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"Pourquoi es-tu parti, mon Frère ? Tu ne devais pas mourir, mon Soleil. Qui, désormais, éclairera mon chemin dans le noir de la cruauté et de la bêtise humaine ? Mon Astre, mon Aigle, tu t'es envolé. Tu n'avais pourtant pas besoin de cela pour nous rappeler à tous combien tu étais le plus grand, le plus libre et le plus beau."

[RP] Moi je fais des ptites bulles

Aurore_victorine

      [Limoges, Ta mère la Catin, fin Avril 1466]


    Citation:

      A Aurore Victorine, d'Arcy si l'on en croit.

      Mademoiselle,

      Il disait que vous lui ressembliez, à lui presque autant qu'à sa Mère.
      Il disait que vous auriez besoin de moi, comme ce fut son cas.
      Il disait que pour vous, il me faudrait revenir. Je serai bientôt là.

      Lui n'est plus. Il ne reviendra pas.
      Rencontrons-nous, où vous conviendra.

      Aus tiefstem Herzen,









    Il avait fallu une missive, juste une seule, pour tout faire basculer. Ce frère, ce jumeau, ce double au masculin que je venais de découvrir n'était plus.
    L'on m'aurait mis une baffe que je serais restée tout autant sur le cul.
    Dans un premier temps, je fus en colère. C'était trop demandé de rester en vie ? Comment avait-il pu partir en me laissant seule ? CONNARD ! REVIENS !

    Et dans un second, la peine vint remplacer la colère. Mais de cette peine, je culpabilisais. Était-elle légitime ? En avais-je le droit ? Maximilien, cet homme que je commençais tout juste à connaître, à apprécier. Et peut-être même que je l'admirais aussi. Parti. Plus là. Il ne reviendra pas. De lui ne restait que ce Markus à qui il avait parlé de moi et qui voulait me voir.
    Irais-je ? Non je n'irais pas. Et puis si. Mais non. Il fait chier, putain ! C'est bon, j'irais !

    Réponse avait été faite au teuton, et rendez vous avait été donné par lui peu après.
    Chaunac, au sud de Tulle. Bled inconnu. Mais s'il fallait soulever l'une de mes qualités, ça serait, contrairement aux stéréotypes féminins, mon sens parfait de l'orientation. Je savais, dans n'importe quelle circonstance, trouver mon chemin. Ainsi, Chaunac ne serait pas difficile à repérer.

    Mais il restait encore une chose à faire. Prévenir Cerbère.
    Je n'avais tout d'abord pas voulu d'elle. Ni à cette rencontre, ni ailleurs. J'étais rongée par la jalousie de voir cette femme considérée comme la soeur de Guise alors qu'elle n'en avait pas le sang. J'étais là, moi, alors pourquoi avait-il besoin d'elle ? Mais il fallait se rendre à l'évidence. Elle avait une force de caractère indéniable et restait fidèle à elle même. Peut-être qu'on pouvait percevoir là un début d'admiration pour Samsa. Allez savoir.
    Il n'en restait pas moins qu'elle avait le droit de venir, surtout si cela concernait notre frère. Oui, le notre. J'acceptais enfin qu'elle soit sa soeur autant que je l'étais.


    Citation:

      Samsa,

      Markus m'a donné rendez-vous à Chaunac, demain.
      Je pars devant. Libre à vous de venir à cette rencontre.






    Petit billet fut rédigé à son attention pour la prévenir.
    Moi j'étais déjà sur le départ. J'avais besoin d'être seule. Loin de tout et de tout le monde.



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Markus_le_colosse, incarné par Oane_raphaelle


Ce dimanche-là, c'était Elle qui s'en allait. Son roc. Le Grand-Maître. Elle, qui lui avait tendu la main, réappris à voir, à penser, à être. Elle, qu'il chérissait comme personne, pour avoir fait de lui Quelqu'un. Ce dimanche-là, par ordre de la principale concernée, il devait ne pas flancher. Il n'a pas flanché. Mais il se souvient qu'alors qu'il était lui-même à l'autre bout de la pièce, près de la porte, et qu'il luttait contre sa propre peine, il a posé les yeux sur le fils qu'elle lui laissait. Cet enfant qui n'était pas le sien et l'avait pourtant toujours été ; cet enfant qui perdait sa mère, alors que, déjà, il était de père orphelin. A six ans. Il tenait Sa main, qu'il n'a pas arrêté de caresser du pouce ; il se tenait droit, aussi, plus droit qu'eux tous ; il n'a pas pleuré – pas une larme. Il n'a non plus bougé. Il n'a pas bougé, jusqu'à l'aube nouvelle.

Allez dormir, Monsieur, je la veillerai.

Voilà ce qu'il a dit, lui, qui était tout juste haut comme quatre mirabelles et qui, tous les jours pourtant, expliquait en actes la maturité aux grandes personnes. Il avait six ans, oui. Et au monde, il offrait déjà le ciel de ses yeux en précipice à tous les maux, comme s'il ne fut né que pour les guérir. Ou guérir et lutter. Toute la cathédrale s'était assise, à l'enterrement. Pas lui. Il était resté debout, jusqu'à la fin de l'office, soit durant près de trois heures – les mains jointes dans le dos, le menton tenu exagérément haut. Quand on lui avait demandé pourquoi, il avait répondu :


Il vaut mieux ne pas s'asseoir que ne pas pouvoir ensuite se relever.

Six ans et des poussières. C'était un guerrier ; une ombre faite de Lumière. C'était le fils de sa mère. Et puis, on le lui a enlevé. Durant presque six années. Il s'en souvient, aussi, de ces ans-là. Une apnée, ça a été – une apnée du cœur, longue de deux milliers de jours. Et depuis peu, l'impression est revenue. Il respire, mais les battements se sont comme tus. Plus n'est raison que ça tape, là-dedans ! Alors, simplement, ça ne tape plus.

Markus ? J'y vais.

Charles s'en va. Il le lui a demandé. Charles retourne à sa vie, parce que le Patron n'est plus là. Il n'est plus tout court. Il ne reviendra pas. Il lui faut se le répéter, souvent ; il lui faut se convaincre alors que, de toute son âme, il rejette cette idée. Il la vomit, pour vrai dire. Ils réapprendront – à vivre sans lui. Ils se remettront, se perdront à d'autres sourires ; ils le rangeront parmi d'autres souvenirs ; ils oublieront. Lui, il est mort. Mort, au moment où il a trouvé son Petit là, pendu, froid ; les yeux ouverts ; les yeux vides.

Markus ? Êtes-vous sûr que...
Ça va aller. Fais bonne route, Camarade.

Il a donné au Maigre l'accolade. Il ne l'aurait jamais fait, avant. Mais il n'existe plus, l'Avant. Il n'est plus. Il ne reviendra pas. Les jours se ressembleront et se répéteront, insipides ou – au mieux – amers. Adieu saveur. Adieu, bleu de paradis – perdu, comme fils et Mère.

Bonne nuit, Gamin !
A bientôt, mon vieux.
A demain,
Mh. Demain, oui.

Il aurait dû comprendre. Il n'a pas compris. Et demain, il faudra affronter la réalité des vivants. Demain, il faudra faire comme s'il n'avait pas emporté l'Amour avec lui. Vaine mission. Car l'Amour, c'était d'Arcy. Nul n'aime comme ils aiment, nul l'on aime comme on les aime : c'est ainsi. Ça l'était. C'est fini.


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𝓐𝓾 𝓼𝒆𝓻𝓿𝓲𝓬𝒆 𝓭𝒆𝓼 𝓭'𝓐𝓻𝓬𝔂, 𝓭𝒆 ℳ𝒆̀𝓻𝒆 𝒆𝓷 ℱ𝓲𝓵𝓼.
Samsa
    "J'ai failli courir vers toi,
    J'ai failli crier vers toi,
    C'est à peine si j'ai pu me retenir.
    Que c'est loin où tu t'en vas,
    Que c'est loin où tu t'en vas ;
    Auras-tu jamais le temps de revenir ?"
    (Richard Anthony - J'entends le train)



Le pas est mesuré, moins rapide que d'habitude, alors que les bottes foulent la poussière du chemin menant à Chaunac. Ses petits yeux sombres, antagonistes des Azurs Perdus, philosophaient sur l'horizon qui se dévoilait un peu plus chaque fois, se demandant si, finalement, ceux qui n'aimaient pas n'avaient pas raison. Elle, Cerbère, elle faisait partie de ceux qui aiment, sans demi-mesures ; quitte ou double. Maximilien était quitte, Samsa était double. Ils avaient tout deux aimé les meilleures personnes, celles-là même qui étaient parties les premières. Maximilien était parti, lui aussi, anéantissant à jamais la vie des rares qui avaient eu assez de valeurs et de patience pour savoir que plus l'accès au cœur est difficile, plus beau est ce dernier. Plus fragile, aussi. Samsa n'avait pas eu de mal à atteindre son cœur, et lui non plus. Même si le cœur de Samsa semblait plus accessible, il ne s'agissait pourtant que d'une illusion ; pourtant, Maximilien s'était imposé sur lui comme le Roi, le Soleil, l'Homme de la Vie de Cerbère. Adieu, tout cela.
Il avait souvent frôlé la mort, comme elle. Il en était toujours revenu. Jusqu'à maintenant. Celui que Samsa croyait immortel n'était plus et elle ne savait plus que faire, sans ce Frère qui l'avait guidé autant qu'elle l'avait fait pour lui. Il avait été ses limites, ses coups de gueule, celui qui la remettait en place quand, trop souvent, Cerbère avait eu trop confiance. A qui, maintenant, pourrait-elle faire confiance pour cela ? Elle était seule, ne devant plus compter que sur ses souvenirs et ses apprentissages pour continuer d'avancer. Le poids était lourd.

Elle a revêtu son armure où un Cerbère y est gravé. C'était son cadeau d'anniversaire pour ses vingt-quatre ans. C'est avec cette armure qu'elle a conquis l'Anjou, avec elle qu'elle a fait tous ses combats depuis, avec elle qu'elle les a tous gagné. Le métal est reluisant car, une fois encore, Cerbère se terre derrière une muraille de dignité noble et fière. Jamais elle n'exprime sa souffrance en public. Elle n'avait pas grandi avec Maximilien mais ils étaient faits du même bois, celui qui reste debout quand les vents soufflent et arrachent tout. Ils se connaissaient par cœur. Ils s'aimaient plus que tout. Pourtant, Maximilien était parti ; il l'avait abandonné. Samsa aurait pu lui en vouloir, lui promettre de le retrouver dans la mort et de le tuer de nouveau, mais elle ne ressentait rien de tout cela. Elle aussi, jadis, avait tenté de se tuer. Elle aussi aurait pu abandonner ceux qu'elle aimait. La souffrance ne se jugeait pas, pas plus que la façon dont y remédie. Le déni avait presque été une solution pour Samsa quand Aurore était venu la prévenir : Maximilien mort, et puis quoi encore ? Venant de Markus qui l'avait déjà proclamé quelques mois auparavant, en sus, et qui préférait avertir Aurore avant elle, Cerbère. Où était la jumelle quand il avait eu besoin de quelqu'un ? Où était-elle quand il avait tellement bu qu'il aurait été légitime de se demander s'il savait encore respirer ? Qui lui donnait des claques quand il brisait trop de cœurs à l'heure ? Avec qui avait-il partagé des bagarres, des guerres entières ? Aurore n'avait jamais été là, quelles qu'en soient les raisons. Markus avait eu l'heur de finir par écrire. Et Samsa viendrait. Il lui devait des explications qu'elle comptait bien avoir.

Il était déjà là quand Samsa arriva, toujours aussi colossal, mais paraissant affaibli, peut-être un peu voûté, comme si le poids des années lui était tombé dessus en même temps que l'âme de l'Aigle s'était, elle, envolée. En silence, la Baronne s'approcha pour venir se placer à côté de lui. Elle ne venait pas pour l'héritage dont lui avait parlé Markus ni pour un quelconque attrait à quoique ce soit, ni même par obligation morale. Elle venait parce qu'elle le voulait. Maximilien n'avait pas voulu d'au revoir, il n'en voulait jamais, mais Samsa, elle, en voulait toujours. Elle s'efforçait depuis des années de dire ce qu'elle devait dire aux gens tous les jours, pas seulement dans les moments critiques, mais les au revoir restaient pour elle des moments importants où elle se livrait à cœur ouvert sur ses sentiments. Zyg n'avait pas eu d'au revoir. Cerbère n'avait plus jamais fait l'erreur. C'est le coeur en paix, bien que détruit, qu'elle se tenait là, sachant que son Frère était parti avec des mots qu'elle n'avait pas tu. Mais peut-être Markus ne pouvait pas tant s'en vanter.


-Vous étiez comme un Père pour lui té. Il vous aimait autant qu'il vous admirait pardi.

De mémoire, Samsa n'avait jamais vraiment eu l'occasion d'adresser la parole à Markus. Elle ne l'avait même pas si souvent vu. Il était pourtant indissociable de l'image du Frère. Cerbère leva son visage aux traits majoritairement figés vers lui, l'air aussi brave que sincère ; quand on disait quelque chose de vrai et fort, il fallait toujours regarder la personne, fusse avant, pendant ou après. C'était une marque de respect.
Ne serait-ce que pour avoir presque élevé celui qui serait à jamais une Légende, pour avoir été son presque père, pour être là pour lui jusqu'au bout quand il aurait simplement pu partir, il le méritait.

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Markus_le_colosse
      [La veille du rendez-vous, toujours. Limoges, toujours.]

    Combien de temps s'était-il écoulé depuis que Charles était parti ? Une fraction de seconde, quelques minutes ou de pleines heures ? Il n'en savait rien, il n'y songeait pas. Le temps lui-même ne s'écoulait plus vraiment – il coulait juste, en boue épaisse, sur la carcasse fatiguée du Géant. Et celui-ci, tout à ses pensées lourdes des fameux « si » qui pourraient changer tout mais ne refont rien, n'entendit donc pas le Maigre revenir, pas plus qu'il n'entendit ce dernier frapper à la porte, ni l'appeler ensuite à plusieurs reprises. Ce ne fut qu'en sentant son épaule remuer toute seule – alors qu'on s'évertuait à secouer – qu'il finit par refaire surface :

    ...Hein ?
    Markus. Vous devriez descendre.
    Tu ne devais pas partir, toi ?
    Si. Mais le...euh, le « colis » de la comtesse de Weilburg est arrivé.
    Ah. J'irai voir plus tard.
    Non. Non, non ! Vous allez...Oui. Vous allez venir voir cela. Tout de suite !

    Les yeux du vieux se plissèrent. Si Charles se mettait à filer des ordres, ce devait être au moins que l’apocalypse était arrivée jusqu'aux portes de la capitale limousine. Amen : balayez tout, moi je m'en fous ! Oui, mais d'abord :

    Ça va, ça va. Je viens. Mais après, tu te barres. Emmerdeur !

    Et le Maigre se mit à sourire bêtement et Colosse alla donc en marmonnant, scène jouée comme une parenthèse ouverte à seule fin de se rappeler la douceur de l'habitude – celle-là même que l'on n'appellerait plus ainsi à l'avenir.

    L'escalier descendu, on lui indiqua le salon, qu'il gagna, la mine renfrognée. C'est qu'il avait mieux à faire, Markus. Et par « mieux », on entend « rien ». Absolument rien. Mais rien, c'est quand-même mieux que ç...

    Freinage d'urgence et arrêt sur image. Le colis était bien là, mais il n'avait pas forme attendue. A quoi s'attendait-il, d'ailleurs ? Il ne s'attendait même pas. Mais...Une gosse ? Pourquoi ?


    Was zum Scheiss*... ?

    Elle lui tournait le dos. En l'entendant sans doute, elle se retourna et vint aussitôt darder l'infinité cérulée de ses prunelles sur lui. Et s'il était mort l'instant d'avant, s'il était mort pour sûr, par ce seul regard il se trouva forcé de revenir sans délai à vie. Sa mâchoire à lui devait être déjà tombée, mais pour ne rien arranger à l'état actuel du grand dindon qui se décomposait sans raison devant elle, voilà qu'encore elle ramena ici les mains dans son dos, menton levé haut. Trop haut.

    Quelques pas suffirent à la rejoindre. Quelques pas, au bout desquels la Montagne s'écroula. Aux pieds de l'enfant. En larmes. Il n'avait pas flanché, ce dimanche-là. Il n'a pas flanché, jamais – jamais jusque là. Sa main, qui semblait démesurément grande comparée au petit bout d’innocence qui restait immobile face à lui, sa main qui vibrait sous l'émotion tel étendard au vent, alla recouvrir toute entière la joue minuscule ; elle l'agrippa ; la broya presque à tant vouloir confirmer que moment bel et bien était réel. La gamine ne prit pas peur. Non. Lentement, ses fins doigts se levèrent, pour aller essuyer ces larmes en lesquelles elle se put probablement noyer. Elle essuya, d'un côté, puis de l'autre – par deux fois.

    Ne pleurez pas, Monsieur. S'il vous voit si triste, il le sera plus encore de ne pas pouvoir vous consoler.

    Il ignorait même son prénom. Mais il sut. Qu'à compter de ce jour, il la chérirait comme personne, pour avoir (re)fait de lui Quelqu'un. Alors, il lui sourit. A elle. Au ciel de ses yeux, qui s'offrait en précipice à tous les mots. L'Amour c'était d'Arcy. Et il en pouvait être le Protecteur, à nouveau.

      * « Qu'est-ce que...? » (Version pas très polie ^^)

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