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[RP] Qu'il en soit ainsi !

Nikita.novgorod
    Le début de la fin ?


Bourgogne. Une ville comme tant d'autres... son marché mal approvisionné, ses tavernes vides d'âmes, jusqu'à l'absence d'alcool. A chaque voyage, son lot d'imprévus. Celui-là ne transgresse pas la règle... sans doute aurait-elle préféré qu'il diffère. Mais comme sa mère avant elle, il semblerait qu'elle soit frappée d'infortune, malgré les rares fidèles, ombres silencieuses, marchant dans ses pas. Elle l'a toujours su, au fond, qu'un jour, elle connaîtrait la mésaventure maternelle... la similitude n'est pas flagrante au non-initié, mais limpide à l'esprit blondesque.

Bourgogne. Attablée, elle griffonne les vélins destinés à ses compagnons de route... une courte hésitation, quant au dernier, qui part finalement avec les autres. La veille, une énième prise de bec avec son époux. Un ultimatum lancé, qu'elle croyait irréfléchi à ce moment-là, qu'elle comprendra sournois dans quelques jours.


Citation:
Niki',

Mon ultimatum reste inchangé. C'est lui ou moi.

(…)

Je ne sais pas où je vais aller, mais j'irai.

Tout ce que je veux, c'est ton bonheur, si il n'est pas avec moi ... Ainsi soit-il.

Pardonnes-moi, un jour peut-être.

(...)


Vélocité du retour, inattendu en vérité. Le message reçu alors qu'elle regagne l'auberge, afin de rejoindre ses amis, du peu qu'elle possède. Stupéfaite, d'abord, par ce qu'elle y lit, c'est bientôt la colère qui l'envahit perfidement... Sa réponse ne tarde pas. Succincte mais honnête, car la Slave ne souffre pas le mensonge, encore moins lorsqu'il est déguisé en sincérité coupable.

Citation:
Qu'il en soit ainsi !

Je peux supporter bien des choses, mais on ne me lance pas d'ultimatum, certainement pas.

Tu vois, je t'offre même la porte de sortie que tu peinais à trouver... je te rends ta liberté, Benjen. Mieux vaut tard que jamais n'est-ce pas.

Amuses-toi bien. 




Ses mots sont froids, assurément. Choisis, indéniablement. La signature, solennelle. La soirée durant, elle ressassera, nourrira l'orgueil furibond jusqu'à nécéssiter l'affrontement. L'ultime probablement. Mais elle l'ignore encore à cet instant.

Vous les hommes, vous êtes tous les mêmes
Machos mais cheap
Bandes de mauviettes infidèles...


Comment avait-il pu, ne serait-ce qu'oser, imposer une quelconque exigence... après tout ce qu'elle avait accepté. Le courrier en main, elle quitte l'interlocuteur chaleureux pour rejoindre le mari obséquieux. L'entrée en matière donne le ton, elle lui jette le vélin à la trogne en lui demandant quelques explications quant audit torchon... s'en suit une conversation improbable, mais elle y croit. Naïve créature. Puis les adieux déguisés en promesses de futur conjugué.

Chacun de son coté, le voyage se poursuit. A mesure que les jours passent, le silence dévoile ses vérités. Petit à petit, elle lit entre les lignes, comprend ce qui lui avait échappé... l'ami, devenu amant, n'était finalement qu'un outil pour la fuite de l'époux, lequel n'aura pas manqué le coche, cette fois. Elle en rirait presque de s'être fait manipuler si aisément, encore.


Quoi toi aussi tu veux finir maintenant?
C’est l'monde à l'envers!
Moi je l'disais pour t'faire réagir seulement... 
Toi t'y pensais


Oh oui, il avait méticuleusement prévu son coup... probablement le couvait-il depuis Genève, ou peut-être même avant, alors qu'ils étaient encore en Guyenne. Elle ne le saura jamais, sans doute, et s'en cogne à vrai dire. Le résultat est là.

Pardonnes-moi, un jour peut-être.


Pardonner. En est-elle encore capable ? Saura-t-elle un jour, accorder à nouveau ce sésame, après l'avoir tant distribué? Inenvisageable pour l'heure. D'ailleurs, il ne semble pas en faire grand cas, qu'après plusieurs jours, le mutisme perdure et la Slave d'en tirer ses conclusions. Le constat est difficile, évidemment, mais contrairement à la matriarche, elle ne tombera pas!

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Nikita.novgorod
    Non mais à l'eau quoi !


Alençon. Une ville après l'autre, ils atteignent enfin l'objectif. La livraison arrive à bon port, elle ne tarde d'ailleurs pas à s'en débarrasser, comme si la marchandise lui brûlait les mains, alors que tout était parfaitement légal. Légère parano qui la suit depuis qu'elle a appris son listage en Champagne... terres hostiles qu'elle n'a jamais foulées du pied a priori, et qui, visiblement, s'amuse à piocher des noms au hasard pour occuper sa soldatesque. Si c'est pas fantastique keumême ! Bref, elle a livré l'argile, sa part du contrat respectée.

Non mais revenons-en à la Champagne... si, si, un tel niveau mérite qu'on s'y attarde. Vraiment.

Ainsi donc, la caravane quittait la Bourgogne... caravane ? Plus proche du cirque Pinder en vérité que d'un simple groupe. Déjà, la Rousse trimballe une véritable ménagerie, la Blonde aussi. Ensuite, ladite rouquine est prête à véler, se déplace comme une dinde qu'on va rôtir, escortée d'un ours mal léché -je laisse le soin à sa femme de démentir-... ajoutez au tableau, une crasseuse hiboutée, collectionneuse de bestiaux morts, ainsi qu'un loupiot éleveur d'insectes en tout genre, dont les meilleurs potes sont un chat miteux ainsi qu'un hérisson pouilleux et vous comprendrez qu'on peut difficilement envisager la moindre prise de mairie, alors le château, on frise le fantasme là.
Ce qu'il faut savoir aussi, c'est que la charmante famille n'est pas franchement adepte de la discrétion. Mère et fille ne discutent calmement, qu'en de rares occasions, aussi, on peut les entendre à des lieues à la ronde, pourvu qu'elles se chicanent gentiment... autant dire que ça ricane, ça pinaille, ça agace les hommes qui grognent, ça fait chialer les mômes et pour couronner le tout, les charrettes tellement chargées qu'elles couinent leur désaccord, en menaçant de péter régulièrement.

La mise en situation : check

En quittant la Bourgogne, ils ont longé la frontière champenoise... la pampa, pour ne pas déranger les braves gens, puisque tout le monde aura bien compris, que la réserve n'est pas leur qualité première. Une journée, une toute petite journée, à traverser les terres désolées et, surtout, totalement désertiques. Pas âme qui vive sur leur chemin, pas même la queue d'un rat, lequel aurait certainement amusé les matous accompagnant les donzelles, mais non. Rien, nada, peau d'balle, que tchi !
L'interrogation s'invite naturellement aux caboches : A quel moment, l'élite champenoise a-t-elle considéré, que la Blondeur présentait un tel danger, qu'on colle son blase au milieu d'une liste de dégénérés ?

Non mais à l'eau, ouais ! Faut arrêter la piquette les gars !

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Leorique

    [Normandie, les cotes, sa baie et ses plages. Aussi la mer et ses naïades Slaves]

    La mer avait une place bien particulière dans l'esprit du Lisreux. Ancien marin, il avait fendu les flots des années durant, perché au-dessus d'un cordage, admirant et souffrant les vagues et embruns. Fils d'un riche armateur breton, il était clair qu'il avait cela dans le sang. Ce n'était pas pour rien que la symbolique de sa famille évoquait des sirènes, des ancres, et que leur devise parlait des abysses. Alors, souvent Leorique se prenait à rêver à cette surface d'un bleu gris métallique, à s'assoir quand il le pouvait devant cette immensité avec à l'esprit mille-et-une pensées qu'il essayait vainement de trier. Et ces jours-ci c'était le cas rien qu'avec le vent marin qui apportait quelques senteurs iodées, alors qu'au détour d'une colline ils aperçurent les scintillements propres à la surface de l'eau reflétant un soleil paresseux de printemps. Voilà maintenant des mois que l'ancien marin n'avait pu se baigner dans l'océan, passion qui le prenait parfois sans raison ni logique à part peut-être l'envie d’évoluer avec l'onde liquide, de s'harmoniser avec un autre élément que le sien.

    Cela n'avait donc pas manqué, le voyage en caravane s’éternisait, mais alors que la proximité avec la mer se faisait une réalité de plus en plus précise, le jeune homme avait proposé à la Slave de venir partager un moment devant l'océan avec lui. Du moins, il avait été proposé des baignades partagées, de profiter et de nager ensemble dans ces flots qui menaçaient pourtant de ne pas être tout à fait assez chaud. En effet, les températures printanières n'étaient revenues que depuis très peu dans le nord du royaume, et la mer du Nord n'était de toute façon pas réputée pour sa chaleur insupportable. Il ne lui restait plus qu'à espérer qu'il ne se ridiculiserait pas en devant d'un joli bleu frigorifié devant la Novgorod qui avait une acclimatation au froid bien plus grand que lui, logique quand on venait d'un pays aussi éloigné que glacé.

    Parce que leur relation était étrange, complice, tendre, mais particulièrement irraisonnée, il n'avait pas cherché plus loin, pour une fois, son état d'esprit n'était qu'à la joie future de cette excursion sur les plages et Leorique laissa paraitre sur ses traits fins une impatience qui lui était vraiment peu coutumière. De tout ces mois d'hiver il en retirait cette hâte de faire trempette dans l'océan, privé trop longuement par les longs mois de glace et de neige.

    Il avait prévu de partir de son coté, seul, sitôt arrivé en Alençon, mais c'était bien avant de retrouver la gracile Slave en Bourgogne qui d'un seul regard doré, d'un seul geste pouvait le plonger dans des abysses de confusion et de trouble. Cette idée de partir commença à disparaitre en même temps qu'il provoqua malgré lui tout une série d’évènements dont il ne savait s'il devait s'en enorgueillir ou se sentir coupable. Cela leur pendait au nez de toute façon, s'était-il rassuré sans trop y croire.

    Ainsi, quand le soleil fut à son zénith et après qu'ils se furent reposés de la chevauchée de la nuit, Leorique initia le départ vers la plage promise. Après quelque temps le Lisreux trouva une crique digne de les accueillir et, surtout, assez éloignée pour qu'il soit improbable que quiconque les y aperçoive. De nature privée, Leorique préférait l'intimité, la discrétion en général et avouez que cela ferait desordre qu'on apprenne qu'il allait se baigner avec la femme d'un autre. Car, c'était là tout le problème et il n'y avait aucun doute dans l'esprit du Lisreux que sa grande sœur, chef de famille le ferait très certainement punir, voire tuer, si elle apprenait cet écart. Pour quelqu'un qui n'avait jamais rien eu à cacher, cela devait un sujet plutôt délicat dans son esprit mélancolique.

    Mais l'heure n'était certes pas à ce genre de réflexion, et il était d'ailleurs bien incapable de ne pas profiter du paysage, du moment et de la présence féminine à ses côtés. Le soleil, qui rayonnait timidement à travers les quelques nuages gris qui parsemaient les cieux, éclairait délicatement la peau pâle de la Novgorod et faisait resplendir sa longue crinière ondulée d'or. Le jeune homme soupira doucement de satisfaction en ôtant ses bottes pour fouler le sable sec, froid tandis que ses yeux émeraude se repaissaient délicatement de l'apparence féerique de la belle Slave. Il avait songé malicieusement qu'elle se transformerait peut-être en une mythique naïade si tôt qu'elle toucherait l'eau salée. Leorique la dévisagea longuement en se rapprochant d'elle instinctivement, ses yeux émeraude parcourant chaque détail, chaque trait de ce visage qu'il se prenait à admirer bien trop souvent. Finalement, se jetterait-il à l'eau le premier, ou iraient-ils ensemble ?

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Nikita.novgorod


Trois jours. Trois longs jours qu'on lui a livré un courrier, alors qu'elle quittait son petit Tsar afin de rejoindre le Lisreux. C'était une tradition bien rodée, depuis toujours lors des voyages. Chacun vaquait comme il l'entendait, mais à l'heure du diner, les Slaves se retrouvaient pour partager le repas, moment privilégié qui pérénisait l'impression d'être encore une famille.
Trois longs jours que ledit courrier niche dans sa sacoche, sans avoir été lu, ni même décacheté. Parce qu'elle en connait l'auteur, parce qu'elle imagine, à tort ou à raison, ce qu'il contient, parce qu'elle n'aspire qu'à la douceur qui fait son quotidien actuel. Parce qu'elle n'a plus le temps, la patience et l'envie de rêver sa vie. Elle est à l'heure de la vivre, simplement.
Trois longs jours et, ironie du sort, c'est lovée dans les bras d'un autre qu'elle trouve le courage d'affronter les mots. Le bel endormi résiste un peu, lorsqu'elle se libère doucement de son étreinte, mais quelques paroles murmurées et la fatigue cumulée auront raison de son tendre amant.

Assise devant la petite table, mobilier succinct des chambres d'auberge, elle relit la lettre de son époux à la lumière d'une bougie fatiguée... Curieusement, elle sourit. Oui, juste un sourire. Nulle colère n'empoisonne ses gestes, alors qu'elle prend de quoi écrire, elle a passé ce stade, forte de sa détermination.
La plume gratte le vélin lentement, afin de garantir la tranquilité de l'homme étendu sous les draps... l'ambre caresse la silhouette, dont elle devine le souffle régulier et paisible, avant qu'elle ne recentre l'attention sur sa missive.


Citation:
Benjen,

J'ignore ce que tu envisageais, ce que tu espérais, de ton départ , de cette séparation, mais je ne pense pas me tromper, en considérant la réalité, bien différente, à te lire. Sauf d'avoir romancé ton courrier, bien entendu. Quoiqu'il en soit, le choix est tien.

Pour ma part, je vais mieux. Je vais bien.

Dans mon dernier courrier, je te rendais ta liberté, bien que tu l'aies toujours gardée en vérité. Je ne faisais qu'énoncer une évidence... mon aptitude à enfoncer les portes ouvertes, probablement.
Aujourd'hui, il n'y a plus de place dans ma vie pour tes écarts. il n'y a pas plus de place dans ma vie pour tes nouvelles connaissances, tes charmants amis. Il n'y a plus de place dans ma vie pour conjuguer les projets voués à l'échec. Je le fais très bien toute seule, ça. Il n'y a plus de place dans ma vie pour les meutes en chaleur ou les michetons sournois. Il n'y a plus de place dans ma vie pour les suspiçions constantes, les coups de gueules incessants, les tensions persistantes. Ma confiance agonise, ma patience a sombré.

Nous avons grandi, nous avons changé. Je n'aime pas l'homme que tu es devenu, je n'aime pas la femme que je devenais. Nos aspirations trop éloignées visiblement, que nous sommes dorénavant incapables de les harmoniser. Tu vivais « je », quand je vivais « nous »... perdue dans ton ombre, trop pesante au fil du temps, écrasante quand d'autres venaient y danser. L'affrontement impossible, comme nos trop nombreuses discussions, artificielles. Vaste fumisterie.

Je ne te hais pas. Non. Je me suis juste détachée de cet univers qui ne me convient pas. Amuses-toi bien, encore... Il vaut mieux vivre avec des remords, qu'avec des regrets ! Je n'ai ni l'un, ni l'autre.




Le courrier partira dans quelques heures, quand ils reprendront la route. En attendant, elle se glisse contre le corps chaud et apaisant. Sans doute, la courte nuit sera bercée de rêves plutôt que de cauchemars.

    Sur la plage abandonnée...


La passion du Lisreux pour l'océan n'est plus un secret, c'est un sujet qu'il aborde aisément et ce, depuis leurs premières conversations... Aussi, quand il a proposé la baignade, elle l'a d'abord taquiné, opposant l'éventuelle froidure, pour finalement approuver, devant son inhabituelle impatience. C'est donc amusée, qu'elle lui emboite le pas pour rejoindre cette crique, astucieusement choisie par le brun, lequel est probablement torturé par sa conscience, ô combien rigide, parfois.
Plus ou moins subtile, selon les situations, la Blondeur tente de lui faire lâcher prise, afin qu'il se libère de ses chaînes, celles-là qu'il a chevillées au corps mais, plus sûrement, à l'esprit et qui l'empêche de goûter totalement au grain de folie. A chaque victoire féminine, si minime soit-elle, c'est une véritable découverte...

Bref. A cet instant, elle remercie la bienveillance de Mère Nature qui leur offre une journée ensoleillée -en Normandie, si c'est pas du bol keumême!-, dont les températures clémentes évincent sans peine la légère brise. Le temps est au beau fixe, comme l'humeur blondesque... A parier que les dispositions climatiques changeront plus vite qu'elle ne perdra sa récente sérénité.
Assise dans le sable, les gambettes sont caressées par l'astre diurne, tandis qu'elle observe le rapprochement de son compagnon... l'émeraude dessine un sourire aux pulpeuses, bien malgré elle parfois, presque irraisonné. Il a cette capacité inconsciente de l'apaiser, lui faire oublier ses peines et, pourtant, il développe à son insu, une aptitude certaine à lui vriller les tripes ou les nerfs, quand au gré d'un échange animé, il verrouille sa carapace. Les jades glissent sur son minois, insistantes tant que troublantes, comme souvent, alors qu'il semble se perdre en conjectures internes... sans en expliquer la raison, elle se félicite soudainement de trimballer mille malles, lesquelles renferment une garde-robe improbable, telle que cette chemise sans prétention, qui la couvre jusqu'à mi cuisses avec une décence toute relative. Elle est encore sèche, ouais !

Elle se lève enfin, incline sensiblement la tête avant d'agiter la main en direction de la flotte et de souffler, taquine


    - Vous vous dégonflez, Leo ? Inquiet des conséquences de l'eau sur votre... anatomie ?


Habitué aux frasques de la Slave, il ne s'offusquera pas... ou peut-être un peu. Qu'importe, elle jauge déjà la température, immergée aux genoux et l'observe, en gloussant bêtement.
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Leorique

    Si le Lisreux était social par nature, il n'en restait pas porté par certaines légère incompréhensions avec l'humour. Les taquineries étaient quelques fois les piégés par excellence pour l'homme qui était souvent trop sérieux pour son bien. Parfois peu capable de reconnaitre instantanément les signes d'humour pourtant évident pour un autre. Non pas qu'il n’appréciait pas les taquineries, au contraire quand il prenait du recul il appréciait beaucoup l'autodérision et la malice, mais il avait du mal à cerner, à comprendre, à prendre ces phrases simplement pour ce qu'elles étaient de gentilles moqueries inoffensives et joueuses. Mais finalement, n'était-ce pas là le but des taquineries, contrarier sans méchancetés, provoquer légèrement, et il tombait souvent dans le panneau avec une bonne grâce. S'il ne s'offusque pas, il répond pourtant souvent avec sérieux

    « Me… dégonfler ? Allons, pas du tout. Pour un marin, ce n'est ri... » et de s’arrêter alors qu'elle souffle presque la suite de la phrase qui fait se colorer les joues du marin d'un pourpre bien visible. Énoncé comme cela, il était effectivement vrai que l'eau glacée pouvait avoir des effets réducteurs sur certains attributs, ce n'était pas rien qu'on conseillait des bains glacés pour calmer certaines ardeurs. Il toussota un peu, en secouant de la tête, finalement il esquissa un petit sourire amusé, en comprenant qu'elle plaisantait, toujours un peu empourpré.

    « Cela ne … m’inquiète pas. Même si cela sera moins avantageux temporairement, je saurais supporter cela et j’espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur. »

    Nikita s'avança la première dans l'eau, alors qu'il était encore en train de se débattre avec sa chemise, qu'il laissa choir dans le sable, rapidement suivi par ses chausses. Plus qu'en braie, il contempla un bref instant l'idée de les enlever, ou pas, mais sa réflexion fur interrompue par le spectacle devant lui. Les jolies gambettes slaves étaient, bien entendu, à moitié dévoilées par la tenue et l'esprit du jeune ne pouvait qu'en être troublé, exalté par la vision simple, mais belle des jambes et de la peau opaline s'enfonçant dans l'eau, recouvert parfois un peu plus par quelques vagues. Finalement, il décida de rester habillé ainsi tout en la rejoignant dans l'eau. À mi-cuisse, le choc fut assez rude pour autant il aurait été fou d’espérer que l'eau ne soit que même tiède. En Normandie, l'eau était glacée, et suffisamment vive pour procurer un sentiment de brulure quand la peau s'enfonçait dedans.

    L'ancien marin échangea un sourire complice avec la Blonde puis il s’élança vers les vagues pour plonger d'un bond agiles sous la surface, gagné, pour une fois, par l'impatience de nager à nouveau. Bien entendu, en fendant les flots, une prison glacée s'empara de son corps, et il allait probablement claquer des dents dans pas si longtemps avec force. Mais pour le moment, il s'en fichait, goutant simplement à la joie retrouvée, évoluant comme un poisson dans l'eau, il creva la surface, ruisselant d'eau salée. Puis il fit quelques mesures de brasse avant de se retourner vers la Slave. Mains tendues vers Nikita, comme pour l'inviter

    « Vous venez ? Elle est … hm ... Froide. Mais bon, c'est réellement plaisant. J'ai envie d'y évoluer avec vous » et de rajouter un brin taquin, malicieux « Nul doute que je suis aussi curieux de voir quelles conséquences aura l'eau sur -vous-. » Et de plonger le regard émeraude dans les prunelles dorées. Ce n'était certes pas dans la mer qu'il se noierait, mais probablement plus dans les yeux de la Slave.

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Nikita.novgorod
L'humour. Vaste sujet en vérité... La Slave en use volontiers, bien que le sien soit particulièrement pourrave, mais elle assume et puis, tant que ça la fait marrer, c'est l'essentiel. Dans cette relation singulière, elle ne manque d'ailleurs pas la moindre occasion d'asticoter le Lisreux, prenant un malin plaisir à jouer sur les mots aux significations multiples, qui font la richesse de cette langue, et qui n'oublient pas de créer des situations burlesques. Cerise sur le gâteau, à l'esprit malicieux, le faire rougir ! Et dans cet exercice, elle peut se flatter de nombreuses victoires, le brun courant plus qu'il ne marche.
C'est donc sans surprise, mais avec un amusement réel, qu'elle contemple la truffe teintée de gêne, avant d'embrasser la silhouette du regard... vainqueur de la bataille engagée avec ses frusques, il se risque enfin dans l'eau. Risquer, c'est le mot, parce qu'elle fait la maline mais elle se les gèle comme rare, ouais !

Si elle supporte bien les frimas rigoureux, les vents cinglants et tout ce que l'hiver offre d'hostile, elle a perdu l'habitude de nager délibérément dans les étendues glaciales... une toilette rapide, dans un cours d'eau, passe encore, dés lors que le voyage s'éternise, sans retour à la civilisation, sinon, elle favorise évidement les bains chauds. Aussi, sa préférence va aux lacs ou mers plus accueillantes, pour la baignade. Autant dire qu'elle ne lui tiendra rigueur de rien, si ce n'est de l'avoir entrâinée à la baille, ô combien inhospitalière.

Elle parade donc, évitant soigneusement d'aller plus avant... la peau s'hérisse d'une multitudes d'épines dermiques, la sensation désagréable d'être la cible de mille dards minuscules alors que l'onde lèche son corps avec gourmandise à la faveur des remous roublards. Quand il plonge, elle écarquille les mirettes de stupéfaction. D'instinct, elle s'apprête à bouder, l'ego piqué par le courage masculin -si, si, qui connait la Manche comprendra-, mais la main tendue bientôt l'arrête dans son élan puéril. Le museau se fronce légèrement au minois de l'Orgueilleuse, sa menotte se glisse pourtant dans celle de son compagnon, bien qu'elle freine des quatre fers en tressaillant. De froid. La loose !


    - Froide ? Froide ? Vous vous foutez d'moi ou bien ? Elle est glaciale !... j'vous préviens qu'si j'attrape mal, vous aurez ma mort sur la conscience épicétout!


Toujours dans l'exagération, ouais. Elle en fait des tonnes, comme d'habitude. Néanmoins, un léger sourire anime la lippe alors qu'il la taquine à son tour. L'ambre se baisse furtivement sur sa poitrine, avant de revenir s'arrimer à l'émeraude adverse et la Blondeur de lui faire écho

    - Mère Nature est friponne, Leo... l'évidence du froid se lit aisément, la fierté masculine se recroqueville et je vous laisse juge de la traitrise du corps féminin.


N'empêche, si elle bleuit, c'est la crise assurée!
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Leorique
    Bon, oui, Leorique faisait le fier, mais n'en menait pas vraiment large finalement. C'était comme si une charrette de bloc de glace lui était tombée dessus.  Son sourire presque amusé se transformait parfois en claquement de dents, et ses doigts se crispèrent délicatement autour de la main acquise. Main douce, soupçon de chaleur qu'il ne comptait certes pas lâcher malgré les réticences de la Slave à l'eau mortellement froide. Il était tout de même étonné d'avoir l'avantage sur la Slave de côté là, mais après tout, il faisait partie de ces marins dont les embruns gelés et l'eau presque givrée s'insinuant sous les vêtements faisaient partie des épreuves de leurs vies. Il n'avait pas l'intention de presser cet avantage trop longtemps, l'idée était de profiter de l'eau ensemble, pas de se transformer en iceberg.

    « Oui, bon … glaciale. Mais je ne compte pas vous laisser mourir de froid ici, soyez rassurée » et de l'attirer d'une traction de la main doucement, mais fermement contre lui, sans la quitter des yeux. Ils avaient encore pied, mais les vagues parfois menaçaient presque de les submerger. Le froid se faisait plus intense alors qu'il restait plus dans l'eau, et avec un bras autour de la taille, le Lisreux pressa avec tendresse la jeune femme contre lui, de façon à effectivement se rendre compte avec trouble de ce qu'elle évoquait ainsi que partager le peu de chaleur qu'il leur restait. Alors malgré le l'engourdissement de son corps, désormais a vif par les lames d'eau glacée qui les écorchait peu à peu, il se mordit délicatement les lèvres, toujours autant chamboulées par cette proximité physique. Son air entendu déclarait clairement qu'il jugeait très clairement des changements apportés par le froid. L'enlaçant de manière un peu plus intime et en se retenant quelque peu de bégayer de froid, il lui souffla

    « On nage brièvement et l'on … sort ? Pas que je n’apprécie pas à sa juste valeur cette … traîtrise. Mais on se gèle vraiment ... Je crois que … cela attendra les jours plus chauds pour qu'on en profite plus. »

    Il essayait de faire l'endurant, et à vrai dire il n'avait pas assez nager pour se satisfaire Mais il fallait se rendre compte tout de même que se baigner à cette saison, en Normandie, cela restait une idée pourrave, quoi qu'il arrive. Le Lisreux avait donc volé à l'occasion la couronne des entreprises loufoque à Nikita, et il la lui rendrait bien volontiers plus tard. Il jeta un regard envieux vers la plage où les attendaient quelques serviettes. Peut être qu'ils auraient du faire un feu, tiens ...

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Nikita.novgorod
D'ordinaire, la Slave n'est pas la dernière à plonger dans les situations improbables, pour ne pas dire complètement cons, bien au contraire, mais là, frigorifiée, elle n'aspire qu'à rejoindre le sable. Fière de sa plastique, avec toute la modestie qui la caractérise, l'idée d'une statue à son effigie n'est pas pour lui déplaire, sauf d'être elle-même ladite statue... non, non, dans l'esprit blondesque, un bon bain chaud, un feu de cheminée et tout ce qui va bien. En deux mots, quitter cette putain de mare hostile !

Pas de résistance à la traction, pas la force peut-être, pas l'envie plus sûrement. Elle ne boude jamais son plaisir d'être lovée contre lui, bien que le contact, d'ordinaire chaleureux, souvent fiévreux même, est particulièrement frileux, maintenant qu'il s'est amusé à jouer à « vie ma vie de Blondasse ». Si, si, pas d'autre explication à l'illumination du Lisreux... Elle frémit. Dans l'absolu, rien d'étrange à cette réaction physiologique, ô combien régulière, dés lors qu'il pose les mains sur elle... sauf que là, c'est le froid qui agit sur la frêle, aussi, l'écho ne tarde pas, presque hystérique, ouais.


    - Nager ? Vous plaisantez j'espère... je ne nage rien du tout ! On retourne au sec avant d'crever dans c'trou, comme deux bulots guyennais qui se seraient échoués loin de leur rocher!


D'ailleurs, avant de céder totalement à la crise en approche, elle échappe à l'étreinte afin de lui prendre le bras, pour à son tour, le tirer dans la direction opposée. La plage. Elle s'imagine alors comme une naufragée, qui n'a d'autre objectif que rejoindre le sable salvateur, et les serviettes sèches... Ils auront tout le temps de se réchauffer, après.
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Leorique
    L'image du bulot Guyennois ne manque pas de faire naitre un sourire sur les lèvres légèrement bleuies du Lisreux. L’éclat est compréhensible, mais il ne s'attendait pas à ce que celle qui se targuait d'une résistance au froid peu commune soit la première à jeter l'éponge sur cette marée froide. Il acquiesça doucement, apaisant et se laissa entrainer docilement vers la terre ferme. Peu à peu le vent marin soufflait sur les parcelles de peau qui étaient jusqu'ici immergées, apportant ainsi des frissons encore plus vifs, coupants, cruels, tandis que le corps commençait à protester vivement contre le froid accumulé. Finalement, se faire trainer, grelotant, n'était des plus glorieux , aussi décida-t-il de revenir à la hauteur de la Blonde tandis qu'ils sortirent pour de bon de l'eau, les pieds léchés encore par quelques vagues alors qu'ils se dirigèrent vers les quelques serviettes prévues a l'avance.

    Délicatement, tendrement, il enveloppa les épaules de la Slave d'une des serviettes, avant de commencer à se sécher rapidement, transi de froid, s'activant pour refaire circuler un sang un peu plus chaud. Subtilement, tout en faisant, il garda un œil admiratif sur la jeune femme tout à côté de lui qui, en l'état, aurait surement gagné le premier prix de tous les concours de chemise mouillée, si ce genre de chose avait existé, bien sur. L'eau salée collant les vêtements au plus près du corps, alors que les gouttes ruisselaient sur les jambes dévoilées de la belle. Si à l'instant un frisson le parcourut à ce moment, ce n'était certainement pas de froid, ou pas seulement. Puis il esquissa un air désolé vers le sable sec et sans aucune chaleur, il songea dépité qu'ils aient peut être du préparer de quoi faire un feu pour ne pas risque de mourir transi.

    Finalement, constatant que les pâles rayons de soleil, ainsi que les serviettes ne suffisaient pas à apporter quelconque chaleur supplémentaire, il entreprit de s'assoir à même le sable et d'attirer la jeune femme contre lui, sur lui, espérant qu'ils puissent partager mutuellement un brin de chaleur.
    « Heureusement que vous ne vous êtes pas laissé convaincre de faire un tour dans l'océan, à Bordeaux, lors de cette fameuse soirée ... » leur soirée alcoolisée en tête à tête, parfaite, avec une proportion au trouble bien qu'ils étaient en couple avec quelqu'un d'autre, l'un et l'autre. Un petit sourire tendre, amusé éclaira enfin les traits fins de l'ancien marin et il rajouta malicieusement. « Cette aventure, ci, dans la manche, n'était pas la plus réussie, hein … ? » Et de continuer d'un air faussement solennel, plaisantant en serrant leurs corps ensemble, cherchant à remonter leurs températures « Mais je suis heureux de l'avoir à moitié réussie avec vous »

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merci à JD Dôn pour la bannière et l'avatar
Nikita.novgorod
Pour l'entrainer, elle l'entraine ouais... si elle n'était pas si gelée, mais surtout, si humide, elle l'aurait probablement trainé jusqu'à l'auberge, histoire d'oublier cette malheureuse erreur d'appréciation. Oui, mais voilà, si elle a lutté pour ne pas faire de plongeon, la mer n'a pas eu de scrupule à la tremper et la tenue est, tout bonnement, indécente. Il lui ferait une attaque, c'est sûr.
D'ailleurs, à quel moment s'est-elle dit que la chemise légère serait une bonne idée ? En imaginant le regard qu'il poserait sur elle, peut-être... ce même regard dont il la couvre à cet instant, feignant d'être concentré sur le séchage. Un fin sourire anime la lippe blondesque, avant qu'elle ne réponde favorablement à l'invitation, puisque leur proximité engendre souvent une saisissante hausse des températures. Souvent mais pas là ! Essayez de vous réchauffer avec des frusques mouillées et, par extension, glacées... Non, non, double combo !

Pourtant, l'allusion à leur monumentale cuite la fait marrer, oubliant la désagréable sensation qu'enfante l'humidité. Elle secoue la tête doucement, amusée, alors que les réminiscences de la soirée lui reviennent très nettement... ouais, elle ne fait pas toujours le tour du bocal, ou plutôt, la Punaise a la mémoire sélective. Aussi, elle se rappelle parfaitement la proposition du Lisreux, lequel déjà bien imbibé, s'exaltait d'une baignade au clair de lune... Illumination qui, une fois n'est pas coutume, n'avait pas trouvé écho chez la Slave, dont la conscience subsistait vaillamment, malgré les quantités d'alcool ingurgitées. Elle avait refusé tout net, objectant la saison hivernale, pour le moins inconfortable à ce genre de distraction... Pas ou peu contrariant, Leo' avait lâché l'affaire pour mieux poursuivre leur noyade interne.

L'interrogation, sonne davantage comme une affirmation... elle sourit, incline sensiblement la caboche et de lui lancer un regard narquois.


    - Je dirai même qu'on frise le fiasco... vous êtes un adversaire redoutable dans l'art du foirage, Leo', il va m'falloir vous avoir à l'oeil si j'veux garder mon titre!


Les propos conclus par un pouffement de rire, elle lui partage sa serviette, sans grande réussite, que le froid semble flatté de leur glacer les os... aussi, l'écho ne tarde pas, dans un murmure au creux de l'oreille masculine.

    - Mhm... j'vous propose de transformer l'essai dans un bain, mais chaud cette fois... et si vous êtes sage, j'vous laisserai me frotter l'dos!


Taquine, elle se libère de l'étreinte afin de se lever. Drappée dans la serviette, histoire de dissimuler ses courbes aux regards trop curieux, elle rassemble ses affaires pour rejoindre l'auberge, ô combien accueillante après telle péripétie.

Se baigner dans la Manche, non mais à l'eau quoi!

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Nikita.novgorod


Sept jours. C'est le temps qu'il a fallu... le temps qu'il lui a fallu.
Sept jours pour préparer son courrier... ou juste se rappeler, peut-être.
Sept jours pour dissimuler l'indifférence et le mépris sous quelques phrases bien formulées.
Sept jours. Et son ultime raillerie.

L'oiseau la trouve, alors qu'ils terminent de replier le bivouac, dans une campagne pareille à toutes les autres... elle glisse le message dans sa manche, sous l'oeil désapprobateur de l'Oncle taciturne. Elle lui sourit, il gronde. La discussion est close avant même de commencer, les mots sont inutiles aux Slaves, dés lors qu'ils ont déjà eu cette conversation.


    - … je t'avais prévenue !
    - Je sais.
    - T'écoutes jamais rien...
    - Je sais.
    - … façon puzzle... dispersé aux quatre vents
    - ...


Contrairement à ses habitudes, le Sombre avait posé des questions ce soir-là. Un peu fébrile, elle avait néanmoins répondu, sans filtre, sans mensonge, sans omission. Les muscles s'étaient crispés aux traits austères, la voix plus rauque que d'ordinaire, l'accent plus tranchant dans l'usage de leur langue maternelle... elle avait tremblé, de trouille probablement, d'humiliation assurément. Tout, elle lui avait tout raconté, si ce n'est la traitrise de la défunte cousine, qu'elle garde obstinément sous silence... inutile de la salir, la Blondeur l'est déjà pour deux. Il lui avait fallu tout sa force de persuasion pour que Niko' abandonne ses funestes desseins, mais le résultat escompté, il fut convenu de ne plus jamais aborder le sujet.

Cette fois, elle n'attend pas trois jours et s'isole afin de lire le courrier... le minois ne révèle pas la moindre émotion à mesure que les mots dansent devant ses yeux. La froideur, simplement. Ce trait de caractère oublié, longtemps étouffé et qu'il aura fait renaître en quelques lignes... Un sourire s'invite pourtant au masque impassible, sans chaleur, alors qu'elle sort son nécessaire à l'écriture.


Spoiler:
Citation:

De moi, roturière pleine aux as
A toi, Baron de je-n'ai-jamais-su-quoi,

J'avoue que tu m'as cueillie de surprise cette fois, tu forces même mon admiration... si, si, avoir l'audace de coucher pareils propos sans en penser un traitre mot, c'est du grand art ! Cela dit, tu auras fait l'effort d'enrober ton indifférence de formules bien faites, et je t'en remercie, c'est toujours moins blessant.

J'aurai probablement tant de choses à t'écrire, à défaut de les prononcer, mais ce serait une perte de temps et, comme tu le soulignes, personne n'a trouvé le moyen de l'arrêter. Je m'abstiendrai donc afin de reprendre le cours normal de ma vie... toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, paraît-il.

L'éternelle victime que tu es, sera heureuse d'apprendre que je ne suis pas qu'un monstre... tu n'emporteras pas les seuls souvenirs, lesquels, te connaissant, ne tarderont pas à quitter ton esprit pour d'autres songes voluptueux. Avec ce pli, le coursier t'auras remis un paquet. Si ce n'est pas le cas, butes-le !
Quoiqu'il en soit, ledit paquet enveloppe un coffret en bois sculpté par Talya, qui me l'a offert... au vu des liens qui vous unissaient, je considère qu'il te revient naturellement. Sauf si l'abruti de messager l'a ouvert, à défaut de te le barboter, il renferme quelques petites choses précieuses, qui ne manqueront probablement pas d'égayer ton avarice.

Tu seras heureux d'apprendre que j'ai brulé ta déclaration relative au prénom de ta première née. Puisse Mère Nature nous en préserver ! Une libération de plus... ma générosité me perdra ! Cependant, je garde le reste. D'une part, tu ne feras rien du stylet en bois, ni du coffret à la trépanation, sauf de te blesser. Et d'autre part, châle et parfum ont bien trop de valeur pour que tu ne les offres à tes grognasses compagnes.

Concernant Bordeaux, je ne peux qu'aprouver puisque j'ai prévu de déménager également... j'envisage déjà quelques villes, où je possède un appartement mais je ferai suivre le courrier. Aussi nulle inquiétude, bien que ça n'impacte finalement que ton avenir, non le mien, je ne me déroberais pas quant au divorce.

Il semblerait que j'ai fait le tour, j'arrive à la fin de cette -trop- longue missive... Bref. Comme tu ne chercheras pas à me revoir, sois tranquille...

Adieu.


L'amertume. L'échec. La déception...


Elle l'aura aimé, de tout son être, de toute son âme. Viscéralement.
Elle aura aimé cet homme, incapable d'affronter ses faiblesses, ses erreurs, ni quiconque d'ailleurs, si ce n'est elle. Incapable de se battre pour des convictions, comme l'aura montré leur mandat commun, prémices s'il en est de la scission, alors par amour... Il n'aimera jamais que lui en vérité.
Elle n'aura été qu'un outil dans son ascension sociale... Comment a-t-elle pu être aveugle à ce point, ne pas voir l'évidence, alors qu'il n'avait pas hésité, déjà, à l'abandonner, pour un mariage grotesque. Avant de l'appeler au secours afin qu'elle vienne le chercher.
Ce n'était qu'un galop d'essai à mesurer l'ampleur de l'abnégation féminine, de sa candeur, de sa bêtise probablement. Elle doit bien lui concéder un talent certain quant à la manipulation... quelle maestria.


Spoiler:
Citation:

Crèves, Charogne !

Aussi minable que faux cul...

Nikita.


Réminiscence d'une colère qui s'étouffera aussitôt... les courriers sont brûlés pour qu'un autre germe sous sa plume. Plus posé.

Citation:
Benjen,

Tu n'emporteras pas que des souvenirs puisqu'un paquet accompagne ce courrier.
Il renferme un coffret en bois sculpté par Talya, elle me l'a offert... au vu des liens qui vous unissaient, je considère qu'il te revient naturellement. Quelques petites choses précieuses y sont protégées, qui te seront probablement utiles.

- la paire de boucles d'oreilles en argent
- la bague de fiançailles
- l'alliance bien sûr
- la chaînette et son pendentif gravé, bien évidemment.

Mes compagnons de route s'impatientent visiblement, je terminerai donc sur ces quelques mots...

Je ne t'écrirai plus, je n'en ai plus besoin,
Je ne t'écrirai plus, maintenant tout va bien,
Je ne t'écrirai plus, le calme est revenu,
La tempête a cessé,
J'ai fini de t'aimer.*

Adieu.



La prochaine ville sera témoin involontaire de cette triste conclusion... Le livre se ferme sur le mot « FIN ». Elle ne versera pas une larme, n'en versera plus désormais, le cœur annihilé par l'amputation de ce morceau. Aux premiers jours du reste de sa vie, elle entame une rééducation qui s'annonce difficile... mais, à toute chose malheur est bon. Elle bénéficie d'un soutien inestimable, quintessence involontaire, sans doute, de sa détermination farouche, auquel elle offre un gracieux sourire.


* Je ne t'écrirai plus – Claude Barzotti.

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Nikita.novgorod


Cette virée n'en finit pas, elle n'en finit plus. Partie pour quelques jours, le temps s'égraine maintenant en semaines, avec cette étrange impression qu'elle n'en verra pas le bout. Pourtant friande des voyages, celui-là laisse un goût amer qui lui file la nausée, et l'épuise, psychologiquement tant que physiquement d'ailleurs... elle dort peu. La fatigue pèse au corps gracile, mais elle l'ignore, impose un rythme soutenu, vaille que vaille, et ce, malgré les malades qu'elle compte dans les rangs. Une idée fixe, rejoindre Bordeaux avant que sa Rousseur ne parte en vadrouille à son tour.

Sa cousine a accouché pendant le périple blondesque. Probablement la seule bonne nouvelle des dernières semaines, de ces derniers mois même... aussi, elle caresse l'espoir de la revoir pour, enfin, faire la connaissance du petit être qu'elle a mis au monde. L'itinéraire prévu, balayé, aux dépends de la sécurité, utopique soit dit en passant, dés lors qu'on quitte son foyer et le couperet tomba, sur un nœud angevin...


Spoiler:
Viki' a écrit:

Ma blondeur, 

Hubert vient de m'informer que nous partons lundi soir, direction Montpellier... 
j'en ai marre que l'on se croise. 

j'ai aussi envi de me poser avec toi et surtout te présenter Alexeï

Je t'embrasse ma belle.

Ta rousseur


La claque. Les efforts, vains. Son existence n'était plus qu'une suite de galères... Frondeuse d'ordinaire, les doutes s'invitent pourtant, sournois, à la caboche aurifère. L'incertitude. Quant à ses choix, sa détermination. L'impression de sombrer, celle qui exclut de céder totalement au sommeil, malgré la prévenance du Lisreux... La peur. Un sentiment, auquel elle était étrangère jusque là mais, depuis peu, elle niche une terreur insoupçonnable dans ses entrailles. La trouille qu'ils l'abandonnent eux aussi, qu'au réveil, ils soient partis sans un mot. Volatilisés, sortis de sa vie comme si elle l'avait simplement fantasmée. Le neurone sature. Elle s'accroche au dernier courrier de Carrie, qu'elle lit et relit, y puisant le courage qui lui manque parfois...

Carrie a écrit:
Ne te pose pas de question Niki. "Respire.." comme le disait ta mère.


Respirer. L'acte est naturel pour l'être humain... alors qu'elle se noit, trop d'épreuves pour les frêles épaules. Trop d'infortune pour que l'optimisme ne s'asphyxie pas, ne serait-ce qu'un peu. Il a suffit d'une nouvelle contrariété pour que l'Orgueilleuse s'effondre à nouveau et, qu'une fois encore, le Brun use d'une patience infinie pour qu'elle ne s'enlise pas.
Leo. C'est l'inconnu dans la formule. Une découverte. Aussi suprenant et audacieux qu'il est sérieux et discipliné... une gemme, imprévisible, déjà polie ici, encore brute là. De ces pierres qu'on voudrait tailler pour en faire un bijou, mais qu'on ne se résoud pas à profaner, conscients finalement, qu'elle ne sera jamais plus sublime qu'au naturel.

Aussi, plus versatile que jamais, c'est revivifiée qu'elle pose le pied au Poitou... les montures laissées aux bons soins d'un palfrenier, grassement payé, le groupe s'installe à l'auberge. Quelques heures de repos ne seront pas du luxe, tout comme le bain chaud dont rêvent les amants et, probablement, les autres aussi. Assise devant la fenêtre, elle griffonne quelques mots à l'attention cousinesque, maintenant que l'irritation est passée.


Spoiler:
Citation:

Ma Rousseur,

Je ne te cache pas la déception qui m'habite à cet instant... malgré mes efforts, il est humainement impossible d'arriver avant ton départ. Encore une fois, nous allons nous manquer d'à peine quelques jours.

Tant pis. Voyons le verre à moitié plein, plutôt qu'à moitié vide... nous n'aurons pas l'occasion de nous engueuler ! Alors, elle est pas belle la vie ?

Et plus sérieusement, prends bien soin de vous... de mon coté, je harcèle tous les marchands, pour ne pas dire que je les emmerde royalement, afin de trouver LE cadeau idéal au petit Prince. Pourvu qu'on fasse connaissance avant son mariage, sinon, j'en serai pour me payer une honte planétaire !

Je vous embrasse, Cousine de Moi.

Ta Blondeur.


Un sourire s'invite aux pulpeuses alors qu'elle siffle le rapace et de l'observer prendre son envol, le minois baigné par les rayons printaniers... La piaule est quittée rapidement, pour faire un tour en ville, comme à son habitude, avant de flâner devant les étals du marché. Quelques emplettes, obligatoires pour l'acheteuse compulsive, elle prend le chemin du retour en trottinant. Guillerette. L'humeur au diapason de la météo, elle est visiblement au beau fixe, de sorte qu'elle offre un sourire aux gamins qui la bousculent, qu'elle lance une piécette au mendiant qu'elle croise et, même, propose d'aider une ancêtre qui peine avec ses courses. Ouais, elle est bien lunée la Platinette !

Lorsqu'elle entre, le taulier l'interpelle. Un courrier est arrivé pendant son absence, à son nom. Intriguée, puisqu'elle n'en n'attend pas, mais plus sûrement, stupéfiée d'être localisée si facilement, elle rejoint la chambre qu'elle partage avec le Lisreux. Il est sorti. Elle s'installe donc confortablement pour lire le contenu de la lettre.


Benjen a écrit:
Niki’

Malgré la teneur de ton dernier courrier, tu me manques … Je ne m’étendrai pas sur le sujet pour t’éviter l’agacement que procurera mes épanchements. Je voulais juste que tu le saches.

Berry m’a transmit les informations nécessaires pour le divorce, il faut un acte de dissolution. Est-ce que c'est ton grand oncle qui s'occupe de rédiger ce genre de document ?

Le reste se passera à la herauderie qui fera la paperasse et les annonces d’usages, je m’occuperai de contacter les personnes qu’il faut lorsque j’aurai l’acte, si tu veux bien m’aider à l’obtenir.

Prends soins de toi …

Benjy 


Soupirs. Divorce, dissolution... quels vilains mots. Ils lui vrillent l'estomac. Le cœur au bord des lèvres, elle assimile l'information sans pouvoir la digérer... une odeur agresse soudainement le museau délicat, ou n'est-ce qu'une diversion élaborée par le neurone ? Bientôt, elle pantèle... vidée de l'énergie qui macule le fond de la bassine.
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Nikita.novgorod
    En pays d'exil, même le printemps manque de charme*


Sa saison préférée, c'est l'hiver... parce qu'elle lui rappelle son enfance, la rudesse du climat Novgorodien, les années d'insouciance. Le bonheur, simplement. Mais le printemps, c'est le renouveau. Le retour des beaux jours, les températures plus clémentes, les couleurs tendres, la renaissance de la nature... Elle y est sensible d'ordinaire, mais cette année, un voile de nostalgie, mêlée de mélancolie, semble altérer la perception blondesque. Elle est loin, très, trop, l'époque des chimères, où elle se rêvait Reyne du monde et distribuait généreusement des rôles essentiels à ses proches.
Les proches. C'est la vanité d'appartenir à une famille, un clan, un groupe. L'artifice par excellence auquel on souscrit dés le plus jeune âge. L'illusion d'exister par et pour autrui, dont on embrasse l'existence de liens mystifiés... La Slave ne contrevient pas à cette imposture, attachée à sa tribu, héréditaire ou choisie, quasi viscéralement, de sorte qu'elle est naturellement sa plus grande faiblesse.

Anémiée, elle l'est, par ces longues semaines d'épreuves. Fragilisée plus que jamais, empreinte d'une lassitude angoissante... elle donne le change, essaye. La paleur du minois ne trompe sans doute pas, l'espièglerie dont elle use, comme une protection, n'abuse probablement pas ceux qui l'accompagnent, mais elle persiste sans faillir. Trop fière pour confesser le mal qui la ronge, malgré les encouragements du Lisreux à se confier.
Adaptée à l'ascenseur émotionnel, elle a parfois des regains d'énergie positive... se prend à croire à un avenir radieux, à le fantasmer sans orage, sous un ciel dégagé. Parfois, oui.

Vouée aux gémonies, peut-être... c'est encore sur un nœud poitevin qu'un piaf livre son message. Viki'. Un fin sourire adoucit les traits fatigués de la Blondeur, alors qu'elle reconnaît l'écriture de sa « Rousseur », et de lire la lettre sans tarder.


Spoiler:
Viki' a écrit:

J’aurais tellement aimé passer du temps avec toi. Que l’on se retrouve toutes les deux… ça fait un moment que nous nous sommes perdus non ? (...)

Je suis heureuse de l’arrivée d’Alexeï. Pas parce que je suis devenue une vraie mère poule… quoique… il sera surement le seul enfant que j’aurais. Mais, je l’ai pas loupé celui là. J’en suis heureuse surtout parce qu’il redonne un sens à ma vie. (...)

Avant la naissance, je me suis lancée à fond dans les études. La médecine. Au moins si on me brule pour sorcellerie, je pourrais leur répondre qu’ils devraient aussi bruler tous les médicastres. Je pense que ça sera une bonne défense. Au jeu du Loup Garou j’ai été la première victime… A bats les Roux ! Virgile ayant été la seconde… c’était un complot !

C’est con la vie. J’ai essayé de négocier avec Hubert. Mais il est toujours meilleur que moi dans ce domaine. Surtout quand il te dit : Non ! j’ai déjà tout organisé, tout le monde a déjà dit qu’il serait là le jour prévu ! Alors, on ne remet pas. J’en ai voulu à ton maudit volatile de ne pas être arrivé à temps.

J’ai besoin de… de te raconter tout ça de vive voix. J’ai besoin de te voir. J’ai besoin de te parler. J’ai besoin de m’apaiser à t’apaiser. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Mais je sais que quelque chose est arrivé à un moment. Je le sais depuis que je t’ai croisé toi la dernière fois et que j’ai croisé Talya… J’aurais voulu vous faire comprendre que malgré mes voyages, j’étais toujours là pour vous. Je n’ai pas réussi. J’ai échoué de nouveau. La confiance n’y était plus je crois.

Voilà, la nostalgie me reprend. Elle me manque nos jeunes années. Ces années de complicité qui ne reviendront jamais je crois. Parce qu’au final, on s’est caché nos vies. On s’est caché les choses… on s’est trahis aussi quelque part. A quel moment ça a foiré tout ça ?

J’arrête là, parce que sinon je vais commencer à pleurer. Ça m’arrive souvent en ce moment. L’accoucheuse dit que ça arrive des fois aux nouvelles mères. La déprimitude.

Tu me manques Niki… tu me manques depuis longtemps. Je suis coupable de ne te l’avoir jamais dit.

Au final, j’aurais voulu rester une enfant. L’enfant que j’étais avant tout ça.

Je t’embrasse ma blondeur.

Et là prochaine fois, on s’organise mieux que ça pour se retrouver.

Je t’aime ma blondeur.

Viktoria.


Les mots cousinesques lui brisent le cœur en mille éclats. La douleur plus envahissante qu'elle ne l'évacue par quelques pleurs, incapable d'affranchir les gemmes salées, condamnées à noyer les prunelles d'un voile trouble. L'estomac au bord des lèvres, agitée d'une violente nausée qui l'oblige à s'isoler, et de restituer à la terre le frugal repas pris plus tôt. Haletante, elle range précieusement le vélin mais ne rejoindra ses compagnons de route que plus tard... s'aérer l'esprit, lorsqu'on bivouaque. La blague. Alors, la campagne pour unique témoin, elle se libère des tensions cumulées, hurlant sa souffrance d'un accent tranchant, qui engendre la fuite des bestioles alentours... les coups, inenvisageables, sans générer les soupçons d'un brun observateur.

Les courriers exigent des réponses... bientôt.


* Proverbe Russe.

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Nikita.novgorod


L'escale bordelaise, de courte durée... une toute petite journée. Une seule, à peine arrivés, sitôt repartis... Mais riche en émotions. En quelques heures seulement, la Blondeur était passée d'un extrême à l'autre. Du plaisir de revoir Trudy et sa tribu, à l'angoisse de pousser une porte, celle de la maison conjugale. De l'agacement relatif à la lourdeur administrative et aux taxes, à la gaieté de revoir Lyci' pour quelques heures de bonne humeur. De l'inquiétude pour son P'tit Tsar, dont elle n'avait plus de nouvelle, depuis qu'il avait traîné sur un chemin poitevin. De l'anxiété quant au courrier arrivé directement de Novgorod, de l'attente fébrile due au mutisme légendaire de l'Oncle...

A la nuit tombée, elle quittait la capitale guyennaise avec le Lisreux. Presque soulagée d'échapper aux sentiments contraires qui l'avaient envahie pendant l'étape... la poitrine serrée, néanmoins. Elle, toujours accompagnée de sa famille, avait embrassé ce qu'il en restait, avant de partir pour une nouvelle aventure, dont elle ignorait l'issue. Elle ne savait pas où tout ça la mènerait, où tout ça les mènerait mais, décidée à suivre les conseils de Carrie, elle ne cherchera ni logique ni d'explication. Ainsi, elle se laisse porter par cette virée à deux, consciente de fuir peut-être, les regards désapprobateurs du Tigre sibérien, de rester sourde probablement, aux rumeurs chuchotées sur son passage... d'exposer son indifférence, simplement, aux qu'en-dira-t-on des pudibonds fardés.

Contre toute attente, le rapace de Nikolaï l'attendait déjà, lorsque le duo arriva à l'Abbaye de Sainte Illinda... cueillie de surprise, la Platinette ouvrit fébrilement le message qu'il portait. Succinct, bien sûr.


Citation:
Ma Précieuse,

J'ai fait ma part. Démerdes-toi pour le reste.

N.


La traduction. Elle savait son Oncle excédé par cette histoire, mais il n'avait pas tardé, comme elle l'imaginait... Elle ne lambina pas davantage d'ailleurs et d'un coursier de partir pour la Hérauderie, après qu'elle lui ait confié le précieux document. Celui qui cadenasserait définitivement ce livre de leur vie commune. C'est le cœur battant qu'elle l'avait regardé partir, non sans lui beugler quelques menaces de son cru, histoire de s'assurer la pleine coopération du messager.

Ci-fait, elle s'installa pour griffonner un vélin... Parce qu'on ne tourne pas une telle page en silence.


Citation:
Benjen,

Tu dois être surpris de recevoir un courrier, rapport au dernier que j'ai envoyé... bref. Celui-là est porteur de bonnes nouvelles, enfin, je suppose que tu l'attends impatiemment.

Mon Grand Oncle a accepté la rupture, aussi Nikolaï a traduit et il a transmis le dossier à "Berry"... voilà. Encore un peu de patience et tu seras définitivement débarrassé de notre histoire, et de moi.

Je voulais quand même te dire merci, 
Pour tout le mal qu'on s'est pas dit,
Certains rigolent déjà,
Je m'en fous, je les aimais pas,
On avait l'air trop biens,
Y'en a qui supportent pas*...

Prends soin de toi.



Elle choisit un pigeon fringant, le gratifie d'une poignée de graines... bientôt, elle le libère. Une main semble étreindre l'organe vital, brutale, violente, mais cette fois, elle ne cède pas à la nausée. Vaillamment, elle résiste à la tempête qui lui vrille les tripes sournoisement... elle avance, sans se retourner, pour rejoindre son compagnon. Alors, il dessinera un sourire au minois blondesque, il écartera cette poigne douloureuse qui lui garrotte la poitrine et, peut-être, apaisera les craintes à l'esprit dérangé.

* Patrick Bruel – J'te le dis quand même.

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Nikita.novgorod


... on met juste les costumes d'autres sur soi... mais de qui ?
A qui appartient la veste qu'elle endosse aujourd'hui ? Ce masque qui habille le minois depuis tant de semaines, de mois ? Cette housse éthérée qui s'est faite l'écrin d'un organe vital, sclérosé, comme la silhouette s'est émaciée au fil des jours ?
Amaigrie, elle dissimule la perte de poids sous des vêtements froufrouteux, moins cintrés. Elle déguise l'évidence, accuse la fatigue d'un voyage trop long quand, au détour d'une conversation, le Lisreux l'interroge... il n'est pas dupe pourtant, la question régulière, quotidienne, de l'attention indiscutable qu'il porte à la Slave. La vérité, c'est qu'elle mange peu, victime de nausées implacables, dés lors qu'elle aperçoit la nourriture ou, simplement, qu'elle en sent les fumets, irritants à l'odorat trop sensible. Alors, elle trouve toujours une excuse, afin de fuir l'éventuel partage d'un repas... la famille donnait l'alibi parfait, mais ça, c'était avant de partir en duo.


On ne change pas, on ne cache
Qu'un instant de soi
Une petite fille
Ingrate et solitaire marche
Et rêve dans les neiges
En oubliant le froid...*


L'enfant qu'elle était, enfouie dans la caboche aurifère... parfois, elle réapparaît, réminiscence d'un passé pas si lointain finalement, au prétexte d'un caprice puéril ou d'une colère grondante. L'accent plus prononcé par les émotions, quelles qu'elles soient, d'une rengaine insolente, on n'oublie jamais*.
L'attitude est fière, la tête haute bien sûr. Adepte du paraître depuis son plus jeune âge, ancré dans ses veines comme peuvent l'être leurs coutumes, fidèle à ses origines, à son sang... Elle s'autorise pourtant à faire tomber le masque, dans l'intimité, lorsque la porte se referme enfin sur eux, et qu'ils n'ont d'autres témoins que leurs prunelles arrimées.
Mais, c'est seule qu'elle se réveille... Leo a déjà quitté la couche, et visiblement, il a même déserté la chambre qu'ils ont louée en arrivant. Durée indéterminée. Un fin sourire anime le minois, elle le savait impatient de trouver ses frangines, de connaître leur sort, de se rassurer quant à leur éventuel état... Elle paresse, s'étire nonchalamment, telle une féline. L'urgence est derrière eux, aussi elle se lève sans hâte. Personne ne l'attend ici, elle profite d'un bon bain chaud, relaxe son corps malmené par la cadence imposée lors du voyage et, surtout, elle laisse au Brun, le temps des retrouvailles.

L'eau est tiède, presque froide, quand on frappe à la porte, sortant la Blondeur d'une somnolence agitée... les clapotis résonnent dans la pièce silencieuse, bientôt remplacés par le bruit des pas sur le plancher, le froissement d'un linge dont elle se couvre avant d'ouvrir à l'aubergiste. La femme au physique généreux lui rappelle Trudy, elles échangent quelques politesses, et le battant les sépare après qu'une lettre soit passée d'une main à l'autre.
Elle rit. C'est nerveux. Elle rit, parce qu'elle n'aura jamais tant reçu de courriers, qu'en cette période trouble de sa courte vie.
Assise sur le lit, elle caresse le vélin des yeux pendant un moment... le temps s'égraine au sablier, lentement, longuement, avant qu'elle ne se décide à lire les mots benjenesques


Benjen a écrit:
Niki’

Tu te trompes sur toute la ligne. Ce n’est ni une bonne nouvelle, ni un courrier que j’attendais avec impatience.


    - Foutaises ! La tromperie, c'est ton domaine... n'y ajoutes pas davantage de mensonges.


Benjen a écrit:

Tu as peut-être fini de m’aimer, mais ce n’est pas mon cas. Ne t’imagine pas que je balaye tout ce que nous avons vécu du jour au lendemain, tu n’es pas là pour voir ma gueule et mon état.


    - Nous n'avons visiblement pas la même définition de l'amour... si tu savais seulement aimer, si tu ne m'avais pas abandonnée comme une merde, si tu n'avais pas fui lâchement, je serai là, je les verrais ta gueule et ton état justement ! Mais non, tu as choisi d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte, les fourreaux plus accueillants, les peaux plus douces, les âmes plus serviles peut-être...


Benjen a écrit:

On s’en tape des autres, comme on l’a toujours fait.
Je te remercie plutôt pour tout ce qu’on a vécu,
Ce sont des souvenirs que je garderai précieusement toute ma vie.

Une dernière fois, je t’aime.

Fais attention à toi,

Benjy 


    - Puisses-tu ne jamais les salir, ces souvenirs...


Les mâchoires sont inconsciemment crispées, au diapason des doigts qui froissent le vélin de colère sourde... la gorge est serrée, une boule amère annonciatrice d'un haut-le-coeur douloureux. Elle se précipite vers le baquet, s'asperge le visage à grandes eaux et, bientôt, la Slave d'être agenouillée sur le sol détrempé. Qu'importe. La poitrine se soulève au rythme du palpitant convulsif, les poumons peinent à trouver l'air tant elle suffoque, s'échinant à calmer l'estomac qui menace d'évacuer son maigre contenu... Les minutes s'apparentent à des heures, avant le retour à la normale. Les règles ont changé dans ce jeu cruel, qu'on appelle la vie. Elle doit prendre soin d'elle, en effet, avant que le poison des sentiments ne la détruise totalement...

    - Putain, c'est quoi ton délire, reprends-toi Niki' !


Oui. Les prunelles contemplent son reflet dans le miroir... elle y discerne les visages familiers qui se superposent au sien, c'est étrange, troublant même, mais suffisant à repousser les chimères corrompues. Là, un regard de jades semble la sonder, elle se retourne brusquement. Son imagination lui joue des tours, la tête tourne légèrement. C'est chaque fois pareil, après que son corps conteste le traitement qu'elle lui impose... alors elle sourit bêtement en secouant la caboche. Et de se préparer pour sortir, enfin.
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