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[RP] Qui n’est jamais tombé...

Alphonse_tabouret
... n’a pas une juste idée de l’effort à faire pour se tenir debout.
Multatuli





Un rire. Un simple rire avait suffi à lacérer les tempes félines aussi aisément que s’il avait ricoché à sa seule attention quand il avait pourtant fusé de l’autre bout de la taverne, ramenant en un battement de cœur, Alphonse à sa geôle parisienne, cave humide à laquelle il était resté enchainé sept jours, figeant sur le visage avenant qu’il opposait à une jeune fille aux nattes épaisses, son sourire en un dessin presque douloureux.
Une semaine seulement s’était-il acharné à penser tous les jours, silencieux, obstiné, redécouvrant le sens de la négation dans les affres d’un oubli qui ne venait pas, et qui, s’il semblait parfois s’estomper au profit de nouvelles saveurs, n’en demeurait pas moins entaché à son ombre. Une semaine dont chaque jour s’étaient décliné en autant de limbes que de souffrances, variations emmenées par la main anarchique de sa geôlière et de son molosse, cabot servile de deux mètres dont la carcasse avait fini dépecée dans les caves du bordel par les mains rancunières d’Etienne. De ce séjour forcé, il ne restait physiquement plus grand-chose à la silhouette féline si ce n’était quelques douleurs qui revenaient, insidieuses à sa senestre quand il forçait de trop à l’employer, victime la moins épargnée du calvaire, fracturée jusqu’aux doigts, et ces traces de dents plantées à sa peau qui tardaient à s’atténuer, rappel quotidien s’il en avait eu besoin, de l’instant où, d’objet public il était devenu collection privée, cauchemar le plus absolu de l’esclave affranchi.
Le reste vivait, tapi dans les forteresses de la mémoire, présent sans être visible, semant la confusion autour de réminiscences tentaculaires enserrant les tempes comme les nerfs, maladie pernicieuse qui agitait encore le jeune homme sans qu'il ne parvienne au contrôle, problématique terrible posée au pantin dont l'essentiel des gestes étaient acquis sans être innés.

Il s’était excusé en se levant, quittant la cuisse chaleureuse de sa gironde voisine où sa main s’était égarée en lui assurant un retour rapide, convaincu qu’un peu d’air mènerait à la résurrection, que la fraicheur des nuit d’avril embaumeraient les volutes de la fièvre qui s’immisçaient à son échine, mais rien ne venait à la brise paloise, aucun soupir Eolien pour faire disparaitre l’irraisonnable panique qui gangrénait à ses nerfs, l’odeur âcre du sang qui lui prenait le nez, le chuintement déformé de la porte amenant tantôt la douceur, tantôt la folie mais toujours la douleur, tempêtant à ses oreilles au moindre son alentour…
La bile remonta ses nerfs avec une lenteur dévastatrice, le figeant dans l’opacité de l’ombre nocturne, essoufflé quand il s’appuyait d’une main au mur de la taverne, la rage de l’impuissance à se reprendre balayant le tremblement de ses mains en crispant ses doigts jusqu’à un poing compacté de colère.

Une semaine, mille morts, la certitude d’avoir perdu à tout jamais Etienne, celle de ne jamais connaitre son fils, la résignation, l’attente de l’abattoir, hosanna macabre qu’il s’était infligé sachant se convaincre mieux que quiconque, des chemins à suivre pour contrarier son bourreau.
Une semaine, mille douleurs, affinées par la danse des sévices, de la mandragore et des lubies perverses de sa propriétaire, jouet dont on avait fait le tour avec l’enthousiasme des premières fois jusqu’à toucher du tison l’âme déjà boitillante, humilié par le son de ses propres pleurs aux souffrances perpétrées, éreinté par une lutte constante pour percevoir des bribes de réalité, attendu ailleurs sans jamais arriver à partir…

La nausée se crispa à sa gorge, brulant sa chair jusqu’à la morsure, amenant l’animal d’un pas lourd à l’abreuvoir délaissé par les chevaux pour plonger la main dans l’eau et en ramener une coupelle à hauteur de sa nuque, laissant les filins délicats geler les lézardes de leurs coulures sur sa peau dans un soupir irrité. S’ils restaient épisodiques, les pics les plus vertigineux de ses tourments poussaient l’animal à saturer les relents émétiques de ses souvenirs en une énergie corrompue, déchainant les colères les plus noires sur ce qu’il avait à portée de main, dans la cohorte de beuveries salaces, de jeux d’ivrognes, ramenant ou une catin à confondre à la rage de sa chair ou quelques courbatures d’empoignades de fin de soirée, quête spasmodique des douleurs pour éradiquer celles qu’on lui avait imposé.
S’il ne doutait pas que le temps effacerait cette errance malheureuse quand il avait réussi à apaiser un deuil léonin, à cet instant ci, égaré, enfant perdu, il se raccrochait à lui-même, chancelant au gré des humeurs qu’il combattait, avisant l’abreuvoir dans la tension d’une chaleur blême , la senestre s’engourdissant irrémédiablement et sans aucune raison pour les minutes à suivre, séquelle parmi tant d’autres ramenée de ce séjour sans fin.

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Astana
    Build. Destroy. Rebuild.
    [Construire. Détruire. Reconstruire.]

Tout brûle, se consume. La confiance, la vie, la...

Douleur ?

Non. La douleur, c'est elle qui vous consume, vous suce le sang et vous ronge les os. Jusqu'à ce que le dessein ciblé soit accompli et que débute le processus de guérison. Entre temps, on frappe ailleurs, on se bousille un peu, pour l'oublier un instant et se sentir, peut-être, vivant. Capable de ressentir, encore. Astana a souvent cogné ailleurs, qu'importe le support, et de cette époque elle gardé trois ratures sur la cuisse ainsi qu'un palpitant capricieux. Mais cette nuit, il n'y a ni violence ni sang versé. Non. Juste un feu et quelques lettres grattées jusqu'à l'écorce, jetées en pâture aux flammes d'un geste las.

Taiseuse, le front plissé par la contrariété, la danoise observe d'amers échanges être réduits en cendres. Pour peu que le poids des mots s'allège, et que les maux éprouvés, subis, lui accordent un répit et la mettent en sourdine. Pour une fois. « Vous êtes une pierre morte », a vociféré le blond un soir d'orage. Eh bien tu vois, j'aimerais bien en être une, de pierre morte. Là, maintenant, tout de suite. Qu'on me shoote dans la tronche, qu'on m'envoie valdinguer je ne sais où sans que ça cause de dommages, sans même que je m'en rende compte. Puisque morte.

Froncement de sourcils. En-dedans, il y a quelque chose qui gronde. Bientôt, le raisiné pulse dans ses tempes et Astana a chaud. Une Sørensen blessée est une Sørensen en colère. Qui a besoin d'air. Elle quitte son assise pour venir se poster devant l'âtre et y cracher un glaviot de manière rageuse. Là. Voilà ma réponse. Après quoi l'auberge est désertée rapidement au profit de la fraîche des ruelles, où l'air apaise les nerfs. L'échappée dure un temps, elle marche sans réel but jusqu'à piger qu'elle s'est perdue.


Pau et ses foutues venelles sinueuses. Par chance, un type pas loin semble faire la causette à un abreuvoir. Du moins ça y ressemble. Sûrement qu'il saura l'expédier dans la bonne direction. Blondeur s'approche et pose la dextre sur son épaule, dans la volonté de le retourner face à elle.

- « Dites, vous ne savez pas où se tr... »


Malgré la pénombre, le visage fait tilt. Elle n'en a jamais oublié un. Pas une fois. Blondeur est physionomiste.
Elle recule d'un pas et marque un temps d'arrêt en haussant un sourcil. Qu'est-ce que tu fous là ?


- « Alphonse ? »

L'observation est poussée aussi loin que le lui permet la sorgue. L'homme dont elle a fait la connaissance aux ripailles de Judas semble bien loin. Comme dispersé. Brisé ?

- « Vous avez une de ces sales gueules... »

Traduction : tout va bien ?
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Alphonse_tabouret
Dans la traversée de ses crises, le chat errait, dénervé de ses acquis et semblait percevoir du monde jusqu’au fourmillement de l’insecte, incapable de savoir qui du pas de l’homme ou de celui du hanneton emplissait jusqu’à la moindre volute de silence autour de lui, et accaparé par les battements virulents de son cœur transperçant ses tempes, laissa sa proximité se faire envahir d’un crissement de bottes sans qu’il s’en aperçoive.
La surprise de cette main sur son épaule le faucha, littéralement, fétu insignifiant à l’aube de la tempête, le claquant sèchement au sol duquel il s’éloigné par un simple contact crevant les ondes blêmes de sa torpeur. Le monde brutal, s’engouffra dans cette brèche vive en dansant le long d’un filet de voix âpre qui empoigna sa mémoire et jeta un frisson à son échine fatiguée, gangrenant le baume éthéré de la folie qui sommeillait à sa chair pour l’amenuiser jusqu’à la perception.

- « Dites, vous ne savez pas où se tr... »
Peu de choses réunissaient les deux noctambules au seuil de leur monde, antinomie vivante, à l’exception de la hauteur, de leurs héritages respectifs. Si l’une était blonde, l’autre était brun, et quand l’une affichait à ses yeux l’étrange transparence d’un ciel ombrageux, l’autre y entreposait la noirceur sobre du gouffre. Les cheveux courts barraient le front pale de la donzelle offrant à la saisie un visage abrupt et pourtant plaisant quand les cheveux du faune falsifiait parfois jusqu’à la lueur de son regard pour ne laisser que l’impression de l’ombre.
- « Alphonse ? »
Astana.
Les échos d’une salle pleine s’insinuèrent à ses tempes quand explosait une salve joyeuse dans la taverne à quelques mètres d’eux, amenant aux tempes le fracas des verres s’entrechoquant dans les voix imbibés de quelques uns.

- « Vous avez une de ces sales gueules... »

La perplexité arrondit l’œil félin d’une noirceur diluée en le délivrant de l’attache nauséeuse qui le berçait, retirant les lianes de ses tempes pour le laisser respirer, entravant encore chacun de ses mouvements dans la sensation insupportable d’en être recouvert de part en part, magma immonde dont il percevait le bruissement dans le froissement de ses tentacules, le laissant funambule au sens propre, en pleine représentation, silencieux une seconde avant que ne pointe à sa gorge un ricanement salvateur.
La senestre engourdie fut pliée et dépliée, mantra muet auquel l’animal soumettait le corps sans s’en rendre compte plusieurs fois par jour, marotte de l’handicapé momentané dont les sensations lui donnaient parfois l’impression de s’être dissoutes en même temps que sa raison le jour où il avait choisi malgré le manque de perspective, de se grignoter la patte plutôt que d’attendre que le chasseur ne vienne relever son piège. Mourir avec panache lui avait alors semblé convenable quand désormais un simple rire pouvait gangréner la moindre parcelle de ses résolutions en un instant. L’écœurement lézarda le salut neuf offert par cette interruption et l’obligea à retrouver les réflexes les plus primaires éduqués à sa chair. Père désormais, la liberté de son fils ne tenait qu’à sa réussite, qu’à l’acharnement qu’il mettrait en œuvre à l’obtenir et il était impensable d’échouer si prés du but en laissant une faiblesse distraire l’attention des autres, le regard s’égarant sur le ventre rond qui n’était qu’esquisse lors de leur rencontre judéenne

Vous n’avez pas l’air beaucoup mieux, objecta-t-il en discernant le front soucieux que la surprise des retrouvailles avait dilué sans pour autant l’anéantir, se décidant à plonger la coupe de ses mains dans l’abreuvoir pour la ramener à son visage et l’y immerger brièvement, coup de fouet supplémentaire à sa tentative fébrile à délaisser la léthargie houleuse qui le menaçait. L’onde serpenta dans son cou, chassant un peu plus loin le venin distillé à ses tempes pour le dévier aux nerfs, amenant sa mâchoire à se crisper brusquement en sentant sa senestre s’agiter d’un incontrôlable tremblement sur le rebord de l’abreuvoir qu’elle avait saisi, attardant un silence le temps de regagner la coupe de son regard clair :
Que diable faites vous là à cette heure-ci ?
Accusation silencieuse à cette grossesse entamée, remerciement indélicat à le sauver de la gangrène nocturne, reproche à le trouver possédé d’un mal qu’il ne savait pas encore contrôler au point de le parer du masque de l’apparat, le chat laissa l’amalgame du tout percer dans l’interrogation.
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