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[RP] Ithaque

Alphonse_tabouret
Interférences des deux guerres je vous vois
Voici la nécropole et voici la colline
Ici la nuit s’ajoute à la nuit orpheline
Aux ombres d’aujourd’hui les ombres d’autrefois
(…)
A-t-il fait nuit si parfaitement nuit jamais
Où sont partis Musset ta Muse et tes hantises
Il flotte quelque part un parfum de cytises
C’est mil neuf cent quarante et c’est la nuit de Mai
Aragon, La nuit de Mai (*)





Citation:
Faust,

Nous gagnerons Périgueux cette nuit, vers une heure selon Pierre si nous ne faisons halte. Je rejoindrai Vésone sitôt mon cheval arrêté. Mes lèvres à ton oreille ont des choses à y dire.
Veux-tu m’y attendre ?

Alphonse.





Une heure sonne juste à Saint Front, et à l’écurie qui a accueilli la troupe un peu plus tôt, son cheval écume encore le galop de la journée dans un souffle asphyxié ; sac saisi à même l’une des sangles de sa selle a échoué à ses pieds en trouvant Vésone occupé, délassant le visage d’une quiétude espérée au poids des quelques mots envoyés. Faust est là, et c’est sans précipitation malgré la tempête heureuse qui le fauche, amant éconduit de silence, qu’il se dirige vers la silhouette blanche patientant son retour.
Dans la pénombre de la pièce, corps mâles retrouvés se jaugent sans dissoudre les dernières distances, et l’on pose muselière aux feux qui consument la matière jusque dans les prunelles, entravant la férocité qui n’appartient qu’à ceux qui savent s’agenouiller. Il est improbable que ces deux-là soient encore habillés, et pourtant, à la lueur d’une chandelle qui jette au nid une lueur fauve brodée d’ombres tranchées, peaux supportent encore le poids de l’apparat ; tout aux murs qui ont vu d’eux jusqu’au moindre délit, frémit d’un sentiment retenu.
Silence s’est entêté de bon sens, a jeté aux chemins des séries de nuées, Peut-être ont migré en boucles sauvages, étirant sagesses et excès aux logiques brunes, aux sentiments blancs des hastaires marchant à ses tempes pour se résoudre à ces apprentissages communs qui font les plus vives unions; tout ici est question de foi.




Les jours se sont amoncelés, année après année, ont bosselé leurs dos au poids des siècles ensablés et martelé les millénaires aux ultimes heures d’une interminable Odyssée.
Maintenant est un instant infini ; temps n’existe plus, s’est tu à la faveur de la brulure, et ne laisse derrière lui qu’une marche suspendue où se tiennent un Faune et son Arbre



Laisse-moi te regarder…

Il couve dans les yeux cernés d’Alphonse de muettes chansons, l’éprise préoccupation des affaires horlogères quand ses prunelles denses attisent une flamme exhortée à de prudentes sincérités.
Mains, au fil d’un même élan saisissent le visage blanc avec une autorité feutrée et l’examinent d’un air soucieux ; propriétaires, elles en pivotent lentement l’axe, inondent le cou et le lobe de l’oreille d’un rayon de flamme, puis en changeant le sens, délivrent le menton d’une ombre et révèlent l’arête du nez délicat qui fend l’ovale subjuguant. Concernés, les noirs étudient à l’aphonie ce que Rome lui rend, y cherchent ce qu’on lui aurait caché, la trace d’une douleur, l’éclat d’une brimade, et contemplent, méticuleux, cette soie de nuées ivoirines que les voraces tempêtes qu’il abrite le supplient affectueusement à s’en faire une seconde peau.


Tu es beau…

Tissu est saisi aux doigts impératifs et ôté par-dessus tête en même temps que la médaille d’Aristote, et tous deux échouent aux pieds dans un remous fleuri, Ovidéenne métamorphose, corolle noire à l’unique étamine tapissant la grève auxquels patientent les sabots de la bête. Dieu ici ne signe aucun de leurs mutismes ; aux maux seuls de Nicolas, l’Étoile du berger guette ses premiers reflets.
La blancheur des lignes troublent le mors de la raison et la bouche s’assèche d’une ardente inflexion ; marbre, la peau de Faust échelonne aux muscles délicats une laiteuse indécence, subjugue l’indécision à certaines finesses et s’affirme d’une impitoyable semonce à la rondeur d’une pomme d’Adam affichée. Rome lui a creusé le ventre et l’on discerne au flanc le vallon d’une cote première qui jusqu’à là s’excusait à la faveur du cocon.
Dextre se fichant à la nuque gracile intime un mouvement limpide, et quand le dos est présenté sans un mot à l’examen, au nez qui vient respirer jusqu’à gonfler les poumons la blondeur des crins retrouvés, les siens tombent :

Tu sens bon.

Les émaux refusent leur brutale dentelle au fil d’une nuque exquise, ensanglantant les excès qui le brisent à la contemplation de ces parfaites esquisses, et Senestre chutant le long de sa proie tandis qu’il s’en écarte vient découvrir les ravages de trois semaines d’absence. De leurs amours d’Avril, Muse calligraphe redoute le vide, la page blanche, cette porcelaine que plus une ligne n’accuserait à la faveur de leurs secrètes errances et qui condamnerait, fautive, à l’oubli leurs violentes amours.


Rémiges se suspendent à la gravité nouvelle de l’idéogramme et l’Olympe aux cieux pose un index aux bouches de Sélène ; le dos de Faust porte la vivacité de sa voyelle profane.
Bouche de Mai se plie d’un cruel ravissement; gueules des grands fauves s’agitent et geignent aux garnisons.
Il flotte quelque part un parfum de cytises
c’est quatorze cent soixante-six et c’est la nuit de Mai (*)



Despote rassasié aux vents d’une scandaleuse satisfaction tend ses doigts longilignes jusqu’à l’écritoire, et, à la tranche nette d’un ongle court, ravive doucement trois des thyrses tracées aux sangles du bouleau ; A rehaussé s’anime d’un éphémère pastel, luciole née aux rites des garçons sauvages, et descend jusqu’aux hanches que les bas assagissent.
L’épaule est parcourue à l’aplat d’une paume qui ordonne un nouveau demi-tour, raccrochant les comètes et leurs trainées à de nocturnes incendies. Alcyons faustiens négligemment déposés à l’épaule brune, le bras est tendu jusqu’à offrir le lit mauve des veines, accusant en frémissant les lèvres qui y déposent un baiser et qui s’entrouvrent à la remontée d’une langue de lave butant, inexorablement, à la frontière rouge du ruban.
Fauve immobile fige la seconde et puise à la magie d’un enfer orléanais pour rouvrir les livres de ses leçons quand de métalliques échos résonnent aux prunelles voilées, et fendent l’iris jusqu’à le révéler.



Cuivre sonne l’avènement de la première bataille et révèle à la trouée des jais l’inégale composition des troupes en mouvance.
Bleu Alphonsien en guise d’étendard, Monstre, seul, fait face à l’ensemble de ses carmines noirceurs.



Les regards se mêlent à cette rencontre provoquée, et il n’existe plus, ni le souffle de la gorge, ni les mots pour rompre le vertige ; le silence absolu bourdonne, quand, sans le quitter des yeux, bouche pivotant fond au tissu et coince aux canines l’un des filins rouge qu’elles éprouvent avec lenteur jusqu’à la résistance du nœud apposé.


Dédain, dans un vacarme d’océan chancelle d’un éclat et pose, foudroyé par l’Audace, un genou au sol: ses doigts s’enfouissent à la fange jusqu’à en blanchir les phalanges et sa gorge tant de fois lacérée pour se taire, exhale un battement de cœur.


Velours noirs de l’animal errent à la surface des immensités gelées avec une volonté pudique et lorsque le tissu est rendu à la faveur d’une mâchoire qui se relâche, ils restent résolument à la lecture malgré leurs troubles discernés.


Maintenant tu sais.
Tu sais à quoi je pense, à quoi je consume ma curiosité lorsque parfois mon regard s’alourdit.
Un jour tu me raconteras cette histoire, un jour, pas maintenant.
Maintenant tu sais, et cela me suffit.
Maintenant, c’est toi et moi.



Un sourire fatigué finit par s’étirer à la manière d’un chat discret sur les lèvres du jeune homme, et, chassant avec simplicité le temps perdu à la faveur du voyage, les traits lassés s’altèrent d’une vérité idiote et imparfaite qu’il vient apposer à la faveur seule de l’oreille cadette :


Tu m’as manqué.
Dis-moi si je t’ai manqué et je te dirai un secret…






Muse:
Poète, prends ton luth ; le vin de la jeunesse
Fermente cette nuit dans les veines de Dieu.
Mon sein est inquiet ; la volupté l’oppresse,
Et les vents altérés m’ont mis la lèvre en feu.
Ô paresseux enfant ! regarde, je suis belle.
Notre premier baiser, ne t’en souviens-tu pas,
Quand je te vis si pâle au toucher de mon aile,
Et que, les yeux en pleurs, tu tombas dans mes bras ?
Ah ! je t’ai consolé d’une amère souffrance !
Hélas ! bien jeune encor, tu te mourais d’amour.
Console-moi ce soir, je me meurs d’espérance ;
J’ai besoin de prier pour vivre jusqu’au jour
La nuit de Mai, Musset
_________________















Citation:


























































































L_aconit


    Toi, tu reviens à Ithaque.
    Moi, je t'ai vu partir à Pitchipoï.



Page Blanche.

Il est tard à Vesone. Nicolas n'avait pas écrit. Il attend là, comme le pli nouveau l'a convenu. Docile. Il patiente en comptant les lames du parquet. Austistique attente d'un auteur devenu muet.

Auteurs du dimanche, grands auteurs reconnus, petit griffonneurs de coins de manches, inspirés de la déconvenue... Les amoureux des mots sont si semblables quand leurs écritures convergent. Ils cherchent parfois, primaires, à vidanger leurs esprits. Mais l'auteur est un émotionnel, conscient ou pas de chercher des yeux qui se posent sur lui. Son travail est ascensionnel au gré de son humeur et chaque auteur revit en relisant sa propre sensibilité, le fruit de ses écrits. Il sait palpiter éphémèrement de ses propres émois, et en lisant les autres s'accorde à trouver enfin qu'il n'est pas seul à bouillonner, fourmiller, huiler les rouages d'une mécanique qui lui échappe parfois. Rien n'est écueil à ses idées, et tout lui fait écho plus ou moins harmonieusement. Qu'il écrive pour s'échapper ou pour se recentrer, l'Auteur est doté d'une sensibilité qui n'est pas à la portée de tous les lecteurs, et qu'importe! Tant que la page ne reste pas blanche... Tant que le Muse est là. En cet Autre. En les autres. En tout ce qui éveille son inspiration... Et que fait-il ... Quand Il n'est pas?

Il n'enfante pas. Et ses maux n'ont accouché de rien. Il attend. Repense, hagard, à quelques souvenirs pour s'y réchauffer l'âme, comme à un bon feu de bois. A cette première fois, par exemple.

Le souffle s'est fait court, la cadence du coeur s'est allongée lorsque l'un s'écartèle de deux secondes extatiques et que l'autre se perd dans une infinité quasi élastique. Le premier coup de rein a ce pouvoir insensé de résurgence... D'étirer toute notion de temps. ... L'esprit communie, nébuleux état second qui vous fait poupée de chiffon aux nimbes de coton. Une bouffée de plaisir embrumant le cerveau, deux âmes qui crack. Puis l'implacable dope amorce un retour à la réalité, plus animal. Plus brutal et sexuel. La redescente. Quand le cerveau rend le flambeau au corps, la première rencontre s'est déjà évaporée... Comme de l'or qu'on ne possédera vraiment jamais.

Il écoute les bruits de la nuit. Les bruits de la vie, trahissant au dehors, ou au dessous, quelques mouvements.

Quelques pas suffisent. Le plaisir est sage, presque bridé. Il se suffit à lui même puisqu'il dérange à la bibliothèque... Attire l'oreille, déconcerte, où l'on croit l'entendre sans le voir arriver. Partout où l'esprit vagabonde, Alphonse semble prêt à surgir.

Les sabots d'un quelconque cheval que l'on ramène au repos attisent déjà l'intérêt, moins conventionnellement c'est certain. Il n'a pas l'imminence de ces pas. Le parquet semble avoir été fait pour résonner de ce bruit là. Chacun de ses craquements se lie à cette grinçante et masculine symphonie comme s'il souffrait de plaisir, masochiste heureux de son sort soudain moins ingrat. Au creux de la chambre d'attente, le son semble tout prendre pour écrin, il raconte un lente préparation. Une dégringolante ascension. Quand on attend, le bruit des talons attise plus qu'il n'atermoie... Mais au soupir creux d'une marche, écoutez la jouissance agonisante d'un vieux parquet de chêne sans âge et rondement ciré... C'est une rencontre au sommet. Le bruit est soudain plus brut, déterminé. Les pas d'Alphonse ont quelques abyssaux secrets pour savoir déconcentrer. Tous les yeux les cherchent, source transcendante de ce chant qui attire, et le port de tête a perdu toute notion de badinerie. Une silhouette se meut d'une quintessence directive. Chaque pas sur le bois martyr comme ses talons et leur échelle des plaisirs, est un compte à rebours inversé. Il est passé minuit, il est une heure, et c'est la nuit de mai.

La porte est poussée, comme on expire à la dernière apnée. Alphonse est là. Il n'est plus Muse. Il n'est plus Faune. Il n'est rien de plus que l'instant T. Celui qu'on a espéré, et dont on ne sait par quel bout le regarder. Celui qui sait au coeur, faire grincer les rouages, de ceux qu'on n'hésite à discerner, à rire ou à pleurer. Le Noir qui tend de ses doigts élancés, le drapeau blanc du deuil. Alphonse est rentré.

L'a-t-il désaimé? Qu'y a-t-il de plus terrifiant que le deuil d'un amour? Comme un naufrage, là bas, où personne ne peut plus le raconter que les mille et mille dépouilles noyées... Un navire qui ne rentre jamais. Les espoirs des vivants scrutant un horizon sans réponse. Silencieux à jamais, moribonds. Submersible éclaté et perdu. Comme un coeur qu'on a tu, emporté par le fond. Un échec sans témoins et de l'or gaspillé, au moins.

Le poignet d'un geste vif soustrait ruban à l'inconsciente folie des dents.

    Malheureux. Ne touche pas. Cette frontière là est à moi. Comme ton Orléans. Vois, je te le laisse. Mais ne touche pas.


Alphonse est là. Vient-il embaumant du parfum d'une autre, vient-il à faire pleurer les puutes, quelle importance? Il faut savoir exulter de sa seule présence. On le blâmera plus tard, sans doute jamais. On lui ouvre les bras, se plie à ses auscultations. On courbe l'échine, et tant pis si c'est jusqu'aux talons. Il est une heure, et il est rentré, voici enfin que peut commencer la Nuit de Mai.


- Tu m'as manqué.

    On voudrait s'y soustraire, on s'y réfugie à brûler.
    Voici l'odieux chantage des nuits de Mai.


Ithaque n'est pas si belle contrée. Viendrais-tu y oublier
qu'elle est plantée d'inconsolables Atys, d'éplorés Cyparisses
qui ne verdissent que de ternes larmes qui bruissent
sur ses longues langues grèves aux bleus reflets?


Oui. Des pins et des cyprès. Des Nicolas à bout de souffle dont l'oreille agonise de découvrir le doux miel qui la ronge... Le secret trop orgueilleux pour souffrir d'un mensonge.


    - Cependant il s’épuise par l’excès de ses pleurs. De son sang les canaux se tarissent.
    Les couleurs de son teint flétri commencent à verdir. Ses cheveux, qui naguère
    ombrageaient l’albâtre de son front, se hérissent, s’allongent en pyramide,
    et s’élèvent dans les airs. Apollon soupire :
    « Tu seras toujours, dit-il, l’objet de mes regrets.
    Tu seras chez les mortels le symbole du deuil et l’arbre des tombeaux » -
    Ovide

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Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Alphonse_tabouret
Poète:
De nos amours qu’il te souvienne,
Si tu remontes dans les cieux.
Je ne chante ni l’espérance,
Ni la gloire, ni le bonheur,
Hélas ! pas même la souffrance.
La bouche garde le silence
Pour écouter parler le cœur.






Brisants de Mai se pressent et grêlent le rivage ; au rire moqueur d’Eole et de ses fils, l’étendard claque si fort qu’il lacère les tympans.



Le mouvement du poignet a répudié l’épreuve, l‘aveu, la conjugaison des verbes tendres, et l’on a vacillé aux contreforts des tempes comme à la proue d’une tempête, jusqu’à sentir l’écume apostropher les sens ; frontière est posée, abrupte, définitive, et la guerre à peine entamée voit déjà ses rangs disséminés de désillusions. Première bataille perdue, l’entrain entre les mains novices peine à se canaliser et courbe une échine percluse ; audace, méprisée, a été balayée d’un simple revers, dédaignant la bravoure, entrouvrant les fractures opiacées si résolument délaissées à la faveur du cœur.


Anteros saigne du nez ; Zelos, Fides, aspis brisés aux pieds, ont levé les deux mains en signe d’impuissance.
Seule, front bombé d’éclaboussures plasmatiques, Sophia résiste aux harmonies des Lites chantantes.



Le visage de Faust ne porte ni les séquelles redoutées, ni celles espérées, en célébrant de nouvelles, inconnues, dont il peine à déchiffrer les lettres. La voix, docile, trouble, fauche l’enthousiasme auquel les couleurs ont soupiré à l’odeur retrouvée du commun. Le secret dont il est si crâne, cette incontestable preuve de Tout dont il vient d’offrir la carcasse encore embrasée de soubresauts, se dilue sans le frémissement d’une réaction au lobe nivéen, et pas un instant, Faune harassé de son périple, avide des mots dont on l’a privé, ne s’approprie les ravages amants ; relégué d’un geste du poignet à un monde où l’Ailleurs vaut son Présent, son poids s’est mesuré à l’once, et mutisme à son serment répété s’interprète au gout citronné du vitriol.

Tu ne me crois pas.

L’Orgueil éprouvé froisse jusqu’au sourire qui chancelle à l’oreille, étire à ses doigts nerveux une patience tissée de diagonales, et le cœur accuse avec une ardeur insoupçonnée, la première voilure.


« Ah ! »
Triomphante, Compagne s’extasie d’une métempsycose ; inquiète aux lueurs d’Orléans, elle s’est terrée, en attendant son heure, et au carillon d’une première trame, recouvre aux bris disséminés de quoi assurer sa provende.
« Ne te l’avais-je pas dit, ne t’avais-je pas prévenu ?
On ne fait jamais confiance aux chats ; on les cajole jusqu’à ce que l’on achète un chien, et le chien, loyal, le chien attend aux portes d’Alençon, et le maitre l’attend aux serrures de Saint Front. »
Bouche s’arrondit d’un étonnement excessif et charrie des gravats jusque dans son ovale :
« Oh, chaton... Tu es déçu ? »



Faust est désarticulé, il tait jusqu’aux non-dits, déracine les pieds de vigne et saccage les récoltes tissées du chant des lyres à son immobilisme : il y a quelque chose, une tumeur qui palpite des pieds jusqu’à la tête, l’ombre d’un nénuphar qui hésite à fleurir, et dont les racines qui grondent en sourdine, menacent d’envahir les déterminations dont il s’est bardé le plexus à la lune passée.

« Il ne te l’a jamais caché. Souviens-toi. Comment a-t-il dit déjà ? »


Pour calmer le jeu et prouver nos intentions, j'ai accepté de servir le prélat quelques temps en échange de la liberté de mon noble amant, contre son avis.


«Vois, Orgueilleuse créature, tu étais prévenue. Tu ne vis qu’au présent, Futur n’est pas pour toi, ailleurs, il est quelqu’un qui l’attend encore jusqu’à quelques temps. Quelques temps. Quelques temps. Quelques temps. Quelques temps. Quelques temps. Quelques temps. Quelques temps. Quelques temps. Quelques temps. Quelques temps. Quelques temps. »



Sowelu. La rune de la guérison. C'est une messagère de guérison des blessures émotionnelles et physiques. Elle dit pour ta seconde question de laisser le temps à la lumière d'entrer pour opérer une transformation spirituelle.



A l’oreille suspendue, la gorge fervente déglutit, lèvres cousues de rouge par les fils d’un ruban délavé, et les prunelles s’embuent d’une éprise contrariété ; l’égo peut bien souffrir, un monde où Faust est fait d’opacités n’a pas de raison d’être.

Tout. Même ma dignité, je la lui donne si cela l’aide à respirer ; qu’il me tue, si ça lui rend la voix.

Alors l’on arrache, l’on défait, l’on tire sur les nœuds tisserands, l’on se brule aux serpentins des ligatures qui glissent à leurs dessins croisés, l’on saigne, et bientôt, la bouche est envahie d’un pourpre qui afflue à la gorge, inondant les épaules calcaires qui en scellent le verbe ; dualité s’émeut.
Les lèvres cueillent l’oreille d’un baiser chaud, couvrent la tempe, fendent la joue, s’accordent aux écueils d’une bouche froide et y sèment l’aube d’un premier souffle ; fronts silencieux mêlent les crins contraires à la lente caresse qu’y applique l’animal, et grignote le silence d’une nuées d’aphones incompréhensions. Filins se remontent, s’examinent méthodiquement, et croisent le profil d’une sœur à celui d’un boureau, les fracas d’une bigote à la solitude des pierres, la fatigue de Rome aux responsabilités du rang nouvellement serti; méticuleuse créature s’abime à chaque carte, billes compactées d’intérêt et contemple, démunie, la multitude de possibles.


Alors oui, j'ai remarqué que lorsque l’on réfléchit aux choses les plus spontanées, soudainement, on ne sait plus les faire.



Je suis rentré aussi vite que j’ai pu. Voix s’élève, fend le vide et vient tiédir les lèvres effleurées. J’ai maudit ton chien tous les jours de nous ralentir, même lorsque tu t’es tu, même lorsque tu m’as menti, parce que le silence se trouve jusque dans les mots, qu’on ne nourrit pas l’attente d’un courant d’air à peine fardé… Si j’avais su que cela n’allait pas, que quelque chose s’était passé, je l’aurais laissé aux autres. Je t’ai demandé, mais tu n’as rien voulu…

Le corps étreint, comble, les mains dissolvent chaque vide, et l’on réchauffe la peau aux doigts qui parcourent l’omoplate, le dos, la nuque, sans savoir si dans les os, l’on parvient à toucher l’âme.

Je n’ai pas aimé ton dernier courrier… Il était injuste…Tu me manquais, et à peine délivré du silence de Rome, tu as choisi de m’abreuver du tien… Sens-moi. Sens, ordonne-t-il sans brusquerie, plaquant le parfum musqué qui l’encense à son nez. J'empeste le chien, le cheval et la course sous la pluie…. J’ai marché à ton seul sourire durant trois semaines… J’espérais te manquer, t’apprendre que ce dont tu me prives, je peux t’en priver aussi… La leçon est mal tombée…

Les mots se mêlent, chutent en cascade sans plus prendre le temps de consulter une Raison aux bouches écarquillées ; qu’importe le poison qu’il faudra déverser à la gueule de ses monstres, Nicolas doit vivre. Le sens se déroute, fil logique pincé entre ses ongles; il pleut depuis le parquet et, dans un accent grave, les phrases, désaxées à l’atonie de Faust, espèrent à chacun de ses gouffres.
Que vienne l’hécatombe et ses tombes profondes ; charnier partout s’étend et menace les murs de la maison.


Je me suis endormi seul, chaque soir. Parfois, je serrais ton écharpe tellement fort à mon cou que j’en sentais tes doigts, j’entendais presque ta voix se mêler à la mienne. Ce furent de longues, de terribles nuits, parce qu’un lit sans toi n’est qu’un simulacre, parce que ton odeur… Ton odeur… Le profil de nouveau vient s’enfouir au crin, en récolte les blés et y abandonne la chute ; le parfum de Faust ne se soumet à aucune grammaire. Mains pressant plus vivement la nuque, l’épaule, les mots retrouvent le chemin de l’oreille en le fondant à ses bras. Tes humeurs font mes saisons et cela me terrorise, sais-tu ?...
Mais moi aussi, je sais être loyal…


La tempe lourde de rameaux s’appuie à la sienne,et, semant une brassée de foi à la faveur d’un murmure vert , y attend le soleil.






Muse:
Crois-tu donc que je sois comme le vent d’automne,
Qui se nourrit de pleurs jusque sur un tombeau,
Et pour qui la douleur n’est qu’une goutte d’eau ?
Ô poète ! un baiser, c’est moi qui te le donne.
L’herbe que je voulais arracher de ce lieu,
C’est ton oisiveté ; ta douleur est à Dieu.
Quel que soit le souci que ta jeunesse endure,
Laisse-la s’élargir, cette sainte blessure
Que les noirs séraphins t’ont faite au fond du coeur :
Rien ne nous rend si grands qu’une grande douleur.
Mais, pour en être atteint, ne crois pas, ô poète,
Que ta voix ici-bas doive rester muette.
La nuit de mai, Musset
_________________


Dernière édition par Alphonse_tabouret le 14 Mai 2018 15:29; édité 1 fois
L_aconit
Poète:
Pourquoi mon coeur bat-il si vite ?
Qu'ai-je donc en moi qui s'agite
Dont je me sens épouvanté ?
Ne frappe-t-on pas à ma porte ?
Pourquoi ma lampe à demi morte
M'éblouit-elle de clarté ?
Dieu puissant ! tout mon corps frissonne.
Qui vient ? qui m'appelle ? - Personne.
Je suis seul ; c'est l'heure qui sonne ;
Ô solitude ! ô pauvreté !

Le poing s'est refermé sur les frusques, à la poussière des chemins, aux suées des jours, Nicolas rend les armes. Les dépose, barde, aux terribles pieds de son amant. Le corps fronce enfin les frontières mutiques, pour en faire crever les blanc entêtements. Qu'il est dur de parler quand on est qu'une oreille, que la vie a rempli d'infâmes agissements. Qu'il est dur d'aimer quand confiance s'enraye, ou peut-être aime-t-on de trop de sentiments. Le second murmure perce les digues opaques, vient s'écouler mielleux jusque dans la gorge. Nicolas est un muet qui s'écrie qu'on l'égorge, quand sa main vient prier aux chapelles d'Ithaque.

La poitrine s'épanche d'un sanglot quand le corps se rappelle à l'odeur de Myrthe, d'or et de pervenches. On ne saurait dire qui parmi elles, a fardé de malices les penchants des fastes divinités, quand ses bras blancs l'enserrent de leurs étendues lisses, pour garder au secret des mots bleus leur tendre portée.


- Viens, je souffre, m'ami.

Quelque ennui solitaire me ronge, quelque chose a gémi dans mon cœur ; l'amour, traître, m'est venu comme on en voit sur terre. Une ombre de plaisir, un semblant de bonheur. Viens, parlons devant mon Dieu ; parlons dans tes pensées, dans tes plaisirs perdus, dans mes peines passées ; partons dans un baiser pour un monde inconnu, éveillons au hasard les échos de nos vies. Parlons-nous de bonheur, de gloire et de folie, s'il faut que ce soit un rêve, je ne m'éveillerais plus. Inventons quelque part des lieux où l'on oublie. Dis-moi, quel songe d'or l'échange va-t-il bercer ? D'où vont venir les pleurs que nous allons verser ? Ce matin, quand le jour a frappé ta paupière, je me suis fait Séraphin courbé à ton chevet, las d'attendre tes pas et leur course légère, je t'enviais tout bas les retrouvailles espérées.

- J'ai souffert de te perdre pour une ombre du passé.



Mes blessures sont sinistres d'en être seul créateur. J'ai juré à Nature, je ne suis qu'un parjure, qui s'accroche aux symboles de mes condamnations.

Mes saisons sont d'espoir, de tristesse et de joie, et je trempe à tes lèvres le sang de mes regrets. Je voudrais tout suspendre à tes mains, à ta voix, et jeter aux vents l'écume des coursiers. Dis moi de quelle main, de quel mot séducteur, tu m'as ravis le sens des nuits et des jours, dis moi quelle habile manœuvre m'a meurtri d'amour? Tu me blesses, tu m'égorges, tu me fends de remords pour un chien sans valeur, que je moque à présent. Si je parle me promets tu de comprendre, et me rendre les lauriers que jalouse a sali ?


Alors dans le bleu de l'absinthe, dans leur nuit de mai, les deux corps se retrouvent enfin et sans goûter au drame. Et la bouche blanche vient baiser la tempe brune pour lui donner un peu de cet or qu'elle réclame. Quelques mots s'articulent au menton qui acquiesce. Tel Anémone ou Hyacinthe, Aconit pousse d'une giclée de sang. Et ses beaux yeux ont baigné jusqu'aux oreilles, des bruines amoureuses, des tueuses d'estime. L'abcès est crevé. La fierté quand elle est à bout de souffle ne vaut plus un centime.

- Mais tu es là, Il n'y a que pour toi que j'abjure, là, tu es bien rentré à la maison.


    Prends mes hanches ! prends mes reins ! J'offre tout à tes serres ;
    Mon aile me soulève au souffle du printemps.
    Que ton vent m'emporte ; que je quitte la terre.
    Tant que c'est avec toi, tant qu'il est encore temps.


- Tu es celui qui est libre. Je ne suis pas Florence. Toi, tu ne me dois rien... Mais Dieu que tu m'as manqué Alphonse...


"On ne retient ni le vent, ni le sable, ni les gens qu’on aime…
Au mieux, on les accompagne dans leurs rêves…
" Alphonse Tabouret


Inspiré de Musset
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Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Alphonse_tabouret
Les doigts blancs se froissent, marbre s’éveillant dans le silence troublé d’un murmure ionien et brulent, malgré les tissus qui s’y amoncèlent, l’épaule à leur tracé ; costumes se défont et se désagrègent à la poigne qui soudainement saisit. L’Arbre frémit, et avec lui, l’exquise mélodie du vent; à l’instant, à cette heure avancée qui chasse les chimères, l’on jurerait entendre Vésone craquer aux convections retrouvées.

    Je me pris à aimer Vésone, la sensation étrange et indicible qu’elle donne à la nuit et l’étonnante quiétude de son ventre aux houles passantes sous ses fenêtres. J’aimais laisser couler le regard aux verdures perchées, cueillir la silhouette fracturée de la Tour au hasard d’un nuage et songer à ce qu’elle avait vu lors de sa première pierre, à ce qu’elle verrait encore; aux longueurs de ses ombres, tous et toutes étiraient leurs destins jusqu’à broder leur front d’un gramme d’héroïsme, d’un reflet romanesque. A son sourire, chacun semblait digne d’un conte de fées.
    Aux crépuscules enchantés du village, j’y éprouvais le plaisir de la nuit qui tombe, les pas routiniers s’espaçant jusqu’à troubler l’heure tardive, solitaires greffiers rentrant à la maison en flânant aux chemins de la terre quand moi, Chat à la vue encadrée, je possédais le monde. (*)



Striés, les bleus ont embué le cou et saisi l’oreille d’une plainte qui dévaste, qui à sa seule rondeur décime les particules élémentaires et fige le cœur à ses mathématiques les plus appliquées.
La gorge est nouée, et Compagne à l’étroit s’étouffe d’émotions ; Alphonse cherche les mots, fugitives étincelles d’humanité, attache des ponts à ses lèvres sans parvenir à décliner celles que Nicolas lui tend, esclave de l’instant, des vastes buchers bleus, du poids des sentences communes arrachées au Tartare. Il y a tant à répondre et rien ne vient que le besoin brut, définitif, de confondre le chagrin à l’oubli, de dissoudre les doutes à la démonstration ; décousus, le temps et l’anarchie s’embrassent, convolent et engendrent à leurs saines démences, l’harmonie des astres antipodes


Je te dois le gout, l’odorat, le toucher…
Il n’y a rien de tendre à trois semaines de manque ; tout y est au contraire attisé, chaque vibration modèle les rivages et réduit le langage à ses plus purs axiomes, syllabes jetées à la mêlée des rayures, impératifs enflés d’intransigeantes suppliques. Il faut du courage pour chercher le verbe au règne de l’absolu, et Chat s’y applique, dévot, jusqu’aux derniers atomes qui morcèlent la psyché.
… de voir jusqu’à la noyade, d’entendre le chant de la terre…

Tout n’est qu’affables brutalités, rages d’éther aux ailes lourdes s’ébrouant au-dessus de la neige pour y abandonner trois semaines de poussières et de mélancolies. Le corps est empoigné, plaqué, sommé, attaqué, Fauve noir y mord, y vole, y pille jusqu’au moindre grain avant de vouloir se satisfaire de son trait, et Dextre fauchant les blés à son amplitude pour en basculer les champs, délivre aux miroirs humides d’azur, les obscurs incendies qui les couvent.
Le mur qu’ils heurtent frémit, accuse sans sommation le corps efflanqué de Faust, le poids nerveux d’Alphonse à ses lignes asséchées, les bouches haletantes d’une sanglante piété ; les ventres se confondent, tendus, hachés, et l’indécence s’accorde enfin aux accents de l’Ambroisie retrouvée.
Au cou d’écume, ont fleuri les dessins de ses dents, et l’épaule albe accuse les traumas d’éphémères brulures ; ce qu’il reste du clerc a été enlevé et git, disséminé, en de muettes prières aux chemins du plancher. Les pas ont vacillé jusqu’aux escaliers et peinent à en saisir la verticalité : l’on tente d’y atteindre le lit et l’on échoue ; à la dernière marche, l’on tombe et l’on se prend à aimer le sol comme le creux d’un bras.

Le dos nu de Faust a épousé le bois, cambrure naturelle affligée d’envies, peau pâle à l’empreinte d’une ombre qui s’étend au-dessus de lui ; Alphonse agenouillé à l’aube des reins, un pied au vide d’une dernière marche, phlyctènes ardentes assujetties à un seul trésor, contemple ce qu’Antéros aux yeux bleus lui dédie.
Serres avancent leurs griffes à l’intérieur de la cuisse, en remontent la tendresse, et capturent le genou d’une manne impérieuse ; au pli de la bouche jovienne danse l’appétit cruel des éprises ambitions, de ces instants où l’on prie, l’on condamne à la même jouissance, chapelets d’envies enchevêtrées en guise d’angélus. Crocs pantelants fendent les lippes fiévreuses au spectacle du visage emporté d’extatiques tourments et quand les hanches s’avancent, assoiffées de conquête, elles s’exaltent d’ "Enfin" aux reins qui les recueillent.
Ivresse gronde, exaspère le temps, brutalise les courbes, contamine les nerfs jusqu’à assoir son règne, et, lettriste avide, grave d’encre aux constellations chaque phonème venant faire la rime.



Avance Coryphée, conte l’histoire d’Ithaque ; aux douze chorèges silencieux qui t’entourent, les dieux attendent ta sentence.



Ce soir j’enfreins les règles, ce soir, je t’aime comme si tu portais mes couleurs… Demain, il sera bien temps de faire preuve de pudeur.


Abjure... je suis à la maison.


Plus tard, au ventre rond du lit, épuisés, on mêlera aux couronnes contraires jusqu’à la clef des songes, oreillers tissés de cheveux ensommeillés, et il faudra le jour, les cuivres trébuchants de Saint Front pour ajuster de lauriers la course précipitée d’un Evêque en retard à ses confessions, mais maintenant, loin des rubans, loin des sorcières, maintenant, Ithaque est un jardin où poussent des fleurs blanches.






Le petit prince s'en fut revoir les roses.
-Vous n'êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n'êtes rien encore, leur dit-il.
Personne ne vous a apprivoisées et vous n'avez apprivoisé personne. (…)
-Vous êtes belles, mais vous êtes vides, leur dit-il encore.
On ne peut pas mourir pour vous.
Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu' elle vous ressemble.
Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée.
Puisque c'est elle que j'ai mise sous globe. Puisque c'est elle que j'ai abritée par le paravent.
Puisque c'est elle dont j'ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons).
Puisque c'est elle que j'ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire.
Puisque c' est ma rose.
Le petit Prince, Saint-Exupéry



(*) inspiré de JD L_Aconit
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