amitié.

Il pince ses lèvres, regarde Alphonse et fini par garder le silence, un silence lourd du fait qu'il à trop parlé, pour lui qui ne parle jamais. Alors le silence ce fit et il mordilla sa lèvre inférieur tirant sur la chair.

Alphonse_tabouret

Écoutant, sans un mot, le discours du Talleyrand, Alphonse laissa Thomas suivre le cours du flot qu’il avait choisi d’ouvrir, auditeur attentif qui sentait dans le phrasé du nobliau, toute l’importance que revêtait cet instant. Quand le silence fut finalement instauré, le chat le respecta, attendant, à la façon des amateurs, que chaque mot trouve sa place jusque dans leur absence, avant de faire le tour de son bureau en prenant la parole.

Mon ami, vous n’avez pas tort. A choisir, je ne me reposerai pas sur vous, non pas parce que vos absences m’ont enseigné quoique ce soit ou bien parce que vous n’en seriez pas digne… La dextre se tendit vers la bouteille pour en effleurer les contours, poursuivant, sans regarder Thomas, distrait brièvement par les lignes de l’étiquette collée la bouteille … mais parce que je ne sais pas me reposer sur les autres.
Une semi vérité, comme il les égrenait parfois, certain de ne savoir prendre appui sur rien d'autre que les silences dont seule la gitane avait les clefs depuis leur escale sur les toits de Notre Dame , trop troublé par la violence de ses sentiments pour Étienne pour oser encore lui livrer ce que cachait son appétit et s'y abandonner avec la ferveur amoureuse qui déchirait pourtant déjà ses nerfs...
Les onyx remontèrent s’accrocher aux prunelles de Thomas, un sourire amical s’installant dans le pli de ses lèvres, calme, sincère, sans le fer du sous-entendu, encore moins celui des non-dits, mais simple dans une composition mêlant les vérités.
Ne vous en voulez pas de ne m’avoir point tendu la main… je ne l’ai jamais sollicitée, lui rappela –t-il en venant s’installer dans le fauteuil voisin de celui de son hôte. Les raisons de vos silences n’appartiennent qu’à vous et je ferais à mon tour un bien piètre ami si je vous en demandais la justification, mais puisque vous me la donnez, je serai bien plus indigne de ne point vous remercier de cette attention.
Il ne comptait plus les moments partagés avec Thomas, tant ceux qui avaient le gout de son adolescence que ceux éclos lors de leurs retrouvailles une année plus tôt et vint poser sa main sur celle du Talleyrand, pont jeté au-delà de ce magma qui couvrait les tempes nobiliaires et les obscurcissait sans raison ses émotions.
Ne craignez jamais d’être nu devant moi Thomas… Le sourire s’accentua dans une rondeur aussi lascive que malicieuse tandis qu’il reprenait… au sens figuré du terme bien sûr. Si j’avais eu l’envie ou la volonté de vous porter l’estocade, je l’aurais fait au sortir de notre première nuit ensembles…
Le souvenir de Thomas dans ce placard exigu lui traversa l’esprit, ravivant à la chair l’incompréhension qui avait saisi ce que son père avait construit de plus mauvais chez lui, empoigné le fauve qu’il s’apprêtait à devenir et qu’il avait choisi de museler cette nuit-là pour le laisser curieux de cet adolescent plus handicapé encore que lui, esclave d’un autre genre…
Vous êtes avec moi chez vous conclut-il à mi voix, portant le velours de son regard noir dans les prunelles du Talleyrand
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Thomas_sauveur

Les remises en questions sont la plaie de l'homme, dois-je faire ceci, suis-je fait pour cela, que penser de cette situation dans le fond, suis-je méritant, dois-je en sortir plus fort, plus faible. Les remises en questions sont la plaie des hommes. Thomas n'échappait pas à la règle, il était arrivé là confiant et en était sorti comme prédit perdu. Forte heureusement il avait put compter sur quelques personnes un peu folles, quelques âmes soucieuse pour l’accompagner dans les ténèbres et rester dans la lumière. Ses azurs suivaient les déplacements d'Alphonse, tranquillement, lentement, avec prudence et à la fois beaucoup de confiance. Combien d'années avaient-ils passé ensemble, le nombre exact était tellement flou qu'il ne savait le dire avec précision, douze, quinze, plus, moins. Le Talleyrand-Cheroy lui offrit un pale sourire emplit de toutes ses questions qu'il se posaient désormais et fini par demander, prudent, apeuré peut-être.

Ou est-ce chez nous. . .

Maudit père qui le frappait, maudite mère qui s'en fichait, enfant perdu dans l’océan de la vie, accroché à ce qu'il savait faire de mieux : les faux semblant. Tout allait toujours bien, tout était toujours parfait à ses yeux, mais dans le fond, dans le coeur rien n'allait vraiment. Il avait des millions de peur qui se bousculaient, celle qu'on profite de lui, de ses titres, de son rang, celle qu'on blesses les siens, ses filles, ses amis, celui d'être loin des souhaits, loin de l'image qu'on à de lui, tellement de peur pour un seul homme.

Notre femme nous à quitté . . . Elle nous disait pas assez présent pour elle, choisir entre le Duché de Lorraine et elle n'était guère possible Alphonse, qui pourrait choisir entre trois cent âmes et une seule. C'était une capricieuse, une enfant gâtée qui n'avait pas de bonbons, pas d'ambition, pas de sentiments aussi peut-être.

Il se lève, s'approche de son ami et dans un geste très doux, très tendre, très calculer s'installe sur ses genoux. La tête se pose sur l'épaule d'Alphonse et il soupire, humant l'odeur de cette première nuit, celle ou il partagea son secret, le placard, la peur, les craintes, les doutes. Alphonse avait toujours été un parmi les autres, celui qui était là et qui pouvait comprendre, un lien complexe, un lien précieux qui passait pas le coeur sans toucher la raison.

Nous sommes partis de Lorraine, vivre à Saint-Claude c'est... Libérateur vous savez. Ils sont fous là-bas, tous ont des noms d'animaux et des couteaux, des haches, des épées et peut-être pire... Ils ne jugent pas, ils s'en fichent des titres, des rangs, des convenances... Parfois on dirait Amsterdam, libre d'être ce que nous sommes... Simplement nous.

Une main se posa sur les cheveux de son ami, qu'il entoura autour de son doigt et sourit un peu bêtement.

Et vous ? Racontez nous Alphonse, vous... que devenez-vous.

Alphonse_tabouret

Les nouvelles égrenées froncèrent un sourcil brun tandis que Thomas se levait de son fauteuil, s’approchant de lui pour rejoindre ses genoux et pas une seule fois il ne songea à le repousser, ayant toujours offert au Talleyrand cette tendresse intrinsèque à l’amitié la plus sincère, celle où les bras ouverts, on accueillait le vaincu sans lui poser la moindre question. La chaleur du jeune homme se diffusa à la sienne, imbibant l’espace entre eux des épices passées, retrouvant au parfum où s’égaraient les nocturnes sensations qui avaient enjolivé leur adolescence, mais lorsqu’il posa sa main sur la cuisse nobiliaire, elle lui parut gelée, même au travers du tissu qui lui faisait barrage.
Il répondit d’un sourire à celui offert, s’abimant un instant dans le jeu du doigt à ses cheveux, remerciant le ciel que Thomas n’aille pas jusqu’à s’approprier la rondeur du crâne, lui qui ne supportait pas l’affection que l’on mettait dans un geste aussi anodin, rancune tenace des souvenirs ayant jalonné son enfance, et ne le tolérant qu’à de si rares exceptions qu’il pouvait toutes les citer sans hésiter.

Moi… Et bien vous me trouvez à l’exact endroit où vous m’avez laissé, commença-t-il, cherchant ses mots quand il avait si peu l’usage de les employer pour parler de lui, cherchant dans quel vocable il pouvait puiser le sens véridique de ce qui se passait autour de lui, des évènements qui le précipitaient sans fard, avec violence mais sans douleurs, aussi étrange que cela puisse paraitre, sur les chemins dessinés devant lui. L’Aphrodite a gagné en réputation, les chiffres sont bons, la pérennité presque assurée… c’est un soulagement pour moi, comme vous l’imaginez… Et le nobliau n’aurait aucun mal à ça, témoin précieux de cet Avant, d’un temps ou l’insouciance avait succédé à l’esclavage avant que le joug des responsabilités ne le rattrape à nouveau. Il me tient à cœur que les putains qui y vivent s’y sentent assez bien pour désirer que cela ne change pas…Les doigts dessinèrent une arabesque sur la cuisse de Thomas quand il se plongeait quelques secondes dans un silence souriant avant d’enchainer.
J’aime… Le sourire s’accentua malgré une timidité visible, inédite, donnée à l’intimité de ce huis clôt dans lequel ils s’étaient installés. J’aime un homme qui n’apprécie visiblement pas le Bordeaux, reprit-il en sous entendant sous quels horizons le drame concernant le présent s’était déroulé… Je me suis battu longtemps, des semaines, des mois..., lui certifia-t-il dans un sourire qui ne contenait nulle trace de lassitude malgré la défaite évidente qu’il portait en son sein, … j’ai lutté Thomas, de toutes mes forces pour ne pas m’attacher à lui et j’ai perdu quand j'étais pourtant si convaincu de l'emporter… Un rire fantomatique prit sa gorge, secouant doucement ses épaules sans qu’aucun son n’en sorte, amusé à la façon des sages qui contemplent les luttes passées en les comprenant inutiles. Je n’avais pas souvenir que la défaite eut si bon gout, avoua-t-il à voix basse, en replongeant ses prunelles dans celles de son ami, taisant le nom d’Etienne qu’il savait soucieux de se protéger, lui, Aliénor et la noblesse dont il avait hérité, de ce monde extérieur qui ne s’autorisait jamais la pitié, même la plus méritée. Vous le rencontrerez peut être au bras d’une donzelle si vous vous aventurez à la Maison Haute, il y rencontre un certain succès…
La senestre du chat s’appropria la nuque de Thomas y déversant le délassement d’une caresse en peaufinant le tableau d’un dernier coup de pinceau et non le moindre, attentif au regard posé sur lui pour en saisir l’expression à la finalité qu’il avait choisi d’énoncer.
Et je vais être père…
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Thomas_sauveur

Et dans cet instant précis plus rien ne compte, il y a des gens dont la simple présence suffit à vous rendre heureux, dont les paroles vous emporte loin du monde qui est le vôtre, loin des réalités futiles et soudainement sans plus aucune importante. Il y à des instants précieux qu'il faut graver dans sa mémoire sans en perdre la moindre minette, la moindre traces, car au fond du trou ces instants là vous sauverons des ombres. Les yeux à demi-clos, il basse les barrières dressés devant les autres, il écoute poussant parfois quelques soupirs de détente. Alors Thomas apprends les nouvelles de l'Aphrodite, les coups dur aussi dont il n'as pas eut à gérer, les sentiments aussi, l'amour... En voilà une douce connerie aux yeux du Franc-Comtois, il se redresse à peine et secoue la tête d'un air désolé.

Dans le fond il pouvait comprendre, mais avec une certaine réserve, tomber amoureux devait être le sentiment le plus naturel du Royaume, mais cela impliquait des risques, des souffrances et bien d'autres imprévu que les amoureux n'auraient jamais eu sans ce sentiment destructeur. Thomas aussi aimait dans le fond, il avait quitté son épouse pour une autre donzelle tout aussi rocambolesque quoi que tout à fait différente. Mais devant l'aveu de son ami il ne sus comment réagir, être heureux pour lui bien sûr, mais encore ? Il tourna sa tête vers le sol et la tache de bordeaux décidément c'était du beau travail. Retournant à sa position entre les bras d'Alphonse, il s'autorisa un autre soupir et... Sursaut, père ?! Cette fois le Talleyrand fut certain de devenir fou, lui père ? Battement de cil et les azurs qui ce posent dans les siens, battement de cils encore perplexe et ouverture de bouche bée.

Père ...

Fuyez ! Il aurait du lui hurler de fuir très vite et très loin, être père c'était un enfer sans nom, fait de caprices, de robes et de caprice encore plus violent que les précédents. Il mordilla sa lèvre inférieur et secoua la tête.

C'est assurément de vous?

Quand on avait une vie comme Alphonse rien était jamais certain dans le fond, autant ce poser la question donc avant de procéder aux félicitations de rigueur. Mais dans le fond Thomas savait que si Alphonse lui confiait cela il s'attendait à savoir son ami prudent et sur ses gardes.

Père... Oh ciel ! Il nous faut du vin, quelle nouvelle.

Alphonse_tabouret

A la moue désolée de Thomas, il opposa l’étirement d’un sourire insolent, premier à se morigéner sur le sujet, premier à avoir cherché à fuir cet état de fait en essayant tour à tour la manipulation, la domination, l’abandon, pour se retrouver à nu devant la tempête que déchainait Etienne par sa simple présence. Aimer, imbécilement, aveuglément, voilà à quoi il était réduit , heureux pénitent qui avait eu la certitude devant la tombe de Quentin qu’il n’y aurait plus jamais rien d’assez tangible pour lui déchirer le cœur de nouveau, et s’il s’était demandé ce qu’il y avait de plus beau que de voir fleurir au sein de l’innommable, la simple interrogation du possible, il n’y avait toujours pas trouvé de réponse. Il aimait, comme il avait aimé à quatorze ans, dans la paisible quiétude des bourrasques que cela suscitait de l’épiderme jusqu’à l’âme, guidé par une assurance qui avait tout gangrené en lui jusqu’à cette étrange renaissance, le laissant démuni devant ce jumeau inattendu cueillant dans ses prunelles fractales les dissolutions les plus fatales à son bon sens.

La stupeur de la paternité faucha le Talleyrand qui en serait tombé de son siège s’il n’avait pas été lové contre lui et si la répétition du mot accentua son sourire, la question sur la légitimité de l’enfant arrondit brièvement ses yeux d’une stupeur amusée devant l’énormité de la supposition. Il n’avait jamais douté, pas une seconde, pas un instant qu’Axelle eut pu lui donner autre chose que son dû, et quand bien même la gitane pouvait disparaitre dans les bras d’amants chanceux, il était convaincu pour l’avoir déjà accueillie enceinte d’un autre, qu’elle ne l’aurait jamais confronté à cette réalité sans la certitude que cette vie-là était de sa responsabilité.

Oui, à n’en pas douter. Sa mère a eu sa première contraction devant mes livres de comptes, plaisanta-t-il en se parant d’un air à ce point bigot qu’on eut pu croire qu’il en pensait chaque mot, entrainant Thomas avec lui en se levant pour attraper la bouteille qu’il avait amenée attardant une dernière caresse au flanc nobliau avant d’empoigner le présent.
Du vin, tout de suite, Votre grandeur…
Les gestes s’enchainèrent sans la moindre faille, débouchant le flacon pour remplir deux verres dormant sur l’une des étagères soigneusement entretenues par ses propres manies et les recommandations faites aux soubrettes lorsqu’elles venaient faire le ménage dans la pièce. Tendant son verre pour trinquer avec le Talleyrand, le chat laissa entrapercevoir ses crocs dans son sourire en proposant, volontairement moqueur dans sa sincérité, lucide mais heureux:
A ce qui, espérons-le, nous rendra meilleurs
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Heartbeat *

Thomas_sauveur

Citation:

A vous, très cher et précieux Alphonse Tabouret,
De nous, très honteux et piètre Thomas Sauveur de Talleyrand-Cheroy,

Rédiger et scellé à Saint-Claude, le 2 Février 1462.

Etienne_de_ligny

L'Aphrodite, une invitation indécente.

Alphonse_tabouret

Etienne_de_ligny

L'Aphrodite, une invitation indécente.

Alphonse_tabouret

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Edmond, incarné par Thomas_sauveur

Thomas_sauveur

Alphonse_tabouret

Thomas_sauveur

Alphonse_tabouret

Thomas_sauveur

Alphonse_tabouret

Thomas_sauveur

Alphonse_tabouret

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[Rp] Heartbeat *