Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Nuit de Janvier 1462: Mon dernier recours

Karenn
Les pas se font pressant. Ils accélèrent de plus en plus en même temps que son rythme cardiaque. Elle est essoufflée mais pourtant continue d’accélérer, ses cheveux virevoltant derrière elle. La jeune Karenn a peur. Si peur qu'elle n'arrive plus a s'empêcher de courir. Elle a l'impression d'être lourde, de ne pas avancer, et pourtant elle ne perd pas espoir de semer ses agresseurs.

Partie de ses terres pour se perdre dans une immense ville inconnue et qui peut parfois s’avérer des plus sombre, la jeune femme s'était perdue et s'était retrouvée face à des malfrats qui avaient essayé de lui dérober ce qu'elle n'avait pas: des écus. Leurs allures chancelantes et leur halène dénonçant leur présence un peu trop longue aux tavernes avait fait croire à Karenn qu'elle aurait pu s'en sortir facilement. Malheureusement, la mine dédaigneuse qu'elle avait affichée sur son visage ne les avaient pas mit de très bonne humeur.
Ils insistaient, croyant qu'elle cachait ses richesses sous une cape bien fermée. Mais il n'en était rien. Les enivrés l'avait alors bousculé violemment et l'avaient roué de coups, voulant lui voler l'inexistant. Inexistant qu'elle venait chercher, seule dans les ruelles sombre en plein milieu de la nuit.
Après quelques instant qui lui parurent une éternité elle avait enfin réussit à s’échapper de leur emprise, pestant de ne pas avoir prit d'arme avec elle. Courant à toute jambe, lèvre fendu qui lui picotait à chaque respiration et tous ses membres engourdit qui lui empêchaient d’accélérer plus encore. Ils ne devaient pas voler ce qu'elle venait apporter à l'Aphrodite ou elle n'aurait plus rien. Se préserver des hommes pour voir sa pureté s'envoler en un rien de temps sous les gestes brutes d'ivrognes, elle ne pouvait se le permettre.

Tournant au hasard dans une ruelle. Elle aperçut la fameuse lanterne rouge. Lanterne qu'elle cherchait depuis bien des heures. Un réflexe la fit se stopper dans un mouvement brusque. Elle resta plantée là, immobile, comme obnubilée par cette lanterne. L'espoir refit surface dans son esprit. Elle allait peut être pouvoir échapper définitivement à ses agresseurs. Son cœur battant encore la chamade elle jetta un regard craintif derrière elle, entendant leur cris. Pas vraiment discret.

Elle s’engouffra un peu plus loin dans la ruelle tandis qu'une odeur de sang envahit ses narines. Etait-ce celui d'un inconnu ou le sien? Fronçant les sourcils, elle s'approcha de la porte fermée et lissa rapidement ses vêtements salit et déchirés par les assaillants. Cachant comme elle pu les traces rougeâtres laissées sur sa peau claire.
Karenn frappa presque inaudiblement à la porte non sans avoir regarder une dernière fois autour d'elle. Espérant qu'ils lui ouvrent vite et qu'Alphonse soit là. Il serait son repaire, même si elle ne le connaissait pas vraiment. Un visage connu, ça rassure toujours. La Bretonne l'avait rencontré sur ses terres natales et l'homme lui avait dit travailler en ces lieux. La jeune femme n'était plus vraiment présentable mais c'était devenu le moindre de ses soucis. Échapper aux hommes agités était bien plus important.

Entendant de nouveau des pas et des voix s'élevant non loin d'elle elle frappa plus vivement à la porte, s'impatientant. "Elle est partie par là! Vite!"


-Allez... Ouvrez ... Je vous en pris... Ils arrivent...
Alphonse_tabouret
Patron..., avait commencé Hubert en dansant maladroitement d’un pied sur l’autre comme le font les jeunes filles ne sachant pas si elles doivent se permettre de mander le baiser le long des aux revoir, faisant vaciller son immense carcasse dans une affligeante tentative de ne rien laisser paraitre ... j’vois bien que vous avez la tête ailleurs t on n’attend personne ce soir…
Rien de plus vrai, car depuis l’annonce de la grossesse d’Axelle, il se trouvait parfois à flotter, vaporeux, le fil des pensées dissout loin des colonnes de chiffres pour ne se trouver à penser à la courbe délicate que le ventre de la gitane avait pris, bas, engorgeant discrètement la chair d’une vie encore fugace et qui déjà se permettait de le divertir au-delà des permissions en vigueur dans les habitudes félines. Rarement satisfait des choses comme de lui-même, il n’arrivait pas à s’expliquer ce sentiment ténu qui avait déjà savamment planté ses crocs au fin fond de son âme et en redessinait les contours sans le moindre obstacle quand, à lui, vingt-quatre années n’avaient pas suffi. Il laissa perdurer le silence jusqu’à ce que le garde reprenne :
Ça vous dit de jouer aux dés ?, laissa finalement tomber Hubert dans une moue vaguement honteuse, récréation tendue dans l’antre d’où ne filtrait souvent que le son des rendez-vous professionnels, ou parfois, les extatiques étreintes desquelles il ne voulait rien savoir et savait pourtant tout, dualité tenace chez le quadragénaire qui le poussait à veiller sur son comptable à la façon d’une mère poule prête à passer sous silence la moindre contrariété si on ne la lui mettait pas sous le nez.

Ce fut ainsi qu’Alphonse se retrouva dans le hall d’entrée de la maison basse, spectateur docile, acteur sur demande selon les envies, jouant et fustigeant les mauvais perdants dans le chœur enjoué des réservistes de la soirée, lançant les dés au milieu d’un tumulte gai sans être de relâche.
Lorsque les coups résonnèrent discrètement sur le bois, le chat tourna la tête vers la porte, sans savoir si son imagination l’avait devancé ou si malgré le bruit et les mots qui fusaient des gorges avinées, ses sens ne le trompaient jamais, qui vive naturel sur lequel il allait jusqu’à la seconde nature. Le mouvement attira l’attention d’Hubert qui, à son tour, dissocia les dés de son attention, jusqu’à ce que le panneau vibre à nouveau, plus distinctement, coupant court, immédiatement aux réjouissances orchestrées pour se focaliser sur cette visite impromptue. Déplaçant sa carcasse jusqu’à saisir le judas pour entrevoir l’extérieur, Hubert laissa planer un silence nerveux, jusqu’à hoqueter de surprise et ouvrir la porte à la volée.

De Karenn, Alphonse ne savait pas grand-chose. Jolie donzelle croisée au hasard de ballades bretonnes, il avait échangé quelques mots avec elle, trouvant dans cette douceur retranchée de quoi aiguiser son sourire, dans les rondeurs suggérées de quoi attarder l’œil avec plaisir, dans le phrasé une certaine éducation volontaire, pudique et traditionaliste, de quoi étouffer le moindre lambeau d’envies, de quoi répondre aux besoins les plus immédiats, de quoi exaucer des rêves qui n’étaient pas les siens. Si le chat ne pouvait pas se targuer de connaitre la demoiselle, il avait pressenti à défaut de le deviner, une certaine ressemblance dans le joug qu’ils tenaient aux épaules et avait accusé une tendresse sincère à ce sourire tranquille et mesuré qu’offrait la blonde.
Elle apparaissait ce soir dans la nuit parisienne, la lèvre ensanglantée, fendue certainement, les joues maculées de taches écrasées de lutte, dessinant sur sa peau blanche des volutes brunes, qui caillaient tout juste quand d’autres, écarlates, rehaussaient le menton gracieux. Débout en un instant, à la porte en quelques secondes, prenant la main de l’égarée dans la sienne pour la tirer brusquement à l’intérieur, l’écho des pas retentissant non loin dans la ruelle, il n’eut pas besoin de dire un mot pour voir se déverser dans l’opacité nocturne trois des silhouettes armées de la maison, silencieuses, déterminées à éclaircir le chemin de chacune de ses entraves.
En quelques secondes, la Maison Basse avait repris son calme habituel, flirtant le long d’une tension quasi perpétuelle avec laquelle aucun d’eux n’avait songé à composer ce soir.


-De l’eau, du linge, réclama Alphonse en cueillant le menton de la pucelle pour examiner les dégâts, sourcils froncés par l’inquiétude esthète de voir un beau visage s’abimer. Faites venir Fleur si elle est dans son atelier, poursuivit il à l’attention des hommes de mains restant, toujours sans adresser le moindre mot à l’invitée de janvier mais le noir de son regard la scrutant, attentif à déceler ce que la précipitation ne lui aurait pas fait voir, ce que la peur aurait fait oublier à la victime.
Très chère, vos parents ne vous ont-ils jamais dit qu’une femme seule dans les rues de Paris n’était en rien recommandé ?, demanda-t-il enfin d'une voix sans plus aucune trace de l'autorité usée quelques instants plus tôt , relâchant le menton pour passer la paume de sa main dans son dos juvénile et la pousser à prendre la moelleuse direction due son bureau, havre d'intimité, murs desquels ne filtrait que le nécessaire. Que faites-vous donc si loin de chez vous ?
_________________
Fleur_des_pois
A moins d'une semaine de ses épousailles, Gaia ne pouvait plus guère songer à autre chose. Il n'y avait plus que dans le travail que la Fée trouvait matière à se calmer. Les fleurs laissées à sécher depuis la fin de l'été attendaient depuis bien longtemps maintenant, qu'on les entrepose dans les sachets de grossier tissu marron. C'était à cette tâche qu'était occupée la Fée lorsque la porte de son atelier s'ouvrit sans ménagement. Sursautant à demi, le Lutin leva le nez vers l'arrivant. Un quelconque homme chargé d'elle ne savait qu'elle tâche, toujours prise qu'elle était entre ses plantes et ses potions.
Le message qu'il lui délivra était clair, cependant. Une demoiselle en détresse, au rez-de-chaussée, était menée dans le bureau d'Alphonse par la main ferme mais protectrice de celui-ci. Ne prenant que le temps de choisir dans tout son bazar où nul autre qu'elle n'aurait pu s'y retrouver, de quoi soigner la demoiselle en question, Fleur se hâta vers la pièce mentionnée.

Au détour d'un couloir, alors que la Fée était quasiment parvenue à destination, les bras chargés de sachets, de pots et de compresses, lorsqu'elle tomba nez à nez avec Alphonse et la blessée. L'Ortie ne retint pas une grimace. Ce qui avait pu provoquer de tels ravages, Fleur n'eut guère besoin qu'on lui explique. On pouvait difficilement se faire cela à soi-même, et dégringoler les marches d'un escalier - fut-il en pierre - ne faisait pas louvoyer dans le regard, les ombres de la peur.
N'attendant plus qu'on lui ouvre la porte, Gaia profita de ce laps de temps pour se présenter dans les formes.


Je suis Fleur-des-Pois, et je vais tâcher de vous réparer dans les plus brefs délais. Dès qu'on sera dans le bureau.

Se tournant vers l'homme de main qui l'avait suivi à travers la Maison Basse, Gaia lui manda une bassine d'eau chaude, ainsi qu'une tasse d'eau brûlante, ignorant qu'Alphonse avait déjà ordonné qu'on apporte un seau.
Karenn
La porte s'ouvrit brusquement et elle resta plantée la, comme hébétée, ne sachant que dire ni que faire, alors qu'elle fut tirée tout aussi brusquement à l'intérieur de la pièce. Le regard azur se riva sur Alphonse, seul visage connu dans la pièce, comme une enfant perdu au milieu d'un espace trop grand pour elle. Il était élégant, plus que dans ses souvenirs. Intimidant, également, surtout quand il s'adressa à ses hommes de mains d'une voix légèrement autoritaire.
Karenn se laissa faire tel un pantin, ne le quittant plus des yeux. Il l'observait, lui donnant l'impression qu'il ne regardait pas que les traces sur son visage. Il cherchait bien plus loin que cela.


- Mes parents... Ne sont jamais venu jusqu'ici. Ils ne s’intéressent pas vraiment à ce qu'il peut se passer loin de chez eux. Répondit-elle plus naturellement, rassurée par le ton que prenait le comptable. Je pensais pouvoir passer inaperçue... ajouta-t-elle dans un souffle, comme pour se justifier. Il faut croire que je me suis trompée.

Légèrement honteuse de sa naïveté, la jeune femme baissa les yeux et resserra légèrement se cape autour d'elle pour cacher un peu plus ses marques, témoins de son insouciance. Elle avait pour habitude de se faire discrète et se déplacer sans bruit, loin d'imaginer que ses hommes ivres lui tomberaient dessus tels des chiens affamés. Erreur qu'elle avait largement payé. Erreur qu'elle ne ferait sans doute plus.
Incitée par la main du comptable, Karenn prit la direction du bureau, réfléchissant à la réponse qu'elle pourrait lui donner. Le plus simple étant encore de lui dire la vérité. Après tout il avait l'air de s'inquiéter et venait sans doute de la sauver de moments bien plus douloureux que ce qu'elle venait de passer.
Regardant un instant le félin en coin, elle fit mine d'observer le couloir dans lequel ils marchaient.


- Je vous cherchais. Vous m'aviez dit travailler en ces lieux. Et je me disais que peut être vous pourriez m'aider à rencontrer le Maître de maison, je dois lui dem..

Un mouvement attira son attention ce qui eut pour effet de l’interrompre dans ses explications. Un léger froncement de sourcils répondit à la grimace faites par la nouvelle arrivée. Était-elle si amochée que cela? Le simple fait de ressentir de la douleur au moindre de ses mouvement suffit à donner une réponse. Une côte avait due se fracturer sous les coups de pieds donné sans ménagement par les malfrats.
Karenn n'avait pas entendu s'approcher la dite Fleur. Comme quoi, elle avait encore des progrès à faire en ce qui concerne les déplacements discrets. Les yeux azurs la détaillèrent avec une légère moue. Comment pourrait-elle convaincre le patron de la maison de l'accepter pour qu'elle puisse y vendre sa pureté dans cet état alors qu'elle attirait les grimaces en un simple coup d’œil?


- Fleur-des-Pois... Je suis Karenn, j'aurai aimé vous rencontrer en d'autres circonstances... Grimaça-t-elle, reprenant son ascension vers le bureau du comptable.
S’arrêtant devant une porte qu'elle jugea être la bonne, la blessée se décala légèrement, laissant le passage au félin, n'osant s’immiscer dans l’intimité du bureau de cet homme qu'elle respectait.
Alphonse_tabouret
Les mots s’échappèrent de la bouche abimée, certains audibles, d’autres prononcés du bout de la blessure qui la fendait en deux, égrenant des vérités d'enfant inconscient, qui sitôt la surveillance des parents dissoute, s'enfuient sans se demander de quoi sera fait le voyage. N'avait il pas, après tout, emprunté le même chemin sept ans plus tôt après l'orage d'une nuit encore douloureuse dés qu'elle surgissait des limbes de ses souvenirs? Aucun reproche paternaliste n’échappa pourtant au chat, même tenté par le visage contrit qu’elle baissa au sol sitôt son observation conclue. A l’arrivée de Fleur, l’explication s’interrompit, et si Alphonse ne renchérit nullement dessus, jugeant l’inspection sommaire de l’herboriste plus importante et le sceau des confidences relatives au nombre de personnes présentes, il suspendit à ses tempes l’information et la promesse de mentir la prochaine fois qu’on lui demanderait quel travail qu’il exerçait, estomaqué par la naïveté des provinciales à croire pouvoir entreprendre de tels périples avec juste un nom à la main.

Entrant dans son bureau en lui faisant signe de le suivre, il lui indiqua l’un des larges et riches fauteuils auxquels s’asseyaient les visiteurs qu’il recevait en temps normal, laissant le champ libre à l’Ortie de s’approcher pour commencer à nettoyer ce qui paraissait et entrapercevoir ce qu’il restait, prenant place sur un coin de son bureau où il s’appuya.


Pour commencer vous êtes sotte, trancha-t-il sans la moindre moue de mépris dans la lèvre, le velours des yeux pesant avec une once d'affection sur les épaules de la jeune fille , prononçant juste le fond premier de ses pensées. Sotte et chanceuse, voilà les deux seules raisons pour lesquelles vous êtes ici ce soir.
Deux hommes de main passèrent la porte en portant les brocs d’eau chaude et tissus quand sur leurs talons, un autre les rejoignait, chargé dans un équilibre précaire des torchons coincés sous un bras et d’un seau d’eau froide pendu à la senestre. Levant les yeux au ciel en le voyant un instant vaciller en se rendant compte de son inutilité, Alphonse se redressa et chassa d’un geste agacé l’ensemble des gardes qui désertèrent la pièce en quelques secondes, laissant à portée de la Verte la moisson de leur mission.
Il n’y a pas de Maitre de maison à l’Aphrodite, poursuivit-il sans s’attarder sur les remontrances plus avant. S’il était l’ainé de deux sœurs dont la plus âgée devait avoir l’âge de Karenn, il n’avait jamais possédé le gout de la leçon par la réprimande et estimait qu’une fois qu’il s’était exprimé, avare des mots, il n’avait nullement besoin de délayer plus avant l’essence même de ses propos. Il n’y a qu’un intendant, et cet intendant, c’est moi, conclut il en prenant place sur le fauteuil jumeau, laissant son regard courir sur la peau que faisait renaitre Fleur sous ses soins. Qu’avez-vous donc à me dire que vous ne pouviez m’écrire ? demanda-t-il finalement d'un ton plus doux, en calant pouce et index à sa tête pivotante, calant l’ensemble à l’accoudoir moelleux du mobilier
_________________
Fleur_des_pois
Dès que l'eau et les linges firent leur apparition, Fleur fut tout à sa tâche. Humidifier un tissu, le passer délicatement sur le visage tuméfié. Indifférente à la conversation, et à la présence des autres, la Fée œuvrait en silence. Seule comptait Karenn. Le haut de sa tenue fut délacé avec soin, sa main agile se posant en douceur sur les côtes, fronçant les sourcils à mesure que son inspection l'éclairait sur les maux de sa patiente.
Lorsque le visage fut vierge de toute trace de sang, le Lutin appliqua du bout des doigts une pommade épaisse et huileuse sur les lèvres fendues. A l'emplacement des rougeurs qui viraient au bleu sombre, le Lutin déposa une couche de crème à base d'arnica.


Pour les côtes, je peux rien faire,
avoua-t-elle. Il faudra rester allonger, ou du moins éviter de bouger, pendant deux semaines.

Jetant dans la chope une poignée de tilleul, une autre de passiflore, et quelques pétales de fleur d'oranger. Laissant infuser sa préparation, Fleur en ôta les résidus une fois qu'ils eurent confiés à l'eau chaude leur bienfaits apaisants.


Buvez ceci, cela vous fera du bien.

Gaia lui glissa la chope entre les mains, et se releva, son office terminé.

Avez-vous encore besoin de moi, Patron ?
Karenn
Rentrant à la suite d'Alphonse dans le bureau, la jeune pucelle prit place sur le fauteuil indiqué. Un léger soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres alors qu'elle détendit tous ses muscles fatigués par la course entreprise jusqu'à la Maison. Elle n'avait jamais couru aussi vite, ni aussi longtemps, et une lourde fatigue avait prit place dans tout son corps.
Les paroles du brun résonnèrent non comme un reproche mais comme une vérité. Si elle avait su, elle aurait fait bien plus attention. Si elle avait su, elle aurait demandé à quelqu'un de l'accompagner, même si elle ne voulait pas avouer l'objet de sa venue à l'Aphrodite à tout le monde. Les rares personnes à qui elle avait annoncé sa décision avaient essayé de la faire changer d'avis. Mais têtue, Karenn avait décidé de prendre les choses en main et de partir seule.

Fermant à demi les yeux, la jeune femme laissa faire Fleur, admirant ses gestes précis et sa façon de faire, concentrée. Se redressant légèrement pour laisser la Verte l’ausculter, elle tourna ses azurs étonnés vers Alphonse. Si elle avait su que ce serait lui l'intendant... Elle aurait certainement écrit, en effet. Cependant elle voulait prouver sa détermination en se rendant sur place pour faire sa demande. Et après tout, elle avait réfléchit longuement, ce n'était pas une décision prise à la légère. Et même s'il trouvait son idée idiote, elle trouverait bien autre part ou aller pour trouver des écus. Du moins l'espérait-elle.


- On m'a dit qu'à Paris on pouvait vendre toute sorte de services, commença-t-elle sans le lâcher du regard. Et... Il se trouve que j'ai besoin d'argent.

Reportant son attention sur Fleur, elle se tût un instant, le temps de lui permettre d'appliquer de la pommade sur les lèvres fines. Elle murmura un remerciement à son attention, touchée qu'elle s'occupe d'elle ainsi. Deux semaines... Le temps qu'il lui faudrait pour se remettre. Une éternité pour Karenn qui avait vraiment besoin de ces écus et qui ne savait pas tenir en place. Elle acquiesça aux dires par un léger hochement de tête. Merci Fleur, vraiment, finit-elle par articuler d'une voix douce avant de s'adresser de nouveau à Alphonse.

- Je sais qu'ici certaines femmes vendent leurs soupirs. Et... je... possède bien plus que des soupirs... Mais une chose qu'une femme ne peut offrir qu'une fois dans sa vie. Et je pensais que certains Messires seraient prêt à payer bien plus que le prix de quelques soupirs pour obtenir ma pureté...

Adressant un léger sourire à l'Herboriste, Karenn prit la chope entre ses mains et bu une petite gorgée, fermant les yeux pour mieux sentir le breuvage chaud glisser entre ses lèvres et rouler sous sa langue avant d'être engloutit.
Alphonse_tabouret
Relevant la tête vers Fleur, il lui accorda un sourire en guise de remerciement et de signe accordant le départ, le travail étant fait et la suite ne requérant pas forcément sa présence, chat économisant les mots sans s’en rendre compte, tellement plus au fait des gestuelles que des verbes quand il se sentait à l’aise avec les autres et s’il gardait vis-à-vis de l’Ortie une défiance née du deuil empourprant l’aube jusqu’au deuil se déclinant dans toutes les fioles de poison qu’elle manipulait dans le secret de son antre, il éprouvait une certaine affection pour elle.

L’attention fut reportée sur la bretonne, attentif aux motivations comme à la façons de les présenter, classant méthodiquement chaque information que le discours donnait , témoignage discret de ce qu’il y avait à savoir dans chacun des silences ou des intentions portées dans le cocon de leur emploi.
Le mot virginité n’avait pas été prononcé, se voyant préféré celui de « pureté » en tous dernier recours de son discours, indice sur la personnalité de la pucelle dont le visage avait repris quelque chose de juvénile une fois débarrassé du sang qui l’avait entaché. Pourtant nulle honte là dedans, juste la vision pragmatique de se servir sur ce qu’on lui imposerait de toutes façons et dont n’importe quel homme amoureux se moquait au moment de lui écarter les cuisses dans la déraison d’une étreinte. Ni noble, ni bourgeoise, la jeune fille n’avait pas de legs autre que ceux qu’elle avait choisi de se forger et en était venue à contempler l’horizon déposé à ses pieds avec une envie qui n’appartenait qu’à elle, celle du choix.

En effet, les pucelles sont une denrée précieuse que prisent toujours quelques amateurs, lui confirma-t-il en la regardant boire. Les vierges avaient un attrait inexplicable dont lui-même ressentait parfois les effluves, sachant pertinemment que c’était l’orgueil du mâle qui parlait à se délecter d’être le premier à passer la soie des cuisses pour poindre au ventre immaculé, que ce n’était là que cet instinct primaire de la domination la plus imbécile et absolu qui manifestait ses crocs à saisir la gorge frémissante, mais bien souvent prompt en saisir les opportunités quand les occasions s’étaient présentée de contempler la première puissance de l’extase secouant la chair endolorie des pucelles. Mais il ne suffit pas d’avoir la condition Karenn.
Le commerçant pointait de nouveau son nez, calibrant l’impitoyable du négociant à l’empathie du comptable. Des pucelles qui crient, qui se débattent ou tentent de s’échapper au dernier moment, c’était somme toute chose assez fréquente et si Karenn ne voulait pas se retrouver groggy d’un coup de poing à la tempe pour se faire trousser sans ménagement, il fallait déterminer ses affinités au plaisir.
Il vous faut pouvoir être virginale sans être empotée. Vous ne vendez pas qu’un hymen, mais un ensemble… Le charme de la pucelle et la lascivité de la catin, voilà le pari que vous vous lancez, ma chère…. Un sourire fugace hésita à ses lèvres avant qu’il ne choisisse de l’étirer définitivement, luisant d’une tendresse faite pour la rassurer, avant qu’il ne se décide à poser la question qui lui semblait le plus pertinente pour jauger de ses connaissances en la matière: Avez-vous quelques expériences en badinage ?
_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)