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[RP Mai Ouvert] On s’est connus, on s’est reconnus… (*)

Alphonse_tabouret
(*Le tourbillon de la vie, Rezvani)


Passant une main lasse dans ses cheveux, il avait pris le temps d’observer son reflet quelques instants avant de secouer la tête, espérant que celui lui remettrait les idées en place. Ce soir était certainement le plus difficile de tous, puisqu’il allait falloir montrer patte blanche, rire à gorge déployée en gardant la tête froide, subir toutes les futilités les plus frivoles pour satisfaire une clientèle en quête de bon temps là où le bon temps était devenu une chose si improbable qu’il était convaincu que tout l’argent du monde n’aurait de toute façon pas suffit à le lui offrir. Le deuil l’avait marqué, scarifié en dedans, mais il n’en portait aucune trace externe si ce ‘était ces cernes diffuses apparues récemment avec ses insomnies, parce que dormir était devenu une torture. Qui aurait cru que lui, l’infatigable solitaire dont les nuits n’étaient réservées qu’à sa propre personne, rejetant quiconque aurait voulu s’y lover à l’exception du Lion, redoutait désormais les draps froids, incapable cependant d’y laisser rentrer qui que ce soit pour s’y réchauffer
Amer, il laissa un sourire lui répondre avant de finir de se vêtir et de sortir de sa chambre pour se diriger vers le Salon, saluant d’un sourire ou d’un baiser , catins et courtisan croisés sur sa route, mettant en place leurs dernières plumes, leurs dernières mèches, rangeant pour un temps tout ce qu’ils étaient pour s’offrir de bonne grâce à une clientèle exigeante.

Ce qui le frappa en premier en entrant dans la pièce où tout avait été mis en ordre pour la soirée, fut la silhouette brune au bar, faisant vaciller une fraction de seconde une réalité sordide au profit de souvenirs soyeux enfouis depuis bien longtemps, et il ne fallut pas plus au fantomatique chat lové en lui pour s’agiter brièvement, sachant pertinemment qui il avait sous le nez.
Quel âge avaient-ils la dernière fois qu’ils s’étaient vus ? Quelle bêtise les avait faites rire, enchevêtrés dans une couverture ? Quel soupir avait-il poussé une fois apaisé sous les baisers de cette bouche déjà exquise ?
Immédiatement, comme conquis par des réflexes tout personnels, la démarche silencieuse, le flamand s’approcha de cet hôte surgi d’un passé où tout était encore si facile, où seul son père était fautif de tout, et s’accoudant à côté du jeune homme, demanda, d’un ton amusé en faisant signe à Camille, leur barman, de lui donner la bouteille qu’il avait fait mettre de côté.


-Lorenz Von Frayner ? Ses onyx dévisagèrent Thomas, brillant d’une étincelle que rien n’avait altéré, ni le temps, ni cette fuite soudaine, ni ce silence long de sept ans. Sire, vous ressemblez à s’y méprendre à un énigmatique fuyard qui ne m’a laissé que quelques mots en guise d’adieux… le sourire s’étira, taquin, sincère et les courtisans assistant à la scène purent avoir l’impression de retrouver le client qu’ils avaient si souvent eu l’habitude de voir errer dans ces murs au bras de l’anglais. Il était des choses qui vous extirpaient de tout, même du plus épouvantable, sans que vous y soyez préparé, et il serait bien temps de s’en vouloir plus tard, de se détester d’avoir oublié l’anglais, parce que pour l’heure, il y avait un parfum d’adolescence à ce comptoir qui le rendait, sans bien comprendre pourquoi, de bonne humeur.
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Thomas_sauveur
Le salon, voilà la pièce ou ce trouvait le ténébreux à présent et l'homme observa les lieux avec un certain calme, entre amusement et critiques. Il décida de ce rendre au bar l'unique endroit ou Thomas n'avait guère l'impression de dénoter avec tout ce qui l'entoure, accouder il observait la salle n'ayant guère pour habitude de tourner le dos aux inconnus de surcroît. Et soudainement, il senti sa présence comme-ci sept années n'avait rien changée c'était étrange et à la fois cela ne l'étonna guère, le Talleyrand passa en revu quelques visages et fini par tomber sur le sien. Nul mot, nul expression autre qu'un fin sourire et il suivit son approche ses azurs glissant sur cette silhouette qu'il avait enlacé, sur ce corps qu'il dont il avait savourer chacun des détails. Avait-il changé, non pas terriblement, quelques cernes sans doute dût aux nuits trop agités. Thomas ce retourna pour faire face au barman comme-ci tout cela n'était qu'un jeu de chat et de souris, la vie entière n'était-elle qu'un jeu dans le fond. Lorsqu'il senti l'homme accoudé à ses côtés, il eut l'envie saugrenue d’effleurer son bras, de s'assurer que son ex-amant était toujours de chair et de sang. Mais point de tel geste, simplement l'esgourde attentive à sa voix alors qu'un frisson le parcourt.

Le barman fut envoyé à la recherche d'une bouteille et lui entendit de ses lèvres tant embrassé sortir le nom du blond prince, un rire léger ne franchissant pas le seuil de ses lèvres, stopper dans sa gorge laissant bouger la pomme d’Adam. A présent qu'ils étaient ensemble, l'idée de mentir pour le revoir fut saugrenue et inutile, nul trace dans sa voix de remontrance ou de colère. Il savait et rien n'avait changé, étrangement cela retira un énorme poids des épaules du Talleyrand qui s'autorisa cette fois à lui offrir un sourire franche et convivial. Peu avait le droit à sa confiance total, peu avait le loisir de le voir réellement heureux et jovial, Alphonse pouvait pourtant s'en venter sur tout les toits de Paris. Il chercha que dire ne trouvant rien, que disait-ont après un si long silence, les azurs caressant sa peau, Thomas resta muet observateur du moindre indice. Il semblait différent que l'homme aperçu au fond de la pièce, mais pas moyen de trouver pourquoi. Cela était-il important ? Nullement pour l'instant du moins.


Vous vous méprenez. Le Talleyrand tendit cette fois-ci les doigts pour effleurer le tissu de la manche de son complice. Le principe d'un adieu étant de ne point revenir, cela ne devrait être qu'un au revoir maladroit. Les doigts ce refermèrent sur le tissu, souhaitant qu'il ne le repousse pas et accepte un peu sa présence.Sauriez-vous lui pardonner de n'avoir été qu'un piètre soutiens pendant sept années ? Les événements ... n'ont point été de son côté. Le fin accent anglais de Thomas avait quelques choses de plus, une pointe de crainte, une petite touche de supplication. Sept ans outre-manche dans un Royaume qui n'était guère de sien, contre son propre désir de tout abandonner. Pourras-t-il retrouver son ami sans trop de reproches, il s'accrochait à ce rêve, comme au tissu de la chemise d'Alphonse.
Alphonse_tabouret
C’était d’étranges retrouvailles, des retrouvailles d’enfants qui ont grandi, des retrouvailles d’hommes, toutes en pudeur malgré les souvenirs fiévreux qui émergeaient les uns après les autres, propulsant l’année de ses seize ans jusqu’à la pulpe de ses doigts, la picotant doucement… des retrouvailles d'amants éloignés par la vie, donnés à d’autres et qui se rencontraient de nouveau.
Thomas n’avait pas changé, ou si peu… calme, baigné de cette aura tranquille de ceux qui ne sont pas que bien nés mais qui sont aussi bien faits… les traits délicats de l’adolescent étaient toujours présents, mais sertis désormais d’allures plus viriles, et ses yeux qui le redécouvraient lui aussi, plus vieux, bien plus qu’il ne pouvait le devinait en le trouvant à ce moment-là de sa vie, avait toujours cette flamme qui lui avait tant plus et dont il avait avidement cherché l’étincelle dans chacune de leurs étreintes.


Vous vous méprenez.
La pointe d’accent anglais lui vrilla un instant les tympans tandis que les doigts du Talleyrand rencontraient craintivement le tissu de sa chemise, frôlant sa peau engourdie dessous qui le brula divinement une seconde, amenant à ses tempes les souvenirs liés à ces gestes simples dont ils s'étaient nourris une année entière. La peau de Thomas, le souffle de Thomas, les mains de Thomas… Le principe d'un adieu étant de ne point revenir, cela ne devrait être qu'un au revoir maladroit.

Un sourire amusé et terriblement sincère lui répondit, Alphonse se rendant compte, presque ému, à quel point le Lorrain lui avait manqué. Il était amusant de constater parfois que l’on ignorait que les gens comptaient. Etait-ce ces rencontres fraiches depuis qu’il avait fui la maison paternelle qui lui avaient ouvert l’âme et préparé à ça, ou la mort de Quentin qui le propulsant dans un univers où il n’existait plus, le forçait à voir ces autres si longtemps délaissés ?

Sauriez-vous lui pardonner de n'avoir été qu'un piètre soutien pendant sept années ? Les événements ... n'ont point été de son côté.

-Mon cher ami…
les mots glissèrent d’une voix basse qui sans être chuchotés, avaient les accents de la complicité, le long d’un sourire doux, empreint de souvenirs qui exhalaient le gout doré d’un ilot éthéré appartenant à un jadis commun… je vous pardonne tout puisque vous m’avez retrouvé… C’était vrai. Je crains que ce ne soit à vous de me pardonner ma familiarité, glissa-t-il lui faisant face, délaissant la chaleur de cette main tout juste égarée pour prendre le Talleyrand dans ses bras et d’une accolade qu’il suspendit une seconde de plus que la bienséance ne l’exigeait, gage intime d’amis autant que d’anciens amants, respira ce parfum si longtemps enfoui sous celui des autres, y retrouvant avec un plaisir l’odeur du soleil dans les draps épars d’une matinée d’été. Sept ans… sept longues années, Thomas… Où donc étiez-vous fourré ?, lui glissa-t-il à l’oreille tandis qu’il reprenait ses distances dans un sourire, se saisissant de la bouteille et des verres que Camille avait disposé sur le comptoir, silencieux et craintif mulot de l’Aphrodite. Venez, invita-t-il Thomas en lui désignant une causeuse où une petite table pourrait accueillir les verres et les boissons. Vous avez beaucoup à me raconter… je suis beau joueur, je vous laisse choisir par quoi commencer… conclut-il d’un sourire malicieux.

A lui seul Thomas venait de replonger Alphonse dans un monde où le beau existait encore au hasard des chemins de la vie, et le flamand, étrangement conscient, se refusait de penser à ce qui le submergerait quand son hôte quitterait l’Aphrodite, le laissant à nouveau dans ces murs qui, malgré leur rénovation, n’en étaient pas moins le perpétuel vestige de sa souffrance.

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Thomas_sauveur
Lui qui avait eu peur de ces retrouvailles était à présent totalement détendu, le sourire présent sur les lèvres de son ami ne pouvait pas être un signe annonciateur de futur colère. Ou comment prendre les années perdues et les envoyer ce coucher dans le plus lointain des placards, un simple sentiments de bien être comme-ci cela n'était que hier que ses lèvres avait quitté les siennes. Il fut pardonné sans même avoir à supplier ou fournir d'explications pour mettre le jury de son coté, cependant à peine eut-il le temps d’analyser la phrase que déjà, il fut enlacé. Dans un premier temps surpris et ses sourcils ce haussèrent intrigué d'une telle familiarité si soudainement de retour entre eux. Tout cela ne fut que de courte durée, tantôt il fondis comme un adolescent devant la plus belle chose au sein du royaume, ses mains glissèrent dans le dos de l'homme, alors que son nez amoureux des odeurs ce retrouva sur la peau de son cou à la naissance de ses cheveux à en humer le parfum et la virilité. Les azurs ce fermèrent alors que sa joue caresse les traits de sa mâchoire, amis-amants cela n'avait guère d'importance ils étaient avant tout le passé de l'autre et ce fut dans ses sentiments là que Thomas ce retrouva replonger. Les nuits de terreurs ou la chaleur d'un corps contre le sien l'apaise, les moments de doute ou d'un coup d’œil il entrevois un soutiens précieux. Il ne pouvait guère oublier ceci et même si l'eau sous les ponts avaient coulées, il y a des choses qui reste pour toute une vie. Ouvrant à nouveau les yeux, il laissa Alphonse reculer et couper cette proximité troublante, mais pas déplaisante.

Ou était-il fourré, la question était légitime et le Talleyrand ne pouvait y couper. Fort heureusement il n'eut pas à répondre au comptoir et suivit son ami d'un pas tranquille dans le salon qui était de bonne proportion. une causeuse, une petite table , des verres et la bouteille, tout était là afin de combler le passé, de souvenir parfois trop présent. Il ce laisse tomber, passe une main dans ses cheveux, les tirants en arrière et observe du coin de l’œil, le vieil ami. Il savait qu'il pouvait lui faire confiance et tout dévoiler, mais trop en dire n'était pas dans ses projets. Aussi, il glissa ses azurs dans les prunelles de son ami et après un soupir commença le récit des années.


Nous avons pris la mer, pour Chard, navigué vers Hastings parcourt les plaines de Devon et vécu quelques temps à Bristol. Les bordels de Kendal et Egremont n'ont eu aucuns secrets et leurs gourgandines ont subit milles supplices sous notre langues et nos assauts. Nous sommes resté auprès d'un homme aigris et à demi-fou, nous proposant un emploi et la possibilité de devenir un très bon indentant.

Il détourna le regard, posant ses azurs sur la table, a se souvenir il fut plus mélancolique qu'heureux en réalité. Oh bien sur il avait adoré quitter le Royaume et sa famille, mais point ses amis. Oh il était heureux d'avoir été marin sur la manche et appréciait apprendre l'anglais et les nœuds fort pratique même dans un lit avec une belle femme. Il fut surpris de découvrir un autre monde et une autre vie. Heureux d'être l'indentant au pouvoir d'une coquette sommes d'écus sur lequel il spéculait sur les marchés et tout aussi fou de voir l'argent fluctuer. Oui Thomas était bien Outre-manche, mais il était encore mieux ici ce fut certain. Lentement il releva les yeux vers son ami et poursuivi son récit.

Nous étions doué, l'éducation de nos géniteurs nous ont donné, même au prix de coup était... Disons à la hauteur. Mais la famine, la guerre, la mort nous ont touché plus que quelques écus. Nous nous sommes battus à Hastings, avons été fait prisonnier et après quelques semaines libre, nous quittions la ville pour Amsterdam et ses catins. De là suite à un mal entendu nous étions de retour à Luxeuil, puis Epinal et enfin prêt de vous.

Sept années résumé en quelques phrases, mais il n'avait toujours pas dit pourquoi son départ et n'était pas certain qu'Alphonse désire l'apprendre. Comment avoue-t-on à vos ancien amant que le sang d'un homme avait sali vos mains à jamais, il ne savait guère. Personnes n'avait songé à écrire un manuel à ce sujet précis et le Talleyrand préféra garder le silence sur celle du moins temps que son ami ne posait pas la question du pourquoi d'un départ si hâtif.

Et vous ? De votre père à L'Aphrodite, qu'avez-vous à nous apprendre.
Alphonse_tabouret
Il avait eu peur pour rien le Talleyrand, ses années d’exil lui ayant momentanément fait oublier la légèreté avec laquelle Alphonse traitait l’attachement. Certaines choses étaient dues, qu’importait le temps, la distance, les lieux… on n’apprivoise pas un félin sans s’attendre à ce qu’il vous déserte du jour au lendemain, pour mieux réapparaitre plus tard, alors comment le fauve pourrait reprocher aux mains qui le choyaient de disparaitre elles aussi un jour ?
Son égoïsme pourtant si replet n’allait même pas jusque-là. Thomas avait disparu sept ans plus tôt, laissant le jeune homme peiné, curieux, soucieux, mais en aucun cas fâché. L’enseignement prodigué par son père à cette époque-là avait déjà porté ses fruits et en dehors du Lion qu’il portait à son cou jusque dans les moindres recoins de l’âme, Alphonse avait choisi de ne s’attacher à rien pour ne jamais rien avoir à perdre. Son unique exception, cette sainte faiblesse le tuait désormais à petits feux, décimant ce qu’il restait de lui un peu plus chaque jour…

Assis tous les deux, sur cette causeuse semée dans le coin d’un bordel, il avait l’impression de se retrouver si lointainement en arrière que la réalité difforme qui l’enchainait tous les jours avait été reléguée au second plan. Il observa la main presque nerveuse chassant les mèches du front du Talleyrand, se demandant juste une seconde, combien de fois il avait posé ses lèvres dessus sans pouvoir s’empêcher de conquérir sa bouche après, et attendit que leurs regards se cueillent pour lui prêter toute son attention.
Le long des mots où jouait cet accent outre-manche, le flamand suivit le parcours du jeune homme, jaugeant les pauses involontaires qui jalonnaient le récit, tour à tour comme empreintes d’une mélancolie tachetée, de douleur anciennes, d’hésitations neuves…

Et vous ? De votre père à L'Aphrodite, qu'avez-vous à nous apprendre.

Le sourire sur les lèvres d’Alphonse se voila imperceptiblement pour qui ne le connaissait pas, mais Thomas avait vu le monstre à l’œuvre, lui. Il connaissait la carcasse imposante du patriarche bedonnant, ses mains épaisses dont on n’aurait jamais cru possible qu’elles distillent si merveilleusement les essences pour les assortir en parfums qui s’arrachaient à prix d’or, cette voix où perçait la cupidité, ce regard qu’il portait sur Alphonse où se mélangeaient froidement l’envie et la colère, cette façon nauséeuse qu’il avait de multiplier les inutiles courbettes devant sa chère noblesse…
Combien de fois Alphonse avait profité de son corps de jeune homme dès ses quatorze ans pour charmer ses congénères ? Combien de fois avait-il joui à la bouche et aux reins de cette élite que son père admirait tant ? Combien de fois avait-il volontairement sali de ses ébats pervers la couche de leurs commanditaires quand son père comptait encore les écus à distribuer aux catins et ceux à ramener à sa femme ?
Le sexe avait été une délivrance extatique avec Quentin, une distraction merveilleuse avec ses conquêtes, mais également une revanche personnelle contre cette sainte noblesse qui avait poussé les Tabouret dans les jeux des apparences et de ce qu’ils n’étaient pas, les enferrant dans des règles faites pour les étouffer à petits feux, et longtemps Alphonse avait aimé voir son père baiser la main de celui qui la veille encore, essuyait à ses lèvres, la récolte de son extase après l’avoir caressé de ses doigts poudrés.
Thomas avait mis fin sans le savoir à cette hargne farouche qu’il avait mis à posséder en silence l’extase de ceux qui fascinaient si ridiculement son père, et le Talleyrand était certainement inconscient de ce que ses élans de tendresse avaient façonné chez le flamand, de ce que cette humeur câline avait pansé comme plaie et nourrit comme envies secrètes.


-J’ai passé six années tel que vous m’avez connu…Jusqu’à ce que mon père…, commença Alphonse dans un soupir pendant qu’il leur servait un Armagnac dont le fumet délicat emplit immédiatement l’espace autour d’eux,… ne me surprenne au lit avec la mauvaise personne… Il ne s’étendit pas, jugeant bien inutile d’en dire plus à Thomas alors que son sourire prenait passagèrement une teinte vaguement amère. Il n’avait pas oublié cette humiliation qui arrivait encore, indélébile, à lui cuire là joue là où le coup avait été porté. Je n’ai pas eu d’autre choix que de prendre la route plutôt que de m’installer dans la cellule d’un monastère… Un amusement bref détendit ses traits. Notez que leur compagnie aurait pu être des plus agréables, mais les femmes auraient fini par me manquer… Mes pas m’ont mené en Champagne, au service d’une blonde duchesse. Vous avez devant vous, très cher, le garde personnel de la Duchesse Di Favara de Brienne. Il poussa un verre devant Thomas, y fit tinter le sien avant de poursuivre. Et puis, récemment, j’ai hérité de Quentin ce bordel…

La voix faiblit doucement, trouvant toujours aussi douloureux de prononcer ce prénom alors qu’il pouvait le psalmodier sans fin dans sa tête. Là encore, les précisions étaient bien inutiles. Thomas savait, il avait vu de nombreuses fois le lion anglais pendu à cette chaine que le flamand n’enlevait jamais de son cou, il avait perçu dans les rares mots d’Alphonse concernant le courtisan cette farouche flamme d’une possession assouvie. Incapable d’en dire plus, il enchaina, après avoir vidé son verre d’une traite.

-Je travaille ici comme comptable depuis plusieurs semaines… Sa bouche s’arrondit brièvement en se souvenant de quelque chose… Oh…Et je me marrie dans l’année. Il pensait à Heywren pour la première fois depuis des semaines. J’espère que vous serez des nôtres à ces noces… j’aurais bien besoin de quelqu’un pour m’aider à me saouler jusqu’au coma, fit-il en souriant avec en coin
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--Dacien2
Dacien venait de pénétrer dans la place. Le voilà qui arpenta le Bordel et allant d’endroit en endroit, ne se trouvant non loin d’une causeuse où deux hommes discutaient, il entendit de son ouie fine que son employeur allait se marier prochainement. Durant son entretien plus que intriguant, il avait tut tout mot là-dessus et surtout, le brun venait de comprendre que sa fidélité envers sa future femme ne serait pas de mise. Tant mieux! Il pourrait encore, s’il le voulait, se délecter de ses envies si soudaines lorsqu’il osait lancer ses émeraudes sur lui. M’enfin, là n’était pas le moment de lui sauter sur le bassin. Le flamand avait cet air sérieux que Dacien avait entraperçu au début de leur entretien. L’homme en face de lui était inconnu pour le courtisan fraichement arrivé. Il fallait remédier à cela et au plus vite.

Le brun s’avança, attrapa un fauteuil et le posa auprès de la causeuse. Un sourire en coin pour chacune des personnes et son séant se posa dans le siège sans se poser la question de savoir s’il dérangeait. Là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir. Et justement, l’envie de découvrir ce bonhomme qui discutait avec son patron automate commençait à monter. Un regard parcourant la carrure du sieur le fit sourire un peu plus. Sa jambe gauche passa sur sa jambe droite pour ne plus bouger. Ses phalanges avaient rejoint les accoudoirs du fauteuil pour glisser légèrement sur le bois et jouer quelques instants.
Son minois bascula doucement vers le sol, prit une inspiration et revint se mettre sur la personne face à Alphonse. Ses rétines venaient de changer passant de l’air jovial à l’air inquisiteur.


Je me présente. Dacien.

Tendant la main avec courtoisie pour un serrage en bonne et du forme.

A votre service.

Ses émeraudes se penchèrent une fraction de seconde vers le flamand histoire de le titiller un peu puis revinrent vers le bonhomme.

Si je puis vous être d’une aide quelconque, me voilà.

Ben quoi! Autant se faire voir. Si cela pouvait rameuter quelques régals pour les yeux et encore plus pour les mains, il ne fallait pas se gêner.

J’espère ne point vous déranger.

Si justement, il espérait bien. Certes, Dacien avait eu une éducation presque militaire mais celle-ci s’était édulcorée avec le temps. Le brun n’hésitait jamais à venir à la rencontre de potentiels futurs clients. Il s’enfonça dans son fauteuil avec cette assurance qu’Alphonse lui connaissait et leva son menton doucement.

Thomas_sauveur
Il écoute entre joie de le revoir et cette atmosphère lourde des années qui passent et laisse un grand vide. Thomas était homme froid et hautain lorsqu'il ne connaissait guère les gens, mais une fois le lien créer il n'y avait point plus fidèle, à présent il avait qu'une envie retrouver Alphonse et la douceur de leurs étreintes. Mais l'endroit bien qu’appropriée n'était pas idéal et à peine marié avait-il envie de déjà ce trouver un amant. Oh il aimait son épouse, mais les hommes sont différents, plus agréable à côtoyer moins prise de tête aussi et surtout Alphonse n'était point jaloux, défaut présent chez sa chère épouse. Il prit son verre entre ses doigts et bu une gorgée, manquant soudainement de s'étouffer avec le liquide, précieux et savoureux. Plait-il ? Hérité de Quentin, Quentin... Quen... LE Quentin ? Le Talleyrand passe ses azrus sur le visage de son ami, bouche bée devant l'annonce. Serait-il mort, mort vraiment, pourquoi cela l'étonne et à la fois guère, il ne sait que dire et préfère retourner à son verre en lâche, ses lèvres buvant à nouveau une gorgée du liquide salvateur. Quentin, Alphonse en parlait parfois -souvent- c'est vague dans ses souvenirs, un homme son amant peut-être il ne sait plus, avaient-ils l'habitude de parler de leurs relations ? C'est trop loin pour que Thomas sache avec précision ce genre de détail trop pointilleux pour sa vie emplit de rigueur. Alors il avance sa main vers son ami et sourit à l'annonce d'un mariage futur et d'un coma programmé.

Grand Dieu ! De quoi vous lancez-vous là malheureux ! Un mariage... vous êtes suicidaire.

Il rit, de son rire discret et court, comme-ci rire était de trop pour cet homme qui pourtant et joyeux luron parfois. Au souvenir de son propre mariage sans doute, en début de mois. Lui, elle, les témoins et le religieux grassement payé. Nul boissons, l'épouse parait le soir même à la guerre et lui restait pour tenir la ville, sa ville pendant trente jours. Maire, c'était son titre et étrangement il trouvait celui-ci agréable à porter, bien que ce fut sans doute facile à tenir un village vide. Il regarda son ami, curieux de connaître les détails, les trames, le nom de la donzelle, mais voilà qu'ils sont déranger. D'un Thomas ouvert et joyeux, il passa à un homme digne de son nom : Froid, observateur et guère enclin à une discutions. Le Talleyrand perd son sourire, ses azurs leurs éclats, alors que le verre retrouve la table et que ses mains ce posent sur ses genoux. Dacien ? Il aurait dû en sourire, mais rien, ainsi était à son service, pauvre petite chose ne jamais dire cela à un Talleyrand, deux choses fut clair soudainement dans son esprit : Cet homme n'avait jamais croisé son Oncle et n'en avait que cure de déranger ou non, maintenant qu'il était installé. Le regard glisse sur son ami lui offrant un fin sourire, celui d'un cerf patient et serein même dans un endroit qu'il ne connaît guère. Dacien à nouveau, moins communiquant cette fois.

Enchanté Il ne l'était pas, mais c'était courtois de le dire et cela suffit, main tendu, main ramener à lui à nouveau. Beau, charmant, quel fut son histoire, cela l’intriguait, mais Thomas ce méfiait trop des inconnus pour immédiatement poser milles et unes questions. Thomas Dacien, Thomas, il n'avait pas à savoir plus pour l'instant non. Souriant un peu, toujours froidement il ce tourne vers Alphonse. Nous avons appris, pour le poste de comptable pas les détails... Cela fait quelques temps que notre homme de main vous suivait. Silence, que dire de plus, il voulait le retrouver ce fut fait après tout. Besoin d'un coup de main? Façon détourné de dire, '' maintenant tu pourras pas te débarrasser de moi.''
Alphonse_tabouret
Grand Dieu ! De quoi vous lancez-vous là malheureux ! Un mariage... vous êtes suicidaire.

-Si seulement, répondit le flamand dans un sourire, se réchauffant au rire discret de cet homme qui avait si longtemps eu le parfum du passé et qui surgissait aujourd’hui, tout auréolé de souvenirs porteurs d’un présent à ce point flou que tout repère était le bienvenu. Il aurait encore préféré, lui, la folie au chantage paternel, au moins n’aurait-il pas été conscient de ce qu’il faisait, mais là encore, cette fuite lui avait été refusée, aussi simplement que l’on dit non à un enfant trop jeune pour pousser l’argumentation. Vous vous doutez bien que ce n’est pas mon idée. Allez savoir pourquoi, mais mes parents ont trouvé que je ferai un bon parti, conclut il en lui adressant un sourire en coin.

Si l’envie de confier à Thomas que ce mariage de pacotille ne visait qu’à éviter à sa cadette une union désastreuse de laquelle ses treize ans ressortiraient tachés et violés par la patte nauséabonde d’un commerçant de l’Est le tiraillait, il n’en fit rien. Devant les courtisans, devant ce monde fait d’apparats, il apparaissait lui aussi, et ce dégout violent qui lui avait serré les veines dès lors qu’il avait compris qu’il serait sacrifié, il ne le confiait qu’à l’intimité des draps où il échouait, des bras dans lesquels quelques rares avaient choisi de l’envelopper, faisant fi des risques de reflexes malheureux du fauve qui grognait quand la tendresse pointait son nez sans qu’il ne l’ait invitée. Son regard noir s’attarda dans le bleu du Talleyrand, y laissant flotter une lassitude passagère. Il avait son deuil de cette nouvelle-là, l’avait finalement trouvé supportable en comprenant que sa femme ne serait pas cette ennemie qu’il redoutait mais malgré tout un pion, joliment fait, sur l’échiquier qu’il présentait à ses parents.
La silhouette de Dacien entra dans son champ de vision, armé d’un fauteuil et de son insolence coutumière, rejoignant les deux hommes et mettant un pied dans leurs discussions sans s’embarrasser une seule seconde de son intrusion au milieu de ces retrouvailles. Alphonse ne put s’empêcher de s’amuser de cette arrogance du courtisan à l’encontre de tout et n’importe quoi et quand bien même en aurait-il été insatisfait qu’il n’en aurait rien dit. La vie de la Maison Haute ne le concernait que via sa logistique. Ici, les courtisans étaient maitres de leurs destins et il n’arbitrait qu’en cas de litige sérieux.
Thomas, lui, fidèle à ce qu’il était, avait fermé son visage dès son apparition, reléguant derrière la froide barrière de son nom et de ses origines, toute la tendresse de son regard


Je me présente. Dacien.
A votre service. Si je puis vous être d’une aide quelconque, me voilà.
J’espère ne point vous déranger.


L’odieux mensonge acheva d’amuser le comptable, qui glissa un regard équivoque sur lui, sans pouvoir s’empêcher de laisser trainer son regard sur ses lèvres accueillantes, le souvenir de son recrutement encore frais à la mémoire. Il avait haï le courtisan dès qu’il s’était retrouvé seul à son bureau, assouvi, mais tellement en manque du Lion qu’il savait déjà qu’il replongerait avec fureur à cette bouche… Oui, Dacien aurait la hargne, la colère, la tempête… et il aimerait ça, il n’en doutait pas une seconde.
Il laissa l’alchimie se poser, se heurter entre les deux hommes l’accompagnant, et servant un verre à son employé, lui assura :


-Nous déranger ? Diable Dacien, je parierai que certains se damneraient pour voir cette bouche leur sourire… quand d’autres paieraient pour se l’approprier…


Une lueur fauve passa dans son regard avant qu’il ne se retourne vers Thomas, vaguement surpris du soin que celui-ci avait mis à suivre sa trace au hasard de ces semaines. Quel tableau avait-il du dépeindre cet homme de main, lorsqu’il rapportait ses informations à son commanditaire ? Quelque chose de peu glorieux à n’en pas douter, le Lion ayant pris avec lui la superbe de son amant, ne lui laissant que son égoïsme pour survivre, que sa foi ébranlée pour se consumer.

Besoin d'un coup de main?

Il était rare qu’Alphonse se laisse vaciller sous le coup d’une émotion, qui plus est depuis qu’elles avaient foutu le camp en même temps que son étoile, mais la proposition de Thomas l’emporta, inexplicablement dans une surprise aux accents d’une joie qui lui était devenue étrangère. Bien sur l’Aphrodite le noyait dans une telle masse de travail qu’il n’avait plus le temps de songer à quoique ce soit, et il aimait ne penser à rien depuis ce funeste jour d’avril, mais cette simple question déchainait en lui ce besoin nauséeux qu’il avait perçu au fond de lui.

-Etes-vous sérieux ? Son regard s’appuya, en quête d’une réponse qui ne le décevrait pas. Thomas, êtes-vous sérieux ? C’est harassant, fastidieux, de la paperasse, des lignes de chiffres, parfois quelques gens pas toujours fréquentables… Etait-ce du coup de main ou du Talleyrand dont il avait besoin ? La question l’effleura et il la rejeta, sèchement, n’ayant d’yeux que pour ce bourdonnement qui frappait ses tempes à la manière d’un carillon heureux. Dites-moi que vous êtes sérieux... dites-moi oui, chuchota-t-il au Lorrain. Dites-moi oui comme vous savez le faire, reprit-il plus doucement, un sourire sous-entendu aux lèvres
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--Dacien2
Ses phalanges passèrent sur sa joue mal rasée. L’interlocuteur du flamand n’avait pas l’air facile. Un visage fermé, quelques mots froids, presque glacés même. Ses verdures le lâchèrent pour préférer admirer le sol. Dacien n’aimait point les gens comme cela, froid, distant, ceux qui vous font bien sentir que vous gênez alors qu’ils vous disent le contraire. Mais qu’à cela ne tienne, il en était bien content intérieurement. L’arrogant avait fait beaucoup pour pénétrer l’Aphrodite et il n’était pas question de rester les bras ballants au bar juste pour faire joli et attendre que le ou la cliente approche son fessier afin de travailler. Quitte à paraitre imposant, il préférait aller au contact, prendre la température même si cela lui valait des approches glaciales. Aller, prends ton courage à deux mains et reste ferme comme d’habitude.

Thomas….Pas spécialement effrayé, mais cet homme lui donnait l’amertume qu’il n’aimait point avoir. Autant, avec Alphonse, cela lui était aisé, il attirait l’œil le flamand mais celui-là……Bref! Sa main se tendit pour attraper le verre que venait de lui servir Alphonse. Il le porta à ses lèvres, fît glisser une gorgée dans son œsophage et le posa sur la table. Léger sourire quelque peu charmeur tout de même. Les dires de son employeur étaient censées.


Encore faut-il qu’il y ait client pour les faire rêver un peu…

Oui, il était vrai, pas grand monde à satisfaire à l’horizon pour l’heure. Emeraudes qui se décuplaient quelque peu d’un regard intense et plutôt inquisiteur, son regard se détourna quelques instants vers Thomas. Dacien rentrait dans la conversation et il s’immisça carrément mais pas sûr qu’ils allaient converser tous trois de la même chose.

Un coup de main? Oui! Si vous pouvez ramener de quoi se mettre sous la dent, cela serait bien.

Un sourire en coin avec une arrogance soudaine.

Dites qu’ici l’on trouve le meilleur courtisan de tout Paris…

Ouais! Personne ne le laisserait se mettre en retrait au détriment des autres. Il était comme cela le brun.

Thomas_sauveur
Il est là, à proposer un coup de main à son ancien amant sans ciller, impassiblement présent et pourtant il à cette envie de lui sauter au cou et mêler sa langue à la sienne dans une danse sauvage et suave. Azurs qui ce pose sur Alphonse et écoute sa réponse dans un infime sourire en coin apparu et déjà absent. Sept années et voilà que l'homme oublie déjà que le Talleyrand ne connaît pas vraiment l'humour, oh la taquinerie, les petits mots à peine lancés, mais il ne plaisante pas outre mesure et surtout pas au sujet du travail. Des gens pas fréquentables, des chiffres tout ce qu'il aime en réalité et Alphonse qui voulait le dégoûté à moins que c'était une démarche pour le prévenir. Quoi qu'il en soit le murmure atteint son esgourde et il ce penche vers son ami, réduisant de moitié la barrière des convenances, pénétrant dans une bulle d’intimité cassant les barrières. Il s'approche encore sans le toucher, sans l'effleurer et d'un fin sourire aux lèvres murmure:

Oui

Il avait appris à son mariage qu'un foutu ''Oui'' coûtait beaucoup partout surtout de temps et de patiente, mais il voulait réellement rendre service à Alphonse et cela le changerait des comptes de la Mairie ou du Duché n'est-ce pas. Ce redressant, il lança un regard à Dacien à présent, toujours froid, toujours fermé et toujours aussi différent de celui pour Alphonse. Thomas ne donnait pas sa confiance rapidement, il n'avait pas l'amitié facile et horreur des inconnus, tout beau soient-ils. Ramené du monde, l'avait-il prit pour un crieur des rues ? '' Venez venez brave gens, vous perdre dans le luxe, les bras de courtisans et nous refiler vos écus par millions. '' Non cela ne collait pas à l'image que le Talleyrand donnait il n'était pas si bas. Enfin...souhaitons-le. Sagement il secoue la tête par la négative et répondit de sa voix froide et suffisante:

Vous allez devoirs trouver plus adapter pour ce genre de basse besogne. Mais nous pouvons prévoir une sommes d'écus sonnant pour payer tel coquin.
Alphonse_tabouret
Dans le salon, le ballet des entrées de la clientèle commençait à se faire, emplissant doucement la salle, mais à cet instant ci, le brouhaha des uns et des autres n’existait plus, soufflé par la voix de Thomas.

Les lèvres du jeune homme s’étaient arrondies, radieuses, dans ce mot qu’il espérait tant, les syllabes avaient coulé aux oreilles du flamand, noyées dans le souvenir de leurs étreintes adolescentes, et dans le présent froid que le Talleyrand venait réchauffer par la nostalgie et l’espoir, si tant est que le mot ne soit pas trop fort, de n’être plus seul au sein de l’Aphrodite .L’idée indécente que s’il existait un avant, alors, il pouvait peut être exister un après venait de germer, inconsciente, trop chétive pour être compréhensible, entre les tempes brunes et si elle lui tordrait plus tard les tripes sur les hauteurs de Notre Dame en s'exposant à sa conscience pleinement, pour l’heure, elle l’irradiait timidement, ce que le jeune homme mis sur le compte du parfum de Thomas qui venait lui lécher les narines, exhalant des odeurs réservées jusqu’à alors, à ses seize ans.
L’envie furieuse de prendre ce qui ne lui appartenait plus l’effleura, gangréna son regard d’une lueur lascive tandis qu’il scrutait les azurs délicieux qui lui faisaient face et il frémit fauvement, imperceptiblement, presque capable de sentir sur sa peau, les mains de cet amant perdu, de cet ami retrouvé, sentant s’allumer en lui ce reflexe insolent de saisir ce qu’il voulait. Et il sourit, avec une sincérité rare en ces temps d’affliction, l’envie de gouter à Thomas s’insinuant dans ses chairs, rouvrant les clefs d’une attitude délaissée depuis longtemps.

L’échange entre les deux hommes l’arracha à des pensées s’égarant dans le voile d’un passé coloré, léger, facile, et il tourna un regard amusé vers Dacien.


-Envoyez Messire de Talleyrand crier dans la rue plutôt que dans vos bras ? Voilà un gâchis que je ne laisserai pas commettre, me concernant. Son sourire s’aiguisa, empreint d’un savoir dont les multiples expériences se lisaient ouvertement sur ce visage taquin. Quant à soigner vos appétits, s’il vous en restent à la fin de la soirée, je veillerai à les museler moi-même… Son regard doucement espiègle s’attarda une seconde dans celui du courtisan, le plaisir donné par ses lèvres lors de leur première rencontre dans son bureau se rappelant à son ventre quelques secondes. Tachez donc de grignoter quelque chose en attendant, fit il en lui désignant le comptoir, pour l’heure, j’aurais besoin de m’entretenir avec notre nouveau… secrétaire, conclut il en laissant glisser son sourire en coin. Dacien était assez malin pour qu'il n'ait pas à insister, et une fois que le courtisan s’éloigna, les laissant seul, Alphonse vida son verre d’une traite et interrogea Thomas. Vous avez touché au but de votre visite, mon ami. Je vous ai demandé si vous le vouliez, vous m’avez dit oui…. Souhaitez-vous me quitter maintenant ou que je vous fasse visiter les lieux ?

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Thomas_sauveur
Il sourit flatté, avec cette envie au coin des lèvres de lui murmurer un chaleureux : ''Merci''. Thomas appréciait être reconnu comme étant un bon amant, par fierté masculine, pour son ego et surtout que le sexe avait toujours été un seconde peau, un moyen de sortir des convenances et du chemin tracé par les siens. Alors comment ne pas être touché d'avoir tel remarque, et puis venant d'Alphonse n'est-ce pas un compliment touchant ? Il sourit donc et ce tourna vers Dacien un poil moins froid. Son épouse lui disait toujours qu'il donnait une image hautaine et froide, mais pour tout dire cela l'amusait et empêchait les sots de s'approcher au moins. Il observa le courtisan et son ami, secouant les mèches devant ses yeux entre amusement et gêne après tout Thomas n'avait aucune envie de savoir comment l'un ou l'autre terminera sa soirée. Profitant de cette occasion rêvé pour ce redresser, il sourit en coin et attendit main dans le dos.

Secrétaire ? Voilà qui était amplement suffisant et puis il voudra faire accepter l'idée à Hellina Rose et ce n'était en rien gagné. Lentement il approuva et réfléchit un court instant, avait-il envie de ce reposer à son auberge ou prendre le risque de ce plonger un peu plus dans son passé. La questionne n'avait point besoin d'être posée et déjà, ses azurs gourmandes y répondit.


Nous ne sommes point fatigué, et votre minois est trop enjoué pour nous faire partir.

Il tendit la main et caressa la joue de l'homme, du bout des doigts, timides, piquants, appréciable. Puis laissa son bras retomber et attendit, de savoir par ou commencera la visite, si l'offre était bien une visite et pas autre chose de moins professionnel.
Alphonse_tabouret
[Quittant le salon pour une visite de l’Aphrodite, pour aller vers la Maison Basse]



Les doigts du Talleyrand effleurèrent sa joue, sous le poids attentif de ses azurs posés sur lui, et Alphonse choisit de ne pas cacher ni le sourire diffus né à l’électrique chaleur, ni l’étincelle que cela alluma dans son regard.
Délicate, toute en douceur, légère, la caresse ressemblait à Thomas malgré toutes les apparences qu’il se donnait. Le flamand connaissait ses origines et son éducation. Il savait ses gouts pour les plaisirs plus poussés des esthètes de la chair, de ceux qui trouvent dans la douleur, une exaltation de sens, mais il savait aussi que si les femmes qui avaient jalonné ses bras avaient subi la morsure de sa déviance, c’était un tout autre homme au creux des lèvres de ses amants. Les gestes tendres du jeune homme dès lors que la promiscuité se refermait sur la chambre, avait apaisé en son temps la noirceur de ses envies, ce parfum de revanche qu’il s’acharnait à disperser sur la peau des autres… A sa façon, Thomas avait fait d’Alphonse un homme.
La pensée l’amusa et le sourire se dessina, plus franc sur les lèvres du jeune Tabouret tandis qu’il se relevait, frôlant le jeune homme dans son mouvement, retrouvant les hauteurs adjacentes à ses lèvres, son parfum doucement entêtant et surtout ses yeux, dans lesquels il noya une lueur insolente, lisant dans les prunelles qui lui faisaient face un questionnement bien légitime : Allait il sortir les griffes ?


-Voilà une excellente nouvelle… Savoir que mon visage suffit à vous retenir, me comble… Qu’en sera-t-il du reste ?, glissa-t-il, taquin, dans la torpeur d’un sous-entendu profitant du nouveau poste octroyé. Suivez-moi, fit il , que je vous fasse visiter vos nouveaux quartiers.

D’un geste il l’invita à le suivre, se dirigeant vers le salon personnel des courtisans vidé à cette heure puisqu’ils étaient éparpillés au bar et au travers des causeuses empruntés pour s’isoler avec leur clientèle.

-Ici, l'espace est privé, réservé aux courtisans
, commença-t-il en désignant le luxueux salon. Ils sont libres d'y faire ce qu'ils veulent...

Le Talleyrand avait vu l’appétit chez Alphonse mais le félin dansait sur de nouveaux chemins en sa compagnie, désormais. Ils n’étaient plus des adolescents que l’indécence poussait à jouer d’ombres, de corridors, à chasser ce qui était acquis… ici, maintenant, le Talleyrand était un homme marié. Il ne tiendrait qu’à lui de céder, en aucun cas Alphonse ne se permettrait de prendre ce qui n'était peut être plus qu'à Thomas. Le respect et la loyauté étaient des valeurs qu'il savait essentielles chez son ami et s’il n’avait pas l’air enchanté de sa nouvelle situation familiale, il ne fallait tirer aucune conclusion hâtive sur les perspectives alléchantes et diverses de ces retrouvailles…
Mais dans cette nouvelle intimité, dans ce salon où les bruits étaient déjà plus assourdis, tout avait déjà le gout du non-dit, d’un désir latent, d’une nostalgie des sens, et le Comptable, emmenant son hôte vers une porte plus discrète attenante à la Maison Basse, surprit un frisson léger lui parcourir l’échine en frôlant l’épaule du Talleyrand.


-Cette porte mène à la Maison Basse, c’est ainsi que nous appelons la partie de l’Aphrodite où nous traitons des affaires courantes et de la comptabilité, par opposition à la Maison Haute où l’on ne s’occupe que du plaisir des sens, fit il en ouvrant la porte. C’est là-bas, à la Maison Basse, que vous travaillerez avec moi, poursuivit il sur le ton de la conversation, en s’engageant d’un pas dans le passage, attentif au déplacement de Thomas, et lorsqu’il sentit dans son dos, le jeune homme lui emboiter le pas, il fit volteface brusquement, comme s’il avait oublié de préciser quelque chose, mangeant ainsi d’un coup la distance entre eux, un air faussement contrit de la situation au visage, une lueur de malice irradiant sa prunelle affleurant les rivages bleus du regard de son nouveau collaborateur. N’importe qui d’honnête pour qui la situation aurait vraiment été fortuite, aurait immédiatement présenté des excuses, sorte de reflexe poli à la moindre incartade, mais cette proximité était exactement ce que voulait le jeune homme. Le choc léger de leurs corps désormais frôlés, ravivant les chairs, ces quelques centimètres dérisoires séparant leurs bouches si souvent complices, le souffle de Thomas qui venait lui lécher la peau… Il observa un temps de silence, juste long pour que le regard coulé aux lèvres du Talleyrand soit équivoque, juste assez court pour l’empêcher de s’en saisir avec avidité, jugulant le fauve qui s’agitait dans ses veines, passagèrement diverti, désireux d’oublier un temps la réalité sordide dans laquelle son maitre l’enchainait. Prenez garde aux escaliers, conclut-il doucement dans un sourire en coin, se retournant pour dévaler les marches baignées d’une lueur diffuse menant à un petit couloir. D’un pas nonchalant, il se dirigea vers une porte fondue dans le mur et l’ouvrit à son hôte, lui présentant par cette porte dérobée, le bureau dans lequel il officiait, que seul un beau halo de lune éclairait richement au travers de l’immense fenêtre grillagée : Et voici mon bureau... l'endroit où vous œuvrerez également…
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Thomas_sauveur
Il suit docile, étrangement docile même. Mais les années ne changeant parfois rien. Thomas admire toujours autant Alphonse, il admire ce courage, cette douceur et la délicatesse de ses mouvements. Alors il suit docilement sans poser de question. Mais il s'en posent des centaines, ne souhaitant pas paraître trop crispé, l'homme le taquine d'un coup d'épaule complice, taquine et il observe les lieux avec ce quelque chose de serein et d’apaisé. Quelque chose était pourtant présent dans l'air, une sorte de malaise pas réellement présent, quelque chose comme une envie, une attirance, qui ne devait pas ou plutôt plus.

Combien de courtisans travaillent ici?

Il observa la pièce, lui sourit un peu et le suivit encore dans ce qu'il nommait la maison basse. L'endroit était pour lui encore inconnu, aussi il veilla à ne pas perdre son guide et lorsque celui-ci ce retourna, Thomas fini par lui entrer dedans en douceur, mais quand même. Il bat des cils, sourit à la circonstances et humidifie ses lèvres sécher par l'alcool et le désir malsain, mais vrais. Les escaliers ? Approuva, glissant ses azurs glisser le long de la colonne vertébrale de son guide, observer le mouvements de son postérieur et il sourit plus encore à l'idée d'un passé. Le temps de songer à tout cela et les voici dans le bureau, lieu final de leur destination.

Mmmh, c'est ... bien.

Il n'aurait jamais décrit cela comme étant bien ou mauvais, mais convenable et plutôt sain. Souriant, il entra dans la pièce et effleura du bout des doigts le bureau. Quentin était mort, que devenait Alphonse, était-il moins volage, plus fidèle en amour ? Le Talleyrand l'observa dans la pénombre et s'appuya contre le bois du meuble. Son ami lui avait manqué, mais maintenant qu'ils sont adultes comment devaient-ils ce comporter, Thomas aurait aimé rien changer, mais cela semblait proche de l'impossible et pourtant... Le bon vieux temps était tellement bon.

Comment est-ce arrivé? La mort de son amant, l'arrivé d'Alphonse dans cet endroit, tout rien, il avait seulement envie de combler le vide de sept années et ne plus y songer par la suite. Nous devons absolument vous présenter Hellina, elle est assez... prude, mais commence à apprécier le plaisir de la soumission. Parfois... souvent. Il sourit sachant que son ami savait à quel point il aimait cela chez une femme, sans être trop cruel, trop dominant, il appréciait pourtant cela comme une sorte de honte, de défaut dans un diamant brute.
Alphonse_tabouret
Alphonse s’était montré évasif à la question du nombre d’employés car il ne cessait d’augmenter. Tous les mois, il embauchait quelques-uns ou quelques-unes qui savaient se distinguer assez parmi toutes les demandes qu’il recevait. L’Aphrodite attirait, pas seulement par son luxe, mais parce qu’ici les employés travaillaient à leur propre compte . On ne leur ponctionnait de l’argent que lorsqu’il s’agissait des besoins directs de la Maison Haute puisque c’était un lieu de vie, autant que de commerce. Le négoce de plaisir était ici aussi libre que possible, mais ce qu’ignorait encore Thomas, c’était l’attachement tacite, le silence requis, les services pour travailler en ces murs.

Il observa la silhouette du Talleyrand rentrer dans le bureau, regarder autour de lui, prendre la température de ce lieu qu’il allait s’approprier…Et Alphonse se rendit compte qu’en embauchant le blond, il venait d’accepter de partager un espace qui jusqu’alors n’était qu’à Quentin et lui. La voix de Thomas l’arracha à des pensées qui le menaçaient d'une nausée froide et lorsque ses prunelles le cherchèrent dans le clair de lune, elles le trouvèrent appuyé au bureau :

Comment est-ce arrivé?

Inutile de lui demander quoi, les demis mots étaient l’apanage d’un langage propre aux amants pour peu qu’ils aient partagé les émois en plus du stupre, qu’ils soient de longue ou fraiche date. Son affection pour Thomas et la brulure laissée dans la chair de ses souvenirs avaient été suffisamment ravivées par ces surprenantes retrouvailles pour que, même floues, même lointaines, le gout des choses reste le même. D’une voix qu’il espérait maitriser, avançant vers son nouveau secrétaire, d’un pas inaudible, félin dans sa propre tanière, connaissant chaque latte de bois, chaque espace occupé par les meubles qu’il côtoyait, capable de s'y déplacer sans en tirer le moindre son, il répondit :

-Empoisonné. Le visage du Lion, ravagé par la douleur apparut dans un entrelacs d’autres expressions qu’il lui avait si souvent vu et dans lesquelles il vivait, ermite débauché, dans les vestiges d'un "nous" qui n'existait plus. Nous n’avons rien pu faire pour le sauver, il était déjà mort quand nous l’avons trouvé.Le timbre de sa voix vacilla légèrement, comme prise dans la houle d'un passé si frais qu'il venait colorer le présent, Il était incapable de lui dire ce qui s’était passé dans les heures suivantes. Il se rappelait juste, au bout d’un temps dont il ne savait pas s’il s’était agi d’une minute et d’une nuit, être allé jusqu’à la chambre de l’herboriste pour y entendre ses aveux. Ce qui avait sauvé Aethys du courroux sanguinaire d’Alphonse, c’était Annelyse… et ce désir malsain de lui faire payer chèrement ce crime dont elle était bourreau et victime, plus cher encore que la disparition de l’anglais, comme si cela était possible. J’ai découvert à la lecture de son testament qu’il me laissait cet endroit… continua-t-il d'une voix plus posée, en venant s'assoir à coté de Thomas, si près que du moindre mouvement, les tissus de leurs vêtements bruissaient doucement, comme le crépitement d’un feu lancinant exacerbé par leurs parfums respectifs, que l'infime distance teintait fugacement d'une odeur si particulière. Vous ignorez peut être l’attachement que Quentin avait pour cet endroit, mais vous n’ignorez pas le mien à celui qu’il était… je n’ai pas pu me résoudre à le laisser à un autre malgré des ambitions bien différentes de celle-ci… Que voulez-vous, je suis parfois sentimental, vous êtes bien placé pour le savoir.

Les quelques minutes dans ce clair-obscur avaient permis aux yeux de se faire à la faible luminosité des lieux, et le Comptable adressa à Thomas un sourire tout en lascivité. Aussi incompréhensible que cela soit, la présence du Talleyrand apaisait momentanément l’amertume des souvenirs, et même narrés à voix haute, ils restaient tenus à distance par le présence de cet ami trop longtemps perdu.

-Je suis heureux que vous soyez là, Thomas, fit il après un temps de silence, son bras remontant dans le dos du Talleyrand en le frôlant volontairement, diffus, sans que le contact de la peau ne se fasse, le réservant pour cette main qui vint effleurer une mèche blonde de la pulpe de l’index. Quant à votre épouse, il faudra en effet me la présenter. Je suis curieux de voir quel genre de femme prude… et soumise, rajouta-t-il en élargissant son sourire d’une teinte de complicité quant aux affinités du Talleyrand en matière de sexualité, ...possède l’indécente chance de partager vos nuits… Vous me direz aussi qui vous apporte la tendresse quand vous vous trouvez maitre dans le lit conjugal, poursuivit-il, conscient que c’était là la faveur que Thomas faisait à ses amants alors que le timbre de sa voix s’arrondissait doucement dans la pénombre lunaire. L’index délaissa la mèche pour venir s’égarer sur la joue, griffes rentrées. Vous me parlerez peut être aussi de ce malentendu qui vous a poussé à revenir en France… La caresse s’effila jusqu’à mourir sur l’arrondi du menton, savourant dans un silence suspendu de quelques secondes, le velouté de la peau de son ami , au regret de la quitter, aiguisant son sourire d’une espièglerie passagère pour protester, faussement fâché, rompant la douceur de ses mots : Et par tous les Saints Thomas, il faudra rappeler à votre femme de vous interdire les pièces obscures avec les hommes de petite vertu... , fit il en quittant le spectacle de ses lèvres pour les reposer dans ses yeux d’un bleu profond aux ombres claires du bureau. Nous ne sommes pas tous faits pour résister à la tentation., conclut-il en se levant pour contourner le bureau , attrapant deux verres et un whisky tourbé aux saveurs d’iode. Alors mon ami, reprit-il d’une voix plus haute en remplissant le petit verre ouvragé qu’il tenait, retrouvant le flegme du chat qui est venu chercher la caresse pour s’en esquiver, et amener la main à se tendre d’elle-même, ...cela vous convient-il ? Dois-je vous faire préparer une chambre d’appoint pour les séjours que vous ferez parmi nous ou allez-vous en plus m’apprendre que vous résidez à Paris ?
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