Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Les parfums, les couleurs et les sons se répondent (*)

Alphonse_tabouret
(*) Charles Baudelaire



-Alors, qu’en penses-tu ? lui demanda Françoise en lui tendant une petite fiole dont les quelques centilitres d’essence promettaient déjà les saveurs de l’orient au travers du bouchon qu’on lui avait ôté.

Souriant, et se pliant à l‘ordre qu’on lui donnait sans en ressentir la moindre chaine au cou, Alphonse s’exécuta, portant son nez non loin du flacon, laissant se diffuser à une dizaine de centimètres les délices de l’huile.
Des dizaines de tournées auxquelles l’entreprise familiale l’avait plié durant toute son adolescence, il n’avait gardé dans sa vie actuelle que quelques escales, pour la plus part, des hommes qui sitôt qu'il avaient fini de compter les écus du père, s‘étaient empressés de fêter la transaction à la bouche du fils, dans l’hypocrite silence de chaque partie. Son patriarche avait évidemment tout ignoré de ces jeux là, convaincu que lorsque l’on avait les mains aussi épaisses que celles du menuisier qui habillait de coffrets luxueux les parures commandées par la noblesse pour vêtir le flacon, on ne pouvait que les poser sur les seins d‘une femme, et pas aux hanches d’un homme… Sûr, de la même façon, que lorsque l’on mesurait près de deux mètres comme le paysan qui leur livrait les fleurs par kilos pour les réduire en huile, on ne s’agenouillait que devant le Très Haut, et pas à hauteur de braies ouvertes.
Françoise avait déjà quarante ans passés quand les quinze ans d’Alphonse les avaient rencontrées elle et ses filles. Sous ses airs racés, embaumés, précieux, il avait découvert de quoi encore contredire ce père qui voyait dans la silhouette fluette de cette veuve, une timidité flagrante, presque maladive, quand il suffisait pourtant de l’intimité d’une nuit pour se heurter à une bête d’une rare démesure. Désormais, les cheveux de la commerçante avaient blanchi, peignant ses tempes d’une aura de vieillesse qu’accusaient doucement ses traits, et la mort de ses deux filles quelques années plus tôt avait creusé dans son regard un vide béant qui rien ne savait refermer. Une mauvaise chute avait paralysé sa jambe, la forçant à se déplacer méthodiquement, lentement, une canne à la main, et le corps nerveux dont elle avait fière si longtemps dans la chaleur fauve de ses envies, avait été ravagé durant l’été par une vilaine maladie qui l’avait considérablement affaiblie et laissé essoufflé du moindre effort. Françoise mourait à petits feux, et le chat, dernier vestige de cette époque où la vie ne l’avait pas encore condamnée, venait la voir dès que les mauvais jours revenaient, conscient que sa bonne humeur sombrait au même rythme que les jours raccourcissaient


-C’est exactement ce que je cherchais
, remarqua le jeune homme dans un sourire tandis que la commerçante hochait la tête, satisfaite de la réflexion quand le carillon de la porte tinta, les amenant à se retourner vers la porte d’entrée pour contempler la jeune femme qui venait d’entrer dans la boutique.

_________________
Alienor_.
« Notre langage ne vaut rien pour décrire le monde des odeurs. »
de Patrick Süskind

Paris la Grande.

Les jours se suivent et se ressemblent depuis déjà quelques semaines, tout est devenu routinier. La mort d'un couple se fait dans l' interminable répétition des actions. Pour une famille seulement composée d'un frère et d'une sœur c'est encore pire. Chaque matin la Belle se lève, se prépare avec soin, range l' appartement familial. Ensuite viens le repas, l’après midis à faire courir les ruelles Parisiennes en quêtes de petits trésors. A la nuit tombée Etienne disparaît et Alienor finit par aller se coucher sans savoir ce qu'il fait de sa nuit.

Mais ça c' était avant, depuis quelques jours tout à changé. La curiosité et le doute on poussé la Candide à suivre son aîné dans les venelles sombres de Paris. Une nuit, une seule ou la vérité lui à explosé en plein visage. Jamais elle n'aurait pu imaginer une telle décadence de la part de son frère. Elle se souvient du sang, des cris, des coups, du sexe...la noirceur, la douleur. Tout ça embrouille l'esprit carré de la Pucelle. Pourtant elle continue à se battre, pour l'honneur de la famille certes mais surtout par fierté. Que ne ferait-on pas pour sauver l'image familiale? S' enfermant dans les livres elle s'instruit chaque jours un peu plus. Elle veux apprendre, se noyer de savoir pour ne jamais faillir, être une future épouse parfaite et rendre fière sa défunte mère.

Caractère fort, déterminé, cartésienne et sure d'elle, voila ce qui caractérise la brunette. Maniaque du contrôle elle ne s'autorise jamais le moindre écart, tout doit être millimétré, programmé et organisé comme une partition de musique. Les notes sont composée et jouées avec une dévorante passion de la perfection. Jamais elle ne s'autorise un écart, aucun pas de travers n' est possible dans l'esprit de la jeunette.

Aujourd'hui elle viens de se réveiller, il fait beau, les rayons du soleil percent à travers les rideaux des plus fins qui cachent les fenêtres. Les bras de la Belle viennent à pointer le ciel pour s' étirer longuement. Le corps fin viens à glisser du lit somptueux avec une lenteur naturelle. Presque féline elle prend la direction de la salle de bain pour s' apprêter, suivie de prés par sa dame de compagnie. Quelques minutes après la voila prête. Sa peau d' albâtre est cachée par une houppelande des plus fines et soyeuses de la couleur d'un ciel d' été. Une paire de bottes noire enserre ses mollets délicats. Le corset qu'elle porte en dessous de sa tenue à le don de faire ressortir les formes féminines . Un ruban de la couleur de sa robe ceint son cou fin pour terminer avec perfection cette tenue colorée. Pourtant il manque quelque chose, une fragrance qui rendrait unique Alienor et parachèverait la finition de l'ensemble afin de le rendre tout simplement parfait.

Décidée elle file jusqu’à la porte de la demeure, aujourd'hui elle cassera un peu la routine, elle n'ira pas acheter des tissus, mais bien un parfum. Refusant d' être accompagnée par sa suivante elle déambule dans les rues seule et heureuse de l' être. Telle une Louve, la brune aime à rester seule, profitant ainsi de ces précieux moments pour s' extasier devant les merveilles du monde sans craindre qu'on la juge ou la traite de gamine. Les odeurs du marché la dérange, elle plisse son nez aquilin et grimace, trop de fragrances différentes, ça l'agresse. Prunelles fauves qui fouillent les lieux à la recherche du calice escompté. Elle finit par repérer la boutique tant recherchée. Restant quelques secondes devant la vitrine elle observe les fioles multiples qui ornent les lieux.

La dextre fine se glisse sur la poignée de porte, les carmines s' étirant en un large sourire, dans ce genre d' endroit elle se sent bien. Le tintement de la cloche lui arrache un petit haussement de sourcil. C'est à cet instant qu'elle remarque le dandy en compagnie de celle qui semble être la patronne. Gênée par ces regards multiples posés sur elle, les taches vermeilles viennent à orner les pommettes d' Alienor, tant et si bien que ses yeux glissent vers le sol. Se raclant la gorge elle reprend contenance, une femme doit bien se tenir, la tête haute, elle le sait, elle est noble apres tout.
Le nez relevé, les perles d' Ambre cherchent à accrocher le regard de la matrone, ce qui ne semble pas difficile en sois. S' approchant du comptoir doucement, toujours aussi féline elle laisse ses pétales s' étirer en un sourire avenant avant d'incliner légèrement la tête. Le timbre de la voix se fait alors entendre, doux, mélodieux et à peine audible.


- Bien le bonjour à vous, Messire, Madame. Vos fioles dans la vitrine ont sut attiser ma curiosité, alors je viens vers vous. Je souhaiterait un parfum doux, fleuris et délicat. Il ne doit surtout pas être trop boisé, ni trop fort, je veux de la légèreté comme une brise d' été, vous voyez?

Comme toujours Aliénor donne tous les détails comme un maître d'orchestre. Elle contrôle chaque mot, chaque idée qu'elle veux renvoyer alors que sa main glisse sur sa nuque pour la masser doucement. Sa chevelure ébène est tirée en un chignon serré d'ou il ne s' échappe aucune mèche rebelle. Perfectionniste jusqu'au bout des ongles et cela se voit.

- J'aimerais me laisser envoûter par un parfum hors du commun. J'ai de quoi mettre le prix et souhaite de la qualité, votre meilleure création si vous vous en sentez capable Madame.

Enivrez moi.
_________________
Alphonse_tabouret
Joliment vêtue, jeune, très, trop pour être lâchée seule en plein Paris sans quelqu’un pour l’accompagner, Alphonse attarda un silence curieux en ne voyant personne surgir derrière la donzelle, examinant la jeune femme de plus près tandis que Françoise attrapait la canne qu’elle avait laissé accoudée à son comptoir.

-Bien sûr Mademoiselle, commença la commerçante en faisant un effort visible pour quitter le siège sur lequel son corps fatigué s’était hissé pour trouver un semblant de repos au creux de ses journées qui lui paraissaient interminables parfois.

Quatorze, peut être quinze ans, estima le jeune homme au vu des formes encore pauvres que suggéraient pourtant avec habilité la parure et les tissus, l’air rêche donné par ce chignon tendu à l’extrême pour dévoiler l’austérité d’un ovale pourtant joliment dessiné, écrasant de ce fait la courbe moelleuse des lèvres adolescentes, quand c’était de couleurs qu’elles auraient eu besoin pour faire frémir un regard si un sourire avait eu le loisir de s’y étirer. La demoiselle avait l’air figé dans un rôle prédéfini, réglé pour l’aider à avancer et cela éveilla chez Alphonse l’envie immédiate de salir le tableau d’un coup de griffe, d’abimer la surface de l’onde pour la voir frémir, de chercher sur ce visage courtois, la roseur inhérente à la vie.

-Laisse-moi voir si je ne suis pas trop rouillé, fit-il en posant un main sur le bras de Françoise, sentant à ses doigts, sous l’épais tissu dont elle s’était parée, la délicatesse maladive de son corps. Il fut un temps où je n’étais pas si mauvais que ça, argumenta-t-il en adressant à la veuve un sourire d’enfant gâté, doucement insolent quand il se savait pourtant dans l’exactitude de ses propos, car le chat avait du nez. Certes, il ne valait rien en comparaison de celui du patriarche, et il aurait eu beaucoup à travailler pour atteindre le niveau d’excellence qui faisait la réputation du parfumeur, mais Alphonse avait toujours eu la sensibilité des odeurs, conditionné certainement par dix-sept années à vivre entouré d’essences diverses et variées, égrenant l’appréciation la plus sauve aux images et aux sons qui savaient répondre aux odeurs. Le chat quitta le comptoir, jetant à son visage un sourire doucement faune, jouant d’une lueur espiègle dans la prunelle en réduisant à peu la distance entre la cliente et lui.
Alphonse, pour vous servir, se présenta-t-il d’un air volontairement un peu guindé. Je serai votre guide quand Françoise sera votre créatrice. Votre nez sera quant à lui seul juge de ce que nous lui suggérerons. Haut d’une tête de plus qu’elle, il fit glisser son sourire à la commissure de ses lèvres, captant un instant le regard de la jeune fille assez longtemps pour qu’elle lise dans sa prunelle le jeu tendre que son accoutrement propret et de bonne famille avait suscité, trop peu pour qu’elle ne voit venir le geste qui suivit. Commençons par prendre le pouls de votre note personnelle fit il d’une voix basse, presque ronronnant en se penchant sur elle, venant frôler du souffle la peau délicatement blanche du cou juvénile quand Françoise hoquetait un « Alphonse ! » aussi ahuri qu’amusé, connaissant depuis bien longtemps, les frasques comportementales du jeune homme en public et les sachant pertinemment sans danger, faites pour écorcher sans faire saigner.

L’odeur d’Aliénor l’interpella, immédiatement, violemment, sans qu’il ne sut s’expliquer pourquoi et il sentit monter conjointement à son ventre une répulsion vibrante et l’envie de mordre à plein dents à cette chair pale pour se l’approprier, chat feulant de désir et de peur. Surpris un instant derrière le masque de son sourire avenant, il se redressa, emporté par un flot de sensations qu’il peinait à recadrer, mêlant sans comprendre pourquoi à l’odeur délicate de la demoiselle, à celles fortes du cèdre et de la sueur.

-Vous sentez bon, conclut-il dans un sourire presque soucieux, définitivement interpelé, fatalement intrigué.
_________________
Alienor_.
II est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies

de Charles Baudelaire

En temps normal la Belle ne se sent pas forcement à l'aise dans des endroits exiguë. La boutique n'est pas grande, mais à son grand bonheur il n'y à pas foule. Maintenant qu'elle est à l'intérieur elle peu enfin se permettre de détailler avec un plaisir certain la petite boutique. Non loin du comptoir, avachie sur une chaise, se trouve la matrone du magasin. Elle semble bien mal en point la pauvre avec sa patte folle. La Candide à presque des scrupules en demandant à cette femme de la servir. Elle vois bien que celle-ci souffre d'un Mal bien visible.

-Bien sûr Mademoiselle.

Sur le visage parfaitement lisse de la poupée s' étire une grimace au moment ou la vieille femme se lève. Elle s'en veux de la forcer à bouger, la pauvre serait bien mieux au chaud auprès d'une cheminée à lire un bon livre. Presque prête à faire demie tour, la Belle lève sa dextre pour faire signe à la femme de rester assise. Soudain le Dandy prend les devants. Les sourcils parfaits viennent à s' arquer sous l’incompréhension, peu être que celui-ci est parfumeur après tout. Aliénor ne sourit pas, elle rebaisse sa main sur son ventre dans un geste élégant et délicat avant d'incliner légèrement son buste. De cette manière elle remercie le preux chevalier qui vient à son secours. Celui-ci demande la permission à la maîtresse de maison. Elle semble accéder à sa requête, ce qui à tôt fait de rassurer la Pucelle.

Elle ne bouge pas d'un centimètre lorsque le chat s'approche. Le visage délicat de l' Aliénor est parée d'un masque des plus impassible. Bienséance et droiture son les règles d'or pour sa vie de tous les jours. Commercial, avenante elle viens à se munir de son plus beau sourire afin de répondre à celui du dit Alphonse. Impressionnée par les manières Princières de celui-ci elle en oublie même la première règle de l' étiquette en ne se présentant pas. Il semble sur de lui, avenant, quelque chose chez lui attire la Belle, attisant même sa curiosité maladive, mais qui est-il? Obnubilé par le regard abyssale du félin elle ne voit pas venir le geste intrusif de celui-ci. Il ose pénétrer sa bulle de confort, s'approcher bien plus prêt que jamais personne auparavant. Le souffle brûlant la tétanise sur place, elle se crispe, venant même à serrer les pans de sa robe afin de trouver un peu de contenance. Il la met mal à l'aise, lui faisant rougir les pommettes, son regard quand à lui se fait fuyant, appelant la matrone à l'aide.

Mais celle-ci semble amusée par la situation. Si elle ça la fait sourire, l' Alienor quand à elle panique. Il y a peu elle à été approchée de trop prêt, ce fut violent, effrayant, douloureux. Les souvenirs remontent, elle les balaye d'un revers de main fictif afin de les oublier à nouveau. L'homme sent fort, le musc, l' ambre. Quelque chose émane de lui, une forme de puissance à l' état brut, voilée par un masque de gentilhomme droit sous toutes coutures. Les minutes semblent interminable pour la jeune femme, elle retient son souffle depuis déjà quelque secondes, tentant encore de contrôler la panique qui monte en elle à une vitesse folle. Elle ne contrôle plus rien , la cartésienne est en train de perdre pied. Qu'il s' écarte, qu'il la laisse, il sent si fort, si fort.

-Vous sentez bon.

Seule phrase qui quitte les lippes du chat. Elle doit se contenter de ça pour se rassurer. Ses doigts se desserre afin de lâcher le tissus, les jointures en sont devenue nacrées tant elle à paniqué. Il recule enfin. La respiration de la Benjamine se fait à nouveau calme, posée, elle reprend pied. D'un pas elle marque la distance nécessaire, elle impose ses règles de manière implicite. Pas de mots, juste un regard froid, droit ou transparaît une légère vague de panique qui s' évapore doucement. Elle décide de la ou il doit être et non pas l'inverse, c'est ainsi.

II est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
Et d'autres, corrompus, riches et triomphants.*

Rassurée par cette distance qu'elle impose volontairement, elle retrouve son sourire de circonstance. Masque qui reprend la place escomptée. Aliénor se racle alors la gorge quelques secondes, non elle ne lui montre pas qu'il la déstabilisé quelques secondes. Il n'en saura rien. Ses prunelles fauves retrouvent leur intensité mystérieuse. Elles se posent maintenant sur le visage du Dandy. La voix se fait douce, basse, cristalline et posée au possible. La Cartésienne est de nouveau de la partie.

- Merci pour ce compliment. Mais je ne suis pas venue ici pour que l'on trouve que je sente bon, mais bien pour acheter un parfum qui ne me fera pas simplement sentir bon. Une odeur qui rendra mon passage dans une pièce inoubliable. Voila ce que je désire Messire Alphonse.

" Correspondance" de Charles Baudelaire*
_________________
Alphonse_tabouret
Contemplant le visage juvénile, il y lut derrière la froideur du masque, la gêne, le déplaisir, la peur, et sans en être ému le moins du monde, rassemblant au contraire ces bribes d’informations comme autant de précieuses pistes sur la personnalité de la jeune fille, ne formulant aucune excuse, ni du bout des lèvres, ni du feu de la prunelle. Attentif, spectateur, critique, il regardait l’oiseau tenter de calmer son cœur affolé, sa compassion féline attendant, affutée, que la gorge ne soit plus crispée pour choisir d’y porter la pâte à nouveau. Le regard posé sur lui fut froid, mais trouble, figé dans un rôle qu’elle semblait maitriser assez pour s’y glisser avec une rapidité salvatrice, tandis qu’elle posait un sourire factice à ses lèvres sous l’œil de l’expert qui trouva presque à s’en attendrir

Crois-tu que je n’ai pas entendu ton souffle se suspendre à ta gorge quand mon oreille en était si près ? Crois-tu que je n’ai pas senti ta chair devenir pierre à la proximité de la mienne ?
Quel âge as-tu sous tes grands airs, mignonne ?



Merci pour ce compliment. Mais je ne suis pas venue ici pour que l'on trouve que je sente bon, mais bien pour acheter un parfum qui ne me fera pas simplement sentir bon. Une odeur qui rendra mon passage dans une pièce inoubliable. Voila ce que je désire Messire Alphonse.

-Il ne s’agissait point d’un compliment demoiselle, mais d’une simple constatation, lui assura-t-il dans un sourire narquois avant de poursuivre. Je ne dispense pas facilement l’éloge, il vous faudra donc la mériter pour vous en voir gratifier , la taquina-t-il, étirant sa commissure à la manière d’un enfant qui ne savait pas ce que c’était que d’être sage, la prunelle vaguement corrompue par une attention qui, si elle déployait vers la cliente, n’en demeurait pas moins absente, cherchant au creux de ses souvenirs, le lien fait à sa chair si violemment que le bourdonnement ne s’y estompait pas.
Rendre votre présence inoubliable n’est pas dû qu’au fait d’un parfum, et si tel était le cas, croyez bien qu’il ne s’agirait pas de porter sur soi les plus riches essences pour qu’elles vous exaucent. Un parfum n’a point besoin d’être complexe pour laisser son empreinte, il a besoin de correspondre à son hôte.

Délaissant un instant la donzelle, offrant à sa vue son dos quand il regardait les étagères où s’entassaient, suaves, les fioles diverses et variées, il jeta un coup d’œil taquin à Françoise qui en guise de réponse, leva ses yeux fatigués au ciel, un éclat d’amusement venant s’y loger malgré elle. Choisissant, volontairement lent, d’effleurer du bout des doigts chaque étiquette, y retrouvant des gestes qu’il avait accomplis un nombre incalculable de fois même s’il avait rarement choisi de lui-même les extraits, il laissa les souvenirs lui remonter aux tempes, se rappelant des leçons dispensées par son père malgré lui lorsqu’il agençait ses créations sous l’œil de ses fils.

Qui souhaitez-vous marquer de l’épice de votre parfum ? demanda-t-il en cueillant les flacons, sachant la question possiblement déplacée et argumentant en tournant la tête vers elle au travers d’un sourire acidulé: Selon son public, il faut savoir jauger son effet, expliqua-t-il en déposant quatre flacons sur le comptoir quand l’œil de la vieille parfumeuse les survola sans mot, dire, assentiment discret du choix des fleurs.
_________________
Alienor_.
« L'odeur est l'intelligence des fleurs. »
de Henry de Montherlant

Le masque d'impassibilité vient d' être reposé sur le visage doux de la candide. Quelques secondes de perditions ont peu être été captées par le dandy, mais la Belle s'en moque, c'est elle qui mène la danse et pas l'inverse. Apres tout, c'est bien elle qui va permettre à la vieille femme de faire recette aujourd'hui, c'est une aubaine pour les deux compères que de l'avoir dans leur magasin. Persuadée de cela, sure d'elle et à nouveau aussi roide qu'un glaçon. In flexible, elle reviens planter ses prunelles fauves sur le visage du noble. Non pas un regard mauvais, simplement inexpressif, froid, distant. Comment cet homme à t-il pu en seulement quelques secondes la déstabiliser totalement? Elle ne se l'explique pas, et c'est bien ça qui l'agace au final. Un simple souffle contre son cou d’albâtre et voila qu'elle perd pied. Connerie.

Au fond elle sait très bien pourquoi cet homme à pu la troubler si facilement. Ils le peuvent tous maintenant. Une mauvaise rencontre durant une bien sombre nuit. Des paluches glissées sur l' épiderme délicat. Des mots murmurés lui donnant l'envie de vomir. Une protubérance contre ses cuisses fermées. Oui. Tout ceci à suffit à contrarier la Belle. Créant en elle un nouveau sentiment, celui du doute. Maintenant elle se méfie des gens, mais encore plus des hommes. Qu'ils soient en apparence bon sous tous rapports l'alarme encore plus. Voila pourquoi ce parfumeur à pu la désarçonner si facilement. Dans ses veines fines, coulant dans son élixir vermeille, s'insinue une nouvelle notion : la peur.


-Il ne s’agissait point d’un compliment demoiselle, mais d’une simple constatation. Je ne dispense pas facilement l’éloge, il vous faudra donc la mériter pour vous en voir gratifier .

- Je n'ai nullement besoin d' éloges Messire et ne vous en demanderait point.

Ainsi donc le félin veux jouer. Il la provoque, la taquine en insinuant qu'elle aurait besoin de quelques une de ses éloges. Il ne la connait pas, c'est certain. Alienor n'a besoin d' éloges de personne, elle sait qui elle est et pourquoi elle est ainsi. Elle fait honneur à sa famille, à son nom et rien d'autre ne compte par dessus cela, si ce n'est Etienne. Pourtant cet homme à quelque chose d'attirant, d' étrange et mystérieux, presque de troublant au final. Pourtant la brune sait qu'elle ne doit plus faire confiance aux hommes. Comme son aîné ils sont fourbes, traîtres, menteurs. Comme le rapace ils sont manipulateurs, violent et mauvais. Non elle ne remettra pas la tête dans la gueule du serpent. Le sourire s' étire sur le visage masculin, lui donnant un air tout à fait acceptable. Pourtant elle ne cille pas, l'observe sans trembler. Mais au fond d'elle quelque chose se réveille. Une sensation qui la perturbe un instant. Cet homme à quelque chose de plaisant, d'attirant.

-Rendre votre présence inoubliable n’est pas dû qu’au fait d’un parfum, et si tel était le cas, croyez bien qu’il ne s’agirait pas de porter sur soi les plus riches essences pour qu’elles vous exaucent. Un parfum n’a point besoin d’être complexe pour laisser son empreinte, il a besoin de correspondre à son hôte. Qui souhaitez-vous marquer de l’épice de votre parfum ?

Attentive elle écoute les paroles proférés. Elle sait bien qu' au fond d'elle qu'il est en train de chercher à la séduire , en y mettant les formes bien entendu. Le voila qui se montre maintenant curieux. Elle réfléchis quelque secondes, ça carbure dans l'esprit de la Candide. Que pourrait-elle lui répondre? Parler d'un potentiel compagnon pour le déstabiliser? Non trop commun. Dire que c'est pour susciter l’intérêt d'une assemblée? Non, ça voudrait insinuer qu'elle ne sait pas se faire regarder et entendre. Soudain la réponse lui saute à l'esprit, elle viens même à étirer un nouveau sourire, sincère et malicieux. La voix est douce, basse, guindée, et pourtant les mots eux ne le sont pas et laisse présager nombre de choses. De cartésienne elle passe à manipulatrice, amusons nous un peu.

- Une personne à qui je veux donner l'envie de jouer avec moi.

Elle rêve de voir ce sourire s' effacer du visage du félin. Elle veux lui faire perdre la partie, le battre sur son propre terrain. Il veux jouer à la séduction, elle va s'amuser à lui donner une douche froide. Elle ne donne aucun nom, aucune précision sur ce qu'elle entend par "jouer". Les perles d'ambre se contentent d'observer. Il à pris plusieurs fioles, qu'a t-il en tête? Elle à clairement envie de s'amuser en cet instant, lui faire comprendre que d'une il ne l'aura pas, mais aussi qu'elle à mieux, même si au fond tout ceci n'est que duperie. Apres tout, la femme est bien la Reyne de la tromperie non?

- Selon son public, il faut savoir jauger son effet.
- Il ne sagit pas d'un public, mais seulement d'un homme.

"Imaginez ce que vous désirez vil séducteur, mais pour vous aujourd’ hui, la partie est terminée. J'ai gagné!".
_________________
Alphonse_tabouret
Ce qu’Alphonse trouvait admirable chez les femmes, c’était leur orgueil à croire que l’on se mettait en chasse dés lors qu’on leur parlait, que l’homme n’était qu’un éternel prédateur ayant choisi de s’abattre sur elles, leur frêle composition, leur destinée d’objets. Éternelles cupides d’attentions, elles les dédaignaient néanmoins lorsqu’elles se croyaient centre d’intérêt, soudain succubes virginales dont rien n’aurait su faire chanceler la silhouette quand elles en chaloupaient presque elles-mêmes. Tout dans l’attitude de la pucelle était un signe constant d’amusement pour le brun, de cette façon de marquer son visage d’une moue stricte, à sa façon de répondre, du bout des doigts, de la noblesse au petit peuple, de la bonne éducation à la fange, de la femme à l’homme… Mais Aliénor n’était pas encore femme, c’est ce qu’elle semblait oublier, comme toutes les petites filles qui jouent à ce qu’elles ne sont pas, bien loin des plantureuses silhouettes qui mettent l’eau à la bouche, de la finesse d’un poignet que l’on sait passer à porter de lèvres pour susciter l’envie de la peau, ou de l’indécence d’un regard discrètement ombré à la paupière planté le temps d’une œillade dans les prunelles de l’autre…Elle n’avait rien qui ne justifiait un tel froid hautain, à moins, peut-être, d’un mauvais souvenir égaré à ses tempes dégagées par ce strict chignon qui ne faisait que la rajeunir quand elle aurait pu laisser onduler à ses épaules fraiches une crinière faite pour attirer la lumière.
Le premier tort d’Aliénor était son inexpérience, sa vision faussée des hommes, et si elle était persuadée qu’Alphonse tentait de la charmer, elle était à mille lieux de la vérité, ferrée dans ses préjugés, n’ayant en face d’elle qu’un marchand de sourires, un simple domestique au service de l’humeur d’un acheteur, se permettant le flegme quand il aurait fallu baisser le nez au sol.

Tu t’ennuies chez toi, n’est ce pas ?

Le second tort de la ravissante demoiselle était de croire qu’elle pouvait attiser la jalousie d’abord chez un inconnu, ensuite chez Alphonse, fervent défenseur de sa propre liberté au travers de celle des autres, étouffant consciemment chacune des plaintes qu’avait pu pousser son âme, modelé par le métier de son ancien amant. On ne survit pas à l’amour d’un courtisan sans être capable de se survivre à soi et ses propres démons
Il n’y avait pas d’enjeu, juste l’envie féline de divertir une ancienne maitresse lassée de ses journées, de tester sur une jolie peau fraiche et certainement encore vierge, des talents dont il n’avait usé depuis bien longtemps, apprenti parfumeur, esclave à temps plein, et de se distraire, en chat cruel et égoïste, sans la moindre arrière-pensée, avec la couleur des joues d’une demoiselle de bonne famille


Une personne à qui je veux donner l'envie de jouer avec moi.
Il ne s’agit pas d'un public, mais seulement d'un homme.


-Vous me rassurez, un instant j’ai cru qu’il s’agissait d’un chien, la taquina-t-il sans se retourner ignorant la mine qu’elle abordait mais la devinant adorablement hautaine au vu de ses propos, le sourire qu’elle voulait tant lui voir disparaitre se dessinant jusque dans sa voix. Les doigts délicats débouchèrent une fiole quand enfin il lui offrait son profil, penchant la tête vers elle pour lui confier, d’un ton aimable mais pourtant piquant : Vous vous méprenez demoiselle en pensant qu’il ne s’agit que… la voix s’était appuyée, volontaire à marquer l’accent… d’un seul homme. C’est là le public le plus difficile à charmer. Il approcha un fin papier buvard pris sur le comptoir et en laissa perler une première goutte dessus. Voyez-vous, lorsqu’il est en meute, l’homme se pique facilement de fierté, d’orgueil, et aime à pérorer plus fort que ses congénères pour être sûr d’être entendu. Une histoire de virilité parait-il, fit il à la faveur d’un haussement d’épaules évasif, distant, comme si cela lui passait bien au-dessus de la tête quand il en avait ressenti la morsure jusqu’à peu. Un seul homme, reprit-il d’un ton doucement songeur, volontairement doux, c’est un jeu bien plus délicat qu’il vous faudra mener… Il ouvrit une seconde fiole pour laisser cette fois deux gouttes se rajouter à la première. Il vous faudra sentir bon, mais pas que…
Le sourire s’effila, tendrement carnassier, quand il lui jetait un coup d’œil amusé, le poignet battant mollement pour éventer le buvard sur lequel il venait de rajouter une dernière essence. Les fragrances firent tournoyer un instant la délicatesse d’un jasmin lointain, auréolé de la note acidulée d’un fruit doré de soleil, frais comme une brise espiègle, moelleux comme une plume, effaçant presque au nez du comptable l’entêtante saveur qu’il avait perçu au cou de la donzelle et qui s’accrochait avec insistance à ses sens.
Cela dit, cela n'est pas de mon ressort, je me contente quant à moi d’uniquement répondre à votre souhait. Il tendit le bras d’un geste souple, présentant au nez aquilin le buvard parfumé, un air adouci à la lippe. Qu’en pensez-vous demoiselle ? Cela vous semble-t-il correspondre au jeu que vous avez en tête ?
_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)