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[RP] Que le diable l'emporte!

Maltea
Un pli venait d'arriver pour la blonde duchesse , qui une fois n'est pas coutume, avait le sourire aux lèvres... sourire qui s'évanouit rapidement au fil de la lecture.

Citation:
Ste Menehould, 02 juillet 1461



Votre Grâce,

Quelques mots pour vous, à défaut de pouvoir essaimer sur vos lèvres, l’empreinte de mon souffle.
Je quitte Brienne ce soir. 
Il est bien tard pour vous prévenir, trop diront certains au vu de la défense qui s’organise sur les remparts de la ville. N’y voyez nulle coïncidence. Je n’abandonne pas tant la Champagne que je vous abandonne vous… Vous, vos cheveux blonds et votre rire qui chante au creux de l’oreiller.

Détestez moi comme moi je vous déteste, avec la plus grande des contradictions.
Maudissez-moi comme je vous maudis, avec la folie le plus adorable.
Mais ne m’oubliez pas. Pas encore. 

J’emporte de vous ce que je ne peux prendre sans m’en sentir... indigne… Le parfum délicat de votre gorge quand elle gémit , l’éclat gourmand de vos yeux quand ils se posent sur moi, ce rose adorablement frais qui apparait sur vos joues quand je vous souris… Si le Très haut a encore à cœur de me pardonner mes nombreuses dissolutions, qu’il le fasse, car, pour cela, je vous hais autant que je vous adore.

Adieu
Alphonse Tabouret.


S'il y avait bien une chose que jamais on ne lui avait fait, c'était bien de s'enfuir loin de sa couche sans signe avant coureur! Du chagrin? Cela viendrait peut-être un jour, mais à ce moment là, c'était plutôt la rage et la colère qui prenait possession d'elle. Chaque chose en son temps comme on dit si bien....

Une plume, un parchemin vierge, et une réponse, par pure politesse, évidemment!
De ratures en parchemins froissés et jetés à ses pieds, tel son orgueil et sa petite personne piétinés par son bel et ombrageux amant, elle se devait de donner le change.
Elle réussit néanmoins à coucher quelques lignes sur le vélin, des mots durs et froids, un ton se voulant détaché.... mais était ce réellement le cas?



Citation:
Au garde déserteur,

Nous nous posons des questions quant à votre fuite, mais ainsi va la vie.
Ce qui nous inquiète est la défense champenoise, le reste n'ayant que peu d'importance à nos yeux...

Vous détester? Nous en serions bien incapable, après tout, nous ne pouvons détester réellement qu'une personne aimée, ce qui n'est point le cas.
Pour ce qui est de vous maudire, par contre.... vous rendez vous compte du mal que votre départ va causer à la ville de Sainte-Ménehould? Qui plus est, solde vous avez été versée afin de gérer notre défense et voilà que vous partez comme un voleur.... cela nous apprendra à placer notre confiance en des hommes de votre trempe.
Emportez donc ce que bon vous semble, peu nous chaut. Nous espérons juste que votre destination est celle à laquelle nous vous envoyons en ce moment même: au diable!

Bon voyage






A peine le pli scellé que le bougeoir alla s'écraser sur le mur qui lui faisait face, devant les yeux ébahis de la pauvre Margaux, avant que la duchesse ne se rende jusqu'à sa couche et s'y laisse choir de tout son long, tout en maudissant l'amant fuyard.
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Alphonse_tabouret

Les jours avaient filé, paresseusement, et le jeune homme, se laissant juste porter vers l’océan en compagnie de la gitane, avait cru que la rage qui lui avait enflé les veines à Brienne avait fini par s’estomper, au fil de ses pensées, tournées souvent vers ce coin de Champagne et ce qu’il y avait trouvé, d’autres fois vers ces horizons nouveaux qui se démêlaient, fragiles, du fatras de sentiments qui l’avaient envahi. Imbécile, arrogant dès qu’il s’agissait de se retrancher derrière des convictions qui le satisfaisaient, il s’était laissé bercer par cette illusion et avait occulté petit à petit le motif réel de son départ… Jusqu’au courrier qui l’avait trouvé aux portes de la Normandie, foudroyant le flamand d'une lame froide et mauvaise qu'il avait jugulé jusqu'à se retrouver seul le soir.

Attablé au petit bureau, à la lueur d'une bougie vacillante d'une brise diffuse et lourde, le bruit nerveux de la plume chanta dans la petite chambre







Votre Grâce,

Vous osez. Vous osez me mentir parce que je ne suis pas là, parce que, confortablement retranchée derrière votre vélin, je ne peux pas vous voir.
Et vous m’insultez. Vous m’insultez parce que vous me croyez à ce point naïf de me penser aimé de vous, important, ou du moins assez pour vous arracher un lambeau de cœur en m’éloignant… C’est bien encore une fois la distance qui vous permet ça.
Votre cœur n’appartient qu’à vous, je ne vous l’ai jamais réclamé, et ne me le donnez surtout jamais, car le Très Haut sait à quel point je vous avilirais avec un tel pouvoir. Somme toute, ne le donnez jamais. Les hommes sont comme les chats, ils s’amusent jusqu’à la mort de leur proie, sans tristesse d’avoir cassé leur jouet mais juste déçus qu’il n’ait pas duré plus longtemps.

Ne me maudissez pas au nom de Sainte Menehould , mais maudissez moi parce que l’obscurité d’un escalier marque votre gorge de la fièvre de notre premier baiser, maudissez moi parce que le parfum du Chèvrefeuille mord inlassablement l’âme du souvenir de notre première extase partagée contre ce mur de pierres froides, maudissez moi parce le chant vif d’un oiseau matinal qui répondait à nos respirations désordonnées vous rappelle désormais mon poids à votre dos et mes mains au creux de vos cuisses, maudissez moi parce que l’exquise et brève sensation du ventre rassasié vous a redonné vie au creux de bras impies…
Maudissez-moi, "pour de vrai".
Comme moi je vous maudis.

J’emporte, j’ai emporté, trop, alors que je pensais prendre peu. Je vous renverrai tout un jour ou l’autre, quand je serai sûr de ne pas y joindre ce que je ne saurais gérer.

Que le Très Haut vous garde quand le Diable m’emporte
Alphonse Tabouret



Quelques instants plus tard, la porte claquait, emportant les pas vifs du jeune homme en quête d'un ailleurs, d'un moment où la petite déesse à cheval ne viendrait pas broyer de ses sabots, son orgueil chancelant.
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Maltea
Inexorablement, la vie avait suivi son cours. De nouveau au conseil du duché, la blonde duchesse s'enlisait dans les méandres de ses sentiments, mélange de colère, d'ennui, de frustration, du manque que son départ provoquait, de chaleur au creux de ses reins à la simple évocation de cette fameuse nuit. Elle avait accepté d'y être pour oublier, pour l'oublier, mais aucun miracle n'était encore arrivé, que du contraire. Ses pensées étaient toutes tournées vers lui. Pas assez concentrée, son travail s'en ressentait, sans parler de cette lassitude s'étant emparée d'elle.... sa santé n'était guère florissante, souci digestif, fatigue accrue, humeur maussade.... une période faite de haut et de bas.... enfin bien plus souvent de bas mais bon....
Alors qu'elle était plongée dans ses recherches héraldiques, une missive lui fut apportée. Petit regard à celle-ci.... aucun scel, mauvais signe.... cela signifiait soit que c'était un ménehildien qui lui écrivait pour de nouveau lui procurer de quoi vivre, soit la missive était de lui....

C'est partagée entre son envie que ce soit lui et celle de ne plus jamais avoir de nouvelle, signifiant ainsi que sa malédiction avait porté ses fruits et qu'il rôtissait dans les flammes de l'enfer, que la blonde Garce, les doigts tremblants, entreprit de dérouler le vélin.

Les premières lignes la firent bondir mais elle continua néanmoins sa lecture. Que répondre à ça? Comment le toucher de plein fouet? Rageusement, elle chiffonna la missive avant de sortir en claquant la porte. Elle ne fut néanmoins pas longue à revenir, poussée par un besoin morbide de la relire encore et encore.
Ce n'est que quelques jours plus tard qu'elle prit enfin la plume....


Citation:
A l'âme damnée,

j'ose tout, et cela n'est guère nouveau, ceci dit, me taxer de menteuse, c'est un peu fort, je sais encore ce qui se passe en ma tête. Qui êtes vous pour penser me connaitre autant que moi je me connais? Le fait d'avoir échangé un baiser insignifiant? Le fait d'avoir partagé une seule nuit? Allons donc, vous n'êtes qu'un amant parmi tant d'autre... utilisé, et aussi vite oublié.
Les hommes sont des chats..... et bien entendu la femme n'est que pauvre proie sans défense.... c'était surement vrai avant, mais c'est sans compter sur ma petite personne.

Jamais je ne vous maudirais pour les causes que vous invoquez. Un amant est remplaçable, surtout lorsqu'il s'agit de moi. Certes toutes les femmes en ce royaume n'ont pas la chance d'être bien faites et d'être exceptionnelles, ce qui n'est pas mon cas, j'ai de quoi casser la croute, vous ou un autre, cela m'importe peu.

D'ailleurs, peut-être êtes vous déjà remplacé... peut-être n'étiez vous point le seul à avoir le privilège de la douceur et de l'hospitalité de mon ventre...

Mais maudissez moi différemment de moi, ça me procure une joie indicible, car cela signifie que contrairement à moi, j'ai eu un impact sur le cours de votre vie. Cela prouve que la pauvre proie que vous pensiez que j'étais, ce jouet soit disant cassé, n'est pas celui que vous croyiez être, non ce jouet, c'était tout simplement vous. Il vous faut vous en faire une raison.... les hommes sont nés pour ça, servir la femme, être utilisés et puis jetés, même si peu de personne en sont conscientes, c'est ainsi que tourne le monde et point autrement.

En ce qui me concerne, j'emporte ma jolie personne vers les appartements de mon médicastre, ma santé n'étant guère au mieux depuis quelques temps, il est grand temps qu'il mette le doigt sur ce qui pèche. Même si j'avoue avoir une petite idée de ce qui se cache derrière mes maux et là j'aurais une raison de maudire c'est certain...

Salutation au sans nom qui vous tient en sa main ainsi qu'à ses catins que vous tentez de satisfaire!

Sa Garce






C'est le coeur en berne et l'estomac au bord des lèvres qu'elle quitta son secrétaire pour se rendre chez le médicastre. Elle se doutait de ce qu'il lui annoncerait.... après tout, elle avait déjà été mère, et même si elle ne voulait se l'avouer, elle ne pouvait plus se voiler la face très longtemps. Elle avait eu l'intelligence suprême de se faire engrosser. Oh cela ne poserait pas tant de problème en temps normal -enfin tout est relatif, la blonde duchesse n'étant pas la plus maternelle du royaume voir du monde- , mais là.... qui de son époux ou de son amant d'une nuit tumultueuse était le géniteur?
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Alphonse_tabouret
La lettre de la duchesse l’avait plongé dans le bain tempêtant des pensées qui déchiraient ses tempes dès lors que le visage blond de l’italienne avait affleuré les rives de sa conscience... Mais si la colère d’un tel courrier lui tordait le ventre, le simple fait que la petite déesse à cheval ait écrit, était déjà une victoire qui le bouleversait d'un contentement imbécile, d'une joie primaire, d'une nausée fraiche.

Chaque mot l’avait empoigné dans le venin de ses arabesques et étrangement, avait assouvi l’animal encore difforme, tapi dans ses entrailles, né d’un regard tendre de Maltea.
Le souvenir des yeux clairs lui fit crisper la mâchoire et son ventre se contracta d'une humeur trop partagée pour qu'il ne la noie pas dans le fond du verre à portée de sa main Le gout du vin se diffusant à sa bouche, un sourire sombre s’avança jusqu’à ses lèvres et la plume vint remplir le parchemin d’une écriture soignée, presque trop pour avoir été tracée sous le joug d’une quelconque émotion, et le jeune homme, fort de la carapace forgée par ses années de servilité, s’appliqua à ce qu’aucune lettre ne s’emporte de trop et que chaque point soit d’une rondeur pondérée, mesurée, exaspérante.
Il rendrait au centuple, cette colère qui avait germé dans sa tête, cette blessure d'égo où le sourire de la blonde l'avait cloué sur place avec une telle netteté qu'il avait alors vu le gouffre immense les séparant quand les liens jetés au travers d'une nuit avaient eu le gout si délicieux de la communion.

Loin de Brienne, loin d’elle, au chaud d’une terre nouvelle où rien d’elle n’existait, le chat reprenait du poil de la bête…






Votre Grâce


Menteuse, oui. C’est exactement cela , vous êtes une menteuse, dans toute sa splendeur.
Menteuse d’user du mot « insignifiant ».

Croyez-vous vraiment que j’ai passé ces mois auprès de vous à ne penser qu’au moment où je vous mènerai à ma couche ?...
Si c’est le cas vous êtes une menteuse et une sotte…
Des jours et des semaines à regarder ce qui allumait dans votre regard le feu de la joie, ce qui plissait votre nez d’un accent de contentement, ce qui vous faisait sourire, ce qui vous faisait vivre… Et je peux vous citer chacun d’eux sans même hésiter :
Marcher les pieds nus alors que vous aimez tant le luxe des chaussures.
Le parfum des fruits frais quand on vous propose tant de pâtisseries raffinées lors de ces réunions sans fin auxquelles vous vous pliez.
L’odeur du foin quand vous approchez des écuries en sachant que dans quelques minutes tout sera jeté dans le vent qui fouettera vos cheveux.
L’audace d’une bêtise glissée à votre oreille quand tout vous force à garder votre sérieux
Oser me contredire.

Je me moque de n’avoir été qu’un parmi les autres ou d’avoir été remplacé, je me moque bien que vous vous retranchiez derrière ces imbécilités, quand bien même n’aurais-je pas constaté en vous suivant depuis si longtemps que bien des soirs votre couche est restée vide de votre mari ou d’un de ces amants que les commères vous prêtent.
Peu m’importe que vous en gargarisiez, que vous le clamiez haut et fort, que vous enterriez mon nom au côté de ceux qui sont passés.
J’ai été.
Vous me connaissez bien peu pour croire que je suis de ceux qui s’offusquent qu’une femme se partage, car la seule chose qui m’importe, c’est que dans mes bras elle soit une et entière. Ce que vous avez été, ne vous déplaise, une nuit pleine , à moi, rien qu’à moi.

Vous êtes vexée, Maltea. C’en serait presqu’amusant de trouver tant de pudeur chez celle qui, il y a quelques semaines encore réclamait la brulure et la morsure à corps perdu si vous ne la jetiez pas comme une injure au visage. Vous étiez si belle à cet instant ci, vous et juste vous, pas l’orgueilleuse poupée qui s’emploie à la négation la plus vaniteuse dans le courrier qu’elle m’adresse.

Soignez-vous. Je ne voudrais pas qu’excitant le hasard, le Très Haut vous emporte avant que le Sans Nom et les catins qui peuplent mes nuits ne s’occupent de mon cas.

Un parmi les autres
Alphonse Taboure
t

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Maltea
Des jours qu'elle avait reçu la missive d'Alphonse, des jours qu'elle était en rage, vexée par la vérité suintante de chaque lettres formées par cette main même qui avait réveillé en elle ses bas instincts, cette main qu'elle avait grand besoin de tenir en la sienne au vu des derniers événements... et ce, même si elle s'en défendait... oui, elle était au désespoir... celui de ne plus le croiser au détour d'un couloir, de sentir son regard noir la caresser, de sentir son souffle sur sa nuque. Elle devait bien avouer que ce départ et cette absence avait révélé bien des choses, comme le fait d'avoir des sentiments pour cet homme, chose qu'elle ne pouvait se permettre et pourtant, force était de constater que sa longue expérience en la matière ne lui avait été d'aucune utilité, son coeur avait été réchauffé et réveillé par Alphonse...
Cependant, aujourd'hui, d'autres sentiments s'emmêlaient à ce sentiment d'amour naissant.... la honte, la colère, la culpabilité mais surtout la peur....
Elle avait bien tenté de répondre mais sans succès, mais elle devait s'y résoudre... après tout, il était en droit de savoir.... elle rendait les armes, de toute façon, elle n'était plus en état de lutter contre quoique ce soit. Elle ferait court, pas la peine de s'étaler sur l'erreur de sa vie... et puis il sauterait sur l'occasion pour disparaître à jamais, comme tous les hommes....



Citation:
Au sieur Alphonse Tabouret,

Vous avez raison, je ne suis qu'une sotte, sotte d'avoir cru que cette liaison éphémère ne prêterait à conséquence. Sotte d'avoir cru que vous resteriez à mon service.
Suis je une menteuse? Peut-être bien après tout, cependant vous vous trompez, mon époux a bien fréquenté ma couche, certes une seule et unique nuit à quelques jours d'intervalles de la votre, mais tout de même....
De toute façon, je ne compte plus vous contredire, je n'en ai plus la force. Je n'ai plus qu'une envie, disparaitre de ce monde et je prie chaque jour que le très haut fait, pour que ce dernier m'emporte!

Et si je vous maudits aujourd'hui encore, je me maudits tout autant, ainsi que mon époux....
Le mal me rongeant n'est point soignable et il est de votre fait ou de celui de mon époux. J'en serais débarrassée dans quelques mois après avoir expié mes fautes dans la souffrance.

Dieu que je vous hais tous deux pour cela, ne sachant point qui est le fautif et j'espère de tout coeur que ce soit mon époux. Je n'avais jamais culpabilisé, c'est aujourd'hui chose faite.... moi qui ne pensais jamais faire l'expérience de ce sentiment, je le vis pleinement chaque jour qui passe, il me ronge, me rend aussi inoffensive qu'un vermisseau, je ne suis plus que l'ombre de moi même....

Alors oui, que le diable m'emporte autant qu'il ne vous emporte, en espérant qu'il me délivrera le jour où je donnerai vie à l'enfant que je porte en mon sein. Je ne veux ou plutôt, je ne supporterais pas de continuer à vivre en ayant devant les yeux la progéniture de cet amant qui m'a fuit, preuve de tous mes serments bafoués pour un moment de passion qui au final me plonge dans les méandres de la noirceur!

Continuez donc à vous oublier dans les bras potelés de vos catins, vous ne savez faire que ça de toute façon, au moins ces femmes, vous ne les fuyez pas, que du contraire!

L'ombre d'un souvenir déjà oublié






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Alphonse_tabouret
Lui pourtant si distant, si prompt à ne laisser sur son visage que l’expression la plus courtoise, dénuée de toute moue susceptible de laisser suggérer la véritable nature de ses émotions, se retrouvait toujours à lutter avec cette rage sourde dès lors qu’il s’agissait de Maltea. Un simple coup d’œil sur le courrier lui avait signalé d’où il venait et il s’était interdit avec une force brutale, d’ouvrir l’un de ses plis devant qui que ce soit, attendant la faveur de sa chambre, sachant déjà que cette blonde-là était la seule à jeter le sel et le sucre sur ses plaies avec tellement d’emphase qu’il était incapable de se retrancher derrière ses habitudes. Il ne s’expliquait pas cette douleur vive à chaque courrier, que créait la résonance avide de son âme au moindre mot qu’elle lui adressait et qui se nourrissait de cette colère bouillonnante qu’elle savait lui envoyer au visage avec tant de facilité.
Il s’empêchait d’en faire ressortir la moindre aspérité dans ses courriers, ayant compris depuis longtemps que Maltea n’attendait que ça pour gouter à la victoire, et cette fois -ci n’échapperait pas aux autres, était-il convaincu… à tort.
La lettre fut lue dans un silence opaque, où très rapidement plus rien ne perça d’autre que la voix de la blonde dont il connaissait si bien les différentes mélopées, pour enivrer toute entière, la moindre parcelle entre ses tempes.
Grosse.
Maltea était grosse.
La nouvelle le liquéfia d’une onde tumultueuse jusqu’à ne laisser qu’une carcasse de lui, penché au-dessus de cette lettre, mêlant avec une folie furieuse le feu et la glace de cet espoir idiot et insensé que cet enfant soit à lui, à eux… « A eux »… ces simples mots là lui firent l’effet d’une douche froide terrible, ramenant à ses os le pauvre pantin qu’il avait toujours été, l’insignifiant de passage, un parmi tant d’autres… Une colère aussi vive que noire s’empara de lui et dans un cri de rage incontrôlée, donna un coup de pied dans le bureau qui lui faisait face, l’envoyant valser contre le mur, faisant tomber dans un fatras de sons différents les effets qui étaient dessus. La mort d’un autre déjà avait failli le noyer et c’était maintenant la vie qui se permettait de le narguer…

Les heures avaient filé, cotonneuses malgré le soleil écrasant, laissant le flamand dans une mélancolie nouvelle, à la fois douce et désagréable dans laquelle il n’arrivait plus à démêler le fantasme bruyant de la réalité amère , une envie sourde grognant en lui et quand il avait enfin réussi à s’attabler pour écrire, il l’avait fait d’une traite, sans même se relire, à la fois horrifié et convaincu de ses propos. Elle lui rirait au nez et alors il saurait que tout ça n’était qu’un de ces rêves d’enfant qu’il ne s’était jamais permis, pour la bonne et simple raison que les rêves ont toujours une fin.








Votre Grâce,


Pardonnez-moi.
Pardonnez-moi d’avoir jeté le trouble sur votre front, d’avoir écorné votre sommeil, d’agiter votre âme d’une aussi odieuse torture, mais rassurez-vous… Combien de chances que vous soyez grosse de moi quand votre époux vous honore depuis plusieurs années ? Combien de chance, votre Grace, pour que mon insignifiant passage dans votre vie ne vous marque à ce point ? Pensez-vous le destin si facétieux, si cruel dans ses jeux, de nous enchainer de la sorte quand vous ne prêtez aucun intérêt à ce que je suis, que vous me méprisez et que moi je vous fuis, vous, votre ombre et votre courroux jusqu’à l’autre bout du royaume?
Et s’il l’était…
S’il l’était … S’il l’était, il serait beau forcément puisque venant de vous et de moi… S’il l’était, Maltea, il aurait votre joli nez n’est-ce pas, et la profondeur claire de vos yeux… les miens sont trop noirs pour aller à un enfant… De moi, je ne suis pas sûr qu’il me faille lui souhaiter quoique ce soit, je pense que vous ne me contredirez pas… Il est des fautes qui lorsqu’elles sont commises sont plus acceptables si elles restent discrètes…
Vous voyez Votre Grâce, je divague, j’oublie l’essentiel… j’oublie que cet enfant à venir n’est pas le mien… J’oublie que vous vous souhaiteriez morte en couches quand moi je vous imagine si radieuse en le tenant dans vos bras… Il faut croire que même dans les pires douleurs, je reste individualiste jusqu’à la dernière miette de mon attention. Et j’ose, pour parfaire cette panoplie qui me si bien, vous demander une faveur… celle de vous voir, tous les deux lorsqu’elle vous serez délivrée. Un instant, une minute juste, mais je veux être sûr que l’entière faute revient à votre respecté époux, qu’il ne subsiste rien d’autre entre nous que les liens que nous aurons su nouer et que nous avons tant de mal à rompre, fébriles, malgré la distance, la rage et le dépit.

Le Diable ne vous emportera pas Votre Grâce, vous savez bien que de nous deux c’est moi seul qui requiert toutes son attention et ce, depuis ce jour où j’ai claqué la porte de Brienne en ne vous laissant que quelques mots jetés sur un parchemin. Il vous laissera certainement vivre et peut être même vous enorgueillir de ne pas me trouver dans les traits de votre progéniture… Et il me laissera vivre aussi, le temps que je découvre que vous n’avez aucune raison de me regretter plus encore. Je serai puni, tôt ou tard, n’ayez aucun doute là-dessus.

Vous m’avez connu déraisonnable, voyez comme je suis sage désormais. Délectez-vous, je vous rejoins à genoux. Je prie pour la douceur de votre grossesse, je prie pour que le Très haut vous épargne lorsqu’il vous faudra maudire plus fort encore votre époux ou moi-même, et je prie avec la même ferveur que j’ai prié votre corps d’étourdir le mien, que vous découvriez dans le creux du bras dodu de votre nouveau-né, cette virgule brune qui m’ornemente moi, et pas votre mari…
Ne soyez pas surprise, je n’ai jamais nié être un éternel égoïste…

Je me doute bien que l’écrin de votre fortune vous met à l’abri de grands nombres de besoins, mais nous savons tous les deux que cela ne vous a jamais nourrie quand vous sortez repue d’un sourire qui n’existe que pour vous. Si d’aventure, il vous fallait quoique ce soit, faites me le savoir.

Saluez votre époux de ma part. Mes catins quant à elles, vous embrassent,
La brulure d’un possible,

Alphonse Tabouret

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Maltea
Les jours se suivaient et malheureusement se ressemblaient. Les attaques continuaient jour après jour, aucun répit pour les champenois agglutinés en défense et tout ça pour quoi? Pour rien! Ils étaient bien trop peu nombreux face aux hordes de brigands qui avaient pris la Champagne pour terrain de jeu. Comble de malchance, son époux avait été frappé d'un mal qui peinait à le quitter et au final, elle avait reçu en cadeau empoisonné, la gestion de la Champagne, le temps qu'il se remette.
Le côté positif était que ses pensées devaient se focaliser sur la Champagne et non sur cet amant déserteur. Et puis vu sa dernière missive, elle se doutait bien que plus jamais elle n'aurait de lui, ne serait ce qu'un infime signe de vie.... allez donc dire à un homme qui vous a quitté sans aucun signe avant coureur, que peut-être, il était le géniteur d'un marmot puisant ses forces en votre sein.....
Alors qu'elle était de faction à la salle du conseil, attendant que les conseillers se rappliquent afin de mettre au point une nouvelle stratégie, un page lui apporta une missive. Surement un pli du Castelviray qui la gonflait avec les défenses...

Décachetant la missive, les premières lignes d'une écriture qu'elle aurait reconnue entre mille firent cogner son coeur en sa poitrine plus rapidement qu'il n'aurait du.... ses dents mordillèrent la pulpe fragile de ses lèvres. Comment était ce possible? Elle qui pensait ne plus jamais avoir l'occasion de lire un de ses lettres.... voilà qu'elle commençait à se tromper maintenant....
Se focalisant sur les mots, son estomac se noua... avait elle bien compris le sens de la lettre? Se pourrait il qu'il espère que l'enfant soit de lui? Elle commençait à s'adoucir quand les salutations la frappèrent au visage. Mes catins quant à elles, vous embrassent! Ultime affront qu'il pouvait lui faire, elle l'imaginait rédigeant la missive sur les fesses blanches d'un de ces catins de bas étage et son sang ne fit qu'un tour, en oubliant tout ce qui avait pu être écrit avant.
Elle ne répondrait plus, il avait gagné!

Les jours continuaient à s'égrener depuis la réception de la missive, et la duchesse n'avait pas failli, mais pourtant, ses pensées n'allaient qu'en direction de cet homme. Elle se sentait comme vidée. Le trône champenois était passé de main et elle ne pouvait s'empêcher de songer à lui écrire, ce qu'elle finit par faire.


Citation:
A vous, sieur Alphonse Tabouret,

Nul besoin de pardon car vous avez raison, aucune chance que cet enfant soit le votre, plus le temps passe plus je me dis que cela est impossible. Ce n'est guère une nuit qui fait que...
Mais vous osez me demander une faveur, alors que vous m'avez abandonnée en sachant que votre charge était de me protéger?
De toute façon cet enfant ne sera point de vous, épargnez vous donc un long et fastidieux voyage pour l'héritier d'un autre homme. A quand bien même serait-il de vous, qu'est ce que cela changerait après tout? Vous avez tout quitté dans le silence d'une aurore, ne me dites point qu'une petite chose sans âme et sans vie propre vous intéresse, vous l'homme sans attache!

Vous parlez d'un lien difficile à rompre, que de balivernes! Vous l'avez prouvé par votre départ sans un seul regard en arrière. Alors oui, peut-être que pour moi, il existe, même s'il semble s'affaiblir avec le temps mais pour vous.... cessez donc de me prendre pour une de ces femmes naïves à qui vous promettez la lune en vos belles paroles. Celles-ci glissent sur mon coeur comme il fut un temps vos baisers sur mes lèvres, pures caresses éphémères.

Non vous aurez beau prier pour cette virgule, je doute grandement qu'Aristote n'exhausse votre souhait car vos choix ont fait que, par ceux-ci nos chemins se sont séparés à jamais et le très haut serait alors bien mesquin de répondre à votre demande au détriment de la mienne qui est d'oublier cet acte de folie ayant mis un coup de couteau dans le dos de mon époux. Certes, je sais que je serais punie pour cela, mais il ne peut punir mon innocent époux dans cet histoire.
Le temps me le dira de toute façon et je vous promets de vous annoncer la naissance du fils du duc de Joigny et si vous y tenez tant que ça, je vous ferais parvenir un joli portrait de ce bambin afin de faire taire vos doutes à jamais.

Ne m'en veuillez point si vous salutations n'ont été remises à mon époux, mais j'ai bien pris note des embrassades de vos catins, vous pensez bien... une des rares choses retenue de votre missive.
D'ailleurs je vais en rester là afin de ne point empiéter sur le temps que vous leur consacrez, je m'en excuse d'ailleurs auprès d'elles. Voyez comme le temps joue son oeuvre....

En attendant que vous rôtissiez dans les flemmes dans l'enfer.... seule brûlure d'un possible vous concernant, portez vous bien mon brave!






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