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Info:
On peut même plus s'marier symboliquement tranquille !

[RP] Les Noces Pourpres

Samsa
    "Ce soir
    On est jeunes,
    Alors allons enflammer le monde,
    On en sortira plus brillants
    Que le soleil."*



Elles ne s'étaient pas vues de la journée encore. La seule personne que Samsa avait vu jusque-là, c'était son frère, Maximilien, qui s'occupait de ses cheveux pendant que la Baronne était assise bien sagement. C'était une envie tardive dont elle lui avait fait part, quelques jours auparavant : celui qu'on coiffe ses cheveux habituellement lâches. Connaisseurs, les doigts masculins exauçaient ainsi le vœu de Cerbère, créant une natte fine de chaque côté de la tête à l'honneur avant de les réunir à l'arrière. On aurait pu croire que, ainsi serrées, ces deux mèches disciplinées se décideraient enfin à révéler au grand monde si les cheveux de la Prime Secrétaire Royale étaient plus roux ou plus bruns mais il n'en était rien. Seule l'eau avait ce pouvoir. Implacables, la chevelure légèrement ondulée et longue jusqu'au bas des omoplates gardait ses reflets indécis. Implacable aussi avait été la Cerbère en refusant l'or, les soieries, les longs vêtements et les coiffures élaborées ; elle n'avait jamais été une princesse, ni même une femme aimant toutes les choses délicates et futiles à ses yeux.
Pour sa tenue, elle avait opté pour une brigandine en damier noire et bleue, rappelant ainsi les couleurs de Treiscan. Elle avait de particulière, cependant, de n'être pas constituée de métal entre deux couches de tissu, mais de cuir entre eux, rendant l'ouvrage plus léger, plus fin, plus pratique et moins austère. Objectivement, les vêtements originellement militaires étaient les seuls à pouvoir vraiment mettre en valeur Samsa, qui n'avait pas un corps à robe -ni même le tempérament. Chez elle, on ne sublimait pas des courbes, des arrondis, de la grâce ou une prestance délicate, non. Chez elle, on sublimait sa carrure charpentée, sa force, son fier panache. On exhibait chez elle ce qu'il y avait de plus brut, de plus pur, comme une pépite d'or. Sous la brigandine, Samsa n'avait pas mis sa cotte de mailles habituelle, accordant qu'elle aurait autre chose à faire au soir de la nuit de noces que de retirer cet attirail. Une simple chemise jaune avait donc pris sa place, rappelant ainsi de façon subtile la baronnie de Longny-au-Perche dont le champ était d'or, comme le blason des Von Frayner. La symbolique, chez Samsa, avait toujours eu une place prépondérante, tout aussi grande -sinon plus peut-être- que celle de la loyauté. Ses braies blanches aussi étaient là, indétrônables, rappelant involontairement le Cerbère blanc de Treiscan.


-Je suis contente que tu sois là pardi. Même si ça me fait sentir vieille té.

Il était loin le temps où Samsa se mariait à Sidney, à l'aube de ses vingt-ans. A vingt-six ans maintenant, le cycle se répétait sans pour autant être semblable. Samsa avait changé, le monde avait changé, sa condition également, ses idéaux, ses principes, jusqu'au sens même de sa vie et de son aspect physique. Elle était loin, la Samsa sautillante de joie, insouciante, comme la torturée sans but. Aujourd'hui, elle était Cerbère ; ses épaules portaient de nombreux poids, les rendant larges et solides, ses bras avaient porté autant de coups que son abdomen, désormais dur, en avait reçu. Ses yeux s'étaient obscurcis et les traits de son visage s'étaient majoritairement figés en un air martial qui ne parvenait pas à cacher la bienveillance dessous. Samsa se passa une main sur la joue et au coin de ses yeux. Le temps, depuis qu'elle était devenue Cerbère, ne semblait plus l'atteindre, glissant sur elle sans accroche. La vieillesse faisait peur à Samsa ; l'idée de ne plus pouvoir se battre aussi fort que son esprit le lui commandait l'effrayait, car ce sera là la priver du sens même de sa vie.
Lorsque Maximilien eut terminé de la coiffer, la Cerbère lui sourit en penchant la tête en arrière et se leva.


-Tu es de loin le meilleur té. Merci pardi.

Samsa se tourna vers lui et leva les bras pour pouvoir l'étreindre au niveau du cou. Il avait beau avoir six ans de moins qu'elle, il était et resterait toujours le plus grand, la Baronne ne toisant qu'aux environs du mètre soixante-trois, presque un pied de moins que lui. S'écartant de lui, elle lui sourit et posa ses mains exceptionnellement dépourvues de ses gantelets de combat sur ses joues barbues. Elle aimait cette masse de poil, ni douce ni rêche, qui crissait un peu sous ses doigts ; que du bonheur.
De la petite sacoche à sa ceinture, Samsa en sortit un anneau. C'était un anneau de cotte de mailles -la sienne-, aplati de l'intérieur, recouvert d'une infime couche d'argent sur la face extérieure et où figurait une inscription à l'intérieur : "Dog Royal". Oui, écrit comme ça. Il y avait pour Samsa, dans ce simple surnom, tout ce qu'elle aurait voulu écrire : l'expression de sa dévotion, de son amour, de sa loyauté, de sa protection. De quoi, aussi, rappeler à Shawie qui elle a épousé si jamais elle venait à perdre la mémoire -crainte étrange de Cerbère que d'être oubliée. Elle tend l'anneau à Maximilien comme si elle lui offrait son trésor et esquisse un sourire timide à son intention.


-Tiens té. Ne la perds pas pardi, c'est toi qui devra me l'apporter té.

Samsa lui sourit, lui confia l’alliance, et alla chercher son épée qu'elle sangla à sa taille. Jamais elle ne s'en séparait, pas même le jour de ce qui s'apparentait à son mariage. Surtout pas ce jour-là. Les deux femmes avaient plus ou moins tâché d'être discrètes mais, de leur faute et surtout de personnes indiscrètes, tout Limoges et au-delà devait maintenant être au courant. On n'était jamais trop prudents quand on était une saphique, semi-rousse, noble et officier royale prévoyant de s'unir symboliquement à une autre femme, d'une autre condition. Beaucoup étaient morts de la main de fanatiques pour moins que ça. Pourtant, Cerbère n'avait pas mandé de sécurité particulière : pas d'armées, de guetteurs, de consignes particulières, rien. Elle l'avait simplement soufflé à Maximilien la veille au soir. Ils seraient donc au moins deux à avoir une épée. Officiellement, une question de prestance. Implicitement, une question de sécurité.

Ainsi, fièrement habillée, dignement coiffée, flanquée de son frère, le couple flamboyant sort de l'appartement de Samsa. Au monde, ils offrent leur splendeur, leur insolant panache de réussite. Ils n'ont pas le même sang mais ils sont assurément de la même trempe, celle qui jamais ne ploie, celle qui ne rompt que sous le poids de mille. A eux deux, tout le monde le sait, ils peuvent conquérir le monde. Ils sont le fer de lance de l'Humanité, où la première est la Conquérante et le second est le Régnant. A leurs pieds, le monde entier. Dans leurs mains, leur propre destin. Plus que cette similarité et cette complémentarité qui les lient, c'est un amour indéfectible entre eux, cet amour courageux qui accepte et pardonne, qui fait tout laisser et tout abandonner pour l'autre. Les galères de l'un sont celles de l'autre et elles ne souffrent d'aucune distinction, non ; elles sont aveugles. Ils se donnent tant que, parfois, ils deviennent un peu de l'autre. Ils sont repos et refuge, bourreaux mais jamais juges. Frère et Sœur, ils se sont affrontés déjà, ont fait trembler les dieux de toutes les croyances et religions. Plusieurs fois, on les a cru perdus, mais toujours, ils ont reconstruit ce qu'en quelques mots ils avaient détruit. Ils sont séparables, mais indivisibles. Pour Samsa, elle lui a déjà dit, il est l'Homme de sa Vie.
Marchant dans les rues, ils se dirigent vers la forêt de Limoges, en dehors des murs, à l'écart même de la ville. La cérémonie doit avoir lieu quelque part entre ces arbres ; Samsa a dit aux invités que pour trouver, il fallait faire exprès de se perdre. Et c'est vrai. De la même façon que tous les chemins mènent à Rome, tous ce qui n'est pas sentier dans cette forêt mène au lieu-dit.


Sur place, ils sont encore seuls. Peut-être que Raquel n'est pas loin. Elle a été réquisitionnée en officiante de dernière minute, la lettre adressée à une amie commune des deux futures épousées pour ce rôle étant restée morte. A terre, il y a des pavés plus ou moins bien coupés, lavés et posés à même le sol pour former une allée sommaire, pas très longue, finissant en T pour former ce qu'on pourrait appeler communément une scène. Au niveau du sol. L'installation est basique. Quelques rondins sont placés pour servir de banc aux invités, les quelques qui ont eu l'honneur d'être contactés et d'avoir répondu présents.
Cerbère rejoint la place qu'elle occupera, debout. Des deux femmes, s'il devait y avoir un homme, ce serait elle. Au-delà de sa carrure, c'est sa force explosive et sa martialité permanente qui font qu'on la qualifie ainsi. C'est donc à elle d'attendre sa mariée, Shawie. Samsa commence à trépigner et sautiller sur place et regarde Maximilien. Dans ses azurs, elle constate sa propre nervosité.


-Ça commence bientôt pardi ?

Leur avance est très large. Même les invités ne sont pas encore là. La réponse est donc non.


* = paroles traduites de Fun - We are young

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Marvailh
    Elle ne sait que penser. Quand Bran est arrivé, croassant, un message attaché à la patte, la veille en fin d'après-midi, elle ne s'attendait vraiment pas à cette nouvelle. Ça l'a frappée comme si un de ces cercueils lui était tombé dessus. Pendant un long moment, elle est restée immobile, regardant les mots écrits à l'encre noire sans les lire, comme s'ils n'avaient aucun sens. Et pourtant, ils en ont un sacré, de sens. Ça, on peut dire que son informateur a le sens du dramatique.
    Ce mot, écrit en tout petits caractères, elle ne l'a pas lâché de la nuit. Et c'est la première chose, froissée et presque illisible, qu'elle a regardée en se levant ce matin, dans le creux de sa main noire d'encre.
    Que doit-elle faire ?
    La réponse devrait être évidente, et pourtant, le mini-ange et le mini-diable sur ses épaules la tiraillent. Vas-y, c'est ton devoir d'Aristotélicienne d'empêcher ça. N'y va pas, qu'est-ce qu'on s'en fout de toute façon ? Mais elle ne peut définitivement pas s'en foutre. Si elle avait entendu la rumeur dans une taverne, elle aurait pu passer outre, prétexter d'avoir mal compris, ou bien carrément de n'avoir rien entendu. Mais là, elle tenait un mot dans sa main prouvant que la situation était bien réelle. Elle n'a pas demandé à son informateur de précisément suivre Shawie. Il lui fallait juste, éventuellement, si l'occasion se présentait, recueillir quelques infos, par-ci par-là, juste au cas où. Et
    galla *, des infos, il en a eues.
    Elle soupire. C'est décidé. Peu importe comment ça tournera, il faut qu'elle y aille.
    Son petit-déjeuner fini, elle enfile une armure légère en cuir brossé, par-dessus une cotte de mailles. Elle a quelques maillons de travers à des endroits stratégiques, mais rien qui l'empêchera de faire son travail de protection. Après son petit voyage, peut-être qu'elle aura besoin de passer chez le forgeron, cela dit. Elle lace ses bottes de cuir, un peu lâches pour ne pas être gênée en montant à cheval, par-dessus des braies noires. Sa ceinture de cuir est passée sur une large bande de tartan aux couleurs des Canmore nouée sur le côté droit. A gauche, elle porte habituellement Sonneuse dans son fourreau. Aujourd'hui, elle y porte son Chant Très Sombre, la claymore familiale, la main appuyant sur le pommeau pour la garder horizontale et éviter qu'elle ne racle le sol. Son dos, habituellement caché sous son bouclier, laisse aujourd'hui libres mouvements à sa cape de laine blanche aux entrelacs noirs. Seule une bandoulière de cuir supportant six petits couteaux de lancer l'empêche de voleter complètement au vent.
    Elle attrape sa lance de chasse, sort de chez elle, contourne sa maison et parvient aux deux boxes qu'elle a aménagés à l'arrière de son atelier de charpenterie. Galahad et Gijou tendent le cou en l'entendant arriver, et elle leur sourit. Après un court moment de réflexion, elle choisit le placide mais téméraire frison plutôt que le jeune et inexpérimenté pommelé du Saint-Sépulcre. Galahad connaît bien Shawie et Samsa. Il connaît les combats, il connaît les voyages de nuit. L'idéal.
    Elle les sort tous deux de leurs boxes, laisse aller Gijou dans le pré. L'herbe est haute, les nuits sont moins fraîches, la pluie remplira son abreuvoir si besoin. Il peut rester là plusieurs jours sans elle. Galahad, quant à lui, est bouchonné, bridé, sellé. La lance est fixée dans l'emplacement prévu, sous le quartier droit de la selle.
    Vient le moment du départ. Elle l'enfourche et quitte sa propriété d'abord, Lyon ensuite. Il lui faudra plusieurs jours pour arriver à destination, elle entame donc très vite un galop soutenu. Le frison rythme ses pensées d'un pas sourd, profond.

    Pourquoi Samsa et Shawie ? Elle a entendu les rumeurs, bien sûr, et ne voulait pas y croire jusqu'à récemment. Mais ce n'est pas ça qui la dérange. Enfin, si, ça la dérange, on pourrait même dire que ça la dérange jusqu'à lui provoquer de l'urticaire. Mais là n'est pas la question. Pourquoi cette si noble, si courageuse, si intègre Samsa, a choisi cette
    ban-spùinneadair ** de Shawie comme compagne. Ça, vraiment, ça lui échappe. Un modèle de vertu chevaleresque, du moins pour le peu qu'en sait Marvailh, avec tout sauf un modèle à suivre. Quelle incohérence. Et Marvailh en a marre des incohérences. Aujourd'hui, elle est bien décidée à mettre tout ça au clair et à renvoyer Shawie dans les entrailles de l'Enfer Lunaire qu'elle n'aurait jamais dû quitter.

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Gaélique d'Ecosse :
* Galla : diantre, fichtre.
** Ban-spùinneadair : brigande, hors-la-loi.


HRP : Désolée, j'étais trop pressée de poster

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Shawie
Au moins, elle, elle savait où se trouvait lieu du mariage. Encore heureux quand même. Son seul souci était d'ordre pratique. Un truc que jamais elle n'avait à penser dans la vie de tous les jours : comment s'habiller. Le débat avait fait rage en taverne parce que Sha avait lancé l'hypothèse de se pointer en l'état actuel de pouilleuse. Elle prit un uppercut dans la tronche direct. Des cris stridents pour lui faire entendre raison et puis finalement, une joute verbale et une longue négociation, les femmes de la taverne avaient donc imposé une tenue à l'Espagnole. Exit la robe déjà.

Une chemise de soie blanche. Terminé la chemise noire, trouée et qui sent le phacochère.
Des braies propres. Noires. Des braies toutes neuves même avec une ceinture digne de ce nom. Bien sur, la peau d'ours qu'elle se trimbalait en temps normal fut balancée dans un coin de la pièce, un peu comme le tricorne. A contre cœur pour lui.
Des petites poulaines au bout non arrondies -elle avait sévèrement négocié ce point- terminé la paire de botte avec un brin de lavande dedans.
Niveau tignasse, terminé la chose remplie de nœud. Il fut un plaisir d'y passer les doigts dedans. L'Espagnole avait fait une fixation sur des tresses. Incapable de les réaliser même, Guise était censé le faire mais soit disant bien occupé avec l'autre S. Enfoiré. Quelques pièces plus tard, c'est des cheveux noirs tressés sur un côté qui ferraient l'affaire et qui ferraient plus classe que ce fichu chapeau de pirate. Au moins, la plupart des gens pourraient découvrir quelques bribes de son tatouage partant du cou.

Contrairement à Sam, elle n'avait pas de couleur, elle n'avait pas d'attache. Elle n'avait rien de tout ce qui peut faire un vrai mariage. Alors, en témoin, elle choisit la Princesse parce qu'elle avait une réelle affection envers elle et que, incapable de demander, elle lui imposa tout simplement. Imposé en lui remémorant ce jour où, sur un champs de bataille, la brigande sauva la Princesse. Elle aimait se la raconter et ainsi, la Princesse serait incapable de lui refuser l'honneur d'être son témoin. Un seul bijou porté à sa main droite : un bracelet finement tressé, bas de gamme qu'elle n'avait jamais daigné enlevé.

Devait elle prendre son arme ? Bien sur que oui. Elle fut attachée à sa ceinture, à droite, bien ajustée, nettoyée et affûtée. Un dernier regard dans le miroir, un dernier soupire et elle sortit de la taverne. Melissandre n'avait pas été convié pour la préparation, elle devait la retrouver sur le chemin, nul doute qu'elle ne serait pas en retard.



Putain mais qu'est ce que tu fais hein ? Un mariage. T'es complètement barjot.
T'es incapable dé t'engager dans quoi qué ce soit et tu lui demandes dé se marier avec toi. Lé pire dans toussa, c'est qu'elle a dit oui. Peut être bien qué tu devrai té barrer la maintenant tout desuite et né plus jamais té retourner.
Ouep allez, casse toi. Et si Sam devient vraiment reine, tu crois quoi ? Personne né devra sé douter dé son penchant et donc, elle finira par oublier, t'oublier toi.
Allez casse toi.

...

Meli, putain t'es où ? Si t'es pas là à trois, j'me casse !



Plus elle avançait, plus elle voulait reculer. Faire demi-tour et aller se montrer à la Grotte pour qu'on se foute de sa gueule et qu'on lui remette les idées en place. Satyne serait folle, Val serait ravie, Pras serait morte de rire, Silvin fantasmerai et Papy lui balancerai son chapeau dans la gueule.

Avait elle donné la bague à Meli ? Bien sur que oui. Mais sur le coup, elle paniqua car persuadée d'avoir oublié. La bague qu'elle avait confié à Meli plus tôt dans la journée n'était pas banale. Presque moche, mais toute la symbolique était là. La couleur de Sam dans toute sa beauté et dans sa délicatesse. Une bague rose. Alors pas rose rose. Ni bisque car trop pâle, ni cuisse de nymphe car trop blanc, ni fushia car trop rose, ni magenta ni rose vif car trop cul cul.

Rose Incarnadin. Elle aimait bien dire ce mot. Incarnadin. Pour parfaire le tout, elle avait fait graver dedans un petit " Shawnaper par la Marquise ".

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Susi
Papotant de-ci de-là en taverne, elle était en train de s'enfiler quelque gorgées quand le message lui fut livré. Ni une, ni deux, elle le prit et s’esclaffa.

Ah chouette un message de Pardi !

Elle se précipita pour l'ouvrir et commença à le lire à haute voix sans faire plus attention que cela. Dans sa tête elle pensait recevoir une invitation pour une fête Déma, un concept assez obscur, mais vu les personnes qui l'invitaient cela devait avoir de la gueule.

- "Alors ...

Saluté à toi, Susi !

Réserve ta date du lundi 26 mars et retrouve-nous Shawie et moi dans la forêt de Limoges -fais exprès de te perdre, ça suffira pour trouver l'endroit précis- pour assister à notre cérémonie d'union symbolique et non-officielle. "


Regard qui repart en arrière pour relire la fin de la phrase.


"...pour assister à notre cérémonie d'union symbolique et non-officielle.

Han mais c'était ça !"
puis continua.

" ... L'invitation ne concerne que toi et tu es priée de ne pas l'ébruiter ! Merci pour nos peaux.... Mains qui se plaque sur sa bouche.
Regard circulaire dans la pièce et étrangement à ce moment précis, on l'écoutait. Gilly avait le sourit qui montait, Déa et Omere déjà se marraient. Les autres se pinçaient les lèvres pour se retenir. Et quand Bou éclata de rire, tous le suivirent.

- Erf...

Elle avait dû attendre que l'hilarité générale cesse pour tous leur faire promettre de ne rien dire... Elle oublia assez vite l'incident ne voyant pas trop ce que Pardi voulait dire. Elle aimait les deux femmes, différemment surement, mais leurs routes s'étaient croisées un bon nombre de fois et elles étaient pour Susi des femmes fortes, indestructibles, sorte de supères héroïnes. Et elle n'imaginait même pas qu'on puisse leur vouloir du mal.
Être à leur union lui faisait vraiment plaisir.

Samsa avait une force incomparable mais une douceur extraordinaire. Le contraste étonnant du femme qui mets les pires vermines au cachot et qui s’adoucit de suite pour les gens qu'elle aime.
Et Shawie au départ, elle lui avait mis un peu la trouille, mais un petit entrainement à l'épée, quelques chopes et des retrouvailles chez les Mongoles ça crée des liens. Elles étaient sœurs de combat de la Bataille du Grand Khan, c'était pas rien.

Susi étant un peu niaise, elle aimait que les gens soient heureux. Alors être heureux de l'amour d'une femme quand on est une femme cela l'importait peu, le principal c'était d'être heureux. Et que son frère aime un homme tant qu'on ne lui explique pas des trucs dégueux, elle trouvait ça pas plus bête qu'autre chose. Surtout que depuis son mariage et la dissolution de son mariage, elle avait une grande théorie comme quoi les hommes et les femmes n'étaient pas du tout compatibles.

Elle savait que les deux S s'aimaient depuis longtemps et elle trouvait ça beau et elle trouvait sa chouette.

Alors, le jour J, elle alla dans forêt limousine pour s'y perde, et s'y perdra un bon moment... un long moment même.... Heureusement, elle n'était pas partie en mode tenue de soirée, mais en longue tunique blanche, corde autour de la taille, braies marron et haute botte marron, cape fourrée blanche l'hiver, un xipho séleucide comme arme, et son cheval le plus patient, Palabouf, le fidèle.

Par moment sur les chemins ont pouvait entendre des petits - "Ouhouhou y a quelqu'un ?" Elle avait dû rebrousser chemin plusieurs fois avant de trouver le lieu.
Et de débouler en mode : " TADAM ! Je vous ai trouvé ! "


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J'édite toujours au moins 10 fois mes textes, donc attendrez 10 minutes avant de lire
Maximilien_guise
    « Je préfère aux biens dont s'enivre
    L'orgueil du soldat ou du roi,
    L'ombre que tu fais sur mon livre
    Quand ton front se penche sur moi. »
            (Hugo)



Chez Treiscayner & d'Arcy, l'on était effectivement fort attaché à la symbolique des couleurs et autres – Samsa, autant que Maximilien. C'est pourquoi, outre le cuir noir des heuses et les chausses assorties, le témoin du marié au féminin avait opté quant à lui pour un pourpoint de soie à épaulettes en bleu égyptien, galonné d'or et au cinq fermaux du même – on voulait faire dans le sobre, il n'avait pu faire moins. Porté sur la gauche du torse, un camée enfin, représentant le cerbère : ce dernier devant coûter au mieux une main, soit volé ou donné, appartiendrait probablement à Shawie dès le lendemain.

Je suis contente que tu sois là pardi. Même si ça me fait sentir vieille té. 
J'suis content d'être là. Même si tu dis d'la merde.

De ce peigne-là qu'il avait reçu d'elle à la Noël d'un Anjou fait royal, il la coiffa donc. Les serres impériales, tant promptes à se faire pattes d'ours pour dévisser des tronches en aller-retour de mandales, s'étaient là muées en doigts de fée, et allaient légères entre les mèches brunes que la lumière, si bellement, allumait de rouille et de fauve – du mordoré, de la noisette*, chaque mèche au jour se faisait recueil de poésies automnales et peut-être prit-il un peu plus de temps qu'il ne lui en eu fallu vraiment pour accomplir son œuvre, tant il se plut à pouvoir de si près admirer le défilé des reflets, mirettes joyeuses, presque comme un enfant devant les chars à carnaval. Bon. Mais à un moment, il fallut bien quand-même apporter à la coiffure le point – ou plutôt le nœud – final. Objectif atteint et droit de s'accorder une rasade de cognac aussi, du coup – c'était jour de fête, après tout, et pour l'occasion il avait sorti l'ambre hors d'âge de la cave baronnale. Il y avait de fortes chances pour que le frère soit bourré avant que la sœur ne soit déclarée mariée et si l'on trouverait sans doute à y redire, lui trouvait ça plutôt normal : à journée exceptionnelle, biture phénoménale !

Tu es de loin le meilleur té. Merci pardi. 

Elle le vint enlacer au cou, lui ceignit la taille d'en face à deux ailes. Au sien baiser, posé au front, elle répondit en allant enfouir doigts à la barbe – elle souriait, il en fit de même, de cette tendresse presque filiale et tout à la fois, étrangement, paternelle qu'il ne vouait qu'à elle. Il aimait à l'appeler son Nord, mais bien davantage que cela, elle lui était âme siamoise s'il avait déjà jumelle. Arriva l'anneau et lorsqu'elle le lui confia, il reposa le verre pour sortir l'écrin qu'il lui réservait. Une boîte d'ébène, portant sur le dessus deux « S » – l'un fait de nacre, l'autre d'une fine couche de lapis – noués en signe d'infinité.

Tiens té. Ne la perds pas pardi, c'est toi qui devra me l'apporter té. 

L'anneau trouva sa place dans le nid de velours pour lui préparé, qui se referma en un « clac » synonyme de sécurité.

T'en fais pas. J'vais t'la couver, assura-t-il en fourrant la chose au creux du pourpoint. Mais si ça venait à éclore en bracelet ou en collier, j'te préviens : je déclinerai toute responsabilité.

Sur un rire qui s'éleva comme plume en les airs – et disons-le, déjà un chouille alcoolisé – il partit comme la frangine s'armer. C'était jour de fête, certes, mais puisque tous n'avaient pas la même notion du secret, on dut en flou imaginer le pire pour ce lundi de meilleur, sans toutefois l'avouer. Que vienne qui oserait ! A eux deux, ils étaient forteresse imprenable et à moins qu'on se radinât par dizaines, qui voudrait leur joie gâcher repartirait minable. En comptant Markus, dont il avait réclamé présence malgré l'interdiction franginale, on pouvait même commencer à plaindre les fous qui se verraient tentés de jouer aux indésirables. M'enfin...Ça restait tout de même hautement improbable.

Ils arrivèrent les premiers. Le temps pour lui de jeter regard mauvais à cette fichue allée qui les avait tant fait suer – et jurer, accessoirement. La charpenterie, il connaissait ; forger, il savait ; sculpter, il pouvait. Découper une vache, même, y'avait moyen. Mais alors paver cette saloperie de terre boueuse – avec en plus Raquelito aka « bras en mousse » (c'te gonzesse !) pour assistant – franchement...Ça avait été chiant. On ne le referait plus. Ou alors sans fumer avant.

Elle se mit à trépigner et lui à sourire. Des deux, c'était lui l'impatient et la voir comme ça, elle qui opposait si souvent frein sage à ses mille hâtes, ne le put qu'encore davantage attendrir.

Ça commence bientôt pardi ? 

A geste tranquille, il sortit du sac planqué non loin l'une des carottes prévue pour parer à (presque) toute éventualité. Et le petit-grand de tendre le sacro-sain légume à la grande-petite. Pour rassurer d'un mensonge bienveillant :

Ouais. Ça commence bientôt. Maintenant arrête de sautiller, parce que sinon tu vas tout niquer mon chef d’œuvre !

Ma chérie, t'es magnifaïke et je t'aime à l'infini. Mais si tu détruis ma/ta coiffure, j'te boop-agressif, pardi !



    * NOISETTE !

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Raquel.
    De tous les invités Raquel était la première, mais à l'écart de l'église saphique improvisée. Assise sur un tronc, elle avait posé son recueil de parchemins sur ses genoux, pupitre improvisé pour relire les notions principales qu'elle avait prévu de distiller le long d'un office qui serait bien plus court que ceux des curés aristotéliciens.

    Ce jour, elle avait disposé les peignes offerts par Mélissandre au centre de sa tête, reproduisant les gestes de l'Altesse qui ramenait sa chevelure ondulée sur une de ses épaules. Sa tenue? La discrète oeuvre de Soriane, bliaud vert amande qui de sa pâleur mettait en valeur le ténèbre de sa chevelure et son délicat teint ambré.
    Nul besoin d'artifice, l'Andalouse ne possédait pas une once d'or pour embellir le lobe de ses oreilles ou de collier pour mettre en valeur l'arrondi du sage décolleté. Seul luxe, une fragrance de jasmin qu'elle avait savamment distillée à l'intérieur de chaque poignet et au creux de son cou.

    Raquel avait été prévenue la veille pour le lendemain; puisque personne n'avait été trouvé pour officier, on l'avait réquisitionnée, sans doute faute de mieux. Elle gardait encore en bouche les propos désagréables de la veille, et avait bien failli les envoyer se faire foutre avec leur mariage à la con. Ce qu'elles auraient sans doute fait avec ardeur et abnégation somme toute.
    Ses yeux parcouraient les quelques lignes qu'elle avait griffonnées à la hâte, l'inspiration n'étant pas venue.

    Plusieurs voix s'étaient fait entendre; Elle se leva à regret et rejoint la petite clairière aménagée pour l'occasion en lieu de cérémonie, et se para de son plus beau sourire. Elle avait de la gueule, leur allée... Enfin une belle gueule cassée. Maximilien ne pouvant se rendre à la mine de pierre - noblesse oblige - il lui avait fallu négocier le prix et se faire charger la charrette - en pavé s'entend -. Point de livraison, la destination devait rester secrète. Sa majesté solaire et la pouilleuse lunaire s'étaient attelés à enfoncer chacune de ces saloperies de pierre dans le sol, afin d'en faire un endroit convenable à fouler. Les pluies incessantes avaient rendu l'arrivée assez périlleuse... Et si une poulaine venait à être engloutie par la boue, ce serait le drame! Surtout les poulaines si précieuses de 'la' témoin.

    Son regard se posa sur les premiers arrivants... La famille de La Mariée. Elle s'approcha du couple, embrassant leur magnificence de ses onyx. Postés entre les deux petits géraniums carmin, ils étaient les phoenix des hôtes de ces bois. Une autre jeune femme fit son apparition, lui semblait qu'elle l'avait déjà croisée, mais l'Andalouse avait très mauvaise mémoire parfois.


    Bonjour Maximilien, Samsa... Vous êtes époustouflants. Bonjour Dame?

    Le sens du protocole de l'Andalouse était inversement proportionnel à sa gentillesse... L'on était donc très loin de la perfection.

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    Avec l'amour je peux tout faire, avec la haine je peux mieux faire encore
    Repeat after me : It's Just A Game
Margaut_de_roanne
Comme il était facile pour moi d'arriver à cette cérémonie sans problème et pour cause il fallait se perdre.
Se perdre, je savais le faire á la perfection, j'étais des suivantes qui manquaient la route un jour sur deux.
Pour une fois, que l'on m'avait facilité la tâche je ne pouvais pas être en retard.

Depuis notre arrivée á Limoges, je m'étais faite discrète, presque invisible. Mon fort intérieur, me jouais de mauvais tours. Il me faisait culpabilisait, depuis que nous avions refoulé le sol du BA j'avais perdu de mon engouement et de ma joie de vivre.

J'avais même appris par Samsa son mariage avec Sha, cette dernière n'avait même pas pris le temps de me prévenir. Envolée la belle amitié, les jours de galères, les mois de sauvetages. Tout ça était désormais derrière nous et celle pour qui j'avais tout quitté, semblait ne plus avoir besoin de moi.

Peu importe, les raisons obscures de cet éloignement, il était hors de question que je rate ce grand jour. Je me tiendrai auprès de celles qui étaient mes partenaires de voyage et mes amies.

Pas de fioriture pour ce jour, la duchesse a laissé place pour l'occasion à l'aventurière car pour rendre hommage á ces deux femmes pas besoins de parures, dorures et autres panoplies de nobles.

J'avais enfilé une paire de braie verte et une chemise blanche du plus bel effet. Mes longues boucles brunes retombaient en cascade sur mes épaules.
Ma robe verte avait été soigneusement rangée dans la besace que je portais. Au besoin elle était à proximité.

Si il fallait fuir, et le Tres haut sait à quel point j'avais appris à le faire depuis quelques mois j'étais parais.

Lorsque j'arrivais, je constatais que Samsa et le Von Frayner ainsi que Raquel étaient déjá présent.
En souriant, je m'avançais vers eux.


- Samsa, jamais je n'aurai cru te voir ainsi vêtu un jour.

- Von Frayner, vous êtes fort beau.


Léger clin d'oeil à Samsa.
Il faut dire que notre première rencontre avait été plutôt difficile. Le Von Frayner n'avait pas apprécié mon compliment, je n'avais pas apprécié le sien. Le tout s'étant clôturé par un vin qui malencontreusement savait volé.

Finalement nous avions réussi à communiquer et les familles aidant, nous nous étions entendu. C'est à cet instant que je regrettais de ne pas avoir mis ma robe


- Raquel, ravie de te voir.

Le «vous» avez laissé place au «tu», comme le «Grâce» avait été troqué pour le «Margaut» et c'était mieux ainsi.

Du coin de l'oeil, je cherchai Sha et en ricanant rajoutai.


- La crasseuse n'est pas encore arrivée, vous croyez qu'elle s'est lavée ?

Alors que je riais, mes mires firent un tour d'horizon, je cherchai un coin tranquille où je pourrai troquer mes braies contre ma robe.
C'est alors que j'aperçu la présence d'une dame que je ne connaissais pas et tout en m'excusant de mon impolitesse.


- Pardonnez moi Dame, je ne vous avez pas vu, je suis Margaut.
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Apprentie de l'ordre de la Dame blanche à l'Ecu vert.
Soldaar
Les voyages. Les long chemins abandonnées à n’en plus finir. L’errance.
La liberté !

Qu’il était bon de l’avoir retrouvé ! Il ne regrettait pas ses choix passées mais était pleinement satisfait de ses décisions présente. Chacun de ses retours « là-bas » rendait chaque nouveau départ un-peu plus difficile que le précédent. Malgré sa volonté il ne parvenait pas à totalement se défaire, y compris de la petite. Surtout, de la petite ! Mais ils avaient leurs vie et lui la sienne alors il avait éteint la forge, quitté ses engagements et s'en était allé. Peut-être retournera-t-il un jour « là-bas », peut-être pas. Seul Dieu savait. Pour l'heure, maintenant que quelques lieux le séparait de "là-bas" il essayait de vivre comme avant, au jour le jour, et de retrouver sa voie. Pas sa raison de vivre non, mais sa raison de non-mort.
Mais bordel que c’est difficile de mener une introspection efficace quand à côté de vous un groupe d'inconnues s'invitait dans vos pensées par une conversation trop bruyante. Enfin surtout l’une d’entre eux. On peut toujours arguer qu’une taverne à l’heure de pointe n’est pas le meilleur moment pour faire le point sur sa vie c’est sûre mais merde mince, l’introspection c’est comme les prières, ça doit pouvoir être n’importe quand n’importe où !

Donc l’Errant fulminait intérieurement. Un-peu contre cette inconnue qui semblait ne pas savoir garder la mesure de sa voix mais surtout contre lui-même pour garder malgré lui une oreille attentive aux élucubrations qui se tenaient à la table d’à côté. Il n'était pas de nature curieuse et n'avait rien d'un espion la voix trop proche, le ton trop haut, s'imposait à lui sans qu'il ne puisse rien faire.
Alors depuis quelques longues minutes, entre deux gorgées de lait, il écoutait les échanges, gardant un visage impassible.

Puis vint un nouveau visage à cette tablée. Il ne resta que le temps de donner un pli à la bruyante voisine puis s'en retourna son travail de messager accomplie.
Elle devait être de ces gens qui disent toujours tout haut ce qu’ils devraient penser, ou lire, tout bas car même la découverte de la missive elle le fit à haute et intelligible voix.
Un mariage ? Oui bon d’accord, voilà une nouvelle heureuse mais ensuite ? La mariée ? Du nom de Shawie, admettons, après tout pourquoi pas. Mais alors pourquoi « une union symbolique et non officielle » ? Pourquoi « ne pas l’ébruiter » ? Ce qui était un échec total au demeurant... Il y avait quelque chose de condamnable dans cette union c’est pourquoi il n’écoutait plus d’une oreille mais espionnait des deux la table voisine.
Passer les éclats de rires et les moqueries de convenance la brune invitée toujours aussi peu avare en information apporta peu à peu les pièces manquantes au puzzle. Si la « mariée » se nommait Shawie il semblait que l’autre partie portait le nom de « Samsa » et n’en était pas moins une « mariée » elle aussi. Deux mariée pour un même mariage ?

Le monde stoppa sa course un court instant.
Si les personnes dans la taverne bougeaient encore il ne le voyait plus.
S'ils parlaient encore il ne les entendait plus.
Quand il revint totalement à lui une fois l'information assimilé il remarqua comment sa main était venu enserrer le gobelet en bois contenant le laitage jusqu'à s'en faire blanchir les jointures.
Ce ne pouvait PAS être une coïncidence. S’il était dans cette taverne, à cet instant, assis à portée d’ouïe de cette femme bavarde ce n’était pas un hasard. C’était une mission ! Une mission que Dieu lui remettait à sa façon détourné mais pourtant limpide ! Si l’idée qu’un tel mariage impie puisse avoir lieu n’avait pas totalement assombri son regard il serait presque entrain de sourire. Dieu lui faisait toujours confiance ! Cette fois le doute n’était plus permis. Charge à lui maintenant de se montrer digne de ce salut qui lui était offert. Il se retrouvait enfin.
Sa vie était ainsi. Dans la dévotion. Agissant là où les âmes trop pures ne peuvent aller sans y laisser de leur éclat. Son âme à lui, il l'avait pervertie tout seul. Alors dans une repentance sans fin il se vouait à chasser le malin sous toutes ses formes. Quand les sermons et les prêches ne parvenaient à toucher le cœur pour guider l'âme dans l'amour du Très-Haut alors il se devait d'user de sa lame pour fendre les corps et sauver la dite âme.

En possession de la date et du « lieu » il quitta précipitamment la taverne pour aller se préparer, ou, autrement dit, aller rendre grâce et louer Dieu afin qu’il le garde dans sa lumière quand il s’avancerait dans les ténèbres. Pour cela rien de mieux qu’une prière que plus tard il joindra à un courrier envoyé à la seule personne qu'il jugeait vraiment capable de le comprendre. Elle arriverait trop tard mais qu'à cela ne tienne, l'important était dans l'acte et non sa destination.
Genou à terre sous la voute de pierre du lieu consacrée il pria longuement. Morceau choisi :

« …
Ils dresserons des autels abjecte et les idolâtrerons.
Ils se fourvoieront dans leurs croyances impies
Ils chanteront la mort

Sans comprendre qu’ils servent le Sans Nom

Nous briserons leurs autels avec leurs os
Nous les noieront dans leur sang
Nous chanterons leur mort

Ils comprendront que Dieu était amour
… »


Bon, surement qu'il n'aurait ni le temps de les dépecer ni de les noyer dans leur propre sang mais ainsi était la prière, il ne pouvait pas commencer à l'adapter à chaque situation. Et puis de toute manière son rôle à lui se limitait surtout à offrir aux égarés la rédemption en affrontant leur jugement derniers. Le comment c'était de l'ordre du détail pratique. Voir artistique.

Au matin du 26 mars il était donc fin prêt. Pas d'armure ni même de cuir renforcé, sa condition de vagabond ne lui permettait pas ce genre d'extravagance. Il était de toute manière protégé par sa foi.
Même si une plaque de métal entre son corps et le tranchant d'une épée pouvait aussi s'avérer efficace...
C'est ainsi que l'Errant pris le chemin des bois, dans sa tenue de tous les jours, usée par les distances parcouru et couvert d'une cape couleur écorce qui était scellée sur le côté par un fermoir fabriqué à l'aide d'un écu.
Sous la cape battait à son flanc droit une épée à lame courte qu'il avait gardé de son engagement contre le félon. Il n'était pas à l'aise avec cette arme mais les impératifs de la guerre l'avaient obligé à la maitriser. Depuis il avait développé une certaine maitrise du combat avec cette épée accompagnée de sa dague fixé elle à sa ceinture légèrement sur le devant. Comment pourrait-il se passer d'elle pour une telle situation ? Seul "Expiation" pouvait guider les impies jusqu'au Créateur.

Il s'engagea sous les arbres se répétant à tue-tête "se perdre pour trouver le lieu"...

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Satyne
Si Satyne avait eu vent de ce mariage, quelle tête aurait-elle offerte à la future mariée ? De quelle main l'aurait-elle frappé ? Si serait-elle seulement prêtée, elle qui lui avait caché son propre mariage, la mettant devant le fait accompli d'une bague à son annulaire.

Elles ne se disaient pas tout. Ou alors presque rien. Ne se voyaient plus trop. Ou alors pas longtemps. Et même quand elles traversaient le monde ensemble, il y avait des fossés de non dits entre les donzelles.

Et aujourd'hui l'union faisait la force de deux cœurs bien trop proches, et sûrement le malheur d'une brune à l'autre bout des royaumes.

Elle aurait sûrement explosé de colère, ce serait laissé aller à péter quelques meubles de sa chambre d'auberge, ce serait vengée avec quelqu'un plus, passant une nuit mouvementée dans les bras d'un inconnu pour chasser la douleur de la voir heureuse ailleurs. Elle aurait vilipendé le monde, elle aurait crié à n'en point douter. Et surtout bu. Elle se serait tue finalement, pour se perdre dans la contemplation d'un sol de taverne. Bourrée au matin, décuvante sur un morceau de banc elle se serait faite rapatrier bienveillamment par ses deux compagnons de chemin, s'accrochant à leur cou comme une noyée à sa bouée de sauvetage.

Elle aurait détesté d'autant plus Samsa, et Shawie même. Lui aurait peut-être envoyé un coeur de bestiaux pour lui souhaiter des noces joyeuses.

Peut-être.

Mais comme elle n'en savait rien, pour l'heure, une lame sous la gorge à l'entrée d'une cité toulousaine, elle essayait surtout de ne pas se faire buter.

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Melissandre_malemort


Mélissandre n'avait pas hésité une seconde. Ce qui était aux yeux de beaucoup une union impie relevait en fait de la chose la plus pure, la plus cristalline que le monde ai eu la bonne idée de créer : L'amour.

Elle arborait sa toilette la plus splendide. Non pas pour écraser par son statut mais au contraire pour faire honneur à ces deux femmes qui allaient échanger un anneau dont elle se tenait habituellement aussi loin que possible.

- L'anneau !

Paniquée, la princesse tapota ses jupes avant de se souvenir que le précieux se trouvait dans la petite bourse qu'elle avait accroché à son poignet gracile. Ses yeux glissèrent ensuite sur Shawie et d'un geste du menton elle congédia ses dames de compagnie : Elle serait aujourd'hui une accompagnante et rien de plus.

- Shawie. Vous êtes Shawiesque. Vous n'auriez pu trouver mieux. Exempt votre arme... Craignez vous de devoir pourfendre quelqu'un d'ici à l'autel?

Amusée, elle rajusta machinalement quelques plis sur la toilette de son amie, admira la tresse qu'elle lissa des doigts pour en gommer quelques épis et recula d'un pas.

- Vous êtes parfaite.
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Shawie
2,5 ... merde.


Meli présente au pire moment. Pile poil où l'Espagnole voulait se barrer sans rien dire à personne. Manque de chance, la Princesse avait tenu parole et en plus, elle avait l'anneau.

L'idée même de prévenir Satyne ne lui était même pas venue à l'idée. Déjà parce qu'elle ne l'avait pas prévenu, déjà c'était un bon retour de bâton et ensuite simplement parce que l'Espagnole pensait que sa comparse devait avoir d'autre projet en tête que de venir à ce mariage. Satyne n'aurait jamais accepté et aurait foutu un bordel monstre.



Bien sur qué jé suis parfaite.


Ça, c'était une évidence.


Mon arme ? C'est juste pour parfaite la tenue, jamais sans arme, on sait jamais. Un jaloux qui voudrait prendre Sam en épouse à ma place et jé serai obligée de lé pourfendre pour défendre pour bon dé viande. Alors j'la garde foutre-dieu !

Allons y. Cela ferrait mauvais genre d'être en retard.



Elle sourit pour de bon à son témoin et emboîta le pas, tel un camionneur avant de reprendre une démarche un peu plus souple. Elles traversèrent la foret sans trop se perdre et déposèrent un pied sur les dalles posées plus tôt par le frangin et possiblement Raquel. Elle n'en savait rien à vrai dire. Les deux femmes étaient souvent à se tirer dans les pattes plus qu'à se parler. Mais Raquel avait désormais une place importante dans la vie de l'Espagnole.

Susi était bien présente comme prévu. Sur le camps du Khan, elles n'avaient fait que se croiser, durant des semaines et des mois pour finalement échanger plusieurs mots et sur Limoges -ou ailleurs, la mémoire de Sha était liitée- , elles s'étaient retrouvées. Le monde est petit. Naturellement, elle fut invitée à THE mariage.

Margaut également était là, presque à la surprise de la mariée. Depuis leur retour, Margaut avait été absente, comme recluse et même, pire, triste. Sha n'avait jamais prit le temps d'aller prendre des nouvelles parce qu'elle fonctionnait comme cela : marche ou crève. Malgré tout, l'Espagnole lui sourit et la remercia d'être venue.

Guise était superbe comme toujours. La seule question qu'on pouvait se poser, car nous étions des centaines à se la poser : pourquoi Guise et Meli n'étaient pas ensemble ? Tout le monde sait qu'ils s'aiment, sauf eux. C'est ballot. La mariée et la témoin avancèrent jusqu'a l'autel si l'on peut dire ainsi. Sam était ravissante et l'Espagnole nota l'effort de sa future compagne de ne pas porter cette fichue et horrible tue l'amour de cotte de maille.

Si elle avait pu la foutre à poil pour lui faire l'amour desuite, elle l'aurait fait !



Nous pouvons commencer Raquel, tout l'monde est là. Puis les retardataires n'avaient cas être à l'heure.
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Euridyce
« Il existe, rapporte-t-on, une chaîne de montagnes dans l’Est, sur l’un des côtés de laquelle certaines conduites sont immorales, alors qu’elles sont tenues en haute estime sur l’autre côté ; ce à quoi le montagnard est parfaitement accoutumé, car il lui est donné de descendre indifféremment d’un côté ou de l’autre et d’y agir selon l’usage, sans aucune offense. »
- Le dictionnaire du Diable, Ambrose Bierce.


    Il y avait dans cette nature silencieuse, quelque chose d’un édénique mutisme. Pourtant, ci de là, la vie s’illustrait de toutes ses formes oubliées ; le frottement d’une écorce, le souffle entre les bois d’un cerf, les crissements sous les bonds vifs d’un lièvre. La danse nyctinastique des fleurs. Hasard était chassé de ces terres harmonieuses que l’œuvre divine semblait avoir finement organisées de manière à ce que chaque vivant, aussi infime soit-il, y trouve rôle et destinée. Au cœur de ce pittoresque tableau, Canéda expiait à chaque pas ses pensées inquiètes au profit d’un calme taiseux. À sa jupe, une main précautionneuse soulevait les vaguelettes de tissu. Afin de n’éveiller les soupçons de badauds curieux, Lucie s’était contentée d’une houppelande bleue, rehaussée d’un bandier blanc. Sobre, ordinaire, pour une occasion qui ne l’était en rien. Les indications complémentaires à l’invitation avaient été glissées au beau milieu d’une soirée électrique, ne présageant que fatalement un démêlé plus sombre encore. Le mariage venu, pourtant, Lucie laissa aux portes l’agitation qui écrasait sa poitrine et pesait à ses côtes. Il fallait savoir se perdre. Cette maxime assurément nietzschéenne fut appliquée à la lettre et Mademoiselle fit taire toute angoisse et/ou calcul d’itinéraire. Elle marchait, avec pour seule ambition de ne se rétamer trop salement. Elle voulait être ce montagnard qui, aisément, bravait la morale religieuse dans laquelle toujours elle avait trempé pour célébrer la si rare félicité qui étreignait Samsa. Elle voulait être cette amie qui fait valeureusement front et accompagnait d’applaudissements les réussites de la Cerbère.

    Lorsqu’enfin, quelques bribes de conversations vinrent à l’esprit éteint, Canéda hâta le pas. Le petit comité qui s’était formé autour du couplet célébré ne comportait que quelques visages inconnus. À chacun donc, de sobres salutations. À Mélissandre, à Samsa, des coups d’œil attendris. La cérémonie pouvait commencer, retardataire numéro uno était en place.

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© JD Dôn. - Le blason
Samsa
    "Pourvu qu'elle trouve pas ridicule,
    La phrase marquée sur mon pull.
    Pourvu que j'lise pas dans ses yeux,
    Que ma casquette c'est pour les vieux.
    Pourvu qu'il y ait pas un énorme blanc,
    Dès que je prononce intermittent."
    (Gauvain - Pourvu)



Quel meilleur témoin aurait-elle pu choisir que celui qui calmait sa nervosité avec une carotte qu'il avait eu la précaution d'emmener ? Personne n'aurait pu le remplacer ou même l'égaler. Avec un sourire heureux et reconnaissant, Samsa prit le légume pour commencer à le grignoter. Elle avait cette façon de faire particulière, cette manière experte, comme si chaque coup de dents était mesuré tant en force qu'en position. Ses grignotages étaient presque admirables. Calmée, la Cerbère préservait maintenant sa coiffure qui n'était pourtant pas sujette à la défaite. Épaule attenante à son Frère pour se rassurer implicitement, elle sourit à l'arrivée de Susi, petite chose pleine d'énergie qui l'avait appelée "Excellence" à leur première rencontre. La magie du Secrétariat Royal. A sa suite, Raquel sortit des coulisses, Dame de la Forêt, toute en vert, aussi prête à officier, sans doute, que Samsa l'était à s'unir : c'était oui mais c'était avec le trac. Elle inclina de la tête avec un sourire pour la remercier de son compliment et se permit de la présenter à Susi après qu'elle eut terminé sa carotte, fane incluse. Par un fait inexpliqué, jamais aucun résidu vert ne persistait à ses dents ; le talent, dirons certains.

-Raquel, voici Susi pardi. Susi, Raquel, notre officiante pardi. Qui, je n'en doute pas té, va se découvrir une vocation pardi.

Plus Samsa y pensait, plus elle trouvait bien le fait que ce soit Raquel qui officie. La jeune fille était sur les routes avec Shawie et elle suivait depuis Vendôme, elle avait une bonne énergie et elle ne prévoyait pas de s'évaporer. Quand bien même, elle restait la comparse de Shawie avant tout et le caractère mélancolique de Cerbère ne put l'empêcher d'avoir une pensée pour Gadrielle, disparue subitement à Mont-de-Marsan il y avait maintenant plus de deux mois. Éternel regret d'avoir perdu, si tôt, si belle âme. Pour autant, l'amertume ne la prenait pas et c'était tout ce qu'espérait Samsa.
Margaut arriva ensuite, Damoiselle des Forêts. Samsa se surprit à prier que Shawie n'ait pas mis sa chemise verte, qui, selon elle, lui allait si mal. Cette chemise, c'était la cotte de maille de Shawie, à la différence près qu'elle était plus simple à retirer que la première.


-A situation exceptionnelle pardi, tenue exceptionnelle té.

C'était surtout la coiffure qui l'était.
Enfin, quand même, arrivèrent les deux femmes de la cérémonie -Samsa étant parfois comparée à un homme, il était donc presque acceptable de la ranger dans cette catégorie. Mélissandre, en sa qualité de princesse, avait fait dans le sobre de la haute. Samsa la trouvait très élégante et digne de son rang. Elle donna cependant un petit coup de coude à Maximilien pour attirer son attention et lui glissa que c'était lui le plus beau témoin. Promis, elle ne disait pas cela parce que c'était son frère. Ni parce qu'il avait une barbe. Shawie, quant à elle, semblait métamorphosée : dans des vêtements propres et neufs, coiffée elle aussi -!-, elle avait gardé ce côté sobre. Ainsi, les deux futures épousées avaient su rester elles-mêmes tout en étant sous leur meilleur jour. Belle victoire. L'ombre d'un sourire un peu bête avait pris place sur le visage royal. Jamais Samsa ne pourrait expliquer comment ou pourquoi elle était tombée amoureuse de Shawie, l'Espagnole qui était à dix mille lieues du mode de vie initial de Samsa. Et pourtant. Pourtant, elle avait succombé à cette -ex- brigande, à son caractère bien trempé, ses valeurs malgré ses idéaux différents, son courage aussi. Elle avait essayé de la laisser partir, ce jour où elles s'étaient disputées avec l'escorte de Primha, mais elle avait franchi un point de non-retour pour son coeur ; elle n'avait pas pu la laisser partir sans l'embrasser, sans lui signifier que son coeur s'emballait quand elle pensait à elle, sans lui dire que ses nuits sans elle étaient froides et mornes. Des obstacles, elles en avaient eu sans doute plus que la moyenne des couples du Royaume mais elles les avaient tous surmonté, un par un. Elles avaient écrasé leurs doutes, vaincu leurs peurs, trouvé leur équilibre, triomphé de leurs démons et de la distance. Il leur avait fallu de la force, pour survivre, ne serait-ce que de la confiance, et si elles avaient parfois frôlé le précipice, elles avaient assez prouvé qu'elles ne se lâcheraient pas. Rien, d'un point de vue extérieur, ne pouvait expliquer pourquoi Samsa et Shawie s'aimaient, ni comment elles en étaient arrivées à être ensemble depuis deux ans maintenant. Il fallait très bien connaître les deux femmes, surtout Shawie, pour comprendre que leurs valeurs étaient similaires et que seules différaient leurs manières de faire -et quelques hobbies dominicaux. Il fallait beaucoup de confiance et d'amour, aussi, pour comprendre que fréquenter l'une ne changeait pas l'autre, ni son identité, ni ses ambitions, ni même ses principes les plus profonds ; Shawie ne serait jamais une officier royale dévouée rêvant de la gloire de la Couronne. Samsa, elle, ne serait jamais capable de brigandage pour le simple plaisir d'entasser des biens. Mais leur bonheur résidait là, dans l'acceptation de l'autre et de sa vie, dans le respect de leur vision du monde et dans la non-interférence de celles-ci.
Malgré tout, Samsa admirait Shawie, celle-ci le savait mais ne l'intégrait sans doute pas. Peut-être était-ce mieux ainsi. Peut-être Shawie ne comprenait-elle pas qu'elle était, pour la Cerbère, un refuge quand elle la prenait dans ses bras. L'Espagnole ne saisissait pas le pouvoir qu'elle avait sur le cœur royal, combien ses mots pouvaient lui être aussi doux que tranchants, combien chaque geste de sa part à son encontre était comme un massage à lui seul. Certaines choses ne pouvaient pas être dites. Certaines choses, même, étaient mieux tacites, comme ce regard avec lequel Samsa la regarde.
C'est Shawie qui lui avait demandé de l'épouser. Les deux femmes, sans doute fatiguées d'avoir peur, avaient eu besoin d'en finir. Comme l'épée du matador, Cerbère avait dit oui à une Espagnole sobre et saine lors de sa demande. Désormais, puisqu'elles se connaissaient toutes deux, elles pourraient enfin laisser leur garde et s'appartenir comme, au fond, elles s'étaient toujours appartenues malgré les doutes.

Samsa regarda son frère, brièvement. Elle venait de manquer de lui demander si elle pouvait embrasser Shawie avant la fin de la cérémonie mais s'était finalement ravisée, se connaissant bien ; si elle embrassait l'Espagnole, si elle cédait à cette envie, elle cèderait à une autre, loin des regards indiscrets, laissant là tout en plan sur une pulsion, quoiqu'on en dira, justifiée.

Derrière Shawie et Mélissandre, c'est Lucie qu'elle aperçoit. Le mélange d'invités était hétéroclite. Explosif en temps normal, chacun, ici, saurait garder sa place et ses distances avec ses contraires ; Cerbère n'en doutait pas parce que si beaucoup de choses les différenciaient, l'amour qu'ils vouaient à Samsa -et à Shawie et son couple en général- les unissait bien malgré eux et, pour certains, leurs principes hérités de leur éducation religieuse. La joie et l'amour ne souffraient d'aucune règle ni d'aucune loi, fussent-elles les plus hautes et morales. Un sourire est adressé à l'amie nouvellement arrivée, un baiser est fait à sa joue pour la saluer et la remercier de sa présence, et la Conquérante revient à sa place, à côté de Shawie et de Maximilien, face à Raquel.


-Nous pouvons commencer pardi.

"Ne trainons pas trop je vous prie, j'ai une nuit de noces à sublimer dans quelques heures, pour la tombée de la nuit, mais être en avance n'a jamais fait de mal, n'est-ce pas ?"
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Lucie
La cérémonie allait commencer quand Lucie, discrète, presque translucide, arriva à la lisière de la clairière choisie pour abriter cette union impie. Rares étaient les visages connus. Plus rares encore les visages aimés. Elle n’était pas à sa place au sein de cette assemblée qui, quoique hétéroclite, était animée par le même plaisir de voir Shawie et Samsa s’unir. Elle n’approuvait pas ce mariage. Elle ne le considérait même pas comme un mariage, en vérité. C’était un pastiche, un mensonge, une vaste blague.

Mais Samsa le voulait. Elle le voulait vraiment. Elle croyait que cela ferait son bonheur. Adoncques, elle n’avait pas d’autre choix que d’être là, que de supporter sa vassale dans ce moment de sa vie, comme dans tous les autres. Accepter. Il fallait accepter. Prendre le Cerbère dans ce qu’il avait de brillant et de sombre, l’accompagner dans ses réussites et ses échecs, respecter jusqu’à ses mauvaises décisions, puisqu’elles lui étaient propres, puisqu’elles faisaient partie intégrante de son être. Et toujours, toujours prier pour qu’à la fin du jour, au bout du chemin, ses joies mises bout à bout soient plus grandes que ses chagrins.

Redressant légèrement sa délicate couronne de fleurs, Lucie approcha. Elle portait une robe de campagne bleu, petite chose sans prétention qui épousait les courbes graciles qu’elle avait gagné au jeu de la maternité. Aucun bijou ne décorait son cou nu, ses longs doigts fins. Pour les beaux yeux de Treiscan, elle avait laissé la marquise de Nemours à la porte. Seule restait Lucie, de Saint-Jean plutôt que de Josselinière. Ou ce qui s’en approchait. Le temps, les malheurs successifs, les désillusions avaient eu raison d’une bonne partie de sa légèreté, de ses certitudes d’avant. Sous ses grands yeux menthe à l’eau, des cernes mauves s'épanouissaient et le sourire qu’elle tendit vers la Dame de Lansaq, si il était sincère, avait l’éclat d’une braise tremblante plutôt que d’un grand feu.

Place prise, elle s’aventura à regarder le témoin du marié, puisque le masculin ce jour-là l’emportait. Comme à chaque fois, la douleur la saisit. Son coeur enfla, menaça de déborder, s’écrasa contre la cage blanche de ses os. Fermant brièvement les yeux, serrant les poings, elle se força à juguler l’élan qui menaçait de l’emporter. Elle se concentra sur l’image de l’enfant qui en ville, sûrement endormi dans son berceau, donnait un sens à toutes ses erreurs, toutes ses errances, toutes ses larmes.

Rouvrant les paupières, elle s’attacha à fixer sa vassale, songeant malgré elle, et non sans ironie, qu’elle était de bien mauvaise foi de mépriser ce mariage-là quand le sien propre n’était qu’un pastiche, un mensonge, une vaste blague.

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[JD peu dispo. S'il y a une urgence, m'envoyer un MP. Du love.]
Marvailh
    Bon. Elle a passé Limoges. Selon les informations qu'elle a, le machin devrait se passer dans la forêt. Le message de son informateur n'était pas très clair à ce sujet. A tous les coups, elle va se perdre.
    Dans la forêt, la lumière se fait plus rare. L'ombre des maigres branches d'arbres attendant patiemment le printemps pour à nouveau revivre suffit pour faire baisser la température. Marvailh resserre sa cape de laine sur elle, le dos courbé, à la fois pour se tenir chaud et pour éviter les branches basses sous lesquelles Galahad passe sans même ralentir, concentré sur d'éventuelles racines traîtresses. Elle ne croise personne pendant un long moment, à part deux renards intrigués, une buse méfiante, et un petit troupeau de chevreuils effrayés. Bois giboyeux, pense-t-elle. Il faudra qu'elle parle à Niamh de ce coin, pour de prochaines chasses.


      - Crôa ! entend-elle soudain à sa gauche.

    Bran est perché là, sur la branche d'un vieux chêne tout tordu par l'âge. Marvailh l'appelle d'un claquement de langue, mais le grand corbeau remue vigoureusement la tête. Il daigne se déplacer, mais seulement pour aller se percher sur une autre branche, dans un autre arbre, encore plus loin. Bien décidé à ne plus bouger cette fois, il entreprend de nettoyer ses plumes méticuleusement, peu importe combien de fois Marvailh tente de le rappeler. Elle finit enfin par comprendre qu'il lui indique le chemin. Elle a beau l'avoir dressé pour ça, elle a beau savoir que comme tous ceux de son espèce, c'est un oiseau très intelligent, ça ne l'empêche pas d'être constamment épatée. Et un peu sceptique aussi, des fois.

      - Gare à toi si c'est pas ce que je cherche, lui dit-elle en passant sous sa branche.

    Le volatile se contente d'incliner la tête sur le côté en émettant un petit -cloc !- vexé. Marvailh s'engage sur un petit sentier à peine marqué, probablement le trajet habituel d'un sanglier vers un ruisseau. Les chênes, tilleuls, hêtres et ormes se succèdent, jusqu'à atteindre... un cul-de-sac. Un énorme amas de ronces et de genévriers lui bouche le passage. Elle en était sûre. Ce stupide oiseau n'a toujours pas intégré le fait qu'elle ne pouvait pas voler pour éviter ce genre d'obstacles. Elle se retourne sur sa selle, le cherchant des yeux. Mais Bran n'est pas là. Avec rage, elle met pied à terre, et entreprend de contourner le mur végétal. Elle n'a plus aucune idée de la direction qu'elle prend. Nord ? Ouest ? Sud, peut-être ? Les nuages bloquant les rayons du soleil n'aident en rien.
    Finalement, tenant Galahad par la bride, elle finit par échapper à la forêt et trouver la lisière d'une petit clairière. Elle s'arrête net. Des voix ! le frison la pousse du bout du nez, désireux d'aller grignoter cette délicieuse touffe d'herbe, à quelques mètres. Marvailh le repousse doucement, mais fermement, prenant bien garde à ne pas le faire marcher sur des cailloux pour éviter qu'il ne fasse du bruit.
    Cachée derrière un buisson, Galahad attaché non loin dans un carré d'herbe fraîche, elle observe la scène, accroupie. Shawie est là. Samsa est là. Margaut est là. Quatre autres femmes sont là. Elles sont peu armées, mais rien qu'avec Samsa, elle aura déjà fort à faire. Elle espère que la Cerbère comprendra qu'elle n'est pas là pour elle. Il y a aussi ce type qu'elle a croisé une fois, probablement à Lyon. Elle l'avait bien aimé parce qu'il parlait franchement. Un peu trop extravaguant à son goût, mais sympa quand même.
    Margaut. Ben voyons. "Ouiiii, c'est affreux, j'ai été kidnappée, ouin ouin !" Et dire qu'elle a essayé de monter toute une expédition pour aller la sauver des griffes de la traîtresse, ravie de pouvoir enfin lui sonner les cloches en toute impunité. Et là, elle la voit, comme une fleur, en mode "kidnappée, moi, jamais, voyons", en demoiselle de déshonneur. Y'en a combien d'autres, des Blanches qui se sont foutu de sa gueule comme ça ? Foutrecul, elle a bien fait de se barrer, tiens.
    Ruminant un plan d'attaque au milieu de son agacement total, elle garde la main sur la poignée de sa claymore, attendant le bon moment.

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HRP : Si y'en a qui veulent monter une attaque groupée, qu'ils viennent rejoindre Marv
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