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Info:
Les filles de Samsa ont fugué pour prouver leur valeur et rencontre Shawie qui n'a pas que de bonnes intentions envers elles.

[RP] Les têtes de Cerbère

Les Rouquines, incarné par Samsa


    "On se part, on se marre, on s’égare en chemin on redémarre,
    On se met mal pour un soir juste pour voir,
    On s'éteint, on s’épaule, on repousse les trains, on tient des rôles,
    Et ma main dans la tienne me fait du bien."
    (Joyce Jonathan - On)



-Nolwenn, j'ai mal aux pieds.
-Tu veux te reposer ?
-Oui.
-D'accord.


Elles bifurquèrent pour s'éloigner de l'artère principale de la ville et se dirigèrent vers les remparts, là où il y avait des granges dans lesquelles dormir. Elles avaient quitté le château de leur mère il y a plusieurs jours, une semaine ou deux peut-être, dormant où elles pouvaient, mangeant ce qu'elles trouvaient ou ce qu'on leur donnait. Ce n'était pas la vie qu'elles avaient connu jusque-là mais ça restait supportable. Nolwenn et Gwenn étaient les filles légitimes de Samsa Treiscan, dicte Cerbère, et de Sidney -R.I.P- et, âgées de même pas encore six ans, elles avaient décidé de partir dans les traces de leur mère. Pas pour la retrouver spécialement mais pour mettre en œuvre ses enseignements : combattre. Elles étaient parties avec chacune un petit couteau à leur ceinture et marchaient sans signe distinctif de leur noblesse, ni écusson, ni riches étoffes -qu'elles n'avaient jamais eu de toute façon-, ni bijoux -elles n'en avaient pas à la maison non plus. Vêtues simplement de couleurs ternes, elles déambulaient dans la ville à la recherche de quoi manger. Manger, c'était sans doute la tâche la plus difficile pour ces jeunes enfants car, dès qu'elles avaient dit leur premier mot, Samsa avait considéré qu'elles étaient capable de comprendre ce qu'on leur disait et leur procurait quotidiennement des leçons de moralité, de principes et de valeurs. Quand ce n'était pas elle qui les dispensait, c'était leur préceptrice. La plus sévère des deux restait la mère qui avait parfaitement implanté dans les jeunes têtes rousses les règles de la vie, et notamment celles de la famille Treiscan : honneur, courage et loyauté. Ainsi, le vol, la fourberie et la trahison leur étaient formellement interdites. Pour se faire quelques écus à peine suffisants à leur survie, les Rouquines entraient quelques heures au service de quelques couturiers ou tapissiers, refusant déjà de s'abaisser à nettoyer des bottes ou le sol.
De taille on ne peut plus normale pour leur âge, elles se ressemblaient presque parfaitement : les cheveux roux, un peu ondulés et mi-longs, leur visage était parsemé de tâches de rousseur, notamment sur le nez et les joues. Si elles avaient les mêmes yeux sombres que Samsa, elles avaient en revanche un visage plus rond sans tomber dans l'excès et des traits moins rudes, plus expressifs. Leurs lèvres étaient moins fines que celles de leur mère, leur octroyant un sourire plus généreux et leur front était moins haut. Plus tard, elles seraient également moins charpentées et plus agiles. Si elles étaient semblables de physiques, elles étaient cependant très différentes de par leur tempérament respectif : Nolwenn était taciturne, renfermée, sérieuse, presque austère et peu souriante tandis ce que sa soeur, Gwenn, était expressive, plutôt dispersée et très sociable. Les deux soeurs partageaient en revanche un entêtement et un courage typiquement maternels. Elles avaient beau être différentes, elles s'entendaient à merveille et se veillaient mutuellement.

Près de ce qui ressemblait à une étable, Nolwenn frappa à la porte de la maison de ses petits poings. Des deux, c'était elle la cheffe. Samsa lui avait bien assez dit qu'elle était l'Héritière. Elle était aussi plus réfléchie. C'est un homme proche de la cinquantaine qui leur ouvre, mal soigné et visiblement alcoolisé. Nolwenn se méfie immédiatement mais Gwenn ne s'en préoccupe pas.


-Quoi ?
-Non r...
-Bonsoir Messire, nous cherchons à dormir à l'abri cette nuit, pouvons-nous dormir dans votre grange s'il vous plait ?
-Gwenn !
-Quoi ! Je suis polie !
-Non viens, on y v...
-Nan y'a pas. Dégagez.
-Voilà. Viens. Au revoir, Messire.


Nolwenn fait demi-tour et s'éloigne de quelques pas, s'attendant à ce que sa soeur la suive mais il n'en est rien. Son entêtement et sa joie de vivre pleine de sociabilité l'empêchent de renoncer maintenant. Elle se retourne pour la regarder et l'attendre.

-S'il vous plait, on ne fera pas de bruit, on ne vole pas !
-J'ai dit nan ! Dégage, morveuse !
-Mais où on peut aller alors ?
-Pas mon problème, VA-T-EN !
-Gwenn ! Viens.
-On est fatiguées, s'il vous plait Messire !
-MAIS TU VAS LA FERMER OUI !


L'homme la saisit au bras et la secoue violemment avant de la jeter au sol comme un fétu de paille. Nolwenn revient en courant pour tirer Gwenn de ce mauvais pas mais il la repousse sans mal d'un coup de genou dans la tête et retire désormais son ceinturon pour les battre.

-J'vais vous apprendre à déranger les honnêtes gens moi !

C'est vers Gwenn qu'il se dirige d'abord alors qu'elle tente vainement de se relever en reculant, apeurée et à la recherche d'une solution. En désespoir de cause, elle lève le bras pour se protéger mais aucun coup ne l'atteint. L'homme hurle de douleur et se penche vers sa cuisse qui vient d'être poignardée par Nolwenn, qui y redonne un coup de couteau.

-Touche pas à ma soeur !

S'interposant entre l'homme et Gwenn, L'Héritière lui laisse ainsi le temps de se relever. Partagées entre leur âme d'enfant et les enseignements de leur mère, elles ne savent pas si elles doivent fuir ou l'affronter, et si oui comment. Ici, elles sont sans mentor et sans mère, livrées à elles-mêmes et incapable de se déterminer.
Shawie
Leur relation dure depuis quoi, deux ans ? Peut être trois. Pas plus de souvenir. L'Espagnole pouvait avoir une mémoire sans faille pour certaine chose et puis se retrouver sans doute d’Alzheimer précoce dans d'autre cas. La mémoire des noms et des visages lui jouait des tours le plus souvent, elle se retrouvait à vexer des gens sans même s'en rendre compte. Bien sur, toute personne passée dans son lit, elle s'en rappelait. Tout acte déloyal envers elle, elle s'en souvenait dans les moindres détails. "Mariée" à Samsa depuis peu de temps, elle n'avait en revanche jamais vu les deux filles. Jamais. Ô, bien sur, Sam lui en parlait -rarement- mais de temps en temps. L'Espagnole c'était donc fait une image elle même de leur tronche. Elle les voyait donc comme deux gamines d'une dizaine d'année, possiblement la même gueule que leur mère et un peu trapues. Brunes peut être. Leur prénom ? Que pouic, elle n'en savait rien.

Voir des gens pauvres, des gens d'la rue, dans le besoin, des gens des bas fonds, elle connaissait parfaitement bien puisqu'elle y traînait ses savates le plus souvent. Elle même ne se sentait pas trop en adéquation avec les "pauvres" puisqu'elle refusait de manquer de quoi que ce soit. Les malades, c'était encore pire. Les lépreux lui foutaient une trouille bleue et sans contrôle, elle se voyait les brûler sans remord. Bref toussa pour dire que les deux gamines en face d'elle, elles n'étaient pas du bas peuple. Ou moins bas que prévu. C'était quand même un spectacle qu'elle s’octroya de regarder, paquet de fruit séché en main. De là où elle se trouvait, elle interpréta le truc comme un oncle qui avait mandé à ses deux nièces de lui rapporter une bouteille de liqueur mais que les gamines n'avaient pas trouvé. Du coup, elles allaient prendre une bonne branlée bien méritée.

Pour ne rien louper à l'action, Shawie avança de quelques pas. Elle ne pu intercepter que les dernières phrases du paysan où la sympathie avait du rester au fond de sa paillasse. L'interprétation semblait battre de l'aile mais cela n'empêcha pas notre Espagnole de continuer de bouffer quelques abricots, du moins, c'est ce qu'on lui avait dit. Personne n'est jamais mort d'une bonne fessée, au contraire, cela fait circuler le sang. La encore, elle appuyait ses dires sur des "on dit" presque scientifique. Mais la science en cette époque, nous savons tous qu'elle se trouva limitée.

Son sachet de fruit tomba au sol par sursaut. Putain d'merde, voila que la Royauté forme des jeunes enfants pour assassiner un pauvre paysan qui n'a pas du régler son impôts bi-mensuel. Le suspense était à son comble et Sha se retrouva grincheuse d'avoir paumé sa bouffe alors qu'elle n'avait rien demandé à personne ! Damnation suprême, l'intervention est nécessaire.

C'est d'un pas assuré que l’ibérique ramène son cul sur la presque scène de crime. Passant à côté -misère- de deux rouquines et les toisa, elle lorgna l'homme. Ô, un simple paysan défendant son lopin de terre, puant l'alcool à plein nez. Parce qu'il fallait poser les bases dès l'entame de la conversation, elle déposa la main sur son arme, prête à le saigner sans aucune hésitation.



Ola l'ami. Tu sembles être emmerdé par ses deux gamines. Elle té cherche la merde pour té grappiller la soupe du soir ? C'est vrai qu'entre nous, vu leur tronche, elles ont même dû s'en prendre à ... Elle lorgna autour d'elle et admira l'énorme champs de maïs derrière la grange ainsi qu'un poulailler. tes poules pour té chourer quelques œufs. J'comprend ton énervement, surtout qu'elles semblent coriaces vu l'état dé ta guibolle.


Elle se retourna pour lancer un regard noir aux deux fillettes visiblement un peu secouées.


Range ton cure dent petite. Tu vas finir par t'attirer des ennuis si tu continues d'emmerder les gens avec ça.


Puis de nouveau vers le paysan, elle lui glissa une petite bourse d'écus tout chaud de ce matin.


Disons qu'elles ont eu peur dé ta sale gueule et qué c'est une compensation, histoire qué tu les laisses tranquille. Hein, ça serait con qu'on découvre des trucs pas nets dans ta grange à la milice, t'crois pas ?
_________________
Les Rouquines, incarné par Samsa



    Et nous ne savons pas comment
    Nous nous sommes mis dans cette merde, c'est un test de Dieu.
    Que quelqu'un nous aide car nous faisons de notre mieux !
    J'essaie de réparer les choses,
    Mais mec, les temps sont durs."*



L'homme a posé un genou au sol, celui de sa jambe blessée, et s'apprête maintenant à se relever. Nolwenn recule d'un pas, forçant sa soeur à l'imiter. Gwenn sanglote un peu de peur mais Nolwenn ne tremble pas, fixant l'homme d'un regard sombre mais froid. Elle n'a aucune idée de ce qu'elle doit faire, si elle doit le tuer, le remettre au sol ou s'enfuir. Qu'est-ce que sa mère ferait, à sa place ? Que lui dirait-elle ? Soudain, une femme arrive, main sur l'épée. Nolwenn ne dirige pas son couteau vers elle pour ne pas s'attirer d'ennuis supplémentaires et la laisser les aider si c'est là son intention. C'est une femme très grande, plus que leur mère, mais moins solide, avec les cheveux très noirs et un accent inconnu aux fillettes qui le comprennent pourtant sans difficulté. Quand on grandissait avec une mère au double tic de langage et avec un accent léger du sud, on avait une facilité à comprendre la plupart des accents.

-C'est pas vrai, on a pas volé ! On demandait un abri pour la nuit !
-Gwenn !
-C'est vrai !


L'Héritière ne répond pas, occupée à fixer la femme qui s'approche plus près d'elles encore. Nolwenn s'apprête à la menacer de son couteau puisqu'elle n'a pas l'air d'être de leur côté mais se ravise à son injonction car il y a dans sa voix et dans son ton quelque chose de protecteur, quelque chose qui lui rappelle leur mère. Nolwenn s'exécute et, de son autre main qu'elle dirige à l'aveugle vers le poignet de sa soeur, intime à Gwenn d'en faire autant. Armes rangées, Gwenn repart pourtant de plus belles dans ses paroles.

-Hé ! Pourquoi vous lui donnez des écus à lui, hein ? Il a voulu nous faire mal alors qu'on a été polie et vous lui donnez des écus ?!
-Gwenn, ça suffit !
-Mais c'est vrai !


Nolwenn était déjà celle qui ressemblait le plus à Samsa, ayant parfaitement intégré les valeurs Treiscan. Elle avait compris durant les leçons que la Baronne leur dispensait qu'il fallait des actes plus que des paroles parce que les paroles, tout le monde s'en fichait. C'était dans cette manière de faire qu'il fallait surtout être honorable, loyale et courageuse. Nolwenn était cependant convaincue qu'il était préférable d'utiliser sa tête plutôt que ses muscles. C'est ce qui la rendait différente de sa mère et de Gwenn. Gwenn qui, d'ailleurs, ne supportait pas l'injustice, plus encore que sa soeur et sa mère probablement. Elle devait toujours les dénoncer et le fait que Samsa essaye de lui dire qu'il y en aurait toujours, qu'elle ne pourrait jamais tout résoudre et que cela la ferait souffrir de ne pas le comprendre, ne changeait rien pour l'instant.

-Merci de nous avoir aidé, Madame. Nous devons repartir à présent, la nuit tombe. Au revoir.
-Attends, elle sait peut-être où on peut dormir à l'abri !
-Non, elle ne sait pas.
-Comment tu sais ?
-Parce que.
-Alors je vais lui demander si on peut dormir chez elle !
-Non Gwenn, tu ne... !
-Madame, pouvez-vous nous héberger une nuit, s'il vous plait ?
-Gwenn !
-Nous vous paierons en reconnaissance. De la nuit ou de... "ça". Ce sera comme vous voudrez.


Gwenn désigne du doigt l'homme qui s'est tu et cherche à rentrer chez lui avec la bourse. Finalement, peut-être que ses deux coups de couteau dans la cuisse étaient rentables. Nolwenn, elle, fixait toujours Shawie. C'était une manie chez elle que Samsa n'arrivait pas encore à faire cesser, cette fixation dérangeante qu'elle avait pour les gens. L'Héritière se demandait si elles pouvaient vraiment faire confiance à l'Espagnole. Elle n'avait pas l'air de pouvoir les vendre à un esclavagiste, mais pas non plus de leur faire la charité. Elle avait une épée et un ton de mentor mais ne semblait pas plus amicale que cela. Peut-être que Gwenn avait raison en fin de compte, peut-être que cela valait le coup de tenter ; Nolwenn protègerait leurs arrières.

-On sait dormir seules, même par terre et sans couvertures, et on partira à l'aube. On vous paye avant.

S'il fallait la convaincre, Nolwenn venait de sortir tous les bons arguments. Filles d'une Baronne, peut-être, mais filles de la Conquérante d'Anjou, bien plus certainement.


* = paroles traduites de The Script - For the first time
Shawie
C'est pas mes histoires si vous volez ou pas. J'en ai rien à piper.


Se sentir dévisageait comme ça ne la contrarié absolument pas. En même temps, c'est normal, elle dégage cet espèce de charisme naturel et de charme à toute épreuve. Alors, qu'on la reluque longuement lui fait plutôt plaisir. Orgueil à 100% les amis !

L'homme venait de ruminer, de renâcler et finalement, il rebroussait chemin pour pousser la porte de son chez lui. Pour une fois que tout rentre dans l'ordre sans chahut, c'était un remarquable exploit qu'elle venait d'accomplir et qu'elle ne manquerait pas de raconter à qui voudrait l'entendre. Une bonne chose de faite et voila l'Espagnole qui bouscule une des deux gamines -la plus bavarde- et passe son chemin comme si de rien n'était. Au loin -enfin à quelques mètres- une voix d'enfant raisonna à son oreille valide. Putain.

"Madame, pouvez-vous nous héberger une nuit, s'il vous plait ?" La pire chose qui pouvait lui arriver c'était bien ça : deux sangsues collées aux basques. C'est donc tout naturellement qu'elle fit mine de ne rien entendre. Ignorer les enfants c'est pas vraiment une bonne idée surtout les deux qui semblaient sacrément culottées. Pas étonnant qui leur arrive des trucs si elles demandaient le gîte au premier pécore qui passe. Non mais quoi, elles avaient 10 ans tout au plus ? Pas plus grandes que trois pommes et les voila à menacer les gens, à quémander le coucher. La jeunesse n'est plus ce qu'elle n'était.

Elle leva le bras et le remua dans le vide pour dire un "ta gueule" à la pipelette.



Vos parents vous ont jamais appris à vous taire hein ? Puis c'est quoi cette manie dé vouloir roupiller chez l'premier venu hein ? En regardant Gwen, elle lança un : Petite, leçon principale dé la vie c'est qu'avec dé l'argent, tu obtiens tout cé qué tu veux. Et deuxième leçon d'la vie, c'est qu'il faut jamais demander pour obtenir quelque chose. L'paysan là, un peu plus et vous deveniez sa femme. Andouille d'enfant.


Le souci avec Sha c'est qu'elle causait exactement pareil à des enfants qu'à des adultes, espérant qu'elle comprenne le possible danger. Deux frimousses comme ça, pour sur qu'elle ne finiraient pas la nuit vierges. Tsss.


Vous avez déjà dormi à la belle étoile ?


Elle continua d'avancer à grands pas cette fois, en lançant un :


J'vous propose un petit feu à la belle étoile. Si vous voulez, suivez moi, sinon cassez vous.
_________________
--Les_rouquines



    "Ce soir
    On est jeunes,
    Alors allons enflammer le monde ;
    On en sortira que plus brillants
    Que le soleil."*



Gwenn se renfrogne sous le geste de Shawie lui intimant de se taire tout en se moquant d'elle. Elle était plus émotive que Nolwenn et, des deux, ce serait elle qui aurait plus tard les épaules de porter une révolte entière si nécessaire, tandis ce que Nolwenn se contenterait d'être un caméléon s'adaptant aux situations de la vie, presque indifférente tant que les valeurs de sa famille seraient respectées.

-Vous payez bien le premier venu, vous.

Aucune parole de Nolwenn ne vient déranger la réplique de sa soeur, parce qu'elle n'a pas tort et, de son silence, la taciturne rouquine approuve ainsi. Filles de Samsa Treiscan, elles avaient chacune leur petite fierté dignement héritée qu'il ne fallait pas trop contrarier.
Si, d'abord, les deux enfants de même pas six ans parviennent à suivre Shawie, elles doivent rapidement se mettre à trottiner de façon ponctuelle pour ne pas se laisser distancer. Aucune ne bronche cependant car elles ne sont pas filles de marquises ou d'une noble précieuse, mais d'une roturière passée Baronne et continuant de vivre à la dure. Si elles avaient voulu garder leur petit confort -sommaire, somme toute-, il n'aurait pas fallu partir.


-Nous avons déjà dormi partout.
-Même en forêt, toutes seules, entourées par une meute de loups !
-Hum.
-Vous savez, les chiens et les chevaux ont peur de l'orage, même ceux de Mère, parfois même des gens ! Mais nous, on a pas peur de l'orage, on a même dormi dehors par une nuit d'orage une fois.
-Humhum.


Elles parviennent assez rapidement dans un endroit quelque peu éloigné des habitations et distinguent, au sol, les restes d'un feu de camp froid. Gaiement, Gwenn va ramasser des bouts de bois ici et là, jamais hors de vue de sa soeur ou de Shawie et fait de nombreux petits allers-retours pour ramener de quoi allumer et entretenir un peu le feu. S'autorisant alors seulement à s'assoir, Nolwenn retire une de ses chaussures et la secoue pour faire tomber trois écus qu'elle tend ensuite à Shawie.

-Comme promis. Un écu pour ma soeur, un écu pour moi, et un pour tout à l'heure.

Honneur, loyauté et courage. La justice faisait partie de l'honneur. C'est tout ce qu'elles avaient mais c'était aussi ce que méritait Shawie selon l'éducation donnée par leur mère. Nolwenn remettait sa chaussure quand Gwenn repartit de plus belle dans son babillage, pas si insensé.

-Et toi, t'es qui ?
-Vous.
-Hein ?
-On dit "vous".
-Et vous, t'es qui ?
-Humpf...
-Quoi ?
-Rien, rien... C'est "et vous, vous êtes qui".
-Ah ! Oui ! Et vous, vous êtes qui ? Vous voyagez aussi ?


Nolwenn leva les yeux au ciel. Chaque mot qu'elle prononçait semblait lui coûter un effort. Parler, c'était tellement futile ; on en apprenait tellement plus en écoutant. Elle ne comprenait pas comment sa soeur pouvait trouver autant de choses à dire puisque, pour elle, rien ne lui venait jamais.
Redirigeant son regard sombre vers Shawie, l'Héritière recommença à la fixer en attendant sa réponse, laissant le feu danser dans ses cheveux roux et les ombres couler sur son visage aux multiples tâches de rousseur. Il y avait quelque chose de très sombre en elle, quelque chose que Samsa avait décelé depuis qu'elle était née et qui, dans un sens, lui faisait même peur ; Nolwenn avait des airs de prédatrice, de tueuse. Il n'y avait pourtant aucune animosité envers Shawie dans ses yeux, rien que son air habituel. A côté, Gwenn avait les airs normaux d'une enfant à qui l'on s'apprête à raconter une histoire au coin du feu, le sourire aux lèvres et la joie dans les yeux malgré les difficultés dans lesquelles elles s'étaient embarquées. De façon shcématique, Nolwenn incarnait la face sombre de Samsa, presque "Cerbère" et Gwenn la face la plus heureuse et insouciante et qui, pour la majeur partie, avait disparu à la mort de Zyg.



* = paroles traduites de Fun et Janaelle - We are young
Shawie
J'paye pour té sauver ton petit cul, princesse.


La joie d'être maman pour une soirée. Si seulement elle avait su qu'il s'agissait des filles de Sam, sa propre compagne, tout aurait été différent. Fort heureusement, le camps est en approche et même à vue d’œil. Large soupire de soulagement car suite à son désastreux mariage, elle gardait toujours les séquelles physiques et morales et plus le temps passait, plus elle se faisait une raison sur cette échec crucial. Elle se sentait fébrile et de plus en plus, elle sombrait. Ses mains se mirent naturellement au dessus du feu, se mettant dans sa bulle avant d'être interrompu en pleine rêverie.

Haussement de sourcil.



T'crois quand même pas qué j'vais prendre tes trois sous sortis dé ta botte hein ? Tu sais pas à qui tu parles ni même à qui tu tends ton argent.


Elle lui aurait bien balancé qu'elle était Marquise de Shawinopower machin. De toute façon, elle était incapable de se souvenir de ce fichu nom. Trois sous ... franchement, c'était presque une insulte que de lui filer ça. Elle qui ne savait pas quoi foutre de ses écus et qui prenait plaisir à le crier sur tous les toits. Elle c'était même lancé dans la folie de venir noble vénale qu'on dit. Ça collait bien comme nom ça. C'est d'un simple geste de la tête qu'elle lui repoussa la main.

L'Espagnole resta debout, devant le feu naissant., songeuse.



Effectivement, jé voyage. Tout lé temps. Absolument tout lé temps. Si vous avez faim, vous avez du pain et peut être dé la saucisse sèche dans mon baluchon. Par contre, interdit d'picoler ma gourde, c'pas votre âge.


Elle se tourna vers les deux gamines.


C'quoi votre histoire pour vous retrouver en pleine nature alors qué vous semblez encore des ... porqué vous traînez seules ?
_________________
--Les_rouquines



    "Tout ce que je suis est terne,
    Montre-moi tout ce que je ne verrai jamais ;
    Je veux tout savoir sur ce qui m'entoure.
    Maintenant je trouve."*



Nolwenn range les quelques écus sans insister. Samsa leur avait appris à ne pas refuser de l'argent si elles en avaient besoin ou qu'elles le méritaient. C'était probablement la seule leçon que Samsa donnait sans la respecter elle-même, toujours prête à se priver pour les autres ; une origine, peut-être, de sa modestie ? Elles étaient peut-être nées dans la roture, elles aussi, mais Samsa les préservait des conditions trop rudes qu'elle-même avait vécu, essayant de leur inculquer l'esprit de roture dans le monde des nobles.

-Mère aussi voyage beaucoup. Tout le temps.

Il n'y a pas de reproches dans la voix de Nolwenn, rien qu'une énonciation de faits. Sans se faire prier plus que ça, l'Héritière se décale vers le baluchon désigné et en retire une miche de pain qu'elle rompt pour partager avec sa soeur. Elles ne toucheront à rien d'autre, n'ayant pas besoin de plus que le minimum. Dans leur tête résonnaient encore les paroles de la cheffe Treiscan : "si on vous donne beaucoup parce que vous avez besoin, ne prenez que le nécessaire pardi ; c'est par cette honnêteté que vous remercierez celui qui est généreux avec vous té." Nolwenn commence à manger le pain, laissant Gwenn raconter leur histoire puisque c'était là son talent.

-On est parties des terres de Mère pour aller affronter le monde, comme elle nous l'a appris ! Mère revient toujours couverte de gloire, elle nous parle tout le temps de l'honneur, du courage et de la loyauté mais elle ne nous emmène jamais avec elle quand elle part braver les dangers. Nous avons décidé de lui montrer que nous sommes désormais grandes et dignes ! Mais elle nous manque quand même.

Dans un sens comme dans l'autre, elles étaient loin de l'être, encore des enfants qu'on mettait à terre d'un petit coup de hanche, qu'on pouvait berner sans trop de mal et exploiter à loisir. Elles n'avaient, en rien, leur place sur un champ de bataille, ni même dans une quelconque salle de diplomatie.
A la dure, Nolwenn rajouta sa couche de détails :


-On refuse la charité. Mère dit que ce n'est pas digne car il faut donner de soi pour avoir ce que l'on veut. Elle dit que le goût n'en est que meilleur, et l'image plus belle.

Elles ne parlent pas de leur nom parce que Shawie ne leur a pas dit le sien malgré la question. Gwenn était naïve et joyeuse, elle aurait pu le dire mais son aînée de quelques minutes avait substitué, en partie, leur mère et lui avait ainsi expliquer de ne pas donner de renseignement sans retour, sans penser qu'on pourrait leur dire n'importe quoi pour les faire parler. Elles n'étaient que des enfants qui admiraient leur mère et avaient tant entendu ses leçons qu'elles pourraient, presque sans mal, être qualifiées d'endoctrinées à ainsi vouloir suivre ses pas. Elles étaient les héritières Treiscan et portaient déjà, sur leurs frêles épaules, le poids de l'héritage que Samsa construisait et leur laissait. Un rôle qu'elles n'auraient pourtant changé pour rien au monde.
Nolwenn commence à avoir la manie de Samsa avec la nourriture, quand ses épaules se referment légèrement vers sa nourriture comme pour la protéger. Le trajet n'avait pas été rose, elles avaient eu faim et les stigmates s'imprimaient. Gwenn, elle, semblait y être insensible et tendit même un bout de son pain à Shawie.


-Vous aussi vous devriez manger.
-Mange, Gwenn.
-Mais elle doit avoir faim ! Regarde !
-Elle a ce qu'il faut.
-Tu n'es pas gentille.
-Humpf...


Gwenn adressa une moue boudeuse à sa soeur et celle-ci se contenta de la fixer avec une grimace mimant un "gnagnagna" avant de reprendre sa mastication. Elle veillerait de toute façon à ce que Gwenn ne meurt jamais de faim, quitte à endurer elle-même ; c'était son rôle de grande soeur de quelques minutes et il lui appartenait aussi de ne pas le dire, auquel cas Gwenn pourrait ne plus manger du tout pour tout donner à Nolwenn, de crainte d'avoir plus qu'elle.

-Tenez, Madame.
Vous voyagez pour quoi, vous ?



* = paroles traduites de Ashe Remain - Inside of me
Shawie
Le premier constat était le bon, elles étaient nobles. A parler sans cesse des "terres" de leur mère, refuser la charité, dignité, fierté même. Toussa était des notions d'une bonne éducation, du moins, elle le supposait lourdement. Alors, tout en laissant parler la fameuse "Gwenn", l'Espagnole essaya de repérer un blason, une couleur, une bébé bague même pour tenter de découvrir de qu'elle famille elles venaient. Des rouquins déjà. Une noble rouquine vivant en France, en plein centre avec deux gamines dans la nature. Une noble qui voyage apparemment beaucoup et qui semblerait peut être veuve. A aucun moment, la pipelette n'avait causé d'un possible père. Une royalo, une putain de royalo c'était sur. Putain mais elle aurait entendu des avis de recherche quand même. Sha se gratta le menton en dévisageant un coup Nolwy, un coup Gwenn mais rien ne lui vient.

Tant pis.



Et donc ... si j'suis votre logique Dit elle en prenant un bout de pain Votre logique est qué, vous vous sentez assez grande pour affronter lé monde, seules. Comme votre mère voyage beaucoup et affronte les dangers, vous vous êtes dit, tiens, nous aussi on va faire ça ? C'pas con finalement.


Mais elle ne pu réprimer un rire, pas de moquerie, ou si, mais peut être juste un peu. A 6 ans, les enfants nobles rêvent donc de se barrer.


Et moi j'crois qué vous n'êtes pas du tout prêtes les filles. Ô, c'est pas un reproche, simplement quand on prend une décision, il faut la prendre en ayant vu tous les côtés, voyez ? J'suis pas sure qué vous soyez prêtes à vous débrouiller seules à partir du moment où vous né savez pas vous défendre seules. Elle avança et prit deux branches non loin du camps. Deux branches ressemblant à des bâtons. Prenez un bâton pour mé montrer comment vous manier l'épée.


Sha se recula et sortit sa propre épée et regarda les deux filles. L'une meneuse et l'autre suiveuse.


Si j'comprend bien comment vous fonctionnez, ça sera toi la première à venir mé défier, non ? Dit elle au pitbull fixateur alais Nolwy de son nouveau petit nom.


Si vous voulez faire comme votre mère avec tout votre charabia dé gloire, dé fierté, dé courage, bah ça commence par là. Vous avez du avoir des précepteurs machin pour vous apprendre les bases d'un combat, alors ... pointant la pointe vers les deux filles En garde pour la vie !
_________________
--Les_rouquines


    "Maintenant je suis debout dehors parce que je t'attends,
    Mais je ne suis pas seul, les hordes sont là aussi.
    J'essaie d'être amical, 's'il vous plaît, qu'est-ce que j'ai fait ?'
    'Ne me tuez pas, je suis juste niveau 1.' "*



-... Ouais !
-... Ouais.


Elles le faisaient déjà depuis un moment, à vrai dire. Jamais, cependant, elles n'avoueraient qu'elles avaient esquivé les dangers, peut-être parce qu'elles savaient qu'elles n'étaient pas à la hauteur. Elles pouvaient tout de même être fières d'avoir survécu selon les principes de Samsa sans se faire valoir d'une quelconque noblesse puisque elles ne portaient ni couleurs ni blason.
Les deux gamines regardèrent Shawie qui leur faisait la morale et s'apprêtait, visiblement, à leur donner un cours d'épée. Comme si Nolwenn et Gwenn sortaient du fin fond d'une chaumière ! Bien sûr qu'elles avaient eu des cours de combat, d'équitation, de lecture et d'écriture, de géographie, de mathématiques, de diplomatie, d'anatomie et même de couture -pour recoudre les plaies. Tout ce que Samsa jugeait utile à la vie, excluant ainsi d'office la musique, l'astrologie, le bon goût vestimentaire -la mode- et la poésie.

Nolwenn s'empara du bâton à l'instar de sa soeur et se leva. Elle était la première à passer et, alors qu'elle allait analyser la position de Shawie comme on lui avait appris -comme elle aimait tout particulièrement le faire, bien plus que sa soeur- c'est Gwenn la furie qui lui passe devant en chargeant comme leur mère le fait -une technique que Nolwenn n'aime pas.


-Waaaaaaaaa !

Rien à voir avec le cri de charge de Samsa qui, ici, ressemble à un petit couinement plus aigu que la puissance et la tonalité maternelles. Bâton levé, Gwenn charge donc Shawie en courant sur ses petites jambes, donnant à l'ensemble la vision d'un chiot maladroit qui court après une balle. Nolwenn la regarde, sourcils haussés dans un air étonné, air franchement expressif. Gwenn serait ainsi la plus téméraire et inconséquente ; la plus rentre-dedans. Sauf qu'elle ne pouvait pas encore casser les murs. La jeune rousse se fait avoir sans problème mais y retourne, encore et encore. Encore et encore, Shawie la vainc, l'humilie peut-être, la tapote, la colle au sol, mais Gwenn se relève toujours pour y aller. Rien à voir avec l'enseignement de Samsa cette fois, rien que le caractère hérité. Elle ne cessera que lorsqu'elle sera parvenue à donner un petit coup à Shawie, jugeant alors qu'elle avait sauvé l'honneur.

-N'importe quoi...
-Hé ! Je l'ai touché !
-T'es morte au moins dix fois !
-Et alors ?!
-...
-Toi tu l'as pas touché !
-Pousse-toi.


C'est au tour de Nolwenn de se présenter. Plus tranquille que sa soeur, elle tourne un peu autour de Shawie en la fixant, la laissant venir. Son truc à elle, c'est la riposte. Ses esquives sont encore très maladroites et malhabiles, c'est sans mal que l'Espagnole peut l'atteindre et la repousser, lui faisant ainsi subir la même chose qu'à Gwenn mais, comme sa soeur, Nolwenn n'abandonne pas avant d'avoir posé sa touche.

-T'en as mis du temps !
-Je suis sûrement morte moins de fois que toi !
-N'importe quoi !
-Si !


Gwenn se tourne vers Shawie, un grand sourire plein d'admiration aux lèvres.

-Vous êtes une grande combattante, comme Mère !


* = paroles traduites de Nomy - Level 1
Shawie
Tape sur le bras, tape sur l'autre bras, tape sur le cul et tape sur la tête pour finir. En un instant, un flash back d'une minie Samsa en entendant le cris de guerre. Le cris de LA charge, attaque brevetée par Le Cerbère. Le reste du combat en revanche n'avait rien à voir avec un duel. Comment des précepteurs payés pouvaient t'ils enseigner aussi à de jeunes potentiels ?


Morte au moins 25 fois. Dans l'exagération, Sha n'était pas la dernière non plus.


Le seconde combat était le même que le premier, tout aussi ennuyant mais Sha, ne sois pas stupide, c'est sur que contre des enfants, tu vas pas perdre. Fort heureusement pour sa fierté.


Verdict, t'es morte aussi. Si c'est comme ça qué tu protèges ta soeur, achète lui une armure plutôt. Elle ricane et remballe son épée à sa taille.


Non j'suis pas grande combattante, j'suis médicore dans les duels pour être franche. Mais vu qué vous êtes nulles, du coup, t'as l'impression qué j'suis grande. Désolée les filles, mais peut être qué vous avez appris à parler, mais niveau coordination des mains, shepa qui est votre maître d'arme, mais vous pourrez lui dire qu'il est nul.


Archi nul. Elle n'osa même pas demander comment les filles se débrouillent à cheval, la peur de la réponse sans doute.


Et toi la bavarde, porqué tu n'irai pas nous chercher quelques fruits de l'arbre la bas, histoire qué j'cause avec ta soeur hein ?


Et presque amicalement, l'Espagnole poussa Gwenn dans le dos histoire qu'elle avance un peu plus vite et puis, elle se tourna vers Nolwy.


Tu sais, c'pas en couvant ta soeur qué tu vas l'aider ou la protéger bien au contraire. Dit elle en se baissant un peu. Bien au contraire, mais bon, j'suppose qué tu sais cé qué tu fais madame la chefftaine. Puis en gueulant plus fort pour l'autre rouquine : Bon alors, ça arrive lé dessert ??

Et elle se redressa un peu, telle une grand mère et termina par dire : Si tu l'aimes, tu dois la laisser sé débrouiller et surtout tu dois pas l'etoufer.


Elle attendit que la seconde revienne avant de lancer un : C'qui votre mère ?
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--Les_rouquines


    "Et mes doigts traînés sur les murs,
    Et les oiseaux là-haut se moquent de moi et le paysage est
    Transformé en méchant ;
    Et ton nom est coincé sous ma langue."*



-Ma soeur n'a pas besoin que je la protège. Seulement que je lui rappelle que le monde n'est pas aussi gentil qu'elle.

Qu'est-ce qu'elle en savait, Nolwenn, des ténèbres du monde ? Rien du tout. Cynique, méfiante, renfermée, elle considérait simplement, déjà à six ans, que chaque personne n'agissait que pour son propre intérêt et que les gens généreux gratuitement étaient trop rares pour que l'on pense que le monde était à leur image. Le monde n'était pas blanc ou noir mais elle ignorait encore que le gris existait. Peut-être mettrait-elle autant de temps à le comprendre que sa mère.
L'Héritière adressa un sourire aussi peu courant que bienveillant à sa soeur et la laissa aller à la cueillette. Ses petits yeux sombres, héritage maternel, ne la lâchaient pas. Gwenn était le genre d'enfant capable de se perdre après avoir suivi un papillon. Nolwenn écoutait Shawie d'une oreille mais ne la regardait pas et ne lui répondit pas non plus. A quoi bon expliquer le lien que sa soeur et elle entretenaient ? Elles étaient complémentaires, elles avaient chacune besoin de l'autre. Sans Nolwenn, Gwenn mourrait après être tombée entre de mauvaises mains et sans Gwenn, Nolwenn finirait comme une sauvage recluse et agressive. Chacune aidait et protégeait l'autre avec ses propres forces.

Lorsque Gwenn revint, guillerette et avec quelques pommes dans les bras -au point que certaines tombèrent durant son trajet-, elle entendit la question de Shawie et ouvrit la bouche pour y répondre. Le regard fixe de Nolwenn l'empêcha de continuer. Pour les autres, il n'avait rien de différent de ses fixations habituelles mais pour Gwenn, il lui intimait plutôt d'appliquer ce que son aînée lui avait inculqué. La rouquine déposa son chargement aux pieds de Shawie et se redressa de toute sa petite taille, le menton relevé dans une attitude de fermeté toute enfantine.


-Vous ne nous avez pas dit votre nom à vous, Madame. Ni pourquoi vous voyagiez.

Gwenn regarda sa soeur d'un air interrogatif et le regard de celle-ci se détournant pour prendre une pomme lui confirma qu'elle avait bien agi. Fière d'elle, Gwenn se rassit en tailleur pour regarder Shawie. Elle pencha un peu sa tête sur le côté et s'anima finalement d'un sourire.

-Mais on peut jouer à jeu si vous voulez ! Vous essayez de deviner pour nous, et on doit deviner pour vous. Rien à gagner, juste pour le jeu ! Partante ? Vous pouvez trouver, Mère est célèbre ! Êtes-vous célèbre vous aussi ? Si non, vous pouvez dire votre nom et nous, on devra trouver pourquoi vous voyagez et ce que vous faites comme métier !

Paye ta bonne idée.
Nolwenn offrit un léger acquiescement à Gwenn, l'ombre d'un sourire se dessinant sur ses lèvres. Elle avait beau être taciturne et en retrait de beaucoup de choses, elle restait une enfant joueuse qui aimait tester ses capacités et ne pas toujours respecter ses propres règles. Redirigeant son regard vers Shawie, Nolwenn lui lança l'invitation avant de croquer dans sa pomme.


-Ma soeur a raison.
A vous l'honneur, parce que vous nous avez aidé.


Même pas parce qu'elle avait gagné les deux duels. La fierté Treiscan dans toute sa splendeur. Nulle inquiétude pour les deux rouquines quant à savoir si Shawie connaitrait Samsa Treiscan ; n'était-elle pas célèbre ? Légendaire ? N'avait-elle pas conquis l'Anjou, dirigeant une pleine armée et entrant victorieuse dans la ville ? Ne chargeait-elle pas comme une Déesse de la Guerre ? N'oeuvrait-elle pas pour la paix ? N'avait-elle pas reçu des récompenses royales pour les services qu'elle continuait d'offrir ? D'aucun enfant s'endormait avec des histoires de chevaliers héroïques tels Bayard, Arthur, Perceval ; pour les Rouquines, Samsa était leur héroïne et c'était avec ses histoires, sa propre légende, qu'elles s'endormaient le soir alors si de telles histoires existaient à son sujet, tout le monde devait la connaître. L'évidence enfantine était aussi totale que naïve. Quoique.


* = paroles traduites de Radical Face - Black Eyes
Shawie
Putain Sam t'es où ? Quand je vais te raconter que j'ai passé la soirée avec deux gamines, jamais tu vas en revenir. D'ailleurs, elle changerait un peu l'histoire en disant qu'elle a roupillé avec deux belles rouquines, attisant un peu la célèbre jalousie Cerbertienne. La soirée va être de toute façon très longue alors autant s'occuper un petit peu.


Bien sur qué je suis célèbre. Glorieuse et riche même. J'ai combattu le mal absolu et même vaincu un Grand Chef Valachien.Parce que tout le monde sait que pour Sha, la notion de richesse est signe de gloire dans un sens. Va donc pour lé jeu. J'viens d'vous donner quand même des indices là.


Un énorme soupire sortit de sa bouche parce qu'elle détestait jouer pour rien. Il fallait toujours un but, une récompense quelconque quand même. Le fait de savoir qui était leur mère n'allait pas du tout lui rendre les jambes plus belles, il s'agissait simplement de voir qui peut ne pas s'apercevoir qu'elle a paumait deux gamines. A Shawie, ça aurait pu lui arriver si elle avait enfanter mais pour le bien de l'humanité, elle était vierge de ce côté là.

Incapable de rester trop longtemps assise, elle préféra rester debout : les filles d'un côté et elle de l'autre. L'appétit, elle l'avait perdu également, bien trop préoccupait à retrouver Mav'.



Bon j'dois deviner votre mère. Célèbre donc jé suppose qu'elle est Royalise.Parce que venant de la bouche de deux gamines, cela serait étrange qu'elles connaissent la Pègre. Célèbre mais pas les filles dé la Reine. Et vu les valeurs qué vous balancez depuis t'alleur, j'suppose peut être qu'elle doit être dans la fierté, dans lé combat. Hum. Rousses. Vous causez jamais d'votre père, alors j'suppose qu'il doit être mort.

Une veuve alors.



Elle fixa les deux gamines tentant d'y voir plus clair mais en vain.


Comme j'vous ai sauvé lé culot contre l'éleveur dé porc, et qué j'vous ai gagné toutes les deux au duel et qu'en plus, j'vous supporte, vous mé devez au moins 2 indices.
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--Les_rouquines


    "Si c'était si facile, tout le monde le ferait
    Qui tu serais pour réussir où tous les autres ont échoué ?
    Oublie tes rêves prétentieux, redescend sur terre
    Ou tu n'en reviendras jamais."
    (Casseurs Flowters - Si facile)



La dame qui les avait secouru et qui leur avait collé une mandale sévère à l'épée était donc célèbre, glorieuse et riche, en plus d'avoir combattu le mal et d'avoir vaincu un grand chef valachien. Les Rouquines ignoraient parfaitement le sens de ce terme puisqu'on ne leur avait appris que la géographie de France et des proches pays mais ça n'empêchait pas Gwenn de la regarder avec de grands yeux admiratifs et plein d'étoiles. Ce genre de valeurs et de victoires, elle y était tout aussi sensible que sa soeur mais plus dans le côté chevaleresque d'aventure que dans l'ambition mondiale abstraite. Alors que Nolwenn mangeait sa pomme, plus concentrée en apparence dessus que sur le petit jeu en cours, Gwenn hocha vigoureusement la tête aux suppositions de Shawie.

-C'est une royaliste fière et combattante oui ! La meilleure du monde qui soit !

Soudain, question fatale : le père. Elles avaient des souvenirs de Sid, elles l'avaient connu et avaient même passé plusieurs jours avec lui parfois. Cela faisait cependant des années qu'elles ne l'avaient pas revu et Samsa ne leur parlait jamais de lui sans vraiment qu'elles sachent pourquoi. Pour une raison qui leur échappait tout autant, elles ne demandaient pas non plus. Peut-être que leur père n'était pas aussi vaillant que leur mère, ou peut-être parce qu'elles n'en avaient pas besoin. Avec ou sans père dans leur vie, qu'est-ce que cela changerait ? Pas grand-chose, pensaient-elles.
Gwenn tourna la tête vers sa soeur, un air interrogatif vissé sur le visage.


-Père est-il mort ?

C'est un haussement d'épaules qui lui répond avant que l'Héritière ne développe sa réponse après avoir nettoyé un coin de trognon du fruit encore en ses mains.

-Je ne sais pas. Je sais juste qu'ils sont divorcés et que nous sommes légitimes.

Encore une notion importante pour les filles Treiscan, pour leur petit égo. Elles n'étaient pas de vulgaires bâtardes qui seraient frustrées pour l'éternité de ne pouvoir hériter, non, elles seraient plus tard aussi prestigieuses que leur mère.
Nolwenn jeta son trognon dan le feu et regarda sa soeur, air impassible toujours effrontément en place.


-Je dis un indice et toi aussi, d'accord ?
-Oui !
-Commence.
-Mhm...
Parler des carottes ? Pas assez parlant pour Gwenn. De la cotte de mailles ? Ce n'est qu'un détail. Mère a le mal de mer ! Elle déteste prendre le bateau. Paye ton indice, la moitié des gens détestent naviguer, et un regard blasé de Nolwenn à sa jumelle lui signifia bien le niveau de qualité de cet indice.
-A mon tour. Mère a conquis l'Anjou.

Nolwenn se cala contre une souche servant de siège et regarda Shawie. De toutes les batailles que Samsa leur avait raconté, la guerre d'Anjou restait leur préférée. Elles s'imaginaient alors que leur mère, seule contre le monde, avait conquis un empire entier grâce à ces valeurs qui leur étaient inculquées, et qu'elles avaient ainsi une lignée prestigieuse. La réalité, si on enlevait le côté romanesque, était moins impressionnant quand bien même Samsa était bien à l'origine de la trahison du maire d'Angers et que c'est bien l'armée qu'elle commandait qui en avait franchi les murs en première. Cet embellissement compensait l'ingratitude qu'elle affrontait au quotidien.

-Moi je dis que tu es une chasseuse de trésors !
-Tu vois bien qu'elle n'a pas de caravane de trésors, Gwenn. Ce doit être une mercenaire. Puis on dit "vous".
-Oh, oui... Êtes-vous une mercenaire, ma Dame ?
Shawie
L'anjou ... et elle déteste lé bateau. Super.

J'vais pas aller loin avec ça foutre dieu ! En Anjou, c'est tous les jours la guerre et les Royalos, ils ont tous peur dé la mer d'abord.
Exagération. C'pour ça qu'ils perdent tout lé temps tiens puis c'tout. Rien à voir.


Elle croisa les bras, vexée de ne pas trouver mais avec deux incapables pour aider, c'était chose ardue. Sam avait peur des poissons-volants, rien à voir avec le bateau donc, elle élimina sa rouquine de la liste qui d'ailleurs n'était pas tout à fait rousse. Puis Sam n'avait pas d'enfant ... Conquérir l'Anjou, c'était une gloire certes mais somme toute relative aux yeux de Sha qui ne comprenait pas pourquoi on les emmerdait sans cesse. Elle en avait entendu des histoires sur l'Anjou, et avait participé à quelques rapides dans les alentours Elles avait été en procès également et visité les geôles. Comme tout personne normalement constitué en fin de compte.

Puis un large sourire vient éclaircir son visage pâle. Chasseuse de trésor, ça pète quand même. Dans un sens, ça pouvait être vrai. D'ailleurs, c'était plus vrai que mercenaire.



Si j'étais mercenaire, j'vous aurais buté pour quelques poignée d'écus. C'courant par ici qu'ils cherchent dé la peau de culot de jeune enfant. Toute douce et sans ride. Ils s'en servent pour faire des sacs. Même qué oui. Donc j'suis pas mercenaire. C'presque une insulte.

Vous avez dit légitimes. Hum.



Elle faisait mine de réfléchir mais en fait, elle s'imaginer en train de plonger dans une pièce remplie d'or. Ça doit bien payer mercenaire quand même.


J'suis Marquise. C'est Meli qui l'avait dit alors ça ne pouvait pas être trop faux. Ça vous bouche un coin là ? Et j'suis même mariée. C'est juste que là, j'suis en voyage alors du coup, j'ai l'air d'une paysanne mais nenni, jé puis causer dans la langue d'un françois sans écorcher un mot.


Elle avait dit qu'elle jouerait mais pas qu'elle dirait la vérité. Faut pas pousser non plus. Dans le meilleur des cas, elle se trouvait devant deux gamines d'une Comtesse et elle pourrait demander une rançon.


Physiquement, comme est votre mère ? Grande, petite ? Trapue ? Maigre à faire peur ? Un signe particulier ? Soyez précises bon sang les filles. Vous avez peut être un nouveau papa ?


Il fallait surtout un détail concret parce que même si on lui disait "Tiens, c'est les filles de Treiscan", elle ne ferrait même pas le lien avec Samsa ! Il lui fallait une tare physique, un truc de langage, un surnom même, une anecdote pour la mettre sur le chemin de la victoire.


Sinon ça irait plus vite qué vous mé disiez son prénom hein. Comme ça, j'vous aide à retourner chez vous en éviter les loups et les paysans.
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--Les_rouquines



    "Oh
    Et peut-être que peut-être, au matin là-bas
    Cette fille brune fera semblant de me croire."
    (Patrick Fiori - Peut-être que peut-être)



Shawie croise les bras et c'est presque simultanément que les deux Rouquines l'imitent, vexées d'entendre que les royalistes perdaient tout le temps alors que ce n'était -objectivement- pas vrai. Et puis surtout, leur mère était la meilleure des royalistes alors il ne fallait guère trop la rabaisser à un niveau de commune rumeur.
Et alors que Nolwenn fixe toujours son interlocutrice, Gwenn exprime encore une fois toutes ses émotions, complètement interloquée qu'on puisse vouloir les transformer en sac à main. Consternée, peut-être, qu'on puisse transformer des enfants en sac tout court. A la suite, c'est Nolwenn qui répond, nullement impressionnée par le titre que sort Shawie. Alors qu'elle était encore de la roture, leur mère avait failli décapiter un duc juste parce qu'il lui avait mal parlé et Nolwenn avait hérité de ce je m'en foutisme relativement idiot.


-Mère est Baronne. Anoblie par une reine décédée.
-Et c'est la femme la plus forte du monde !
-Hum..
-Elle est moins grande que vous et capable de nous porter chacune sur une épaule sans difficulté ! Et elle est rousse !
-Non, elle est brune.
-Rousse.
-Brune.
-Rousse je te dis !
-Brune !
-ROUSSEUH.
-BWAH ! Rousse et brune.
-... D'accord. Ah, et elle a un surnom aussi !
-Les gens l'appellent Cerbère.
-Vous saviez que notre nom de famille vient de là ?!
-Gwenn... Ce n'est plus un jeu si tu dis tout !
-Ah, oui, pardon.


Aucun nom dévoilé mais tout autre "Cerbère" que Samsa se faisait facilement accuser de plagiat déshonorant. Le portrait commençait à se dresser, inéluctable. Nolwenn finit par décroiser les bras et leva le minois tacheté de rousseur vers Shawie.

-On ne veut pas rentrer chez nous. On doit d'abord s'illustrer.
-Vous nous emmèneriez chasser des trésors avec vous ?!


A la fouille aux artéfacts, écus et coutelas ! Un jour, elles finiraient bien par déterrer une épée légendaire ou l'armure d'un héros. Leur mère avait déjà une hache légendaire, il fallait donc faire aussi bien.
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